Numéro Dix-huit / La vie aquatique - Soma
Numéro Dix-huit / La vie aquatique - Soma
Numéro Dix-huit / La vie aquatique - Soma
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Nu m é r o <strong>Dix</strong>-h u i t / <strong>La</strong> v i e a q uat i q u e
Geoff Rowley, leader of those devoted, a Vans skateboarder since 1999.<br />
P: Daniel Sturt<br />
© 2010 Vans, Inc.
Couverture<br />
En couverture : oui je sais, encore Tony Hawk, mais hé, là c’est<br />
vraiment un trick de malade. Il glisse sur l’eau, le mec ! N’est pas<br />
Tony Hawk qui veut… Ah, attendez, on me signale qu’il s’agit en fait<br />
de Julian Furones en pauv’ power slide dans<br />
une flaque. Autant pour moi. - FD<br />
Photo : Eric Antoine<br />
9 soma<br />
<strong>Soma</strong> est édité par Le s éDitioNs D u g a r a g e, SARL au capital de 8000 euros<br />
13, rue de l’Isère 38000 Grenoble<br />
i n f o@s o m a s k at e.c o m<br />
Impression Tuerlinckx, Belgique.<br />
Toute reproduction partielle ou intégrale est interdite, et puis c’est tout.<br />
ISSN : 1959-2450<br />
#18<br />
Cette page<br />
50-50 « pop out » d’Hugo Liard à Berlin. J’avais rarement vu un<br />
spot aussi anti-skaté, ils avaient carrément enlevé le sol au niveau de<br />
l’élan… Mais ça n’a pas arrêté le bel Hugo qui s’est construit un petit<br />
tremplin tout bancal et qui a vaincu la bête. <strong>La</strong> météo était de type<br />
variable ce jour-là, genre mitigée, mi-figue, mi-raisin, on savait pas<br />
trop, et je ne me sou<strong>vie</strong>ns plus de ce qu’avait annoncé la belle Tania<br />
de France 2… - FD<br />
Photo : Samuel Partaix !<br />
Directeur de la publication David Turakiewicz<br />
Rédaction en chef Fred Demard [fred@somaskate.com] & Tura [tura@somaskate.com]<br />
Publicité David Turakiewicz [tura@somaskate.com]<br />
Rédacteurs Scott Bourne / Loïc Benoît / Pierre Dutilleux / Kévin Métallier / Paul <strong>La</strong>badie / Steve Forstner<br />
Illustrations David <strong>La</strong>naspa (Da)<br />
Graphisme Jad Hussein p.58 à 67 / Nicolas Malinowsky p.42 à 51 / le reste par Tura<br />
Photographes Loïc Benoît / Scott Bourne / David Manaud / Paul <strong>La</strong>badie / Pierre Dutilleux / Eric Antoine / Loïc<br />
Benoît / Kévin Métallier / Benoît Renaux / Sam Partaix / Marc Gérard / Sam Partaix<br />
Eric Palozzolo / Ryan Allan<br />
HUGO / FRONTSIDE OVERCROOK / PHOTO : C. LE GALL / SEE MORE AT: WWW.VOXFOOTWEAR.COM
INTRO<br />
J’ai mal dormi la nuit dernière. J’étais perturbé. À la fin de ce magazine,<br />
il y a une liste des dix meilleures vidéos de tous les temps, qu’on avait faite dans la<br />
journée. On n’y a mis aucune vidéo Santa Cruz ni aucune Real. Comment peut-on<br />
à ce point nier l’influence qu’ont eue sur le skateboard des gars comme Natas,<br />
Dressen, Tom Knox, Jason Jessee, Tommy G., Thiebault, Busenitz ?<br />
Le réchauffement climatique, les guerres, le régime des retraites, rien de tout<br />
cela ne <strong>vie</strong>nt jamais perturber mon sommeil, mais que « Wheels on Fire » ou « Real<br />
to Reel » ne figurent pas dans la liste des vidéos les plus influentes, ça vraiment,<br />
ça me rend dingue. Heureusement d’ailleurs que j’en parle ici, ça allège un peu ma<br />
conscience. Déjà que l’intro du numéro précédent, dans laquelle je dis exactement<br />
tout le contraire de ce que je pense pour tenter d’être drôle a été prise au sérieux<br />
par des gens qui me connaissent… On ne fait vraiment pas un métier facile ! - Fredd<br />
11 soma<br />
max VANARNEM, cruising, San Francisco / © er i c PALOzzOLO<br />
G S M E U R O P E : + 3 3 5 5 8 7 0 0 7 0 0
SOMMAIRE<br />
août & septembre 2010<br />
12 LE JEuNE<br />
Introduction du bandana en plastique à caractère<br />
préventif.<br />
14 LE VIEux<br />
Quelques secondes après que la photo ait été prise,<br />
Arnaud est allé s’encastrer dans les barrières,<br />
en bas. Les pompiers qui passaient par là l’ont<br />
embarqué, direct. Score : six points de suture (4+2)<br />
sur le crâne.<br />
22 HOBO ERECTuS<br />
Paulo décerne son diplôme de Hobo à Mr Dallas<br />
Rockvam.<br />
30 ORGy PORGy<br />
Ca y est, Scott a pété les plombs. Il ne veut plus de<br />
texte sur ses photos. Rendez-vous dans le Vrac.<br />
40 SHuT uP AND SKATE<br />
Cet été, tout le monde fait de l’aqua-skate. Même<br />
Stéphane <strong>La</strong>rance s’y est mis !<br />
46 SAN FRANCISCO CHRONICLE<br />
Des Anneciens en pélerinage à <strong>La</strong> Mecque.<br />
13 soma<br />
vi<strong>vie</strong>N FEIL, flip, Paris / © TuRA<br />
58 ‘ON N’EST PAS VENu NIquER<br />
DES ARAIGNéES’<br />
Steve Forstner s’éssaye à la poèsie, en « Français »<br />
dans le texte.<br />
68 48 HEuRES À MONTRéAL<br />
Fabian Veraeghe et Peter Molec ont des problèmes<br />
de transit.<br />
84 uNE BANDE DE JEuNES<br />
Les Français de chez Vans apprennent à survivre en<br />
temps de crise.<br />
88 25 EuROS POuR LE PRIx DE 15<br />
Pas de quoi s’acheter à bouffer, mais toujours de<br />
quoi s’acheter un pochon, les jeunes...<br />
78 ALI BOuLALA<br />
En exclusivité mondiale, la première photo de skate<br />
d’Ali depuis l’accident !<br />
88 THE CLASH<br />
Max Génin est allé 3 ou 4 fois à Berlin. Il n’a jamais<br />
rien vu d’autre que l’hôtel et le skatepark du contest.<br />
Max ! Réveille-toi ! Oh !
LEJEUNE Gap<br />
roman Gonzales<br />
Date de naissance<br />
6 novembre1992<br />
Lieu de naissance<br />
Paris<br />
Lieu de résidence actuel<br />
Paris<br />
Première board<br />
une Paul Rodriguez, Plan B. Non,<br />
c’était une Girl !<br />
Vidéo de référence<br />
« This is skateboarding »<br />
Années de skate<br />
Euh... six. Six et demi.<br />
Où te vois-tu et que feras-tu<br />
dans 15 ans ?<br />
Je serai sur un île avec mes ‘srabs’<br />
les Bloby’s !<br />
© B. RENAux<br />
to Fs tailslide shove it, Paris / © TuRA<br />
LUCAS PUIG. SWITCH BS FLIP. LUCAS 2 OUT NOW. SEE ALL COLORS AT LAKAI.COM<br />
LAKAI LIMITED FOOTWEAR: THE SHOES WE SKATE<br />
FOSTER / CAPALDI / JOHNSON / CARROLL / MARIANO / HOWARD / WELSH / BIEBEL / LENOCE / FERNANDEZ<br />
ALVAREZ / ESPINOZA / PUIG / GILLET / BRADY / JENSEN / 955 Francisco Street, Torrance, CA 90502 / lakai.com / sales@podiumeu.com
LEvIEUx Ollie<br />
arnaud brémard<br />
Date de naissance<br />
9 septembre 1976<br />
Lieu de naissance<br />
Mont-Saint-Aignan, près de Rouen.<br />
Lieu de résidence actuel<br />
Paris<br />
Première board<br />
Blanche avec des roues rouges ! Et puis une Holy Sport<br />
avec des palmiers sur le dessus de la board, et après,<br />
une Hosoi achetée d’occase, avec des trucks Street<br />
Shadow Gullwing, des roues Rat Bones, le tout sans<br />
grip à 900 balles, merci papa !<br />
Vidéos de référence<br />
into bank, Paris / © TuRA<br />
Les vidéos lyonnaises de l’époque, les vidéos de Paulo,<br />
les vidéos anglaises, les Habitat...<br />
Années de skate<br />
Ca doit être la 22è, là !<br />
Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?<br />
Je finissais ma carrière lycéenne, cinq ans au lieu de<br />
trois ! On se faisait des trips « cars Hollywood », on<br />
allait à Lyon, et on venait souvent à Paname ! Tous les<br />
50km ils te donnaient un paquet de chewing-gum ! On<br />
allait à Londres aussi avec mon pote Dave, on avait<br />
croisé Marc Haziza qui était pizzaiolo !<br />
Sponsor<br />
Bud
KURT WINTER<br />
OLLIE<br />
adidas.com/skateboarding<br />
© 2010 adidas America, Inc. adidas, the trefoil logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
« Thrasher Magazine, jan<strong>vie</strong>r 2007 : feeble grind on a 28 stair rail /<br />
Transworld Magazine, juillet 2007 : backside tail slide to fakie on<br />
a 16 stair rail (Hollywood High) / Skateboarder Magazine, octobre<br />
2007 : nollie big spin back lip on a 12 stair rail ; etc… »<br />
Pas un p’tit joueur le mec ! Enfin en 2007 surtout,<br />
depuis, quelques déboires de sponsors et autres blessures (pas étonnant<br />
quand on voit le genre de spots qu’il skate) l’ont légèrement<br />
écarté du devant de la scène.<br />
J’ai eu la chance de rencontrer ce type sympathique il y<br />
a quelques mois à Paris, alors qu’il squattait chez le rédac’ chef de<br />
cette feuille de chou. Il se trouve que je squattais là aussi, ça nous a<br />
offert un terrain d’entente. Puis on s’est fait une session au bowl de<br />
Chelles, sui<strong>vie</strong> d’une bonne raclette, il n’en fallait pas plus : c’est mon<br />
srab. quelques semaines plus tard, voilà qu’il se pointe à Barcelone.<br />
Du coup, re-session, pas de raclette ce coup-ci, mais quelques cervesas<br />
bien fraîches, et la séquence que vous avez sous les yeux.<br />
quand je lui ai demandé quelle raison valable il aurait<br />
de figurer dans la rubrique des hobos, voilà ce qu’il m’a répondu :<br />
«Ca fait trois ans que je n’ai plus de maison, tu t’en accommodes et<br />
puis tu fais la vaisselle pour que les gens te laissent redormir chez<br />
eux... » Pour moi c’est valable.<br />
<strong>La</strong> rubrique indispensable de Pa u l <strong>La</strong> b a d i e<br />
w w w .s o m a s k at e.c o m/v i d e o s<br />
DALLAS ROCkVAM. Ce nom vous dit quelque chose ? En bon skate-nerds, si vous consultez<br />
l’histoire de ses parus sur theskateboardindustry.com, voilà ce que vous y trouverez :<br />
C’est bon Dallas, c’est dans la boîte ! Tu veux pas le refaire pour la séquence ?
Orgy<br />
Porgy<br />
LA CHRONIQUE DE SCOTT BOURNE<br />
(texte page 100)
© Marc GéRARD<br />
<strong>Numéro</strong> DIX-HuIT<br />
27 soma soma 28
cy r i l LAMBOLEz Manual to nose manual 360 shove it / mo N t p e L L i e r © Marc GéRARD
st é P h a n e LARAnCE FS lipslide / Lu x e m b o u r g © David MANAuD<br />
Ju l i e n MEROuR BS lipslide / mo N t p e L L i e r © Marc GERARD<br />
31 soma<br />
2010<br />
WeActivist RAY BARBEE & BENNY FAIRFAX<br />
SHOT BY<br />
CHERYL DUNN<br />
www.wesc.com<br />
INFO: WeSC@templar.fr
Texte et photos<br />
Pierre Dutilleux<br />
San<br />
Francisco<br />
chronicle<br />
avec Werner Sandoz, Nabil Slimani, Julien Morin & co<br />
Organiser un long voyage est difficile. Tout prévoir est impossible, c’est pour ça<br />
que, la plupart du temps, rien n’est réellement réglé d’avance. C’est toujours une<br />
découverte, parfois effrayante, toujours unique. Il existe des voyages bien organisés,<br />
souvent par des gens dont c’est le job. D’autres expéditions se font de manière<br />
plus improvisée... Au début de l’année, mon ami nabil me fait part de son en<strong>vie</strong> de<br />
partir un petit moment aux Etat-unis d’Amérique, « le pays où tout est possible ».<br />
Deux ou trois coups de téléphone plus tard, il m’apprend qu’il dispose d’une maison<br />
avec ses potes et que j’y suis le bienvenu. Sans plus de précision, mon voyage semblait<br />
organisé. Je décidais de rester à San Francisco pendant trois semaines.<br />
33 soma soma 34
Werner Sandoz, kickflip nabil Slimani BS 180°<br />
<strong>La</strong> seule indication que Nabil m’avait donnée<br />
était que la maison se trouvait dans le quartier asiatique<br />
de Sunset, en bordure d’océan. Elle avait été louée par<br />
un ami des jeunes d’Annecy, Frank Sorgues aka DJ torsenu,<br />
graphiste, caméraman, DJ, humoriste… Il avait le<br />
projet de travailler pendant trois mois à distance, à SF<br />
donc, pour sa boîte à Genève, et ainsi, pouvoir filmer les<br />
prouesses skateboardistiques de l’équipe de jeunes qu’il<br />
avait réussi à rassembler.<br />
Je découvre cette équipe à mon arrivée dans<br />
la maison. Elle se compose des Anneciens Nabil Slimani,<br />
Julien Morin, Werner Sandoz ainsi que Jereme Jolivet,<br />
tout droit venu de Bretagne. Frank a réussi à trouver une<br />
charmante maison en collocation avec cinq Américains,<br />
tous Californiens. Il y a même un jardin pourvu d’un<br />
barbecue, accessoire indispensable de l’american way of<br />
life. Jack est un jeune punk vétéran de la guerre en Irak,<br />
il passe ses nuits à tirer sur des gens virtuels devant son<br />
écran d’ordinateur. Erika, étudiante en photographie<br />
semble endosser le rôle de maîtresse de maison. Sa petite<br />
copine écopera assez rapidement d’un surnom hérité<br />
de ce monstre du cinéma japonais ayant l’apparence d’un<br />
lézard géant préhistorique. Jude est cuisinier, il semble,<br />
à notre arrivée, légèrement apeuré d’une telle effusion<br />
masculine dans la maison. Et notre préféré, Kevin, 47<br />
ans, travaille en freelance depuis sa petite chambre.<br />
Kevin c’est Homer Simpson, il s’endort régulièrement<br />
sur sa chaise devant son ordi, entouré de bouteilles de<br />
bière vides, de cuisses de poulet transgéniques et de pot<br />
de glace de 2L, sa pipe à eau ne reste jamais éteinte<br />
trop longtemps. Il de<strong>vie</strong>nt très vite notre ami. Ce qu’il<br />
faut savoir, c’est que la Californie délivre des cartes pour<br />
les gens qui ont mal au dos, qui sont hyperactifs, qui<br />
travaillent beaucoup, qui n’arrivent pas à dormir, etc.<br />
Afin qu’ils puissent se fournir en herbe»médicinale» (si,<br />
si, c’est bien de cela dont il est question). Pourquoi pas...<br />
Au final, à SF, tout le monde est hyperactif avec un mal<br />
de dos, et des problèmes d’insomnie… Bizarre, bizarre.<br />
35 soma soma 36
Julien Morin, wallie<br />
Werner Sandoz, manual tré flip<br />
Dès mon arrivée, l’en<strong>vie</strong> de skater se fait pressante. L’air de la Californie m’emplit<br />
les narines, la maison se trouve au milieu d’un downhill qui mène tout droit à l’océan. Même<br />
aller au supermarché est un plaisir, surtout parce que le retour est une course pour arriver le<br />
premier à la maison et qui restera tout au long des vacances une question de fierté. Je peux<br />
repartir la tête haute…<br />
L’équipe est déjà là depuis deux bonnes semaines. Ils ont eu le temps de découvrir<br />
la ville, ses spots et ses bars. Le jour suivant mon arrivée, tout le monde est motivé pour aller<br />
faire des photos, nous décidons donc de visiter les écoles de notre quartier. Nous y entrons<br />
sans problème. Nombreux skateurs, basketteurs, footballeurs s’y retrouvent. Les Américains<br />
sont à fond : dès qu’ils font quelque chose, ils semblent être les meilleurs. À chaque coin de<br />
rue il y a un stade, un square, un terrain de baseball et c’est pareil pour le skate. Les kids<br />
voient régulièrement les pros venir sur les spots, ils sont à bonne école et le niveau est en<br />
perpétuelle progression. SF est bien la mecque du skate. On peut comparer cette ville à Barcelone<br />
sur certains points. Il y a une ambiance incroyable, on tombe sur des spots sans même les<br />
avoir cherchés, chaque entrée de maison est skatable, n’importe quelle cour d’école est dotée<br />
de parfaits ledges (ceux qu’on appelle des curbs en France). Je décide rapidement d’établir une<br />
carte, de noter tout ce que nous avons pu apercevoir çà et là. Le soir en rentrant, nous nous<br />
repassons les vidéos dans lesquelles on peut voir le spot de l’après-midi. On réalise chaque jour<br />
un peu plus que les ricains ne rigolent pas du tout !<br />
37 soma soma 38
Ce voyage s’apparente plus à des<br />
vacances entre potes qu’à une véritable<br />
tournée où une certaine productivité est<br />
nécessaire. Nous n’avons aucune pression et<br />
nous prenons le temps de faire du shopping<br />
ou de nous balader dans des quartiers<br />
comme Castro, Mission, Haight-Ashbury...<br />
On ne peut être insensible à l’ambiance<br />
qui émane de cette ville, à son histoire<br />
mouvementée. Les homosexuels se sont<br />
battus ici pour leurs droits, c’est ainsi que<br />
San Francisco est devenue le lieu de toutes<br />
les libertés. De tous les excès aussi… Nous<br />
nous sentons un peu comme dans une<br />
ville européenne. <strong>La</strong> police nous interpelle<br />
souvent, toujours très cordialement. Nous<br />
réussissons parfois même à négocier un peu<br />
de temps supplémentaire sur le spot, ce que<br />
je croyais impossible aux u.S.<br />
Tout le monde se marre bien,<br />
les soirées sont souvent arrosées, les<br />
barbecues nombreux, nous n’évitons pas<br />
quelques moments de tensions, d’autres<br />
de partage et tout le monde a réussi à<br />
ramener des images. une très bonne<br />
expérience pour tous. Nous avons fêté les<br />
21 ans de Nabil, la majorité aux u.S. Il a<br />
donc pu découvrir les soirées endiablées<br />
dans les bars. Certains jours, Nabil disait<br />
qu’il ne skaterait pas, mais nous revenions<br />
toujours avec des images. Le plus dur était<br />
de réussir à quitter la maison en début<br />
d’aprèm’ : pour partir à 13h00, il fallait<br />
lui dire que le départ était prévu à 11h30,<br />
le temps de choisir le bon ticheurte, la<br />
bonne board… Ça peut prendre du temps<br />
! Par contre, lorsqu’il s’agit de sauter<br />
par-dessus des rails ou sur des marches, il<br />
Julien Morin, FS flip Werner Sandoz, nose blunt slide<br />
de<strong>vie</strong>nt tout de suite plus efficace, ce qui<br />
nous offre à tous du beau spectacle. Merci<br />
Nabil !<br />
Trop jeune, Werner ne peut<br />
pas sortir le soir. Du coup il est toujours<br />
en forme pour skater. D’ailleurs, il se<br />
jette quasiment partout et m’a réellement<br />
impressionné. un quart d’heure<br />
sur le Clipper ledge : trois grinds, trois<br />
5-0, un tailslide “first try”, et il décide<br />
d’essayer noseblunt. Rentré en deux<br />
essais ! Efficace lui aussi… Autre chose<br />
importante : Werner mange des céréales<br />
à tous les repas, c’est bourré d’énergie, et<br />
c’est économique ! Julien, lui, est toujours<br />
chaud. S’il a le sourire figé depuis trente<br />
minutes, qu’il dit « oh mon gars... » à tire<br />
larigot, et qu’il rit comme un crétin, c’est<br />
soma 40
qu’il est saoul et qu’on est parti<br />
pour bien rigoler. Toujours agréable,<br />
il est le bon gitan à emmener<br />
en voyage, et c’est toujours bon de<br />
prendre un mec qui fait des wallies<br />
et des pole jams... Jereme, le<br />
Breton, a décidé dès mon arrivée<br />
de se laisser tondre le crâne par<br />
Jack, le colloc’ punk, avec sa belle<br />
crête rouge il s’improvise coiffeur<br />
et en deux coups de tondeuse, le<br />
travail est parfaitement exécuté.<br />
Jereme est un rebelle. Il m’a bien<br />
fait marrer et a aussi très bien<br />
skaté, tout à base de combo Joey<br />
Brezinskien. un bon.<br />
Au bout de trois semaines avec les Anneciens,<br />
je décide d’aller faire un tour à Miami pour une semaine.<br />
Ambiance Sea-Sex- and-Sun, comme dans les clips…<br />
J’essaie tant bien que mal de faire quelques photos avec<br />
des locaux, mais je me rends vite compte que la police ici<br />
n’a pas les mêmes clients… Les <strong>vie</strong>ux riches et les pouffiasses<br />
siliconées apprécient moins la présence de skateboardeurs<br />
que les jeunes hippies et gays de SF. Je repasse<br />
voir mes coéquipiers à San Francisco avant de prendre<br />
mon avion pour la France. Je suis triste de quitter cette<br />
bande de gitans... Mais que se passe-t’il ? un volcan a<br />
explosé en Islande ? Tous les aéroports d’Europe sont<br />
fermés. Me voilà coincé en Californie pour une grosse<br />
semaine. quel dommage ! Les vacances continuent, avec<br />
une motivation intacte ! Je n’ai jamais été aussi heureux<br />
d’être bloqué quelque part à cause d’un avion.<br />
nabil Slimani, kickflip<br />
Comment ne pas tomber amoureux de<br />
San Francisco ? Si vous le pouvez, rassemblez votre<br />
petite bande de potes, prenez un billet d’avion pour la<br />
Californie, votre board, et allez vous jeter dans un bon<br />
downhill avec du béton bien rugeux. Vous n’échapperez<br />
pas à une bonne slam, mais c’est un rite obligatoire.<br />
On a tous l’impression de connaître une ville comme<br />
San Francisco avec toutes les images, les films qu’on<br />
a pu voir, mais lorsqu’on prend le temps d’explorer<br />
réellement la ville, tous ses quartiers et les gens qui y<br />
vivent, on y découvre une énorme richesse culturelle et<br />
humaine. On ne peut pas se balader dans les rues de SF<br />
et rester indifférent à toute son histoire. C’est pour moi<br />
la ville idéale pour partir avec ses potes. Alors vraiment,<br />
n’hésitez pas.<br />
41 soma soma 42
p o é s i e : st e v e Fo r t s N e r & p h o t o s : rya N aL L a N<br />
Dominik Dietrich / Dangereux plongeon >>><br />
43 soma soma 44
Avertissement préalable :<br />
Amis de la poésie, amoureux du verbe et de la syntaxe, passez votre chemin. Le texte<br />
ci-après est l’oeuvre d’un Steve Forstner très certainement alcoolisé au moment des<br />
faits… L’intro n’est qu’une juxtaposition plus ou moins phonétique des mots “français”<br />
que Steve croit connaître et même si la suite est un peu plus respectueuse de la langue<br />
française, il ne faut pas être trop exigeant non plus… Bref, à ne pas reproduire à la<br />
maison, toutes les cascades et surtout le texte, ayant été effectués par des cascadeurs<br />
professionnels.<br />
“Bon Tura dire moi je besoin cri on francaise. Ok voila. Bite, shut,<br />
cue, tu fut ma guel ou qua. Je deteste Sarkozy eh Carla eh toi aussie.<br />
Fromage, buere, pan, salad tomat onion. Gros pute de merde,<br />
je spere ta morir bieanto. O mon dieu ta te nuel. Vive le france pas<br />
vraiment, hehehhe. Nic ta mere. Pourqua tus le francaise ce de pd<br />
o de conard ? Allez le blue on e tus onsauble ! Ok that is enough<br />
French for me, I can speak but really have no idea how to spell anything.<br />
I would like to start off by saying le grand nation should not<br />
be at the world cup, we all saw that it was a hand ball Titi.”<br />
Jake Johnson/ FS kif-kif >>><br />
Avec mon intro en “français” je suis sûr qu’une bonne partie d’entre vous me déteste<br />
déjà, mais vous savez quoi ? J’en ai rien à foutre. S’il y a bien une chose que j’ai appris<br />
quand j’ai vécu à Lyon c’est de ne pas me soucier des autres et d’être un véritable<br />
connard. N’allez surtout pas mal le prendre, ceci est un compliment que j’adresse<br />
solennellement au peuple de France. Il n’y a rien de mal à être un connard de temps en<br />
temps. Je déteste les gens qui sont toujours de bonne humeur et sympas avec tout le<br />
monde. Mais passons, il y a plus important dans la <strong>vie</strong>, comme le Tour Gravis par exemple.<br />
Oui, Gravis fait des chaussures de skateboard ! Des vraies, avec une vraie bonne<br />
semelle qui accroche. C’était d’ailleurs, je crois, la mission de ce tour : promouvoir les<br />
chaussures à travers l’Europe, en dire tout le bien qu’on en pense et plus particulièrement<br />
du modèle de notre chef, Arto. Nous sommes donc allés à Londres, Paris, Anvers,<br />
Amsterdam, Berlin et Madrid pour faire le tour des skateshops, dire bonjour et parfois<br />
signer des posters quand on nous demandait de le faire. On a fait deux démos aussi,<br />
mais au cas où vous les auriez loupées, sachez que vous n’avez pas loupé grand chose.<br />
Les démos, c’est pas vraiment notre truc, je crois. Bref, voilà pour les faits, repassons<br />
aux choses sérieuses, le bulletin météo, agrémenté d’un peu de shit-talking, “dire de la<br />
merde” en français, parce que c’est bien plus drôle à écrire, et peut-être même à lire. Ja<strong>vie</strong>r Mendizabal / FS hip hop >>><br />
45 soma soma 46
Steve Forstner / ollie in >>><br />
Londres :<br />
évidemment, il a plu, comme<br />
toujours, et la seule bouffe potable<br />
était indienne.<br />
Paris :<br />
<strong>La</strong> météo était un peu plus<br />
clémente, un peu de pluie, un<br />
peu de soleil. De la bonne bouffe,<br />
des bons potes, du bon temps. Je<br />
ne suis pas un grand fan de Paris<br />
mais c’est toujours bien pour une<br />
petite visite. Ça faisait plaisir de<br />
revoir quelques uns des français<br />
qui font partie de mes amis.<br />
>>> hélic’out<br />
47 soma soma 48
49 soma<br />
Anvers :<br />
En essayant de rassembler mes<br />
souvenirs, je crois me rappeler<br />
qu’il y faisait froid et plu<strong>vie</strong>ux<br />
mais qu’on a quand même réussi<br />
à skater un peu. Dylan a fait<br />
un méchant hammer et je crois<br />
que j’étais défoncé et bourré la<br />
plupart du temps étant donné<br />
mon penchant prononcé pour la<br />
bière Belge.<br />
>>> pop >>><br />
Amsterdam :<br />
Nous ne sommes restés qu’un<br />
jour et tout ce que j’y ai fait c’est<br />
boire de l’alcool dans le lobby de<br />
l’hôtel avec Arto et Greg, le team<br />
manager. une techno horrible et<br />
probablement hollandaise sortait<br />
des haut parleurs et pénetrait<br />
nos cerveaux au risque d’y provoquer<br />
des lésions irréversibles.<br />
On a donc essayé de combattre le<br />
mal par le mal en nous bourrant<br />
la gueule au point de commencer<br />
à apprécier cette merde<br />
technoïde.<br />
>>> out<br />
Sammy Winter / BS grand-spin fakie manual >>><br />
soma 50
51 soma<br />
Berlin :<br />
On a été assez chanceux avec la<br />
météo. Il n’y faisait pas chaud<br />
bien-sûr, mais au moins, il ne<br />
pleuvait pas. Etant donné que<br />
c’est là que j’habite désormais,<br />
j’ai pu dormir dans mon propre<br />
lit pour la première fois en deux<br />
mois et demi. Et comme ma<br />
copine était là, j’étais au paradis.<br />
J’y ai même rentré mon seul vrai<br />
trick de tout le trip. Pas un hammer<br />
hein, mais hé, ça compte<br />
quand même.<br />
Dylan Reider / opposite ollie in >>><br />
>>> opposite flip out<br />
Madrid :<br />
C’était notre dernier stop et<br />
certainement le plus chaud. Tout<br />
ce que nous avions à faire était<br />
d’aller dans un shop le premier<br />
jour, puis nous avions deux jours<br />
complets pour faire du skate et<br />
profiter de la ville. Il y a eu de<br />
bons tricks, et je me suis mis une<br />
bonne boîte sur un rail doublement<br />
kinké. Mais que voulez<br />
vous ? On ne peut pas gagner à<br />
tous les coups !<br />
Voilà,<br />
je crois que je n’ai plus rien à<br />
ajouter sur ce tour sauf peut-être<br />
vous conseiller de tous aller vous<br />
faire foutre ! Je plaisante, oh !<br />
Allez donc faire du skate et vous<br />
amuser par vous même plutôt<br />
que de lire le récit de ma pitoyable<br />
existence...<br />
Merci à tous les shops, et tous<br />
les gens qui nous ont accueillis.<br />
Merci pour les bières, l’herbe et<br />
tous les bons moments partagés.<br />
J’espère vous revoir un de<br />
ces quatre lors d’une prochaine<br />
aventure skateboardistique.<br />
Cheers,<br />
Negasteve<br />
soma 52
48HEURES<br />
ENTRANSIT<br />
A MONTRÉAL AVEC FABIAN VERAEGHE ET PETER MOLEC<br />
par Kévin Métallier<br />
53 soma soma 54
Fabian Veraeghe, gap to FS feeble grind<br />
55 soma<br />
48HEURES<br />
ENTRANSIT<br />
CE DIMAn-<br />
CHE 18 AVRIL, il est<br />
précisément 15h25, lorsque<br />
notre Boeing 777-<br />
300ER d’Air Canada atterrit<br />
sur le tarmac de<br />
l’aéroport international<br />
de Montréal. De retour<br />
d’un excellent trip au<br />
Mexique, le Belge Fabian<br />
Verhaeghe, le Slovaque<br />
Peter Molec, et moi-même,<br />
étions censés patienter<br />
4h30 dans l’enceinte<br />
de l’aérogare canadienne<br />
avant de reprendre un<br />
autre vol pour Paris. C’était sans compter sur le réveil inopiné d’un <strong>vie</strong>ux volcan islandais,<br />
qui décide subitement de recommencer à fumer, et de répandre ses cendres un peu partout<br />
à travers le ciel d’Europe. Au même titre que des milliers d’autres passagers, nous<br />
voilà donc bloqués pour une durée indéterminée dans la métropole québécoise…<br />
Le premier réflexe dans ce genre de situation aussi exceptionnelle qu’imprévisible,<br />
c’est de rapidement trouver un endroit pour dormir, et si possible ailleurs que dans<br />
le hall de l’aéroport, sur une de ces banquettes inconfortables avec un accoudoir en métal<br />
super design en guise d’oreiller, une lumière artificielle qui semble ne jamais vouloir<br />
s’éteindre, et des annonces vocales récurrentes en <strong>huit</strong> langues en guise de berceuse. <strong>La</strong><br />
chambre d’hôtel semble du coup être un bon palliatif à ce genre de désagréments, à condition<br />
de parvenir à en trouver une disponible, ce qui, en ces circonstances de crise est à<br />
peu près aussi fréquent qu’une victoire de l’équipe de France de football lors d’une compétition<br />
internationale… En d’autres termes, on risque de devoir passer un bon paquet de<br />
nuits dans la rue avant d’en trouver une… Heureusement, une dernière alternative s’offre<br />
à nous, celle du collègue qui vit sur place. C’est cette option du « camarade québécois accueillant<br />
» avec « appartement spacieux et confortable » qui s’avérera finalement l’équation<br />
salvatrice pour notre séjour imprévu dans les environs.<br />
Après un coup de fil lui expliquant notre situation précaire, mon collègue Dan<br />
Mathieu, le rédac’ chef du mag de skate québécois « Exposé », se propose de nous héberger<br />
dans son appartement du centre-ville et de nous faire visiter sa ville, et ses spots. Difficile<br />
de trouver meilleur hôte. Rapidement, nous commençons à apprécier cette étape canadienne<br />
inattendue, le soleil est au rendez-vous, l’ambiance et les locaux super cools, et<br />
nous commençons peu à peu à nous familiariser avec le dialecte local : «…j’suis assez brûlé<br />
ce soir, et mon board est fucké mais recall moi en tout temps… ».<br />
soma 56
Peter Molec, switch FS tailslide<br />
57 soma<br />
48HEURES<br />
ENTRANSIT<br />
Voilà maintenant<br />
deux jours que<br />
nous sommes bloqués ici.<br />
D’après le peu d’informations<br />
dont nous disposons,<br />
nous sommes inscrits sur<br />
une liste d’attente et devrions<br />
pouvoir embarquer<br />
sur un vol à destination de<br />
l’Europe vers le 05 mai,<br />
soit près de 3 semaines<br />
plus tard, ce qui est bien<br />
mais pas top ! une incertitude<br />
pesante qui nous<br />
autorise à imaginer différents<br />
types de scénarios<br />
comme un retour en canoë, ou s’installer ici, monter un restaurant français, (un Slovaque<br />
et une friterie pour Peter et Fabian) et fonder une famille… Bref, à ce stade de l’aventure<br />
toutes les hypothèses sont envisageables. Il faut bien reconnaître que même si nous apprécions<br />
particulièrement notre séjour au Canada, nous sommes aussi tous trois impatients<br />
de rentrer chez nous et de vaquer à nos occupations. C’est pourquoi, après plusieurs allers-retours<br />
inutiles à l’aéroport dans le but de récupérer des renseignements, nous décidons<br />
de tenter le tout pour le tout en rachetant un billet chez une compagnie charter qui<br />
semble avoir un avion autorisé à décoller le soir même pour Paris. Là encore, nous sommes<br />
sur une liste d’attente, et rien ne garantit le fait que nous puissions embarquer sur ce<br />
vol. Après plusieurs heures d’attentes interminables, nous avons le privilège d’avoir tous<br />
les trois une précieuse carte d’embarquement dans notre poche, allégée, du même coup,<br />
de 450 dollars… Comme diraient nos collègues québécois : « c’est assez expandieux ! ».<br />
Il est 22h37 lorsque nous enregistrons enfin nos bagages sur le vol TS 0612 à<br />
destination de Paris. À l’ultime seconde, alors que nous semblons enfin tirés d’affaire, une<br />
hôtesse hystérique fait irruption devant le guichet en nous affirmant qu’il y a eu une effroyable<br />
erreur et que nous ne pouvons pas embarquer sur ce vol. Débute alors une longue discussion<br />
à peu près aussi courtoise qu’un combat d’ultimate fighting. Après plusieurs minutes intenses,<br />
alors que Fabian a toujours quelques morceaux de l’oreille gauche de cette dernière<br />
coincés entre ses incisives, nous finissons miraculeusement par avoir gain de cause, et nous<br />
serons les derniers passagers autorisés à quitter le sol canadien ce soir-là…<br />
une expérience mémorable qui s’avérera finalement positive, surtout grâce à<br />
l’hospitalité de notre ami Dan et de nos collègues québécois. Nuls doutes que nous ne<br />
manquerons pas de revenir faire un petit tour du côté de Montréal un de ces quatre. Mais<br />
ce transit prolongé ne fut pas une expérience aussi positive pour tout le monde et notament<br />
pour notre camarade allemand Paco Elles, qui était avec nous au Mexique et qui n’a<br />
pas vraiment eu la même chance que nous. Il est resté bloqué seul pendant trois jours dans<br />
l’aéroport de Toronto, sans argent, à dormir sur le sol, et à ranger les caddies pour récupérer<br />
un peu d’argent pour pouvoir s’alimenter, mais ça c’est une autre histoire…<br />
soma 58
LOÏC BENOÎT EST UN PHOTOGRAPHE DONT LE NOM DOIT VOUS ÊTRE FAMILIER<br />
SI VOUS ÊTES UN HABITUÉ DE CE MAGAZINE. ON LE CONNAÎT ET LE SUPPORTE<br />
DEPUIS SUFFISAMMENT LONGTEMPS POUR LE RANGER DANS LA CATÉGORIE<br />
DE NOS AMIS (ON EST DES DINGUES). POURTANT, C’EST PAS TOUS LES JOURS<br />
FACILE. C’EST QU’IL EST CAPABLE D’ÊTRE FRANCHEMENT CASSE-COUILLES.<br />
C’EST MÊME DEVENU SON FOND DE COMMERCE. C’EST UNE GRANDE GUEULE,<br />
QUI NE RÉFLÉCHIT QUE TRÈS RAREMENT AVANT DE L’OUVRIR ET SURTOUT,<br />
IL ADORE JOUER AU SYNDICALISTE REBELLE D’EXTRÊME GAUCHE, CE QUI N’EST<br />
PAS TOUJOURS POUR NOUS DÉPLAIRE, MAIS QUI PEUT ÊTRE USANT À LA LONGUE.<br />
DEPUIS PEU, IL EST TEAM MANAGER VANS POUR LA FRANCE. VANS EST<br />
UNE MARQUE TOUT À FAIT RESPECTABLE, MAIS CE N’EST PAS VRAIMENT CE<br />
QU’ON PEUT APPELER UNE PETITE ENTREPRISE FAMILIALE (EN TOUT CAS PLUS<br />
MAINTENANT), C’EST MÊME UNE VRAIE GROSSE MULTINATIONALE COTÉE<br />
EN BOURSE ET TOUT LE TINTOUIN. ON PENSAIT DONC NAÏVEMENT QUE ÇA<br />
CALMERAIT LES ARDEURS REVENDICATRICES ET POPULISTES DE LOÏC,<br />
MAIS C’ÉTAIT BEAUCOUP TROP LUI EN DEMANDER.<br />
POUR SA PREMIÈRE MISSION, IL A DÉCIDÉ D’EMMENER SON ÉQUIPE DE<br />
CHAMPIONS À MONTPELLIER ET BIEN QU’UNE CERTAINE DÉONTOLOGIE NOUS<br />
INTERDISE DE LAISSER UN TEAM MANAGER ÉCRIRE SUR SES POULAINS, PAR<br />
HABITUDE, ON A QUAND MÊME DEMANDÉ À LOÏC DE FAIRE LE TEXTE DE CET<br />
ARTICLE. ET C’EST LÀ QU’IL EST FORT QUAND MÊME, PARCE QU’EN L’ESPACE<br />
DE SEULEMENT QUELQUES LIGNES, IL A RÉUSSI À FAIRE PASSER SON NOUVEL<br />
EMPLOYEUR POUR UNE ASSOCIATION CARITATIVE RÉGIT PAR LA LOI DE 1901.<br />
JE LE SOUPÇONNE AUSSI D’AVOIR UN PEU BÂCLÉ SA RÉDACTION, PRÉFÉRANT<br />
CERTAINEMENT RÉSERVER TOUTE L’ÉTENDUE DE SES TALENTS D’AUTEUR POUR<br />
L’EXCELLENT MAGAZINE POUR GRANDES PERSONNES « MAELSTRÖM »…<br />
LE LANGAGE KIKOU LOL, IL GARDE ÇA POUR SOMA… MERCI LOÏC, C’EST TROP<br />
D’HONNEUR. NOUS AVONS DONC ESSAYÉ DE RETRANSCRIRE SON SMS GÉANT<br />
EN LANGUE PLUS OU MOINS FRANÇAISE ET VOILÀ CE QUE ÇA A DONNÉ. - FD<br />
Textes & Photos<br />
Loïc Benoit<br />
59 soma soma 60
Jérone Chevalier<br />
Noseblunt<br />
Anthony Rousse<br />
Nollie varial flip<br />
un texte qui n’engage que moi, LB.<br />
C’est en ce début d’année que l’on m’a refilé une super<br />
mission : faire en sorte qu’une bande de jeunes chaussée en<br />
Vans s’amuse, skate, et voyage avec moi ! Wahou… Mais<br />
c’était compter sans l’épaisseur de la fameuse enveloppe<br />
budget, quasi inexistante ! D’autant quand la « dite » bande<br />
de jeunes regroupe pas moins de quatorze lascars de dix<strong>huit</strong><br />
à trente-cinq ans, et tous accros aux voyages longs<br />
courriers… Ma première mission fut donc de leur annoncer<br />
que ce n’était pas cette année qu’ils allaient blinder<br />
leur carte de Miles Air France, et encore péter dans des<br />
draps en soie dans les hôtels de Dubaï ou de Californie…<br />
Non, rien de tout ça, juste quelques petites escapades en<br />
France. Au moins, au niveau pollution et taxe carbone,<br />
« on est bon ! ».<br />
<strong>La</strong>issez-moi donc vous inviter au milieu du premier « Vans<br />
team meeting » chez Popi à Montpellier. un seul mot d’ordre,<br />
(enfin, deux), bonne humeur et sac de couchage ! L’avantage<br />
(car oui il y en a) de ce genre de petites enveloppes, c’est que<br />
cela ramène à certaines valeurs, loin de tous artifices… un<br />
bout de sol plat, un duvet, une douche et basta !<br />
Commençons si vous le voulez bien, par une présentation<br />
de l’équipe.<br />
Bastien Duverdier<br />
Très pro, il peut dormir et skater n’importe où. Spécialité<br />
vestimentaire : le blazer de camping, une veste qui vous<br />
permet de manger chez Bocuse, danser aux Bains Douche,<br />
tirer à la carabine (ou encore mettre des coups de poing<br />
dans un punching-ball électronique qui sonne) à la fête foraine<br />
de Palavas les flots, mais aussi de skater ou encore<br />
dormir sous un arbre en pleine campagne. Bastien sait aussi<br />
faire des rencontres opportunes en soirée et ainsi dormir<br />
au chaud et faire un peu d’exercice dans des draps propres,<br />
pendant que ses copains dorment par terre chez Popi.<br />
Jean-Philippe Dahmani as known as « Popi »<br />
Local motivé, guide efficace, organisateur compétant, lui<br />
aussi rencontre un certain succès auprès de la gent féminine…<br />
Les filles l’arrêtent dans la rue pour avoir son « 06 »<br />
(véridique !). un lascar est même venu nous interrompre en<br />
plein Shawarma pour lui dire que ses copines avaient « flashées<br />
» et voulaient en savoir plus. J’ai aussi entendu une<br />
authentique cagole l’appeler « le fils caché de Demi Moore »,<br />
pendant toute une nuit ! Durant cette semaine à Montpellier,<br />
j’ai eu la chance de voir un Popi sur motivé et surtout, il ne<br />
s’est rien cassé, chose rare chez lui. Il s’est rattrapé depuis,<br />
puisqu’il est actuellement au repos forcé jusqu’à Noël pour<br />
cause de ligaments croisés défectueux. Souhaitons un bon<br />
rétablissement au fils caché de Demi Moore.<br />
Jon Monié<br />
Le sage, le « <strong>vie</strong>ux » de la troupe, mon poto de longues discussions,<br />
le poissard de l’équipe… Durant cette semaine,<br />
Jon n’a pas réussi à ramener une seule photo. Il a tenté le<br />
diable et a fini assez rapidement par se faire mal. Le drop<br />
en photo dans cet article est un bon exemple de situation<br />
dans lesquelles il a le talent de se retrouver. Tout drop<br />
droppable devant être droppé, il a fini avec un tout bleu et<br />
un talon écrasé ! Je peux vous dire qu’il l’avait mauvaise, il<br />
en donc profité pour rendre visite à sa famille Perpignanaise<br />
et mettre son corps au repos.<br />
Valentin Bauer<br />
Valentin fait partie des « rookies » comme ils disent làhaut<br />
dans les bureaux ! Moi j’appelle ça un bleu ou un<br />
puceau de tour. Mais le jeune Valentin est grand et responsable,<br />
il a une casquette <strong>La</strong>coste et il s’en sort très<br />
bien malgré sa petite expérience des tournées de Skate.<br />
Le jeune a su me surprendre plus d’une fois et je dois<br />
avouer que je suis content de l’avoir recruté.<br />
Alex Richard<br />
Encore un bleu. Même s’il paraît avoir 16 ans, Alex est<br />
déjà grand et dépucelé. Il skate tout et ne se plaint jamais,<br />
il sait être au rendez-vous à l’heure, et il porte les chaussures<br />
qu’on lui donne, une fois de plus, je suis satisfait<br />
de ma recrue !<br />
Jon Monié<br />
Acid drop (à valider)<br />
61 soma soma 62
Bastien Duverdier<br />
Miller flip<br />
63 soma<br />
Ben Delaboulaye<br />
Kickflip<br />
soma 64
Jean-Philippe Dahmani<br />
BS Wallride tirette<br />
Nico Levet<br />
Nose bump 360<br />
Lisa Jacob<br />
Lisa fait partie de l’équipe depuis un bon moment, mais je<br />
ne la connaissais que très peu. Et même s’il est très dur<br />
de lui soutirer la moindre info, je l’aime bien. Pourtant, je<br />
pense l’avoir choqué avec ma grande gueule et ma personnalité,<br />
qui peut s’avérer sans trop de retenue quand je me<br />
sens à l’aise… Et je peux vous dire qu’au milieu de toute<br />
la troupe, je suis comme un poisson dans l’eau… Imaginez<br />
la pauvre Lisa, au centre de pleins de sujets de garçons !<br />
Splendide. Encore désolé Lisa… [NDLR : Nous nous permettons<br />
d’ajouter ici que Loïc devrait surtout être désolé<br />
d’avoir loupé la photo du kickflip de Lisa dans le plan<br />
incliné du Lez ! Et puis, pour le reste, ne vous inquiétez<br />
pas pour Lisa, elle en a vu d’autre.]<br />
Anthony Rousse & Ben Delaboulaye<br />
Ces deux-là, je les mets dans le même panier. Pour moi ce<br />
sont un peu les mêmes : Cheech and Chong. Des bons gars,<br />
des fêtards, sans souci, souvent heureux, rarement râleurs,<br />
et super complets sur un skateboard. Je peux vous dire que<br />
ces deux-là, je ne suis pas prêt de les virer ! Hé hé.<br />
65 soma soma 66
Lisa Jacob<br />
Five O to fakie<br />
Jérôme Chevalier<br />
Jer nous a rejoint avec son chien en fin de semaine, pour<br />
cause de bricolage à la maison. Forcément, à plus de 30<br />
piges nous n’avons pas les mêmes activités ni les mêmes<br />
soucis qu’à 20 ans, quoique ? Passons, Jer a donc raté la<br />
moitié des sessions, mais je peux vous dire, qu’il s’est bien<br />
rattrapé. Pendant quatre jours, il a skaté TOuS les spots<br />
à fond, et son panier de tricks est du genre complexe et<br />
bien garni. Jer c’est le meilleur de toute façon !<br />
Nicolas Levet, aka MDV<br />
On ne le présente plus, le féru de mode, bloggeur activiste<br />
engagé contre la prime à la casse… Le haineux le plus<br />
célèbre de France a réussi à s’éloigner deux jours de<br />
son ordinateur, de son job de merde et de sa ladyz afin<br />
d’égayer notre week-end ! Il a réussi à pousser Mérour<br />
à bout en un temps record, gueuler des insanités à longueur<br />
de journée, répéter cinquante fois les mêmes blagues,<br />
bref, du grand Nico… un week-end avec Nico c’est<br />
parfait, plus longtemps, personne n’est vraiment capable<br />
de survivre.<br />
67 soma soma 68<br />
Alex Richard<br />
Hurricane<br />
The guest : Julien Merour<br />
Le champion de France des champions France, le team<br />
mate de MDV chez Trauma ! Julien nous a bien accueilli<br />
chez lui et nous a fait profiter de ses spots et bien plus.<br />
étant en voyage à l’étranger, il ne nous a rejoint qu’en<br />
milieu de semaine. Il nous a tout de suite fait part de l’accueil<br />
musclé qu’il réservait à un certain MDV (pour les<br />
incultes, Nico s’en prend à la terre entière sur différents<br />
blogs et Julien fait partie de son « top ten » des têtes de<br />
turques !), mais en fait, grosse déception, rien ne s’est réellement<br />
passé, Nico a bien cherché pourtant, mais Mérour<br />
se contentait de rétorquer par de mignons « ta mère ! ».<br />
Désolé, pas de sang, pas de poutre, pas de duvet, et pas<br />
de chiens pour les restes ! Je reste sur ma faim et demande<br />
un deuxième round.<br />
Voilà, maintenant que les présentations sont faites, passons<br />
au texte, au vrai :<br />
Durant cette semaine, nous avons skaté tous les jours<br />
sous le soleil, très peu pris la voiture, sauf une fois pour<br />
aller à Nîmes. Nous avons occupé le petit park DIy de<br />
Beaulieu pendant de longues heures, fait un beau barbecue<br />
avec les locaux (merci à eux pour leur motivation).<br />
On a aussi dansé, bringué, schreddé les plus petits spots<br />
du centre ville et comme tout bon skate trip à Montpellier,<br />
et certains ont dû aller chercher leur planche dans le<br />
Lez. Merci à nos hôtes, Popi, Amory, Ben de Popular et<br />
son colloque, et les Montpelliérains ! Voilà, c’est fait.
C’est sûr, c’est un peu facile de faire l’intro d’un article sur Berlin avec<br />
une photo sur le fameux Mur, mais bon, il faut parfois aller droit au but,<br />
surtout quand on a dans la même image l’autre symbole de la ville (la<br />
tour). Avouez que quand-même, ça en jette ! Mais le plus dingue, dans<br />
tout ça, c’est qu’on peut même voir où la fameuse arnaque a eu lieu, au<br />
yaam ! Autant d’informations sur la même photo, je ne sais pas comment<br />
vous appelez ça, mais moi je dirais du grand art !<br />
Idris Jani, wallride nollie out.<br />
UNE TOURNÉE GAMBLE À BERLIN INTITULÉE<br />
VINGT-CINQ<br />
EUROS<br />
POUR<br />
LE PRIX<br />
DE 15<br />
Par Tura<br />
soma 70
71 soma<br />
<strong>La</strong> chose bizarre que kévin Rodriguez vandalise en toute impunité est<br />
une balançoire géante. Et un peu comme certains spots sont « anti-skatés »,<br />
celle-ci a subit un « anti-balançage », comme on peut le voir sur la photo,<br />
probablement à la suite de la mort tragique d’un gamin, écrasé comme une<br />
souris dans une tapette. un autre détail qu’on ne peut pas voir non-plus,<br />
c’est que le sol est mou comme dans un jardin d’enfant, et parsémé de<br />
gravillons. Mais bon, c’est nettement moins drôle qu’une histoire de gamin<br />
écrabouillé. Slappy BS smith grind.<br />
VINGT-CINQ<br />
EUROS<br />
POUR<br />
LE PRIX<br />
DE 15<br />
LA COnFIG’<br />
Team Gamble skateboards :<br />
Vincent Touzery<br />
Valentin Bauer<br />
Grégoire Cuadrado<br />
Team Gamble wheels :<br />
Martin keller<br />
Idris Jani<br />
kévin Rodriguez<br />
Rémy Taveira<br />
6 jours (5 nuits)<br />
1 jour de pluie (au skatepark)<br />
1 van 9 places (pour 10)<br />
2100 kilomètres (aller/retour)<br />
1 appart’ (correct)<br />
15 boards en rab’ (de quoi faire !)<br />
200 cannettes de jus de testicule<br />
de taureau dans le van (ne me<br />
demandez pas pourquoi !)<br />
Au départ, cette tournée portait<br />
le nom suivant : « Ich bin gamblers ». Ça<br />
sonnait pas mal, mais ça ne voulait pas<br />
dire grand chose, alors je me suis permis<br />
de renommer ça « 25 euros pour le prix de<br />
15 ». C’est sûr que ça sonne un poil moins<br />
bien, mais c’est un peu plus vendeur (y’a le<br />
prix dedans). Mais pourquoi donc ce titre<br />
énigmatique, me direz-vous ? Eh bien c’est<br />
assez compliqué à expliquer, tout en étant<br />
très simple à la fois.<br />
Faisons une analogie : prenez un objet<br />
de consommation courante dont le prix est fixé<br />
à 15 euros, mais pas explicitement. Disons qu’à<br />
peu près tout le monde sait que ça coûte 15<br />
euros. Sachant que cet objet n’est absolument<br />
pas indispensable à votre épanouissement, irezvous<br />
le payer 25 euros dans un pays étranger ?<br />
J’imagine que non. Mais, car il y a toujours<br />
un « mais », cette notion d’épanouissement est<br />
toute relative. Si vraiment il vous le faut, ce<br />
truc, pour vous épanouir, même à 25 euros,<br />
alors allez-y ! C’est votre problème, pas le mien.<br />
Sauf qu’il y a un détail qui a failli<br />
nous échapper, à vous autant qu’à moi, cher<br />
ami lecteur. C’est que nous sommes en tournée<br />
Gamble, et que signifie le verbe « to gamble »<br />
en anglais ? Je vous le donne en mille : jouer<br />
de l’argent, flamber. Eh oui, nos jeunes amis et<br />
protagonistes de cette histoire aiment flamber.<br />
Surtout entre les repas, ou dans la voiture...<br />
Il brûlent leur argent dans leur soit-disant<br />
épanouissement comme José brûle son argent<br />
dans des fringues yogi yamamoto. De la<br />
coquetterie, quoi !
Enfin bref, si vous avez<br />
compris où j’ai voulu en venir, c’est très<br />
bien. Dans le cas contraire, je m’en vais<br />
résumer tout ça en une phrase : payer 25<br />
euros pour être servi l’équivalent de 15<br />
euros, ça s’appelle une arnaque, et ça m’fait<br />
bien rigoler. C’est important de rigoler. Et en plus, c’est<br />
gratuit. Tout comme le titre de cet article, que je vous offre<br />
gracieusement, malgré son prix affiché. Voilà, maintenant<br />
que tout est plus clair, je vous invite à poursuivre la lecture de<br />
cet article dans un style nettement plus académique, mais pas<br />
complétement dénué d’humour.<br />
Sur la droite des premières photos de cette séquence, on peut<br />
voir une ligne pavée s’enfoncer dans le gazon. Eh bien figurezvous<br />
que ceci représente l’endroit exact où passait le Mur, il y<br />
a un peu plus de 20 ans. A un mètre près, j’aurais donc eu une<br />
magnifique métaphore pour cette légende : « Martin keller<br />
passe à l’ouest et décide de tirer un trait définitif sur le passé<br />
en changeant de stance » ou un truc du genre, mais non. C’est<br />
dingue comme je passe toujours à quelques centimètres du<br />
trait de génie. Ollie body varial.<br />
VINGT-CINQ<br />
EUROS<br />
POUR<br />
LE PRIX<br />
DE 15<br />
Au départ, Valentin Bauer faisait son ollie tout seul, et puis on s’est tous dit<br />
qu’avec quelqu’un en-dessous, ce serait vachement plus marrant. Le seul à s’être<br />
dévoué, non sans appréhension, fut Rémy qui s’est d’ailleurs pris plusieurs fois la<br />
board ou un pied dans la tronche sans rechigner. A la fin, il arrivait quand-même à<br />
relever la tête mais Valentin restait tellement longtemps en l’air qu’il était déjà en<br />
bas quand Val’ passait au-dessus. Au final, on a gardé celle-là, et tant pis si on ne<br />
voit pas sa tronche, à Rémy. Ollie air.<br />
soma 74
Pour Vincent Touzery, cette semaine en Allemagne<br />
consistait à faire des blunt ou des nose blunt<br />
avec un grab. Le premier fut un FS blunt crail grab<br />
sur le dossier d’un banc, s’en est suivi celui que l’on<br />
peut apercevoir ici, et puis l’autre, sur la page d’en<br />
face. En gros, tous les blunts qui passaient, Vincent<br />
les a grabbés ! Et y’avait du monde sur la corde à<br />
linge... nose blunt slide stale fish.<br />
VINGT-CINQ<br />
EUROS<br />
POUR<br />
LE PRIX<br />
DE 15<br />
Berlin, donc. une<br />
destination à la mode. Elle a du<br />
bon, la mode, parfois. Parce que<br />
Berlin a pas mal de bonnes choses<br />
à offrir, en dehors des spots : des<br />
kebabs ou des pintes en terrasse<br />
à 2 euros, mais surtout une<br />
ambiance générale décontractée,<br />
ce qui est assez surprenant pour<br />
une capitale faisant environ 8 fois<br />
la surface de Paris. C’est qu’il y a<br />
de la place, assez pour que le skate<br />
ne soit pas trop encombrant, et<br />
donc mieux accepté. Même les<br />
Ce spot apparaît immanquablement dans<br />
tous les articles sur Berlin, et celui-ci<br />
ne fera pas exception. Parce qu’après,<br />
les gens ne vont plus comprendre. Déjà<br />
que le mag est gratuit, petit et distribué<br />
partout sauf en kiosque, si en plus on<br />
ne fait pas comme tout le monde à<br />
l’intérieur, on risque de perdre nos lecteurs,<br />
enfin, s’il y a encore des gens qui<br />
lisent vraiment les magazines. Surtout<br />
les légendes où on a bien pris soin de<br />
mettre le nom du trick en gras pour<br />
être sûr que personne ne lise le reste...<br />
Vincent Touzery, blunt tirette.<br />
75 soma soma 76
divers petits skateparks disséminés à travers la ville sont bien<br />
foutus, et pour la plupart en béton. Il y a bien tout un tas<br />
d’autres choses agréables mais il y en a une non négligeable<br />
et totalement imprévisible capable de ruiner votre séjour :<br />
la pluie (voire la neige). Enfin, pour les hyperactifs, il y a<br />
quand même le Skate-halle (et plus récement le Mellow Park)<br />
pour skater à l’abri. Cependant, nous n’avons eu à choisir<br />
cette option qu’un seul jour. Le reste du temps, nous nous<br />
sommes laissés<br />
conduire de spot<br />
en spot, en suivant<br />
les indications<br />
récupérées sur le<br />
site (controversé)<br />
skhateyou.com.<br />
Il faut savoir que Grégoire Cuadrado a rentré<br />
ce trick en 2 essais, et impeccablment, juste pour<br />
le plaisir, avant que je m’y intéresse avec mon<br />
appareil-photo. C’est à partir de ce moment-là que<br />
les choses se sont compliquées. Ca a pris un certain<br />
temps, il a rentré celui que l’on peut voir ci-dessous,<br />
mais une fois visionné sur l’ordinateur, on s’est tous<br />
les deux dits qu’on pourrait le faire mieux. Alors on<br />
est revenu le lendemain, ça a encore pris un petit<br />
moment, et puis au final, on a gardé celui de la<br />
veille ! BS smith grind kickflip out.<br />
Ce qu’on ne voit pas sur la photo, c’est qu’à 3 mètres derrière Rémy<br />
Taveira se trouve le plus petit skatepark en béton du monde. Ou le plus<br />
grand skatepark en béton pour fingerboard du monde, selon de quel côté<br />
on se place. un genre de mini-Burnside de 8m de long sur 30cm de large,<br />
avec copings et rails... Mais le plus dingue, c’est que tout ça (les deux<br />
« vraies » courbes inclues) a été construit par le champion du monde de<br />
fingerboard (sans déconner) qui est également un skateur « normal » et<br />
qui vit juste en face du spot. Inévitablement, il nous a vu de sa fenêtre<br />
et il a débarqué, avec sa truelle, pour nous demander gentiment de faire<br />
gaffe au béton tout frais qu’il venait de poser en bas d’un plan incliné<br />
juste à côté. Forcément, quelqu’un y avait déjà laissé ses traces, mais<br />
ça ne l’a pas énervé, il a juste lissé de nouveau son béton, et c’est tout<br />
juste s’il ne nous a pas remercié d’être venu défoncer son spot... Il nous<br />
a même indiqué où il cachait une échelle qu’il avait fait lui-même pour<br />
qu’on puisse grimper sur un mur et avoir un meilleur angle pour la<br />
vidéo... un chic type, ce Timo Kranz. BS lipslide BS revert.<br />
VINGT-CINQ<br />
EUROS<br />
POUR<br />
LE PRIX<br />
DE 15<br />
Bref on discute, on discute, mais je vois<br />
déjà le bout de ce texte arriver, et je crois bien que<br />
je ne vais pas avoir le temps d’en remettre une<br />
couche sur cette histoire de 25 euros... Dommage,<br />
ça m’aurait bien fait marrer !
ALI<br />
Vos parents vous l’ont déjà répetté mille fois : « qui joue avec le feu, fini toujours par se brûler<br />
». Si l’on en croit le dicton, Ali Boulala est un grand brulé. Remontons trois années en arrière,<br />
Ali est un des meilleurs skateboarder au monde, il vit de sa passion, et peut se permettre<br />
de ne jamais se soucier de rien. Il vit le rêve de milliers de gamins et<br />
en profite au maximum.<br />
Et puis un jour, en une fraction de seconde, tout bascule. Vous connaissez tous l’histoire, ou devriez<br />
la connaître ; Ali est en Australie pour l’un des plus gros contest de l’année, et même si,<br />
depuis un certain temps, il s’est montré raisonnable avec l’alcool et les drogues en général, là,<br />
c’est un peu différent, tous ses potes sont là, ceux qu’il ne voit que rarement, c’est la fête… Ali<br />
fait le con avec sa moto de location, Shane Cross est à l’arrière et leur virée se termine dans le<br />
mur. Shane est tué sur le coup et Ali est plongé dans le coma. Il y restera trois semaines et au<br />
réveil, il doit affronter une justice Australienne particulièrement sévère avec ce genre de délit.<br />
<strong>La</strong> sanction tombe, quatre ans de prison dont deux fermes. Bienvenu en enfer.<br />
Ali est libre aujourd’hui, il est de retour en Suède et son pote Loïc Benoît est allé le voir pour<br />
lui tirer les vers du nez et shooter sa première photo « de skate » depuis l’accident ! L’entrevue<br />
se déroule dans le restaurant du frère d’Ali, devant un match de la coupe du monde de Football.<br />
Intro par Fredd<br />
Inter<strong>vie</strong>w par Loïc Benoît<br />
soma 80
Ton intérêt pour le Foot n’a pas changé ?<br />
Oui j’aime ça, et puis ça m’occupe !<br />
Tu dois t’en foutre des bleus maintenant ?<br />
Eh oui, je supporte l’Australie maintenant, ha ha !<br />
Quand as-tu appris la date exacte de ta libération<br />
?<br />
En fait, six mois avant, j’ai reçu une lettre, précisant ma<br />
date de liberté. Mais après ça, je n’étais pas réellement libre,<br />
je suis effectivement sorti de prison, mais les gars<br />
de l’immigration m’attendaient pour me mettre dans une<br />
autre prison, celle de l’immigration… Ils m’ont gardé environ<br />
une semaine, puis j’ai eu un billet d’avion pour la Suède.<br />
Mais je n’étais toujours pas libre, trois gars sont venus<br />
avec moi pour m’escorter ! une fois arrivé à Stockholm et<br />
passé la douane, ils m’ont rendu mon passeport, signe de<br />
liberté retrouvée. C’était marrant, j’ai recroisé les mêmes<br />
types le soir même, tous bourrés dans un bar ! Ils ont l’air<br />
d’avoir une <strong>vie</strong> de fous ces gars !<br />
Et Amanda [sa copine, de nationalité australienne<br />
ndlr], elle t’attendait déjà en Suède ?<br />
Par pure coïncidence, nous avons voyagé le même jour,<br />
mais pas dans le même avion, elle avait acheté un billet le<br />
jour où elle a appris ma date approximative de sortie.<br />
Tu as reçu beaucoup de visites en prison ?<br />
Amanda venait tous les week-ends, mais il y a aussi eu mes<br />
<strong>vie</strong>ux potes, comme Steve [Forstner], Arto, Geoff Rowley,<br />
Fred [Mortagne], toi. Et puis Jake Duncombe est venu<br />
souvent, accompagné de Lewis Marnell, pas mal de monde…<br />
Sans oublier ma mère qui est venu de Finlande, les<br />
parents d’Amanda… Mais c’est sûr que c’est Amanda qui<br />
remporte le titre du plus grand nombre de visites ! Merci.<br />
On a fini ?<br />
T’es fou, ce n’est que le début ! L’an dernier, lors de<br />
notre visite, tu me disais que tu suivais des cours.<br />
Oui, j’ai fait de l’infographie et un peu de compta. J’ai fait<br />
des logos, des posters, des covers de CD…<br />
Tu comptes t’en servir dans ta nouvelle <strong>vie</strong> ?<br />
Je n’en sais rien, mais je ne suis resté que deux ans [rires].<br />
J’aurai dû prendre dix ans, je serai sorti au top ! En plus<br />
c’est gratuit… [rires]<br />
Depuis ton retour ici, tu m’as dit que tu avais déjà<br />
subi une opération.<br />
Oui j’ai chopé une hernie en prison, j’ai découvert ça un<br />
jour, mais ils m’ont dit que ce n’était pas une urgence, «<br />
tant que vous n’êtes pas en train de mourir, nous ne pouvons<br />
rien pour vous ! », donc de retour ici, je m’en suis occupé<br />
direct, cela n’a pris qu’un jour, entré le matin et sorti<br />
le soir !<br />
Sinon tu as toujours ton problème de hanches ?<br />
Que s’est-il passé ?<br />
En fait, un os a poussé dans le muscle de la hanche. Suite<br />
au coma et à la période où je suis resté alité ; mon cerveau<br />
a apparemment envoyé le mauvais signal au mauvais<br />
endroit, et du coup, j’ai hérité d’un os supplémentaire dans<br />
ce muscle, ce qui me fait boiter et perdre l’équilibre…<br />
Tu vas te faire opérer ?<br />
Bien-sûr. Ils doivent m’opérer et donc enlever cet os dans<br />
la hanche. Et toujours selon les docteurs, après beaucoup<br />
de rééducation, je devrais revenir à 100% des capacités de<br />
mes jambes.<br />
En parlant de rééducation, je sais que tu en as fait<br />
beaucoup en prison. Et maintenant ?<br />
Oui, en prison je n’avais un peu que ça à faire, donc j’ai<br />
beaucoup rééduqué mes jambes, mais depuis que je suis<br />
sorti, je suis fainéant, je devrais m’inscrire dans un club de<br />
gym, mais j’ai la flemme…<br />
Je passe un peu du « coq à l’âne », mais peux-tu<br />
imaginer ta période de détention sans Amanda ?<br />
Je ne sais pas, j’ai pleinement conscience de la chance que<br />
j’ai que cette fille soit entrée dans ma <strong>vie</strong>. Sans son soutien<br />
et ses visites je pense que tout cela n’aurait pas pu<br />
être possible ou du moins tout m’aurait semblé plus long<br />
et horrible ; quel soutien !<br />
Du coup tu es parti pour le mariage…<br />
Oui, en fait nous nous sommes fiancés en 2007, juste<br />
avant l’accident et tout ce qui s’est passé. Nous avions déjà<br />
parlé de mariage, mais les évènements en ont voulu autrement,<br />
et finalement, me voilà enfin libre et les bonnes choses<br />
arrivent.<br />
Comme tu ne fais pas tout comme tout le monde,<br />
tu as choisi une date un peu farfelus.<br />
Pffff, non. Rien de farfelu, juste le 10.10.10, rien de<br />
plus !<br />
Et ce mariage ne cache t-il pas un retour en Australie<br />
?<br />
Non, loin de là, je ne marie pas pour chopper un visa ou<br />
un truc du genre.<br />
Et ton retour sur un skate ?<br />
J’y crois, j’espère… Mais rien n’est sûr ! Même si les médecins<br />
m’ont bien dit que je devais revenir à 100% suite à<br />
cette fameuse opération de la hanche ! Donc oui, j’espère<br />
beaucoup !<br />
Arrête de jouer avec ce gadget ! [Ali s’est offert un<br />
Iphone pour son premier jour de liberté, et durant<br />
cette inter<strong>vie</strong>w, il n’a pas arrêté d’essayer d’installer<br />
des jeux « craqués » sur son nouveau jouet…]<br />
« s i t o u t s e pa s s e c o m m e p r é v u,<br />
b i e n-s û r q u e j e s e r a i s d e r e t o u r<br />
s u r u n s k a t e ! »<br />
Oui donc, les médecins<br />
me disent plein de choses<br />
et effectivement si tout se<br />
passe comme prévu, biensûr<br />
que je serais de retour<br />
sur un skate !<br />
Tu reçois toujours de<br />
l’argent de tes sponsors<br />
?<br />
Oui et non, je ride toujours<br />
pour Flip et il va falloir<br />
que je cherche d’autres<br />
sponsors... mais c’est très<br />
dur, car je ne peux toujours<br />
pas skater… [rires].<br />
Tu sais, je vis au jour le<br />
jour, surtout après tout ce<br />
qui <strong>vie</strong>nt de m’arriver. que<br />
ce soit pour mon retour<br />
sur un skate, mes sponsors,<br />
une <strong>vie</strong> australienne,<br />
je verrai, je me pose beaucoup<br />
de questions, certes,<br />
mais je ne fais pas trop de<br />
plans pour le futur…Tout<br />
ça me fait en<strong>vie</strong>, je le ferai<br />
mais où ? quand ? Comment<br />
? Je n’en sais rien et<br />
je verrai bien…<br />
Si demain tu repars en<br />
Australie, tu crois que tu rentres sans problèmes ?<br />
Bien-sûr que non, ils me connaissent maintenant [rires] !<br />
Non, je sais juste que pour mon prochain voyage je dois me<br />
rendre à l’ambassade et faire plein de paperasse, mais je<br />
n’en suis pas encore là.<br />
Ha oui, une question à la con ; ca t’as paru long ?<br />
En fait, j’étais dans une prison « low security », j’étais<br />
comme dans un petit village, ha ha et même si aucune prison<br />
n’est cool, le temps est passé super vite. quand je repense<br />
à tout ça, j’hallucine d’être là, libre et en Suède,<br />
avec la fille que j’aime !<br />
Et ici, tu vis où ?<br />
Mon frère, que je remercie énormément, a anticipé mon<br />
retour, il a loué un appart pour me loger dès mon retour, je<br />
vis donc ici à Stockholm avec Amanda, dans un appart que<br />
mon frère loue pour moi !<br />
Des projets ?<br />
Comme je te l’ai dit, je vis au jour le jour, je sais juste que<br />
je pars dans une semaine au Portugal,<br />
pour le mariage de mon frère.<br />
Ce sera ton premier vrai<br />
voyage « libre » ?<br />
Oui mon premier voyage « free as<br />
a bird ».<br />
As-tu quelques chose a rajouter<br />
pour les kids ?<br />
Oui, MERCI ! Je réalise pleins de<br />
choses aujourd’hui. Je suis allé à<br />
ce contest à Göteborg, j’étais juge,<br />
il y avait plein de kids, j’ai halluciné<br />
! On dirait qu’ils m’aiment<br />
toujours autant ! J’ai reçu tellement<br />
de lettres de soutien quand<br />
j’étais en prison, d’un peu de partout,<br />
c’était fou. Je leur dirai juste<br />
de prendre la <strong>vie</strong> de façon simple<br />
et de faire gaffe. De se concentrer<br />
sur le skate, d’être prudent et de<br />
ne pas perdre son temps à faire et<br />
prendre des merdes !<br />
As-tu des news de tes team<br />
mates ?<br />
Oui, surtout de Geoff et de Arto.<br />
J’ai encore parlé avec Arto un long<br />
moment au téléphone la semaine<br />
dernière…<br />
As-tu vu la dernière vidéo<br />
Flip ?<br />
Oui bien-sûr !<br />
Et je voudrais connaître ton point de vue sur ce<br />
« nouveau team » ?<br />
Je n’en sais rien, je ne connais aucun de ces kids, je ne les<br />
ai jamais rencontrés, je ne connais pas les histoires ! Et<br />
puis, je ne veux pas trop dire de merde [rires], Flip est le<br />
seul sponsor qui me soutienne encore ! J’ai trop de respect<br />
pour Jeremy Fox, Ian Deacon et les autres, Merci !<br />
As-tu toujours autant de contacts avec eux ?<br />
Oui, carrément, ils me soutiennent ! Mais en parlant de vidéos,<br />
je veux voir la vidéo avec Arto, la vidéo Alien.<br />
Quoi tu n’as pas vu la vidéo Alien ? Whaou, le geek<br />
est à la rue… Et tiens, sais-tu pourquoi il a quitté<br />
Flip ?<br />
Non, et on s’en fout.<br />
C’est vrai et puis c’est ton inter<strong>vie</strong>w pas celle<br />
d’Arto !<br />
Exact ! [rires]
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Ca, c’était pendant le « best trick ». Max a pris 3 fois 50 euros : switch tré, big spin heelflip, big spin<br />
heelflip boardslide, le tout avec la 7,6 de Poulain !<br />
Berlin<br />
29-30 mai<br />
Photos par Tura<br />
Texte par Fredd<br />
Lui, c’est Ritchie Löffler, un <strong>vie</strong>ux de la <strong>vie</strong>ille, presqu’une légende en Allemagne.<br />
FS wallride pop off, replaqué dans la petite croube.<br />
Les hommes… Attendez, laissez-moi réfléchir… Oui ça marche<br />
pour les femmes aussi. Donc je reprends : les hommes et les<br />
femmes se construisent à travers leurs expériences, les divers<br />
évènements, rencontres, découvertes qui jalonnent leurs petites<br />
<strong>vie</strong>s d’êtres humains. Les<br />
premiers pas, les premiers mots,<br />
les premiers émois amoureux, le<br />
premier fix d’héroïne, etc. Vous<br />
savez comment ça marche, on<br />
appelle ça « la <strong>vie</strong> ». <strong>La</strong> recette<br />
est la même pour le skateboarder<br />
qui n’est finalement qu’un être<br />
humain plus ou moins comme<br />
un autre et qui peut aussi être<br />
une fille, si, j’en ai déjà vu. Le<br />
premier ollie, le premier trip avec<br />
la bande de copains, le premier<br />
handrail, le premier contest, le<br />
premier pool… Tout le monde<br />
passe par ces petits rites initiatiques<br />
et c’est ce qui fait tout<br />
l’intérêt de l’aventure.<br />
Dans le même registre et<br />
tout aussi importants et fondateurs,<br />
sont les lieux de « pèlerinages ».<br />
Tout le monde n’est pas obligé d’être<br />
aussi extrême que Ian Dykmans<br />
et son pote qui ont fait Bruxelles-<br />
Marseille en skateboard, mais il y<br />
a quelques endroits qu’on se doit<br />
d’aller voir quand on fait du skateboard.<br />
Chacun étant libre d’établir<br />
sa propre liste de trucs à voir et à<br />
faire bien sûr. Par exemple, et pour<br />
ne pas trop me mouiller, je dirais<br />
qu’une liste type pourrait ressembler<br />
à ça : un grind à Burnside, un manual<br />
à Pier 7, un ollie sur les « crottes<br />
de Mammouth » à Grenoble, une<br />
San Miguel à Barcelone, un wallride<br />
sur le mur de Berlin… Vous voyez<br />
quoi. Le drame pour moi c’est qu’à<br />
mon âge avancé, je n’étais jamais<br />
allé à Berlin donc quand les gars du<br />
Clash nous ont invités Tura et moi à<br />
aller jeter un œil à leur contest, j’ai<br />
sauté sur l’occasion.<br />
Bon, le wallride, on a bouclé<br />
ça direct avec le collègue. Le mur<br />
se trouvait juste entre notre hôtel<br />
et la « Skatehalle », le skatepark de<br />
Berlin, alors dès le premier matin,<br />
j’ai pu le rayer de ma liste. Ensuite<br />
nous nous sommes rencardés avec<br />
89 soma soma 90
THE<br />
91 soma<br />
LASH !<br />
la communauté française<br />
de Berlin (des Antiziens,<br />
un Poulain, notre pote<br />
Jean-Marc) avec qui nous<br />
sommes allés jouer dans la<br />
rue. Le bel Hugo Liard a<br />
fait le grind qui se trouve<br />
en page 8 de ce magazine,<br />
il l’a pas volé, rarement vu<br />
un élan aussi pourri… Le<br />
lendemain, c’était le début<br />
du contest, la « Skatehalle<br />
» est vraiment un<br />
chouette endroit. Le park<br />
est génial, mais les contests<br />
de street, ça je me fait vite<br />
chier, alors je ne regarde<br />
que les finales en général.<br />
Je suis donc allé<br />
voir le bowl avec my man<br />
Paulo. On l’a tué. Puis au<br />
moment de partir, Tom<br />
Penny est arrivé. Je me suis assis sur ma board pour ne<br />
pas tomber dans les pommes, puis j’ai regardé et Paulo a<br />
filmé. Penny faisait vraiment très plaisir à voir, allez faire<br />
un tour sur la rubrique vidéo du site de <strong>Soma</strong> pour vous<br />
rendre compte par vous-même. Après ça, on est retourné<br />
skater dans la rue avec la bande. On avait pris avec nous<br />
trois skateurs canadiens dont une canadienne qui est<br />
instantanément tombée amoureuse de moi, mais qui est<br />
finalement repartie avec Hugo ce soir-là… Allez comprendre.<br />
M’enfin, je m’en fiche, ce soir-là on a fait la fête et je<br />
suis rentré avec Alex Mizurov ! Le gars était à l’opposé de<br />
ce que j’avais imaginé de lui, sympa, bavard, souriant…<br />
Ça a été le coup de foudre ! Je ne déconne même pas, il<br />
était vraiment cool.<br />
Le lendemain, j’ai donc regardé le contest, de<br />
toute façon, après avoir dansé toute la nuit, j’étais trop<br />
fatigué pour faire autre chose. Mizurov m’a encore fait<br />
plaisir. Alors qu’il venait de replaquer un switch fs big<br />
spin (je crois) sur le double set, il a refusé l’argent que lui<br />
tendait le gars au micro, parce que Max Genin venait juste<br />
de le faire avant lui : la Classe. Tiens, en parlant de Max.<br />
J’irais pas jusqu’à dire qu’il a fait dans l’originalité, mais<br />
il est quand même incroyable. Il casse sa board pendant<br />
le best trick, emprunte celle de Poulain qui fait la moitié<br />
de la sienne en longueur et en largeur et paf ! Switch 3-6<br />
flip direct sur le double set. <strong>La</strong> board de Poulain n’avait<br />
jamais vu ça ! Max a terminé <strong>huit</strong>ième, ce qui est bien<br />
youness Amrani, switch BS tail slide shove it.<br />
mais pas top, mais au moins, il ne rentre pas les poches<br />
vides, et c’est tout ce qui compte, n’est-ce pas Max ? Il a<br />
même battu l’homme du weekend : youness Amrani ! Il a<br />
fini dans les choux, mais c’était vraiment lui le meilleur. Il<br />
est juste hallucinant (ambiance big spin double heelflip sur<br />
le double set) et ce n’est certainement pas la dernière fois<br />
que vous entendez parler de ce jeune belge sympathique.<br />
Le gars qui a gagné, Thomas Weber, était balaise, bizarrement,<br />
c’était pas le meilleur, mais il était bon quand<br />
même, donc rien à redire. Du côté des filles ça continue<br />
de progresser, c’est flagrant. Bientôt, ça va même devenir<br />
intéressant… Ha ha. Voilà, je pense que je vais m’arrêter<br />
sur cette nouvelle remarque sexiste, de toute façon je ne<br />
vois pas trop quoi ajouter, souvenez-vous juste de youness<br />
Amrani…<br />
Allez, je vous laisse, je dois aller compléter<br />
ma liste de trucs à faire avant de mourir. Alors, où en<br />
étais-je ? Le mur c’est fait, la démo de Penny aussi… Ha<br />
oui, « sauter par-dessus la muraille de Chine », ça j’ai pas<br />
encore fait. C’est quel bus pour la Chine ?<br />
Park : 1 Thomas Weber (DE) / 2 Alex Mizurov (DE) / 3 Lukas<br />
Danek (Cz) ; Girls : 1 Diana Kränsel (DE) / 2 Sarah Meurle<br />
(SWE) / 3 Anna Kruse (DE) ; Bowl : 1 Packy Fancher (uSA) /<br />
2. Kilian Heuberger (DE) / 3 Jan Tomsovsky (Cz)
L’MaTOs<br />
1 un t-shirt Magenta, mais bleu / 2 une chaussure gauche Titan de chez Vox / 3 un caleçon Cleptomanicx bariolé,<br />
mais bon, c’est qu’un caleçon / 4 une board Vallely pour faire des hand plants (Element) / 5 une chemise à capuche<br />
Ambiguous / 6 la nouvelle Dustin Dollin de chez Vans, avec le scratch / 7 un t-shirt zooyork avec un gros logo pour leur<br />
faire de la pub / 8 une paire de chaussettes Volcom qui se passe de commentaire / 9 la chaussure de Guy Mariano de chez<br />
<strong>La</strong>kai, bien entendu / 10 un t-shirt Element de voyage / 11 le pro-model de t-shirt de Jeron Wilson chez DVS/Diamond<br />
(sans déconner !) / 12 une chaussure Griggs2 de chez Element / 13 le second pro-model Leo Valls de chez Magenta / 14<br />
un t-shirt Santa Cruz ‘cell block’ bien à l’ancienne. C’est tout pour aujourd’hui. A la prochaine ! - DT<br />
93 soma<br />
10<br />
12<br />
4<br />
13<br />
9<br />
8<br />
7<br />
3<br />
1<br />
11<br />
2<br />
6<br />
5<br />
14<br />
Illustrations : Da
ENvRaC<br />
LES 10 VIDéOS quI ONT VRAIMENT CHANGé LE MONDE<br />
(SELON MOI)<br />
Assez logiquement, les vidéos qui marquent vraiment sont celles qu’on découvre dans ses premières<br />
années de Skate, mais on n’est jamais à l’abri d’une claque tardive. Personnellement, je pensais<br />
que les premières vidéos Powell et les premières Santa Cruz avaient achevé de me construire en tant que<br />
skateboarder. Puis « underachievers » est sortie et j’avais 16 ans à nouveau, c’était reparti comme au début.<br />
Quelques années plus tard, « The Strongest of the Strange » a eu un effet assez similaire, une véritable<br />
cure de jouvence. Les vidéos de skateboard ont ce pouvoir de tout bousculer, ou de laisser totalement<br />
indifférent et tomber instantanément dans l’oubli.<br />
<strong>La</strong> liste qui suit est, bien entendu, subjective et en aucun cas exhaustive, à vous de vous faire la<br />
vôtre. En même temps, vous avez sûrement autre chose à faire… - FD<br />
_Powell Peralta – Public Domain (1988)<br />
Ok, avant il y avait eu les trois premières Powell avec<br />
« la vraie » Bones Brigade (Hawk, Cab, <strong>La</strong>nce, McGill,<br />
Guerrero). Mais là, avec Ray Barbee, Chet Thomas, Steve<br />
Saiz, Jim Thiebaud, et même, et ça paraît fou de dire ça<br />
aujourd’hui : Mike Vallely ! ça a vraiment été la claque<br />
géante, la première. Le début de la fin de la rampe. L’entrée<br />
dans une ère nouvelle. On était jeunes aussi…<br />
_H-Street – Hokus Pokus (1989)<br />
Sal Barbier, Ron Allen, Brian Lotti, John Reeves,<br />
Donger, Alfonso Rawls, Colby Carter, Danny Way mais<br />
surtout Matt Hensley. Tout filmé à l’arrache avec des<br />
caméras bon marché et monté sur le magnétoscope du<br />
salon… C’était simplement la révolution à l’époque.<br />
<strong>La</strong> fin du règne de Powell sur le marché du skate et de<br />
Peralta sur celui de la vidéo. Et ouais mon pote !<br />
_Blind - Video days (1991)<br />
Régulièrement citée comme la meilleure vidéo de tous<br />
les temps par environ 99 % des pros… Réalisée par un<br />
mec qui a fait « Where the wild things are » par la suite.<br />
<strong>La</strong> première part de Guy Mariano, la meilleure de Mark<br />
Gonzales et de Jason Lee. Rudy Johnson au top. Il n’y a<br />
que Jordan Richter qui se demande bien ce qu’il fout là…<br />
_Alien Workshop « Memory Screen » (1991)<br />
Le « Muhlolland Drive » du Skateboard : la (les)<br />
première(s) fois on n’y comprend rien, mais on trouve ça<br />
génial quand même. Et puis il y a Dinosaur Jr...<br />
_Plan B – Questionable (1992)<br />
Les pantalons sont gigantesques, les roues minuscules,<br />
Hensley arrête, Rodney fait du Street, Sheffey des late<br />
shove-it, Mike Caroll tue l’EMB, Way & McKay continuent<br />
sur leur lancée et Pat Duffy… « The terminator »<br />
débarque de nulle part et décide de changer les règles<br />
du jeu. Désormais, grinder des rails gigantesques est<br />
possible. Le BS lipslide sous la pluie par contre, encore<br />
aujourd’hui, ça reste impossible. Cette année là, tout le<br />
monde écoute Primus (ou Fu-Schnickens).<br />
_Stereo « A Visual Sound » (1994)<br />
Ethan Fowler, Carl Shipman, Dune, Greg Hunt, Jason<br />
Lee, Matt Rodriguez, Mike Daher, Mike Frazier. Bien<br />
sûr, ils n’ont pas inventé le Jazz ni le Super 8 mais il se<br />
dégageait une véritable âme de cette vidéo. Et à l’époque,<br />
au milieu de toutes les Hip-Hoperies gangsterogènes,<br />
ça faisait un bien fou.<br />
95 soma<br />
_Eastern Exposure 3 « underachiervers » (1996)<br />
<strong>La</strong> vidéo qui nous a fait oublier la Californie. D’un seul<br />
coup, tout le monde se prend pour Donny Barley ou<br />
Ricky Oyola, on veut des boards plus larges, des roues<br />
plus grosses et on veut faire des pole jams, des wallies<br />
et des feebles sur des rails… <strong>La</strong> part de Ricky Oyola sur<br />
Metallica puis sur rien du tout est la meilleure chose qui<br />
soit arrivée au skateboard.<br />
_Cliché - Europa (2000)<br />
<strong>La</strong> première vraie vidéo Européenne qui rencontre un<br />
succès internationnal. <strong>La</strong> première fois qu’on y croit<br />
vraiment et qu’on est même fier d’être Européen (j’ai pas<br />
dis « fier d’être Français » hein, faut pas déconner !).<br />
_éS - Menikmati (2000)<br />
Fred Mortagne introduit une nouvelle façon de filmer et<br />
puis éS à ce moment là, c’était vraiment ce qu’on pouvait<br />
imaginer de mieux question team. <strong>La</strong> première vraie part<br />
de Arto aussi…<br />
_Coliseum - PJ <strong>La</strong>dd’s wonderfull horrible life (2002)<br />
<strong>La</strong> part de PJ <strong>La</strong>dd. <strong>La</strong> grosse claque. À l’époque, c’était<br />
la course à celui qui sautera le plus de marche, grindera<br />
le plus long rail, etc. Et puis ce petit gars dont personne<br />
n’avait jamais entendu parler est arrivé, et soudain, tout<br />
est devenu plus raisonnable.<br />
_The Strongest of the Strange (2006)<br />
un putain de chef d’œuvre. <strong>La</strong> vidéo qu’on peut montrer<br />
à sa copine ou ses parents sans avoir à rougir, sauf<br />
peut-être quand Pontus se promène la bite au vent… Les<br />
spots fait à la main, des larmes, de la sueur, de l’émotion.<br />
Pontus Alv à son meilleur.<br />
_<strong>La</strong>kai - Fully Flared (2007)<br />
Mike Mo pour la jeunesse, Alex Olson et le retour de<br />
Mariano pour nous, la part des français, un nouveau<br />
trick toutes les dix secondes… un filming et une production<br />
irreprochable, des effets spéciaux dans la tradition<br />
des vidéos de la famille Girl… <strong>La</strong> meilleure vidéo de tous<br />
les temps pour certains, beaucoup trop de ledge dancing<br />
pour les autres. <strong>La</strong> vidéo divise mais a totalement sa<br />
place dans cette liste.<br />
Voilà. J’aurai aimé ajouter une Anti-Hero ou deux , une<br />
Consolidated, la Welcome to Hell, les premières Santa Cruz,<br />
la Man Down, la TWS avec Penny, la Mouse, la Nikomouk2000…<br />
mais hé, on avait dit 10 vidéos, et y’en a déjà<br />
12 dans la liste au-dessus…<br />
Habitat Video<br />
Number Three is<br />
Underway www.habitatfootwear.com<br />
Alex<br />
DAVIS Switch<br />
Al’s Vireo Colorway<br />
Ollie Ph. Gaston<br />
ADAPT, MODIFY FORM,<br />
& CHANGE STATE.<br />
Habitat Footwear Season Two, Available Summer 2010
ENvRaC<br />
HISTOIRES DE CHAuSSuRES<br />
Si vous avez moins de trente ans, il y a des chances que vous appreniez quelque chose. Dans le<br />
cas contraire, vous savez peut-être déjà tout ça... - DT<br />
_DC sont les initiales de Droors Clothing,<br />
une marque de vêtements (de<br />
skate) disparue au début des années<br />
2000.<br />
_Le logo Es a été dessiné par Alex<br />
Wise, un skateur parisien qui s’était retrouvé<br />
en couverture de Noway en 1991.<br />
_A la suite d’un procès intenté par la<br />
marque Etonic à Etnics, la marque de<br />
Pierre-André Sénizergues a remplacé<br />
le C par un E pour devenir Etnies.<br />
_Fin des années 90, nike avait tenté<br />
une première pénétration du marché<br />
du skate et avait dû faire face à un<br />
refus massif qui avait donné naissance<br />
à un groupe de pression nommé “The<br />
‘don’t do it’ army”. Puis, au début<br />
des années 2000 la marque avait de<br />
nouveau tenté, plus subtilement cette<br />
fois, de se faire accepter auprès des<br />
skateurs, en lançant Sa<strong>vie</strong>r, avant de<br />
laisser tomber peu de temps après.<br />
_Florentin Marfaing n’a jamais quitté<br />
Vans, même quand il apparaissait<br />
dans des pubs Aeon.<br />
_Vans est la particule du nom de Paul<br />
Van Doren, créateur de la marque en<br />
1966.<br />
_<strong>La</strong> seule marque de skate-shoes basée<br />
en Europe s’appelle Sykum, et <strong>vie</strong>nt<br />
de fêter ses 10 ans.<br />
_Début 2010 Crème skateboards a<br />
présenté son catalogue de chaussures.<br />
Cependant, aucune n’a encore atteint<br />
les skateshops européens.<br />
_Osiris s’appelait Evol à l’origine.<br />
Soit le mot “love” à l’envers, et phonétiquement<br />
identique à “evil” en anglais.<br />
_Mike Carroll a eu un pro-model chez<br />
Vans au milieu des années 90, avant<br />
d’entrer chez DC.<br />
_Gravis est la seule marque ayant<br />
fait le trajet snowboard-skateboard.<br />
Nombreuses sont les marques de skate<br />
ayant fait l’inverse. Lib Tech a bien<br />
essayé de faire des planches de skate à<br />
un certain moment, sans succès.<br />
_Fin des années 90, Reebok tenta une<br />
percé dans le skate avec sa sous-marque<br />
“Boks”, qui sponsorisait Sébastien<br />
Daurel en France.<br />
97 soma<br />
_En 2001 Ronnie Creager lance<br />
nadia Footwear, qui n’atteint jamais<br />
les skateshops français.<br />
_Puma est probablement la seule<br />
marque “grand public” à s’être retrouvée<br />
malgré elle dans le skateboard.<br />
Début des années 90, tous les skateurs<br />
ou presque se sont subitement mis à<br />
porter des Clyde.<br />
_Au début des années 2000, <strong>La</strong>nce<br />
Mountain avait un pro-model chez<br />
Adidas.<br />
_kareem Campbell a eu un pro-model<br />
chez Duffs, qui sera repris ensuite<br />
chez Axion.<br />
_Les trois premiers riders Adio<br />
étaient Steve Berra, Tony Hawk et<br />
Jeremy Wray.<br />
_Avant cela, Jeremy Wray avait participé<br />
au lancement de Dukes shoes,<br />
dont il était l’unique rider.<br />
_JB Gillet a eu un pro-model chez<br />
Link, la marque française qui ne vécut<br />
que quelques semaines.<br />
_Pat Channita et Bucky <strong>La</strong>sek<br />
ont tous deux eu un pro-model chez<br />
Genetics (une sous-marque de Airwalk<br />
disparue depuis).<br />
_Le 23 brodé sur la chaussure de Salvadore<br />
Lucas Barbier de chez Etnies<br />
était bien-sûr en référence à Micheal<br />
Jordan, et de<strong>vie</strong>ndra par la suite le<br />
nom de sa marque de boards (“Twenty<br />
Three”) disparue depuis, et qui sponsorisait<br />
Jason Dill et Clyde Singleton.<br />
_Le nom <strong>La</strong>kai pro<strong>vie</strong>ndrait de l’un<br />
des divers surnoms de Mike Carroll<br />
“Malakai”.<br />
_Le E au début de Emerica est pour<br />
“Europe”. L’idée était de donner une<br />
dimension mondiale à la marque.<br />
_Au début des années 2000, Globe<br />
lança la première (et dernière) marque<br />
de skate shoes destinée aux filles :<br />
Gallaz.<br />
_Avant d’en avoir un chez Etnies,<br />
Bastien Salabanzi a eu un pro-model<br />
chez Vans. Bastien n’a aujourd’hui<br />
aucun sponsor officiel de chaussure.<br />
_En 2010, Element arrête les pro-<br />
models de chaussures.<br />
_Ron Bertino et Alf Rawls ont eu<br />
un pro-model chez kastel, qui avait<br />
misé sur la plus grosse bulle d’air du<br />
marché !<br />
_Jason Lee et Tony Hawk ont eu<br />
au même moment un pro-model chez<br />
Airwalk, aux alentours de 1995.<br />
_Eighty Eight devait son nom à la<br />
meilleure année de skate que les riders<br />
originels aient connue, d’après Kris<br />
Markovich.<br />
_Steve Caballero fut le premier a<br />
avoir son nom sur une chaussure de<br />
skateboard, chez Vans, qu’il n’a jamais<br />
quitté non plus.<br />
_Fin des années 90, Sole Technology<br />
(Etnies, Es, Emerica) lança Sheep,<br />
une marque de chaussures totalement<br />
vegan (sans cuir), avec dans le team Ed<br />
Templeton et Rick McCrank.<br />
_Avant de faire des rollers et de trottinettes,<br />
Airwalk était, fin des années<br />
80, la plus grosse marque de skateshoes<br />
du monde, au coude à coude avec<br />
Vision Street Wear.<br />
_Fin des années 90, Converse se<br />
lança dans le skate en créant des<br />
modèles spécifiques (comme Adidas et<br />
Nike l’avaient fait au même moment)<br />
puis laissa tout tomber 2 ans plus tard.<br />
Stéphane <strong>La</strong>rance et Kenny Anderson<br />
faisaient partie du team.<br />
_Dans les années 90, Bam Margera a<br />
longtemps été sponsorisé par nike.<br />
_Vita, une marque américaine<br />
fondée par Mark Oblow (chez Gravis<br />
aujourd’hui) n’aura duré que quelques<br />
courtes années, juste le temps de faire un<br />
pro-model à natas kaupas, Jason Dill,<br />
et Reese Forbes, entre 1998 et 2001.<br />
_Personne ne sait vraiment ce que<br />
signifient les initiales DVS.<br />
Si vous le savez, ça<br />
nous intéresse !<br />
©Da<br />
Frontside pop shove it 360 / photo : David t<br />
INTRODUCING<br />
GREGOIRE<br />
CUADRADO<br />
akIm cheRIF × GReGoIRe cUaDRaDo × lIoNel DomINoNI × lIsa jacob<br />
maRtIN kelleR × mathIeU lebaIl × joN moNIé<br />
samUel PaRtaIx × kevIN RoDRIGUez × jj RoUsseaU<br />
♠ ♦ ♣ ♥<br />
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ENvRaC<br />
LE DOCu-FILM DE SKATE (DE L’éTé)<br />
SyLVAIn ROBInEAu était “le <strong>vie</strong>ux” du numéro <strong>huit</strong>. Depuis cet instant de gloire, il a eu le<br />
temps de réaliser un film (moyen-métrage) qui parle de skate, de sociologie, de meurtre et même d’amour.<br />
« Qui sera le maître ? » que ça s’appelle. Au passage, c’est Guillaume noyelle qui se charge du skate, et<br />
Sylvain lui-même qui joue le rôle du chauffeur de taxi parisien suspect et philosophe. y’a même une apparition<br />
de Soy Panday et une inter<strong>vie</strong>w de Raphaël zarka, qui sert de fil conducteur… Ça pourrait faire<br />
beaucoup, comme ça, mais au final, tout s’emboite, pour former un truc qui tient bien la route. Pour une<br />
histoire de taxi, forcément, c’est mieux. - DT<br />
_Tu fais quoi, dans la <strong>vie</strong> ? Dans ma <strong>vie</strong> professionnelle,<br />
je fais de l’image. C’est ce qui me fait manger, et j’espère<br />
en faire de plus en plus !<br />
_Tu as déjà fait des vidéos de skate ? Oui, quelquesunes,<br />
quand j’habitais Orléans.<br />
_A propos du film, c’est plus un documentaire ou une<br />
fiction ? C’est plus un documentaire, avec une fiction pour<br />
que ce soit plus digeste. L’objectif, à la base, c’était ça : faire<br />
un truc binaire où il y aurait du skate et des propos. Mais ça<br />
aurait été vite chiant, donc j’ai ajouté une intrigue.<br />
_Quel était le but ? J’avais l’idée depuis longtemps<br />
de faire un documentaire sur le skate, et ce qui a tout<br />
déclenché, c’est la lecture de “la conjonction interdite”, de<br />
Raphaël zarka.<br />
_Je vois, j’ai offert le livre à mon frère et mes<br />
parents, ça explique bien le skate… Voilà, j’ai voulu<br />
retranscrire en vidéo une partie de ce truc-là, mais sans<br />
rentrer dans le détail de la conjonction interdite, l’étude<br />
que zarka a fait sur le skate. Donc juste illustrer les<br />
idées lumineuses qu’il avait. un peu comme toi, j’aurais<br />
bien aimé avoir un film comme ça à montrer à ma famille<br />
quand j’avais treize ans, pour leur faire comprendre les<br />
grandes lignes. Parce qu’ils ne comprenaient pas trop<br />
[pourquoi j’étais autant à fond de skate…].<br />
_Ils ont vu le film ? Pas encore !<br />
_Comment est venue l’idée de l’intrigue ? C’est un cheminement,<br />
de l’écriture, des ratures, des recommencements…<br />
Je ne sais plus comment ça m’est venu, mais ça muri… Et<br />
puis Paris, pour moi, c’est les taxis. C’est un truc vachement<br />
symbolique ! Paris pour moi, c’est pas la tour Eiffel, c’est<br />
les taxis, le métro, les terrasses de café… Et comme on est<br />
dans le déplacement, dans la ville, le taxi était un bon appui.<br />
_C’est vrai qu’il y a un parallèle entre Guillaume<br />
[noyelle] qui skate et le taxi qui se déplace… Oui, on<br />
99 soma<br />
est tout le temps dans un contexte instable. <strong>La</strong> seule chose<br />
stable dans le film, c’est l’inter<strong>vie</strong>w [de zarka].<br />
_T’es pas mauvais en tant qu’acteur, non-plus. Au<br />
début, ça m’a fait marrer, et puis rapidement, on se fait<br />
au personnage, on oublie Sylvain. Tu te sens plus à<br />
l’aise de quel côté de la caméra ? Ah ! Derrière ! Là c’était<br />
assez facile dans la mesure où j’ai écrit le texte, où c’est<br />
moi qui décidait de tout, j’étais à l’aise. Et puis c’est un peu<br />
moi, ce taxi, je ne joue pas vraiment ! Enfin si ! Au départ,<br />
je voulais que ce soit Soy qui le fasse, mais techniquement<br />
c’était impossible. J’avais fixé deux caméras sur les sièges, et<br />
j’étais obligé d’être là, et tout faire moi-même. Les caméras<br />
tournaient, je conduisais, et je jetais un oeil entre chaque<br />
prise pour surveiller… Je ne le referais pas !<br />
_Où pourra-t-on voir le film ? Sur internet, au mois<br />
de septembre.<br />
_En attendant, tu le présentes à des festivals ? Eh bien<br />
il va peut-être faire un festival ou deux, mais je ne sais pas<br />
encore lesquels. Et puis je l’ai envoyé au festival du film de<br />
skate de Los Angeles. C’est symbolique ! Mais cette année,<br />
c’est assez chaud, il y a des grosses productions, un documentaire<br />
Vans, et même Macho Tail Drop qui est en lice.<br />
_Mais il y a plusieurs catégories, non ? Oui. Moi je leur<br />
ai envoyé en disant que ça se situait clairement dans un<br />
documentaire, mais ça ne rentre pas dans leurs critères, par<br />
exemple pour eux, un documentaire c’est minimum 45 minutes,<br />
et mon film fait 30 minutes. Pour moi, ça s’inscrivait<br />
dans la catégorie ‘creative’ quelque chose, une sorte de truc<br />
sans règles établies.<br />
_Pas de DVD, donc ? J’aimerais bien faire un beau<br />
produit, avec “<strong>La</strong> conjonction interdite” dedans, ce serait<br />
formidable ! Mais tant qu’on ne m’offre pas 30 000 euros…<br />
« qui sera le maître ? » bientôt sur<br />
www.dailymotion.com/prospective<br />
FLORENT MIRTAIN<br />
FRONTSIDE 180 FAKIE MANUAL TO HOWARD FLIP OUT. PHOTO: NIKWEN<br />
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DISPONIBLE A PARTIR DE L’ÉTÉ 2010
ENvRaC<br />
10 000 KM DE VIDEO<br />
D’après les retours qu’on a eu, il semblerait que certains d’entre vous aient<br />
apprécié l’article “Le dernier transibérien” paru dans le #16. Souvenez-vous, ça<br />
parlait d’un voyage en train de Moscou à Hong-Kong, avec Michael Mackrodt (entre<br />
autres)… C’est bon ? Ca re<strong>vie</strong>nt ? Eh bien si vous faites partie de ces gens-là et que<br />
les vidéos “classiques” de skateboard ont fini par vous lasser, ce documentaire est fait<br />
pour vous. Juste assez de skate et jamais trop de bla-bla pour que ça soit passionnant<br />
du début à la fin.<br />
Pour info, on doit ce film à Patrik Wallner, le même qui avait produit<br />
“Translations” (dont on vous parlait également dans le #10), et qui pourrait se<br />
vanter d’être l’un des derniers (avec les Josh Stewart, Chris Mulhern, Jonathan Peters…)<br />
à se vanter de réaliser des vidéos en toute indépendance (pas pour le compte<br />
d’une marque, quoi). - DT<br />
koon’s kids<br />
fairplay.translation@gmail.com<br />
LA CHRONIQUE DE SCOTT BOURNE Traduction : Aurélia Ruetsch<br />
Caroline took Friday off and once again the two of us<br />
found ourselves lying in the warm sun high over the park Monceau.<br />
young boys and girls run around on the grass giggling in a playful<br />
manner. We are shocked and amused when we see a group of tiny<br />
women under some trees, just close to us, kicking, tugging and<br />
jumping about on a Blow-up-Doll. As the sun falls into the small<br />
forest it illuminates the plastic doll like a Koons piece beneath the<br />
lights of a palace. A bright pink gash between her legs and puckered<br />
red mouth seem to excite the girls into violence. They are young<br />
and ruthless. This bald fuchsia slice looks more like candy than a<br />
cunt and more like a child’s than an adult’s! These little ladies are<br />
as young as 5 and as old as 8 as they torment the doll with their<br />
curiosities. Their little game has broken from the trees and coming<br />
out onto the lawn has stirred up quite a scandal. Soon a group of<br />
vicious little boys join in and the doll becomes airborne by kicks<br />
and punches. It drifts slowly through the sky and as it catches the<br />
light, red and pink parts are perversely accented by the sunshine.<br />
One cannot believe that a parent has not stepped in to destroy this<br />
naughty little Gang-Bang of ten or twelve little villains!!!<br />
The scene goes on for quite sometime. I rise from the<br />
grass and attempt to sneak close enough to steal a photograph, but<br />
each time they shy away scattering into the trees as if engaged in<br />
a game of hide and seek. Their laughter and innocence is that of a<br />
world without sex. A curious game that explores everything without<br />
any idea of its meaning. An older boy of possibly 10 slips his hand<br />
between her legs and tosses her into the air. She drifts through the<br />
sky, a broken ballerina stripped of her elegance, a sexy superhero<br />
without a cape, a trapeze girl with no net. I watch as she crashes<br />
back to the Earth! I am amazed that her body has not burst, that<br />
she is capable of such abuse. She is kicked a few more times before<br />
a man in a suit and tie approaches and all the children scatter. She<br />
is face down on the lawn when he reaches out to help her up and<br />
without looking at her face, pulls the valve from her back. Slowly<br />
she begins to deflate. He turns and walks off but with each squeeze<br />
he gives her body, her legs spread wide opening up to let the pink<br />
slice shine in the sunlight !<br />
April 10th, 2010, Paris<br />
101 soma<br />
Dispo contre 14,90 euros (port compris) sur www.visualtraveling.com<br />
Les enfants de koons<br />
Caroline a pris son vendredi de congé et une fois de plus, nous<br />
nous prélassons sous le soleil qui brille au-dessus du parc Monceau. De jeunes<br />
garçons et filles courent sur l’herbe et rigolent, l’air enjoué. Nous sommes<br />
à la fois choqués et amusés de voir un groupe de petites femmes sous des<br />
arbres, tout près de nous, qui donnent des coups de pied, tirent et sautent<br />
sur une poupée gonflable. Alors que le soleil se couche derrière le petit<br />
bois, la lumière illumine la poupée en plastique comme une œuvre de Koons<br />
sous l’éclairage d’un palais. Son entaille rose éclatante entre les jambes<br />
et sa bouche en cœur rouge semblent attiser la violence des filles. Elles<br />
sont jeunes et sans pitié. Cette partie fuchsia imberbe ressemble davantage<br />
à un bonbon qu’à une chatte, celle d’une enfant plutôt qu’une adulte qui<br />
plus est ! Ces petites demoiselles qui ont entre 5 et 8 ans tourmentent la<br />
poupée avec leur curiosité. Leur petit jeu ne se cantonne plus aux arbres<br />
et en s’avançant sur la pelouse, elles suscitent la consternation. Très vite,<br />
un groupe de petits garçons méchants les rejoignent et la poupée vole dans<br />
les airs sous l’effet des coups de pied et de poing. Elle dérive lentement<br />
dans le ciel. Alors qu’elle accroche la lumière, ses parties rouge et rose<br />
sont perversement accentuées par le soleil. Incroyable qu’aucun parent ne<br />
soit intervenu pour mettre fin à ce méchant petit gang-bang impliquant une<br />
dizaine de petits vandales !<br />
<strong>La</strong> scène continue pendant un moment. Je me lève sur la<br />
pelouse et j’essaye de m’approcher aussi discrètement que possible pour<br />
prendre un cliché à la dérobée, mais à chaque fois tout le petit monde<br />
s’enfuit et se disperse dans les arbres, comme si on jouait à cache-cache.<br />
Leurs rires et leur innocence sont ceux d’un monde sans sexe. un jeu<br />
curieux qui explore tout, sans aucune idée de sa signification. un garçon<br />
âgé de 10 ans peut-être glisse la main entre les jambes de la poupée et<br />
l’envoie dans les airs. Elle flotte dans le ciel telle une ballerine brisée qui<br />
a perdu son élégance, un super héros sexy sans cape, une trapéziste sans<br />
filet. Je la regarde s’écraser sur Terre. Je suis étonné que son corps n’ait<br />
pas explosé et qu’elle puisse endurer de tels sévices. Elle reçoit encore<br />
quelques coups de pieds supplémentaires avant qu’un homme en costumecravate<br />
s’approche. Tous les enfants se dispersent. Elle a le visage à terre.<br />
Il s’approche pour l’aider et sans regarder son visage. Il ouvre sa valve dans<br />
le dos et elle commence à se dégonfler lentement. Il se retourne et part en<br />
marchant, mais à chaque pression qu’il exerce sur son corps, ses jambes<br />
s’écartent pour faire briller sa petite excroissance rose dans la lumière du<br />
soleil !<br />
Paris, le 10 avril 2010<br />
S.H. Bourne<br />
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« Au fond, si le phonographe avait été sphérique et en cuir, et si une équipe de<br />
onze joueurs essayait de l’envoyer dans le but de l’équipe adverse en tapant dessus<br />
avec le pied, Edison n’aurait pas inventé le phonographe, mais le football. »<br />
- Coluche