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Les écoles de commerce dévoilées - Apprendre autrement...

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Collection<br />

<strong>Les</strong> dossiers <strong>de</strong><br />

l’enseignement<br />

supérieur<br />

2009-2010<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> <strong>dévoilées</strong><br />

Gui<strong>de</strong> pratique à l’usage <strong>de</strong> ceux qui visent les meilleures <strong>écoles</strong> après<br />

les classes préparatoires : les statistiques <strong>de</strong>s concours, les astuces à<br />

connaître et la stratégie gagnante pour réussir les entretiens.<br />

Sommaire du dossier P.<br />

Le décryptage ....................................................... 2<br />

- La mauvaise image <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

La stratégie gagnante du candidat à l’oral......... 8<br />

- La bonne attitu<strong>de</strong> lors d’un entretien<br />

- Répondre aux dix questions les plus horribles<br />

L’Histoire................................................................ 13<br />

- <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> : histoire d’un modèle<br />

- La naissance douloureuse <strong>de</strong> HEC et <strong>de</strong> l’ESCP<br />

Points <strong>de</strong> vue.......................................................... 17<br />

- Le candidat idéal vu par les dirigeants <strong>de</strong><br />

Au<strong>de</strong>ncia, HEC, Essec, GEM, Escem, Rouen BS<br />

- Entretien : Pascal Morand, directeur <strong>de</strong> l’ESCP<br />

- Entretien : Thierry Grange, directeur <strong>de</strong> GEM<br />

- Entretien : Alain Ged, directeur <strong>de</strong> l’IAE d’Aix<br />

Analyse.................................................................... 25<br />

- Un candidat doit-il se fier aux infos sur internet ?<br />

- <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> se lancent dans la recherche<br />

- <strong>Les</strong> trucs <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> pour attirer les étudiants<br />

- <strong>Les</strong> plans stratégiques <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

À l’international.................................................... 32<br />

- <strong>Les</strong> mini-campus <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> à l’étranger<br />

Databank................................................................ 34<br />

- La sélectivité école par école<br />

- Vos chances <strong>de</strong> réussite à l’écrit et à l’oral<br />

Ce dossier dévoile la face cachée<br />

<strong>de</strong>s business schools françaises. Ces <strong>écoles</strong><br />

qui n’étaient pas toujours très bien<br />

considérées jusque dans les années 70 et<br />

qui ont, <strong>de</strong>puis, évolué à gran<strong>de</strong> vitesse<br />

tant au niveau <strong>de</strong>s moyens pédagogiques<br />

et matériels mis en oeuvre, que <strong>de</strong> leur déploiement<br />

international et <strong>de</strong>s débouchés<br />

offerts. Elles sont aujourd’hui fortement<br />

sélectives.<br />

Malgré la crise, elles restents engagées<br />

dans une course à la croissance <strong>de</strong> leurs<br />

effectifs. Elles cherchent aussi à diversifier<br />

le profil <strong>de</strong> leurs recrues à l’international,<br />

mais aussi en France, avec <strong>de</strong>s profils<br />

littéraires. Savoir décrypter l’évolution <strong>de</strong><br />

leur i<strong>de</strong>ntité et <strong>de</strong> leur stratégie est indispensable<br />

pour qui espère entrer dans les<br />

plus prisées.<br />

Une enquête inédite auprès <strong>de</strong>s directeurs<br />

et responsables <strong>de</strong>s admissions <strong>de</strong>s<br />

plus gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. Et en exclusivité :<br />

les statistiques <strong>de</strong>s concours <strong>de</strong>s 30 plus<br />

gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>.<br />

Editions <strong>de</strong> L’Observatoire : la référence <strong>de</strong> l’enseignement supérieur


<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> <strong>dévoilées</strong><br />

©Editions <strong>de</strong> L’Observatoire<br />

Directeur <strong>de</strong> l’ouvrage : Pierre Pillet<br />

Responsable d’édition : David Allais


Qu’enseigne-t-on dans<br />

les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>?<br />

Uniquement la comptabilité et<br />

la vente ? Un peu <strong>de</strong> marketing<br />

peut-être…Vous n’y êtes pas : on<br />

y reçoit une formation en finance<br />

et marketing certes, mais aussi en<br />

langues et sciences humaines, on<br />

y valorise l’expérience associative<br />

comme nulle part ailleurs, et<br />

<strong>de</strong> plus en plus la recherche.<br />

« Il y a 30 ou 35 ans, dans les<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> province notamment,<br />

il y avait peu <strong>de</strong> professeurs et<br />

peu d’étudiants. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong>, ce n’était pas grandchose<br />

», relate Thierry Grange,<br />

le directeur <strong>de</strong> Grenoble Ecole <strong>de</strong><br />

Management. « Elles ont fait un<br />

formidable bond en avant, se sont<br />

structurées pour un enseignement<br />

<strong>de</strong> qualité, les programmes ont<br />

été améliorés dans leur pédagogie,<br />

elles ont développé leurs activités<br />

internationales, ont investi<br />

dans les professeurs et <strong>de</strong>s locaux<br />

spacieux, dans le e-learning »,<br />

constate-t-il.<br />

Aujourd’hui, les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

ont gagné une reconnaissance<br />

<strong>de</strong>s entreprises les plus<br />

prestigieuses, qui se battent pour<br />

recruter leurs diplômés à un très<br />

haut niveau. Mais qu’en est-il <strong>de</strong><br />

leur image auprès <strong>de</strong>s lycéens,<br />

Le décryptage<br />

La mauvaise image <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

Boîtes à fric, étudiants « épiciers », temples du libéralisme pour fils à papa… L’image <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> souffre <strong>de</strong> la caricature. Le seul intitulé « <strong>commerce</strong> » induit en erreur, alors que seules un<br />

petit nombre forment <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs. Au gré <strong>de</strong>s époques, elles ont d’ailleurs choisi <strong>de</strong> se renommer <strong>écoles</strong><br />

d’administration <strong>de</strong>s entreprises, <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> gestion ou désormais <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management, quand elles<br />

ne s’américanisent pas en business schools. Mais quel que soit le terme employé et les efforts faits, leur<br />

image reste floue et plutôt défavorable dans l’opinion.<br />

<strong>de</strong>s enseignants du secondaire et<br />

<strong>de</strong> l’université, <strong>de</strong>s syndicats étudiants?<br />

Ont-ils pris conscience <strong>de</strong>s<br />

changements opérés par les plus<br />

gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> ?<br />

Réticence vis-à-vis <strong>de</strong> l’économie<br />

<strong>de</strong> marché<br />

«La plupart du temps, les étudiants<br />

ont une image assez caricaturale <strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, où l’on ferait<br />

uniquement du business. Mais leur<br />

image reste <strong>de</strong> façon générale favorable,<br />

car les étudiants estiment<br />

qu’elles forment mieux que l’université<br />

», d’après une conseillère<br />

du centre d’information et d’orientation<br />

(CIO) <strong>de</strong> la Sorbonne. Pour<br />

Sylvain David, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’Apses, l’association <strong>de</strong>s professeurs<br />

<strong>de</strong> sciences économiques et<br />

sociales du secondaire, c’est en<br />

Terminale que les élèves, aux idées<br />

bien arrêtées sur la sélection et les<br />

débouchés <strong>de</strong> « cadre commercial»,<br />

découvrent véritablement les<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, quand le prof<br />

fait venir <strong>de</strong>s anciens élèves dans la<br />

classe.<br />

Mais les lycéens qui viseraient les<br />

plus gran<strong>de</strong>s redoutent d’avoir à<br />

se confronter à la prépa «du fait<br />

du niveau <strong>de</strong> travail exigé», une<br />

inquiétu<strong>de</strong> qui est curieusement<br />

2<br />

peu partagée par les élèves <strong>de</strong><br />

milieux aisés, rapporte-t-il. Des<br />

élèves mieux informés par leurs<br />

parents?<br />

Cette image <strong>de</strong> formation chère,<br />

réservée à ceux qui veulent <strong>de</strong>venir<br />

<strong>de</strong>s cadres aux <strong>de</strong>nts longues<br />

nuit à l’attractivité <strong>de</strong>s établissements.<br />

Pour Pascal Morand, le<br />

directeur <strong>de</strong> l’ESCP, le problème<br />

est typiquement français car «il y<br />

a dans ce pays une réticence par<br />

rapport à l’économie <strong>de</strong> marché,<br />

idée à laquelle nous sommes assimilés<br />

». Pour pouvoir attirer les<br />

meilleurs candidats <strong>de</strong> tous horizons,<br />

il souhaite « montrer ce que<br />

sont vraiment les choses : dire aux<br />

étudiants que nous menons à une<br />

pluralité <strong>de</strong> métiers, <strong>de</strong> la finance<br />

à l’humanitaire, en passant par les<br />

agences <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign ».<br />

Quant au prix <strong>de</strong> la formation,<br />

Thierry Grange <strong>de</strong> Grenoble Ecole<br />

<strong>de</strong> Management en convient,<br />

il est « élevé » (entre 22.000 et<br />

24.000 euros pour trois années <strong>de</strong><br />

formation en moyenne et jusqu’à<br />

34.000 euros pour faire HEC à Paris),<br />

mais « si nous faisons payer<br />

ce prix-là, c’est parce que nous ne<br />

sommes pas subventionnés par<br />

l’Education nationale », tient-il<br />

à préciser. Il fait en outre valoir


que l’école qu’il dirige, l’une <strong>de</strong>s<br />

plus cotées, met en œuvre « une<br />

série <strong>de</strong> solutions d’exonération,<br />

<strong>de</strong> bourses, <strong>de</strong> prêts d’honneur »<br />

pour que « jamais le financement<br />

ne soit un problème » pour les étudiants.<br />

Toutefois, cette question<br />

du financement se pose bien avant<br />

l’école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> : « nos adhérents<br />

profs <strong>de</strong> prépa voudraient<br />

davantage <strong>de</strong> soutien public et la<br />

création d’<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

publiques », selon Jean-Hervé<br />

Cohen, le responsable <strong>de</strong>s CPGE<br />

au Syndicat national <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur (SNES-FSU).<br />

Car s’il « existe <strong>de</strong>s bourses dans<br />

ces <strong>écoles</strong>, elles arrivent trop tard.<br />

Et les classes moyennes ne les<br />

touchent pas ». Il raconte : « J’ai<br />

été prof en lycée en Seine-Saint-<br />

Denis et une classe prépa éco et<br />

commerciale y avait été ouverte.<br />

Elle a duré trois ans et a dû fermer<br />

faute d’élèves. Ils n’obtenaient<br />

pas <strong>de</strong> garanties sur le financement<br />

<strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s ».<br />

De l’avis <strong>de</strong> tous, il convient <strong>de</strong><br />

distinguer entre les plus gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> et «les officines qui abusent<br />

les étudiants, en proposant<br />

<strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> mauvaise qua-<br />

Le décryptage<br />

lité, sans lien avec la recherche»,<br />

comme les qualifie Thierry Lecras,<br />

du bureau national <strong>de</strong> l’Unef. « Il<br />

y a école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et école<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> », renchérit Thierry<br />

Pénard, professeur d’économie à<br />

l’université Rennes I : « les gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> (HEC, Essec, ESCP et<br />

2-3 en province, d’après lui) ont <strong>de</strong><br />

bons étudiants et <strong>de</strong>s enseignants<br />

chercheurs <strong>de</strong> haut niveau. <strong>Les</strong><br />

autres sont fréquentées par <strong>de</strong>s étudiants<br />

pas trop mauvais, mais elles<br />

ne font pas <strong>de</strong> recherche». Il est<br />

vrai que la dénomination « école<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong>» est commune à 220<br />

établissements en France, dont seulement<br />

45 délivrent <strong>de</strong>s diplômes<br />

avec le gra<strong>de</strong> officiel <strong>de</strong> master et<br />

37 appartiennent à la Conférence<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. Le terme n’est<br />

pas protégé (contrairement à celui<br />

d’« université » ou d’«école d’ingénieurs<br />

»), si bien que «tout le mon<strong>de</strong><br />

peut créer une école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

dans sa rue», résume le directeur <strong>de</strong><br />

Grenoble Ecole <strong>de</strong> Management.<br />

Au CIO <strong>de</strong> la Sorbonne, on met<br />

d’ailleurs en gar<strong>de</strong> les étudiants<br />

contre « les débouchés <strong>de</strong> certaines<br />

<strong>écoles</strong> spécialisées, qui sont limités<br />

». Selon Jean-Hervé Cohen du<br />

3<br />

SNES-FSU, « les profs <strong>de</strong> prépas<br />

commerciales ont plutôt une<br />

bonne image <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>,<br />

et leur but est que les étudiants<br />

les intègrent, quand elles<br />

sont reconnues par l’Etat, qu’elles<br />

travaillent avec les chambres <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong>, qu’elles sont membres<br />

<strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>».<br />

En somme, quand « il y a <strong>de</strong>s<br />

garanties sur leurs formations».<br />

D’ailleurs Sylvain David, le professeur<br />

<strong>de</strong> sciences économiques,<br />

n’informe-t-il pas « un élève qui a<br />

17 <strong>de</strong> moyenne» sur les prépas et<br />

les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, «une voie<br />

d’excellence », selon lui ? «J’ai<br />

l’impression que les élèves y sont<br />

mieux accompagnés, mieux suivis<br />

qu’à l’université ». Thierry Pénard<br />

conclut: «les étudiants peuvent<br />

trouver à l’université <strong>de</strong>s filières<br />

professionnalisées, <strong>de</strong>s masters<br />

qui coûtent beaucoup moins cher<br />

que les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, ainsi<br />

que <strong>de</strong>s débouchés intéressants »<br />

mais, estime-t-il «les étudiants en<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> ne sont pas<br />

dupes : ils recherchent un label<br />

par le diplôme, <strong>de</strong>s réseaux et un<br />

cadre d’étu<strong>de</strong>s agréable ». Ce qui<br />

n’est pas la moindre <strong>de</strong>s choses.<br />

Des Sup <strong>de</strong> Co aux Business Schools<br />

Tout est parti d’un constat dans les années 90 : Sup <strong>de</strong> Co ou ESC étaient <strong>de</strong>s termes incompréhensibles en<br />

anglais (« Sup <strong>de</strong> Co » sonne comme « Soupe <strong>de</strong> Cow »). <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> se sont donc progressivement rebaptisées<br />

école <strong>de</strong> management ou EM, sur le modèle <strong>de</strong> l’EM Lyon (ex-ESC Lyon) pionnière en la matière.<br />

L’ESC Grenoble est ainsi <strong>de</strong>venue Grenoble EM, l’ESC Bor<strong>de</strong>aux, Bor<strong>de</strong>aux EM et l’IECS Strasbourg,<br />

EM Strasbourg. De son côté, l’ESC Reims a préféré Reims Management School tandis que l’ESC Rouen<br />

a choisi Rouen Business School. L’idée pour ces <strong>écoles</strong> : bâtir un nouveau sigle avec les termes « management<br />

» ou « business », dans l’espoir que cela les ai<strong>de</strong> à se bâtir une notoriété mondiale.<br />

Plus originale, l’ESC Nantes a choisi en 2000 <strong>de</strong> se faire appeler Au<strong>de</strong>ncia. Dans le même esprit, l’ESC<br />

Marseille a choisi Euromed Marseille: un choix moins judicieux puisqu’il existe un nombre impressionnant<br />

d’«Euromed» dans tous les domaines (à peu près tous les projets culturels d’alliance entre les pays<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée).


Le lycée et la classe préparatoire<br />

Tous les lycées délivrent le<br />

même diplôme : le Bac. Et<br />

pourtant certains sont plus réputés<br />

que d’autres. De même,<br />

toutes les classes préparatoires<br />

mènent aux mêmes concours,<br />

mais Louis-le-Grand, Henri<br />

IV ou encore le lycée Fermat à<br />

Toulouse inspirent une confiance<br />

spontanée aux membres <strong>de</strong>s<br />

jurys. Entre <strong>de</strong>ux candidats <strong>de</strong><br />

niveau égal, celui qui proviendra<br />

d’une prépa ou d’une université<br />

réputée partira avec une<br />

longueur d’avance. Ne le répétez<br />

pas, c’est politiquement incorrect.<br />

Ce qu’il se dit<br />

On ne vous le dira jamais :<br />

De l’importance <strong>de</strong>s détails dans le dossier<br />

Profession du père, profession <strong>de</strong> la mère, adresse permanente…autant<br />

<strong>de</strong> questions qui peuvent vous paraître totalement anodines quand<br />

vous remplissez votre dossier d’inscription. Et pourtant, la réponse à<br />

ces questions peut influencer d’une manière ou d’une autre le jury. Si<br />

vos parents font partie <strong>de</strong>s classes moyennes aisées, préférez les titres<br />

ronflants que les sociétés attribuent à leurs cadres. Par exemple, si votre<br />

père est commercial, ne mettez pas ven<strong>de</strong>ur, inscrivez : « Directeur<br />

grands comptes » ou « Responsable <strong>de</strong>s ventes internationales ».<br />

Si votre mère tient une boulangerie, préférez « chef d’entreprise » à<br />

« boulangère ». Il ne s’agit pas <strong>de</strong> mentir mais <strong>de</strong> présenter les choses<br />

au mieux. Si à l’inverse vous êtes boursier, habitez un quartier peu réputé,<br />

n’hésitez pas à le revendiquer ouvertement. Toutes les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> cherchent à recruter <strong>de</strong>s profils différents pour faire preuve<br />

d’ouverture sociale. C’est une tendance assez récente, mais que l’on<br />

<strong>de</strong>vine pérenne.<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> les plus réputées recrutent aussi en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s classes préparatoires<br />

Le concours d’admission directe <strong>de</strong> HEC et ESCP est ouvert aux titulaires d’une licence (ou équivalent).<br />

Au menu : synthèse <strong>de</strong> dossier, épreuve <strong>de</strong> langue puis option au choix : mathématiques, droit, économie,<br />

lettres et sciences <strong>de</strong> la vie + oraux : entretien <strong>de</strong> motivation et épreuves <strong>de</strong> langue. De son côté, l’Essec<br />

recrute «sur titre» à partir du niveau master : dossier scolaire + tests psychotechniques + entretien <strong>de</strong> motivation.<br />

Enfin, l’EM Lyon recrute «sur titre» à partir du niveau licence : dossier scolaire + dissertation <strong>de</strong><br />

culture générale + tests psychotechniques TAGE MAGE + entretien + épreuve orale d’anglais.<br />

<strong>Les</strong> admis sont majoritairement diplômés <strong>de</strong>s Instituts d’Etu<strong>de</strong>s Politiques, mais aussi <strong>de</strong> droit, <strong>de</strong> Dauphine<br />

ou d’<strong>écoles</strong> d’ingénieurs <strong>de</strong> bon niveau. Environ 12% <strong>de</strong>s candidats sont admis au concours commun HEC-<br />

ESCP (ils ont alors le choix entre les <strong>de</strong>ux établissements). <strong>Les</strong> taux d’admission à HEC fluctuent ainsi<br />

entre 6 et 7% (selon que certains admis aux 2 <strong>écoles</strong> choisissent ou non l’ESCP). Le niveau <strong>de</strong> sélectivité<br />

est donc plus élevé qu’au sortir <strong>de</strong>s classes préparatoires (environ 9% d’admis à HEC et 18% à l’ESCP).<br />

Rouen est <strong>de</strong>venue une «Business School» car «Ecole <strong>de</strong> Management» était déjà pris<br />

Le 5 juin 2009 l’ESC Rouen est <strong>de</strong>venue Rouen Business School. Pour l’établissement qui a, un temps,<br />

pensé à se renommer « Manageum », il est finalement apparu important <strong>de</strong> conserver le nom <strong>de</strong> Rouen dans<br />

la marque « pour capitaliser sur l’ancrage territorial ». Le nouveau logo, qui représente <strong>de</strong>s voiles, symbolise<br />

cet attachement à la Normandie, mais témoigne également <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> l’école d’être un acteur qui<br />

compte au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> nos frontières.<br />

L’idéal pour l’établissement aurait peut-être été <strong>de</strong> se renommer EM (pour Ecole <strong>de</strong> Management) Normandie,<br />

mais la marque avait déjà été déposée par les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> du Havre et <strong>de</strong> Caen.<br />

4


C’est quoi une « gran<strong>de</strong> école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> » ?<br />

Ce qu’il se dit<br />

Il y a 220 <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> en France, dont 120 reconnues par l’Etat et 45 seulement qui sont autorisées<br />

à délivrer un diplôme conférant le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> master (Bac+5). Parmi ces 45, 37 appartiennent à la Conférence<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. Et parmi ces 37, 3 <strong>écoles</strong> parisiennes font la course en tête. On y retrouve la plus ancienne<br />

d’entre elles, l’ESCP, la plus cotée, HEC, et la plus iconoclaste, l’Essec.<br />

International et ambitions<br />

Tous les directeurs d’<strong>écoles</strong> vous le jureront la main sur le cœur : ils n’ont pas d’a priori sur le profil <strong>de</strong>s<br />

candidats qu’ils souhaitent recruter. Et pourtant : si vous ne faites pas preuve d’appétit pour une carrière internationale<br />

ou si vous avez <strong>de</strong>s ambitions professionnelles trop mo<strong>de</strong>stes, vous partez avec un handicap.<br />

L’agence publique CampusFrance a été mise en place par le ministère<br />

<strong>de</strong>s Affaires étrangères, en lien avec le ministère <strong>de</strong> l’Education nationale,<br />

afin « <strong>de</strong> renforcer l’attractivité <strong>de</strong> la France dans le domaine<br />

<strong>de</strong> l’enseignement supérieur ». Elle a entrepris <strong>de</strong> lister les caractéristiques<br />

partagées par les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> françaises :<br />

• une sélectivité élevée (admission sur concours, plus rarement sur<br />

titres)<br />

• une petite taille, un taux d’encadrement élevé, une forte i<strong>de</strong>ntité<br />

• une admission à bac + 2 minimum pour la plupart, ce qui en fait pour<br />

l’essentiel <strong>de</strong> leurs programmes <strong>de</strong>s « graduate schools »<br />

• un projet <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> diplômés opérationnels en entreprise, mais<br />

possédant un potentiel d’évolution vers <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> managers et<br />

d’entrepreneurs<br />

• une priorité donnée au management général et stratégique (les fondamentaux)<br />

complété par <strong>de</strong>s spécialisations<br />

• une gran<strong>de</strong> proximité avec les entreprises, dans la pédagogie, à<br />

travers les stages obligatoires en entreprises et dans le placement <strong>de</strong>s<br />

diplômés<br />

• une activité associative intense, avec une implication massive <strong>de</strong>s<br />

étudiants dans la vie et l’animation <strong>de</strong> leur école<br />

• un lien actif avec les anciens diplômés à travers les associations<br />

d’anciens<br />

• la recherche <strong>de</strong> conformité avec les critères les plus exigeants, notamment<br />

à travers l’adhésion à la Conférence <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> et les<br />

accréditations internationales : AACSB, Equis et AMBA<br />

• une légitimité académique dans le champ du management (recherche,<br />

colloques internationaux, programmes doctoraux)<br />

• une gran<strong>de</strong> ouverture internationale, avec l’obligation quasi systématique<br />

d’effectuer une partie du parcours hors <strong>de</strong> son pays d’origine,<br />

et une présence <strong>de</strong>s diplômés dans le mon<strong>de</strong> entier<br />

• un placement <strong>de</strong>s diplômés qui se situe dans le haut <strong>de</strong>s débuts <strong>de</strong><br />

carrière <strong>de</strong>s jeunes diplômés, en termes <strong>de</strong> salaire et <strong>de</strong> postes.<br />

5<br />

La crise menace<br />

« <strong>Les</strong> perspectives d’embauche<br />

<strong>de</strong>s jeunes diplômés vont beaucoup<br />

dépendre <strong>de</strong>s entreprises<br />

qu’ils vont démarcher. Certaines<br />

(cabinets <strong>de</strong> conseil en stratégie,<br />

banques d’investissement...),<br />

qui avaient autrefois le vent en<br />

poupe ne recrutent plus, alors<br />

que d’autres, qui avaient du mal<br />

à recruter, vont voir affluer les<br />

candidatures. Aujourd’hui par<br />

exemple, le rythme d’embauche<br />

n’a pas faibli dans les cabinets<br />

d’audit.<br />

Il ne faut pas oublier non plus<br />

que nos jeunes diplômés n’ont<br />

pas tous le même profil. Alors,<br />

bien sûr, avec 2500 tra<strong>de</strong>rs sur le<br />

carreau à Londres, ceux qui ont<br />

fait <strong>de</strong> la finance <strong>de</strong> marché vont<br />

avoir du mal.<br />

Dans la finance d’entreprise,<br />

en revanche, les embauches<br />

<strong>de</strong>vraient continuer: dans les<br />

circonstances actuelles, les entreprises<br />

auront besoin <strong>de</strong> spécialistes<br />

pour négocier avec les<br />

banques ».<br />

(Thierry Grange, directeur <strong>de</strong><br />

Grenoble Ecole <strong>de</strong> Management)


Ce qu’il se dit<br />

<strong>Les</strong> HEC matheux peuvent faire l’ENSAE en parallèle<br />

HEC et l’École nationale <strong>de</strong> la statistique et <strong>de</strong> l’administration économique (ENSAE) ont mis en place <strong>de</strong>puis<br />

la rentrée 2007 un parcours commun, à l’issue duquel les étudiants obtiennent le diplôme <strong>de</strong> chacune<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>écoles</strong>. <strong>Les</strong> HEC sont sélectionnés dès leur admission dans l’école <strong>de</strong> Jouy-en-Josas parmi<br />

ceux qui ont eu une formation en mathématiques plus poussée (préparation économique et commerciale<br />

option scientifique ou classe préparatoire B/L). La première année du programme correspond à celle <strong>de</strong><br />

l’ENSAE, y compris le stage <strong>de</strong> découverte du milieu professionnel. Pendant la <strong>de</strong>uxième année du parcours,<br />

les élèves partagent leur temps entre l’ENSAE et HEC. Enfin, la <strong>de</strong>rnière année se déroule à HEC.<br />

Le double diplôme HEC-Sciences Po<br />

Lancé à la rentrée 2008, ce programme <strong>de</strong> double diplôme va certainement<br />

<strong>de</strong>venir l’un <strong>de</strong>s plus recherchés <strong>de</strong> France. Au menu : <strong>de</strong>ux années<br />

d’étu<strong>de</strong>s, une année <strong>de</strong> césure et un mémoire <strong>de</strong> recherche pour<br />

une « approche complémentaire du mon<strong>de</strong> contemporain ». Au final :<br />

<strong>de</strong>ux diplômes <strong>de</strong> niveau BAC+5 en six ans pour les 30 étudiants <strong>de</strong><br />

niveau Bac+3 qui sont sélectionnés chaque année au sein <strong>de</strong> chaque<br />

établissement<br />

Qui a eu l’initiative <strong>de</strong> cet accord ?<br />

<strong>Les</strong> premières étapes <strong>de</strong> ce rapprochement sont le fait d’Hervé Crès,<br />

ancien directeur délégué <strong>de</strong> HEC (<strong>de</strong>venu directeur adjoint <strong>de</strong> Sciences<br />

Po <strong>de</strong>puis), et <strong>de</strong> Laurent Bigorgne, l’ancien directeur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> l’IEP <strong>de</strong> Paris. Après avoir initialement envisagé une coopération<br />

dans le champ <strong>de</strong> la formation continue, ils ont finalement décidé <strong>de</strong><br />

concrétiser leur projet au niveau <strong>de</strong> la formation initiale. Selon Hervé<br />

Crès, « ce type <strong>de</strong> projet était en gestation à HEC <strong>de</strong>puis quelques<br />

années. Sciences Po s’est rapi<strong>de</strong>ment imposé comme le meilleur partenaire.<br />

»<br />

Quel est l’objectif <strong>de</strong> ce double diplôme ?<br />

L’idée est <strong>de</strong> former les étudiants au management public aussi bien<br />

qu’au management privé, expliquent ses promoteurs. Et accessoirement<br />

<strong>de</strong> faire gagner du temps à <strong>de</strong>s étudiants qui cumulaient souvent<br />

HEC puis Sciences Po ou l’inverse. Plus largement, l’alliance <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>ux établissements prestigieux va leur permettre d’asseoir un peu<br />

plus leur suprématie. Et aussi d’attirer davantage d’étudiants étrangers<br />

<strong>de</strong> qualité.<br />

Comment ce programme sera-t-il organisé ?<br />

La première année d’étu<strong>de</strong>s se déroulera intégralement à HEC, un<br />

tiers <strong>de</strong>s cours étant assuré par les professeurs <strong>de</strong> Sciences Po. Après<br />

une année <strong>de</strong> césure, les étudiants suivront ensuite leur <strong>de</strong>rnière année<br />

à l’IEP où un tiers <strong>de</strong>s cours sera prodigué par <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong><br />

HEC.<br />

6<br />

HEC – MIT, le double diplôme<br />

à 40.000 euros l’année<br />

En décembre 2008, HEC a officialisé<br />

en gran<strong>de</strong> pompe la<br />

signature d’un « double diplôme<br />

» avec la MIT Sloan School<br />

of Management <strong>de</strong> Boston. Ce<br />

« double diplôme » sera ouvert<br />

aux étudiants du MBA ou <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> école <strong>de</strong> HEC, a fait savoir<br />

l’établissement.<br />

Dans les faits, les étudiants <strong>de</strong><br />

HEC pourront, après une sélection<br />

interne à HEC puis propre<br />

au MIT, réaliser à partir <strong>de</strong> 2009<br />

une année d’étu<strong>de</strong> complémentaire<br />

au MIT et décrocher un<br />

Master of science in management<br />

studies (MSMS), un diplôme<br />

créé pour l’occasion.<br />

Dans le communiqué diffusé<br />

par HEC, il n’est pas fait<br />

mention <strong>de</strong>s 40.000 euros <strong>de</strong><br />

frais <strong>de</strong> scolarité que les étudiants<br />

français <strong>de</strong>vront débourser<br />

pour avoir le droit d’étudier<br />

au MIT.<br />

Cet accord semble moins avantageux<br />

pour HEC que pour le<br />

MIT. L’école <strong>de</strong> Jouy-en-Josas<br />

semble miser avant tout sur<br />

l’image <strong>de</strong> ce nouveau partenariat<br />

avec le MIT pour sa communication.


Piégés en <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

Ce qu’il se dit sur internet<br />

Le choix d’une école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, fonction <strong>de</strong> la notoriété<br />

<strong>Les</strong> sondages par internet sont loin d’être scientifiquement fiables...il n’empêche. D’après 1050 votes sur<br />

le forum prepa-hec.org, le principal critère <strong>de</strong> sélection d’une école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> pour un étudiant est sa<br />

notoriété, qui peut se mesurer dans les classements (47% <strong>de</strong>s voix). Vient ensuite le contenu <strong>de</strong> la formation<br />

(durée, stages, international) avec 27% <strong>de</strong>s suffrages, suivi <strong>de</strong>s labels et accréditations <strong>de</strong> l’établissement<br />

(10%), désormais monnaie courante. Dans un mouchoir <strong>de</strong> poche, comptent aussi le montant <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong><br />

scolarité (6%), la situation géographique <strong>de</strong> l’école (5%) ainsi que son statut et ses infrastructures (1%).<br />

« <strong>Les</strong> gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> communiquent sur tout…sauf<br />

le contenu <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s. L’aspirant aux classes préparatoires n’a<br />

ainsi aucune idée du contenu <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s ultérieures. Il sait seulement<br />

qu’à leur issue il touchera un bon salaire, qu’il sera peut-être<br />

employé avant même d’être diplômé, qu’il portera un costume, qu’il<br />

boira beaucoup d’alcool (que personne ne s’offusque <strong>de</strong> ce constat -<br />

ceux qui ont fréquenté les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> savent <strong>de</strong> quoi nous<br />

parlons) et qu’il voyagera ».<br />

(Lu sur le forum Observatoire Boivigny / forum.boivigny.com)<br />

« Au cours <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s élèves prennent conscience du gap<br />

qui existe entre le programme <strong>de</strong> prépa et le programme d’école<br />

(…) Il y a finalement un nombre considérable d’élèves qui, un an<br />

avant d’entrer dans le fameux mon<strong>de</strong> professionnel, n’ont aucune idée<br />

du métier qu’ils vont faire. Ils se retrouvent piégés dans la prison dorée<br />

<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>. Tout cela n’est-il pas malsain ? »<br />

(Lu sur le forum Observatoire Boivigny / forum.boivigny.com)<br />

Duels d’<strong>écoles</strong> à la loupe<br />

« En 2009, sur 300 candidats admis à la fois à HEC et à l’Essec, 294<br />

ont choisi d’intégrer HEC, 5 l’Essec, 1 a démissionné.<br />

En 2008, les trois quarts <strong>de</strong>s admis à HEC étaient également admis à<br />

l’Essec, et 89% à l’ESCP.<br />

En 2008, 320 admissibles à l’EM Lyon ne se sont pas présentés à<br />

l’oral, et 60% <strong>de</strong>s admissibles présents ont été admis.<br />

Selon les années, 30 à 50 candidats admis à l’ESC Grenoble se désistent<br />

pour l’ESC Rouen». (Lu sur le site bloom6.free.fr/)<br />

7<br />

Un entretien à l’Edhec Nice<br />

« J’ai passé l’entretien tôt le matin<br />

ce qui a eu le don <strong>de</strong> me décourager<br />

pour le reste <strong>de</strong> la journée<br />

! L’entretien avait un très fort<br />

coefficient. Mon jury était composé<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux professionnels<br />

<strong>de</strong> la Banque Populaire Côte<br />

d’Azur et d’un prof <strong>de</strong> l’école.<br />

À l’Edhec, l’entretien s’appuie<br />

sur un questionnaire un peu tordu<br />

notamment en raison <strong>de</strong> la fameuse<br />

question 9 : quel évènement<br />

auriez-vous aimé vivre ?<br />

<strong>Les</strong> réponses étant toujours un<br />

peu les mêmes (la chute du mur<br />

<strong>de</strong> Berlin, les premiers pas sur<br />

la lune…), j’ai essayé <strong>de</strong> me démarquer<br />

et après une longue réflexion,<br />

j’ai écrit : “L’invention<br />

<strong>de</strong> l’eau chau<strong>de</strong>”.<br />

Je n’aurais pas dû en fait. Car<br />

d’une part, cela m’a valu quelques<br />

moqueries <strong>de</strong> la part du<br />

staff «admissibles» (j’avoue,<br />

c’était justifié) et d’autre part,<br />

mon jury m’a clairement dit,<br />

après m’avoir <strong>de</strong>mandé si c’était<br />

<strong>de</strong> la provocation, que j’aurais<br />

mieux fait d’écrire autre chose.<br />

Tant pis. Globalement, c’est un<br />

entretien que je n’ai pas pas très<br />

bien senti…»<br />

(Lu sur le site prepa-hec.org)


Stratégie du candidat<br />

La bonne attitu<strong>de</strong> lors d’un entretien <strong>de</strong> motivation<br />

Pour réussir un entretien <strong>de</strong> personnalité et <strong>de</strong> motivation, il faut avant tout adopter une ligne <strong>de</strong> conduite<br />

cohérente qui résistera à 45 minutes <strong>de</strong> questions par école. Un entraînement est indispensable, même<br />

s’il vous faudra feindre la spontanéité.<br />

À votre actif : <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prépa,<br />

une licence ou un master à l’université,<br />

quelques mois <strong>de</strong> stage<br />

ou un premier emploi. Face à<br />

vous : un jury <strong>de</strong> professeurs,<br />

d’anciens élèves et <strong>de</strong> professionnels<br />

du recrutement chargés<br />

<strong>de</strong> vous pousser dans vos retranchements<br />

pour cerner votre vraie<br />

personnalité. Le cadre : une salle<br />

<strong>de</strong> cours dans l’école que vous<br />

visez. Vous faites face au jury. Il<br />

va vous cuisiner pendant 20 à 60<br />

minutes. La situation est déstabilisante<br />

: parler <strong>de</strong> soi n’est pas<br />

quelque chose que l’on fait naturellement.<br />

D’autant que vous<br />

n’êtes pas sur le divan d’un psy,<br />

il vous faut vous vendre.<br />

Il y a <strong>de</strong> fortes chances pour<br />

que le jury essaye <strong>de</strong> vous déstabiliser<br />

pour voir si vous tenez<br />

la route, avec <strong>de</strong>s questions tordues<br />

(« pourquoi vous et pas un<br />

autre ? »), <strong>de</strong>s requêtes gênantes<br />

(« faites-nous une blague ! ») ou<br />

encore <strong>de</strong>s remarques blessantes<br />

(« est-ce que cela vous arrive<br />

d’être dynamique ? »). Ce sont<br />

les mêmes questions que les professionnels<br />

<strong>de</strong>s RH n’hésiteront<br />

pas à vous poser, sous une autre<br />

forme, lorsque vous postulerez<br />

pour votre premier ou <strong>de</strong>uxième<br />

job. Autant vous y préparer.<br />

La métho<strong>de</strong> est simple, il ne<br />

s’agit pas d’apprendre <strong>de</strong>s réponses<br />

par cœur, mais d’adopter<br />

une rhétorique qui peut s’adapter<br />

à toutes les situations. <strong>Les</strong><br />

candidats les plus à l’aise en entretien<br />

sont d’ailleurs ceux qui<br />

n’ont pas préparé, mais qui, <strong>de</strong><br />

par leur personnalité, répon<strong>de</strong>nt<br />

très naturellement aux questions<br />

qui leur sont posées. Ces candidats<br />

sont minoritaires. Si vous<br />

n’en faites pas partie, mieux<br />

vaut vous entraîner en amont à<br />

adopter la bonne « Interview attitu<strong>de</strong><br />

».<br />

Le jury se lasse rapi<strong>de</strong>ment<br />

La première chose à comprendre,<br />

c’est le contexte. Imaginez<br />

que vous soyez enseignant, ancien<br />

élève ou cadre en entreprise<br />

et que l’on vous ait proposé<br />

d’être membre d’un jury d’admission.<br />

Vous avez dit oui, non<br />

pas pour ce que cela va vous<br />

rapporter (rien a priori), mais<br />

parce que vous trouvez l’exercice<br />

intéressant et que vous êtes<br />

attaché à votre ancienne école.<br />

Et puis, cela vous fait plaisir <strong>de</strong><br />

vous retrouver en situation d’entretien,<br />

mais du bon côté <strong>de</strong> la<br />

barrière cette fois. Pourtant, une<br />

fois les 5 premiers candidats reçus,<br />

vous vous ren<strong>de</strong>z compte à<br />

quel point cela peut être fatigant<br />

et pénible d’écouter attentivement<br />

quelqu’un raconter sa vie<br />

pendant une <strong>de</strong>mi-heure. Tous<br />

les candidats se ressemblent,<br />

ont <strong>de</strong>s réponses stéréotypées<br />

8<br />

apprises dans les mêmes classes<br />

préparatoires, et n’ont pas<br />

une gran<strong>de</strong> expérience <strong>de</strong> la vie.<br />

Vous <strong>de</strong>vez en recevoir 20 comme<br />

ça aujourd’hui.<br />

Vous décrochez rapi<strong>de</strong>ment<br />

après les premières phrases.<br />

Vous enten<strong>de</strong>z le début <strong>de</strong> la<br />

réponse à votre question, vous<br />

parvenez encore à vous concentrer<br />

sur les gestes, le visage du<br />

candidat, son costume, son apparence,<br />

mais n’écoutez plus<br />

grand-chose <strong>de</strong> ce qu’il a à dire.<br />

Au bout du compte, vous notez<br />

avant tout une impression :<br />

c’est-à-dire les <strong>de</strong>ux premières<br />

phrases du candidat, sa conclusion,<br />

et l’impression qui s’en<br />

dégage : a-t-il l’air sûr <strong>de</strong> lui ?<br />

Vif ? S’exprime-t-il avec aisance<br />

et en bon français ? Heureusement,<br />

vous avez un truc pour<br />

pimenter l’entretien : les questions<br />

pièges. Vous ne vous lassez<br />

pas <strong>de</strong> poser ces questions<br />

troublantes et cela vous amuse<br />

toujours d’écouter la réponse.<br />

Le candidat va-t-il s’en sortir ?<br />

Cette fois vous l’écoutez attentivement…<br />

Le développement durable ou<br />

le marketing du luxe<br />

Du côté du candidat, la pression<br />

monte. Il n’est pas question<br />

<strong>de</strong> botter en touche mais<br />

vous n’avez aucune idée <strong>de</strong> ce


que le jury veut entendre. Dans<br />

la prépa, on vous a appris à vous<br />

présenter en trois minutes, à disserter<br />

sur l’économie mondiale,<br />

à expliquer votre passion pour<br />

le marketing ou la finance. On<br />

vous a même fourni clé en main<br />

trois qualités (honnêteté, rigueur,<br />

curiosité), trois défauts (trop<br />

perfectionniste, un peu timi<strong>de</strong><br />

parfois et impatient) et un projet<br />

professionnel à la mo<strong>de</strong> (travailler<br />

dans le développement<br />

durable / dans le marketing du<br />

luxe) à faire valoir. Par contre,<br />

même la meilleure <strong>de</strong>s prépas<br />

ne peut anticiper toutes les questions<br />

d’un jury.<br />

Rappelez-vous : le jury note<br />

l’impression que vous dégagez,<br />

Stratégie du candidat<br />

pas nécessairement la justesse<br />

<strong>de</strong> vos réponses. Ce n’est pas<br />

l’oral <strong>de</strong> l’ENA, c’est un entretien<br />

<strong>de</strong> motivation et <strong>de</strong> personnalité.<br />

La seule chose que vous<br />

ayez à connaître, c’est vous. Il<br />

faut donc s’entraîner à parler <strong>de</strong><br />

soi : prenez une <strong>de</strong>mi-journée<br />

pour structurer votre discours et<br />

affiner votre présentation. Puis,<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z à votre famille et à<br />

vos amis <strong>de</strong> jouer successivement<br />

le rôle <strong>de</strong> membre du jury,<br />

puis <strong>de</strong> candidat. Plus vous serez<br />

entraîné, meilleur vous serez.<br />

Il vous faut vous bâtir une ligne<br />

<strong>de</strong> conduite simple. Et la plus<br />

simple en la matière, c’est <strong>de</strong><br />

choisir la franchise et <strong>de</strong> l’assumer.<br />

Inutile <strong>de</strong> s’inventer une<br />

<strong>Les</strong> dix questions les plus horribles en entretien<br />

9<br />

vie, une personnalité et <strong>de</strong>s ambitions.<br />

Soyez sincère, et l’image<br />

que vous donnerez <strong>de</strong> vous<br />

sera bien meilleure. Cette sincérité<br />

doit quand même s’accompagner<br />

d’une posture opportune<br />

: sourire (et costume propre<br />

et bien mis), politesse (atten<strong>de</strong>z<br />

que le jury vous propose <strong>de</strong> vous<br />

asseoir pour le faire, remerciez<br />

les <strong>de</strong> vous avoir reçu à la fin <strong>de</strong><br />

l’entretien), dynamisme (vous<br />

ne parlez pas dans votre barbe,<br />

vous n’hésitez pas à rebondir<br />

sur un sujet pour en abor<strong>de</strong>r un<br />

autre, vous posez <strong>de</strong>s questions<br />

au jury) et bonne gestion <strong>de</strong>s silences<br />

(vous réfléchissez avant<br />

<strong>de</strong> parler, mais bannissez les<br />

« ummmmm » et les « eeeeuuuhhh<br />

»).<br />

Tout entretien <strong>de</strong> personnalité comprend au minimum une question piège, qui peut vous faire déraper.<br />

Pour ne jamais être pris en défaut, il vous faut tout à la fois comprendre ce que recherche le jury, être<br />

préparé à ce type <strong>de</strong> question et conserver votre sang froid.<br />

Dans les entretiens <strong>de</strong> personnalité<br />

ou <strong>de</strong> motivation, il y a<br />

les questions classiques (« parlez-nous<br />

<strong>de</strong> votre parcours scolaire<br />

», « qu’avez-vous appris au<br />

cours <strong>de</strong> ce séjour au Canada ? »,<br />

« quelles sont vos lectures favorites<br />

? », « quel est votre niveau<br />

en anglais ? »…) et les questions<br />

pièges. <strong>Les</strong> premières sont <strong>de</strong>stinées<br />

à mesurer votre aptitu<strong>de</strong><br />

au lea<strong>de</strong>rship (capacité à analyser<br />

une situation et à prendre<br />

<strong>de</strong>s décisions, sens <strong>de</strong> l’écoute<br />

et goût du travail en équipe), vo-<br />

tre ouverture internationale (capacité<br />

à travailler avec d’autres<br />

cultures, à comprendre l’environnement<br />

économique et social),<br />

votre capacité d’action<br />

(pragmatisme, organisation) et<br />

vos motivations (maturité du<br />

projet professionnel, aptitu<strong>de</strong> à<br />

prendre <strong>de</strong>s responsabilités).<br />

Il vous faudra donc faire comprendre<br />

au jury que :<br />

•<br />

vous êtes capable <strong>de</strong> mener<br />

une équipe<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

vous savez écouter ce que<br />

l’on vous dit<br />

vous n’hésiteriez pas à partir<br />

travailler à l’étranger<br />

vous êtes curieux <strong>de</strong>s<br />

autres et <strong>de</strong>s innovations<br />

vous avez le sens <strong>de</strong>s réalités<br />

et <strong>de</strong>s responsabilités<br />

vous avez réfléchi sérieusement<br />

à votre avenir professionnel<br />

<strong>Les</strong> questions pièges sont avant<br />

tout <strong>de</strong>stinées à vérifier que vous<br />

ne répétez pas un discours pré-


paré à l’avance, que vous avez le<br />

sens <strong>de</strong> la repartie, que vous êtes<br />

quelqu’un d’équilibré. Elles sont<br />

en principe conçues pour mesurer<br />

votre habileté à communiquer<br />

(qualité <strong>de</strong> l’expression,<br />

aptitu<strong>de</strong> à convaincre, logique<br />

du raisonnement). Ces questions<br />

sont par nature surprenantes. En<br />

voici quelques exemples : savezvous<br />

dire « non » ? Avez-vous<br />

<strong>de</strong> l’ambition professionnelle ?<br />

Pourquoi vous et pas un autre ?<br />

Comment les autres vous perçoivent-ils<br />

? Savez-vous être autoritaire<br />

? Que pouvez-vous apporter<br />

à notre école ? Pensez-vous<br />

que vous avez le potentiel d’un<br />

top manager ? Avez-vous une<br />

question à nous poser ? Quelle<br />

est la taille <strong>de</strong> la tour Eiffel en<br />

centimètres ? Léonard <strong>de</strong> Vinci<br />

était-il marié ? Surprenez-nous !<br />

Pour y répondre : restez sûr <strong>de</strong><br />

vous, ne montrez aucun agacement,<br />

agressivité ou lassitu<strong>de</strong>.<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> paniquer,<br />

le jury n’a pas plus <strong>de</strong> bonnes réponses<br />

que vous. Ce n’est pas un<br />

grand oral <strong>de</strong> culture générale, il<br />

vous faut simplement répondre<br />

avec bon sens. Sur le modèle <strong>de</strong><br />

ces dix réponses que nous vous<br />

proposons en exemple :<br />

Question : Comment vous<br />

voyez-vous dans 10 ans ?<br />

Réponse : Je sais ce que je veux<br />

faire l’an prochain : étudier dans<br />

votre école. Je sais qu’à l’issue<br />

<strong>de</strong> cette formation, la plupart <strong>de</strong>s<br />

diplômés vont travailler en fi-<br />

Stratégie du candidat<br />

nance, en audit-conseil, en marketing<br />

ou en ressources humaines.<br />

Je m’intéresse pour ma part<br />

au marketing. Mais je ne veux<br />

pas préjuger aujourd’hui <strong>de</strong> la<br />

spécialisation que je choisirai en<br />

<strong>de</strong>rnière année.<br />

Je compte bien me faire une idée<br />

plus précise <strong>de</strong> ma vocation professionnelle<br />

au cours <strong>de</strong> mes trois<br />

années d’étu<strong>de</strong>s sur le campus. Il<br />

y a, si j’ai bien compris, <strong>de</strong> multiples<br />

occasions pour échanger<br />

avec <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> tous<br />

les secteurs, ainsi que <strong>de</strong> nombreux<br />

stages prévus au cours <strong>de</strong><br />

la scolarité. Donc, pour répondre<br />

à votre question, je dirais que<br />

dans 10 ans, j’espère bien être<br />

parvenu à atteindre un poste <strong>de</strong><br />

manager avec <strong>de</strong>s responsabilités<br />

et une équipe à encadrer dans<br />

le domaine professionnel que<br />

j’aurai choisi d’ici la fin <strong>de</strong> mes<br />

étu<strong>de</strong>s.<br />

Explication : Rares sont les<br />

candidats à avoir une idée <strong>de</strong> ce<br />

qu’ils feront 10 ans après. Autant<br />

ne pas inventer. Par contre, vous<br />

<strong>de</strong>vez rassurer le jury en lui démontrant<br />

que vous savez quels<br />

types <strong>de</strong> métiers on exerce à l’issue<br />

d’une école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>.<br />

Q : Et si vous êtes pris à Harvard,<br />

vous venez quand même<br />

chez nous ?<br />

R : Je vais être très franc avec<br />

vous. Il y a une hiérarchie <strong>de</strong>s<br />

classements qui est connue <strong>de</strong><br />

tous. Votre école fait partie <strong>de</strong>s<br />

meilleures et c’est pour ça que<br />

10<br />

je me présente <strong>de</strong>vant vous<br />

aujourd’hui. Je me présente aussi<br />

à d’autres <strong>écoles</strong> d’un niveau<br />

similaire. Quand je saurai dans<br />

quelles <strong>écoles</strong> je suis accepté,<br />

je me déci<strong>de</strong>rai en fonction <strong>de</strong>s<br />

classements et <strong>de</strong> mon impression<br />

personnelle.<br />

E : Il faut éviter <strong>de</strong> vexer le jury<br />

tout en répondant honnêtement<br />

à cette question.<br />

Q : Faites-nous une blague<br />

R : Ecoutez, j’adore raconter<br />

<strong>de</strong>s blagues en tout genre, notamment<br />

quand je suis dans une<br />

soirée avec <strong>de</strong>s amis. Mais le<br />

contexte d’un entretien s’y prête<br />

un peu moins bien. J’aurais<br />

peur qu’elle tombe à plat. Je<br />

préférerais vous parler <strong>de</strong> mes<br />

projets professionnels, <strong>de</strong> mes<br />

résultats scolaires ou <strong>de</strong>s cours<br />

que j’aimerais suivre dans votre<br />

école.<br />

E : À moins que vous ne soyez<br />

le roi <strong>de</strong> la blague, autant vous<br />

sortir tout <strong>de</strong> suite <strong>de</strong> ce traquenard<br />

en suggérant au jury<br />

d’autres pistes pour prolonger<br />

l’entretien. Il y a peu <strong>de</strong> chances<br />

pour qu’il insiste.<br />

Q : Pour qui avez-vous voté<br />

aux <strong>de</strong>rnières élections ?<br />

R : Tout d’abord, je tiens à préciser<br />

que j’ai voté aux européennes.<br />

Si je le précise c’est qu’il y<br />

a eu un fort taux d’abstention,<br />

mais j’ai considéré qu’il était


<strong>de</strong> mon <strong>de</strong>voir civique <strong>de</strong> faire<br />

l’effort <strong>de</strong> me rendre aux urnes.<br />

J’étais conscient <strong>de</strong> l’enjeu lié<br />

à l’élection <strong>de</strong>s parlementaires<br />

européens. Pour ce qui est du<br />

nom inscrit sur le bulletin <strong>de</strong> vote<br />

que j’ai inséré dans l’urne, ma<br />

foi, je préfère le gar<strong>de</strong>r pour moi<br />

si vous n’y voyez pas d’inconvénient.<br />

Non pas que mon vote soit<br />

honteux, mais il est anonyme et<br />

je préfère qu’il le reste.<br />

E : Il faut rester ferme. Le jury<br />

n’a pas à connaître vos opinions<br />

politiques.<br />

Q : Avez-vous une passion dans<br />

la vie ?<br />

R : Passion, c’est un mot très fort.<br />

Disons que j’ai plusieurs centres<br />

d’intérêt. Le théâtre, que je pratique<br />

<strong>de</strong>puis le lycée, l’escrime,<br />

et la lecture <strong>de</strong> romans contemporains.<br />

Malheureusement, j’ai<br />

dû mettre ces activités entre parenthèses<br />

pendant ma secon<strong>de</strong><br />

année <strong>de</strong> classe préparatoire, par<br />

manque <strong>de</strong> temps. J’espère pouvoir<br />

me remettre au théâtre et à<br />

l’escrime assez rapi<strong>de</strong>ment. Estce<br />

que ce sont <strong>de</strong>s activités que<br />

l’on peut pratiquer dans votre<br />

école ?<br />

E : le terme passion n’est pas toujours<br />

approprié dans le contexte.<br />

À vous <strong>de</strong> le relever. N’hésitez<br />

pas non plus à terminer vos réponses<br />

par <strong>de</strong>s questions au jury.<br />

Cela vous permet <strong>de</strong> démontrer<br />

votre curiosité, et parfois <strong>de</strong> vous<br />

sortir <strong>de</strong> mauvais pas.<br />

Stratégie du candidat<br />

Q : Vous avez eu ce stage par<br />

piston ?<br />

R : Je voulais absolument faire<br />

un stage dans cette banque pour<br />

pouvoir confirmer mon projet<br />

professionnel. Pour l’obtenir,<br />

j’ai fait jouer mes réseaux : j’en<br />

ai parlé autour <strong>de</strong> moi, à ma famille,<br />

à mes amis, mais aussi à<br />

mes professeurs. Un ami <strong>de</strong> mes<br />

parents a bien voulu faire passer<br />

mon CV au recruteur. Ce qui m’a<br />

aidé. Mais je suis ensuite passé<br />

par le processus normal <strong>de</strong> recrutement<br />

: 3 entretiens et une mise<br />

en situation professionnelle.<br />

E : n’ayez pas honte <strong>de</strong> ce piston.<br />

Vous avez fait jouer vos réseaux,<br />

et c’est ce que votre future<br />

école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> vous invitera<br />

à faire quotidiennement lorsque<br />

vous aurez adhéré à son réseau<br />

d’anciens.<br />

Q : Imaginez que vous êtes<br />

directeur <strong>de</strong>s ventes d’une entreprise<br />

et que, pour gagner<br />

un marché, il vous faut absolument<br />

passer par un intermédiaire<br />

qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un bakchich.<br />

Que faites-vous ?<br />

R : il est vrai que dans certains<br />

pays, ce sont <strong>de</strong>s pratiques courantes.<br />

Comment doit réagir<br />

une entreprise qui voit filer un<br />

marché à la concurrence, parce<br />

qu’elle n’a pas voulu verser<br />

une commission à la bonne personne<br />

? C’est certainement une<br />

pratique condamnable moralement,<br />

mais aussi risquée éco-<br />

11<br />

nomiquement. On l’a vu dans<br />

la vente <strong>de</strong>s frégates à Taiwan<br />

par Thales, il n’est pas rare que<br />

la justice rattrape les entreprises<br />

corruptrices. Et que dire <strong>de</strong><br />

l’image pour le consommateur<br />

final, si jamais il apprend ces<br />

pratiques ? J’avoue que j’ai du<br />

mal à me déterminer par rapport<br />

à votre question. Perdre un marché,<br />

cela peut avoir <strong>de</strong>s conséquences<br />

graves pour une entreprise,<br />

mais la corruption ne fait<br />

pas partie <strong>de</strong> mes valeurs !<br />

E : Evitez <strong>de</strong> prendre une position<br />

trop tranchée. Il faut peser<br />

le pour et le contre, ne verser ni<br />

dans le cynisme, ni dans l’angélisme.<br />

Faites comprendre que<br />

vous ne vous laisserez pas avoir<br />

comme un bleu, mais que vous<br />

avez <strong>de</strong>s valeurs morales.<br />

Q : Que pensez-vous <strong>de</strong> la<br />

conjoncture économique au<br />

Chili ?<br />

R : il ne me semble pas avoir lu<br />

grand-chose dans les journaux<br />

sur ce sujet récemment. Et, à<br />

vrai dire, je ne suis pas très familier<br />

<strong>de</strong> l’économie chilienne.<br />

Je peux en revanche vous parler<br />

<strong>de</strong> l’économie brésilienne ou <strong>de</strong><br />

la conjoncture en Espagne, que<br />

je connais beaucoup mieux.<br />

E : Conservez votre assurance.<br />

Vous ne connaissez pas un sujet<br />

pointu et personne ne peut vous<br />

en vouloir. Prenez l’initiative <strong>de</strong><br />

proposer un thème proche <strong>de</strong><br />

discussion.


Q : Racontez-nous quelque<br />

chose que vous avez raté ?<br />

R : L’année <strong>de</strong>rnière, j’ai passé<br />

un entretien chez Procter & Gamble,<br />

mais je n’ai pas réussi à décrocher<br />

le stage. Je m’en voulais<br />

d’avoir raté parce qu’il me semblait<br />

que c’était vraiment l’expérience<br />

idéale pour quelqu’un qui<br />

veut travailler dans le marketing<br />

plus tard. Au cours <strong>de</strong> l’entretien,<br />

la DRH m’a fait comprendre<br />

que je n’étais pas suffisamment<br />

avancé dans mes étu<strong>de</strong>s<br />

pour profiter au maximum d’un<br />

stage chez eux.<br />

Je suis persuadé aujourd’hui<br />

qu’elle avait raison. Quand on<br />

postule pour un stage <strong>de</strong> plusieurs<br />

semaines chez Procter, ce<br />

n’est pas pour faire <strong>de</strong> l’observa-<br />

En Bref :<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> soignent les boursiers<br />

Stratégie du candidat<br />

tion. Or, pour fournir un vrai travail<br />

marketing, il faut déjà y être<br />

formé. J’ai donc la ferme intention<br />

<strong>de</strong> repostuler dès que j’aurai<br />

suivi les cours <strong>de</strong> marketing <strong>de</strong><br />

votre école.<br />

E : la question n’est pas absur<strong>de</strong>,<br />

même si sa formulation pourrait<br />

le laisser croire. Inutile <strong>de</strong> blaguer<br />

(« j’ai raté le bus ce matin<br />

»), d’être insolent (« qu’est-ce<br />

que c’est que cette question ? »)<br />

ou <strong>de</strong> botter en touche (« non,<br />

vraiment, je ne vois pas »).<br />

Proposez au contraire un échec<br />

et son analyse positive. Vous<br />

avez raté quelque chose et l’admettez.<br />

Mais cela vous a permis<br />

d’en tirer <strong>de</strong>s enseignements.<br />

Loin d’être découragé, vous allez<br />

persévérer.<br />

12<br />

Q : Qu’avez-vous pensé <strong>de</strong><br />

l’entretien qui s’achève ?<br />

R : Le plus grand bien. J’espère<br />

être parvenu à vous faire comprendre<br />

mes motivations pour<br />

l’entrepreneuriat. Votre école<br />

m’intéresse au plus haut point,<br />

en raison notamment <strong>de</strong> sa chaire<br />

spécialisée dans ce domaine<br />

et <strong>de</strong> son partenariat avec l’université<br />

<strong>de</strong> Wharton aux Etats-<br />

Unis.<br />

Je vous remercie en tout cas <strong>de</strong><br />

m’avoir reçu et <strong>de</strong> bien avoir<br />

voulu écouter ce que j’avais à<br />

dire.<br />

E : Le jury vous invite à conclure<br />

l’entretien. Pensez à le remercier<br />

et à lui rappeler votre<br />

motivation.<br />

Le nombre d’inscriptions au concours <strong>de</strong> la banque commune d’épreuves a cru fortement entre 2007 et<br />

2008. Merci qui ? Aux boursiers qui ont afflué, bénéficiant pour la première fois l’an passé, dans le cadre<br />

d’une politique d’ouverture sociale <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>, <strong>de</strong> la gratuité <strong>de</strong>s épreuves. L’ESC Brest a profité à plein<br />

<strong>de</strong> cet effet, avec +149% d’inscriptions.<br />

L’ISC Paris (+85,6%), l’EM Normandie (+79,1%), l’Inseec (+60,1%) et l’ESC Chambéry (+57,1%) ont<br />

enregistré <strong>de</strong>s progressions remarquées. Le concours commun ESC Rennes-ESC Dijon-ESC Clermont a<br />

permis à ces <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> voir les candidatures croître <strong>de</strong> 60 à plus <strong>de</strong> 80%.<br />

De son côté, HEC Paris a annoncé qu’à partir <strong>de</strong> la rentrée 2009, les élèves bénéficiant d’une bourse<br />

d’Etat, quel qu’en soit le montant, ne paieront plus <strong>de</strong> frais <strong>de</strong> scolarité (8.300 euros en première<br />

année et 12.300 euros les <strong>de</strong>ux années suivantes). Une mesure qui <strong>de</strong>vrait bénéficier à 70 élèves dans un<br />

premier temps. Ce geste ne doit pas masquer l’incroyable augmentation du coût <strong>de</strong> la scolarité sur dix ans<br />

: les frais ont presque doublé au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>.


Ecoles <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> : histoire d’un modèle français<br />

De la formation <strong>de</strong>s négociants dès le début du XIXème siècle à celle <strong>de</strong>s managers et cadres d’aujourd’hui,<br />

récit <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> en France, <strong>de</strong> leur rôle et <strong>de</strong> leur image. Cas unique, trois<br />

modèles <strong>de</strong> formation co-existent dans l’Hexagone: les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>, l’université et les MBA.<br />

« Le <strong>commerce</strong> sera une<br />

science qu’il faudra connaître et<br />

la fortune qui fut trop longtemps<br />

le prix <strong>de</strong> l’intrigue <strong>de</strong>viendra<br />

la récompense du travail. C’est<br />

alors qu’on s’apercevra du besoin<br />

d’être instruit et combien s’est<br />

réduit le nombre <strong>de</strong> bons négociants,<br />

les institutions qui peuvent<br />

les former <strong>de</strong>viendront plus<br />

nécessaires »: c’est pour répondre<br />

à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’il avait anticipée<br />

que Vital Roux crée le 1er<br />

octobre 1819 la première école<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, l’Ecole spéciale <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> et d’industrie, future<br />

École supérieure <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> <strong>de</strong><br />

Paris (ESCP).<br />

En pleine révolution industrielle,<br />

le négociant et publiciste imagine<br />

un programme d’enseignement<br />

à la fois théorique (écriture, langues,<br />

arithmétique, comptabilité)<br />

et pratique. C’est en plaçant les<br />

élèves dans <strong>de</strong>s situations concrètes,<br />

en leur apprenant à gérer une<br />

maison <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, que l’école<br />

forme les futurs négociants, banquiers,<br />

directeurs et employés<br />

d’établissements industriels et<br />

commerciaux. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> n’ont<br />

pas <strong>de</strong> professeurs - ce sera le cas<br />

jusqu’aux années 1960 - ce sont<br />

<strong>de</strong>s praticiens qui concoivent les<br />

cours et les dispensent.<br />

Comme à l’étranger, l’enseignement<br />

<strong>de</strong> la gestion est ainsi lancé<br />

par le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires. Dans<br />

L’Histoire<br />

leurs statuts et leur orientation, les<br />

<strong>écoles</strong> ont d’ailleurs dès le XIXe<br />

siècle <strong>de</strong>s ambitions internationales,<br />

ou plutôt patriotiques, puisqu’elles<br />

se doivent d’être un instrument<br />

<strong>de</strong> développement économique du<br />

pays contre ses adversaires, d’abord<br />

l’Angleterre puis l’Allemagne.<br />

Le recrutement dans ces établissements<br />

est moins exigeant que pour<br />

l’université: le baccalauréat n’est<br />

pas nécessaire pour suivre un enseignement<br />

du type secondaire technique.<br />

Il s’adresse aux fils <strong>de</strong> commerçants<br />

n’ayant pas assez <strong>de</strong> talent<br />

pour accé<strong>de</strong>r aux grands corps <strong>de</strong><br />

l’État ou aux <strong>écoles</strong> d’ingénieurs.<br />

Compétition naissante entre <strong>écoles</strong><br />

En 1868, l’ESCP est rachetée par la<br />

Chambre <strong>de</strong> Commerce et d’Industrie<br />

<strong>de</strong> Paris. Dans l’idée d’exporter<br />

les produits français, celle-ci veut<br />

former <strong>de</strong>s négociants aussi performants<br />

que les ingénieurs et les<br />

industriels qui conçoivent ces produits.<br />

A partir <strong>de</strong> 1870, les chambres<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> veulent soutenir les<br />

entreprises régionales et elles lancent<br />

une première vague d’<strong>écoles</strong><br />

supérieures au Havre et à Rouen, à<br />

Lyon, à Marseille, à Bor<strong>de</strong>aux, ainsi<br />

que l’Ecole <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s commerciales<br />

à Paris, HEC.<br />

En 1890, ces sept <strong>écoles</strong> sont reconnues<br />

par l’Etat. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

13<br />

recrutement change et <strong>de</strong>vient<br />

sélectif avec un concours d’entrée.<br />

De 1892 à 1926 déferle la<br />

secon<strong>de</strong> vague <strong>de</strong> création <strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> supérieures <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>,<br />

avec celles <strong>de</strong> Lille, Montpellier,<br />

Dijon, Nantes, Nancy, Toulouse,<br />

Clermont, Reims, Strasbourg,<br />

l’EDHEC, l’ESSCA et l’ESSEC.<br />

C’est à cette époque qu’HEC se<br />

distingue <strong>de</strong>s autres, suscitant<br />

une émulation entre les établissements.<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> province se<br />

calquent sur HEC, qui elle-même<br />

s’inspire du modèle <strong>de</strong>s prestigieuses<br />

<strong>écoles</strong> d’ingénieurs. Il<br />

faut être titulaire du bac pour accé<strong>de</strong>r<br />

à HEC et à partir <strong>de</strong> 1895,<br />

l’école crée <strong>de</strong>s classes préparatoires,<br />

financées par la Chambre<br />

<strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong> Paris, puis par<br />

l’Etat après la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

mondiale. L’influence <strong>de</strong> la bourgeoisie<br />

via les CCI se fait sentir,<br />

puisque les frais <strong>de</strong> scolarité élevés<br />

réservent l’accès aux <strong>écoles</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> aux classes les plus<br />

aisées.<br />

De l’enseignement technique à<br />

l’enseignement supérieur<br />

Après la Libération, en 1947, un<br />

cadre institutionnel commun est<br />

décrété pour toutes les <strong>écoles</strong> supérieures<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> (ESC) reconnues<br />

par l’Etat. Elles ont pour<br />

mission <strong>de</strong> « former les chefs <strong>de</strong>s<br />

diverses entreprises commercia-


les ou financières et les cadres<br />

supérieurs <strong>de</strong> ces entreprises ou<br />

<strong>de</strong>s services administratifs et<br />

commerciaux d’entreprises industrielles<br />

». <strong>Les</strong> ESC proposent un<br />

concours d’admission au niveau<br />

du bac, ont un programme d’enseignement<br />

commun et délivrent<br />

un diplôme visé par le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Education nationale à l’issue<br />

d’un examen national <strong>de</strong> sortie.<br />

Des sections préparatoires sont<br />

peu à peu créées dans les <strong>écoles</strong> et<br />

dans quelques lycées.<br />

<strong>Les</strong> années cinquante et soixante<br />

voient aussi l’augmentation <strong>de</strong><br />

l’offre <strong>de</strong> formation. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong><br />

n’ont plus le monopole <strong>de</strong>s cursus<br />

commerciaux, elles sont concurrencées<br />

par les IAE (instituts<br />

d’administration <strong>de</strong>s entreprises)<br />

<strong>de</strong>s universités et les MBA, les<br />

masters of business administration<br />

américains. À l’université<br />

jusqu’alors, la gestion était une<br />

simple option <strong>de</strong> la filière sciences<br />

économiques. <strong>Les</strong> IAE ne copient<br />

pas le modèle professionnalisant<br />

<strong>de</strong>s MBA mais développent <strong>de</strong>s<br />

En Bref :<br />

L’Histoire<br />

cursus complets sous l’influence <strong>de</strong><br />

professeurs ayant une vision classique<br />

<strong>de</strong> l’enseignement. C’est par<br />

la fondation <strong>de</strong> l’INSEAD en 1957<br />

que prend pied en France le modèle<br />

extérieur <strong>de</strong>s MBA. L’Institut européen<br />

d’administration <strong>de</strong>s affaires,<br />

voulu comme un «Harvard européen»<br />

à l’origine, est <strong>de</strong>venu l’un<br />

<strong>de</strong>s meilleurs programmes <strong>de</strong> ce<br />

type au mon<strong>de</strong>, avec ses campus <strong>de</strong><br />

Fontainebleau et Singapour.<br />

Sous l’influence <strong>de</strong> ces masters internationaux,<br />

l’enseignement est<br />

revu dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

françaises. Aux cours très pratiques<br />

délivrés presque exclusivement<br />

par <strong>de</strong>s professionnels, viennent se<br />

greffer <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> droit, d’économie,<br />

<strong>de</strong> politique générale, <strong>de</strong><br />

stratégie, et les stages sont renforcés.<br />

L’apparition <strong>de</strong>s MBA, loin <strong>de</strong><br />

faire <strong>de</strong> l’ombre aux <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>,<br />

renforce en fait leur prestige<br />

puisqu’elles allient alors modèles<br />

français et américain.<br />

En 1966, les ESC <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s<br />

ESCAE (<strong>écoles</strong> supérieures <strong>de</strong> com-<br />

Ecole <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, <strong>de</strong> gestion ou <strong>de</strong> management ?<br />

14<br />

merce et d’administration <strong>de</strong>s entreprises,<br />

en référence aux IAE) et<br />

passent <strong>de</strong> la tutelle <strong>de</strong> la Direction<br />

<strong>de</strong> l’enseignement technique<br />

du ministère à celle <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur. Mais l’ESCP<br />

fait sécession et quitte le réseau<br />

<strong>de</strong>s ESCAE. Au cours <strong>de</strong>s années<br />

soixante-dix, leur cadre commun<br />

s’efface peu à peu et en 1991, ces<br />

<strong>écoles</strong> re<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s ESC,<br />

autonomes. Elles peuvent alors<br />

délivrer leur propre diplôme et<br />

adoptent définitivement la forme<br />

qu’on leur connaît aujourd’hui :<br />

trois ans d’étu<strong>de</strong>s avec un recrutement<br />

à bac+2.<br />

Pour aller plus loin :<br />

-Séminaire GRESUP «Pratique<br />

et théorie dans l’enseignement <strong>de</strong><br />

la gestion, une perspective historique»<br />

par Jean-Pierre NIOCHE,<br />

professeur à HEC<br />

- «Quelle i<strong>de</strong>ntité pour les gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>», par<br />

Patrice <strong>de</strong> Fournas, Ecole Polytechnique,<br />

2007, consultable sur<br />

www.imprimerie.polytechnique.<br />

fr/Theses/Files/Fournas.pdf<br />

On n’enseigne plus guère le <strong>commerce</strong> dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>... mais plutôt la gestion et le management<br />

(connaissances permettant d’organiser et <strong>de</strong> diriger une entreprise), quand ce ne sont pas les<br />

sciences humaines, les langues ou le développement durable. Selon ce sur quoi l’établissement veut<br />

mettre l’accent, il choisit une appellation ou une autre. «Ecole <strong>de</strong> management», également usité dans<br />

le mon<strong>de</strong> anglo-saxon, peut faire plus mo<strong>de</strong>rne, c’est d’ailleurs l’appellation générique choisie par la<br />

Conférence <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. «Ecole <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>» reste en France le terme légal - mais non protégé<br />

- d’après un arrêté du 7 juillet 1994 relatif à la terminologie économique et financière: «école où<br />

sont enseignées les théories et les techniques du <strong>commerce</strong> et <strong>de</strong> la gestion», précise le texte ministériel.


L’Histoire<br />

La naissance douloureuse <strong>de</strong> HEC et <strong>de</strong> l’ESCP<br />

Patrick Fri<strong>de</strong>nson, historien <strong>de</strong>s entreprises à l’EHESS, et Lucie Paquy, docteur en histoire <strong>de</strong> l’université<br />

Lumière - Lyon II, se sont intéressés, <strong>de</strong>ux années durant, à l’histoire du dispositif <strong>de</strong> formation <strong>de</strong><br />

la Chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et d’industrie <strong>de</strong> Paris (CCIP) (1). Celui-ci comprend ou comprenait, outre<br />

HEC et l’ESCP, HECJF (pour les femmes), l’EAP, le CPA, Négocia et Advancia. Il est assez rare que<br />

<strong>de</strong>s historiens étudient l’enseignement supérieur <strong>de</strong> la gestion en France, d’autant que les <strong>écoles</strong> ont une<br />

tendance assez naturelle à réécrire leur propre histoire.<br />

Le démarrage <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> parisiennes a été laborieux,<br />

écrivez-vous.<br />

P.F : C’est en 1803, dès ses débuts,<br />

que la chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

<strong>de</strong> Paris y pense. Mais<br />

c’est finalement en 1819 qu’est<br />

créée la première d’entre elles,<br />

par <strong>de</strong>ux clients d’un négociant<br />

lyonnais du nom <strong>de</strong> Vital Roux.<br />

C’est donc à l’initiative <strong>de</strong> commerçants,<br />

pour qui la France<br />

doit disposer d’«un gymnase<br />

du <strong>commerce</strong> » pour former les<br />

commis <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> négoce,<br />

qu’est née l’ESCP. Vital Roux<br />

est un peu le père spirituel <strong>de</strong> la<br />

première <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> parisiennes<br />

et voulait axer l’enseignement<br />

sur la pratique et la simulation<br />

<strong>de</strong> cette pratique. L’école était<br />

payante et réservée aux fils <strong>de</strong><br />

négociants, étrangers et français<br />

: en clair, c’était une école<br />

pour fils à papa. Elle connaîtra<br />

ensuite <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés<br />

qui lui vaudront d’être rachetée<br />

en 1868, quasi exsangue, par la<br />

chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>.<br />

<strong>Les</strong> débuts <strong>de</strong> HEC sont, eux<br />

aussi, chaotiques : la chambre<br />

avait <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ambitions<br />

lorsqu’elle lance, en 1881, cette<br />

école boulevard Malesherbes à<br />

Paris. Mais très rapi<strong>de</strong>ment les<br />

flux d’étudiants se révèlent insuffisants<br />

: il lui faut donc recruter<br />

en province et aussi parmi<br />

les bacheliers littéraires, ce qui<br />

était exclu à l’origine du projet.<br />

Il lui faut aussi renforcer son enseignement<br />

en droit pour attirer<br />

les élèves qui veulent passer les<br />

concours administratifs. HEC à<br />

ses débuts est une sorte <strong>de</strong> superlycée.<br />

Quelle était l’ambition <strong>de</strong> ces<br />

<strong>écoles</strong> ?<br />

Au début du XIXe siècle, il y<br />

avait peu d’étudiants. Le top pour<br />

eux, c’était d’être acceptés dans<br />

une école d’ingénieurs <strong>de</strong> l’Etat.<br />

Tandis que dans les universités<br />

seules les filières mé<strong>de</strong>cinepharmacie<br />

et dans une moindre<br />

mesure droit étaient fréquentées<br />

avec assiduité et valorisées.<br />

La chambre a alors, logiquement,<br />

le modèle <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong><br />

d’ingénieurs en ligne <strong>de</strong> mire.<br />

Et l’idée d’un enseignement<br />

très pratique, imaginé par Vital<br />

Roux, s’étiole très rapi<strong>de</strong>ment<br />

au profit <strong>de</strong> cours nettement plus<br />

théoriques : en droit, en langues,<br />

et même en sciences naturelles à<br />

l’ESCP.<br />

En 1934, lorsqu’est créé par une<br />

loi le titre d’ingénieur, les <strong>écoles</strong><br />

15<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> ont essayé d’entrer<br />

dans ce système protégé. Elles<br />

en ont été refoulées vigoureusement.<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> la chambre<br />

ne parviennent pas à conquérir<br />

pour leurs diplômés un statut<br />

professionnel aussi clair que celui<br />

<strong>de</strong>s ingénieurs…Cette situation<br />

perdure aujourd’hui en partie<br />

: n’importe qui peut créer une<br />

école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et l’appellation<br />

n’est toujours pas protégée<br />

<strong>de</strong> la même manière ; cependant<br />

la création en 2001 par le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Education Nationale <strong>de</strong><br />

la commission d’évaluation <strong>de</strong>s<br />

formations et <strong>de</strong>s diplômes <strong>de</strong><br />

gestion, présidée <strong>de</strong>puis l’origine<br />

par Jean-Pierre Helfer, a<br />

constitué un progrès notable.<br />

A partir <strong>de</strong> quelle époque <strong>de</strong>vient-il<br />

prestigieux d’étudier<br />

dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

les plus réputées ?<br />

Dans les années 1940, il y avait<br />

eu quelques évolutions : HEC<br />

avait mis en place une troisième<br />

année d’étu<strong>de</strong>s, et l’ESCP avait<br />

créé une section d’exportation<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> colonial et international.<br />

Puis, au sortir <strong>de</strong> l’après-<br />

guerre, l’Etat avait pris en main<br />

l’implantation <strong>de</strong>s classes préparatoires<br />

et imposé le passage


<strong>de</strong> la scolarité <strong>de</strong> 2 à 3 ans pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s ESC françaises,<br />

ce qui avait contribué à clarifier<br />

et rationaliser le système. Mais<br />

ce n’est véritablement qu’en<br />

1957, quand la chambre prend la<br />

décision <strong>de</strong> réformer HEC pour<br />

la faire passer <strong>de</strong> l’enseignement<br />

commercial à l’enseignement<br />

supérieur <strong>de</strong> gestion, qu’un vrai<br />

tournant est amorcé pour l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>.<br />

On constate à partir <strong>de</strong> ce moment-là<br />

une vraie élévation du<br />

niveau <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, il n’est plus<br />

question d’entrer à HEC avec le<br />

bac. De 1957 à 1969, l’école fait<br />

son aggiornamento : les conférences<br />

<strong>de</strong> métho<strong>de</strong> sont mises en<br />

place, on réduit la part <strong>de</strong>s cours<br />

en amphi, il y a davantage <strong>de</strong><br />

groupes d’étu<strong>de</strong>s et les stages en<br />

entreprises <strong>de</strong>viennent obligatoires.<br />

Le poids <strong>de</strong> l’enseignement<br />

<strong>de</strong> la technologie et du droit<br />

s’amenuise et l’enseignement<br />

par cas fait son apparition.<br />

C’est à cette époque que HEC<br />

a failli se transformer en business<br />

school sur le modèle américain<br />

?<br />

En 1967, l’idée était révolutionnaire,<br />

il s’agissait <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> HEC<br />

un site <strong>de</strong> formation au MBA<br />

avec un centre <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong><br />

préparation au doctorat, comme<br />

les business schools <strong>de</strong>s universités<br />

américaines. Le modèle <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> école à la française aurait<br />

été abandonné car il valait mieux<br />

former <strong>de</strong>s jeunes cadres déjà<br />

L’Histoire<br />

expérimentés. Il s’agissait d’un<br />

projet ambitieux : faire <strong>de</strong> HEC<br />

l’ « ENA <strong>de</strong>s entrepreneurs ». Le<br />

directeur général <strong>de</strong> la chambre<br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, une partie <strong>de</strong>s<br />

professeurs et <strong>de</strong>s anciens élèves<br />

ont fini par refuser et en 1968<br />

ont tué dans l’œuf l’initiative.<br />

C’est la chambre qui tenait et<br />

tient toujours les cordons <strong>de</strong> la<br />

bourse, or à l’époque sa direction<br />

trouvait le projet trop américain<br />

et en outre ne voyait pas son<br />

intérêt à financer <strong>de</strong>s thèses. À la<br />

place, HEC a développé la formation<br />

continue et a créé l’ISA,<br />

<strong>de</strong>venu très récemment le MBA<br />

<strong>de</strong> HEC. Du coup l’Insead <strong>de</strong><br />

Fontainebleau, à la création <strong>de</strong><br />

laquelle avait d’ailleurs participé<br />

la chambre, est longtemps resté<br />

seul à dispenser en France ce<br />

type <strong>de</strong> formation. Aujourd’hui<br />

<strong>de</strong>s universités françaises aussi<br />

disposent <strong>de</strong> MBA et <strong>de</strong> centres<br />

<strong>de</strong> recherche en gestion.<br />

Quel a été le rôle <strong>de</strong>s anciens<br />

élèves dans l’évolution <strong>de</strong> leurs<br />

<strong>écoles</strong> respectives ?<br />

Dans les universités américaines<br />

qui ont <strong>de</strong>s business schools, les<br />

anciens ont un rôle moteur : ils<br />

versent beaucoup d’argent, particulièrement<br />

sous forme <strong>de</strong> legs.<br />

Ils sont présents dans les organes<br />

<strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong>s universités<br />

et influencent la stratégie et le<br />

développement <strong>de</strong> leur ancienne<br />

école.<br />

En France, les anciens ont également<br />

joué un rôle moteur, à plusieurs<br />

reprises, dans l’évolution<br />

16<br />

<strong>de</strong> la scolarité <strong>de</strong> leur école : à<br />

HEC dans les années 1950, à<br />

l’ESCP dans les années 1970,<br />

ils n’hésitent pas à se mobiliser<br />

pour apporter <strong>de</strong>s idées pour la<br />

mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la pédagogie.<br />

En revanche, comme ils sont<br />

très attachés à l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> leur<br />

école, ils ont à plusieurs reprises<br />

fait échouer les fusions entre<br />

établissements envisagées par<br />

la Chambre : HEC et ESCP en<br />

1968, ESCP et HECJF en 1973.<br />

C’est pourquoi ces <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> sont aujourd’hui relativement<br />

petites par rapport à<br />

<strong>de</strong>s structures comparables au<br />

plan international. Notons que<br />

la CCIP est tout <strong>de</strong> même parvenue<br />

à fusionner en 1999, pour<br />

<strong>de</strong>s raisons budgétaires, ESCP<br />

et EAP ainsi que HEC et le CPA.<br />

Elle a aussi fait disparaître totalement<br />

HECJF en 1975, sans que<br />

ses anciennes élèves ne puissent<br />

rien y faire. Plus généralement,<br />

on peut dire que les anciens élèves<br />

<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> <strong>de</strong><br />

la CCIP ont du patriotisme, mais<br />

mettent peu la main à la poche.<br />

Ils se mobilisent essentiellement<br />

pour protéger l’acquis, mais sont<br />

quand même capables <strong>de</strong> jouer<br />

un rôle moteur lorsqu’ils sentent<br />

leur école en danger.<br />

(1) « Du haut enseignement<br />

commercial à l’enseignement<br />

supérieur <strong>de</strong> gestion (XIXe-XXe<br />

siècles) », in Paul Lenormand<br />

(dir.), La Chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

et d’industrie <strong>de</strong> Paris 1803-<br />

2003, t. II : Etu<strong>de</strong>s Thématiques,<br />

Genève, Droz, 2008.


Points <strong>de</strong> vue<br />

Le candidat idéal vu par les directeurs <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong><br />

Le candidat idéal a <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s connaissances et une gran<strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> travail, c’est entendu. C’est<br />

d’ailleurs pour cette raison que les meilleures <strong>écoles</strong> recrutent encore une majorité <strong>de</strong> leurs élèves au<br />

sortir <strong>de</strong>s classes préparatoires. Mais entre <strong>de</strong>ux candidats <strong>de</strong> prépa d’un niveau académique équivalent,<br />

lequel vont-elles choisir ?<br />

Qui est votre candidat idéal ? Si on leur pose ouvertement la question, les directeurs <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> répon<strong>de</strong>nt<br />

tous : « un étudiant surprenant, doté d’un bon potentiel, à l’écoute <strong>de</strong> son environnement, capable<br />

d’apprendre encore et <strong>de</strong> s’ouvrir sur l’international et l’entreprise ». Cela tombe bien, votre prépa vous a enseigné<br />

pendant <strong>de</strong>ux ans à <strong>de</strong>venir ce spécimen tant recherché. Ne croyez pas pour autant que le tour est joué,<br />

car les jurys <strong>de</strong>s concours sont formés pour démêler le vrai du faux, distinguer entre les réelles aspirations <strong>de</strong>s<br />

candidats et le discours convenu. En outre, et c’est là que se loge la vraie difficulté <strong>de</strong> l’exercice, malgré leur<br />

ressemblance, toutes les <strong>écoles</strong> n’atten<strong>de</strong>nt pas la même chose <strong>de</strong> vous, ni le même discours.<br />

• AUDENCIA NANTES. Jean Charroin, directeur du programme gran<strong>de</strong> école : « nous ne <strong>de</strong>mandons<br />

jamais aux candidats où ils sont admissibles »<br />

Sur quels critères recrutez-vous ?<br />

Plus qu’une culture générale, nous cherchons <strong>de</strong>s candidats qui savent s’adapter à <strong>de</strong>s environnements très<br />

évolutifs. Autre critère <strong>de</strong> choix: le sens <strong>de</strong>s responsabilités et <strong>de</strong> l’engagement. Cela peut apparaître comme<br />

un poncif, mais ces qualités évoquent pourtant l’entrepreneuriat sous toutes ses formes.<br />

Comment vous positionnez-vous vis-à-vis <strong>de</strong>s autres <strong>écoles</strong> ?<br />

Nous cherchons à attirer <strong>de</strong>s candidats qui correspon<strong>de</strong>nt à notre projet pédagogique, en leur proposant un<br />

cadre agréable et un environnement stimulant. Mais, nous ne surestimons pas notre capacité à sélectionner les<br />

étudiants. Ces <strong>de</strong>rniers aussi opèrent <strong>de</strong>s choix, c’est pour ça qu’il y a <strong>de</strong>s désistements dans toutes les <strong>écoles</strong>.<br />

Cela dit, nous ne <strong>de</strong>mandons jamais aux candidats où ils sont admissibles lors <strong>de</strong>s entretiens, sous peine d’entrer<br />

dans <strong>de</strong>s jeux d’acteurs un peu malsains où la franchise ne serait plus <strong>de</strong> mise.<br />

Certaines particularités <strong>de</strong> vos candidats peuvent-ils les ai<strong>de</strong>r à être admis chez vous ?<br />

Des qualités comme l’expérience <strong>de</strong> l’international, la connaissance <strong>de</strong> l’entreprise ou encore un projet professionnel<br />

déjà élaboré sont évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>s éléments intéressants. Mais ce que nous cherchons avant tout,<br />

c’est que le candidat puisse démontrer qu’il a réfléchi à son avenir. S’il a déjà avancé dans la définition <strong>de</strong> son<br />

projet professionnel ce sera un point positif pour lui, à condition que son projet soit cohérent. Mais c’est juste<br />

un plus pour certains candidats. Pour les autres, nous savons très bien qu’en sortant <strong>de</strong> prépa ils n’ont pas une<br />

idée précise <strong>de</strong> ce qu’ils vont faire les 20 prochaines années.<br />

• ESCEM. Jacques Chaniol, directeur du programme ESC Tours Poitiers : « le défaut rédhibitoire c’est<br />

<strong>de</strong> n’avoir aucun projet professionnel ou centre d’intérêt »<br />

Quel type <strong>de</strong> candidat recrutez-vous le plus ?<br />

Si nous continuons à accueillir une large majorité d’élèves issus <strong>de</strong>s classes préparatoires, l’ESC Tours-Poitiers<br />

n’apprécie rien tant que la diversité <strong>de</strong>s profils au sein <strong>de</strong> ses classes. Des candidats issus <strong>de</strong> filières<br />

économiques et commerciales, scientifiques, technologiques mais aussi littéraires. L’an passé cette <strong>de</strong>rnière<br />

représentait 10 % <strong>de</strong>s admis en première année.<br />

17


Points <strong>de</strong> vue<br />

Quelle importance accor<strong>de</strong>z-vous à la personnalité <strong>de</strong> l’étudiant ?<br />

Outre les notes <strong>de</strong> l’écrit, la personnalité joue un grand rôle dans l’admission du candidat. À ce niveau, nous<br />

ne cherchons pas forcément <strong>de</strong> projet professionnel défini car il est difficile à 20 ans <strong>de</strong> savoir ce que l’on veut<br />

faire <strong>de</strong> sa vie. Mais, nous voulons percevoir un intérêt pour un domaine professionnel ou un autre chez l’étudiant,<br />

même si ce n’est qu’une ébauche <strong>de</strong> réflexion. Nous rejetons par contre tout projet artificiel qui aurait<br />

été construit <strong>de</strong>ux jours avant l’entretien juste pour impressionner le jury.<br />

Le principal handicap au concours serait plutôt <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> personnalité ?<br />

Nous n’avons aucune idée préconçue quant au candidat parfait. Mais nous savons apprécier ceux qui ont un<br />

certain relief, quelle que soit leur spécificité. L’an <strong>de</strong>rnier, nous avons beaucoup apprécié la prestation d’un<br />

candidat qui n’avait jamais quitté son village, mais qui s’était engagé à fond dans la vie politique locale tout<br />

en consacrant beaucoup <strong>de</strong> temps aux activités d’un club <strong>de</strong> 3e âge. Qu’un autre candidat souhaite intégrer<br />

la fonction publique ou entrer plus tard à l’Ena, n’aura rien d’handicapant non plus. En réalité, le défaut rédhibitoire,<br />

c’est <strong>de</strong> ne pas avoir <strong>de</strong> projet professionnel, <strong>de</strong> n’avoir aucun centre d’intérêt notable ni aucune<br />

ouverture, qu’elle soit sportive, culturelle ou autre.<br />

• HEC PARIS. Bernard Ramanantsoa, directeur général : « nous n’aimons pas les candidats incapables<br />

<strong>de</strong> s’adapter à leur interlocuteur ou trop agressifs ».<br />

Comment choisissez-vous les admis à HEC ?<br />

Nous jugeons avant tout les candidats sur les résultats obtenus au concours. Cela nous permet d’évaluer leurs<br />

connaissances, leur raisonnement et leur maîtrise <strong>de</strong>s langues. <strong>Les</strong> notes <strong>de</strong>meurent le vrai critère <strong>de</strong> choix, et<br />

le seul totalement objectif.<br />

Quelles sont les qualités et défauts <strong>de</strong>s candidats à l’oral ?<br />

Pour sélectionner ses 380 élèves, HEC accor<strong>de</strong> beaucoup d’importance à ses épreuves orales. Nous évaluons<br />

les capacités d’écoute et <strong>de</strong> réaction <strong>de</strong>s candidats face aux questions du jury, ainsi que l’aptitu<strong>de</strong> à argumenter<br />

et à convaincre lors <strong>de</strong> l’épreuve spécifique du « face à face » où <strong>de</strong>s étudiants vont échanger, débattre et<br />

observer. Ce volet est très complémentaire du test écrit. Globalement, les situations rédhibitoires –mais jamais<br />

éliminatoires– sont le candidat incapable <strong>de</strong> s’adapter à son interlocuteur et le candidat agressif. Quant au<br />

discours que peut tenir un élève <strong>de</strong> 20 ans sur son avenir, je m’en méfie. Il n’y a pas à mon sens une once <strong>de</strong><br />

spontanéité dans ce qu’expliquera un étudiant préparé pendant <strong>de</strong>ux ans à ce genre d’exercice.<br />

Vos concours pour l’admission en M1 obéissent-ils aux mêmes règles ?<br />

Dans le cadre du Concours d’admission directe, du concours international et <strong>de</strong>s doubles diplômes, le cadre<br />

sera légèrement différent. <strong>Les</strong> élèves ont, en effet, déjà un vécu et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s réussies. Nous allons donc tester<br />

leurs connaissances générales mais aussi vérifier qu’ils maîtrisent bien leur spécialité. Une épreuve particulière<br />

au concours d’admission directe en Master 1 permet un échange sur le parcours <strong>de</strong> l’élève.<br />

• GRENOBLE ECOLE DE MANAGEMENT. Jean-François Fiorina, directeur du programme ESC :<br />

« Le candidat doit nous démontrer que notre école l’intéresse vraiment ».<br />

Quelle est la spécificité <strong>de</strong> vos oraux ?<br />

Outre l’explication d’un sujet tiré au sort, nous avons une épreuve qui oblige le candidat à interroger un<br />

membre du jury sur un sujet libre. Pour l’oral <strong>de</strong> motivation, nous ne cherchons pas <strong>de</strong> profil type, juste <strong>de</strong> la<br />

sincérité. <strong>Les</strong> postulants doivent nous montrer qu’ils sont bien dans leur peau, par leurs expériences, ou leur<br />

savoir-être. Nous cherchons la lueur dans leurs yeux montrant que nous sommes faits pour travailler ensemble.<br />

L’oral compte presque pour moitié dans la note finale.<br />

18


Points <strong>de</strong> vue<br />

Y a-t-il <strong>de</strong>s lacunes rédhibitoires ?<br />

Aucune lacune n’est éliminatoire du moment qu’elle est explicable. On me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> souvent s’il faut un projet<br />

professionnel ou une expérience internationale avant <strong>de</strong> se présenter à un concours, je n’ai aucune réponse à<br />

ce genre <strong>de</strong> question ! Tout dépend <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> du candidat, <strong>de</strong> son ouverture, <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> que nous aurons<br />

qu’il ne récite pas un discours et que notre école l’intéresse vraiment. C’est ensuite au sein <strong>de</strong> l’établissement,<br />

pendant trois ans, qu’il pourra se construire l’expérience et la connaissance qui lui manquent.<br />

N’importe quel type <strong>de</strong> candidat qui a le niveau peut donc être admis ?<br />

Absolument. Il y a <strong>de</strong>ux ans une candidate avec qui nous n’avons fait que parler <strong>de</strong> cuisine et restauration au<br />

cours <strong>de</strong> l’entretien a été reçue. Elle nous a parlé <strong>de</strong> sa passion, nous a expliqué ses recettes, nous a raconté<br />

où elle faisait son marché. Voilà le type même du bon entretien, où nous n’avons pourtant parlé ni du projet<br />

professionnel, ni du projet académique, ni <strong>de</strong> ses expériences ! À l’inverse, l’étudiant qui arrive sans dire bonjour<br />

pour réciter un discours i<strong>de</strong>ntique à celui tenu la veille à Nantes et le len<strong>de</strong>main à Lyon nous intéressera<br />

beaucoup moins. Voici trois ans, un candidat nous a expliqué vouloir travailler dans les fusions et acquisitions.<br />

Problème, il ne connaissait ni Arcelor ni Mittal, alors qu’à l’époque, c’était en plein dans l’actualité. Il n’a pas<br />

tenu très longtemps.<br />

• ESSEC MBA. Marie-Noëlle Koebel, directrice <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et admissions : « nous poussons les candidats<br />

dans leurs <strong>de</strong>rniers retranchements ».<br />

Quelles qualités appréciez-vous chez les candidats au concours ?<br />

Nous recherchons avant tout <strong>de</strong> très soli<strong>de</strong>s connaissances académiques, une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s capacités<br />

d’analyse et <strong>de</strong> synthèse. Autant <strong>de</strong> points vérifiés à l’écrit. À l’oral, le registre sera différent : nous allons<br />

tenter <strong>de</strong> révéler la personnalité du candidat. Ceux qui nous intéressent sont les étudiants curieux, ouverts sur<br />

le mon<strong>de</strong>, capables <strong>de</strong> douter, d’écouter les autres, <strong>de</strong> maintenir ou <strong>de</strong> nuancer leurs positions, <strong>de</strong> réfléchir.<br />

Bref, un potentiel intellectuel dont ils pourront tirer profit pendant leur scolarité et bien sûr tout au long <strong>de</strong> leur<br />

parcours professionnel.<br />

Quelqu’un expliquant d’emblée qu’il ne souhaite pas partir à l’international plus tard aura-t-il ses chances<br />

?<br />

S’il sait argumenter cette décision et si le projet qu’il envisage lui permet un parcours strictement français, cela<br />

ne posera pas <strong>de</strong> problème. Mais ce cas <strong>de</strong> figure est relativement rare. Ne pas avoir <strong>de</strong> projet professionnel<br />

n’est pas non plus handicapant. C’est même plutôt normal en sortant <strong>de</strong> prépa ! Le grand danger est plutôt<br />

d’imaginer qu’il faut à tout prix savoir précisément ce que l’on veut faire <strong>de</strong> sa vie pour entrer à l’Essec. Le<br />

candidat qui voudrait s’inventer un projet professionnel qui ne repose sur rien <strong>de</strong> concret fait une erreur.<br />

Recevez-vous <strong>de</strong>s candidats muets ou paralysés par le trac ?<br />

Bien sûr, mais nous évitons au maximum ces cas <strong>de</strong> figure en faisant tout notre possible pour mettre l’étudiant<br />

en condition favorable. Nous savons bien que ce genre d’épreuve engendre un stress énorme. <strong>Les</strong> candidats<br />

savent qu’ils jouent gros. Nous les poussons dans leurs <strong>de</strong>rniers retranchements, mais sans les mettre mal à<br />

l’aise. Nous voulons évaluer leur personnalité. Ce qui implique une discussion parfois animée, mais nous laissons<br />

toujours le temps au candidat d’expliquer sa position ou son opinion.<br />

• ROUEN BUSINESS SCHOOL. Catherine Plichon, directrice du programme gran<strong>de</strong> école : « un entretien<br />

qui se passe bien est un entretien où l’on ne voit pas le temps passer».<br />

Comment se déroule l’oral <strong>de</strong> motivation à Rouen Business School ?<br />

Nos jurys sont composés d’un enseignant <strong>de</strong> l’école et d’un représentant du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise, souvent<br />

19


Points <strong>de</strong> vue<br />

un ancien diplômé qui travaille dans les ressources humaines. Ils n’ont pas connaissance <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong> l’écrit.<br />

Avant <strong>de</strong> se présenter, les candidats sont invités à remplir une fiche qui comporte une dizaine <strong>de</strong> questions<br />

assez classiques (« <strong>de</strong> quelle vie et <strong>de</strong> quelle carrière professionnelle rêvez-vous ? » ou « quelles sont vos<br />

principales attentes vis-à-vis <strong>de</strong> Rouen Business School ? »). Certains oublient <strong>de</strong> la remplir ou rédigent les<br />

réponses sur un coin <strong>de</strong> table juste avant l’entretien : ils se tirent une balle dans le pied !<br />

Quel type <strong>de</strong> profils cherchez-vous à recruter ?<br />

Nous cherchons <strong>de</strong>s candidats qui ont <strong>de</strong>s choses à raconter et qui savent en parler. Nous sommes notamment<br />

sensibles à ce qu’ils ont à dire <strong>de</strong> leurs expériences, loisirs et projets d’avenir. Cela nous permet <strong>de</strong> voir s’ils<br />

savent prendre du recul et analyser ce qu’ils ont fait. Au cours <strong>de</strong> l’entretien, nous testons aussi leur capacité<br />

d’élocution : savent-ils s’exprimer, convaincre, mais aussi accepter la critique et se remettre en question ?<br />

En général, un entretien qui se passe bien est un entretien où l’on ne voit pas le temps passer.<br />

Comment se déroule le processus d’affectation final entre les <strong>écoles</strong> ?<br />

Pour les 37 <strong>écoles</strong> appartenant à la Conférence <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Ecoles, tout est géré par le SIGEM (Système d’Intégration<br />

<strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Ecoles <strong>de</strong> Management). C’est donc ce système informatique qui mouline les données<br />

pour affecter les admis en fonction <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s candidats, <strong>de</strong> leur rang et du nombre <strong>de</strong> places dans chaque<br />

école. Dans tous les cas, l’admission finale résulte d’un calcul avec les notes <strong>de</strong>s écrits et <strong>de</strong> l’oral : on ne<br />

consulte pas les dossiers à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sélection.<br />

• ESCP EUROPE. Claudine Bertin, directeur adjoint du programme gran<strong>de</strong> école : « le candidat malin<br />

ne doit pas nous annoncer d’emblée qu’il ne veut pas travailler à l’étranger ».<br />

A quoi servent les épreuves orales du concours <strong>de</strong> l’ESCP ?<br />

L’oral ne sert pas à tester les connaissances, mais à cerner les personnalités, les potentiels, la capacité à communiquer<br />

et à analyser. Bref, les qualités qui permettront ensuite <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> notre formation. C’est à nous<br />

<strong>de</strong> déceler ces éléments chez <strong>de</strong>s jeunes d’à peine 20 ans. C’est un exercice très délicat. Il faut savoir faire<br />

réagir les candidats, les amener à s’exprimer sans les perturber. Et ce, tout en contournant le biais <strong>de</strong> l’appartenance<br />

à un milieu social qui aura par exemple permis à certains <strong>de</strong> séjourner à l’étranger, tandis que d’autres<br />

n’auront pas quitté leur pays.<br />

Un élève ayant une idée précise <strong>de</strong> ce qu’il souhaite faire plus tard sera-t-il avantagé ?<br />

Nous sommes intéressés par tous les profils, littéraires ou scientifiques, candidats avec ou sans projet professionnel.<br />

Mais l’étudiant qui prétend avoir un projet professionnel précis <strong>de</strong>vra nous prouver sa connaissance<br />

du sujet et expliquer les raisons <strong>de</strong> ses motivations. S’il s’avère que ce sont <strong>de</strong>s raisons inventées pour le seul<br />

jour <strong>de</strong> l’examen, l’oral tournera clairement à son désavantage. De manière plus générale, une connaissance<br />

approfondie <strong>de</strong> l’entreprise n’est pas nécessaire pour intégrer l’ESCP.<br />

L’expérience internationale est-elle indispensable pour intégrer l’ESCP ?<br />

Elle peut être intéressante, à condition que l’élève en ait tiré parti. J’ai vu beaucoup <strong>de</strong> candidats qui avaient<br />

tout vu et rien appris. Ils n’ont pas développé <strong>de</strong> curiosité, ne se sont jamais interrogés, et ont vécu l’international<br />

comme un parcours obligé. Alors que d’autres, à l’expérience plus limitée, en auront bien davantage<br />

profité. Globalement, avoir vécu ou séjourné à l’étranger n’est pas une condition sine qua non pour entrer chez<br />

nous. De même, un candidat peut très bien nous dire qu’il ne travaillera pas à l’étranger en sortant <strong>de</strong> l’ESCP,<br />

on ne va pas l’éliminer uniquement pour ça. Tout dépend <strong>de</strong> son projet personnel et <strong>de</strong> son ouverture d’esprit<br />

au sens large. Cela dit, les candidats ont généralement été suffisamment entraînés dans les classes préparatoires<br />

pour savoir qu’il ne faut pas nous annoncer d’emblée qu’ils ne veulent surtout pas travailler à l’étranger.<br />

Ce ne serait pas très malin !<br />

20


Avec la création <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> recherche<br />

et d’enseignement supérieur<br />

(PRES) et la récente Opération<br />

campus notamment, on<br />

a vu se constituer <strong>de</strong>s alliances<br />

gigantesques entre universités et<br />

parfois gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. Pouvezvous<br />

rester à l’écart <strong>de</strong> ce mouvement<br />

<strong>de</strong> concentration ?<br />

Nous n’envisageons pas <strong>de</strong> rester<br />

à l’écart du mouvement actuel.<br />

Mais, pour le moment, ce<br />

n’est pas en France que l’ESCP<br />

est la plus avancée en termes <strong>de</strong><br />

liens avec les universités, mais<br />

en Espagne où l’université Carlos<br />

III <strong>de</strong> Madrid vali<strong>de</strong> notre<br />

master en management comme<br />

l’un <strong>de</strong> ses masters, ce qui en fait<br />

un diplôme espagnol officiel, et<br />

en Italie, où l’université <strong>de</strong> Turin<br />

est un <strong>de</strong>s membres fondateurs<br />

<strong>de</strong> notre campus transalpin.<br />

Enfin, en Allemagne, nous avons<br />

nous-même un statut universitaire,<br />

qui nous a été accordé<br />

par le Land <strong>de</strong> Berlin, ce qui<br />

nous permet <strong>de</strong> délivrer notamment<br />

un doctorat <strong>de</strong> recherche.<br />

Pensez-vous qu’à terme les classes<br />

préparatoires vont disparaître<br />

?<br />

Points <strong>de</strong> vue<br />

Pascal Morand, directeur général <strong>de</strong> l’ESCP :<br />

« une école pour l’Europe »<br />

L’ambition <strong>de</strong> Pascal Morand, directeur général <strong>de</strong> ESCP Europe <strong>de</strong>puis trois ans, est que l’école <strong>de</strong><br />

l’avenue <strong>de</strong> la République à Paris incarne « les valeurs humanistes européennes ». Ce docteur en sciences<br />

économiques <strong>de</strong> 54 ans n’en est pas à son premier défi, lui à qui Christine Lagar<strong>de</strong>, alors ministre<br />

du Commerce extérieur, avait confié en 2007 la prési<strong>de</strong>nce d’un groupe <strong>de</strong> travail sur la mondialisation.<br />

Ancien directeur général <strong>de</strong> l’Institut Français <strong>de</strong> la Mo<strong>de</strong>, Pascal Morand connaît les arcanes <strong>de</strong><br />

l’ESCP pour y avoir été professeur associé en économie pendant 15 ans. La particularité <strong>de</strong> cette école ?<br />

Elle propose aux étudiants en master <strong>de</strong> choisir un campus européen différent à chaque semestre et <strong>de</strong><br />

se construire un parcours académique personnalisé en fonction <strong>de</strong>s options proposées sur les différents<br />

lieux d’étu<strong>de</strong> (Paris, Londres, Berlin, Turin, Madrid).<br />

Je pense que non, elles ne <strong>de</strong>vraient<br />

pas disparaître. Mais cela va dépendre<br />

<strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s uns<br />

et <strong>de</strong>s autres. La question est souvent<br />

<strong>de</strong> savoir si les classes préparatoires,<br />

plutôt que d’être le sommet<br />

<strong>de</strong> l’enseignement secondaire,<br />

ne <strong>de</strong>vraient pas rentrer dans l’enseignement<br />

supérieur. Mais est-ce<br />

vraiment le fond du problème ?<br />

Il est plutôt que, dans les faits, il y a à<br />

l’université <strong>de</strong> très bons professeurs<br />

et étudiants, mais un sous-encadrement.<br />

J’applaudis les évolutions induites<br />

par le plan licence, et les initiatives<br />

<strong>de</strong> tutorat. Je pense même<br />

qu’il faut accentuer le caractère<br />

pluri-disciplinaire <strong>de</strong>s licences, il<br />

faut <strong>de</strong>s bi-licences, <strong>de</strong>s tri-licences.<br />

Vous avez une recherche et <strong>de</strong>s enseignements<br />

en management, que<br />

proposez-vous en économie?<br />

Cette école a une tradition en la<br />

matière. (L’économiste classique)<br />

Jean-Baptiste Say y a enseigné dans<br />

ses premières années d’existence et<br />

l’on a un département <strong>de</strong> Sciences<br />

juridiques, économiques et sociales<br />

qui regroupe à Paris <strong>de</strong>s professeurs<br />

tels que Jean-Marc Daniel, Didier<br />

Marteau, Emmanuel Combe, Jean-<br />

21<br />

Louis Muchielli… Nous avons<br />

la volonté d’être i<strong>de</strong>ntifié comme<br />

une école d’économie également,<br />

et ce qui nous intéresse particulièrement,<br />

c’est la forte complémentarité<br />

entre la recherche en<br />

management et en économie.<br />

Nous voulons mettre l’expertise<br />

micro-économique <strong>de</strong> la maison<br />

au service <strong>de</strong> l’économie politique<br />

contemporaine, c’est un souci<br />

quotidien. Une école comme la<br />

nôtre doit s’engager dans le débat<br />

public et la réflexion économique…D’ores<br />

et déjà nous avons<br />

travaillé pour Bercy sur cinq sujets<br />

dans le cadre <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce<br />

française <strong>de</strong> l’Union européenne,<br />

et notamment sur l’innovation<br />

et la constitution d’un Observatoire<br />

<strong>de</strong> la mondialisation.<br />

Qu’est-ce que cela signifie d’être<br />

une école <strong>de</strong> management pour<br />

l’Europe ?<br />

L’idée est <strong>de</strong> faire le lien entre<br />

humanisme et approche du management<br />

: proposer un modèle<br />

d’enseignement qui respecte la<br />

créativité, l’histoire, la culture et<br />

la diversité <strong>de</strong>s valeurs humanistes<br />

européennes. En mai 2008,<br />

nous avons adopté une charte sur


nos valeurs. Cela se traduit dans<br />

nos programmes et séminaires.<br />

Pour commencer, nous avons<br />

modifié notre structure <strong>de</strong> gouvernance,<br />

avec la création d’un<br />

conseil européen fédéral qui<br />

définit les plan stratégiques <strong>de</strong><br />

l’ESCP. Il rassemble cinq représentants<br />

<strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

et d’industrie <strong>de</strong> Paris,<br />

cinq représentants <strong>de</strong>s différents<br />

campus européens <strong>de</strong> l’école, un<br />

représentant du Sénat <strong>de</strong> Berlin<br />

et un représentant <strong>de</strong> notre nouveau<br />

conseil d’orientation. C’est<br />

une vraie réforme car cela va<br />

permettre <strong>de</strong> renforcer la stratégie<br />

et la cohérence <strong>de</strong> l’ensemble.<br />

Par ailleurs, <strong>de</strong>puis la rentrée 2008<br />

tous les étudiants peuvent choisir<br />

leur lieu d’étu<strong>de</strong>, sur chacun <strong>de</strong> nos<br />

campus - Londres, Paris, Berlin,<br />

Turin, Madrid - à chaque semes-<br />

Points <strong>de</strong> vue<br />

tre du master. Il y a donc davantage<br />

<strong>de</strong> flexibilité dans leurs parcours.<br />

A quoi ressemble le candidat idéal<br />

pour ESCP Europe ?<br />

Il est pluriel. On a eu <strong>de</strong>s réflexions<br />

en interne sur les candidats post-bachelors<br />

(à partir <strong>de</strong> bac+3) et nous<br />

sommes véritablement attachés à<br />

ce qu’ils viennent <strong>de</strong> tous les environnements<br />

et horizons possibles.<br />

Nous voulons détecter les talents,<br />

les gens curieux, intelligents, qui<br />

ont <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> synthèse<br />

et d’innovation. Nous sommes<br />

ouverts aux candidats littéraires,<br />

c’est d’ailleurs notre souhait d’en<br />

recruter davantage, tout comme,<br />

par exemple, <strong>de</strong>s étudiants ingénieurs<br />

<strong>de</strong> Centrale et Supélec avec<br />

qui nous avons un partenariat<br />

(pour une entrée en master, Ndlr).<br />

De Sup <strong>de</strong> co Paris à ESCP Europe, une histoire <strong>de</strong> marque<br />

22<br />

Y a-t-il chez certains candidats<br />

une réticence à postuler à une<br />

école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, étant donné<br />

l’image qui leur est associée ?<br />

Nous ne nous posons pas la question<br />

au Royaume-Uni ou dans<br />

les autres pays européens, et en<br />

France ce problème tend à reculer.<br />

Mais c’est vrai qu’il y a dans<br />

ce pays une réticence par rapport<br />

à l’économie <strong>de</strong> marché, idée à<br />

laquelle nous sommes assimilés.<br />

Ce que l’on peut faire, c’est montrer<br />

ce que sont vraiment les choses<br />

: dire aux étudiants que nous<br />

menons à une pluralité <strong>de</strong> métiers,<br />

<strong>de</strong> la finance à l’humanitaire en<br />

passant par les agences <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign.<br />

Nous avons une culture urbaine, au<br />

coeur <strong>de</strong>s tendances, et une culture<br />

européenne. Notre engagement<br />

européen est une vraie aventure.<br />

Pour ses 190 ans, l’ESCP-EAP European School of Management a décidé <strong>de</strong> s’alléger <strong>de</strong> quelques lettres.<br />

Elle s’est ainsi renommée ESCP Europe. Pour en arriver là, la direction <strong>de</strong> celle que l’on appelle<br />

encore « Sup <strong>de</strong> Co Paris » a pris le temps <strong>de</strong> la réflexion. L’enjeu était <strong>de</strong> taille, car la <strong>de</strong>rnière fois<br />

que l’établissement avait tenté <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> nom, à l’occasion <strong>de</strong> sa fusion avec l’EAP en 1999, cela<br />

avait provoqué une bronca parmi les anciens élèves. Devant la colère <strong>de</strong>s diplômés, la Chambre <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> et d’Industrie <strong>de</strong> Paris, son propriétaire, avait renoncé à l’affubler <strong>de</strong> la marque IMEP,<br />

une invention du cabinet <strong>de</strong> conseil en marques Nomen, pour simplement la renommer ESCP-EAP.<br />

Problème : le compromis <strong>de</strong> l’époque posait une sérieuse difficulté <strong>de</strong> prononciation (E-S-C-P-E-A-P).<br />

Or l’école, qui se veut européenne avec ses campus en Angleterre, Allemagne, Italie et Espagne, doit nécessairement<br />

pouvoir communiquer en plusieurs langues, ou au moins en anglais. Après avoir tenté plusieurs<br />

années d’expliquer que sa marque était I-S-Ci-Pi « dash » I-ê-Pi, elle s’est finalement décidée,<br />

l’été <strong>de</strong>rnier, à son<strong>de</strong>r ses anciens élèves, <strong>de</strong>s étudiants et <strong>de</strong>s entreprises dans l’idée <strong>de</strong> faire simplement<br />

« évoluer » son nom. Une approche probablement plus raisonnable que la création d’une énième marque<br />

pour un établissement déjà répertorié en tant que « ESCP », « ESCP-EAP », « Sup <strong>de</strong> Co », « Sup<br />

<strong>de</strong> Co Paris », « École Supérieure <strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong> Paris », « ESC Paris », « École Européenne <strong>de</strong>s Affaires<br />

», « Europäische Wirtschaftshochschule… ». En choisissant « ESCP Europe », l’établissement revient<br />

quasiment à sa marque d’origine (à l’image du pétrolier TotalFinaElf qui a fini par re<strong>de</strong>venir Total).


Comment vous est venue l’idée<br />

<strong>de</strong> monter un double diplôme<br />

avec une école d’ingénieurs ?<br />

À l’école <strong>de</strong> management <strong>de</strong> Grenoble,<br />

on s’intéressait aux liens<br />

entre management et technologie.<br />

Cela créait une proximité <strong>de</strong><br />

fait avec les <strong>écoles</strong> d’ingénieurs.<br />

Donc, on s’est dit : pourquoi ne<br />

pas aller plus loin dans <strong>de</strong>s domaines<br />

où nous sommes cousins,<br />

comme les systèmes d’information<br />

? Nous avons bénéficié d’un<br />

terreau favorable: l’école d’ingénieurs<br />

Télécom Bretagne avait<br />

une antenne à Grenoble et nous<br />

avions noué <strong>de</strong>s liens particuliers.<br />

En général, les partenariats entre<br />

les <strong>écoles</strong> d’ingénieurs et les <strong>écoles</strong><br />

<strong>de</strong> management ne permettent<br />

qu’aux étudiants <strong>de</strong>s premières<br />

d’avoir un double diplôme…<br />

Pour moi, le principe du double<br />

diplôme, c’est la réciprocité. Cela<br />

passe donc par la reconnaissance<br />

mutuelle <strong>de</strong>s parcours chez nous,<br />

comme chez le partenaire. <strong>Les</strong><br />

étudiants intéressés par le double<br />

diplôme avec Télécom Bretagne<br />

choisissent dès le départ un parcours<br />

spécifique mis au point avec<br />

le partenaire. C’est d’ailleurs le<br />

même principe pour les doubles<br />

diplômes avec l’étranger : il y a<br />

un accord pédagogique entre les<br />

Points <strong>de</strong> vue<br />

Thierry Grange, directeur <strong>de</strong> Grenoble Ecole <strong>de</strong> Management :<br />

« nos élèves peuvent aussi décrocher un diplôme d’ingénieur »<br />

Pionnière en matière <strong>de</strong> double diplôme, l’école <strong>de</strong> management <strong>de</strong> Grenoble est la première à permettre<br />

à quelques-uns <strong>de</strong> ses étudiants, <strong>de</strong> formation essentiellement économique donc, d’obtenir un diplôme<br />

d’ingénieur. L’EM Grenoble a également monté un double diplôme avec une école <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign et elle facilite<br />

la vie <strong>de</strong> ses étudiants issus <strong>de</strong> filières littéraires qui veulent compléter leur licence <strong>de</strong> lettres.<br />

<strong>de</strong>ux institutions qui permet aux<br />

étudiants d’obtenir un MBA, par<br />

exemple, en étant dispensé <strong>de</strong> certains<br />

cours dans l’institution partenaire.<br />

La commission <strong>de</strong>s titres d’ingénieur<br />

(CTI) n’a reconnu le double<br />

diplôme avec Télécom Bretagne<br />

que très récemment et a limité le<br />

nombre d’étudiants à 5 par an.<br />

Le montage du projet date <strong>de</strong> 2000,<br />

la commission ne réexamine pas les<br />

diplômes tous les ans, donc il a été<br />

reconnu en 2009, mais dans les faits<br />

il existe <strong>de</strong>puis 2003. La limitation<br />

du nombre d’étudiants n’est pas<br />

un problème, les doubles diplômes<br />

sont <strong>de</strong>s parcours très spécifiques<br />

qui concernent quoi qu’il en soit<br />

peu d’étudiants.<br />

En France, vous avez également<br />

un partenariat avec l’université<br />

Stendhal-Grenoble 3 et un autre<br />

avec Strate Collège Designers, qui<br />

permettent d’obtenir <strong>de</strong>ux diplômes.<br />

L’accord avec l’université Stendhal<br />

n’est pas un double diplôme à proprement<br />

parler, il s’agit d’offrir la<br />

possibilité à nos étudiants issus <strong>de</strong><br />

filières littéraires <strong>de</strong> compléter leur<br />

licence. <strong>Les</strong> étudiants sélectionnés<br />

suivent <strong>de</strong>s cours en Lettres mo<strong>de</strong>rnes<br />

à l’université. Avec Strate Col-<br />

23<br />

lège, en revanche, c’est un vrai<br />

double diplôme qui permet d’allier<br />

connaissances commerciale,<br />

technologique et esthétique.<br />

Combien <strong>de</strong> temps faut-il pour<br />

monter un double diplôme ?<br />

Cela prend du temps, je dirais entre<br />

<strong>de</strong>ux et trois ans. Selon nous il<br />

y a plusieurs types <strong>de</strong> difficultés<br />

pour monter ce genre <strong>de</strong> cursus.<br />

D’abord, celui <strong>de</strong> la notoriété ;<br />

plus on est connu, plus c’est facile.<br />

Ensuite, il y a le frein <strong>de</strong>s<br />

cultures, ce sont <strong>de</strong>s montages<br />

que l’on ne réalise qu’avec <strong>de</strong>s<br />

gens issus <strong>de</strong> cultures différentes<br />

<strong>de</strong> la nôtre. Et puis, il y a le frein<br />

<strong>de</strong> l’innovation : quand on est les<br />

premiers à monter un cursus original,<br />

c’est toujours plus compliqué.<br />

Il peut, par ailleurs, y avoir <strong>de</strong>s<br />

difficultés financières, par exemple<br />

entre une institution payante<br />

et une institution gratuite, comme<br />

nous avec Télécom Bretagne.<br />

Mais chacun s’arrange : il n’y a<br />

pas <strong>de</strong> surcoût pour les étudiants.<br />

Il n’y en a pas non plus avec nos<br />

partenaires à l’étranger, comme<br />

aux Etats-Unis, car nos échanges<br />

sont basés sur la réciprocité, non<br />

seulement pédagogique, mais<br />

aussi financière et en terme d’effectifs.


Pourquoi un candidat attiré par<br />

le management <strong>de</strong>vrait-il s’intéresser<br />

à l’IAE ?<br />

Depuis environ une quinzaine<br />

d’années nous tentons d’être en<br />

avance sur le système universitaire.<br />

Ainsi, nous avons développé<br />

une politique internationale forte.<br />

Nous comptons aujourd’hui plus<br />

<strong>de</strong> 50 nationalités sur le campus,<br />

soit plus que la plupart <strong>de</strong>s ESC.<br />

Nous avons aussi fait le choix <strong>de</strong><br />

dispenser tous les enseignements<br />

soit entièrement en anglais, soit à<br />

la fois en français et en anglais, et<br />

<strong>de</strong> favoriser les séjours à l’étranger.<br />

De plus, nous sommes le seul<br />

établissement universitaire accrédité<br />

EQUIS et AMBA.<br />

Nous favorisons le travail <strong>de</strong><br />

groupe ainsi que la pratique. C’est<br />

pour cela qu’en plus <strong>de</strong>s 40 enseignants<br />

permanents et <strong>de</strong>s 30 professeurs<br />

étrangers invités tous les<br />

ans, nous faisons intervenir 150<br />

professionnels. Nous avons en<br />

outre développé l’apprentissage,<br />

qu’ont adopté 40% <strong>de</strong> nos étudiants,<br />

ce qui fait <strong>de</strong> nous l’un <strong>de</strong>s<br />

établissements universitaires les<br />

plus importants dans ce domaine.<br />

Pensez-vous que l’IAE d’Aix<br />

concurrence les ESC ?<br />

Au niveau international, il existe<br />

<strong>de</strong>s agences d’accréditation <strong>de</strong>s<br />

Points <strong>de</strong> vue<br />

L’IAE d’Aix-en-Provence sur les terres <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

Depuis une quinzaine d’années, l’Institut d’Administration <strong>de</strong>s Entreprises (IAE) d’Aix-en-Provence<br />

concurrence les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et il se place aujourd’hui dans la compétition internationale. Alain<br />

Ged, directeur <strong>de</strong> l’établissement, lève le voile sur sa stratégie: se démarquer <strong>de</strong> l’université, élargir le<br />

réseau d’anciens, ou encore ouvrir un master à Paris.<br />

<strong>écoles</strong>, ainsi qu’une au niveau européen.<br />

Une seule école universitaire<br />

se trouve parmi les 100 premières<br />

et c’est l’IAE. Nous sommes donc<br />

au même niveau que les ESC. Nous<br />

avons obtenu l’accréditation Equis<br />

en 1999, elle a <strong>de</strong>puis été renouvelée<br />

<strong>de</strong>ux fois. Ayant la volonté d’être<br />

toujours plus performant, nous essayons<br />

<strong>de</strong> placer l’IAE d’Aix au<br />

niveau mondial, et c’est pour cela<br />

que nous désirons faire partie <strong>de</strong><br />

classements internationaux. C’est<br />

ainsi que The Economist et le Financial<br />

Times (FT) ont estimé que<br />

notre Euro MBA faisait partie <strong>de</strong>s<br />

premiers mondiaux (1). A l’avenir,<br />

je souhaite que nos masters figurent<br />

aussi dans le classement du FT.<br />

D’autres indices nous prouvent que<br />

nous concurrençons bel et bien les<br />

ESC. Par exemple, lors <strong>de</strong>s sessions<br />

<strong>de</strong> recrutements, nous remarquons<br />

sur les dossiers <strong>de</strong>s candidats que<br />

leurs voeux sont en général <strong>de</strong>s<br />

ESC et l’IAE. Autre preuve: les<br />

partenariats signés avec l’ESSEC et<br />

l’Insead dans le domaine <strong>de</strong> la recherche,<br />

où nous sommes très performants.<br />

Votre politique <strong>de</strong> recrutement<br />

joue-t-elle un rôle dans vos performances<br />

?<br />

Nous essayons effectivement <strong>de</strong><br />

nous démarquer <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

dans notre politique <strong>de</strong> re-<br />

24<br />

crutement. Contrairement à elles,<br />

nous essayons d’être beaucoup<br />

moins monolithique en privilégiant<br />

un recrutement transversal.<br />

Chez nous, les étudiants sont présélectionnés<br />

sur dossier, puis ils<br />

passent <strong>de</strong>s tests, et enfin <strong>de</strong>s entretiens.<br />

Mais les tests ont moins<br />

d’importance que pour une ESC.<br />

Ce que nous recherchons avant<br />

tout, ce sont <strong>de</strong>s profils intéressants.<br />

Etes-vous aussi concurrentiel en<br />

matière d’insertion ?<br />

Actuellement, nous avons un<br />

taux d’insertion <strong>de</strong> 93% en moins<br />

<strong>de</strong> trois mois, avec un salaire<br />

moyen <strong>de</strong> 35 000 € par an. Ceux<br />

qui ont opté pour l’apprentissage<br />

atteignent un taux d’embauche <strong>de</strong><br />

98%. Depuis plusieurs années,<br />

le taux <strong>de</strong> placement ne cesse <strong>de</strong><br />

grimper, pour être aujourd’hui à<br />

peu près équivalent à celui <strong>de</strong>s<br />

ESC - hormis les parisiennes.<br />

Mais nous mettons toutes les<br />

chances <strong>de</strong> notre côté pour que<br />

cette progression ne s’arrête pas<br />

en si bon chemin.<br />

Aujourd’hui notre réseau d’anciens<br />

élèves est puissant. Afin <strong>de</strong><br />

l’étendre encore, nous nous sommes<br />

alliés à l’ENSAM, dont certains<br />

étudiants font leur troisième<br />

année chez nous. Ce choix n’est<br />

pas anodin puisque cette école


énéficie <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> association<br />

d’anciens <strong>de</strong> France.<br />

Vous concurrencez les ESC <strong>de</strong><br />

province, mais selon vous les<br />

parisiennes sont encore un rang<br />

au-<strong>de</strong>ssus. Pensez-vous pouvoir<br />

les égaler dans le futur?<br />

On pourrait comparer le classement<br />

<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> accréditées aux<br />

divisions <strong>de</strong> football. Actuellement,<br />

nous ne sommes pas encore<br />

dans la première, contrairement<br />

Points <strong>de</strong> vue<br />

aux plus gran<strong>de</strong>s ESC parisiennes.<br />

Notre problème, en plus d’être situé<br />

en province, c’est bien entendu<br />

notre budget, mais aussi notre<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement. Je trouve<br />

vraiment regrettable qu’en France<br />

nous ayons un double système<br />

dans l’enseignement supérieur,<br />

avec d’un côté les universités et<br />

<strong>de</strong> l’autre les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong>. <strong>Les</strong><br />

facultés n’ont absolument aucune<br />

vision concurrentielle, que ce soit<br />

au niveau national ou international.<br />

Ce qui bien entendu nous bloque<br />

Analyse et stratégie<br />

25<br />

un peu dans notre évolution. Or<br />

aujourd’hui notre ambition n’est<br />

pas seulement nationale, elle est<br />

mondiale. Nous sommes actuellement<br />

concurrentiel dans le recrutement<br />

et dans le placement, et<br />

nous cherchons à être dans un univers<br />

différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> l’université<br />

afin <strong>de</strong> pouvoir évoluer toujours<br />

plus. Notre prochain projet<br />

est d’ailleurs d’ouvrir un nouveau<br />

master à Paris, pour commencer à<br />

être sur un pied d’égalité avec les<br />

ESC <strong>de</strong> la capitale.<br />

(1) L’Euro*MBA est un programme en <strong>de</strong>ux ans qui combine cours à distance et semaines rési<strong>de</strong>ntielles. Il est<br />

géré par un consortium européen, qui outre l’IAE d’Aix, implique notamment l’Universiteit Maastricht Business<br />

School (Pays-Bas), Au<strong>de</strong>ncia Nantes EM (France), EADA Escuela <strong>de</strong> Alta Direccion y Administracion<br />

(Espagne) et HHL Leipzig Graduate School of Management (Allemagne). Ce MBA a été classé cinquième<br />

dans le mon<strong>de</strong> dans sa catégorie par The Economist. Le Financial Times a également donné ce programme en<br />

exemple (parmi 40 autres) comme étant l’un <strong>de</strong>s « top distance learning and online MBA » en 2008.<br />

Un candidat doit-il se fier aux infos sur internet ?<br />

<strong>Les</strong> sites internet <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, les forums <strong>de</strong> discussion ou encore les gui<strong>de</strong>s et classements<br />

d’établissements sont autant <strong>de</strong> sources d’information, même imparfaites, pour les éventuels candidats<br />

aux formations initiales. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> exploitent toutes les ressources <strong>de</strong> la toile, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> relativement<br />

peu d’investissements financiers, pour prêcher la bonne parole. Gare au manque d’objectivité !<br />

La première vitrine <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> est leur propre site internet.<br />

Très soignés dans leur graphisme<br />

et leur présentation <strong>de</strong>s<br />

multiples parcours offerts, ceuxci<br />

donnent une image brillante<br />

et lisse <strong>de</strong>s établissements, qui<br />

surenchérissent en la matière.<br />

De quoi attirer <strong>de</strong>s candidats<br />

qui s’imaginent volontiers dans<br />

la peau <strong>de</strong>s étudiants épanouis,<br />

fonceurs ou encore cosmopolites<br />

dont les photos s’étalent, parfois<br />

accompagnées d’une musique au<br />

diapason. La communication <strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> va cependant au-<strong>de</strong>là.<br />

Passage quasi obligé, elles présentent<br />

leur campus, par <strong>de</strong>s visites<br />

virtuelles ou <strong>de</strong>s diaporamas, comme<br />

Euromed Marseille. Toutes se<br />

doivent aussi <strong>de</strong> jouer la carte maîtresse<br />

<strong>de</strong> l’ouverture hors <strong>de</strong>s frontières.<br />

Dès certaines pages d’accueil,<br />

l’anglais se mêle au français,<br />

et l’international irrigue l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s pages. Le site <strong>de</strong> l’ESCP est<br />

même proposé en cinq langues, en<br />

correspondance avec ses cinq cam-<br />

pus européens. En outre, figurent<br />

<strong>de</strong>puis quelques années sur les sites<br />

<strong>de</strong>s logos aussi discrets qu’efficaces:<br />

ceux <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong><br />

certification comme AACSB et<br />

Equis, lorsque les <strong>écoles</strong> ont décroché<br />

leurs labels.<br />

Autre autout que choisissent <strong>de</strong><br />

mettre en avant certains établissements:<br />

l’ancienneté et l’expérience,<br />

comme la Reims Management<br />

School avec son message «1928-<br />

2008, 80 ans d’excellence », ins-


crit en bonne place. L’INSEEC<br />

expose quant à elle ses anciens,<br />

qui défilent par une animation<br />

flash en première page et vantent<br />

les mérites <strong>de</strong> l’école. Une initiative<br />

sort du lot et met finement en<br />

valeur l’établissement concerné:<br />

celle du directeur d’INT Management,<br />

Denis Lapert, qui anime un<br />

blog <strong>de</strong>puis décembre 2005, où<br />

il fait partager ses points <strong>de</strong> vue,<br />

au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> business<br />

schools.<br />

Enfin, l’ISC Paris a recours à un<br />

gadget qui semble fonctionner: il<br />

propose <strong>de</strong> cliquer sur le module<br />

«imagine ton parcours», où est<br />

soumis un questionnaire interactif<br />

pour les élèves <strong>de</strong> classes préparatoires<br />

et ceux visant une admission<br />

parallèle. Après une série <strong>de</strong><br />

questions, sont expliquées en vidéo<br />

les possibilités <strong>de</strong> formations<br />

qui s’offrent à eux.<br />

On peut remarquer que lorsque les<br />

<strong>écoles</strong> sont directement mises en<br />

«concurrence» sur un site, comme<br />

sur celui du concours Passerelle<br />

(passerelle-esc.com), alors elles<br />

se surpassent, notamment en vidéos<br />

sur l’ESC TV associée. Des<br />

thèmes tels l’égalité <strong>de</strong>s chances<br />

et les activités <strong>de</strong>s associations<br />

étudiantes y sont abordés.<br />

Forums impossibles à contenir<br />

Toutefois, ces sites, élaborés par<br />

les <strong>écoles</strong> et qui peuvent être qualifiés<br />

<strong>de</strong> promotionnels, ne permettent<br />

pas <strong>de</strong> juger objectivement<br />

<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> leurs cursus.<br />

<strong>Les</strong> étudiants en sont conscients,<br />

et se tournent aussi vers les sites<br />

spécialisés - gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> ou<br />

<strong>de</strong>s métiers, sites consacrés aux<br />

Analyse et stratégie<br />

palmarès, médias...- et surtout vers<br />

les forums <strong>de</strong> discussion, que les<br />

business schools peuvent difficilement<br />

maîtriser.<br />

C’est là que se joue leur réputation.<br />

Avec souvent pour point <strong>de</strong> départ<br />

la question d’un lycéen qui cherche<br />

à s’orienter dans la jungle <strong>de</strong>s formations.<br />

Etudiants, parents, professeurs<br />

et autres anonymes se lancent<br />

volontiers dans <strong>de</strong>s joutes verbales<br />

qui peuvent «tuer» d’un mot un<br />

établissement. Ils s’appuient tantôt<br />

sur <strong>de</strong>s éléments concrets comme<br />

leur expérience ou les classements,<br />

tantôt sur <strong>de</strong>s rumeurs, ce qui ne<br />

fait guère avancer les débats. On se<br />

croirait au café du <strong>commerce</strong>: « La<br />

meilleure école, c’est HEC comme<br />

son nom l’indique : « Haute école<br />

du <strong>commerce</strong> », assure Calgan<br />

sur www.infos-du-net.com, alors<br />

que les initiales <strong>de</strong> HEC signifient<br />

«Hautes Etu<strong>de</strong>s Commerciales ».<br />

Sur le site questions/réponses <strong>de</strong><br />

Yahoo, Christian s’en remet plutôt<br />

à la vie réelle : « A part les parisiennes<br />

et EM Lyon, toutes les autres se<br />

valent ; ne vous fiez surtout pas aux<br />

classements faits par <strong>de</strong>s revues ;<br />

ils ne correspon<strong>de</strong>nt à rien <strong>de</strong> sérieux<br />

si ce n’est qu’ils font vendre !<br />

Fiez-vous plutôt aux étudiants déjà<br />

dans l’école et faites-vous expliquer<br />

ce qui va et ce qui ne va pas.<br />

Vous déci<strong>de</strong>rez ensuite. » Et pour<br />

cela, faute <strong>de</strong> sites ou blogs d’anciens<br />

à la hauteur actuellement, il<br />

faudra faire jouer ses relations... ou<br />

camper <strong>de</strong>vant l’école visée.<br />

<strong>Les</strong> discussions sont loin d’être<br />

cantonnées aux forums d’étudiants:<br />

sur Doctissimo.fr, Soso21 parle argent.<br />

« La plupart <strong>de</strong>s sociétés ont<br />

26<br />

<strong>de</strong>s grilles <strong>de</strong> salaires en fonction<br />

<strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> dont vient<br />

le salarié. Dans la mienne, HEC<br />

est le plus payé. Viennent ensuite<br />

ensemble ESSEC et ESCP. Puis<br />

l’EM Lyon, l’EDHEC Lille et<br />

Nice, l’ESC Reims, etc... Et enfin,<br />

un <strong>de</strong>rnier groupe, avec toutes les<br />

autres », rapporte-t-elle. Là encore<br />

plus qu’ailleurs, les généralités<br />

fleurissent, avec par exemple Shadow69,<br />

selon qui «il faut arrêter<br />

<strong>de</strong> croire que c’est mieux à Paris...<br />

Il y a aussi beaucoup d’<strong>écoles</strong> où<br />

on «achète» un diplôme qui ne<br />

vaut pas grand-chose. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong> c’est aussi un vrai<br />

<strong>commerce</strong> ».<br />

Sites communautaires peu investis<br />

ou ignorés<br />

Dérapages et attaques personnelles<br />

sont <strong>de</strong>venus monnaie courante<br />

sur internet. A tel point que sur<br />

certains forums, les discussions<br />

sur les classements <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>commerce</strong> sont désormais closes.<br />

« À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreuses<br />

<strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, par voie <strong>de</strong><br />

lettres recommandées, mises en<br />

<strong>de</strong>meure, assignations au tribunal,<br />

nous sommes aujourd’hui<br />

contraints <strong>de</strong> supprimer l’intégralité<br />

<strong>de</strong>s sujets mettant en cause<br />

certaines ecoles. Il semble que le<br />

dénigrement anonyme via les forums<br />

fasse désormais partie <strong>de</strong> la<br />

guerre commerciale <strong>de</strong> ces gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> », annonce l’administrateur<br />

<strong>de</strong> www.forum.rue-montgallet.<br />

com, prévenant que les messages<br />

ayant trait à ce sujet seront systématiquement<br />

effacés.<br />

Il est un domaine sur internet que<br />

les business schools sont en train


d’investir: celui <strong>de</strong>s sites communautaires,<br />

<strong>de</strong> youtube à facebook.<br />

L’exemple venant souvent <strong>de</strong><br />

l’étranger, c’est la London Business<br />

School qui leur a montré la<br />

voie dès 2008. En France, l’ESC<br />

Lille a été une <strong>de</strong>s pionnières,<br />

elle compte aujourd’hui plus <strong>de</strong><br />

1000 fans. Elle a été suivie par<br />

nombre d’<strong>écoles</strong> qui se sont approprié<br />

l’outil pour, notamment,<br />

cibler les candidats potentiels. La<br />

«page» <strong>de</strong> l’Essec compte plus <strong>de</strong><br />

2000 fans, celle <strong>de</strong> l’ESCP plus<br />

<strong>de</strong> 1300 et l’EMLYON, 700.<br />

Sur ces pages (à ne pas confondre<br />

avec les «groupes» facebook<br />

d’étudiants ou d’anciens élèves<br />

qui pullulent par ailleurs), les ser-<br />

Analyse et stratégie<br />

vices <strong>de</strong> communication <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong><br />

s’emploient à répondre aux questions<br />

<strong>de</strong>s internautes et à animer<br />

leur page avec <strong>de</strong>s informations<br />

sur les programmes académiques<br />

ou les activités du campus. Mais<br />

facebook pourrait rapi<strong>de</strong>ment passer<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong> et déjà, les <strong>écoles</strong> les<br />

plus actives se mettent à twitter, le<br />

nouveau réseau qui fait le buzz sur<br />

internet.<br />

<strong>Les</strong> sites <strong>de</strong> professionnels en réseau,<br />

à l’instar <strong>de</strong> via<strong>de</strong>o et linkedin,<br />

paraissent plus appropriés pour<br />

les <strong>écoles</strong> du fait <strong>de</strong> leur image <strong>de</strong><br />

sérieux. Mais les étudiants potentiels<br />

risquent eux <strong>de</strong> ne pas y être<br />

inscrits. Sur youtube ou dailymotion,<br />

sites <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> vidéos, le<br />

Analyse et stratégie<br />

27<br />

meilleur côtoie le pire <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>commerce</strong>. <strong>Les</strong> tournages <strong>de</strong><br />

soirées arrosées, <strong>de</strong> rencontres<br />

sportives et d’élection <strong>de</strong> miss<br />

ESC ou encore les parodies <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong>s étudiants sont même plus<br />

nombreux que les cours filmés et<br />

les clips léchés mis en ligne par<br />

les <strong>écoles</strong> elles-mêmes.<br />

Ces vidéos maison peuvent pourtant<br />

être vues plusieurs milliers <strong>de</strong><br />

fois en quelques semaines, assurant<br />

une audience à peu <strong>de</strong> frais.<br />

On peut même parfois soupçonner<br />

que les étudiants soient mis<br />

directement à contribution pour<br />

présenter en vidéo et si possible<br />

<strong>de</strong> façon originale leur cher établissement.<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management se lancent dans la recherche<br />

À corps perdu, telle est bien la manière dont les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management françaises se sont investies<br />

dans la recherche ces <strong>de</strong>rnières années. Confrontés à la concurrence internationale, les établissements<br />

tricolores autrefois à vocation strictement professionnelle travaillent à rattraper l’Histoire.<br />

Quel est aujourd’hui le salaire<br />

d’un enseignant-chercheur <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> école <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> ? Impossible<br />

à dire du côté <strong>de</strong> HEC,<br />

trop variable sans doute selon<br />

les CV. « Entre 55 000 et 75 000<br />

euros par an pour qui aura montré<br />

ses capacités professionnelles»,<br />

selon Thierry Grange, directeur<br />

général <strong>de</strong> Grenoble Ecole <strong>de</strong><br />

Management. « Au moins 60 000<br />

à 70 000 euros dès qu’il s’agit<br />

<strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> niveau international,<br />

plus <strong>de</strong> 150 000 euros<br />

pour un prof expérimenté, sans<br />

compter les primes <strong>de</strong> publica-<br />

tion », d’après Noël Amenc, patron<br />

<strong>de</strong> la recherche à l’Edhec. Ces<br />

quelques chiffres en disent long<br />

sur l’effort déployé par les gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> françaises pour attirer<br />

les meilleurs au plan international.<br />

Historiquement focalisés sur l’employabilité<br />

<strong>de</strong> leurs diplômés et leur<br />

relation à l’entreprise, ces établissements,<br />

il est vrai, ne se sont intéressés<br />

à la recherche que fort tard.<br />

« Aujourd’hui, à l’heure <strong>de</strong> l’économie<br />

<strong>de</strong> la connaissance, c’est <strong>de</strong>venu<br />

un bon moyen <strong>de</strong> gagner en<br />

réputation, et ainsi d’attirer <strong>de</strong> la<br />

matière grise, les meilleurs chercheurs,<br />

les meilleurs étudiants,<br />

les meilleurs enseignants »,<br />

confirme Hélène Paillarès, chargée<br />

<strong>de</strong> mission au sein du service<br />

<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’ESC Toulouse.<br />

Même écho du côté <strong>de</strong> HEC Paris<br />

puisque selon Marc Vanhuele,<br />

à la tête <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> recherche,<br />

« une gran<strong>de</strong> business school<br />

ne doit pas se contenter d’enseigner<br />

les idées <strong>de</strong>s autres. La<br />

manière qu’aura un enseignantchercheur<br />

<strong>de</strong> transmettre son<br />

savoir et sa démarche d’analyse<br />

est également très appréciable ».


HEC : dans le top 10 européen<br />

en moyens<br />

L’école <strong>de</strong> Jouy-en-Josas s’est dotée<br />

d’équipes réputées dans la recherche<br />

sur le comportement <strong>de</strong>s<br />

consommateurs, les marques et le<br />

business to business. Elle dispose<br />

d’un budget <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8,5 millions<br />

d’euros par an, soit « un investissement<br />

en hausse importante ces<br />

<strong>de</strong>rnières années ». La fondation<br />

HEC verse environ un million par<br />

an, contre 300 000 euros auparavant,<br />

la chambre <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et<br />

d’industrie <strong>de</strong> Paris 400 000 à 500<br />

000 euros <strong>de</strong> plus chaque année.<br />

« De quoi figurer dans le top 10<br />

européen en termes <strong>de</strong> moyens…<br />

Reste à traduire cela en résultats,<br />

cela prend toujours du temps »,<br />

souligne Marc Vanhuele.<br />

Autre établissement ambitieux:<br />

l’Edhec, dont le budget <strong>de</strong> recherche,<br />

<strong>de</strong> 7,5 millions d’euros<br />

actuellement, est en rapi<strong>de</strong> croissance<br />

<strong>de</strong>puis 2005 et <strong>de</strong>vrait dépasser<br />

d’ici peu les 10 millions.<br />

Selon Noël Amenc, « les financements<br />

externes et autres contrats<br />

représentent aujourd’hui la moitié<br />

<strong>de</strong> notre budget, soit 4 millions ».<br />

« Il s’agit <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> cette activité<br />

un vrai centre <strong>de</strong> profit. Ce n’est<br />

pas pour rien que nous figurons<br />

aujourd’hui en tête <strong>de</strong>s établissements<br />

d’Europe continentale cités<br />

dans le Financial Times pour<br />

leur recherche », vante-t-il. Après<br />

Analyse et stratégie<br />

avoir lancé un PhD en finance –objectif:<br />

une quinzaine <strong>de</strong> doctorants<br />

par an à terme–, l’Edhec prépare le<br />

lancement <strong>de</strong> plusieurs autres formations<br />

analogues, chacune fondée<br />

sur les pôles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’établissement<br />

(analyse financière et<br />

comptabilité, marketing, économie<br />

et droit). L’établissement basé à<br />

Lille et à Nice a fait <strong>de</strong> la recherche<br />

l’un <strong>de</strong> ses axes forts <strong>de</strong> communication,<br />

s’offrant <strong>de</strong> pleines pages<br />

dans les quotidiens pour y présenter<br />

sa « research for business » c’est-àdire<br />

une recherche qui « n’a <strong>de</strong> sens<br />

que si elle (sert) les entreprises et<br />

l’économie », selon l’Edhec.<br />

« Une totale légitimité en matière<br />

<strong>de</strong> recherche »<br />

Moins riche que l’Edhec et HEC,<br />

l’ESC Toulouse n’en néglige pas<br />

pour autant ce domaine. La recherche<br />

maison s’organise aujourd’hui<br />

autour d’une soixantaine d’enseignants<br />

et <strong>de</strong> six laboratoires spécialisés<br />

dans les sciences <strong>de</strong> la gestion<br />

et notamment le management<br />

<strong>de</strong> l’aéronautique et du spatial. Le<br />

groupe ESC Toulouse a par ailleurs<br />

signé en juin 2006 une convention<br />

portant sur la création avec l’IAE<br />

<strong>de</strong> Toulouse d’une école doctorale<br />

commune et d’un Institut <strong>de</strong> recherche.<br />

Autre institution déployant d’importants<br />

efforts: Grenoble Ecole <strong>de</strong><br />

Management, qui dépense pour cela<br />

28<br />

3 millions d’euros chaque année,<br />

salaires compris. Son doctorate of<br />

business administration (DBA)<br />

maison est l’une <strong>de</strong>s seules formations<br />

<strong>de</strong> ce genre proposée par<br />

une école française, avec 170 étudiants<br />

répartis sur l’Europe, les<br />

Etats-Unis et la Chine.<br />

Récemment accrédité AMBA,<br />

le cursus proposé <strong>de</strong>puis quinze<br />

ans est accessible en formation<br />

continue et <strong>de</strong>vrait compter 300<br />

étudiants d’ici 2010. Enfin, un<br />

PhD orienté sur <strong>de</strong>s thématiques<br />

<strong>de</strong> recherche plus fondamentale<br />

comme le marketing et la notion<br />

<strong>de</strong> capital client, est en cours <strong>de</strong><br />

lancement. Il formera à terme une<br />

douzaine <strong>de</strong> diplômés par an.<br />

Reste pour ses promoteurs à espérer<br />

que ce diplôme soit accepté par<br />

l’Université française. « De fait,<br />

souligne Thierry Grange, directeur<br />

général du groupe, la France<br />

ne reconnaît aucun diplôme étranger.<br />

Qu’un PhD ait été délivré par<br />

Grenoble ou Harvard, il ne sera<br />

pas validé par l’Université, alors<br />

que son titulaire sera admis sans<br />

problème à HEC ou à l’Insead.<br />

Aujourd’hui, les meilleures gran<strong>de</strong>s<br />

<strong>écoles</strong> françaises <strong>de</strong> management<br />

ont pourtant acquis une<br />

totale légitimité en matière <strong>de</strong><br />

recherche. Le processus <strong>de</strong> Bologne<br />

<strong>de</strong>vrait, je l’espère, apporter<br />

quelques améliorations à cette situation».<br />

La petite phrase :<br />

« Il y a dix ans, les meilleurs docteurs cherchaient <strong>de</strong>s postes à l’université, et quand ils n’en obtenaient<br />

pas, postulaient dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>. Cela change car les salaires dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

sont supérieurs et, si le statut <strong>de</strong> fonctionnaire n’y est pas possible, la sécurité <strong>de</strong> l’emploi s’accroît avec<br />

<strong>de</strong>s CDI.» (Thierry Pénard, professeur d’économie à l’université Rennes I).


Toutes les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management<br />

s’interrogent: comment remplir<br />

les salles <strong>de</strong> cours d’élèves<br />

brillants et motivés ? Un challenge<br />

parfois difficile à relever pour<br />

les <strong>de</strong>stinations ne bénéficiant pas<br />

<strong>de</strong> la notoriété <strong>de</strong>s « Parisiennes »<br />

ou <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s régionales comme<br />

l’EM Lyon et l’Edhec. Dès lors,<br />

il <strong>de</strong>vient indispensable <strong>de</strong> savoir<br />

mettre en avant ses qualités et ses<br />

ambitions, une stratégie payante.<br />

La démonstration est ainsi en<br />

cours à l’ESC Dijon <strong>de</strong>puis l’arrivée<br />

à sa tête <strong>de</strong> Stephan Bourcieu<br />

en 2006. Cette année-là, l’institution<br />

n’avait accueilli que 145<br />

élèves <strong>de</strong> prépa pour 150 places.<br />

Un affront <strong>de</strong>puis lavé grâce à la<br />

montée en flèche <strong>de</strong>s inscriptions,<br />

<strong>de</strong> 1500 candidats en 2005 à 4400<br />

au printemps 2009, grâce notamment<br />

à un dispositif d’inscription<br />

commun avec l’ESC Rennes et<br />

l’ESC Clermont. «Une stratégie<br />

<strong>de</strong> développement judicieusement<br />

affichée nous a permis <strong>de</strong> mieux figurer<br />

dans les classements et donc<br />

d’attirer plus <strong>de</strong> candidats», explique<br />

Stéphan Bourcieu, évoquant<br />

parmi ses objectifs « un positionnement<br />

à terme parmi les quinze<br />

premières <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management<br />

françaises et l’acquisition d’une<br />

vraie dimension européenne. »<br />

Le classement n’explique pourtant<br />

pas tout. Ainsi l’ESC Dijon estelle<br />

notamment connue pour son<br />

Analyse et stratégie<br />

<strong>Les</strong> petits trucs <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> pour attirer les étudiants<br />

Alors que la presse et ses classements influencent très largement les orientations <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> prépa,<br />

les gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management peinent à s’en défaire et à se distinguer les unes <strong>de</strong>s autres. Pour attirer<br />

à soi les meilleurs préparationnaires, pas <strong>de</strong> secret. Quand on ne fait pas partie du top-5, il faut présenter<br />

quelques spécificités sur lesquelles bien communiquer. Illustration avec l’ESC Dijon et l’Escem.<br />

savoir-faire dans le management<br />

<strong>de</strong>s entreprises culturelles mais<br />

aussi l’audit et l’expertise comptable<br />

– cinq équivalences au DSCG<br />

(Diplôme Supérieur <strong>de</strong> Comptabilité<br />

et Gestion). De quoi régulièrement<br />

attirer <strong>de</strong>s étudiants pourtant<br />

admis dans <strong>de</strong>s institutions plus<br />

prestigieuses. Soit pour 2009 <strong>de</strong>ux<br />

élèves <strong>de</strong> Grenoble Ecole <strong>de</strong> management,<br />

un admis à l’Edhec et un<br />

admis à ICN, selon les statistiques<br />

du Sigem.<br />

Confirmation <strong>de</strong> Jacques Chaniol,<br />

directeur <strong>de</strong> l’ESC Tours-Poitiers,<br />

programme master <strong>de</strong> l’Escem:<br />

«certaines spécialités peuvent<br />

s’avérer très différenciantes. Ainsi<br />

en est-il <strong>de</strong> notre parcours en développement<br />

durable ou encore du<br />

campus presque entièrement anglophone<br />

<strong>de</strong> Poitiers ». Mariette et<br />

Charles ont ainsi choisi d’étudier à<br />

l’Escem pour son campus poitevin:<br />

«un site anglophone idéal pour travailler<br />

plus tard à l’international »,<br />

selon la première. I<strong>de</strong>m pour Charles,<br />

entré via le concours Passerelle<br />

2, après avoir obtenu le bachelor<br />

<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux EM : « Admis dans<br />

d’autres <strong>écoles</strong>, j’ai opté pour le<br />

parcours le plus international, accrédité<br />

Equis et AACSB ». Ajoutez<br />

à cette recette l’intégration <strong>de</strong> l’établissement<br />

au sein <strong>de</strong> la banque<br />

d’épreuves Ecricome ainsi qu’une<br />

arrivée en force dans le <strong>de</strong>rnier<br />

classement du Financial Times par-<br />

29<br />

mi les 40 meilleurs masters européens<br />

en management, et vous<br />

obtiendrez un bond considérable<br />

<strong>de</strong> 3600 à près <strong>de</strong> 5874 candidats<br />

en <strong>de</strong>ux ans (1).<br />

Du côté <strong>de</strong> Dijon, Stephan Bourcieu<br />

estime que « la perception que<br />

les élèves ont <strong>de</strong> notre ambition est<br />

essentielle ». La capitale bourguignonne<br />

soigne particulièrement<br />

l’accueil <strong>de</strong>s admissibles lors <strong>de</strong>s<br />

oraux. Des «teams» d’étudiants<br />

sont chargées <strong>de</strong> les accompagner<br />

car l’impression laissée par cette<br />

journée peut s’avérer décisive.<br />

Ainsi Julien avoue s’être laissé séduire<br />

ce jour-là « par une école à<br />

taille humaine, plutôt simple dans<br />

sa manière d’être, quelque chose<br />

qui me correspondait bien ». Au<br />

moment du choix, l’affectif peut<br />

lui aussi s’avérer déterminant.<br />

NB :<br />

(1) ESC Tours-Poitiers (Escem),<br />

5874 candidats au concours en<br />

2009 (Ecricome) pour 3635 en<br />

2007 (BCE). En 2009, selon les<br />

données Sigem, l’Escem comptait<br />

3789 admissibles pour 2237 admis<br />

et 275 affectés. Rang du <strong>de</strong>rnier<br />

affecté : 1856.<br />

ESC Dijon, 4400 candidats au<br />

concours en 2009 (BCE) pour<br />

2267 en 2007. 3639 admissibles<br />

cette année pour 1943 admis et<br />

165 affectés. Rang du <strong>de</strong>rnier affecté<br />

: 1280.


Analyse et stratégie<br />

Ecoles <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> : toutes le même plan stratégique !<br />

Tous les 3 à 5 ans, les <strong>écoles</strong> invitent le public à découvrir leurs plans <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> long terme.<br />

Elles n’ont aucune obligation <strong>de</strong> le faire, mais ont <strong>de</strong>s projets ambitieux et tiennent à le faire savoir. On<br />

note beaucoup <strong>de</strong> similitu<strong>de</strong>s entre ces plans, tant dans les axes <strong>de</strong> développement choisis que dans les<br />

objectifs affichés.<br />

Classement : tout le mon<strong>de</strong> dans le top-25 !<br />

Enhardies par les rankings plutôt flatteurs du Financial Times, les <strong>écoles</strong> françaises n’hésitent plus à viser une<br />

place <strong>de</strong> choix sur les plus hautes marches du podium européen. À BEM (ex-sup <strong>de</strong> co Bor<strong>de</strong>aux), on veut<br />

ainsi figurer « parmi les vingt meilleures européennes » d’ici à 2010. A Rouen, l’ESC se laisse jusqu’à 2012<br />

pour figurer parmi « les 25 premières institutions européennes ». De son côté, l’EM Lyon veut s’installer « <strong>de</strong><br />

manière pérenne dans le Top 10 <strong>de</strong>s Business Schools européennes à l’horizon 2012 ». En Bourgogne, l’ESC<br />

Dijon souhaite « être durablement reconnu dans le paysage européen comme un acteur académique majeur du<br />

management entrepreneurial» d’ici à 2012 (et accessoirement faire partie <strong>de</strong>s dix premières <strong>écoles</strong> françaises).<br />

Au Ceram, enfin, on veut « intégrer le Top 25 <strong>de</strong>s grands rankings internationaux <strong>de</strong> Business Schools ». Bref,<br />

la compétition va être ru<strong>de</strong>.<br />

Effectifs : big is beautiful<br />

Il n’est plus question pour les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> pratiquer un malthusianisme d’un autre temps. Elles veulent maintenant<br />

grossir, en attirant davantage d’étudiants étrangers, en multipliant les programmes à tous les niveaux et<br />

en élargissant leur recrutement à <strong>de</strong>s profils plus diversifiés.<br />

L’école BEM vise 3000 étudiants d’ici à 2010, contre 2200 en 2007 (+36%). Le groupe ESC Rouen compte<br />

sur 3800 élèves en 2012, contre 2600 en 2007 (+46%). Enfin, le Ceram entend tout simplement doubler sa<br />

capacité d’accueil d’ici à 2012. L’école <strong>de</strong> Sophia-Antipolis atteindrait alors 4000 étudiants.<br />

International : c’est une évi<strong>de</strong>nce<br />

Il n’est plus une école qui ne se dise internationale. De HEC à l’Ecole <strong>de</strong> Gestion et <strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong> La Roche<br />

sur Yon (Vendée), on propose une formation ouverte sur le mon<strong>de</strong>, et en anglais <strong>de</strong> préférence. A Lyon, l’école<br />

<strong>de</strong> management a carrément ouvert un campus délocalisé en Chine et ambitionne d’y faire étudier la totalité<br />

<strong>de</strong> ses étudiants pendant au moins un semestre ! A l’ESC Rennes, on souhaite rendre obligatoire le passage <strong>de</strong>s<br />

élèves par « trois zones géographiques différentes » au cours <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s.<br />

<strong>Les</strong> accréditations : trois fois oui<br />

Equis, AACSB, AMBA : les <strong>écoles</strong> n’aspirent plus à obtenir l’une <strong>de</strong> ces accréditations, mais <strong>de</strong>ux, voire les<br />

trois ! Pour faire partie <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> qui comptent, il faut maintenant la triple couronne, pensent les directeurs.<br />

Et quand elles l’auront toutes ?<br />

Développement durable : plus vert, tu meurs<br />

C’est le nouveau thème à la mo<strong>de</strong> dans les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management. Si l’on ne peut que se réjouir que nos futurs<br />

managers soient sensibilisés aux enjeux pour l’environnement, force est <strong>de</strong> constater que les débouchés<br />

professionnels sont plutôt limités en ce domaine. Pourtant, les <strong>écoles</strong> tiennent absolument à donner <strong>de</strong>s cours<br />

<strong>de</strong> «développement durable» à leurs étudiants. A Bor<strong>de</strong>aux, l’école <strong>de</strong> management BEM en a fait l’un <strong>de</strong> ses<br />

axes forts : chaire, cours spécifiques dès la première année d’étu<strong>de</strong>, séminaires, cas pédagogiques…A Dijon,<br />

on fait davantage dans le social. Depuis 2006, l’école a une chaire « Responsabilité Sociétale <strong>de</strong>s Entreprises<br />

». À l’avenir, l’ESC bourguignonne veut intégrer la « responsabilité sociale dans la stratégie <strong>de</strong> l’école,<br />

30


Analyse et stratégie<br />

dans (son) i<strong>de</strong>ntité et (sa) notoriété (…) et la décliner dans l’ensemble <strong>de</strong> (ses) comportements quotidiens » !<br />

Autre tendance populaire dans les business schools : adhérer au « Global compact » <strong>de</strong> l’ONU (droits <strong>de</strong><br />

l’Homme, environnement, normes <strong>de</strong> travail, lutte contre la corruption). C’est ce qu’ont fait l’Escem, l’Essec,<br />

l’Insead, l’Inseec, l’Edhec, l’EM Lyon, l’ESC Rouen et dix autres <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> françaises.<br />

La recherche : rattrapage général<br />

S’il y a un domaine où les docteurs sont sollicités en ce moment, c’est bien dans les disciplines du management.<br />

<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> sont toutes à la recherche <strong>de</strong> nouveaux professeurs aptes à mener <strong>de</strong>s recherches,<br />

capables si possible <strong>de</strong> se distinguer par leurs travaux et surtout <strong>de</strong> les rédiger en anglais.<br />

Il y a dix ans à peine, les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> ne juraient que par les intervenants professionnels. Que s’est-il<br />

passé ? Entre-temps elles ont réalisé que la production scientifique était l’un <strong>de</strong>s principaux critères <strong>de</strong> classement<br />

à l’international. Comme ces établissements n’ont pas les <strong>de</strong>ux pieds dans le même sabot, ils ont réagi<br />

très vite. Et sont en train d’investir massivement pour rattraper leur retard. A l’ESC Dijon, on définit désormais<br />

la recherche comme « une activité essentielle ». L’école veut renforcer ses coopérations avec l’université <strong>de</strong><br />

Bourgogne et se « donner une visibilité académique par l’organisation <strong>de</strong> conférences académiques internationales<br />

».<br />

Pédagogie : où est passé le menu ?<br />

On a supprimé le menu, les cours sont maintenant proposés à la carte : cursus en anglais, cours à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

développement personnel….la tendance est à la flexibilité. À Bor<strong>de</strong>aux, l’école <strong>de</strong> management propose aux<br />

étudiants <strong>de</strong> planifier leurs examens et <strong>de</strong> ne les présenter que lorsqu’ils se sentent prêts. <strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> du consortium<br />

Ecricome (BEM, Euromed, ICN, ESC Reims, ESC Rouen et Escem) ont pris une initiative originale:<br />

chaque école du groupement accueillera <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong>s autres établissements partenaires dans ses majeures<br />

<strong>de</strong> spécialisation. De quoi démultiplier les parcours possibles pour les élèves. Peut-être effrayés par leur propre<br />

audace, les établissements en question ont toutefois décidé <strong>de</strong> limiter l’initiative à…<strong>de</strong>ux étudiants par<br />

école.<br />

Programmes : l’avenir est au bachelor<br />

C’est très facile à comprendre : la réforme LMD (qui permet une sortie aux niveaux Bac+3, Bac+5 et Bac +8)<br />

menace l’avenir <strong>de</strong>s classes préparatoires (Bac+2). Pour le moment, les <strong>écoles</strong> n’envisagent pas sérieusement<br />

la disparition <strong>de</strong>s prépas. Mais elles accentuent tout <strong>de</strong> même leur recrutement d’étudiants au niveau master et<br />

proposent <strong>de</strong> plus en plus souvent <strong>de</strong>s programmes au niveau Licence. Dans cette logique, l’EM Lyon « envisage<br />

<strong>de</strong> développer une école à recrutement post bac », même si elle n’en est qu’au « sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la réflexion ».<br />

L’ESC Dijon a fait savoir, quant à elle, qu’elle souhaitait « être présente <strong>de</strong> façon significative au niveau L, en<br />

déployant un ou plusieurs programmes un<strong>de</strong>rgraduate répondant aux attentes du territoire ». L ’ESC Rennes a<br />

également annoncé qu’elle allait lancer un programme post bac dont les effectifs <strong>de</strong>vraient atteindre 360 étudiants<br />

en 2011. Enfin, l’ESCP entend lancer <strong>de</strong>s programmes Bachelors (3 années d’étu<strong>de</strong>s après le Bac) sur<br />

ses campus <strong>de</strong> Turin, Madrid et Berlin. Le programme ne s’intitulera pas Licence car les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong><br />

ne sont pas habilitées à employer ce terme.<br />

<strong>Les</strong> business schools n’ont pas non plus le droit <strong>de</strong> délivrer le titre <strong>de</strong> docteur (qui est un monopole <strong>de</strong> l’université<br />

en France). Comme il est essentiel pour elles d’être présentes à ce niveau <strong>de</strong> formation, elles cherchent<br />

tous les moyens possibles pour contourner cette contrainte. Soit en passant un accord avec une université<br />

française ou étrangère, soit en appelant le programme PhD ou DBA. Pour mutualiser les coûts, certaines se<br />

regroupent pour monter leur programme, c’est ainsi le cas <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> du consortium Ecricome qui ont lancé<br />

un PhD en commun : le « doctorat Ecricome » (www.phd-ecricome.com).<br />

31


La souplesse <strong>de</strong>s hubs <strong>de</strong> Grenoble<br />

Ecole <strong>de</strong> Management<br />

Créée en 1984, Grenoble Ecole<br />

<strong>de</strong> Management (GEM) fait partie<br />

<strong>de</strong>s plus jeunes ESC mais s’est<br />

montrée offensive à l’international.<br />

<strong>Les</strong> entreprises grenobloises<br />

avec lesquelles l’école travaille<br />

recherchent en effet <strong>de</strong>s managers<br />

qui puissent dialoguer directement<br />

avec leurs ingénieurs. C’est ainsi<br />

que <strong>de</strong>puis 15 ans l’école s’exporte<br />

au gré <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> ces entreprises.<br />

Pour cela, elle a créé <strong>de</strong>s<br />

« hubs » c’est-à-dire <strong>de</strong>s partenariats<br />

avec <strong>de</strong>s structures locales. Il<br />

ne s’agit donc pas <strong>de</strong> campus en<br />

dur : les locaux sont simplement<br />

loués.<br />

Depuis 2002, GEM a développé sa<br />

politique multi-sites et en compte<br />

actuellement dix à l’étranger : aux<br />

Etats-Unis (pour son Doctorate of<br />

business administration, DBA),<br />

en Russie (MBA), en Moldavie<br />

(MBA), en Géorgie (MBA), à<br />

Londres (MBA, Master in international<br />

business ou MIB, MSc in<br />

Finance, MSc in Marketing), au<br />

Maroc (Business Manager, MSc<br />

Management <strong>de</strong>s Activités <strong>de</strong> Ser-<br />

À l’international<br />

<strong>Les</strong> mini campus <strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> françaises à l’étranger<br />

Changer d’échelle, c’est le pari que se sont lancé quelques <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> qui organisent <strong>de</strong>s formations<br />

en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> nos frontières. Elles louent <strong>de</strong>s locaux à l’autre bout du mon<strong>de</strong> pour y accueillir<br />

<strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> toutes nationalités ou ont même, pour certaines, bâti <strong>de</strong>s mini-campus à l’étranger avec<br />

un corps professoral permanent dédié. Leur but est par là <strong>de</strong> renforcer leur notoriété en internationalisant<br />

leur image, <strong>de</strong> pouvoir proposer <strong>de</strong>s formations continues off shore aux cadres, et <strong>de</strong> faciliter le<br />

départ <strong>de</strong> leurs étudiants à l’étranger plus facilement que dans le cadre d’échanges avec <strong>de</strong>s universités<br />

partenaires. Enfin, et ce n’est pas la moindre <strong>de</strong>s motivations, ces implantations permettent aux établissements<br />

hexagonaux d’attirer plus facilement <strong>de</strong>s candidats étrangers. Si toutes les <strong>écoles</strong> ont un volet<br />

international fourni, faits <strong>de</strong> partenariats, <strong>de</strong> participation à <strong>de</strong>s réseaux, d’échanges, certaines ont pris<br />

une longueur d’avance. Passage en revue d’établissements qui se distinguent.<br />

vice, MS Achat, MS Management<br />

<strong>de</strong> projet décisionnel), en Chine<br />

(DBA), en Iran (MSc in Construction),<br />

en Suisse (DBA) et à Singapour<br />

(MIB).<br />

L’Essec a misé sur l’Asie<br />

L’Asian Center <strong>de</strong> l’Essec a ouvert<br />

fin 2005 à Singapour, « carrefour<br />

économique, commercial, financier<br />

et désormais éducatif », à la<br />

fois proche <strong>de</strong> la Chine, du Japon<br />

et <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>, fait valoir la business<br />

school. Singapour occupe aussi la<br />

quatrième place en business international<br />

<strong>de</strong>vant Hong Kong. L’Essec<br />

Asian Center s’est installé dans<br />

les bâtiments <strong>de</strong> la bibliothèque<br />

nationale, où sur 1 200 m² sont accueillis<br />

chaque année quelque 380<br />

étudiants, dont 240 cadres en formation<br />

continue.<br />

<strong>Les</strong> étudiants <strong>de</strong> l’Essec MBA en<br />

France (programme gran<strong>de</strong> école<br />

après prépa) peuvent y passer six<br />

mois, ceux <strong>de</strong> certains mastères<br />

spécialisés quatre mois. En formation<br />

permanente, les publics <strong>de</strong>s<br />

Executive MBA et <strong>de</strong>s programmes<br />

<strong>de</strong> management général y suivent<br />

quelques modules («field trip »).<br />

32<br />

Certains programmes <strong>de</strong> l’Essec<br />

sont délivrés entièrement à Singapour,<br />

comme un mastère spécialisé<br />

en stratégie et management du<br />

business international, et un programme<br />

court pour les cadres sur<br />

la gestion <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> luxe.<br />

Tous les cours sont en anglais.<br />

L’ESC Toulouse compte trois<br />

campus<br />

L’ESC Toulouse dispose <strong>de</strong> trois<br />

campus : à Toulouse, à Barcelone<br />

et à Casablanca. Le site espagnol<br />

a été ouvert en 1996 pour dédoubler<br />

le cursus bachelor et master.<br />

Environ 350 étudiants y sont actuellement<br />

inscrits. De nouveaux<br />

travaux d’agrandissement sont<br />

prévus afin <strong>de</strong> permettre d’ici<br />

2010 l’accueil <strong>de</strong> 500 étudiants.<br />

Le directeur du campus catalan,<br />

Olivier Benielli, explique que son<br />

école se démarque <strong>de</strong>s structures<br />

locales car « elle est professionnalisante<br />

dès la première année ».<br />

<strong>Les</strong> étudiants ont su reconnaître<br />

cette différence puisqu’ils viennent<br />

<strong>de</strong>s quatre coins du mon<strong>de</strong><br />

(un tiers sont <strong>de</strong> nationalité étrangère,<br />

dont 60% en bachelor).


«Une fois diplômés, ils s’insèrent<br />

facilement sur le marché du travail<br />

local. Quand les Espagnols<br />

mettent 6 à 12 mois pour trouver<br />

un emploi, les étudiants <strong>de</strong> notre<br />

campus barcelonais n’en mettent<br />

que 3 » précise-t-il. <strong>Les</strong> enseignements<br />

sont dispensés en castillan<br />

et en anglais, ce qui fait figure<br />

d’exception dans cette région.<br />

Depuis la rentrée 2008 l’établissement<br />

délivre à Casablanca le<br />

même programme gran<strong>de</strong> école<br />

qu’à Toulouse et Barcelone. Quelques<br />

formations initiales et continues<br />

y étaient auparavant offertes<br />

par l’ESC <strong>de</strong>puis plusieurs années,<br />

en partenariat avec la Chambre<br />

française <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> et d’industrie<br />

du Maroc.<br />

Mais l’école a franchi un nouveau<br />

pas il y a un an. Pour Joël Echevarria,<br />

directeur du développement<br />

marketing et <strong>de</strong>s partenariats<br />

du groupe ESC Toulouse, « le but<br />

est <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la formation<br />

en management dans les régions<br />

hispanophones, le Maghreb<br />

et l’Afrique subsaharienne. Ces<br />

<strong>de</strong>rnières auront <strong>de</strong> forts besoins<br />

en cadres dans les 15 années à venir<br />

».<br />

L’ESCP : un tour d’Europe en<br />

trois ans<br />

Née <strong>de</strong> la fusion entre Sup <strong>de</strong> Co<br />

Paris (dite ESCP) et l’école européenne<br />

<strong>de</strong>s affaires (dite EAP),<br />

l’ESCP Europe est aujourd’hui<br />

l’établissement français le mieux<br />

doté en matière <strong>de</strong> campus à<br />

À l’international<br />

l’étranger puisqu’il en possè<strong>de</strong> pas<br />

moins <strong>de</strong> quatre en propre - en <strong>de</strong>hors<br />

du bâtiment historique à Paris<br />

- à Londres, Turin, Berlin et Madrid.<br />

L’établissement propose un<br />

modèle pédagogique original axé<br />

sur le mélange <strong>de</strong>s nationalités et<br />

les étu<strong>de</strong>s sur différents campus<br />

européens. Un modèle éprouvé <strong>de</strong>puis<br />

35 ans déjà.<br />

Depuis la rentrée 2008, l’ESCP<br />

a décidé <strong>de</strong> flexibiliser au maximum<br />

son offre <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong><br />

permettre aux étudiants d’étudier<br />

où ils veulent, au moment où ils le<br />

souhaitent…ou presque. Ainsi tous<br />

les étudiants peuvent choisir d’effectuer<br />

leur première année <strong>de</strong> formation<br />

au choix à Paris, à Londres<br />

ou à Turin. L’année suivante ils<br />

auront, chaque semestre, le choix<br />

d’étudier à Paris, Londres, Madrid<br />

ou dans une université partenaire <strong>de</strong><br />

l’ESCP ailleurs dans le mon<strong>de</strong>. Enfin,<br />

en troisième et <strong>de</strong>rnière année<br />

(niveau Bac+5) les étudiants pourront<br />

à nouveau changer <strong>de</strong> campus<br />

et aller à Berlin, Londres, Turin ou<br />

Paris pour se spécialiser dans l’une<br />

<strong>de</strong>s 20 options proposées par l’établissement.<br />

L’ESCP recréé ainsi<br />

une sorte « d’Erasmus Mundus »<br />

privé, mais accessible à 100% <strong>de</strong>s<br />

étudiants <strong>de</strong> son cursus gran<strong>de</strong> école.<br />

Près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s étudiants<br />

<strong>de</strong> cette école sont étrangers.<br />

L’EM Lyon : le rattrapage international<br />

Jusqu’en 2007, la « quatrième parisienne<br />

» lorgnait sur le modèle<br />

33<br />

<strong>de</strong> sa concurrente ESCP Europe,<br />

sans pouvoir rivaliser en terme<br />

<strong>de</strong> promesse d’expérience internationale.<br />

Elle avait bien monté<br />

en 2006 un triple diplôme « European<br />

Master in Management»<br />

(frais <strong>de</strong> scolarité : 10.000 € par<br />

an) avec Aston Business School<br />

en Gran<strong>de</strong>-Bretagne et LMU en<br />

Allemagne, qui n’a, pour sa première<br />

promotion, attiré qu’une<br />

vingtaine d’étudiants.<br />

Mais, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, les choses<br />

se sont accélérées pour EM Lyon.<br />

Elle a tout d’abord annoncé le<br />

lancement d’un campus à Shanghai,<br />

en partenariat avec East<br />

China Normal University sous<br />

la marque EML Shanghai. Puis,<br />

dans la foulée, l’école lyonnaise<br />

a annoncé l’ouverture d’un autre<br />

campus – EML Geneva - dans le<br />

centre-ville genevois, au-<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> la gare. Trois programmes <strong>de</strong><br />

masters spécialisés y sont proposés<br />

en finance, gestion <strong>de</strong> fortune,<br />

luxe et management <strong>de</strong>s organisations<br />

internationales.<br />

Parmi les projets d’EM Lyon désormais,<br />

figure celui <strong>de</strong> faire en<br />

sorte que tous ses élèves suivent<br />

une partie <strong>de</strong> leur scolarité sur un<br />

<strong>de</strong>s trois sites étrangers <strong>de</strong> l’établissement<br />

: celui <strong>de</strong> Shanghai,<br />

celui <strong>de</strong> Genève et celui qu’elle<br />

<strong>de</strong>vrait ouvrir prochainement aux<br />

Emirats arabes unis, à Dubaï. Cet<br />

objectif <strong>de</strong>vrait être atteint d’ici<br />

à 2012. À terme, l’école pourrait<br />

aussi ouvrir un quatrième campus<br />

en Afrique du nord.


Databank<br />

La sélectivité 2009 école par école<br />

Tout élève qui a effectué <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong> classe préparatoire économique et commerciale est pratiquement<br />

sûr d’intégrer l’une <strong>de</strong>s quarante gran<strong>de</strong>s <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> management. Reste à savoir laquelle.<br />

En 2009, ils étaient 9417 candidats <strong>de</strong>s classes préparatoires en compétition pour les 7295 places qui leur<br />

étaient réservées. <strong>Les</strong> taux <strong>de</strong> sélectivité (rang du <strong>de</strong>rnier intégré sur le nombre <strong>de</strong> candidats) ont très légèrement<br />

augmenté pour les meilleures <strong>écoles</strong>. Ainsi seuls 9,1% <strong>de</strong>s candidats à HEC y ont été admis, contre<br />

9,4% en 2008, 14,6% <strong>de</strong>s candidats à l’Essec (contre 14,9% en 2008) pourront franchir les portes <strong>de</strong> l’école<br />

<strong>de</strong> Cergy-Pontoise à la rentrée tandis que 17,7% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> prépa qui se sont présentés à l’ESCP (17,8% un<br />

an plus tôt) pourront étudier sur les campus <strong>de</strong> cet établissement à Paris, Berlin, Turin, Madrid ou Londres. À<br />

l’EMLYON, le taux <strong>de</strong> sélectivité du concours 2009 s’est élevé à 14,7% (15,3% en 2008), tandis qu’il était <strong>de</strong><br />

18,8% à l’Edhec (17,4% un an plus tôt).<br />

Ecole Nbre Candidats Var. nbre candidats /2008 % d'admissibles Taux d'admission Taux <strong>de</strong> sélectivité effectif<br />

Au<strong>de</strong>ncia Nantes 6 807<br />

6,9% 33,4% 24,6% 21,1%<br />

BEM 6 581<br />

9,1% 61,7% 41,8% 19,8%<br />

CERAM 4 622<br />

30,3% 58% 39,7% 25,6%<br />

EM Normandie 1 260<br />

129,9% 85,6% 33,4% 32,7%<br />

EM Strasbourg 4 400<br />

139,5% 78,8% 45,9% 21,2%<br />

EDHEC 6 643<br />

2,1% 34,3% 25,5% 18,8%<br />

EMLYON 6 338<br />

4,4% 29,1% 20,4% 14,7%<br />

ENAss 120 14,3% 70,8% 23,3% 22,5%<br />

ESC Amiens 1 495<br />

59,6% 87,0% 42,5% 33,8%<br />

ESC Bretagne-Brest 1 147<br />

97,1% 82,4% 23,3% 21,8%<br />

ESC Chambéry 1 383<br />

23,3% 91% 37,7% 37,7%<br />

ESC Clermont 4 400<br />

20,5% 85,8% 37,3% 30,3%<br />

ESC Dijon 4 400<br />

20,5% 82,7% 44,2% 29,1%<br />

ESC Grenoble (GEM) 6 700<br />

17,3% 42,8% 30,8% 24,4%<br />

ESC La Rochelle 1 559<br />

18,5% 86,5% 43% 34,4%<br />

ESC Lille 5 551<br />

21% 52,6% 33,5% 33,5%<br />

ESC Montpellier 2 841<br />

10,3% 85,1% 66,1% 38,2%<br />

ESC Pau 1 760<br />

27,4% 86,3% 36,5% 35,5%<br />

ESC Rennes 4 400<br />

20,5% 80% 49,4% 24,4%<br />

Rouen Business School 6 890<br />

7,2% 46,1% 28,8% 17,6%<br />

ESC Saint-Etienne 1 372<br />

22,8% 87,5% 30,4% 30,1%<br />

ESC Toulouse 6 640<br />

-0,03% 46,9% 33,7% 29,4%<br />

ESCEM 5 874<br />

11,8% 64,5% 38,1% 31,6%<br />

ESC Troyes 1 406<br />

18,8% 87,3% 39% 37,9%<br />

ESCP Europe 5 235<br />

4% 25,8% 19,1% 17,7%<br />

ESSEC 4 721<br />

6,8% 17,8% 15,9% 14,6%<br />

Euromed Management 6 563<br />

12,1% 60,3% 39,7% 20,8%<br />

HEC 4 193<br />

4,1% 16,7% 9,1% 9,1%<br />

ICN Business School 5 525<br />

13,7% 59,9% 26,9% 22,6%<br />

INSEEC 1 963<br />

21,1% 84,6% 56,6% 36,3%<br />

ISC Paris 2 647<br />

40,1% 85,7% 57,5% 55%<br />

Reims MS 6 951<br />

7,3% 48% 31,4% 21,2%<br />

Telecom EM 2 029<br />

-1,1% 59,9% 38,5% 27,6%<br />

Var. du nbre <strong>de</strong> candidats : Nombre <strong>de</strong> candidats en 2009 / nombre <strong>de</strong> candidats en 2008<br />

% d'admissibles : Nombre <strong>de</strong> candidats autorisés à se présenter à l'oral / nombre <strong>de</strong> candidats<br />

Taux d'admission : Nbre d'admis (liste principale + liste complémentaire) / nombre <strong>de</strong> candidats<br />

Taux <strong>de</strong> sélectivité : Rang du <strong>de</strong>rnier intégré <strong>de</strong> la liste complémentaire / nombre <strong>de</strong> candidats<br />

NB : Une fois leurs résultats connus, les candidats aux <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> par la voie <strong>de</strong>s classes préparatoires<br />

indiquent quelles <strong>écoles</strong> ils souhaiteraient intégrer. Un dispositif commun à une quarantaine d’<strong>écoles</strong> – le<br />

SIGEM – confronte ces vœux avant d’affecter les étudiants à leur future école, par ordre <strong>de</strong> mérite. <strong>Les</strong> taux<br />

<strong>de</strong> réussite présentés dans le tableau ci-<strong>de</strong>ssus ne sont toutefois pas exactement comparables dans la mesure où<br />

tous les établissements n’attirent pas le même nombre <strong>de</strong> candidats, ni d’ailleurs le même type <strong>de</strong> candidats.<br />

34


Databank<br />

La sélectivité 2009 à l’écrit et à l’oral<br />

Un candidat qui a réussi les épreuves écrites d’une école a <strong>de</strong> bonnes chances d’intégrer cet établissement.<br />

Il y a proportionnellement moins <strong>de</strong> candidats éliminés à l’oral.<br />

Neuf <strong>écoles</strong> peuvent se targuer d’attirer plus <strong>de</strong> 6000 candidats à leur concours, il s’agit <strong>de</strong> Reims Management<br />

School (6951 candidats au concours 2009), Rouen Business school (6890), Au<strong>de</strong>ncia (6807), l’ESC Grenoble<br />

(6700), l’Edhec (6643), l’ESC Toulouse (6640), BEM (6581), Euromed Marseille (6563) et EMLYON<br />

(6338). Pour autant, elles restent moins sélectives que HEC (4193 candidats en 2009) ou l’Essec (4721) car<br />

elles admettent un nombre plus élevé <strong>de</strong> candidats.<br />

Pour toutes les <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong>, l’essentiel <strong>de</strong> la sélection se fait sur la base <strong>de</strong>s épreuves écrites. Six d’entre<br />

elles autorisent moins <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s candidats à se présenter aux épreuves orales. Il s’agit <strong>de</strong> HEC (16,7%<br />

<strong>de</strong>s candidats en 2009), l’Essec (17,8%), l’ESCP (25,8%), EMLYON (29,1%), Au<strong>de</strong>ncia (33,4%), l’EDHEC<br />

(34,3%). À l’inverse, une majorité d’<strong>écoles</strong> déclarent admissibles plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> leurs candidats. Certaines<br />

admettent même plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong> leurs candidats à l’oral : à l’ESC Chambéry (91% d’admissibles) ou à<br />

l’ESC Amiens (87%).<br />

Une fois admissible à une école, un candidat <strong>de</strong>s classes préparatoires a <strong>de</strong> bonnes chances d’y être admis,<br />

même dans les très bonnes <strong>écoles</strong>. Ainsi 82% <strong>de</strong>s admissibles à l’Essec y sont admis après les épreuves orales.<br />

C’est également le cas pour 63% <strong>de</strong>s admissibles à Au<strong>de</strong>ncia ou 68% <strong>de</strong>s admissibles à l’ESCP. Certaines<br />

<strong>écoles</strong> ouvrent mêmes leurs portes à près <strong>de</strong> 100% <strong>de</strong> leurs admissibles, mais ce sont ces <strong>de</strong>rniers qui refusent<br />

finalement d’intégrer l’établissement, elles ne font donc pas le plein. En 2009, ce fut notamment le cas pour<br />

l’ESC Bretagne (21 prépas intégrés pour 70 places proposées) et l’ESC Chambéry (59 intégrés pour 70 places).<br />

Ecole Nombre <strong>de</strong> candidats Nombre d'admissibles % d'admissibles % d'admissibles qui intègrent<br />

Au<strong>de</strong>ncia Nantes 6 807 2 271<br />

33,4% 63%<br />

BEM 6 581 4 063<br />

61,7% 32%<br />

CERAM 4 622 2 679<br />

58% 44%<br />

EM Normandie 1 260 1 079<br />

85,6% 38%<br />

EM Strasbourg 4 400 3 465<br />

78,8% 27%<br />

EDHEC 6 643 2 277<br />

34,3% 55%<br />

EMLYON 6 338 1 846<br />

29,1% 50%<br />

ENAss 120 85 70,8% 32%<br />

ESC Amiens 1 495 1 300<br />

87,0% 39%<br />

ESC Bretagne-Brest 1 147<br />

945 82,4% 26%<br />

ESC Chambéry 1 383 1 258<br />

91% 41%<br />

ESC Clermont 4 400 3 777<br />

85,8% 35%<br />

ESC Dijon 4 400 3 639<br />

82,7% 35%<br />

ESC Grenoble (GEM) 6 700 2 870<br />

42,8% 57%<br />

ESC La Rochelle 1 559 1 349<br />

86,5% 40%<br />

ESC Lille 5 551 2 920<br />

52,6% 64%<br />

ESC Montpellier 2 841 2 417<br />

85,1% 45%<br />

ESC Pau 1 760 1 519<br />

86,3% 41%<br />

ESC Rennes 4 400 3 522<br />

80% 31%<br />

Rouen Business School 6 890 3 176<br />

46,1% 38%<br />

ESC Saint-Etienne 1 372 1 200<br />

87,5% 34%<br />

ESC Toulouse 6 640 3 114<br />

46,9% 63%<br />

ESCEM 5 874 3 789<br />

64,5% 49%<br />

ESC Troyes 1 406 1 227<br />

87,3% 43%<br />

ESCP Europe 5 235 1 353<br />

25,8% 68%<br />

ESSEC 4 721<br />

840 17,8% 82%<br />

Euromed Management 6 563 3 955<br />

60,3% 34%<br />

HEC 4 193<br />

702 16,7% 54%<br />

ICN Business School 5 525 3 310<br />

59,9% 38%<br />

INSEEC 1 963 1 661<br />

84,6% 43%<br />

ISC Paris 2 647 2 269<br />

85,7% 64%<br />

Reims MS 6 951 3 339<br />

48% 44%<br />

Telecom EM 2 029 1 215<br />

59,9% 46%<br />

35


<strong>Les</strong> <strong>écoles</strong> <strong>de</strong> <strong>commerce</strong> <strong>dévoilées</strong> - Octobre 2009 - ouvrage collectif sous la direction <strong>de</strong><br />

Pierre Pillet<br />

© Editions <strong>de</strong> L’Observatoire<br />

Observatoire Boivigny<br />

1, rue <strong>de</strong>s Carmes<br />

75005 Paris<br />

Toute reproduction, même partielle et quel qu’en soit le support, est interdite sans autorisation<br />

préalable <strong>de</strong> l’éditeur.<br />

Version électronique / Une édition papier est également disponible<br />

Dépôt Légal : octobre 2009 - ISBN 978-2-918782-00-1<br />

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