LE SUWER_Baj Strobel_final - AICA international
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<strong>LE</strong> <strong>SUWER</strong> CONTEMPORAIN<br />
Création coloniale, déclinaisons postcoloniales<br />
Michèle-<strong>Baj</strong> <strong>Strobel</strong><br />
« L’Afrique est assez forte pour faire son propre musée imaginaire toute<br />
seule, à condition qu’elle ose le faire. »<br />
Léopold Sédar Senghor<br />
(1 er Festival mondial des Arts Nègres, Dakar, 1966)<br />
ANCIEN <strong>SUWER</strong>, LAT DIOR, DAMEL DU KAJOOR, ANONYME, SANS DATE<br />
Aujourd’hui comme hier, le suwer est d’abord et avant tout un art de la rue<br />
sénégalaise. Fabriqué à même le trottoir dans les années 50, près des bazars<br />
où l’on vendait les pots de peintures, le verre et les pinceaux, on découvre<br />
aujourd’hui cet art urbain presque exclusivement le long d’autres trottoirs de<br />
la capitale ou aux abords de certains marchés. L’art du suwer, si<br />
authentiquement sénégalais, n’a en fait jamais quitté la rue, même après avoir<br />
été, dans les années 70-80, un objet parfois convoité et collectionné auprès de<br />
boutiques d’antiquaires, de brocantes ou de galeries d’art africain de Dakar.<br />
1
Aujourd’hui, les productions courantes, essentiellement vouées au marché<br />
touristique, sont exposées le long d’un mur de l’avenue Peytavin, selon un<br />
principe qui se rapproche d’une galerie de plein air, avec un souci de mise en<br />
scène évident, même si, inlassablement, on retrouve les mêmes sujets<br />
exposés. Il existe encore quelques « ateliers-trottoirs » extrêmement actifs<br />
comme celui de Modou Fall, installé près de l’ancienne « cour des Maures » et<br />
occupé aujourd’hui par Serigne Gueye, fils de Mor Gueye.<br />
DAKAR, ATELIER DE MOR GUEYE, APPRENTIS « <strong>SUWER</strong>ISTES » 2010<br />
Néanmoins, la nouveauté à laquelle on peut s’intéresser et que l’on va surtout<br />
commenter ici, concerne un autre type de productions qui, à partir des années<br />
2000, a renouvelé et bouleversé le genre dans la mesure où il a quitté les<br />
territoires dits « populaires » pour occuper le champ bien particulier et<br />
original de l’art contemporain sénégalais. L’approche des déclinaisons<br />
actuelles de cet art peut aussi se comprendre comme un discours autonome<br />
des sociétés urbaines sur elles-mêmes.<br />
En effet, certains ateliers, plus confidentiels, sont situés loin des avenues<br />
encombrées de touristes ou de badauds. Il existe en fait un clivage évident<br />
entre une production quelque peu massive, orientée vers le marché<br />
touristique et une production véritablement innovante qui s’inscrit dans une<br />
démarche artistique actuelle, soutenue par des choix individuels d’artistes<br />
reconnus. N’oublions pas que la production des premiers peintres de suwer<br />
était quasiment anonyme. C’est donc cette métamorphose et cette évolution<br />
que l’on cherchera à cerner à travers quelques réflexions et exemples qui<br />
permettront de replacer la création présente dans une perspective historique<br />
prenant en compte l’origine et le passé de cet art.<br />
2
ANCIEN <strong>SUWER</strong>, DETAIL, LA PRIERE, ANONYME, SANS DATE<br />
<strong>LE</strong>S RACINES ET ASSISES DE L’ART DU <strong>SUWER</strong> SENEGALAIS<br />
ANCIEN <strong>SUWER</strong>, DETAIL, AL BORAQ, MONTURE AI<strong>LE</strong>E DU PROPHETE, ANONYME, SANS DATE<br />
Bien que né au temps de la colonie du Sénégal, l’art du suwer semble puiser<br />
ses origines dans un espace précolonial ouvert. Supposons même que le<br />
terreau d’origine de cet art n’y soit pas tout à fait étranger. C’est là peut-être<br />
son héritage, caractérisé par un brassage de populations migrantes, de<br />
structures sociales diverses, marquées par l’importance des routes<br />
3
commerciales transsahariennes. Celles-ci ont favorisé l’introduction de<br />
l’Islam, la création d’empires et la naissance de structures étatiques où se sont<br />
développées des communautés territoriales fortement hiérarchisées et<br />
lettrées. Dans d’autres terroirs, plus éloignés de ces zones de brassage et<br />
d’échanges, d’autres communautés sont restées plus égalitaires, marquées<br />
par un confinement au sein d’une réalité géographique et spirituelle, un<br />
monde totalisant et cohérent, fermé sur soi et riche de ses religions<br />
spécifiques (Diouf, in Diop, 1992 :236).<br />
La colonisation ne va ni effacer ni détruire complètement les logiques sociales<br />
et politiques précoloniales, marquées par ces deux types de sociétés, mais va<br />
accentuer la centralisation étatique et donner naissance à une société<br />
coloniale indigène, inscrite dans un territoire unifié et homogénéisé. C’est en<br />
son sein que va naître une dynamique de résistance, portée « par des sociétés<br />
dominées, qui inventent des procédures d’adaptation pour échapper, de<br />
manière insidieuse, sans traumatisme, à la totalisation coloniale » (id. Diouf<br />
1992 :236).<br />
On peut penser que c’est précisément dans un espace de création identitaire et<br />
de résistance, accentué et porté par l’islamisation, que pourra émerger<br />
l’expression artistique que l’on désignera, par wolofisation du français « sous<br />
verre » en « suwer » ou encore fixé suwer.<br />
Néanmoins les pôles d’intérêt et de décisions de la société coloniale, qui<br />
cherche avant tout à satisfaire les besoins métropolitains en matières<br />
premières, se sont déplacés vers la côte atlantique au détriment des zones<br />
sahéliennes. La colonie, en développant également les étapes ou escales<br />
arachidières de l’intérieur, pour servir de relais aux pôles d’exportations, allait<br />
en fait réactiver les zones des comptoirs négriers où s’était réalisée autrefois<br />
une forme de mondialisation triangulaire. C’est donc essentiellement dans les<br />
‘quatre communes’ et les relais arachidiers que l’on trouvera les premiers<br />
ateliers de suwer. Dans ces escales se concentrent, selon leur appartenance<br />
ethnique, les adeptes des confréries et leurs leaders, les associations<br />
religieuses, mais aussi les premières librairies, tenues par des « Syriens »<br />
diffusant Coran, imagerie pieuse et guides de la pratique religieuse. Ainsi les<br />
confréries Tijaan et Layeen sont surtout actives le long des côtes du Cap Vert,<br />
alors que le mouridisme, né dans le bassin arachidier, regroupe plutôt les gens<br />
du Kajoor et du Baol, avant de s’enrichir de conversions massives de disciples<br />
dans tout le pays, notamment par le biais des migrations vers les banlieues de<br />
la capitale mais aussi dans la diaspora.<br />
4
PORTRAITS DE MARABOUTS TIDJAAN :EK HADJ MALIK SY, ANONYME (A G.) ET UN MARABOUT<br />
MOURIDE (A DR.) PEINT PAR GORA MBENGUE (DETAIL)<br />
Quelles pouvaient être pour les ‘originaires’, les marges d’expressions<br />
autochtones alors qu’une puissance étrangère imposait ses modèles<br />
« civilisateurs » tout en dominant l’exploitation des ressources économiques ?<br />
Quel espace de créativité pouvait prendre corps dans un tel carcan territorial<br />
balisé par une suprématie étrangère ? La réponse, une supposition plutôt,<br />
pourrait être avancée par cet art créole de la peinture sous verre, une<br />
expression simple, modeste, née de modèles importés, originaires à la fois<br />
d’Europe, du Maghreb et du Moyen-Orient. Art qui prendra son autonomie et<br />
trouvera son expression la plus accomplie au tournant de l’indépendance,<br />
dans les années 60 à 80 avec les talents de Gora Mbengue. Sous son<br />
impulsion, mais déjà avant lui, un véritable répertoire imagier s’est développé,<br />
selon diverses orientations et registres, allant du religieux au profane, de la<br />
tradition lettrée au portrait et à la scène de genre ou encore en explorant la<br />
caricature et la bande dessinée.<br />
5
GORA MBENGUE, ILLUSTRATION D’UN PROVERBE ET SCENE DE GENDARME ET VO<strong>LE</strong>UR, VERS<br />
1976<br />
La copie de modèles diversifiés : chromolithographies, calligraphies, imagerie<br />
pieuse, à la fois issus de la tradition sufi et de clichés occidentaux, en se<br />
mêlant et en fusionnant, a alimenté les premières inventions et réalisations du<br />
suwer. Mais c’est surtout en illustrant et « imaginant » la vie des marabouts<br />
que s’est développé un important répertoire inlassablement répétitif. La<br />
narration des faits et gestes du leader de la confrérie, ses ascendants, ses<br />
attitudes et signes distinctifs, ont non seulement agi comme support<br />
pédagogique auprès de populations illettrées mais comme vecteur de la piété<br />
visuelle, assortie d’un pouvoir ésotérique, « image talisman ou baraka ». On<br />
peut même supposer que le suwer a véhiculé et exprimé exemplairement une<br />
forme d’écriture de l’histoire (M. Diouf) et d’une mémoire, car en transcrivant<br />
le message islamique et confrérique en expression vernaculaire,<br />
immédiatement compréhensible, il a aussi jeté les bases d’une forme de<br />
mythologie.<br />
On peut dire que la simple plaque de verre a fourni le support initial à<br />
l’appropriation et l’expression d’une foi confrérique autochtone. En s’infiltrant<br />
partout, avec ou sans la photographie, dans bien des demeures, sur chaque<br />
mur de chambre, elle a permis à la fois le décor et la dévotion, puisque l’image<br />
votive initie le dialogue et le recueil des vœux et plaintes des orants. En fait,<br />
comme on le sait, le développement de cette technique de reproduction venait<br />
palier la censure des chromos imprimés, imposée dès 1908 par le Gouverneur<br />
William Ponty. En contournant l’interdit, cette simple plaque de verre a<br />
propulsé l’image peinte dans une modernité reproductible, mais non pas en la<br />
détournant d’une quelconque aura primitive, comme l’aurait supposé Walter<br />
Benjamin car, contrairement à l’icône, le suwer, dont le principe même fut la<br />
reproduction, allait susciter une diffusion amplifiée de son aura depuis<br />
l’encombrement des trottoirs urbains jusqu’aux cases les plus discrètes.<br />
6
Il serait intéressant de développer les relations entretenues entre<br />
photographie et suwer. En compétition certainement, les deux genres se sont<br />
en fait développés en miroir puisqu’il est avéré que l’encadrement de<br />
photographies supposait généralement un « enjolivement » de la plaque de<br />
verre par des fioritures marginales : fleurs, paons, vases ou oiseaux… Par<br />
extension, la notion de suwer a désigné, et désigne encore aujourd’hui, le<br />
souci de « décorer », de mettre en valeur, que ce soit un plat cuisiné, une<br />
tenue vestimentaire ou un divan recouvert de broderies.<br />
TROIS PORTRAITS DE FEMMES : PHOTOGRAPHIE ANCIENNE, ET <strong>SUWER</strong> ANCIENS, ANONYMES ET<br />
SANS DATE<br />
7
GORA MBENGUE, ECO<strong>LE</strong> CORANIQUE, DETAIL, VERS 1978<br />
ART DES IMAGES - ART DE LA PARO<strong>LE</strong><br />
GORA MBENGUE, DETAIL D’UN LUTTEUR, VERS 1978<br />
GORA MBENGUE, SARWEL D’UN BAY FALL, DETAIL, VERS 1978<br />
Comme le dit Souleymane Bachir Diagne, « Senghor a essayé de faire de l’art<br />
africain un connaître africain, une intelligence africaine de la réalité »<br />
puisqu’il a mis l’art au centre de sa philosophie politique (Diagne, 2007 :27).<br />
Mais, bien qu’il ait probablement croisé des peintres de suwer, le président<br />
8
poète n’a pas dû attribuer à ces productions une quelconque valeur artistique,<br />
comme la plupart de ses contemporains d’ailleurs. Ce qu’il a prôné par contre<br />
c’est l’émergence d’un art « académique » et officiel africain dans la mesure<br />
où il a amplement favorisé la création d’un Institut des Arts et la Manufacture<br />
de tapisserie de Thiès. Ce sont les Européens qui, en se mettant à<br />
collectionner les suwer ou à en acheter pour les offrir, susciteront à la fois un<br />
marché touristique et une certaine valeur marchande basée sur l’ancienneté et<br />
la rareté des anciens « chefs d’œuvres ». Néanmoins, quand Senghor évoque<br />
les notions de rythmes, d’oralité et lorsqu’il défend l’idée que « l’activité<br />
artistique est première, avant même la religion, car elle est l’écriture, là où<br />
l’oralité règne, qui donne à lire la métaphysique qu’elle transcrit. » (Diagne,<br />
id. :44), on ne peut que convoquer cette peinture populaire, proche de la<br />
rythmique orale et de la richesse fabulatrice de l’art du griot. Dans quelle<br />
mesure ? Les deux formes de créativité, celle du peintre et celle du conteur,<br />
Birago Diop, par exemple, dont parle Senghor, « n’est pas une esthétique de<br />
l’écart, mais de l’entre-choc. En d’autres termes, la poésie se construit dans<br />
un entre-deux langues – le wolof et le français-, dont elle joue » (Diagne,<br />
2007 :31). Il en va de même pour le suwer, car n’est-ce pas grâce à cette<br />
connivence avec la poésie et l’oralité que cet art « créole » qui entrechoque les<br />
sources, désigne si justement une spécificité sénégalaise ?<br />
SCENE DE LUTTE, SPECTATRICE ET LUTTEUR, ANONYME, SANS DATE, ANNEES 50<br />
9
<strong>LE</strong> <strong>SUWER</strong> AUJOURD’HUI : RUPTURE ET INVENTION<br />
Entre les marchands ambulants se frayant timidement une voie dans le<br />
quartier du Plateau avec des suwer à vendre sous le bras, à la fin des années<br />
70 et le mur Peytavin des années 2000 ; entre les salles d’exposition de la<br />
Biennale de Dak’Art de 2002 et l’atelier de Moussa Sakho ou de Fally Sène<br />
Sow à Colobane, qu’y a-t-il eu de fondamentalement nouveau dans la capitale<br />
sénégalaise ? On peut supposer que deux types d’événements ont fait basculer<br />
l’art du suwer vers ses arcanes contemporaines : les revendications du<br />
Set/Setal qui ont investi l’urbain sur une base de mise à nu du quotidien vécu<br />
et la reconnaissance « officielle » de cet art lors de la Biennale de 2002.<br />
Le mouvement du Set/Setal des années 88 et 89 (M.Diouf :1992) a non<br />
seulement bouleversé la mémoire identitaire d’une ville, par une sorte de<br />
vaste coup de balai sanitaire et moral, mais aussi le paysage artistique de<br />
Dakar, confronté soudain à un principe de réalité, une mise au pied du mur :<br />
les jeux sont faits ! Une longue période s’achève, il faut inventer avec les<br />
moyens du bord, employer les matériaux de récupération, ramasser les<br />
« déchets », faire avec ce que l’on trouve, il ne s’agit plus « d’enjoliver », de<br />
fignoler une plaque de verre, car une réalité crue et oppressante, mêlée à une<br />
rage de vivre de la jeunesse, impose de nouvelles bases politiques, morales,<br />
identitaires et donc aussi artistiques, loin, très loin d’une peinture,<br />
définitivement cantonnée au marché touristique, mentalement ‘hors les murs’<br />
d’une cité à investir autrement et urgemment. Cette peinture n’avait en fait<br />
plus rien à dire, elle ne concernait qu’un temps aboli. D’autres murs ont pris<br />
la parole… La ville est devenue une scène artistique globale, à ‘africaniser<br />
d’abord’ en se basant sur des références à Soweto, à l’esprit ceddo. Ce<br />
détournement des objets de récupération du quotidien, et ces nouvelles<br />
installations urbaines, ne sont pas sans rappeler qu’à la même période, en<br />
Europe et aux Etats Unis, fleurissaient justement les ‘installations’ basées<br />
généralement sur des éléments de récupération du quotidien urbain, pour<br />
dire la vanité des choses, imposer un regard sans concession, cru sur les<br />
inégalités, sur la crise du libéralisme. Par ce biais-là, par l’entremise de la<br />
révolte urbaine et l’appropriation d’un espace de contestation permanent,<br />
inscrit dans le quartier, les « Beaux-Arts » du Sénégal, fleurons du projet<br />
senghorien, sont peut-être entrés dans la sphère contemporaine de l’art<br />
mondial. Nous n’évoquons pas les réalisations des murs du Set/Setal, dont le<br />
style reste relativement académique, mais non pas l’esprit qui les anime. Dans<br />
10
un sens, le Set/Setal a marqué un tournant par rapport au vécu en cité,<br />
inaugurant le temps de la postcolonie assumée et assortie d’autres réflexions<br />
et aussi, pour ce qui nous intéresse, de nouvelles pratiques artistiques basées<br />
sur la créativité spontanée.<br />
Avant d’aborder les changements initiés par le Set/Setal, évoquons<br />
rapidement le marché actuel du suwer touristique.<br />
<strong>LE</strong> MUR PEYTAVIN : UN KA<strong>LE</strong>IDOSCOPE VISUEL<br />
MUR DE L’AVENUE PEYTAVIN, DAKAR, 2010<br />
Quand aujourd’hui on fait un rapide inventaire des suwer que l’on peut voir<br />
sur le mur de l’avenue Peytavin, sur presque toute sa longueur, à proximité du<br />
marché Sandaga, on est surpris pas la grande diversité des thèmes. Par contre,<br />
les différents vendeurs, essentiellement mourides, ils sont environ cinq ou six,<br />
exposent quasiment tous les mêmes oeuvres. Cette longue enfilade de<br />
tableaux, comme un immense patchwork coloré, installé chaque matin puis<br />
remis en caisses chaque soir, apparaît vraiment comme anachronique et<br />
essentiellement destiné à l’autre, au touriste de passage, aux gens pressés.<br />
C’est la fin d’une création ou du moins son épuisement programmé. Sa vitalité<br />
première s’est sclérosée sous l’effet de l’invasion d’autres images, d’autres<br />
urgences, d’autres décors. Les vendeurs ne sont pas désabusés mais savent<br />
qu’ils vendent (pour survivre) quelque chose qui n’est pas de leur monde, qui<br />
n’a rien à voir avec ce qu’ils sont et vivent. Ils évoluent dans la marchandise.<br />
Sont-ils plus ou moins concernés par ce qu’ils proposent aux clients que les<br />
11
marchands de montres ou de bracelets en argent ? Certes oui, ils savent<br />
apprécier un « beau suwer » sans bavures, aux traits fins, à la richesse des<br />
couleurs à la qualité des fonds. Ce qu’ils exposent, avec talent et intuition,<br />
c’est de l’image sur l’image, de la copie de copie. En effet, ce qu’il y avait de<br />
subversif autrefois quand les peintres copiaient les images saintes sur leur<br />
plaque de verre s’est dissout maintenant dans la banalité de la série, des<br />
clichés, comme au supermarché, en enfilade.<br />
On remarque aussi la quasi absence des thèmes religieux, les marabouts sont<br />
préférés en photographie et les épisodes de la vie de Ahmadou Bamba ont été<br />
tellement dévoyés, trop « dévitalisés » par le marché touristique que les<br />
Sénégalais ne s’y retrouvent plus, les tableaux parlent maintenant une langue<br />
étrangère. Un vendeur nous explique que le choix des thèmes est totalement<br />
dicté par la demande touristique : Portraits de femmes, animaux, soleil<br />
couchant, etc.<br />
Néanmoins on apprendra qu’environ quarante peintres différents viennent<br />
régulièrement fournir leur production. Originaires de Rufisque, de<br />
Guediawaye ou de Pikine, ils en apportent vingt et quand le marchand en<br />
vend dix, il garde la somme de la vente des dix autres. La quantité est donc<br />
préférée à la qualité. On remarque cependant des nouveautés intéressantes :<br />
des personnages schématisés, longilignes, déformés, des copies de tableaux<br />
classiques de Picasso, de Fragonard, La Joconde de Leonard stylisée, mais<br />
aussi des portraits de Che Guevara ou de Barak Obama, des danseurs très<br />
sophistiqués, des cartes d’Afrique et beaucoup de tableaux de très petit<br />
format. Les marchands assurent qu’ils sont plus aisés à vendre à cause de la<br />
fragilité des supports. Petits, ils sont plus aisés à transporter…<br />
DETAIL DU MUR, AVENUE PEYTAVIN, DAKAR, 2010<br />
12
Certains marchands présentent aussi des assiettes peintes ou des miroirs, des<br />
plateaux, objets plus sophistiqués donc, que l’on retrouve aussi dans des<br />
boutiques de décor et d’art de la table tenues par des Européens du Point E.<br />
Selon les marchands, la copie ou la production en série n’enlèvent rien à la<br />
valeur de l’œuvre. Chaque tableau est unique ! Personne n’a de droit sur un<br />
motif, tout semble du domaine public, celui qui invente un nouveau motif sera<br />
vite copié, il le sait, mais peu lui importe… l’essentiel est de vendre.<br />
Ce type de productions est resté fidèle à l'inspiration traditionnelle, régie par<br />
un même mode de production, celui de « l'atelier », dirigé par un maître qui<br />
supervise l'apprentissage, ou par un apprentissage individuel qui reste fidèle à<br />
la copie et la reproduction décalquée du modèle.<br />
UN ART CONTEMPORAIN VRAIMENT ASSUME<br />
Les temps changèrent vers les années 1990-2000. Un effort de comprendre la<br />
nouveauté du temps du monde, l'élaboration d'une identité postcoloniale, un<br />
lien différent entre le je et le nous et sa modernité créole, la tornade insufflée<br />
par le Set/Setal, ont sans doute fait basculer la création plastique vers une<br />
nouvelle matérialité, scripturale, iconographique et musicale.<br />
Un des éléments déclencheurs d’une métamorphose du suwer a également été<br />
la reconnaissance de Gora Mbengue et l'hommage qui lui a été rendu lors de<br />
la Biennale Dak'Art en 2002. En mettant l'accent sur la modernité de l’art de<br />
Mbengue, les organisateurs, les publics et les artistes ont montré sur la scène<br />
artistique <strong>international</strong>e que cette créativité, ancrée dans un temps - celui des<br />
post-indépendances - avait des racines qui plongeaient profondément dans<br />
l'oralité et ses mémoires antérieures, mais avait aussi pignon sur rue dans le<br />
Sénégal du XXI e siècle. C’était donc une manière d’inscrire un créateur<br />
reconnu et non anonyme dans l’histoire d’un genre avec toutes sortes<br />
d’ouvertures possibles vers d’autres pratiques avec le même support. C’est<br />
effectivement ce qui s’est passé.<br />
13
GORA MBENGUE, GENDARME A LA POURSUITE DU VO<strong>LE</strong>UR, DETAIL, VERS 1977<br />
En effet, mais il y a eu d’abord à Guediawaye un peintre exceptionnel, Gora<br />
Mbengue. Il disait qu’il fallait inventer direct, ne pas copier, ou alors il lui<br />
arrivait de le faire quand on le lui demandait expressément. Non seulement il<br />
voulait inventer chaque tableau, improviser immédiatement, en pensant à des<br />
formes, à des souvenirs vécus, à des femmes très belles ou à des scènes avec<br />
des lions et des serpent, mais peindre pour lui revenait aussi à raconter sa vie,<br />
ses rêves, ses désirs et ses peines, voilà ce qu’il disait. Son atelier était parfois<br />
envahi d’enfants qui venaient le regarder travailler ou de sable que le vent<br />
poussait. Cet artiste a eu beaucoup de succès de son vivant et il a pu voyager<br />
en Europe, a peint en de très bonnes conditions, notamment à Gorée avant sa<br />
mort.<br />
On peut dire que, par sa démarche de peintre et d’artiste, il a suscité une<br />
ouverture majeure du suwer vers la création contemporaine. Le verre était un<br />
support, mais sa main aurait tout aussi bien peint sur toile, car c’est son<br />
talent, son âme qui traçait les formes et leur donnait vie.<br />
C'est précisément cette voie-là qu'empruntent une poignée d'artistes actuels<br />
formés à l'école académique occidentale et qui se sont tournés vers une<br />
nouvelle pratique du suwer, tout en la prolongeant car ils l’ont comprise<br />
comme une option enrichie d’une grande liberté de ton.<br />
14
Alors qu'il fut essentiellement porteur d'inspiration religieuse, orale, narrative<br />
et déclamatoire, le suwer, avec cette nouvelle génération, devient écriture<br />
identitaire, repli subjectif, critique sociale, et surtout création « sans maître »,<br />
à part soi-même. N'est-on pas là dans une démarche des plus<br />
contemporaines?<br />
Cette nouvelle écriture, porteuse d'une interrogation plus intense, tournée<br />
vers une sensibilité personnelle, traduit une manière de se positionner dans la<br />
réalité actuelle. Elle retrace enfin le parcours d'artistes qui ont repris à leur<br />
compte une tradition bien ancrée pour renouer avec la puissance des signes,<br />
mais qui cherchent aussi à la perturber, explorant une écriture personnelle,<br />
une portée identitaire, afin de produire une sorte de pictographie de leur<br />
monde.<br />
Trois artistes retiendront particulièrement notre attention:<br />
GERMAINE ANTA GAYE<br />
Germaine Anta Gaye, est enseignante d'arts plastiques après un passage à<br />
l’Ecole d’art où elle a commencé à s’intéresser aux suwer et a même rédigé un<br />
15
mémoire en Lettres sur « La parure des femmes musulmanes des quatre<br />
communes ». Sa première exposition a lieu en 1983. Parallèlement à son<br />
enseignement, Germaine Anta a fondé un groupe de plasticiens autour du<br />
suwer et a initié plusieurs expositions sur le thème des « Rénovateurs du sous<br />
verre » à Dakar. Elle a également pu faire un voyage important, à ses yeux, en<br />
Roumanie. C’est là qu’elle s’est passionnée par la tradition européenne de<br />
cette peinture, puisque cet art y est resté vivace. Elle a été sensible à la portée<br />
iconique de la peinture sous verre qui, en Europe des Balkans est restée un<br />
support des ex voto et de la dévotion religieuse. Son travail consiste aussi à<br />
intervenir directement sur les plaques de verre et de travailler les fonds, les<br />
rendre nacrés, les gratter, à les perturber avec des solvants qui se mélangent<br />
et évoquent des coulées incandescentes, des paysages fantastiques, des<br />
explosions lumineuses, stellaires. Ses portraits de femmes « détournent » le<br />
portrait classique de la Dirianké, mais son art est d’une extrême subtilité.<br />
Néanmoins, son mérite le plus important a été d’avoir su insuffler son intérêt,<br />
sa passion à d’autres plasticiens, notamment Moussa Sakho et Fally Sène Sow.<br />
En tous cas chez elle l’esthétique du suwer prend toute sa valeur car elle<br />
intensifie sa vie subjective.<br />
MOUSSA SAKHO<br />
ATELIER DE MOUSSA SAKHO AU VILLAGE DES ARTS, DAKAR, 2010<br />
16
Moussa Sakho, qui se dit « inventeur recycleur » mais pas « souweriste ! »<br />
se situe dans la lignée des agitateurs et de l’art brut et Agit’Art qui sait faire<br />
feu de tout bois. Installé dans un atelier du « Village des Arts », son<br />
environnement immédiat est complètement investi de son talent protéiforme :<br />
sculptures, installations, suwer, poésie, lettrisme. Il récupère d’anciennes<br />
tôles, des enseignes, des carcasses de voitures et semble prolonger d’une<br />
manière évidente le message du Set/Setal en travaillant à partir de recyclages<br />
divers. En dénonçant, il crie aussi, déforme, se révolte, mais son message est<br />
une injonction à poétiser le monde et à mettre la misère à distance. Il sait<br />
parfaitement transmuer les difficultés à vivre en dérision salutaire. Cet artiste,<br />
grand connaisseur de l’art de son pays, a souvent exposé à l’étranger, et lors<br />
de la Biennale de Dak’Art en 2002, dont il a été commissaire, tout en y<br />
exposant deux séries « Monsieur & Madame » et « Famille nombreuse ». Ses<br />
personnages filiformes sont célèbres aussi bien dans les galeries parisiennes<br />
que le mur Peytavin. Forcément engagé et enragé de son temps, Moussa<br />
Sakho est un merveilleux pédagogue. Tous les enfants devraient se mettre à<br />
son école inventive et rebelle.<br />
MOUSSA SAKHO, CAR RAPIDE, PLAQUE METALLIQUE RECYC<strong>LE</strong>E<br />
FALLY SENE SOW<br />
17
FALLY A LA FENETRE DE SON ATELIER, COLOBANE, 2010<br />
« Je me situe au-dessus du réel, je le rends lisse sur la plaque de verre, car<br />
elle gère bien le chaos. »<br />
Cet artiste hors pair et hors tendances est autodidacte mais a été initié à la<br />
technique du suwer par Germaine Anta Gaye puis a orienté son approche du<br />
suwer vers le collage plutôt que vers la peinture.<br />
C'est à Colobane, dans une zone des limites urbaines que travaille Fally Sène<br />
Sow. Il 'peint' sur verre dans un atelier qui est et en même temps la demeure<br />
familiale, son axe de vie qui le nourrit et le fait rêver.<br />
L’artiste est dans son univers, à la fois profondément inséré dans le labyrinthe<br />
des ruelles et en même temps à distance, grâce à sa liberté d'inventer.<br />
Fally compose son oeuvre avec ses doigts, son travail n'est pas tant de<br />
peinture que de collage. Le quartier, il le découvre et le triture à l'aide de<br />
matières glanées au dehors, dans la rue, sur les trottoirs, dans la poussière.<br />
Lui seul sait bien voir cela, il choisit ses fragments comme on choisirait des<br />
mots dans un vaste répertoire, puis il structure sa vision dans une enclave<br />
dont il domine chaque pan de vie. Dans sa chambre pourrait flotter un air<br />
musical qui sortirait se nicher sous la frondaison d'un neem aux petite feuilles<br />
frétillantes qui apportent un peu d'ombre bleue. La pièce est sombre, on est<br />
comme plongé dans une cellule. Est-ce la caverne d'où naît l'image?<br />
Fally est concentré sur son travail, il en parle aisément en nous montrant son<br />
attachement à la technique sur verre, mais il ne peint pas, il 'installe' en<br />
collant de menus objets et des fragments parfois bruts, parfois travaillés, sous<br />
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la plaque de verre maintenue légèrement au-dessus du plan de travail par<br />
deux plots. Le verre agit comme un support et un écran dont l'image s'inscrit<br />
face à lui, avec les doigts.<br />
Les tableaux sont des visions plutôt que des compositions, ils renvoient autant<br />
à des séquences urbaines qu'à des fantaisies rayées par la peur de personnages<br />
minuscules, de gens perdus et dérivant dans un espace informe et sans<br />
limites.<br />
En visionnant des photos de son travail, on s'aperçoit que son propos n'est pas<br />
essentiellement narratif mais inventif. Il nous dit pourtant qu'il aime raconter<br />
des histoires, témoigner, raconter en inventant.<br />
Il nous montre un grand registre où il consigne des pensées, des projets et des<br />
réflexions. Cherche-t-il à s'abstraire du réel tel qu'il le côtoie, comme pour<br />
'voir de plus loin', de plus haut et ne pas se laisser envahir par la misère<br />
latente? N'a-t-il pas trouvé sous la plaque de verre, lisse et égale, une manière<br />
de laisser glisser le malheur ambiant, d'apaiser sa conscience à vif ? Une<br />
manière d'écorché, peut-être, qui aurait senti qu'avec le verre il arriverait à<br />
grossir les angles de vue mais aussi à les adoucir, les polir?<br />
Il choisit son vocabulaire coloré, accumule des fragments, juxtapose des bouts<br />
de cartons, revient parfois avec une touche de peinture sur une petite plaque<br />
métallique ou un détail de car rapide. Deux ou trois oeuvres sont plus<br />
exactement des portraits de boxeur et de chanteurs. L'effet collage et alors<br />
plus immédiat. Les compositions renvoient à un monde pulvérisé, parfois<br />
explosé qui pourrait être le double de celui-ci.<br />
« Tout ce que l'on jette, je le récupère puis je réinstalle à ma façon,<br />
je garde.<br />
Le réel est là mais je me situe en dehors et au-dessus. Le verre<br />
gère le chaos. Je me sens bien avec le verre, mieux qu'avec le<br />
plexiglas, c'est vivant, noble, alors que le plexi c'est banal.<br />
Je témoigne et rêve d'un monde meilleur (Portrait de Wasis Diop)<br />
Je vois aussi que ce qui est désagrégé peut être digne d'être<br />
représenté; mon environnement est sans cesse nouveau, j'observe<br />
et j'interroge ».<br />
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FALLY SENE SOW, SCENE DE RUE, COLOBANE, COLLAGE SUR VERRE, 2010<br />
Chez Fally Sene Sow, l'univers est signe, écriture, il recompose le réel tel qu’il<br />
l’entend et n’a cure d’être fidèlement réaliste. Ainsi, les perspectives sont<br />
tronquées, les proportions déboîtées mais le résultat est une poétique<br />
troublante. Son art renvoie à un ordre incorporé, incarné dans un lieu. Cet<br />
ordre est une topographie imaginaire sans doute, mais aussi puissamment<br />
évocatrice. En récoltant des sédiments de la vie moderne sur la « terre<br />
Colobane » Fally en extrait la quintessence: un monde éclaté, dont on peut<br />
figurer des événements-signes, une pictographie.<br />
Les humains sont parfois reliés entre eux par des ficelles, des poussières ou<br />
des fibres végétales mais le tout est traité de manière générative, comme un<br />
processus en mutation, en train de s'accomplir. Chaque tableau présente alors<br />
quelques séquences d'un récit global : la vie Colobane.<br />
Il n'y a pas de paysage, il n'y a qu'une topographie nue et l'endroit est souvent<br />
vu du ciel, une série de points de repères se détachent sur un fond d'itinéraire<br />
et non comme un tout appréhendé par un spectateur à ras de terre. Le trajet<br />
relaté n'est empruntable par personne, il est purement imaginaire, inventé au<br />
fur et à mesure qu'il est plaqué sur le verre.<br />
Les travaux de Fally ne renvoient à aucun récit fondateur d'une communauté<br />
totémique. Il est dans la modernité déstructurée d'une capitale en devenir,<br />
dans la modernité la plus tangible et la plus crue. Dans ce sens il poursuit la<br />
lignée du Set/Setal et la parodie même, puisque tout ce qu’il « colle » ainsi est<br />
récupéré, puis transfiguré dans son environnement immédiat.<br />
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FALLY SENE SOW, LA MARCHE DE COLOBANE, COLLAGE SUR VERRE, 2010<br />
CONCLUSION<br />
Ces trois artistes cherchent, chacun à sa manière, des points de repères, et<br />
expriment la quintessence d'un monde en mutation tout en explorant un<br />
ordre personnel à partir d'une trajectoire imaginaire retranscrite sur des<br />
plaques de verre.<br />
Replacé dans son histoire et ses soubassements, cet art issu d’une veine<br />
populaire et d’une forme de révolte, a pu basculer dans ses réalisations<br />
contemporaines de manière autonome grâce à l’approche sensible et motivée<br />
d’artistes qui non seulement prolongent une tradition mais ont su œuvrer en<br />
marge de la tendance touristique vouée à la répétition et au cliché. Ils ont<br />
ainsi gagné ce que souhaitait d’ailleurs L. S. Senghor, l’universel et sa<br />
contemporanéité. Pour paraphraser Baudelaire, on pourrait dire qu’ils<br />
explorent la beauté changeante et multiple de ce qu’ils vivent à l’endroit où ils<br />
vivent, tout en dégageant de ce lieu ce qu’il peut contenir de poétique dans<br />
l’historique et de « tirer l’éternel du transitoire ».<br />
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FALLY SENE SOW, SCENE DE RUE, COLOBANE, VERS 2010<br />
Bibliographie<br />
Souleymane Bachir Diagne, Léopold Sédar Senghor, L’art africain comme<br />
philosophie, Essai paris, Riveneuve éditions, 2007<br />
Mamadou Diouf,<br />
-Le clientélisme, la technocratie et après ? in Momar Comba Diop, Sénégal,<br />
Trajectoires d’un état, Codesria, 1992, Dakar<br />
-« Islam : peinture sous verre et idéologie populaire », in Bogumil Jewsiewicki<br />
Art pictural zaïrois, Nouveaux cahiers du Centre d’études sur la langue, les<br />
arts et les traditions, Edition du septentrion, 1992 :29-40.<br />
-Fresques murales et écriture de l’histoire, Le Set/Setal à Dakar, in Politique<br />
Africaine, Paris 1992.<br />
MOUSSSA SAKHO, FEMME, DAKAR 2010<br />
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Remerciements : aux artistes d’abord, Germaine Anta, Fally et Moussa, à<br />
Laurence Gavron, Aly Niang, de l’avenue Peytavin, ainsi qu’à Aissa Dione,<br />
Nathalie Desanti Tounkara qui m’ont permis de renouer avec une ancienne<br />
ferveur…<br />
Michèle-<strong>Baj</strong> <strong>Strobel</strong><br />
Avril 2012<br />
<strong>AICA</strong><br />
(Association Internationale des Critiques d’Art) Caraïbes du Sud.<br />
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