Scenario dialogué - Carasco, Raymonde - Free

14 - INTERIEUR. SCENE DE THEATRE DU SECOND SADE.
Le décor du spectacle imaginé précédemment par Joa. Mais,
cette fois, les acteurs portent les costumes du premier
spectacle, celui qui est censé avoir réellement lieu aux
Lucioles: en fait, ils sont, on l'a vu, à peu près nus.
Un vent furieux balaie la scène, faisant osciller,
balancer sur leur suspension, les éléments mobiles. Les rideaux
volent.
Des lueurs rougeâtres palpitent du côté des coulisses,
grandissent, envahissent tout l'espace. De la fumée.
On entend des souffles, bruits de tempête mèlés à des
halètements orgastiques. Bientôt des cris d'effroi, de douleur.
Des sirènes d'ambulance, tocsins, cornes de brume, etc. Une
véritable polyphonie, d'on ne sait quelle catastrophe: incendie,
ou tremblement de terre, éruption volcanique... Ils recouvrent
l'air d'opéra déjà entendu (La Traviata, THEME III).
Les comédiens éperdus courent dans tous les sens, en
proie à la panique. Ils se prennent aux rideaux, se cognent aux
accessoires, tentent de fuir. Ils trouvent enfin une issue.
Anna-Justine reste seule sur la scène. Immobile, debout
derrière la grille suspendue. Elle est aussi peu vêtue que les
autres comédiens. Mais l'aspect quasi pornographique du premier
spectacle est gommé par la grâce de la jeune femme. Intouché,
lisse, le corps est comme indemne. Une innocence de la chair.
Les bruits s'apaisent soudain, laissant seulement
entendre un air d'opéra très pur (aria de Violetta, dans La
Traviata).
La caméra approche du visage d'Anna, qu'on voit seulement
à travers les barreaux, puis ceux-ci semblent s'effacer, comme si
on traversait magiquement les grilles.