Revue Le Collège, été 2013 - Collège des médecins du Québec

| À La UNE
consentement éclairé du patient sera
d’autant plus important et les médecins
devront, dès le départ, expliquer aux
patients ce qui sera rapporté.
En obstétrique, on assiste à une révolution
avec le projet de dépistage prénatal
(notamment pour la trisomie 21) à partir
de l’ADN fœtal circulant dans le sang
maternel. Ce projet est en développement
pour une future implantation clinique.
Le Dr Rouleau prédit que, dans le futur,
les tests génétiques de séquençage seront
routiniers pour les maladies mendéliennes,
dans un premier temps, et,
éventuellement, pour toutes les maladies.
Le défi sera l’interprétation de l’effet des
variations génétiques « de novo » qui se
comptent par millions.
« Une partie des médicaments que nous
prescrivons, en fait la moitié, est inutile »,
affirme le Dr Pavel Hamet. Non parce que le
diagnostic ou les médicaments sont mauvais,
précise-t-il, mais les tests cliniques
utilisés réfèrent à une moyenne, considérant
les patients comme un tout homogène.
En ce sens, la génomique pourra aider les
médecins à faire le bon choix de médicaments
et à réduire ainsi les coûts du système
de santé, parce qu’elle pourra permettre
éventuellement de cibler les patients chez
qui le médicament est inefficace ou
nuisible.
12 | LE COLLÈGE | Été 2013 | Volume 53 | N° 3
Au sujet de cette médecine personnalisée,
le Dr Hamet nous suggère la
définition qu’en donne le gouvernement
australien, soit « la capacité de prédire le
développement de la maladie et d’influencer
les choix de style de vie ou
d’ajuster la pratique médicale à un individu
». Cette définition intègre deux
facteurs indissociables : la génétique et
l’environnement. Le Dr Hamet croit que
les médecins devront développer leur
capacité d’analyser nos gènes et notre
environnement.
La sOCIété Est-ELLE PrêtE POUr La MéDECINE DU fUtUr?
Oui, mais...
Selon Yanick Villedieu, journaliste
scientifique, la société est réceptive mais
plusieurs doutent, voire se méfient, de
cette médecine high tech coûteuse, donc
réservée à une élite.
La médecine du futur suscite beaucoup
d’espoir. Il s’agit d’un concept
vendeur, largement repris par les médias.
L’aspect quasi miraculeux ou magique de
la médecine du futur séduit et fascine.
D’ailleurs, les mots ou les expressions
Dr Pavel Hamet, endocrinologue
utilisés pour la décrire ont une forte
charge symbolique et émotive (médecine
régénératrice, thérapie cellulaire, médecine
prédictive, etc.).
La MéDECINE DU fUtUr,
POrtEUsE D’EsPOIr
Dans un essai publié en 2011, un chirurgien
et urologue de formation, le Dr Laurent
Alexandre, annonce même La mort de la
mort et analyse les bouleversements que va
connaître l’humanité parallèlement aux
La génomique comporte aussi d’importants
défis éthiques : comment faire en
sorte que les tests génétiques (p. ex., le
dépistage prénatal, le diagnostic moléculaire
des mutations récessives) ne soient
pas utilisés à des fins discriminatoires ou
pour favoriser une forme d’eugénisme ? Le
sénat canadien s’est penché sur la question
et a déposé, le 17 avril dernier, un
projet de loi visant à interdire et à prévenir
la discrimination génétique. Les problèmes
éthiques sont loin d’être résolus mais
le débat est amorcé.
progrès de la science en biotechnologie.
Dans son édition du 2 mai 2013, le magazine
Nature traite d’une étude génétique
ultrafine du cancer de l’endomètre qui
pourrait modifier en profondeur son diagnostic
et son traitement. Le vaccin
anti-alzheimer, le traitement du cancer par
des antiviraux, le vaccin pour empêcher
les artères de se boucher : telles sont
les grandes innovations médicales attendues
d’ici 2035 et décrites dans le livre
Médecine : Objectif 2035, publié par