02.07.2013 Views

CINQUIÈME SECTION AFFAIRE OBST c. ALLEMAGNE (Requête ...

CINQUIÈME SECTION AFFAIRE OBST c. ALLEMAGNE (Requête ...

CINQUIÈME SECTION AFFAIRE OBST c. ALLEMAGNE (Requête ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

ARRÊT <strong>OBST</strong> c. <strong>ALLEMAGNE</strong> 3<br />

Au cours de la conversation, il lui confia que son mariage périclitait depuis<br />

des années et qu'il avait eu des rapports sexuels avec une autre femme. S. lui<br />

recommanda de s'adresser à N., président de zone et supérieur hiérarchique<br />

du requérant, précisant que, s'il ne le faisait pas, il se chargerait lui-même<br />

d'informer N. Le 21 décembre 1993, le requérant s'adressa à N. qui ne lui<br />

prodigua pas d'aide pastorale. Le 27 décembre 1993, N. prononça le<br />

licenciement sans préavis du requérant. Par la suite, l'intéressé fut<br />

excommunié dans le cadre d'une procédure disciplinaire interne.<br />

B. Les décisions des juridictions du travail inférieures<br />

10. Le 14 janvier 1994, le requérant saisit le tribunal du travail de<br />

Francfort-sur-le-Main. Par un jugement du 26 janvier 1995, celui-ci annula<br />

le licenciement au motif qu'il n'était pas conforme aux révélations du<br />

prophète et fondateur de l'Eglise mormone, Joseph Smith. Il précisa que<br />

l'exclusion d'un membre de l'Eglise n'était prévue que si l'intéressé ne se<br />

repentait pas, ce qui n'était pas le cas du requérant puisqu'il avait demandé<br />

une aide pastorale pour reconstruire son couple. Selon le tribunal, le<br />

licenciement constituait donc une sanction disproportionnée.<br />

11. Le 5 mars 1996, la cour d'appel du travail du Land de Hesse rejeta<br />

l'appel formé par l'Eglise mormone. Elle considéra que, bien que la<br />

commission de l'adultère, regardée par les mormons comme le péché le plus<br />

abominable (« greulichste aller Sünden »), permît en principe à l'Eglise<br />

mormone de prononcer le licenciement de l'employé en cause, la prise d'une<br />

telle mesure à l'encontre du requérant était en l'espèce contraire aux bonnes<br />

mœurs. Observant que l'Eglise s'était fondée sur des informations relatives<br />

aux problèmes de couple que le requérant avait confiés à ses supérieurs<br />

pastoraux (Seelsorger) dans le but d'obtenir un soutien pastoral, elle<br />

considéra que ces informations étaient, d'un point de vue moral, soumises au<br />

secret pastoral (seelsorgerische Schweigepflicht). Dès lors, elle jugea que, à<br />

l'instar d'un prêtre ou d'un évêque catholique qui apprend au cours d'une<br />

confession qu'un crime a été commis et qui ne peut pas répéter l'information<br />

à d'autres personnes tant qu'elle n'a pas été divulguée en dehors de la sphère<br />

de la confession, les deux supérieurs du requérant n'étaient pas fondés à<br />

utiliser les propos du requérant à des fins relevant du droit du travail.<br />

Compte tenu de l'importance fondamentale de l'affaire, la cour d'appel<br />

autorisa le pourvoi en cassation.<br />

C. L'arrêt de la Cour fédérale du travail<br />

12. Le 24 avril 1997, la Cour fédérale du travail cassa l'arrêt de la cour<br />

d'appel et renvoya l'affaire devant celle-ci. Selon elle, le licenciement<br />

litigieux ne contrevenait pas aux bonnes mœurs et constituait bien un motif<br />

de résiliation aux termes de l'article 626 du code civil (paragraphe 25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!