117-025 French - La médecine vétérinaire des grands animaux ...
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<strong>La</strong> <strong>médecine</strong> <strong>vétérinaire</strong> <strong>des</strong><br />
GRANDS ANIMAUX<br />
OCTOBRE 2003<br />
V olume 3, numéro 8<br />
<strong>La</strong> métrite du post-partum chez les bovins :<br />
Une revue de la maladie et du traitement<br />
Colin Palmer, D.M.V., médecin diplômé de l’ACT<br />
Ron<strong>des</strong> cliniques<br />
MC<br />
T EL QUE PRÉSENTÉ AUX RONDES CLINIQUES DU D ÉPARTEMENT DES SCIENCES CLINIQUES<br />
DES GRANDS ANIMAUX DU W ESTERN C OLLEGE OF V ETERINARY M E DICINE, UNIVERSITÉ DE S ASKATCHEWAN<br />
Le diagnostic et le traitement de la métrite du post-partum chez les bovins ont été un sujet<br />
controversé pendant de nombreuses années. L’adoption de différentes approches est due à un certain<br />
nombre de facteurs : les différents types de bovins et le degré de productivité, la définition de la maladie,<br />
la multitude de facteurs de risque associés à la métrite (tableau 1), l’absence d’étu<strong>des</strong> bien<br />
conçues et bien contrôlées évaluant l’efficacité du traitement, et les différences dans les paramètres<br />
surveillés dans les étu<strong>des</strong> existantes. Dans ce numéro de <strong>La</strong> <strong>médecine</strong> <strong>vétérinaire</strong> <strong>des</strong> <strong>grands</strong> <strong>animaux</strong> –<br />
Ron<strong>des</strong> cliniques, nous examinons l’étiologie, les signes et le traitement de la métrite du post-partum<br />
et nous décrivons un projet de recherche en cours au Western College of Veterinary Medicine.<br />
<strong>La</strong> métrite est définie comme une inflammation <strong>des</strong> couches endométriale et musculaire de l’utérus 1,2 . Les cas<br />
les plus graves surviennent durant les 10 à 14 premiers jours après le vêlage et on utilise parfois le terme de métrite<br />
puerpérale toxique pour les décrire 1,2 . Les <strong>animaux</strong> atteints présentent <strong>des</strong> signes généraux de maladie et un abattement,<br />
une inappétence et une réduction de la production de lait à <strong>des</strong> degrés divers. Les pertes économiques sont<br />
dues à la réduction de la production de lait, aux coûts <strong>des</strong> médicaments, au temps de retrait dans le lait, à l’altération<br />
de la performance de reproduction, voire même à la mort de l’animal 2,3 . Dans une étude américaine récente, on a<br />
calculé que le coût par lactation d’un cas de métrite était de 106 $US 4 . Les bovins laitiers en post-partum sans appétit<br />
sont également prédisposés au déplacement de la caillette, ce qui est toujours une préoccupation pour les producteurs<br />
et une raison pour faire appel à un <strong>vétérinaire</strong> 5 .Les <strong>vétérinaire</strong>s se sentent souvent obligés de faire quelque<br />
chose pour leurs clients et leurs <strong>animaux</strong>, afin de réduire la gravité de la métrite et de ses séquelles. Nombre d’entre<br />
eux pensaient qu’ils disposaient du traitement magique pour la métrite du post-partum, mais ils ont découvert que<br />
le protocole n’offrait aucun avantage, ou dans certains cas, était même plus nuisible que simplement ne rien faire.<br />
Le rôle de la rétention placentaire dans l’apparition de la métrite<br />
<strong>La</strong> rétention <strong>des</strong> membranes fœtales (RMF, rétention placentaire) est le facteur prédisposant à la métrite le plus<br />
important chez les bovins (figure 1) 5-8 .L’incidence de la métrite du post-partum chez les vaches souffrant de RMF<br />
peut être aussi élevée que 90 % 9 . Le risque qu’une vache souffrant de RMF manifeste une métrite est 6 fois plus<br />
élevé que chez les vaches ne souffrant pas de RMF et est beaucoup plus élevé que tous les autres facteurs de risque<br />
(tableau 1). <strong>La</strong> gémellité est non seulement un facteur de risque indépendant de métrite, mais également la cause<br />
naturelle la plus importante de la RMF chez les bovins 6 . Le taux de gémellité chez les bovins de race Holstein a augmenté<br />
au cours de ces dernières années, principalement en raison de leur sélection pour une production de lait<br />
accrue 10,11 . On pense que chez les vaches très productives, le taux de métabolisme <strong>des</strong> hormones stéroï<strong>des</strong> est accru<br />
en raison du flux sanguin plus élevé vers le rumen et finalement, vers le foie. L’oestradiol sécrété par le follicule dominant<br />
est métabolisé trop rapidement et par conséquent, ne réduit pas suffisamment le taux d’hormone stimulant les<br />
follicules. Les follicules auxiliaires peuvent se développer jusqu’à maturité, entraînant <strong>des</strong> ovulations multiples 11 .<br />
<strong>La</strong> nature inesthétique et malodorante de la RMF associée au risque de métrite oblige souvent les <strong>vétérinaire</strong>s<br />
et les producteurs de bovins à la prévenir ou à la traiter. Un document de recherche publié en 1921 indique que<br />
« la présence d’une grande masse de membranes nécrotiques et en putréfaction » était probablement « une menace<br />
pour la santé et la vie de l’animal », ce qui a pu mener à l’idée que l’extraction manuelle <strong>des</strong> membranes fœtales<br />
peut être bénéfique. Cependant, dans de nombreux cas, elle peut rendre <strong>des</strong> cas bénins plus graves. Il est maintenant<br />
bien accepté que l’extraction manuelle <strong>des</strong> membranes fœtales est contre-indiquée. De nombreuses étu<strong>des</strong> ont<br />
démontré qu’elle a un effet négatif sur la fertilité future, en particulier chez les vaches atteintes de métrite, étant<br />
donné que l’utérus <strong>des</strong> vaches présentant une RMF est friable et sujet aux lésions 13 . Malgré ces informations, on<br />
exerce fréquemment <strong>des</strong> pressions sur les <strong>vétérinaire</strong>s pour qu’ils soulagent les vaches en post-partum mala<strong>des</strong> et<br />
présentant une RMF, ce qui signifie habituellement qu’ils doivent prendre <strong>des</strong> mesures pour extraire les membranes.<br />
<strong>La</strong> rétention <strong>des</strong> membranes fœtales seule a <strong>des</strong> effets légers sur la fertilité future. Des problèmes surviennent<br />
lorsque les cas sont compliqués par la métrite.Tout traitement de la RMF doit être axé sur la prévention de la métrite<br />
www.veterinairesaucanada.net/garon<strong>des</strong>cliniques<br />
WESTERN COLLEGE OF<br />
VETERINARY MEDICINE<br />
Département <strong>des</strong> sciences cliniques<br />
<strong>des</strong> <strong>grands</strong> <strong>animaux</strong><br />
Western College of Veterinary Medicine<br />
Jonathan M. Naylor, D.M.V., diplômé de l’ACVIM<br />
(Rédacteur)<br />
Charles S. Rho<strong>des</strong>, D.M.V., M.Sc. (Doyen)<br />
Lyall Petrie, BVMS, Ph.D. (Chef intérimaire)<br />
Ken Armstrong, D.M.V., professeur émérite<br />
Sue Ashburner, D.M.V.<br />
Jeremy Bailey, B.Sc.V., diplômé de l’ACVS<br />
Spence M. Barber, D.M.V., diplômé de l’ACVS<br />
Albert D. Barth, D.M.V., diplômé de l’ACT<br />
Frank Bristol, D.M.V., DACT, professeur émérite<br />
Ray Butler, D.M.V., professeur émérite<br />
John Campbell, D.M.V., DVSc.<br />
Claire Card, D.M.V., DACT<br />
Terry D. Carruthers, D.M.V., Ph.D.<br />
Bill Cates, D.M.V., professeur émérite<br />
Chris Clark,VetMB, M. Sc.Vet.<br />
Peter B. Fretz, D.M.V., diplômé de l’ACVS,<br />
professeur émérite<br />
Paul Greenough, D.M.V., professeur émérite<br />
Jerry Haigh, D.M.V., diplômé de l’ACZM<br />
Eugene D. Janzen, D.M.V., MVS<br />
Steve Manning, D.M.V., diplômé de l’ACT<br />
Reuben J. Mapletoft, D.M.V., Ph.D.<br />
Kelly MacLellan, D.M.V.<br />
Colin Palmer, D.M.V., diplômé de l’ACT<br />
Andre Palasz, MSc, Ph.D.<br />
Jag Patel, D.M.V., diplômé de l’ACT<br />
O. M. Radostits, D.M.V., diplômé de l’ACVIM<br />
professeur émérite<br />
Fritz J. Schumann, D.M.V., M.Sc.Vet.<br />
Joseph M. Stookey, Ph.D.<br />
Hugh G. G.Townsend, D.M.V., M.Sc.<br />
Cheryl Waldner, D.M.V., Ph.D.<br />
David G.Wilson, D.M.V., Diplômé de l’ACVS<br />
Murray R.Woodbury, D.M.V., M.Sc.<br />
Western College of Veterinary Medicine<br />
Service <strong>des</strong> sciences cliniques<br />
<strong>des</strong> <strong>grands</strong> <strong>animaux</strong><br />
52 Campus Drive<br />
University of Saskatchewan<br />
Saskatoon Saskatchewan S7N 5B4<br />
Le contenu rédactionnel de <strong>La</strong> <strong>médecine</strong> <strong>vétérinaire</strong> <strong>des</strong> <strong>grands</strong><br />
<strong>animaux</strong> – Ron<strong>des</strong> cliniques est déterminé exclusivement par<br />
le Département <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> cliniques <strong>des</strong> <strong>grands</strong> <strong>animaux</strong>,<br />
Western College of Veterinary Medicine.<br />
L’Association canadienne <strong>des</strong><br />
médecins <strong>vétérinaire</strong>s reconnaît<br />
la valeur éducative de cette<br />
publication et offre son soutien<br />
au WCVM pour sa distribution.
Tableau 1 : Facteurs de risque de développer une<br />
métrite du post-partum 9,17 *<br />
Rétention <strong>des</strong> membranes fœtales (6.0)<br />
Dystocie (3.0)<br />
Mortinaissance (3.0)<br />
Gémellité (2.3)<br />
Prolapsus utérin<br />
Parésie post-partum<br />
Saison<br />
Âge<br />
Vêlage ayant lieu dans un environnement sale<br />
Acétonémie<br />
*Probabilité : est fournie lorsqu’elle est disponible, les principaux facteurs de<br />
risque sont en caractères gras.<br />
du post-partum. <strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> tentatives en vue d’accélérer le processus<br />
de détachement sont inutiles, étant donné que les mécanismes<br />
normaux de rupture dans le chorio-épithéliome commencent <strong>des</strong><br />
semaines avant la parturition. Dans les cas de RMF, il faut éviter<br />
d’utiliser <strong>des</strong> antibiotiques intra-utérins, car ils altéreront les processus<br />
de putréfaction nécessaires à la dissolution <strong>des</strong> membranes 7 . Les agents<br />
ecboliques tels que la PGF 2α , le fenprostalène, le cloprosténol, les<br />
dérivés de l’ergot et l’ocytocine ont été inefficaces pour accélérer<br />
l’expulsion du placenta 7,8 . Si la vue et l’odeur du placenta sont un<br />
problème, il n’y a aucun mal à exciser la partie exposée de la vulve.<br />
Bactéries responsables<br />
L’utérus pendant le post-partum est un bon milieu de croissance<br />
bactérienne, car sa température est élevée, il est rempli de liqui<strong>des</strong> et<br />
contient diverses quantités de débris nécrotiques. Une variété de bactéries<br />
provenant de l’utérus de vaches en post-partum a été mise en<br />
culture (tableau 2). Les agents infectieux fréquemment en cause sont<br />
Arcanobacter pyogenes, les coliformes et les organismes anaérobies Gramnégatif,<br />
les espèces Fusobacterium et Bacteroi<strong>des</strong> 2,7 . <strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> autres<br />
bactéries sont généralement transitoires et n’entraînent aucune lésion<br />
inflammatoire ou causent uniquement <strong>des</strong> lésions inflammatoires<br />
mineures qui n’altèrent pas la fertilité ultérieure 6 . Les infections mixtes<br />
par les espèces Fusobacterium et Bacteroi<strong>des</strong> associées à Arcanobacter pyogenes<br />
sont fréquentes 2 .Par le biais <strong>des</strong> leucotoxines, <strong>des</strong> inhibiteurs de<br />
la phagocytose et de divers promoteurs de la croissance, ces agents<br />
infectieux favorisent leur croissance mutuelle. Ces trois agents infectieux<br />
sont probablement la cause principale <strong>des</strong> cas de métrite persistante<br />
et sont associés à une altération de la fertilité. Les coliformes sont<br />
d’origine gastro-intestinale et sont très fréquemment isolés, mais leur<br />
signification réelle est inconnue.Ce sont probablement <strong>des</strong> agents contaminants<br />
accidentels dans les voies génitales pendant le post-partum.<br />
Les coliformes comprennent 36 % d’isolats bactériens provenant de<br />
vaches normales en post-partum et sont plus souvent présents pendant<br />
la période initiale du post-partum. Chez les vaches présentant <strong>des</strong><br />
signes de métrite (p.ex.un abattement et un écoulement utérin fétide),<br />
<strong>des</strong> coliformes ont été isolés dans 29 % <strong>des</strong> cas 5 .<br />
L’espèce Clostridium mérite un commentaire, étant donné<br />
qu’elle a été isolée de l’utérus de presque toutes les vaches en postpartum<br />
dans <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> où l’on a utilisé <strong>des</strong> techniques soigneuses de<br />
mise en culture d’agents anaérobies. D’autres chercheurs ont eu <strong>des</strong><br />
difficultés considérables à isoler cette espèce, ce qui peut être dû à sa<br />
nature strictement anaérobie. Ces bactéries sont associées à une<br />
métrite toxique et gangréneuse qui aboutit généralement à la mort.<br />
Il a été rapporté que certaines exploitations laitières ont de gran<strong>des</strong><br />
difficultés avec l’espèce pathogène Clostridium, nécessitant l’utilisation<br />
de programmes de prévention et de traitement spécifiques 6 .<br />
Involution normale de l’utérus<br />
L’involution de l’utérus nécessite de 25 à 50 jours et comprend<br />
une réduction de la taille de l’utérus, une nécrose, un rétrécissement<br />
Figure 1 : <strong>La</strong> rétention placentaire est le principal<br />
facteur prédisposant au développement de la métrite<br />
<strong>des</strong> caroncules et une réépithélialisation de l’endomètre 14,15 .<strong>La</strong><br />
réduction de la taille de l’utérus commence immédiatement après la<br />
mise bas du veau et est relativement légère durant les 10 premiers<br />
jours comparativement à la réduction entre le 10 e et le 14 e jour du<br />
post-partum 1,7 . Cette réduction initiale est principalement due aux<br />
contractions utérines produites par l’ocytocine survenant toutes les<br />
3 à 4 minutes durant le premier jour et persistant possiblement<br />
jusqu’au troisième jour du post-partum. <strong>La</strong> tétée est associée à la<br />
libération beaucoup plus fréquente d’ocytocine de l’hypophyse que<br />
pendant la lactation et est probablement la raison pour laquelle la<br />
période d’involution est souvent plus courte chez les bovins de<br />
boucherie que chez les vaches laitières 15 . Lors de la palpation transrectale,<br />
l’utérus normal pendant le post-partum devrait présenter <strong>des</strong><br />
plis longitudinaux marqués en raison de sa réduction importante<br />
(figure 2) 1 .<br />
L’involution de l’utérus de la vache n’est pas un processus stérile,<br />
étant donné qu’une grande quantité de lochies sont expulsées pendant<br />
quelques semaines 15,16 . Deux semaines après le vêlage, 85 % à 93 % <strong>des</strong><br />
vaches présentent une infection utérine, mais chez seulement 5 % à<br />
9% l’infection persiste après 45 à 60 jours 14,15 . Les leucocytes phagocytaires<br />
jouent un rôle important dans le nettoyage et la défense de<br />
l’utérus durant le post-partum. Les neutrophiles et les macrophages<br />
sont principalement responsables de la phagocytose <strong>des</strong> bactéries et<br />
<strong>des</strong> débris qui commence habituellement le deuxième jour du postpartum<br />
1,7 . Les contractions du myomètre et les sécrétions <strong>des</strong> glan<strong>des</strong><br />
de l’endomètre contribuent également à l’élimination <strong>des</strong> bactéries<br />
potentiellement nuisibles 7 . Les affections telles que la dystocie, la RMF,<br />
la métrite, l’utilisation d’agents antimicrobiens et la manipulation de<br />
l’utérus peuvent supprimer la fonction <strong>des</strong> leucocytes 1 .<br />
Des travaux limités ont été effectués sur le rôle de l’immunité<br />
humorale dans la défense et le nettoyage de l’utérus pendant le postpartum.<br />
Des anticorps contre Streptococcus hemochyticus et Arcanobacter<br />
Tableau 2 : Bactéries prélevées de l’utérus de vaches<br />
en post-partum et mises en culture 9,17<br />
Escherichia coli Espèce Pasteurella<br />
Arcanobacter pyogenes Haemophilus somnus<br />
Fusobacterium Pseudomonas<br />
necrophorum aeruginosa<br />
Espèce Bacteroi<strong>des</strong> Espèce Clostridium<br />
Espèce Staphylococcus Espèce Streptococcus<br />
Manheimia hemolytica 17
Figure 2 : Involution normale de l’utérus avec plis<br />
longitudinaux<br />
pyogenes n’ont pas été identifiés dans le mucus vaginal <strong>des</strong> taures<br />
avant plusieurs semaines après le vêlage, malgré leur présence dans<br />
le sérum. Les taures peuvent ne pas présenter un taux adéquat d’anticorps<br />
contre A. pyogenes, étant donné que cet organisme prélevé de<br />
l’utérus de 30 % de taures comparativement à 6 % de vaches, a été<br />
mis en culture le 10 e jour du post-partum.<br />
Diagnostic<br />
Les lochies normales sont brun-rouge à blanc et n’ont pas une<br />
forte odeur. Les infections utérines sont caractérisées par un écoulement<br />
fétide, aqueux et brun-rouge 1,2 . Les vaches atteintes peuvent<br />
être si malodorantes qu’on peut les détecter dès que l’on entre dans<br />
l’étable. D’autres signes cliniques comprennent l’abattement, la<br />
réduction de l’appétit ou l’anorexie, la déshydratation et une baisse<br />
de la production de lait 1,16 . <strong>La</strong> fièvre est fréquente, les températures<br />
excédant facilement 39,4 o C 1,3 . Certains <strong>animaux</strong>, en particulier les<br />
bovins de boucherie, peuvent présenter un écoulement utérin<br />
typique, mais ne sont pas systématiquement mala<strong>des</strong>. Souvent, la<br />
vache est présentée à <strong>des</strong> fins d’examen pour les raisons suivantes :<br />
• Rétention placentaire<br />
• Manque d’appétit<br />
• Abattement<br />
• Réduction de la production de lait<br />
<strong>La</strong> palpation transrectale révèle un utérus distendu rempli de liqui<strong>des</strong><br />
et atone ou présentant une tonicité modérée 1,2,16 . Les plis longitudinaux<br />
caractéristiques habituellement palpables, sont absents 16 . Les<br />
liqui<strong>des</strong> peuvent être détectés dans la lumière de l’utérus et peuvent<br />
être expulsés en exerçant une pression sur l’utérus. Cependant, il est<br />
recommandé de faire preuve de prudence, car la palpation transrectale<br />
est souvent très subjective et il peut être difficile de différencier un<br />
utérus subissant une involution normale d’une métrite de post-partum,<br />
en particulier pendant les 2 premières semaines après le vêlage 1,16 .<br />
Traitement<br />
<strong>La</strong> métrite du post-partum est habituellement traitée avec <strong>des</strong><br />
antibiotiques ou <strong>des</strong> hormones, seuls ou en association. Les antibiotiques<br />
sont généralement administrés par voie systémique ou sont<br />
perfusés directement dans la lumière utérine. Chez les <strong>animaux</strong><br />
gravement atteints, il faut également utiliser <strong>des</strong> agents antiinflammatoires<br />
et une fluidothérapie intraveineuse.<br />
Il ne faut jamais sous-estimer l’utilité <strong>des</strong> soins de soutien. Dans<br />
une analyse rétrospective de la gestion de 78 cas de métrite du postpartum,<br />
on a noté qu’il suffisait d’administrer un traitement pour<br />
corriger les altérations mettant la vie en danger pendant que l’utérus<br />
guérissait par lui-même pour que la vache se rétablisse 3 . <strong>La</strong> question<br />
de savoir si les bovins ne présentant pas de signes de maladie<br />
systémique doivent être traités est encore controversée. Les résultats<br />
de diverses étu<strong>des</strong> sont contradictoires, probablement en raison de<br />
plusieurs facteurs : les différences dans les critères utilisés pour diagnostiquer<br />
la métrite, le stade du post-partum de l’animal, les variables<br />
<strong>des</strong> résultats mesurées et la voie et la fréquence d’administration <strong>des</strong><br />
divers médicaments utilisés dans chaque étude 17 .L’utilisation prophylactique<br />
d’antibiotiques dans les cas de rétention placentaire peut<br />
être utile, mais il existe peu d’étu<strong>des</strong> contrôlées évaluant leur capacité<br />
à prévenir la métrite, en tenant compte particulier de leur coût<br />
et <strong>des</strong> temps d’attente appropriés.<br />
Perfusions intra-utérines :Divers agents, antiseptiques ou autres ont<br />
été perfusés dans l’utérus dans le but de détruire les bactéries,<br />
d’améliorer les mécanismes de défense de l’utérus ou d’augmenter<br />
la tonicité de l’utérus et le flux sanguin. <strong>La</strong> perfusion de solutions<br />
iodées dans de l’eau ou de l’eau salée est la méthode la plus<br />
fréquente. Quelques étu<strong>des</strong> ont évalué les effets néfastes potentiels de<br />
la perfusion d’iode sur la performance de reproduction future. On a<br />
rapporté qu’une seule perfusion de seulement 50 à 100 mL d’une<br />
solution à 2 % de polyvinylpyrolidone et d’iode (povidone-iode), en<br />
tant que traitement systématique, le 30 e jour du post-partum, a un<br />
effet néfaste sur la fertilité chez <strong>des</strong> vaches atteintes d’endométrite<br />
comparativement à <strong>des</strong> <strong>animaux</strong> non traités 16 . Il y a plusieurs années,<br />
<strong>des</strong> cliniciens au WCVM ont recommandé la perfusion de 1 L d’une<br />
solution de dextrose à 50 % chez <strong>des</strong> vaches en post-partum. Le<br />
dextrose a apparemment entraîné une augmentation de la tonicité de<br />
l’utérus, mais aucune étude importante n’a été publiée. L’augmentation<br />
de la tonicité était probablement due à l’hypertonicité<br />
de la solution et peut être obtenue avec n’importe quelle solution<br />
hypertonique (p. ex. l’eau salée) (D r Frank Bristol, communication<br />
personnelle). On ne sait pas si la perfusion d’un agent en vue d’augmenter<br />
la tonicité de l’utérus a un effet bénéfique sur l’involution de<br />
l’utérus ou si elle est utile pour le traitement de la métrite.<br />
Le traitement idéal devrait éliminer les bactéries néfastes dans<br />
l’utérus sans entraîner de lésions de l’utérus ou altérer ses mécanismes<br />
de défense. Bien qu’il existe plusieurs articles décrivant le bien-fondé<br />
du traitement intra-utérin, plusieurs étu<strong>des</strong> n’ont constaté aucun<br />
avantage. En règle générale, il faut éviter la perfusion intra-utérine<br />
d’antibiotiques en tant que traitement de la métrite du postpartum<br />
17 . Lorsque <strong>des</strong> antibiotiques sont perfusés dans l’utérus, on ne<br />
sait souvent pas si le médicament est distribué dans toutes les couches<br />
de l’utérus. En outre, étant donné que de nombreux agents administrés<br />
dans l’utérus peuvent être absorbés en partie par voie<br />
systémique, <strong>des</strong> préoccupations ont été émises sur le temps approprié<br />
de retrait dans la viande et le lait 7,17 . Les médicaments les plus<br />
courants ne sont pas homologués pour un usage intra-utérin et nombre<br />
d’entre eux sont inefficaces dans l’utérus de la vache en postpartum<br />
17 .Par exemple, les aminoglycosi<strong>des</strong> nécessitent un milieu<br />
aérobie pour être efficaces et non le milieu anaérobie de l’utérus de<br />
la vache en post-partum. Les tissus nécrotiques et les débris purulents<br />
réduisent l’efficacité <strong>des</strong> sulfami<strong>des</strong> et <strong>des</strong> aminoglycosi<strong>des</strong> 7,17 . Les<br />
médicaments de la famille de la pénicilline 7,17 et les céphalosporines<br />
sont généralement peu efficaces lorsqu’ils sont perfusés durant les 30<br />
premiers jours du post-partum, car un certain nombre de microorganismes<br />
produisent <strong>des</strong> enzymes neutralisantes (ß-lactamase). <strong>La</strong><br />
streptomycine 7 et les tétracyclines 7,17 sont très irritantes pour l’utérus<br />
<strong>des</strong> bovins et la plupart <strong>des</strong> préparations ne doivent pas être utilisées<br />
pour un traitement intra-utérin.Tous les agents antibactériens intrautérins<br />
ont un effet négatif sur la fonction <strong>des</strong> leucocytes 7,17 et leur
Tableau 3 : Antibiotiques systémiques, dosages et temps de retrait appropriés pour traiter la métrite du<br />
post-partum<br />
Dose/Voie Intervalle Temps de retrait<br />
Antibiotique d’administration thérapeutique <strong>La</strong>it Viande<br />
Pénicilline G procaïne 21 000 UI/kg IM Une fois par jour 96 h 10 jours<br />
Ceftiofur sodique 1 mg/kg IM/SC Une fois par jour 0 0<br />
administration entraîne un risque de contamination iatrogène<br />
ou d’autres lésions de l’utérus.<br />
Antibiotiques systémiques :L’antibiothérapie systémique offre<br />
de nombreux avantages. Le temps de retrait est généralement<br />
bien établi, le médicament est distribué dans toutes les couches<br />
de l’utérus et l’utilisation d’un antibiotique systémique est<br />
moins néfaste pour le milieu utérin (tableau 3) 17 . <strong>La</strong> pénicilline<br />
est l’antibiotique de choix pour la métrite du post-partum,<br />
étant donné qu’elle pénètre dans toutes les couches de l’utérus.<br />
Elle est peu coûteuse et la plupart <strong>des</strong> bactéries pénétrant dans<br />
l’endomètre et causant une septicémie y sont sensibles 7,17,18 .<strong>La</strong><br />
dose typique est de 21 000 UI/kg de pénicilline G procaïne par<br />
voie IM une fois par jour pendant 3 à 5 jours. Le temps de<br />
retrait dans le lait est d’au moins 96 heures et l’animal ne doit<br />
pas être abattu à <strong>des</strong> fins de consommation jusqu’à 10 jours<br />
après le dernier traitement. Ou bien, on peut administrer du<br />
ceftiofur sodique à raison de 1 mg/kg par voie IM ou SC pendant<br />
3 à 5 jours et il n’y a pas de temps de retrait. Le ceftiofur<br />
sodique se concentre dans les tissus utérins à <strong>des</strong> taux supérieurs<br />
aux concentrations inhibitrices moyennes pour Arcanobacter<br />
pyogenes, Fusobacterium necrophorum et Escherichia coli 17 .L’oxytétracycline<br />
est également fréquemment utilisée pour le traitement<br />
de la métrite du post-partum, en particulier chez les<br />
bovins ne présentant que de légers signes d’atteinte systémique<br />
(p. ex. léger abattement). <strong>La</strong> dose intraveineuse de 11 mg/kg<br />
d’oxytétracycline IV administrée deux fois par jour a permis de<br />
maintenir une concentration tissulaire moyenne de médicament<br />
> 5 µg/g dans la paroi utérine pendant les 4 premières<br />
heures suivant le premier traitement, atteignant un maximum<br />
de 9 heures le 5 e jour du traitement. On a constaté <strong>des</strong> concentrations<br />
légèrement plus élevées et plus persistantes dans les<br />
caroncules et l’endomètre pendant de plus longues pério<strong>des</strong> 19 .<br />
Les concentrations dans la paroi utérine étaient bien au-<strong>des</strong>sous<br />
de celles dans le sang. <strong>La</strong> dose minimale inhibitrice pour<br />
Ananobacter pyogenes dans les isolats de l’utérus est de 20,4<br />
µg/mL 13 . Dans l’ensemble, ces informations indiquent que<br />
l’oxytétracycline parentérale est un traitement inadéquat pour<br />
la métrite du post-partum.<br />
Traitement hormonal : Le traitement hormonal offre une autre<br />
option dans le protocole thérapeutique. L’effet désiré de l’utilisation<br />
d’hormones est d’augmenter les contractions utérotoniques<br />
permettant l’expulsion et/ou de provoquer un état<br />
oestrogénique. Les avantages de l’oestrus sont reconnus, étant<br />
donné que la fonction <strong>des</strong> neutrophiles, la résistance de l’utérus<br />
à l’infection 17 et la contractilité du myomètre 20 sont réduites<br />
sous l’influence de la progestérone.<br />
<strong>La</strong> prostaglandine F 2α (PGF) est produite par les caroncules<br />
durant la période initiale du post-partum. Les taux plasmatiques<br />
d’un métabolite de la PGF atteignent un maximum le 4 e jour<br />
du post-partum et baissent par la suite, <strong>des</strong> taux de base étant<br />
atteints le 14 e au 20 e jour du post-partum 15 . Certains rapports<br />
indiquent que <strong>des</strong> concentrations plus élevées pendant une plus<br />
longue période ont été associées à une involution plus rapide<br />
de l’utérus 1 . <strong>La</strong> PGF et ses divers analogues ont été utilisés généralement<br />
pour le traitement de la métrite du post-partum.<br />
<strong>La</strong> <strong>médecine</strong> <strong>vétérinaire</strong> <strong>des</strong><br />
GRANDS ANIMAUX<br />
Ron<strong>des</strong> cliniques<br />
L’utilisation de la PGF ou de ses analogues durant la période initiale<br />
du post-partum visait principalement l’augmentation de la<br />
tonicité de l’utérus. Cependant, il est peu probable que la PGF<br />
ait un effet, à moins que l’ovaire soit recouvert de tissu lutéal 17,20 .<br />
L’utilisation d’inhibiteurs de la cyclo-oxygénase (p. ex. la flunixine<br />
méglumine) réduira la production de PGF, mais le taux de<br />
réduction de la taille de la corne utérine et du col utérin n’est<br />
pas affecté par une baisse aussi élevée que 80 % de la production<br />
de PGF endogène 20 . De nombreuses étu<strong>des</strong> soulignant les avantages<br />
du traitement par la PGF dans les cas de RMF et de<br />
métrite ont été réfutées. Les doses intramusculaires (IM) de PGF<br />
aussi élevées que 50 mg n’ont pas eu d’effet apparent sur<br />
la tonicité utérine. Les doses intraveineuses (IV) (15 mg de<br />
Dinoprost) ont été beaucoup plus efficaces, mais seulement<br />
jusqu’au 4 e jour du post-partum 20 . Cette situation peut être due<br />
au fait que les injections IM sont absorbées plus lentement et<br />
lorsque la PGF est absorbée, elle est métabolisée en un seul passage<br />
par les poumons. Un analogue de la PGF que l’on peut<br />
obtenir facilement, le cloprosténol (250 µg) administré par voie<br />
IV est très faiblement utérotonique. Un autre analogue, le fenprostalène<br />
(il n’est plus commercialisé) a une très longue demivie<br />
de 18 à 23 heures. Des doses de fenprostalène aussi élevées<br />
que 2 mg par voie SC n’ont pas affecté significativement la<br />
tonicité ou la contractilité de l’utérus lorsqu’elles ont été administrées<br />
de façon répétée à <strong>des</strong> vaches 12 à 84 heures après le<br />
vêlage. On a obtenu <strong>des</strong> résultats similaires avec les injections IV.<br />
On ne connaît pas vraiment le rôle <strong>des</strong> taux élevés de PGF chez<br />
la vache en post-partum. L’ocytocine et la PGF interviennent<br />
dans une boucle de réactions complexes chez la vache pendant<br />
la période périnatale, chaque réaction entraînant une augmentation<br />
de l’autre. L’administration de flunixine méglumine<br />
atténuera les effets de l’ocytocine exogène par son effet sur la<br />
synthèse de la prostaglandine, mais apparemment elle n’a aucun<br />
effet sur l’involution. Les avantages de la prostaglandine chez la<br />
vache en post-partum peuvent être liés à son rôle dans le processus<br />
inflammatoire, mais cette hypothèse n’a pas encore été<br />
validée 20 .<br />
Les oestrogènes, en particulier le cypionate d’oestradiol<br />
(CPO), ont été utilisés pour stimuler la formation <strong>des</strong> récepteurs<br />
de l’ocytocine dans l’utérus de la vache en post-partum. <strong>La</strong><br />
plupart <strong>des</strong> données appuyant ce concept ont été extrapolées<br />
à partir de données sur d’autres espèces et de vaches ayant un<br />
cycle oestral normal. On a démontré que l’oestradiol accélère<br />
le processus d’expression du récepteur de l’ocytocine chez les<br />
vaches ayant un cycle oestral normal, mais n’est pas essentiel<br />
pour le procédé. En outre, l’utilisation de 5 mg de CPO par<br />
voie IM 18 heures après le vêlage influe négativement sur la<br />
fréquence et la durée de la contractilité de l’utérus pendant au<br />
moins 5 jours. Lorsque l’on a administré 25 unités d’ocytocine<br />
IV 6 heures après l’injection de CPO, on a noté une légère<br />
réduction de la contractilité qui était plus faible que lorsque les<br />
20 unités d’ocytocine ont été utilisées seules. En outre, l’administration<br />
quotidienne répétée d’ocytocine suivie d’une seule<br />
injection de CPO n’a pas eu d’effets bénéfiques visibles.<br />
De nombreuses étu<strong>des</strong> ont démontré que sous l’influence de
l’œstrogène, les contractions utérines sont principalement<br />
cervico-tubaires. Ce phénomène vise probablement à faciliter le<br />
mouvement <strong>des</strong> spermatozoï<strong>des</strong>,mais on a suggéré que ce mouvement<br />
était la raison de l’incidence élevée de la salpingite dans<br />
une étude où les vaches atteintes de métrite étaient traitées avec<br />
10 mg de CPO par voie IM 20 .L’incidence accrue de la maladie<br />
kystique de l’ovaire a été également associée à l’utilisation de<br />
CPO 17 . Dans une étude récente, 33 vaches présentant une<br />
rétention du placenta ont été traitées avec 4 mg de CPO par<br />
voie IM 24 heures après le vêlage. Les vaches traitées avec le<br />
CPO étaient tout aussi susceptibles de développer une métrite,<br />
mais elles étaient 0,40 fois aussi susceptibles de concevoir et le<br />
temps médian jusqu’à la conception était de 192 jours comparativement<br />
à 124 jours pour les témoins non traités 4 . On a constaté<br />
un effet négatif similaire sur le nombre de jours jusqu’à la<br />
gestation dans une étude sur 122 vaches normales traitées avec<br />
4 mg de CPO par voie IM 24 heures après le vêlage 23 . Les effets<br />
négatifs du CPO sur la performance de reproduction l’emportent<br />
probablement sur ses effets bénéfiques.<br />
L’ocytocine est très peu coûteuse, mais on pense qu’elle<br />
est relativement inutile pour le nettoyage de l’utérus chez les<br />
vaches en post-partum. On suppose depuis longtemps qu’il y a<br />
une diminution <strong>des</strong> récepteurs de l’ocytocine dans le myomètre<br />
après la parturition et que l’ocytocine ne serait pas efficace 48<br />
heures après le vêlage. Un autre problème associé à l’ocytocine<br />
est sa courte durée d’action. Lorsqu’on a administré 25 UI d’ocytocine<br />
IV à <strong>des</strong> vaches 1 à 4 jours après le vêlage, l’augmentation<br />
de la contractilité de l’utérus n’a duré que 2 heures et ce<br />
temps a baissé à 1,5 heure le 5 e jour 20 . Il est probable qu’une<br />
perfusion intraveineuse lente continue (100 UI d’ocytocine<br />
dans une solution saline pendant 6 heures) aurait été plus appropriée,<br />
mais ce régime est rarement pratique chez la plupart <strong>des</strong><br />
<strong>grands</strong> <strong>animaux</strong> 22 . De nombreux <strong>vétérinaire</strong>s ont utili-sé l’ocytocine<br />
après une dystocie ou après une césarienne pour traiter<br />
l’atonie utérine, faciliter l’expulsion du placenta et prévenir le<br />
prolapsus utérin. <strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> préparations contiennent 20 UI<br />
(USP) par mL et le dosage indiqué sur l’étiquette pour les<br />
manipulations obstétriques chez les bovins est généralement de<br />
50 à 100 UI par voie IV, IM ou SC.Avec l’ocytocine, les <strong>vétérinaire</strong>s<br />
adhèrent souvent à la philosophie selon laquelle une dose<br />
plus élevée est plus efficace et administrent <strong>des</strong> doses allant<br />
jusqu’à 200 UI. Jusqu’à présent, peu de travaux ont été effectués<br />
pour déterminer la dose la plus appropriée. Cependant,<br />
dans une étude évaluant l’ocytocine en tant que traitement de<br />
la RMF, <strong>des</strong> doses aussi faibles que 60 UI ont entraîné un<br />
spasme utérin non rythmique 20 . <strong>La</strong> contractilité de cette nature<br />
n’est pas utile pour l’expulsion du contenu utérin et est due<br />
possiblement à une surdose. Durant les 6 premiers jours du<br />
post-partum, <strong>des</strong> doses IV de 2 à 40 UI ont été utili-sées et elles<br />
ont toutes entraîné une augmentation de la contractilité du<br />
myomètre. L’augmentation de la dose a entraîné une augmentation<br />
de la fréquence <strong>des</strong> contractions, mais la dose de 40 UI<br />
a causé généralement un spasme utérin initial qui a duré de 6<br />
à 10 minutes, en particulier lorsqu’elle était administré durant<br />
les trois premiers jours. Le 10 e jour du post-partum, seule la<br />
dose de 40 UI a produit une réponse détectable. <strong>La</strong> fréquence<br />
accrue <strong>des</strong> contractions était similaire à celle d’une vache au<br />
stade II initial de la parturition. De l’ocytocine IV était administrée<br />
dans la plupart de ces étu<strong>des</strong>. Des réponses similaires ont<br />
été enregistrées après l’administration IM ou SC de 20 à 40 UI.<br />
On a suggéré le plan thérapeutique consistant en l’administration<br />
de 20 UI par voie IM toutes les 3 heures ou de façon plus<br />
pratique, 3 fois entre les traites pendant les 2 à 3 premiers jours<br />
du post-partum. <strong>La</strong> dose pouvait être augmentée à 30 UI le<br />
<strong>La</strong> <strong>médecine</strong> <strong>vétérinaire</strong> <strong>des</strong><br />
GRANDS ANIMAUX<br />
Ron<strong>des</strong> cliniques<br />
4 e jour du post-partum et administrée aussi fréquemment que<br />
toutes les 2 heures. L’ocytocine est sans doute le traitement<br />
hormonal le plus physiologique pour la métrite du postpartum.<br />
Cependant, on devrait effectuer une évaluation scientifique<br />
critique pour déterminer son efficacité 20 . Un groupe de<br />
chercheurs au WCVM commence à évaluer ce traitement et<br />
ses travaux sont décrits dans la prochaine section. Une autre<br />
possibilité est l’utilisation d’une préparation à longue durée<br />
d’action qui produit <strong>des</strong> contractions utérines soutenues et est<br />
commercialisée dans certains pays 22 .<br />
Étude de cas : recherches en cours<br />
Expérience :Évaluation d’injections multiples d’ocytocine associées<br />
à un traitement par la pénicilline IM pour la prévention de<br />
la métrite du post-partum chez <strong>des</strong> vaches présentant une RMF.<br />
Renseignements généraux : <strong>La</strong> population de l’étude est composée<br />
d’environ 50 vaches en lactation avec une moyenne<br />
mobile de troupeau pour la production de lait de plus de<br />
12 000 kg (10 500 kg en 2000). En 2000, 2001 et 2002, le taux<br />
de gémellité était de 4 %, 3 % et 11,6 %, respectivement, et<br />
jusqu’à présent en 2003, il est de 10,7 %. Pratiquement toutes<br />
les vaches dans ce troupeau présentant une RMF ont développé<br />
une métrite et une maladie grave systémique. Pour résoudre<br />
ce problème, un protocole a été conçu en vue d’évaluer l’efficacité<br />
d’injections multiples d’ocytocine, afin de prévenir ou du<br />
moins d’améliorer la maladie systémique associée à la métrite.<br />
Le personnel de l’exploitation était d’avis que <strong>des</strong> mesures<br />
devaient être prises pour toutes les vaches, et elles ont donc<br />
toutes été assignées à un traitement, mais seulement certaines<br />
ont reçu l’ocytocine. Un protocole raisonnable incorporant la<br />
pénicilline et l’ocytocine a été élaboré.<br />
Protocole : On considère qu’une vache présente une RMF en<br />
cas de non-expulsion 24 heures après le vêlage. Deux <strong>des</strong> 3<br />
vaches présentant une RMF ont reçu de l’ocytocine et de la<br />
pénicilline pendant 5 jours. L’une <strong>des</strong> trois n’a reçu que de la<br />
pénicilline G procaïne pendant 5 jours. Dès la première lactation<br />
du matin après l’établissement du diagnostic de RMF<br />
jusqu’au 4 e jour du post-partum, les vaches ont reçu 20 UI<br />
d’ocytocine IM après la lactation du matin (5 h), à 10 h 30,<br />
après la lactation de l’après-midi (15 h 30) et lors de la vérification<br />
du soir (22 h). Le 5 e jour, la dose d’ocytocine a été augmentée<br />
à 40 UI. <strong>La</strong> pénicilline G procaïne (300 000 UI/mL)<br />
est administrée à une dose de 7 mL/100 kg IM dans au moins<br />
2 établissements lors de la lactation du matin.<br />
Paramètres mesurés : Morbidité, nombre de jours jusqu’à la<br />
1 re insémination, nombre d’accouplements, nombre de jours où<br />
la vache est non gestante.<br />
Résultats : Seulement 5 vaches ont été traitées avec la pénicilline<br />
et l’ocytocine jusqu’à présent. Cependant, aucune n’est<br />
devenue systématiquement malade durant le post-partum.<br />
L’une <strong>des</strong> 5 vaches a été vendue pour d’autres raisons. Parmi les<br />
4 vaches restantes, 1 est devenue gravide à la 1 re insémination et<br />
a produit du lait pendant 77 jours, la deuxième pendant<br />
75 jours, mais a avorté ultérieurement de veaux jumeaux ; la<br />
troisième a produit du lait pendant 154 jours et est encore vide,<br />
et la 4 e n’est pas encore prête à être accouplée. Il est trop tôt<br />
pour déterminer si ce traitement est systématiquement plus<br />
efficace que le traitement témoin. Une vache, traitée avec de la<br />
pénicilline seulement, n’a pas été malade après le vêlage et est<br />
devenue gravide et a produit du lait pendant 101 jours.<br />
Résumé<br />
<strong>La</strong> métrite du post-partum est une maladie ayant un impact<br />
important sur le plan économique, survenant au cours <strong>des</strong> deux
premières semaines après le vêlage. Les <strong>animaux</strong> atteints présentent un<br />
écoulement utérin fétide, brun-rouge et un abattement, une réduction<br />
de l’appétit, une déshydratation et une baisse de la production de<br />
lait à <strong>des</strong> degrés divers. <strong>La</strong> RMF est le facteur prédisposant à la métrite<br />
le plus significatif ; les membranes fœtales fournissent un excellent<br />
substrat pour la croissance bactérienne. Arconobacter pyogenes et les<br />
agents anaérobies Gram-négatif, les espèces Fusobacterium et<br />
Bacteroi<strong>des</strong>, sont les agents pathogènes responsables les plus importants.<br />
Le traitement est généralement fondé sur <strong>des</strong> antibiotiques seuls ou en<br />
association avec une hormonothérapie. On doit également utiliser<br />
une fluidothérapie IV et <strong>des</strong> agents anti-inflammatoires pour les <strong>animaux</strong><br />
atteints d’une grave maladie systémique. L’utilisation d’antibiotiques<br />
doit être limitée à la pénicilline ou au ceftiofur systémique<br />
et l’on doit respecter un temps de retrait approprié. L’ocytocine est<br />
probablement le traitement hormonal le plus approprié, mais son utilisation<br />
comme aide thérapeutique pour la métrite du post-partum<br />
doit faire l’objet d’une évaluation scientifique.<br />
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Cette publication est rendue possible grâce à une subvention à l’éducation de<br />
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SNELL<br />
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Réunions scientifiques à venir<br />
1 au 2 novembre 2003 (11 à 12 heures de l’EC)<br />
2003 Atlantic Veterinary College Fall Conference<br />
Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard<br />
Animal Welfare, Companion Animal, Food Animal and<br />
Equine topics<br />
Renseignements : S. Stensch, Atlantic Veterinary College<br />
Tél. : (902)566-0780<br />
Courriel : sstensch@upei.ca<br />
Site Web : www.upei.ca/-avc/conted.html<br />
2 au 4 novembre 2003<br />
From the Farm Gate to the Dinner Plate –<br />
Conference on Food Safety Issues and Scientific info about<br />
advances in agricultural technologies and products<br />
Westin Hotel, Edmonton, Alberta<br />
Renseignements : Agricultural Institute of Canada<br />
Foundation<br />
Tél. : (800)-868-8776 ou (613) 732-7068<br />
Fax : (613) 732-3386<br />
Courriel : profedge@renc.igs.net<br />
21-25 novembre 2003<br />
49 th Annual Convention<br />
American Association of Equine Practitioners<br />
Nouvelle-Orléans, Louisiane<br />
Renseignements : AAEP<br />
Tél. : (859) 233-0147<br />
or toll-free (800)-443-0177<br />
Site Web : www.aaep.org<br />
9 au 12 juillet 2004<br />
23 rd World Buiatrics Congress<br />
Montréal, Québec<br />
Renseignements: www.wbc2004.ca<br />
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