02.07.2013 Views

ou sur l'image ci-dessous pour le télécharger. (2.6 Mo) - SACD

ou sur l'image ci-dessous pour le télécharger. (2.6 Mo) - SACD

ou sur l'image ci-dessous pour le télécharger. (2.6 Mo) - SACD

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

14<br />

Le sens de L’HU<strong>Mo</strong>Ur<br />

nICoLAS bEDoS<br />

« J’ai bien du mal à me considérer autrement<br />

que comme un auteur »<br />

SCÉNARISTE DE TÉLÉVISIoN, AuTEuR DE TRoIS PIèCES DE THÉâTRE, CHRoNIquEuR DANS<br />

L’HEBDoMADAIRE MARIANNE, ACTEuR, NICoLAS BEDoS SE DÉMuLTIPLIE. ENTRETIEN AVEC<br />

uN JEuNE HoMME PRESSÉ.<br />

v<strong>ou</strong>s êtes en promotion de votre recueil de chroniques télévisées<br />

rassemblées s<strong>ou</strong>s <strong>le</strong> titre J<strong>ou</strong>rnal d’un mythomane (éd. robert<br />

Laffont). p<strong>ou</strong>rquoi avoir choisi de <strong>le</strong>s publier ?<br />

P<strong>ou</strong>r percevoir un d<strong>ou</strong>b<strong>le</strong> salaire (rires) . <strong>Mo</strong>n ami david Foenkinos<br />

et Florian zel<strong>le</strong>r m’ont enc<strong>ou</strong>ragé à publier . Lorsque j’écrivais ces<br />

textes qui forment une chronique de la vie parisienne, j’étais porté<br />

par une ambition littéraire, un orgueil déme<strong>sur</strong>é par rapport aux<br />

gens qui s’adonnent à cet exer<strong>ci</strong>ce qu’est la télévision . Lorsque<br />

j’ai commencé à y travail<strong>le</strong>r, la seu<strong>le</strong> chose dont j’étais à peu près<br />

sûr - et encore - était ma plume . encore auj<strong>ou</strong>rd’hui, j’ai bien du mal<br />

à me considérer autrement que comme un auteur . il m’est arrivé de<br />

préférer une bel<strong>le</strong> formu<strong>le</strong>, une jolie assonance à la production d’un<br />

rire . La productrice de l’émission m’en faisait <strong>le</strong> reproche lorsque<br />

j’employais une épithète qui compliquait une vanne . Le rire supporte<br />

en général diffi<strong>ci</strong><strong>le</strong>ment la recherche stylistique . Les thèmes que<br />

j’ai abordés, <strong>le</strong> fait de mettre en scène nicolas sarkozy <strong>ou</strong> ed<strong>ou</strong>ard<br />

Baer, ont volé la vedette à ce travail <strong>sur</strong> la forme . a l’antenne, j’ai<br />

éga<strong>le</strong>ment veillé à l’articulation et à la ponctuation . Je n’ai jamais<br />

prétendu copier <strong>le</strong> langage parlé .<br />

Quel sty<strong>le</strong> d’écriture v<strong>ou</strong>s fait vibrer ?<br />

J’adore quand ça tape, quand ça sonne, quand c’est sexy . J’écris<br />

p<strong>ou</strong>r essayer de me faire un peu bander, que <strong>le</strong>s mots traversent<br />

mon nombril p<strong>ou</strong>r atteindre <strong>le</strong>s autres . Je préfère qu’on me tr<strong>ou</strong>ve<br />

des parentés avec certains slameurs qu’avec des comiques . est-ce<br />

que, mises b<strong>ou</strong>t à b<strong>ou</strong>t, ces chroniques ne donnent pas <strong>le</strong> sentiment<br />

d’une inflation ironique ? Je me pose parfois la question . aux<br />

chroniques que j’ai interprétées dans « semaine critique ! », j’ai<br />

aj<strong>ou</strong>té des textes très confidentiels que j’ai interprétés <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s ondes<br />

de Ouï FM et des n<strong>ou</strong>vel<strong>le</strong>s parues dans L’Offi<strong>ci</strong>el .<br />

Comment avez-v<strong>ou</strong>s pris <strong>le</strong> fait de faire rire ?<br />

On me juge <strong>sur</strong> <strong>le</strong> rire . nicolas Bedos fait-il rire <strong>ou</strong> non ? Or, je<br />

viens d’un théâtre assez obscur . Le fait que des jeunes m’ont arrêté<br />

dans la rue p<strong>ou</strong>r me dire que j’étais <strong>le</strong>ur comique préféré, m’a un<br />

peu déstabilisé, à défaut de me vexer . au début, cela m’a fait peur,<br />

eu égard à mon père dont c’est <strong>le</strong> métier depuis quarante ans .<br />

Lui piquer son job ne m’a jamais traversé l’esprit . si je rappel<strong>le</strong><br />

s<strong>ou</strong>vent la dimension littéraire de mon travail, c’est que je pense à<br />

l’avenir . Mes projets - un roman, une pièce de théâtre, un scénario<br />

de <strong>ci</strong>néma que je réaliserai - s’inscrivent dans des registres moins<br />

rigolos . Je prépare <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs au fait que je ne suis pas marrant .<br />

v<strong>ou</strong>s dites venir d’un théâtre obscur. Lequel ?<br />

du théâtre et d’une littérature très chiante, exigeante : Léautaud,<br />

steinbeck, Fitzgerald, <strong>le</strong>s grands psychanalystes, Cocteau, <strong>le</strong>s<br />

pièces de Pinter .<br />

Avec ce type de grands modè<strong>le</strong>s, quand s’autorise-t-on à prendre<br />

la plume ?<br />

ça peut être très inhibant . Mes amis me répètent : « arrête<br />

d’être modeste ! » J’ai la réputation d’être prétentieux car je<br />

j<strong>ou</strong>e un personnage ramenard à la télévision . au contraire, il<br />

y avait beauc<strong>ou</strong>p de modestie dans <strong>le</strong> numéro que je faisais<br />

<strong>sur</strong> France 2 . il s’agissait p<strong>ou</strong>r moi de ne pas ennuyer <strong>le</strong>s gens<br />

et d’aborder un sty<strong>le</strong> plus léger que celui que j’ai tendance à<br />

admirer chez mes camarades de bibliothèque . Même si j’affectionne<br />

aussi des auteurs fantaisistes comme Blondin, Vialatte,<br />

desproges <strong>ou</strong> Char<strong>le</strong>s Cros . J’épr<strong>ou</strong>ve énormément de tr<strong>ou</strong>il<strong>le</strong><br />

par rapport à la littérature . il faudra que tôt <strong>ou</strong> tard j’assume<br />

<strong>le</strong> fait d’avoir envie d’en faire . dans la prose, pas au théâtre,<br />

je peine à me départir d’une pudeur déconnante . Les écrits de<br />

Léautaud et de Blondin trahissent aussi une grande pudeur .<br />

ils déguisent <strong>le</strong>ur intimité derrière un cynisme de défense .<br />

Lorsque j’écris des n<strong>ou</strong>vel<strong>le</strong>s, des personnes estimab<strong>le</strong>s me<br />

demandent p<strong>ou</strong>rquoi je tiens tant à me cacher derrière george<br />

Clooney <strong>ou</strong> angelina Jolie . J’ai peur d’emmerder <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur, de<br />

ne pas être légitime . raison p<strong>ou</strong>r laquel<strong>le</strong> j’écris avec sérieux<br />

des choses frivo<strong>le</strong>s .<br />

Dans quel genre romanesque comptez-v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s inscrire ?<br />

a mi-chemin entre une littérature grave et ce que j’ai fait jusqu’à<br />

présent . Je vais tâcher d’évoquer des choses très diffi<strong>ci</strong><strong>le</strong>s en<br />

faisant s<strong>ou</strong>rire . Quelques livres de Patrick Besson, bien tr<strong>ou</strong>ssés,<br />

se baladent aussi entre deux genres .<br />

votre expérience de scénariste et d’auteur dramatique v<strong>ou</strong>s<br />

aide-t-el<strong>le</strong> à construire vos personnages, <strong>le</strong>s faire par<strong>le</strong>r ?<br />

V<strong>ou</strong>s savez, j’écris avec honnêteté . Je déteste la fabrication . Comme<br />

je suis paresseux, je n’arrive à écrire que s’il y a un enjeu quelconque<br />

. dans J<strong>ou</strong>rnal d’un mythomane qui est considéré comme<br />

une gymnastique drolatique, j’ai introduit des choses personnel<strong>le</strong>s,<br />

parlé de ma vie privée . Je me suis moqué énormément de moi, j’ai<br />

réglé des comptes . J’ai besoin de vivre complètement ce que j’écris<br />

sinon je suis un u<strong>sur</strong>pateur .

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!