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INTRODUCTION<br />
<strong>Le</strong> Centre Culturel <strong>de</strong> l'Argentière a confié à<br />
l'association <strong>Le</strong> <strong>Gabion</strong> la restauration d'un crible à<br />
secousses hydrauliques. Ce travail a suscité l'envie <strong>de</strong><br />
connaître davantage le matériel fonctionnant à l'énergie<br />
hydraulique (moulins, foulans, martinets, scieries).<br />
<strong>Le</strong>s innombrables torrents et rivières <strong>de</strong>s Hautes-Alpes<br />
constituent un réseau hydraulique considérable,<br />
exploité <strong>de</strong> tous temps pas ses habitants.<br />
A la fin du XIXème siècle, l'utilisation <strong>de</strong>s chutes d'eau<br />
permet l'implantation <strong>de</strong> centrales électriques fournissant l'énergie nécessaire au<br />
fonctionnement d'usines gran<strong>de</strong>s consommatrices d'électricité (production d'aluminium).<br />
Il nous est apparu qu'il existait en ce domaine un patrimoine méconnu, riche et varié<br />
méritant une étu<strong>de</strong> appofondie. Ce document est l'ébauche d'un travail que nous<br />
poursuivrons au cours <strong>de</strong>s prochains stages <strong>de</strong> l'association.<br />
HISTOIRE, EVOLUTION, PROGRES,<br />
ORIGINES<br />
<strong>Le</strong>s moulins sont présents <strong>de</strong>puis le moyen-âge avec le même système <strong>de</strong> fonctionnement.<br />
C'est un système simple qui a fait ses preuves puisqu'il n'a pratiquement pas évolué <strong>de</strong>puis<br />
700/800 (époque <strong>de</strong>s Francs, Charlemagne).<br />
<strong>Le</strong>s plus anciennes installations en place datent <strong>de</strong> la Renaissance (XVIème siècle).<br />
<strong>Le</strong>s seuls changements ont lieu sur les matériaux <strong>de</strong> construction. <strong>Le</strong>s meules sont<br />
fabriquées dans <strong>de</strong>s pierres plus dures. <strong>Le</strong>s roues en bois (rouets) sont maintenant en fonte<br />
ou en fer. Au niveau <strong>de</strong> l'irrigation les conduites forcées sont apparues à la secon<strong>de</strong> moitié<br />
du XIX ème siècle. <strong>Le</strong>s goulottes sont en mélèze, le canon et les buses sont métalliques.<br />
Un canal amène l'eau à un réservoir d'où partent les goulottes. Ce canal peut être dévié sur<br />
le côté du moulin afin d'évacuer le trop d'eau <strong>de</strong> la fonte <strong>de</strong>s neiges. Il est également utilisé<br />
lors <strong>de</strong> l'arrêt <strong>de</strong> fonctionnement du moulin afin d'éviter l'usure inutile <strong>de</strong> l'installation.<br />
<strong>Le</strong>s premiers moulins à eau sont à roue horizontale. L'eau anime les pales fixées sur un<br />
axe. Cet axe actionne à son tour la meule mobile, la «tournante» qui se trouve au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />
la meule fixe «la gisante».
Nos visites nous ont conduit à découvrir <strong>de</strong>ux types<br />
<strong>de</strong> moulins :<br />
- les moulins communaux (<strong>Crévoux</strong>, Freissinières)<br />
étaient dotés d'un logement <strong>de</strong> fonction : «la<br />
chambre du meunier». Un meunier titulaire pour<br />
l'année s'en occupait.<br />
- d'autres moulins familiaux travaillaient pour les<br />
agriculteurs alentours (moulins BOREL et LOMBARD). <strong>Le</strong> métier <strong>de</strong> meunier se<br />
transmettait <strong>de</strong> génération en génération. L'habitation et les bâtiments agricoles <strong>de</strong> ces<br />
moulins familiaux étaient regroupés en une seule bâtisse.<br />
1° Irrigation<br />
FONCTIONNEMENT D'UN MOULIN<br />
HYDRAULIQUE<br />
L'eau d'un torrent ou d'une rivière est détournée dans un canal qui la conduit dans un<br />
réservoir. L'eau sous pression est ensuite dirigée sur les pales <strong>de</strong> la roue horizontale (rouet)<br />
par <strong>de</strong>s conduites forcées, ou <strong>de</strong>s goulottes en mélèze.<br />
2° <strong>Le</strong>s machines (composition d'un moulin)<br />
Dans la majorité <strong>de</strong>s moulins locaux, nous retrouvons les mêmes<br />
éléments.<br />
Il y a le moulin à farine «panifiable», le moulin à farine animale,<br />
le blutoir, la pierre lour<strong>de</strong> (meule verticale) servant à broyer les<br />
cerneaux <strong>de</strong> noix, un foyer et un pressoir.<br />
3° Itinéraire du grain<br />
<strong>Le</strong> grain est versé dans une trémie au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s meules qui sont enfermées dans un carter.<br />
Il s'écoule et se disperse entre les meules grâce à un système <strong>de</strong> tapotement par arbre à<br />
cames. <strong>Le</strong> grain fait office <strong>de</strong> lubrifiant pour les meules. La force centrifuge envoie le<br />
grain broyé contre les parois du carter (archure). Une mouture s'échappe alors <strong>de</strong><br />
l'ouverture, elle est réceptionnée par un tapis roulant qui l'élève jusqu'au blutoir. <strong>Le</strong>s tamis<br />
du blutoir trient la farine en différentes qualités (<strong>de</strong> la farine panifiable la plus fine à la<br />
farine animale.) Elle est ensuite mise en sac grâce aux mesures go<strong>de</strong>ts (séparation farine et<br />
son).<br />
4° Rythmes, récoltes et saisons<br />
Pour la farine panifiable, il y avait <strong>de</strong>ux moutures importantes par année. Une mouture<br />
pour le «pain d'été» pour la pério<strong>de</strong> mai-juin et une mouture plus importante en<br />
septembre-octobre pour le «pain d'hiver». <strong>Le</strong> pain se conserve mieux que la farine. <strong>Le</strong><br />
travail concentré sur ces pério<strong>de</strong>s est fonction du rythme <strong>de</strong>s saisons et du débit <strong>de</strong> l'eau.
L'eau étant la force motrice, la rotation était possible à l'automne grâce à un bon débit<br />
d'eau. En raison du gel il n'y avait pas ou peu <strong>de</strong> débit l'hiver. Au printemps lors <strong>de</strong> la<br />
fonte <strong>de</strong>s neiges, un trop gros débit rendait la rotation délicate (crues et inondations).<br />
<strong>Le</strong> moulin tournait 7 jours sur 7, jour et nuit pendant les moutures du pain d'hiver.<br />
Il y avait aussi la farine animale. L'huile <strong>de</strong> noix était une activité complémentaire.<br />
Une scierie était souvent associée au moulin.<br />
5° <strong>Le</strong> meunier<br />
<strong>Le</strong> meunier était quelqu'un <strong>de</strong> polyvalent : agriculteur, forgeron, menuisier... Il était payé<br />
en nature, puis plus tard avec <strong>de</strong> l'argent. Il <strong>de</strong>vait être capable <strong>de</strong> régler les écarts <strong>de</strong>s<br />
meules, d'effectuer les rhabillages, d'entretenir et améliorer le moulin, etc...<br />
<strong>Le</strong> travail prenait une heure et <strong>de</strong>mi à <strong>de</strong>ux heures pour moudre 100 kg.<br />
La durée dépendait du rhabillage <strong>de</strong>s meules, <strong>de</strong> la nature du grain, <strong>de</strong> la mouture (si la<br />
farine <strong>de</strong>vait être fine, voire très fine, cela prenait encore plus <strong>de</strong> temps), <strong>de</strong> l'humidité du<br />
grain (un grain sec se moud plus vite). <strong>Le</strong> travail ne s'arrêtait jamais (Meunier, tu dors...)<br />
6° <strong>Le</strong> rhabillage <strong>de</strong>s meules<br />
<strong>Le</strong>s meules doivent être rugueuses pour être efficaces. En fonctionnant, elles finissent par<br />
se polir, il est donc nécessaire <strong>de</strong> les marteler régulièrement pour rendre leur surface<br />
abrasive.<br />
7° Que faut-il pour faire une bonne farine ?<br />
Un grain <strong>de</strong> bonne qualité, <strong>de</strong>s meules bien réglées, un bon écartement, une meule qui ne<br />
tourne pas trop vite sinon la mouture s'échauffe.<br />
<strong>Le</strong> débit du grain tombant <strong>de</strong> la trémie par l'oeillard <strong>de</strong> la meule tournante est réglé par<br />
l'inclinaison <strong>de</strong> l'auget (petite pièce <strong>de</strong> bois fermant la trémie).<br />
MOULIN D'ARVIEUX<br />
Sur la commune d'Arvieux, coule le torrent <strong>de</strong> l'Izoard. Grâce à son débit constant, trois<br />
moulins ont été implantés sur la rive gauche au lieu-dit «<strong>Le</strong>s trois moulins». Ils sont tous<br />
encore <strong>de</strong>bout.<br />
En amont, un premier moulin appartenant à un particulier se dégra<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> second est celui<br />
que nous avons visité. Sa <strong>de</strong>rnière utilisation daterait <strong>de</strong> 1973, il a ensuite été abandonné à<br />
cause d'inondation et d'ensablage. <strong>Le</strong> Parc régional du Queyras en est le propriétaire et en<br />
a assuré la restauration.<br />
La date <strong>de</strong> construction est incertaine (XIXème ?).<br />
<strong>Le</strong> troisième en aval est en bon état mais ne fonctionne pas.
<strong>Le</strong>s trois moulins utilisent le même canal, ils fonctionnent en «casca<strong>de</strong>». Près du moulin,<br />
l'eau du torrent arrive dans un bassin <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong> 3 000 litres. L'eau est répartie par 4<br />
chenaux correspondant à chaque turbine du moulin. Deux turbines fonctionnent.<br />
La hauteur entre le bassin <strong>de</strong> répartition et la turbine fait 2,70 m ; 50 à 60 l d'eau par<br />
secon<strong>de</strong> suffisent à l'entraîner. La puissance fournie est <strong>de</strong> 3 kw. Avant d'être embrayée, la<br />
meule tourne à la vitesse d'un tour par secon<strong>de</strong> et seulement à la moitié <strong>de</strong> la vitesse<br />
lorsqu'elle est embrayée.<br />
A l'intérieur se trouvent <strong>de</strong>ux moulins à meules horizontales pour les céréales et un moulin<br />
à meule verticale dans son bassin <strong>de</strong> pierre pour la confection <strong>de</strong>s pâtées <strong>de</strong>stinées au<br />
bétail (orge et eau).<br />
La plupart <strong>de</strong>s moulins disposent d'un moulin à huile <strong>de</strong> noix mais compte-tenu <strong>de</strong><br />
l'altitu<strong>de</strong>, Arvieux n'est pas producteur <strong>de</strong> noix. L'huile était donc un produit d'échange ou<br />
<strong>de</strong> commerce avec les vallées plus clémentes.<br />
Pour conclure, la réfection du moulin et <strong>de</strong>s mécanismes est une réussite. La mise en eau,<br />
son fonctionnement comme par le passé en font un exemple instructif et <strong>de</strong> grand intérêt.<br />
Souhaitons que semblables projets puissent se renouveler<br />
MOULIN D'ANCELLE<br />
Ancelle est un village du Champsaur arrosé par la Roanne. <strong>Le</strong><br />
moulin <strong>de</strong> monsieur Eugène LOMBARD utilise l'eau <strong>de</strong> cette<br />
rivière.<br />
C'est un petit bâtiment tout en longueur, un peu à l'écart du village.<br />
Sa construction remonte à 1845. Des trois moulins existants, il était le <strong>de</strong>rnier à<br />
fonctionner, ce qui explique le bon état <strong>de</strong> l'équipement. <strong>Le</strong> local est exigü. Il n'y a eu<br />
aucun remaniement <strong>de</strong>puis la cessation d'activité, seulement une reconversion en remise.<br />
Cette installation mériterait d'être sauvée. Il serait dommage que disparaisse cet élèment<br />
du patrimoine bâti.<br />
Agé <strong>de</strong> 80 ans, monsieur LOMBARD est natif du lieu et y a passé toute sa vie. La<br />
construction du moulin débute avec ses grands-parents. Ses parents ont pris la suite, luimême<br />
a continué, aidé <strong>de</strong> sa soeur et <strong>de</strong> sa mère.<br />
La pério<strong>de</strong> d'activité maximale était bien sûr en automne après les moissons notamment<br />
pour la farine à pain. La farine <strong>de</strong>stinée aux animaux était fabriquée tout au long <strong>de</strong><br />
l'année. Monsieur LOMBARD travaillait essentiellement pour les gens du village,<br />
exceptionnellement pour les alentours. A l'origine, le paiement s'effectuait souvent en<br />
nature sur la base d'un double décalitre <strong>de</strong> grain pour un sac <strong>de</strong> farine. Par la suite, le<br />
paiement en argent s'imposa.<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en broyage diminue. Monsieur LOMBARD achète alors un moulin électrique<br />
lui permettant <strong>de</strong> satisfaire ses <strong>de</strong>rniers clients ainsi que ses propres besoins (farine<br />
animale).
<strong>Le</strong>s meules du moulin étaient <strong>de</strong> type<br />
silex reconstitué, en provenance <strong>de</strong> la<br />
manufacture <strong>de</strong> La Ferté sur Jouarre<br />
(Seine et Marne).<br />
Monsieur LOMBARD possédait également une scierie<br />
hydraulique avec une scie battante à lame verticale<br />
<strong>de</strong>scendante (il y en avait <strong>de</strong>ux au village). A partir du 20<br />
mars, il débitait les billes <strong>de</strong> mélèze et <strong>de</strong> sapin, toujours<br />
pour les gens <strong>de</strong> la localité.<br />
Comme on peut le voir, le travail était très varié : meunier, scieur, avec tout ce que cela<br />
implique en compétences, en entretien (rhabillage <strong>de</strong>s meules, affûtage <strong>de</strong>s scies...)<br />
Comme la plupart <strong>de</strong>s habitants, un peu d'élevage et d'agriculture complétait son activité<br />
principale.<br />
MOULIN DE FREISSINIERES<br />
Au bord <strong>de</strong> la Biaïsse, le hameau <strong>de</strong>s Ribes offre un bel exemple <strong>de</strong> moulin réhabilité. Au<br />
premier niveau le local technique expose les différents mécanismes et accessoires<br />
parfaitement conservés.<br />
Nous n'avons pas <strong>de</strong> témoignage sur l'époque <strong>de</strong> sa construction, une date gravée sur la<br />
pierre <strong>de</strong> la presse à huile mentionne 1767, sans certitu<strong>de</strong> qu'elle soit contemporaine à la<br />
construction du bâtiment. Par contre, on sait que le moulin a cessé <strong>de</strong> fonctionner vers<br />
1950.<br />
L'équipement est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux moulins : un à farine et l'autre pour l'huile <strong>de</strong> noix,<br />
d'une presse et d'un foyer pour la cuisson <strong>de</strong> la pâte. <strong>Le</strong>s turbines sont en métal, le mobilier<br />
est similaire aux autres moulins mais le blutoir a disparu.<br />
<strong>Le</strong>s mécanismes <strong>de</strong>s moulins que nous avons visités laissaient une<br />
large place au bois (axes, poulies, engrenages...) Ceux en place à<br />
Freissinières sont en très bon état et semblent <strong>de</strong> fabrication plus<br />
récente. De nombreuses pièces en acier sont manufacturées (arbres,<br />
paliers avec graisseurs...) <strong>Le</strong> moulin à meule verticale et sa cuve<br />
ainsi que la pierre <strong>de</strong> la presse pour l'huile <strong>de</strong> noix paraissent bien<br />
plus anciens.
Autre particularité, la farine à la sortie <strong>de</strong> l'archure,<br />
se déverse dans un caisson reposant sur le sol et où<br />
se trouve logée la vis d'Archimè<strong>de</strong> évacuant la<br />
farine jusqu'au blutoir.<br />
Pour ce moulin,<br />
l'essentiel est sauvé. C'est une étape importante. Pour faire<br />
tourner les meules, il suffirait d'aménager le canal et<br />
d'intervenir sur les turbines.<br />
A présent, les personnes ayant participé à la restauration<br />
souhaiteraient approfondir les recherches et concentrer<br />
l'effort sur l'aspect humain. Recueillir les témoignages <strong>de</strong>s personnes âgées susceptibles <strong>de</strong><br />
l'avoir utilisé permettrait une meilleure connaissance <strong>de</strong>s traditions, <strong>de</strong>s savoir-faire, <strong>de</strong>s<br />
échanges...<br />
LE MOULIN DE ST ANDRE D'EMBRUN<br />
<strong>Le</strong> moulin BOREL surprend par ses dimensions mais il faut dire que la bâtisse servait<br />
aussi d'habitat et <strong>de</strong> ferme. C'est probablement le plus ancien que nous avons vu jusqu'à<br />
présent. Il a cessé la production <strong>de</strong> farine panifiable en 1956 et <strong>de</strong> farine pour les animaux<br />
en 1960.<br />
L'équipement intérieur séduit par la rusticité, le bois est très fréquemment utilisé (roue,<br />
rouets, engrenages). <strong>Le</strong> mobilier est complet et en bon état. Il y a <strong>de</strong>ux moulins à céréales<br />
et un moulin à huile <strong>de</strong> noix. C'est <strong>de</strong> plus un véritable atelier avec forge, touret à meuler,<br />
tour à bois, scie circulaire. En ajoutant les travaux agricoles, on <strong>de</strong>vine la polyvalence<br />
<strong>de</strong>mandée au meunier.<br />
En automne, le moulin tournait jour et nuit car toutes<br />
les récoltes <strong>de</strong> céréales <strong>de</strong>vaient être transformées<br />
rapi<strong>de</strong>ment en farine. Plus tard, en hiver c'était la<br />
fabrication <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> noix.<br />
Madame BOREL nous signale qu'elle est toujours en<br />
possession <strong>de</strong>s «laisser-passer» autrefois nécessaires<br />
pour s'acquitter <strong>de</strong>s taxes sur la farine.<br />
Cette visite nous a beaucoup appris sur le matériel<br />
d'exploitation. Madame BOREL a pris le temps <strong>de</strong> nous gui<strong>de</strong>r et ses commentaires ont été<br />
du plus grand intérêt.
Nous sommes toujours consternés par l'abandon<br />
<strong>de</strong>s moulins et nous souhaitons vivement qu'une<br />
«impulsion» soit donnée pour qu'ils tournent à<br />
nouveau.<br />
Rien n'a changé <strong>de</strong>puis que le moulin a cessé son<br />
activité. C'est un ensemble remarquable qui mérite<br />
d'être mis en valeur pour témoigner d'une activité<br />
essentielle du passé embrunais.<br />
EPILOGUE<br />
Cette étu<strong>de</strong> sur les moulins nous a révélé qu'ils étaient un maillon important pour le<br />
patrimoine bâti <strong>de</strong>s Hautes-Alpes. Beaucoup ont disparu, cependant notre démarche nous a<br />
permis d'en débusquer quelques uns en bon état <strong>de</strong> conservation. <strong>Le</strong>s propriétaires témoins<br />
<strong>de</strong> leur agonie leur portent un vif attachement sentimental, ne mesurant pas toujours la<br />
richesse qu'ils peuvent transmettre à la collectivité.<br />
Cette collectivité doit s'interroger, prendre conscience que la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moulins c'est<br />
sortir <strong>de</strong> l'oubli <strong>de</strong>s techniques qui <strong>de</strong>puis la nuit <strong>de</strong>s temps ont fait battre le coeur <strong>de</strong> nos<br />
villages et auxquels se rattache toute la symbolique du pain et <strong>de</strong> l'eau. C'est conserver<br />
aussi l'acquis <strong>de</strong>s générations précé<strong>de</strong>ntes, s'émerveiller du savoir-faire <strong>de</strong>s anciens, <strong>de</strong><br />
leur ingéniosité, <strong>de</strong> leur sens <strong>de</strong> l'observation toujours à la recherche d'un résultat <strong>de</strong><br />
qualité.<br />
Redécouvrir ses racines, ce n'est pas du passéisme, c'est l'occasion pour notre époque <strong>de</strong><br />
faire le parallèle avec les conditions <strong>de</strong> vie, les moyens, la fierté et l'estime <strong>de</strong> l'artisan<br />
d'autrefois pour son travail.<br />
On ne peut rester insensible, n'être que <strong>de</strong>s spectateurs impuissants <strong>de</strong>vant ce naufrage, il<br />
est donc urgent d'agir. Il est certainement possible <strong>de</strong> «titiller» la fibre sentimentale <strong>de</strong>s<br />
propriétaires <strong>de</strong> moulin mais une prise <strong>de</strong> conscience politique s'impose.<br />
Mais, tout ceci a un coût, c'est le grand frisson <strong>de</strong> la réalité, celui qui paralyse. Des<br />
solutions existent, toutes les pistes sont à explorer et à exploiter : la motivation <strong>de</strong>s<br />
bénévoles, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> réinsertion capables <strong>de</strong> fournir un travail <strong>de</strong><br />
qualité et du même coup dynamiser ses participants.<br />
Pour un département comme le nôtre, voué au tourisme, c'est l'occasion d'avancer, <strong>de</strong> se<br />
hausser au niveau <strong>de</strong> ceux qui ont compris et su s'adapter à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> actuelle du touriste<br />
: se divertir <strong>de</strong> manière originale, découvrir, apprendre. Visiter un moulin, le voir<br />
fonctionner, faire connaître les processus <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> manière vivante, c'est adhérer à<br />
la conception mo<strong>de</strong>rne et intelligente du tourisme. S'investir dans la diversification <strong>de</strong>s<br />
activités <strong>de</strong> loisir, c'est aussi créer <strong>de</strong>s emplois et s'assurer <strong>de</strong>s retombées économiques.<br />
autre moulin