Voitures mythiques pour un rallye historique - L'Hebdo du Vendredi
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12<br />
S<br />
x<br />
ociété<br />
Epernay - Bernon<br />
Ne pas laisser <strong>un</strong> quartier partir à la dérive<br />
Le dernier conseil de<br />
quartier de Bernon, à<br />
Epernay, la semaine<br />
dernière, ne s'était jamais<br />
déroulé devant <strong>un</strong>e aussi<br />
grand affluence.<br />
Le meurtre de Zaccharia,<br />
le 23 décembre, est encore<br />
dans tous les esprits.<br />
Le sentiment d'insécurité,<br />
qui ne se mesure pas dans<br />
les chiffres, mais dans les<br />
têtes, a grimpé d'<strong>un</strong> coup.<br />
Alors même que les<br />
chiffres officiels de<br />
la délinquance montrent<br />
<strong>un</strong>e baisse notable.<br />
xMercredi 16 janvier, le trib<strong>un</strong>al de<br />
Châlons a envoyé sous les verrous<br />
neuf des dix prévenus d'<strong>un</strong>e affaire de<br />
trafic de stupéfiants (lire ci-contre).<br />
Pour <strong>un</strong> quartier qui compte moins de<br />
3 000 habitants, c'est conséquent.<br />
« On a souvent présenté Vitry comme<br />
Délinquance<br />
la plus ville la difficile <strong>du</strong> ressort <strong>du</strong><br />
trib<strong>un</strong>al de Châlons, explique<br />
Christian de Rocquigny, le procureur<br />
de la République de Châlons.<br />
Aujourd'hui c'est Epernay. Et c'est en<br />
particulier le quartier Bernon. Le<br />
procès de la semaine dernière l'a<br />
démontré. Une grosse affaire de<br />
stupéfiants, dix prévenus, des armes,<br />
etc. » Dans ce dossier, la fermeté a<br />
succédé à la rapidité avec laquelle<br />
l'instruction a été menée. « L'information<br />
judiciaire a été ouverte fin<br />
janvier 2012, les interpellations ont<br />
eu lieu en avril, et mi-janvier, la<br />
réponse pénale a été donnée. Moins<br />
d'<strong>un</strong> an, c'est peu, <strong>pour</strong>suit le procureur.<br />
Lors des interpellations, <strong>un</strong><br />
dispositif policier très fourni avait été<br />
mis en place, aussi <strong>pour</strong> montrer que<br />
la force appartient à<br />
l'Etat. »<br />
Le drame de 2010,<br />
avec <strong>un</strong> policier<br />
blessé, a remis le<br />
quartier sous les feux nationaux des<br />
projecteurs. A peine les lumières<br />
étaient éteintes, que le 23 décembre<br />
dernier, Epernay faisait de nouveau<br />
l'ouverture des journaux nationaux<br />
La Marne cambriolée<br />
Les différents services concernés (préfecture,<br />
parquets de Reims et Châlons,<br />
police, gendarmerie) ont présenté les<br />
chiffres de la délinquance dans la<br />
Marne en 2012. Il en ressort <strong>un</strong>e<br />
hausse sérieuse des cambriolages et<br />
des atteintes aux personnes.<br />
x« Les résultats ne sont pas globalement mauvais,<br />
ils sont même plutôt en baisse, sauf <strong>pour</strong> les<br />
cambriolages et les atteintes aux personnes. Ils<br />
sont en hausse dans la Marne, alors qu'ils baissent<br />
au niveau national. » Ainsi Michel Guillot, préfet<br />
de la Marne, a-t-il intro<strong>du</strong>it la présentation des<br />
chiffres 2012 de la délinquance.<br />
Les chiffres indiquent <strong>un</strong>e légère hausse des<br />
atteintes aux biens de 1,89% entre 2011 et 2012,<br />
elle est forte en zone gendarmerie (+19,14%) tandis<br />
qu'elle affiche <strong>un</strong>e baisse sensible (-4,53%) en<br />
zone police. Comprenez, en gros : les villages sont<br />
davantage cambriolés que les villes. Le plus surprenant,<br />
c'est qu'habituellement, les chiffres marnais<br />
sont équivalents aux chiffres nationaux. Et ce<br />
n'est pas le cas <strong>pour</strong> les atteintes aux biens, qui augmentent<br />
en France de 4%. « Les résidences principales<br />
et secondaires, mais aussi les locaux profes-<br />
xSécurité routière : six morts de moins<br />
Le bilan 2012 de l'accidentologie départementale<br />
est positif par rapport à 2011 : 285<br />
accidents (contre 324 en 2011), 46 tués (40),<br />
403 blessés (433) et 233 hospitalisés (253).<br />
La vitesse excessive, le non-port des<br />
équipements obligatoires de sécurité (ceinture),<br />
le déport sur la gauche, le refus de<br />
priorité et les facteurs distrayant (téléphone<br />
portable notamment) sont les facteurs qui ont<br />
pu être identifiés.<br />
après le meurtre de Zaccharia, qui<br />
<strong>pour</strong>rait être <strong>un</strong> règlement de compte<br />
lié aux stupéfiants. Zaccharia, et son<br />
tueur présumé, deux je<strong>un</strong>es <strong>du</strong> quartier,<br />
ont été suivis à <strong>un</strong> moment donné<br />
par les é<strong>du</strong>cateurs de rue <strong>du</strong> quartier.<br />
« Les travailleurs sociaux ont très<br />
mal vécu ce drame. Ils suivaient la<br />
victime et l'auteur », raconte Franck<br />
Leroy, le maire d'Epernay. « Depuis<br />
trois ans, Zaccharia était livré à luimême<br />
», entend-on. « Au cours de<br />
l'année 2012, on a pu observé <strong>un</strong>e<br />
baisse des actes délinquants, continue<br />
le procureur. On a gagné <strong>du</strong> terrain,<br />
mais ça suppose de maintenir<br />
<strong>un</strong>e pression. Il y a eu ce drame <strong>du</strong> 23<br />
décembre, alors que les habitants <strong>du</strong><br />
quartier disaient avoir l'impression<br />
que ça allait mieux. » Mais dans<br />
<strong>un</strong> quartier « à<br />
Pas assez<br />
de policiers<br />
sionnels et commerciaux sont concernés, explique<br />
le colonel Vidal, commandant <strong>du</strong> groupement de<br />
gendarmerie départementale. Ça a monté tout au<br />
long de l'année. Ils sont le fait de délinquants<br />
locaux habituels, et aussi d'<strong>un</strong>e délinquance<br />
itinérante régionale et de plus loin, notamment<br />
d'Ile-de-France. » « Et c'est substantiel, précise le<br />
préfet, il s'agit de raids organisés. » Pas non plus<br />
<strong>un</strong> fait <strong>du</strong> hasard, les territoires les plus proches de<br />
la région parisienne sont aussi les plus riches (vignoble)<br />
et sont les plus touchés par ces<br />
phénomènes. Côté filière champagne proprement<br />
dit, si moins de faits ont été constatés, davantage de<br />
bouteilles ont été dérobées.<br />
Les autres chiffres significatifs sont relatifs aux<br />
escroqueries et infractions économiques et financières,<br />
en baisse de 20,29%. La fraude sur internet<br />
est ici évoquée en particulier. « On est assez contemplatif<br />
de voir que ça baisse, mais on n'a pas<br />
vraiment d'explications, indique Fabrice<br />
Belargent, procureur de la République de Reims.<br />
Les atteintes proviennent souvent de l'étranger. La<br />
comm<strong>un</strong>ication a dû aussi payer. »<br />
Les infractions révélées par les services ont progressé,<br />
et en particulier dans les trafics de stupéfiants<br />
(+44,59% en zone police).<br />
la réputation pas<br />
usurpée, où l'on<br />
assiste parfois à<br />
des faits <strong>du</strong>r », la<br />
mèche se rallume vite. Et de nouveau<br />
l'on raconte « des violences <strong>un</strong>iques<br />
dans le département », « des combats<br />
d'animaux », et le qualificatif de<br />
« plaque tournante de la drogue dans<br />
Saladin Telaidj<br />
xLe Corat est signé<br />
En 2011, le ministère de l'Intérieur a demandé<br />
aux préfets de renforcer la coopération inter-services.<br />
Cette coordination opérationnelle entre les<br />
services de police et de gendarmerie dans les<br />
agglomérations et les territoires (Corat) a été<br />
signée mardi 22 janvier. « On signe ce qui se fait<br />
déjà, c'est <strong>un</strong>e pratique comm<strong>un</strong>e, mais autant<br />
la formaliser », indique le préfet. En clair, quand,<br />
dans <strong>un</strong>e situation particulière, les effectifs de<br />
police ou de gendarmerie sont justes, on fait<br />
appel à l'autre service en renfort.<br />
A<br />
Le quartier le plus sensible <strong>du</strong> ressort <strong>du</strong> trib<strong>un</strong>al de Châlons-en-<br />
Champagne. © l'Hebdo <strong>du</strong> <strong>Vendredi</strong><br />
la Marne ». À Bernon, la délinquance<br />
est celle d'<strong>un</strong>e cité de banlieue parisienne.<br />
Mais Epernay n'a ni les atours,<br />
ni la taille d'<strong>un</strong>e ville de ce type.<br />
« On ne peut pas laisser ce quartier<br />
dériver, continue le maire. Ce qui<br />
nous échappe, c'est la délinquance.<br />
C'est l'Etat qu'il faut interpeller dans<br />
son rôle dans les quartiers. Ça<br />
manque de présence policière. Le<br />
commissaire fait ce qu'il peut, avec<br />
les effectifs qu'il a. Avant le drame <strong>du</strong><br />
23 décembre, la délinquance était en<br />
u Trib<strong>un</strong>al correctionnel<br />
xErsane Linpu<br />
reims.lhebdo<strong>du</strong>vendredi.com<br />
N°289 <strong>du</strong> 25 au 31 janvier 2013<br />
baisse de 25% sur le quartier. »<br />
Christian de Rocquigny reconnaît<br />
que « c'est ten<strong>du</strong>. Mais on ne se<br />
dirige pas vers <strong>un</strong> classement en zone<br />
prioritaire, c'est trop petit ».<br />
Pour Franck Leroy, « les habitants<br />
ont <strong>un</strong>e partie de la réponse. Certains<br />
voient des choses, ils doivent en parler.<br />
Les trafiquants savent, qu'en plus<br />
<strong>du</strong> labyrinthe de Bernon, ils peuvent<br />
compter sur <strong>un</strong>e forme d'omerta dans<br />
le quartier. »<br />
Tony Verbicaro<br />
Ersane Linpu, c'est tout comme Arsène Lupin, les lettres à l'envers et le « talent » en<br />
moins... Si on ne peut toutefois lui ôter l'audace <strong>du</strong> plus célèbre des gentlemen cambrioleurs,<br />
Peku (de son vrai prénom), ressortissant albanais, n'a point de redingote,<br />
ni de veste de costume taillée sur mesure ; plutôt <strong>un</strong> pull de camionneur et <strong>un</strong> vieux<br />
jean troué. Troué à force d'escalader les grillages des résidences qu'il visite, notamment<br />
six demeures cossues d'<strong>un</strong>e même rue de la comm<strong>un</strong>e de Gueux. S'il est renvoyé<br />
devant les instances correctionnelles, entre autres <strong>pour</strong> vol par ruse, c'est que le<br />
gaillard est <strong>un</strong> malin. Ses larcins, c'est au soir <strong>du</strong> 31 décembre 2011 qu'il les a commis,<br />
profitant de l'absence des propriétaires des résidences.<br />
Après quelques investigations menées sur place, les enquêteurs découvrent rapidement<br />
des traces de sang, laissées par notre ami. Quelques jours plus tard, les résultats<br />
tombent : le sang correspond à <strong>un</strong> profil déjà fiché dans les registres des<br />
policiers, <strong>un</strong> certain Slobodan. Mais auc<strong>un</strong>e concordance à ce stade qui confondrait<br />
Peku. C'est au moment où le Parquet s'apprête à classer le dossier sans suite qu'on<br />
s'aperçoit que Slobodan et Peku ne sont en fait qu'<strong>un</strong>e seule et même personne. Et<br />
<strong>pour</strong> cause : « J'utilise régulièrement quatre ou cinq identités, pas plus », confie l'indivi<strong>du</strong><br />
à la barre. « Pas plus », <strong>un</strong>e chance... Il est vrai qu'en l'absence d'empreintes<br />
ou d'ADN jusque là, il était très difficile d'identifier notre homme. « On imagine toutes<br />
les infractions qu'il a pu commettre jusqu'à maintenant et en toute imp<strong>un</strong>ité », se<br />
désole le substitut <strong>du</strong> procureur. Maladroitement (et c'est <strong>un</strong> euphémisme), Peku se<br />
met alors à bredouiller qu'au moins : « [il] a toujours utilisé le même nom dans la<br />
région. Et quand je sortais la nuit, c'était toujours avec le même groupe. L'<strong>un</strong> con<strong>du</strong>isait<br />
et l'autre m'accompagnait à l'intérieur des maisons. » Monsieur a ses petites<br />
habitudes, c'est déjà ça... Sans <strong>pour</strong> autant se présenter comme <strong>un</strong>e victime d'<strong>un</strong>e terrible<br />
machination fomentée à son insu par des « gens très très vilains qui veulent juste<br />
me nuire », le voleur reconnaît les faits mais souhaite en retour que l'on reconnaisse<br />
ses efforts : « Oui je suis bien rentré dans ces maisons, mais j'ai pris sur moi <strong>pour</strong> ne<br />
prendre que l'argent et les bijoux. Et en plus, j'ai reven<strong>du</strong> ça à <strong>un</strong> russe qui ne m'en<br />
a pas donné plus de 300 euros. » Pauvre Loulou. Merci d'avoir épargné la télé et la<br />
console de jeux des enfants alors...<br />
Aymeric Henniaux