GRAIN DE SAbLE - J'aime Aigues-Mortes

Le dOssIeR
Avant le 19ème siècle, les inondations
en Petite Camargue constituaient un allié
essentiel pour l’assainissement des
zones marécageuses et l’évacuation des
sédiments encombrant le lit des fleuves.
Des brèches étaient même maintenues
dans les berges pour rendre les pâturages
plus abondants. C’est la double
fonction des déversoirs que l’ingénieur
Pitot fit construire sur les rives du Vidourle
au 18ème siècle et qui furent endommagés
par la « vidourlade » de 2002
(crue rapide du Vidourle) suite à un manque
d’entretien.
Au fil du temps, les crues sur les communes
du département du Gard sont devenues
un véritable fléau, causant d’innombrables
dégâts. La ville d’Aigues-Mortes
qui se situe à environ 2 m au-dessus du
niveau de la mer (selon la borne d’altitude
située sur le quai de la gare) peut encourir
des inondations en cas de fortes
pluies par le débordement des fleuves
et affluents : Vidourle, canal du Rhône à
Sète, Vistre, Petit Rhône.
Dossier réalisé par Agnès Papadopoulos,
Richard Mouret et Christelle Reis.
Inondations : quels risque
Le Vidourle.
Fleuve frontière entre le Gard et l’hérault,
long de 95,3 km, le Vidourle prend sa
source à St Roman de Codières.
A l’origine, il se perdait dans les marais
de St Laurent d’Aigouze et se jetait dans
l’étang de l’Or (commune de Mauguio).
Par décision du conseil municipal du 8
octobre 1825, le Vidourle a été dévié de
son lit naturel pour se jeter dans la mer
Méditerranée aux embouchures artificielles
de l’étang de Repausset (1835) et
de l’étang du Ponant (1989).
Pendant les épisodes cévenols (situations
météo se caractérisant par l’accumulation
sur le massif des Cévennes
de masses nuageuses chargées d’humidité,
en provenance du golfe du Lion,
et provoquant de fortes précipitations),
on peut assister à des «vidourlades» qui
constituent une véritable menace pour
les populations voisines du fleuve.
La dernière « vidourlade » remonte à septembre
2002. Elle a dépassé en hauteur
et en volume toutes les crues connues,
jusqu’à atteindre 4 m dans les rues basses
de Sommières. Sa puissance a été
estimée à une crue de retour de 400 ans.
Toutes les communes firent état de dégâts
importants touchant infrastructures,
commerces et habitations.
Le canal du Rhône à sète, le Petit
Rhône et le Vistre.
Canal de navigation situé dans la région
du Bas Vidourle, le canal du Rhône à
Sète a été créé pour faciliter le transport
du sel dès le 13ème siècle.
Les risques d’inondation par le canal du
Rhône à Sète sont faibles, la montée des
eaux étant plus lente grâce à la protection
par les Portes du Vidourle (cf encadré).
Par contre, le flux de ce canal dépend
directement de deux autres cours d’eau:
le Vistre et le Petit Rhône.
En cas de grosses pluies simultanées sur
les vallées de la Vistrenque et du Vidourle,
la fermeture des Portes du Vidourle
empêche le Vistre de se déverser dans la
mer et entraîne un débordement à l’opposé
en direction d’Aigues-Mortes.
De même, le Petit Rhône, fleuve frontière
entre la Petite et la Grande Camargue,
a pour spécificité d’être sinueux. Il sort
régulièrement de son lit entre les communes
de St Gilles et de Vauvert.
En 1840-1841, Aigues-Mortes est noyée
sous 1,20 m d’eau (plaques commémoratives
à la Porte des Moulins, rue
Théaulon et à la Porte des Remblais, rue
Sadi Carnot). Le Petit Rhône est alors
endigué mais les inondations de 2003
emportent une partie de ces digues, trop
anciennes, et la catastrophe est évitée
grâce aux Salins du Midi qui ouvrent
leurs digues et permettent ainsi aux eaux
de se jeter dans la mer.
Prévention et Protection.
Suite à la crue de 1958, une enquête
est ouverte pour juger de la nécessité
de recalibrer le lit du Vidourle dans la
zone allant de Terre de Port (commune
de St Laurent d’Aigouze) à l’île de Montago
(commune du Grau du Roi). Elle a
conduit à la création de trois barrages
écrêteurs de crue.
Moins d’un an après la « vidourlade » de
2002, le SIAV* remet au ministre de l’écologie
un plan dit « Vidourle », qui sera reconnu
d’intérêt général. Ce plan vise à
améliorer la rétention de l’eau et à renforcer
les digues sur Lunel, Marsillargues
et St Laurent d’Aigouze. Enfin, il vise à
développer la prévention et la culture du
risque par la sensibilisation.
Le chantier d’élargissement de la digue
située au sud de St Laurent d’Aigouze a
ainsi commencé au printemps 2008 et
un barrage anti-sel est en cours de réalisation
à l’endigage de Terre de Port.