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Les pauvres qui construisent la ville : rseaux et stratgies dans ... - VRM

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<strong>Les</strong> <strong>pauvres</strong> <strong>qui</strong> <strong>construisent</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> :<br />

Réseaux <strong>et</strong> stratégies <strong>dans</strong> les bidon<strong>ville</strong>s de Port-au-Prince<br />

Selon les plus récentes données des Nations unies (UNCHS Habitat 2003), <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète abrite<br />

désormais 3 milliards d’urbains, soit près de <strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion du globe. 2 milliards<br />

d’entre eux habitent <strong>dans</strong> les <strong>ville</strong>s des pays en développement. Près de 1 milliard résident <strong>dans</strong><br />

ce que certains nomment pudiquement des « établissements humains précaires », soit des<br />

bidon<strong>ville</strong>s. Ces habitats, conséquences entre autre d’une forte migration rurale-urbaine, sont<br />

caractérisés par <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é ou l’absence d’infrastructures <strong>et</strong> de cadastre, <strong>la</strong> forte densité, <strong>la</strong> faible<br />

qualité du bâti, <strong>la</strong> présence de risques environnementaux <strong>et</strong> l’absence apparente de toute<br />

p<strong>la</strong>nification <strong>dans</strong> le processus de développement de ces espaces. On les r<strong>et</strong>rouve souvent <strong>dans</strong><br />

les zones périphériques de <strong>la</strong> <strong>ville</strong> centrale, occupant des sites considérés généralement comme<br />

impropres à l’habitat : proximité de dépotoirs, terrains fortement pentus, secteurs marécageux,<br />

<strong>et</strong>c. C’est aussi l’univers de l’économie informelle <strong>et</strong> des codes de vie issus du droit coutumier ou<br />

de règles non écrites.<br />

L’énigme du bidon<strong>ville</strong><br />

Comment peut-on mobiliser suffisamment de ressources <strong>dans</strong> un espace <strong>qui</strong> en est faiblement<br />

pourvu, pour m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce des services de proximité <strong>dans</strong> plusieurs domaines d’activités <strong>et</strong><br />

pour aménager durablement le territoire <strong>et</strong> le doter d’é<strong>qui</strong>pements collectifs humbles, mais bien<br />

réels? Il apparaît que ce processus, constaté d’ailleurs <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart des bidon<strong>ville</strong>s, repose sur<br />

les efforts des réseaux présents <strong>dans</strong> ces bidon<strong>ville</strong>s, des réseaux qu’il est possible de ramener à<br />

cinq types: réseau familial, réseau de voisinage, réseau religieux, réseau associatif <strong>et</strong> réseau<br />

politique. En l’absence d’une implication de l’État, les services de proximité comme les<br />

é<strong>qui</strong>pements <strong>et</strong> aménagements collectifs sont <strong>la</strong> production de l’un ou l’autre des réseaux<br />

mentionnés, <strong>et</strong> parfois de plusieurs d’entre eux agissant en concertation ou en complicité. <strong>Les</strong><br />

ménages appartiennent ou adhèrent à l’un ou l’autre ou plusieurs de ces réseaux.<br />

On peut illustrer ce phénomène en examinant <strong>la</strong> situation des bidon<strong>ville</strong>s de Port-au-Prince. C<strong>et</strong>te<br />

<strong>ville</strong> abandonnée par un État faible, sinon inexistant, a vu tripler sa popu<strong>la</strong>tion en 20 ans alors que<br />

les infrastructures se sont détériorées. Avec 2 500 000 habitants, c’est <strong>la</strong> plus grande <strong>ville</strong> des<br />

Caraïbes <strong>et</strong> une des grandes <strong>ville</strong>s du monde. Au moins les deux tiers de sa popu<strong>la</strong>tion résident<br />

<strong>dans</strong> les bidon<strong>ville</strong>s <strong>qui</strong> se r<strong>et</strong>rouvent un peu partout <strong>dans</strong> l’espace métropolitain, au centre<br />

comme en périphérie. On y compte 357 ‘cités’, des quartiers précaires bien identifiés, dont<br />

certains s’accrochent aux pentes du Morne de l’Hôpital, l’immense montagne <strong>qui</strong> domine Portau-Prince.<br />

D’autres ont occupé les zones centrales en squattant les maisons abandonnées ou en<br />

bâtissant <strong>dans</strong> les espaces interstitiels. D’autres enfin ont envahi les zones marécageuses du bord<br />

de mer. Toutes ces cités partagent les caractéristiques propres aux bidon<strong>ville</strong>s : absence de<br />

cadastre <strong>et</strong> droit foncier aléatoire; absence ou pauvr<strong>et</strong>é des infrastructures publiques; occupation<br />

anarchique du territoire; densité élevée.<br />

Un séjour de 4 mois ponctué de visites, d’observations <strong>et</strong> d’entrevues auprès de 50 ménages <strong>et</strong> 30<br />

associations des bidon<strong>ville</strong>s de Port-au-prince a permis d’identifier les réseaux en action <strong>dans</strong> le<br />

milieu, leur structure, les stratégies utilisées <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s en terme d’urbanisation. On peut ainsi<br />

répondre aux questions suivantes :

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