03.07.2013 Views

Des producteurs de camerises tracent leur propre voie vers le succès

Des producteurs de camerises tracent leur propre voie vers le succès

Des producteurs de camerises tracent leur propre voie vers le succès

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Des</strong> <strong>producteurs</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>camerises</strong> <strong>tracent</strong><br />

<strong><strong>le</strong>ur</strong> <strong>propre</strong> <strong>voie</strong><br />

<strong>vers</strong> <strong>le</strong> <strong>succès</strong><br />

Une vision audacieuse et une gran<strong>de</strong> attention<br />

aux détails permettent <strong>de</strong> concrétiser un rêve<br />

agrico<strong>le</strong> canadien<br />

Décembre 2012/janvier 2013<br />

Un exploitant <strong>de</strong> ranch novateur observe<br />

ce que font <strong>le</strong>s pionniers


Dans ce numéro<br />

6<br />

Richard Robert prési<strong>de</strong>nt<br />

Heather Watson directrice généra<strong>le</strong><br />

Mathieu Lipari gestionnaire <strong>de</strong><br />

projet<br />

Nancy Pirie gestionnaire <strong>de</strong><br />

programme<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien est publié tous <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux mois par<br />

Gestion agrico<strong>le</strong> du Canada.<br />

Financé<br />

en partie par<br />

4<br />

12 10<br />

Les coordonnées <strong>de</strong> GAC<br />

250, avenue City Centre, bureau 300<br />

Ottawa (Ontario) K1R 6K7<br />

Sans frais : 1-888-232-3262<br />

Téléc. sans frais : 1-800-270-8301<br />

CÉ : info@fmc-gac.com<br />

www.fmc-gac.com<br />

3<br />

4<br />

6<br />

10<br />

12<br />

14<br />

Un message du prési<strong>de</strong>nt<br />

L’innovation et la gestion d’entreprise se croisent :<br />

une rencontre incontournab<strong>le</strong><br />

Tirer profit du changement<br />

On ne cesse <strong>de</strong> répéter aux agriculteurs qu’ils doivent innover.<br />

Mais qu’est-ce que cela signifie au juste? La réponse dépend <strong>de</strong> la<br />

personne à qui vous posez la question. En matière d’innovation, la<br />

seu<strong>le</strong> règ<strong>le</strong>, c’est qu’il n’y pas <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>s.<br />

Une approche différente<br />

Les fondateurs <strong>de</strong> LaHave Forests sont ambitieux avant tout. S’ils<br />

réussissent, un petit fruit peu connu pourrait transformer <strong>le</strong> secteur<br />

agrico<strong>le</strong> <strong>de</strong> la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.<br />

Rêves et détails<br />

Jean Morin avait un très grand rêve, mais c’est sa gran<strong>de</strong> attention aux<br />

détails qui a fait <strong>de</strong> la Fromagerie du Presbytère l’un <strong>de</strong>s établissements<br />

<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> fromages artisans <strong>le</strong>s plus reconnus au Canada.<br />

Un avenir prometteur, mais beaucoup <strong>de</strong><br />

chemin à parcourir<br />

Curtis Braaten mentionne que <strong>le</strong> secteur <strong>de</strong> la camerise donnera<br />

du fil à retordre à celui du b<strong>le</strong>uet mais que l’expansion <strong>de</strong> ce<br />

secteur, qui ne compte actuel<strong>le</strong>ment que 300 acres en culture,<br />

s’éta<strong>le</strong>ra sur <strong>de</strong>s décennies.<br />

Innover <strong>de</strong>man<strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> travail<br />

Il ne faut jamais négliger <strong>le</strong>s détails lorsque vient <strong>le</strong> moment d’adopter<br />

<strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s technologies ou métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production. C’est la raison<br />

pour laquel<strong>le</strong> Travis Toews estime qu’il faut constamment évaluer <strong>le</strong>s<br />

récentes innovations.<br />

Utiliser <strong>le</strong>s données comptab<strong>le</strong>s pour<br />

favoriser l’innovation<br />

Vous souhaitez stimu<strong>le</strong>r la créativité? Examinez <strong>de</strong> près vos données<br />

financières, comparez votre ren<strong>de</strong>ment à celui d’autres exploitations<br />

et col<strong>le</strong>z-vous aux meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>s.<br />

Page <strong>de</strong> couverture : Curtis Braaten et son partenaire d’affaires<br />

Carl Barber jettent un coup d’œil à <strong><strong>le</strong>ur</strong>s champs.<br />

Nous lire<br />

Recevez gratuitement<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien<br />

en téléphonant au 1-888-232-3262<br />

ou en vous inscrivant à fmc-gac.com<br />

Vos commentaires sont<br />

<strong>le</strong>s bienvenus.


Tirer profit du changement<br />

Un message du prési<strong>de</strong>nt<br />

L’innovation et la gestion d’entreprise se<br />

croisent : une rencontre incontournab<strong>le</strong><br />

Lorsqu’il est question <strong>de</strong> gestion d’entreprise, on oublie souvent <strong>le</strong> vo<strong>le</strong>t<br />

innovation. Bien entendu, l’innovation va <strong>de</strong> pair avec la recherche et <strong>le</strong><br />

développement, et <strong>le</strong> résultat arrive à la ferme sous forme <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production ou <strong>de</strong> nouveaux équipements.<br />

Mais comment savoir si l’innovation est bonne pour nous? L’innovation<br />

pourrait-el<strong>le</strong> être beaucoup plus?<br />

J’ai tendance à penser qu’il est possib<strong>le</strong> d’innover <strong>de</strong> façon moins<br />

formel<strong>le</strong>, en faisant <strong>de</strong>s expériences, en acquérant <strong>de</strong>s connaissances<br />

et en communiquant aux autres <strong>le</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>es pratiques. Après tout,<br />

l’innovation pourrait simp<strong>le</strong>ment signifier faire <strong>le</strong>s choses autrement.<br />

La gestion d’entreprise sous-tend la création ou l’adoption<br />

d’innovations et <strong>de</strong> façons innovatrices <strong>de</strong> pratiquer l’agriculture. En<br />

fait, la gestion d’entreprise est à la fois un catalyseur et un préalab<strong>le</strong><br />

pour l’innovation durab<strong>le</strong> et prospère. Sans la mise en place <strong>de</strong> saines<br />

On ne cesse <strong>de</strong> répéter aux agriculteurs qu’ils<br />

doivent innover. Mais qu’est-ce que cela signifie<br />

au juste? La réponse dépend <strong>de</strong> la personne à qui<br />

vous posez la question. En matière d’innovation,<br />

la seu<strong>le</strong> règ<strong>le</strong>, c’est qu’il n’y pas <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>s.<br />

Pour un grand nombre <strong>de</strong> personnes, innover signifie inventer, mais<br />

inventer quelque chose qui fait habituel<strong>le</strong>ment intervenir <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s<br />

technologies. Mais du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s affaires, innover signifie apporter<br />

<strong>de</strong>s changements qui amélioreront <strong>le</strong> résultat net.<br />

Donc trouver une nouvel<strong>le</strong> ou une meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>e façon d’utiliser une<br />

ancienne technologie, c’est aussi innover, tout comme modifier ses<br />

façons <strong>de</strong> faire pour <strong>de</strong>venir plus efficace. Le ranch <strong>de</strong> Travis Toews<br />

est un bon exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. Les poteaux et <strong>le</strong>s barrières en acier <strong>de</strong><br />

son nouveau système <strong>de</strong> manipulation <strong>de</strong>s bovins ne représentent pas<br />

<strong>de</strong> la haute technologie, mais la conception du système tient compte<br />

<strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> pointe sur <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s bovins, ce qui lui<br />

a permis <strong>de</strong> diminuer considérab<strong>le</strong>ment ses coûts <strong>de</strong> main-d’œuvre<br />

et d’améliorer la santé <strong>de</strong> son troupeau. M. Toews soutient que <strong>le</strong>s<br />

agriculteurs doivent innover pour prospérer, mais il admet que trouver<br />

<strong>le</strong>s innovations appropriées et déterminer <strong>le</strong> moment opportun pour<br />

apporter <strong>de</strong>s changements posent un défi.<br />

Dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> Jean Morin, il a commencé à innover pour surmonter <strong>le</strong>s<br />

problèmes agronomiques auxquels il a été confronté lorsqu’il s’est lancé<br />

pratiques <strong>de</strong> gestion, l’innovation peut cé<strong>de</strong>r à une mauvaise planification<br />

y compris l’atténuation <strong>de</strong>s risques.<br />

Nous pouvons innover en gestion d’entreprise en trouvant <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s<br />

façons d’atteindre la réussite, que ce soit par <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>ment et la rétention<br />

<strong>de</strong> la main-d’œuvre, l’amélioration <strong>de</strong> la qualité, <strong>le</strong>s mesures d’atténuation<br />

<strong>de</strong>s risques ou la saisie d’occasions sur <strong>le</strong> marché national et international<br />

grâce à <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> créneaux ou à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production qui<br />

répon<strong>de</strong>nt aux marchés à créneaux.<br />

Innover, c’est adopter <strong>le</strong> changement et affronter <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s<br />

réalités avec un avantage concurrentiel. Compte tenu <strong>de</strong> l’évolution<br />

<strong>de</strong> l’agriculture et du marché mondial, <strong>de</strong>s occasions d’innover se<br />

présentent à chaque tournant.<br />

Au moment où nous entamons l’année 2013, n’oublions pas que <strong>le</strong> savoir,<br />

c’est <strong>le</strong> pouvoir. Si nous communiquons <strong>le</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>es pratiques et si nous<br />

cherchons <strong>de</strong>s façons d’innover nos pratiques entrepreneuria<strong>le</strong>s, l’agriculture<br />

canadienne ainsi que ses agriculteurs et agricultrices continueront <strong>de</strong> se<br />

plaire dans <strong>de</strong>s entreprises agrico<strong>le</strong>s soli<strong>de</strong>s et durab<strong>le</strong>s.<br />

J’espère que vous aimerez <strong>le</strong> présent numéro du Gestionnaire agrico<strong>le</strong><br />

canadien et que l’approche créative avec laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s gestionnaires qui y<br />

sont présentés abor<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s affaires vous inspirera.<br />

Je vous souhaite à tous, collègues gestionnaires, entrepreneurs et <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs,<br />

une année prospère!<br />

Richard Robert, prési<strong>de</strong>nt<br />

dans la production biologique. En cours <strong>de</strong> route, <strong>le</strong> producteur laitier<br />

québécois a développé <strong>de</strong>s aptitu<strong>de</strong>s pour l’innovation et ces aptitu<strong>de</strong>s<br />

lui ont permis <strong>de</strong> joindre <strong>le</strong>s rangs <strong>de</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>s fromagers au pays.<br />

Quant à LaHave Forests, peu d’entreprises agrico<strong>le</strong>s ont adopté la<br />

créativité comme el<strong>le</strong> l’a fait. Pourtant, nombreux sont ceux qui, un jour,<br />

pourraient se joindre à Logie Cassells et Liam Tay<strong>le</strong>r dans <strong><strong>le</strong>ur</strong> quête<br />

visant à faire <strong>de</strong> la camerise la prochaine merveil<strong>le</strong> du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s petits<br />

fruits. Leur approche en<strong>vers</strong> l’agriculture est loin d’être classique, mais<br />

c’est une autre façon d’innover.<br />

C’est en effectuant <strong>de</strong>s recherches sur Goog<strong>le</strong> afin <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s<br />

cultures <strong>de</strong> petits fruits que Logie Cassells a découvert la camerise, ce qui<br />

l’a amené à communiquer avec Curtis Braaten, qui a participé à la mise au<br />

point du cultivar. Ce <strong>de</strong>rnier, reproducteur <strong>de</strong> plantes en Saskatchewan,<br />

a répondu à <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> renseignements <strong>de</strong> la part<br />

d’éventuels <strong>producteurs</strong> <strong>de</strong> camerise et, au fil <strong>de</strong>s ans, il a observé une gran<strong>de</strong><br />

différence entre <strong>le</strong>s « rêveurs » et <strong>le</strong>s « soi-disant intéressés » et ceux qui ont la<br />

bonne approche pour abor<strong>de</strong>r une nouveauté.<br />

« Les questions que <strong>le</strong>s gens posent en disent beaucoup », fait-il observer.<br />

Poser <strong>le</strong>s bonnes questions est au cœur <strong>de</strong> la stratégie d’innovation <strong>de</strong><br />

Patrice Car<strong>le</strong>. Selon l’expert en gestion québécois, col<strong>le</strong>cter <strong>de</strong>s données<br />

financières détaillées et trouver ensuite <strong>de</strong>s façons d’accroître la rentabilité<br />

est un exercice qui se sol<strong>de</strong>ra sans aucun doute par l’imposition <strong>de</strong><br />

changements importants.<br />

Le présent numéro du Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien montre qu’il existe<br />

<strong>de</strong> nombreuses façons d’innover, ce qui n’a rien <strong>de</strong> surprenant puisque,<br />

par définition, innover signifie faire <strong>le</strong>s choses autrement.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

3


Une approche différente<br />

Les fondateurs <strong>de</strong> LaHave Forests sont ambitieux<br />

avant tout. S’ils réussissent, un petit fruit peu<br />

connu pourrait transformer <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong> la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.<br />

Ce ne sont pas <strong>de</strong>s termes que vous utiliseriez pour décrire une<br />

ferme ordinaire.<br />

« Nous ressemblons un peu à Steve Jobs qui travaillait dans son garage »,<br />

raconte Logie Cassells, directeur général <strong>de</strong> LaHave Forests, une jeune<br />

entreprise qui existe <strong>de</strong>puis trois ans et qui est en partie une ferme, en<br />

partie une entreprise forestière et surtout une entité qui a une approche<br />

très différente <strong>de</strong> l’agriculture.<br />

En mentionnant <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Steve Jobs, Logie Cassells ne fait pas uniquement<br />

référence au pari <strong>de</strong> son entreprise qui est <strong>de</strong> cultiver <strong>de</strong> façon rentab<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> petit fruit peu connu, mais aussi à son approche en<strong>vers</strong> l’innovation et<br />

à sa vision audacieuse <strong>de</strong> créer une toute nouvel<strong>le</strong> industrie qui pourrait<br />

contribuer à revitaliser l’agriculture en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.<br />

« Lorsque Steve Jobs bricolait son App<strong>le</strong> 1, il a peut-être imaginé que,<br />

un jour, il y aurait <strong>de</strong>s produits comme <strong>le</strong> iPhone ou <strong>le</strong> iPad, mais il<br />

n’en avait pas la certitu<strong>de</strong> », explique M. Cassells, ancien gestionnaire <strong>de</strong><br />

fonds <strong>de</strong> placement au Royaume-Uni.<br />

« Il n’y a pas <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> dans notre cas non plus. Nous avons simp<strong>le</strong>ment<br />

un pressentiment bien fondé que ce petit fruit va se tail<strong>le</strong>r une<br />

place importante au cours <strong>de</strong>s vingt prochaines années. »<br />

L’histoire <strong>de</strong> LaHave Forests ne repose qu’en partie sur la camerise et ce<br />

pressentiment. C’est aussi l’histoire <strong>de</strong> gens qui adoptent une approche<br />

en<strong>vers</strong> l’innovation semblab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’investisseur : faire l’acquisition<br />

d’un actif sous-évalué et trouver <strong>de</strong>s façons innovatrices d’en révé<strong>le</strong>r la<br />

va<strong><strong>le</strong>ur</strong> réel<strong>le</strong>.<br />

Dans <strong>le</strong> cas présent, l’actif ce sont <strong>le</strong>s terres agrico<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse,<br />

en particulier cel<strong>le</strong>s qui se trouvent dans la région située près <strong>de</strong> la rivière<br />

LaHave, qui tra<strong>vers</strong>e la côte sud <strong>de</strong> la province et qui se jette dans l’Atlantique<br />

près <strong>de</strong> Lunenburg. Bien que <strong>le</strong> prix <strong>de</strong> ces terres soit inférieur à celui <strong>de</strong>s<br />

terres agrico<strong>le</strong>s situées dans <strong>le</strong> Sud <strong>de</strong> l’Ontario ou dans la vallée du Fraser en<br />

Colombie-Britannique, la va<strong><strong>le</strong>ur</strong> <strong>de</strong> ces terres dépend <strong>de</strong> votre point <strong>de</strong> vue.<br />

« Lorsque je parcours la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse, ça m’attriste <strong>de</strong> voir ces<br />

magnifiques champs aux sols très productifs cultivés en fourrages »,<br />

raconte Liam Tay<strong>le</strong>r, directeur commercial <strong>de</strong> LaHave Forests et<br />

éga<strong>le</strong>ment originaire du Royaume-Uni.<br />

« Il n’y a pas longtemps, je jasais avec un homme qui m’a dit : Je ne crois<br />

pas que je vais cultiver <strong>de</strong>s fourrages l’an prochain parce que je n’ai pas<br />

<strong>le</strong>s infrastructures nécessaires et je n’obtiens pas <strong>le</strong>s ren<strong>de</strong>ments espérés. »<br />

Le fait que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux hommes se soient installés en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse est<br />

<strong>le</strong> fruit du hasard. Liam Tay<strong>le</strong>r, âgé <strong>de</strong> 36 ans, s’était accordé un temps<br />

d’arrêt en <strong>de</strong>venant membre d’équipage sur un grand voilier lorsqu’il a<br />

rencontré une Nouvel<strong>le</strong>-Écossaise. Logie Cassells, né d’un père Écossais<br />

et d’une mère Américaine, s’apprêtait à émigrer aux États-Unis lorsque<br />

sa conjointe a proposé <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r du côté <strong>de</strong> la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse, où<br />

el<strong>le</strong> avait travaillé pendant une année lorsqu’el<strong>le</strong> était ado<strong>le</strong>scente.<br />

À <strong><strong>le</strong>ur</strong> arrivée, ni l’un ni l’autre n’avait pensé à l’agriculture. Logie Cassells<br />

venait <strong>de</strong> mettre fin à une carrière prospère <strong>de</strong> 15 ans dans <strong>le</strong> district<br />

financier <strong>de</strong> Londres et souhaitait poursuivre sa passion pour <strong>le</strong>s jardins<br />

en démarrant une entreprise <strong>de</strong> conception <strong>de</strong> jardins. C’est d’ail<strong><strong>le</strong>ur</strong>s ce<br />

4 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

qu’il a fait après que <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> et <strong><strong>le</strong>ur</strong> fil<strong>le</strong>tte <strong>de</strong> quatre ans se sont installés<br />

en 2002 dans <strong>le</strong> pittoresque village <strong>de</strong> Chester, situé à mi-chemin entre<br />

Halifax et Lunenburg. Rapi<strong>de</strong>ment, il s’est rendu compte que sa nouvel<strong>le</strong><br />

terre d’accueil « est un endroit formidab<strong>le</strong> pour faire pousser <strong>de</strong>s choses »,<br />

grâce à une saison <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> 210 jours, à <strong>de</strong>s pluies annuel<strong>le</strong>s qui<br />

atteignent près <strong>de</strong> 60 pouces et au prix incroyab<strong>le</strong>ment faib<strong>le</strong> <strong>de</strong>s terres.<br />

(Bien que <strong>le</strong> prix soit à la hausse, il est possib<strong>le</strong> d’acquérir <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong><br />

bonne qualité pour environ 500 $ l’acre, fait observer M. Tay<strong>le</strong>r.)<br />

« En plus d’être abordab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> sol est <strong>de</strong> très bonne qualité et riche en<br />

matière organique », ajoute M. Cassells.<br />

« Lorsque Simon et moi avons fait nos recherches, nous en sommes<br />

venus à la conclusion que la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse était l’un <strong>de</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>s<br />

endroits au mon<strong>de</strong> pour cultiver <strong>de</strong>s cultures permanentes, comme <strong>le</strong><br />

raisin, <strong>le</strong> houblon ou <strong>le</strong>s petits fruits. »<br />

Simon Fineman, prési<strong>de</strong>nt-directeur général <strong>de</strong> Timbmet qui est <strong>le</strong> plus<br />

important importateur <strong>de</strong> bois dur au Royaume-Uni, s’est converti à la<br />

foresterie durab<strong>le</strong> après que son entreprise a été accusée <strong>de</strong> détruire <strong>le</strong>s<br />

forêts tropica<strong>le</strong>s du Brésil en récoltant <strong>le</strong>s arbres d’acajou. Il était sur <strong>le</strong><br />

point <strong>de</strong> démarrer une entreprise forestière durab<strong>le</strong> au Ghana lorsqu’il a<br />

rencontré Logie Cassells par l’entremise d’un ami commun en 2008.<br />

« Je lui ai dit : Tu es emballé d’essayer ça au Ghana. Viens donc en<br />

Nouvel<strong>le</strong>-Écosse », raconte M. Cassells.<br />

Après une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité étalée sur quatre mois, LaHave Forests<br />

(lahaveforests.com) a été créée en 2009. El<strong>le</strong> compte 450 acres sur<br />

trois sites. Une partie <strong>de</strong> ces superficies allait être plantée <strong>de</strong> bois <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> va<strong><strong>le</strong>ur</strong> comme <strong>le</strong> noyer noir et <strong>le</strong> cerisier, tandis que certaines<br />

superficies allaient être consacrées à la culture d’autres végétaux afin <strong>de</strong><br />

générer <strong>de</strong>s rentrées <strong>de</strong> fonds jusqu’à ce que <strong>le</strong>s arbres atteignent une<br />

tail<strong>le</strong> récoltab<strong>le</strong>. Même si Logie Cassells et Simon Fineman n’étaient pas<br />

certains <strong>de</strong>s récoltes qu’ils allaient obtenir, ils étaient confiants.<br />

« Comme <strong>le</strong> dit Warren Buffett : Investissez dans <strong>de</strong>s actifs sousévalués<br />

», explique M. Cassells, âgé <strong>de</strong> 50 ans. « Vous ne savez pas si<br />

vous récupérerez cet investissement <strong>de</strong>main ou dans dix ans, mais vous<br />

dormirez mieux. Après tout, si vous payez 0,30 $ par dollar pour un<br />

actif en particulier et que votre modè<strong>le</strong> d’entreprise s’avère incorrect, <strong>le</strong><br />

prix <strong>de</strong> l’échec sera minime. Par contre, si vous réussissez, <strong>le</strong>s retombées<br />

seront considérab<strong>le</strong>s. »<br />

Liam Tay<strong>le</strong>r fait observer que l’une <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> LaHave Forests,<br />

c’est « que nous ne répétons pas <strong>le</strong>s mêmes choses <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années ».


Dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> ce projet, LaHave a élaboré un plan d’entreprise à<br />

vo<strong>le</strong>ts multip<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> cultive <strong>de</strong>s produits frais qu’el<strong>le</strong> distribue dans <strong>de</strong>s<br />

restaurants <strong>de</strong> la région; el<strong>le</strong> offre <strong>de</strong>s services d’analyse et d’amélioration<br />

du sol avec <strong>de</strong>s produits comme <strong>le</strong> biochar et <strong>le</strong> thé <strong>de</strong> compost; el<strong>le</strong><br />

cultive à titre expérimental <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong>stinées à la production <strong>de</strong><br />

biomasse comme <strong>le</strong> miscanthus. Mais <strong>le</strong> principal objectif consistait à<br />

trouver quelque chose qui aurait un potentiel <strong>de</strong> va<strong><strong>le</strong>ur</strong> ajoutée et il s’est<br />

avéré que c’était la camerise.<br />

« J’aimerais bien vous raconter<br />

une bel<strong>le</strong> histoire où, en me<br />

promenant à l’aéroport <strong>de</strong> Tokyo,<br />

j’ai acheté un sac <strong>de</strong> <strong>camerises</strong>,<br />

explique M. Cassells. Mais la<br />

vérité, c’est que je me suis servi <strong>de</strong><br />

Goog<strong>le</strong>. C’était <strong>le</strong> 10 février 2010.<br />

Je cherchais un nouveau petit<br />

fruit. L’açai, la baie du lyciet (ou<br />

baie <strong>de</strong> goji) et la camerise sont<br />

apparus. L’açai est <strong>le</strong> fruit d’un<br />

palmier qui ne poussera pas ici.<br />

Nous avons essayé la culture <strong>de</strong>s<br />

baies du lyciet, mais <strong>le</strong>s fruits<br />

avaient un très mauvais goût;<br />

nous l’avons donc rayée <strong>de</strong> la liste.<br />

Mais j’avais un bon pressentiment Nouvel<strong>le</strong>-Écosse. »<br />

concernant la camerise. »<br />

Ce bon pressentiment était en partie<br />

attribuab<strong>le</strong> au fait que, comme<br />

on <strong>le</strong> décrivait dans Goog<strong>le</strong>, la camerise possè<strong>de</strong> un énorme potentiel<br />

<strong>de</strong> marché. Au Japon, la camerise est très appréciée pour son goût et<br />

pour sa teneur é<strong>le</strong>vée en antioxydants, en vitamine C et autres éléments<br />

nutritifs (ce qui lui a valu <strong>le</strong> surnom <strong>de</strong> « fruit <strong>de</strong> la longévité »).<br />

Logie Cassells a donc commandé quelques plants sé<strong>le</strong>ctionnés à<br />

l’Uni<strong>vers</strong>ité <strong>de</strong> la Saskatchewan, où l’on a croisé <strong>de</strong>s cultivars japonais et<br />

russes avec <strong>de</strong>s variétés indigènes (qui résistent au froid et qui poussent<br />

bien dans la plupart <strong>de</strong>s régions du Canada) afin d’obtenir <strong>de</strong>s plants à<br />

ren<strong>de</strong>ments é<strong>le</strong>vés et produisant <strong>de</strong>s fruits avec une peau ferme (une caractéristique<br />

essentiel<strong>le</strong> pour la cueil<strong>le</strong>tte mécanisée) et un mélange parfait<br />

<strong>de</strong> saveurs sucrée et acidulée. Logie Cassells, Liam Tay<strong>le</strong>r et <strong>le</strong> gestionnaire<br />

d’exploitation Sez Seraphin (aussi un expatrié du Royaume-Uni) ont fait<br />

ce que peu d’agriculteurs oseraient faire, c’est-à-dire qu’ils ont décidé <strong>de</strong><br />

ne pas traiter aux petits soins <strong>le</strong>s plants <strong>de</strong> camerise.<br />

« En mentionnant <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Steve Jobs,<br />

Logie Cassells ne fait pas uniquement<br />

référence au pari <strong>de</strong> son entreprise qui est<br />

<strong>de</strong> cultiver <strong>de</strong> façon rentab<strong>le</strong> <strong>le</strong> petit fruit<br />

peu connu, mais aussi à son approche en<strong>vers</strong><br />

l’innovation et à sa vision audacieuse <strong>de</strong> créer<br />

une toute nouvel<strong>le</strong> industrie qui pourrait<br />

contribuer à revitaliser l’agriculture en<br />

« En 2010, nous avons établi une parcel<strong>le</strong> d’essai d’un acre dans un<br />

petit coin déboisé près d’une forêt avoisinante, explique M. Tay<strong>le</strong>r.<br />

Nous y sommes retournés un an plus tard. Les mauvaises herbes nous<br />

arrivaient à la tail<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong>s camerisiers commençaient à produire<br />

<strong>de</strong>s fruits et semblaient se porter à merveil<strong>le</strong> malgré la concurrence.<br />

Nous nous sommes alors dit : Si cette plante peut survivre à ça, el<strong>le</strong> peut<br />

survivre à n’importe quoi. »<br />

À raison <strong>de</strong> 1 000 plants l’acre,<br />

<strong>le</strong> coût <strong>de</strong>s plants atteint environ<br />

4 000 $. Toutefois, M. Tay<strong>le</strong>r<br />

soutient que l’essai en valait la<br />

peine pour vérifier si <strong>le</strong>s cultivars<br />

développés dans <strong>le</strong>s Prairies<br />

convenaient aux Maritimes.<br />

Satisfaits sur ce point, ils ont<br />

adopté une approche différente<br />

après avoir planté 20 acres <strong>de</strong><br />

camerisiers en 2011. Liam Tay<strong>le</strong>r,<br />

biologiste <strong>de</strong> formation, et Logie<br />

Cassells sont promoteurs <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s biodynamiques pour<br />

accroître la qualité du sol. Dans<br />

<strong>le</strong> verger (qui pourrait atteindre<br />

80 acres en 2014), ils utilisent<br />

<strong>de</strong>s coquil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> palour<strong>de</strong> comme<br />

– Logie Cassells<br />

paillis afin d’ajouter du calcium<br />

et <strong>le</strong>s minéraux contenus dans<br />

l’eau <strong>de</strong> mer et d’augmenter <strong>le</strong><br />

pH du sol, du biochar pour accroître la capacité <strong>de</strong> rétention d’eau<br />

et d’absorption <strong>de</strong>s éléments nutritifs, et du thé <strong>de</strong> compost pour<br />

remplacer <strong>le</strong>s engrais chimiques.<br />

Ils projettent <strong>de</strong> convertir une vieil<strong>le</strong> maison <strong>de</strong> ferme en installations<br />

pour transformer <strong>le</strong> miscanthus en biochar. L’entreprise est éga<strong>le</strong>ment<br />

distributrice d’un système muni <strong>de</strong> pompes pneumatiques plutôt que<br />

<strong>de</strong> pompes hydrauliques pour fabriquer du thé <strong>de</strong> compost.<br />

<strong>Des</strong> agriculteurs débutants qui, sur une ferme en démarrage, cultivent<br />

une culture peu connue en utilisant <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production non<br />

classiques : voilà qui semb<strong>le</strong> bien audacieux. Mais M. Tay<strong>le</strong>r indique<br />

qu’ils tentent simp<strong>le</strong>ment d’obtenir la meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>e qualité possib<strong>le</strong> en<br />

utilisant <strong>le</strong>s technologies <strong>le</strong>s plus prometteuses sur <strong>le</strong> marché.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

suite à la page 9<br />

Logie Cassells fait la démonstration d’un moyen <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> thé <strong>de</strong> compost, l’une <strong>de</strong>s nombreuses idées innovatrices mises en application à LaHave Forests.<br />

5


Rêves et détails<br />

Jean Morin, photographié dans sa fromagerie, souligne que son <strong>succès</strong> est attribuab<strong>le</strong> au fait d’avoir osé rêver grand et d’avoir appris à surmonter <strong>le</strong>s difficultés techniques.<br />

Jean Morin avait un très grand rêve, mais c’est<br />

sa gran<strong>de</strong> attention aux détails qui a fait <strong>de</strong> la<br />

Fromagerie du Presbytère l’un <strong>de</strong>s établissements<br />

<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> fromages artisans <strong>le</strong>s plus<br />

reconnus au Canada.<br />

Il existe <strong>de</strong>ux histoires très différentes, mais tout aussi véridiques, <strong>de</strong> la<br />

façon dont Jean Morin est <strong>de</strong>venu l’un <strong>de</strong>s fromagers <strong>le</strong>s plus acclamés<br />

au Canada.<br />

La première raconte <strong>de</strong> quel<strong>le</strong> façon <strong>le</strong> producteur <strong>de</strong> lait du Québec a<br />

jeté <strong>le</strong>s bases <strong>de</strong> la Fromagerie du Presbytère. Pendant <strong>de</strong> nombreuses<br />

années, il a consulté <strong>de</strong>s experts, a participé à <strong>de</strong>s ateliers, a voyagé et a<br />

prêté une attention méticu<strong>le</strong>use aux moindres détails <strong>de</strong> la production<br />

laitière et ensuite à ceux <strong>de</strong> la production fromagère. La <strong>de</strong>uxième raconte<br />

cel<strong>le</strong> d’un homme qui, après avoir été saisi d’une vision, a fait un saut<br />

dans l’inconnu avec la confiance qu’il trouverait une façon <strong>de</strong> surmonter<br />

n’importe quel obstac<strong>le</strong> qui se présenterait sur sa route.<br />

6 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

La première histoire a commencé il y a 26 ans, lorsque Jean Morin et<br />

son frère Dominique ont décidé <strong>de</strong> cesser d’utiliser <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s<br />

engrais chimiques sur <strong><strong>le</strong>ur</strong> ferme située à Sainte-Élizabeth-<strong>de</strong>-Warwick,<br />

à <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> route au nord-est <strong>de</strong> Montréal.<br />

« J’ai pris <strong>le</strong> virage biologique pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> philosophie personnel<strong>le</strong><br />

et à cause <strong>de</strong>s craintes liées à l’utilisation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s<br />

», explique l’homme âgé <strong>de</strong> 53 ans et agriculteur <strong>de</strong> la quatrième<br />

génération. « Naturel<strong>le</strong>ment, cette décision a entraîné <strong>de</strong> nombreux défis<br />

sur <strong>le</strong> plan technique et sur <strong>le</strong> plan <strong>de</strong> la viabilité économique. »<br />

C’est une façon <strong>de</strong> présenter <strong>le</strong>s choses. Mais nombreux étaient ceux qui<br />

croyaient que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux jeunes frères se dirigeaient <strong>vers</strong> la ruine.<br />

« Parlaient-ils <strong>de</strong> ce jeune agriculteur un peu fou, raconte M. Morin en<br />

riant. Oh que oui. Lorsque nous avons commencé, il y avait beaucoup<br />

<strong>de</strong> discussions sur l’agriculture biologique dans la région. »<br />

Il faudra compter dix ans avant qu’il y ait mise en commun et que<br />

<strong>le</strong>s Morin reçoivent une prime pour <strong><strong>le</strong>ur</strong> lait. Entretemps, ils ont<br />

dû surmonter tous <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s techniques qui se présentaient à la<br />

Ferme Louis d’Or (nommée ainsi par son grand-père Louis).


« Vous <strong>de</strong>vez vous entourer d’experts et acquérir<br />

<strong>de</strong>s connaissances. Vous <strong>de</strong>vez être capab<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

faire <strong>le</strong> tri entre ce qui fonctionne en théorie et<br />

ce qui fonctionne en pratique. »<br />

– Jean Morin<br />

C’était exactement <strong>le</strong> genre d’obstac<strong>le</strong>s qui stimulaient <strong>le</strong> caractère<br />

méticu<strong>le</strong>ux <strong>de</strong> M. Morin. Son frère s’est occupé <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> la<br />

ferme <strong>de</strong> 85 vaches laitières et lui, il s’est concentré sur la gestion <strong>de</strong>s<br />

terres. Actuel<strong>le</strong>ment, la ferme compte 600 acres consacrés à la culture<br />

<strong>de</strong> fourrages, <strong>de</strong> céréa<strong>le</strong>s et d’oléagineux ainsi qu’aux pâturages. Le plus<br />

gros défi associé au virage biologique <strong>de</strong>meure sans contredit la lutte<br />

contre <strong>le</strong>s mauvaises herbes. Compte tenu du fait que ses terres sont<br />

acci<strong>de</strong>ntées et exposées à l’érosion, attacher une charrue classique à son<br />

tracteur n’était pas une solution.<br />

M. Morin s’est alors tourné <strong>vers</strong> <strong>le</strong>s autres pour obtenir <strong>de</strong> l’information<br />

et <strong>de</strong>s conseils, <strong>de</strong>venant par la même occasion un apprenant permanent.<br />

Il a consulté d’autres <strong>producteurs</strong> biologiques <strong>de</strong> même que <strong>de</strong>s<br />

chercheurs et il s’est inscrit à <strong>de</strong>s ateliers. Lorsqu’il a appris que <strong>de</strong>s<br />

fabricants d’équipement européens avaient exactement ce dont il avait<br />

besoin pour son type <strong>de</strong> production, il a intensifié ses recherches et a<br />

commencé à importer <strong>de</strong> l’équipement provenant <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong><br />

l’Atlantique. Sa première acquisition a été un cultivateur fabriqué en<br />

Al<strong>le</strong>magne et conçu spécia<strong>le</strong>ment pour la lutte contre <strong>le</strong>s mauvaises<br />

herbes sur <strong>le</strong>s fermes biologiques. Actuel<strong>le</strong>ment, M. Morin et <strong>de</strong>s<br />

experts du Cégep <strong>de</strong> Victoriavil<strong>le</strong> font l’essai d’un sarc<strong><strong>le</strong>ur</strong> fabriqué au<br />

Danemark. Il espère que cet outil lui permettra <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssus sur<br />

son ennemi <strong>le</strong> plus tenace : <strong>le</strong> chien<strong>de</strong>nt, qui est terrib<strong>le</strong>ment invasif et<br />

qui se propage rapi<strong>de</strong>ment.<br />

« Recueillir <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong>s idées, s’inscrire à <strong>de</strong> la formation afin <strong>de</strong><br />

pouvoir mettre ces idées en pratique, c’est primordial, précise M. Morin.<br />

En production biologique, une série <strong>de</strong> petits détails fait que ça passe ou ça<br />

casse et détermine votre <strong>succès</strong>. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> en agriculture<br />

biologique, un mauvais gestionnaire c’est très mauvais. »<br />

Mais son obsession <strong>de</strong>s « petits détails » a donné lieu à sa <strong>de</strong>uxième vision.<br />

En 1992, lors d’un voyage dans <strong>le</strong> Jura en Suisse, il a visité plusieurs<br />

fromagers qui utilisaient du lait cru.<br />

« J’étais vraiment intéressé à connaître ce procédé, dit-il. J’ai pensé que<br />

c’était merveil<strong>le</strong>ux et je crois que <strong><strong>le</strong>ur</strong>s fromages étaient <strong>le</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>s<br />

que j’ai goûtés. »<br />

« J’ai donc décidé <strong>de</strong> conserver mon lait dans son état naturel, d’exploiter<br />

la saveur et <strong>le</strong>s goûts qu’il renfermait et <strong>de</strong> préserver <strong>le</strong>s di<strong>vers</strong>es espèces <strong>de</strong><br />

lactobacil<strong>le</strong>s qui ajoutent <strong>de</strong> la saveur et <strong>de</strong> l’arôme. »<br />

Tout comme dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> son virage <strong>vers</strong> la production biologique, <strong>le</strong>s<br />

détails et <strong>le</strong>s rêves formaient <strong>de</strong>ux côtés d’une même médail<strong>le</strong>. Au cours<br />

du procédé <strong>de</strong> pasteurisation, <strong>le</strong> lait est chauffé pendant une courte<br />

pério<strong>de</strong> à une température suffisamment é<strong>le</strong>vée pour tuer <strong>le</strong>s bactéries<br />

néfastes, comme la Listéria, l’E. Coli et la salmonel<strong>le</strong>. Mais <strong>le</strong> procédé<br />

tue aussi <strong>le</strong>s bonnes bactéries comme <strong>le</strong>s lactobacil<strong>le</strong>s. Les fabricants <strong>de</strong><br />

fromage au lait cru doivent donc maîtriser d’autres techniques afin <strong>de</strong><br />

rendre <strong><strong>le</strong>ur</strong>s produits sains et sécuritaires, y compris l’art du vieillissement<br />

Prix d’excel<strong>le</strong>nce pour <strong>le</strong>s étudiants<br />

en agriculture<br />

Chaque année Gestion Agrico<strong>le</strong> du Canada décerne<br />

<strong>le</strong> Prix d’excel<strong>le</strong>nce pour <strong>le</strong>s étudiants en agriculture.<br />

Ce Prix est conçu pour ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s étudiants à améliorer<br />

<strong><strong>le</strong>ur</strong>s aptitu<strong>de</strong>s en communication en <strong><strong>le</strong>ur</strong> donnant<br />

l’occasion d’exprimer <strong><strong>le</strong>ur</strong> opinion sur un sujet lié à<br />

la gestion agrico<strong>le</strong>. Tous <strong>le</strong>s étudiants du Canada sont<br />

invités à soumettre <strong><strong>le</strong>ur</strong> candidature. Trois gagnants<br />

obtiendront un prix en argent <strong>de</strong> 1 000 $ <strong>de</strong>stinés à<br />

<strong><strong>le</strong>ur</strong>s étu<strong>de</strong>s en agriculture.<br />

Les étudiants sont invités à soumettre <strong><strong>le</strong>ur</strong>s vidéos<br />

répondant à la question suivante :<br />

Pourquoi l’innovation est-el<strong>le</strong> un élément important <strong>de</strong><br />

la réussite d’une entreprise agrico<strong>le</strong>? À l’ai<strong>de</strong> d’exemp<strong>le</strong>s,<br />

expliquez comment la gestion d’entreprise agrico<strong>le</strong> peut<br />

être innovatrice.<br />

Les trois vidéos gagnantes seront publiées en mars 2013,<br />

annoncées sur notre site fmc-gac.com et transmises à la<br />

presse. Toutes <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s doivent être reçues d’ici <strong>le</strong><br />

28 février 2013.<br />

Pour plus <strong>de</strong> renseignements, communiquez<br />

avec Gestion agrico<strong>le</strong> du Canada au<br />

1-888-232-3262 ou visitez <strong>le</strong> site<br />

fmc-gac.com/fr/prix-d-excel<strong>le</strong>nce<br />

du fromage et <strong>de</strong> l’alimentation <strong>de</strong>s animaux au foin sec (étant donné que<br />

l’ensilage peut augmenter <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> bactéries néfastes).<br />

Tout comme il l’avait fait pour en apprendre sur l’agriculture biologique,<br />

M. Morin s’est inscrit à <strong>de</strong>s ateliers et a bâti un réseau <strong>de</strong> conseil<strong>le</strong>rs et<br />

d’experts afin d’acquérir <strong>de</strong>s connaissances allant <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong><br />

fromage au lait cru <strong>de</strong> qualité aux façons <strong>de</strong> respecter <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>ments très<br />

rigoureux qui régissent cette fabrication au Canada. Et tout comme la lutte<br />

contre <strong>le</strong>s mauvaises herbes, <strong>le</strong> processus est sans fin. Cette année, il compte<br />

15 parcel<strong>le</strong>s d’essai <strong>de</strong> foin. Chaque année, dit-il, il y a <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s où « on<br />

s’arrache <strong>le</strong>s cheveux parce que <strong>le</strong>s changements <strong>de</strong> saison modifient <strong>le</strong>s<br />

pâturages et par conséquent <strong>le</strong> lait, sa teneur en protéines et son goût ».<br />

Et toutes ces recherches ont préparé la <strong>voie</strong> <strong>de</strong> la troisième et <strong>de</strong> la plus<br />

ambitieuse vision <strong>de</strong> Jean Morin.<br />

En 2005, un presbytère abandonné situé <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la rue, en<br />

face <strong>de</strong> sa ferme, a été mis en vente. Un jour, alors qu’il contemplait<br />

<strong>le</strong> presbytère historique, une image lui est venue à l’esprit. Il imaginait<br />

<strong>le</strong> bâtiment en brique <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étages joliment rénové en boutique et<br />

<strong>de</strong>s clients qui admireraient <strong>le</strong> magnifique terrain lorsqu’ils viendraient<br />

y acheter du fromage. Il imaginait aussi <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s installations<br />

construites au fond du terrain, prêtes à transformer son lait biologique<br />

en fromage semblab<strong>le</strong> au fromage au lait cru <strong>de</strong> qualité supérieure qu’il<br />

avait dégusté en Suisse quelques années auparavant.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

7


Les fromages au lait cru <strong>de</strong> la Fromagerie du Presbytère doivent vieillir pendant plusieurs mois avant d’être mis sur <strong>le</strong> marché.<br />

Ainsi naissait la Fromagerie du Presbytère.<br />

« Oui, j’avais une vision et c’était extrêmement important, raconte<br />

M. Morin. Parfois, <strong>le</strong>s occasions se présentent rapi<strong>de</strong>ment et vous <strong>de</strong>vez<br />

être prêt à <strong>le</strong>s saisir. Nous avions déjà commencé à préparer notre troupeau<br />

pour ce genre <strong>de</strong> production en <strong>le</strong>s nourrissant au foin sec. Et puis, au<br />

cours <strong>de</strong> cette même pério<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’équipement et <strong>de</strong>s mou<strong>le</strong>s à fromage<br />

provenant d’une autre usine se sont retrouvés sur <strong>le</strong> marché. »<br />

Affirmer que la Fromagerie du Presbytère (fromageriedupresbytere.com)<br />

est prospère serait peu dire. Son chiffre d’affaires atteint 1,6 million<br />

<strong>de</strong> dollars (soit <strong>de</strong>ux fois et <strong>de</strong>mie celui <strong>de</strong> la production laitière) et<br />

il serait encore plus é<strong>le</strong>vé si M. Morin avait davantage <strong>de</strong> fromage à<br />

vendre. Déjà renommée au Québec pour avoir remporté à trois reprises<br />

consécutives <strong>de</strong>s premiers prix pour ses fromages, el<strong>le</strong> a surpassé ses<br />

concurrents lors <strong>de</strong> l’édition 2011 du concours bisannuel du Grand<br />

Prix <strong>de</strong>s Fromages Canadiens en décrochant, grâce à son Louis d’Or, <strong>le</strong><br />

titre <strong>de</strong> champion dans trois catégories et celui <strong>de</strong> Grand Champion.<br />

M. Morin reçoit <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> partout en Amérique du Nord et<br />

écou<strong>le</strong> toute sa production.<br />

Il souligne que son <strong>succès</strong> décou<strong>le</strong> à la fois <strong>de</strong> ses grands rêves et <strong>de</strong> son<br />

attention aux petits détails <strong>de</strong> la production.<br />

« Vous <strong>de</strong>vez vous entourer d’experts et acquérir <strong>de</strong>s connaissances.<br />

Vous <strong>de</strong>vez être capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> faire <strong>le</strong> tri entre ce qui fonctionne en théorie<br />

et ce qui fonctionne en pratique. Bien entendu, <strong>le</strong> re<strong>vers</strong> <strong>de</strong> la médail<strong>le</strong>,<br />

c’est que vous <strong>de</strong>vez aussi être créatif. C’est diffici<strong>le</strong> d’innover, si vous<br />

avez peur <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s erreurs. Eh oui, vous en ferez <strong>de</strong>s erreurs, mais ça<br />

ne sera pas la fin du mon<strong>de</strong>. »<br />

8 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

« Bien entendu, <strong>le</strong> re<strong>vers</strong> <strong>de</strong> la médail<strong>le</strong>,<br />

c’est que vous <strong>de</strong>vez aussi être créatif.<br />

C’est diffici<strong>le</strong> d’innover, si vous avez<br />

peur <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s erreurs. Eh oui, vous<br />

en ferez <strong>de</strong>s erreurs, mais ça ne sera pas<br />

la fin du mon<strong>de</strong>. »<br />

– Jean Morin<br />

Bien que ce mélange d’aspects techniques et créatifs puisse semb<strong>le</strong>r<br />

étrange, M. Morin fait observer que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux aspects proviennent d’une<br />

seu<strong>le</strong> et même source, soit <strong>le</strong> désir <strong>de</strong> produire <strong>le</strong> meil<strong><strong>le</strong>ur</strong> lait possib<strong>le</strong>.<br />

« Par <strong>de</strong>ssus-tout, vous <strong>de</strong>vez avoir une passion pour ce que vous faites,<br />

sinon, vous n’irez nul<strong>le</strong> part. »


Une approche<br />

différente<br />

suite <strong>de</strong> la page 5<br />

« Je peux comprendre que <strong>le</strong>s gens puissent être sceptiques, mais il faut<br />

jeter un coup d’œil sur ce que nous faisons, dit-il. Prenons par exemp<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> thé <strong>de</strong> compost. Cette technique, qui consiste à mélanger du compost<br />

et <strong>de</strong> l’eau et à utiliser <strong>le</strong> produit obtenu pour arroser <strong>le</strong>s plantes afin d’en<br />

accroître <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>ment, est utilisée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s générations. En combinant<br />

toutes ces technologies, nous croyons avoir trouvé une façon très efficace<br />

d’obtenir <strong>de</strong>s plantes à haut ren<strong>de</strong>ment dans un milieu biologique. »<br />

Les premiers résultats sont prometteurs. Cet été, la première récolte <strong>de</strong><br />

<strong>camerises</strong> (en juin) a donné <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments beaucoup plus é<strong>le</strong>vés que<br />

ceux <strong>de</strong>s plantations <strong>de</strong> première année en Saskatchewan, où se trouve<br />

la plupart <strong>de</strong>s quelques superficies cultivées en camerise au Canada. Ces<br />

résultats autorisent à penser que <strong>le</strong>s <strong>camerises</strong> cultivées en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse<br />

peuvent atteindre <strong><strong>le</strong>ur</strong> p<strong>le</strong>ine maturité plus rapi<strong>de</strong>ment que cel<strong>le</strong>s cultivées<br />

dans <strong>le</strong>s Prairies et pourraient même dépasser <strong><strong>le</strong>ur</strong> ren<strong>de</strong>ment qui avoisine<br />

<strong>le</strong>s 8 000 livres l’acre.<br />

Mais lorsque <strong>le</strong>s plants auront atteint la p<strong>le</strong>ine production, où iront <strong>le</strong>s<br />

petits fruits?<br />

Une fois <strong>de</strong> plus, l’idée <strong>de</strong> départ consistait à évaluer <strong>le</strong> petit fruit et à<br />

utiliser une approche à vo<strong>le</strong>ts multip<strong>le</strong>s pour en découvrir la va<strong><strong>le</strong>ur</strong>.<br />

Selon M. Cassells, la camerise a permis <strong>de</strong> « cocher toutes <strong>le</strong>s cases ».<br />

El<strong>le</strong> peut être commercialisée pour son goût et sa riche cou<strong><strong>le</strong>ur</strong> pourpre<br />

ainsi que pour ses propriétés nutritionnel<strong>le</strong>s. Contrairement au b<strong>le</strong>uet,<br />

la camerise ne pousse pas bien sous <strong>de</strong>s climats chauds, ce qui limite la<br />

concurrence potentiel<strong>le</strong>. Toutefois, à l’instar du b<strong>le</strong>uet, on peut l’utiliser<br />

dans une panoplie d’aliments et <strong>de</strong> boissons.<br />

Afin d’encourager <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> nouveaux produits, LaHave a<br />

distribué <strong>de</strong>s petits fruits à une fou<strong>le</strong> d’entrepreneurs dans la province,<br />

dont un fabricant <strong>de</strong> jus, <strong>de</strong>ux fabricants <strong>de</strong> vin, un brasseur, un fabricant<br />

<strong>de</strong> liqueurs, un fabricant <strong>de</strong> crème glacée, un producteur <strong>de</strong> miel,<br />

<strong>de</strong>s restaurateurs et un pâtissier. L’idée consiste à mettre <strong>le</strong>s fruits entrent<br />

<strong>le</strong>s mains <strong>de</strong> personnes créatives et <strong>le</strong>s « laisser concocter <strong>de</strong>s produits<br />

fantastiques », explique M. Cassells.<br />

LaHave invite d’autres Néo-Écossais à se lancer dans la culture <strong>de</strong> la<br />

camerise. L’entreprise vend <strong>de</strong>s plants pratiquement au prix coûtant,<br />

explique ses métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> culture aux nouveaux <strong>producteurs</strong> et offre <strong>de</strong>s<br />

services <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s vergers (sur ses terres ou cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s <strong>producteurs</strong>).<br />

À long terme, l’entreprise projette d’établir une coopérative qui se<br />

chargerait <strong>de</strong> la commercialisation et <strong>de</strong>s ventes et qui permettrait aux<br />

petits <strong>producteurs</strong> d’avoir accès à une cueil<strong>le</strong>use mécanique et à <strong>de</strong>s<br />

installations <strong>de</strong> congélation.<br />

« Nous essayons d’encourager l’industrie <strong>de</strong> la camerise en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse »,<br />

souligne M. Tay<strong>le</strong>r.<br />

Ils ne veu<strong>le</strong>nt pas être <strong>de</strong>s <strong>producteurs</strong> d’un produit <strong>de</strong> base, même<br />

si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du petit fruit et <strong>le</strong>s occasions d’obtenir <strong>de</strong>s prix é<strong>le</strong>vés<br />

sont fortes. Dans <strong>le</strong> nord du Japon, on cultive la camerise <strong>de</strong>puis très<br />

longtemps et <strong>le</strong>s petits fruits très appréciés peuvent al<strong>le</strong>r chercher<br />

jusqu’à 30 $ la livre. M. Cassells surveil<strong>le</strong> attentivement <strong>le</strong> marché<br />

asiatique, mais il mise sur <strong>le</strong>s produits. Quiconque se lance dans ce<br />

genre d’aventure avec <strong>le</strong> seul objectif <strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s petits fruits non<br />

transformés n’a pas <strong>le</strong> bon état d’esprit, dit-il.<br />

« Cet organisme fait la promotion<br />

<strong>de</strong>s meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>es pratiques <strong>de</strong><br />

gestion <strong>de</strong> l’entreprise agrico<strong>le</strong><br />

auprès <strong>de</strong>s agriculteurs et <strong>de</strong>s<br />

agroentreprises. J’en fais partie<br />

parce que c’est une occasion d’avoir<br />

accès, <strong>de</strong> façon rapi<strong>de</strong> et efficace,<br />

à <strong>de</strong> l’information <strong>de</strong> pointe (<strong>le</strong>s<br />

webinaires par exemp<strong>le</strong>). »<br />

– Membre <strong>de</strong> GAC<br />

Pour savoir comment <strong>de</strong>venir<br />

membre <strong>de</strong> GAC, visitez <strong>le</strong> site<br />

fmc-gac.com/adhésion<br />

« Si vous jetez un coup d’œil à ceux qui ont engrangé <strong>le</strong> plus<br />

d’argent en agriculture au cours <strong>de</strong>s 30 <strong>de</strong>rnières années, ce sont <strong>le</strong>s<br />

fabricants <strong>de</strong> vin, pour la simp<strong>le</strong> et bonne raison qu’ils ne cultivent<br />

pas <strong>de</strong>s raisins, mais <strong>de</strong>s bouteil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> vin », explique M. Cassells.<br />

Notre modè<strong>le</strong> d’entreprise est fondé sur <strong>de</strong>s sols en santé et la<br />

culture d’un petit fruit sain, mais aussi sur l’établissement d’une<br />

marque et l’encaissement <strong>de</strong>s bénéfices que procure un produit à<br />

va<strong><strong>le</strong>ur</strong> ajoutée. »<br />

Logie Cassells et Liam Tay<strong>le</strong>r admettent que LaHave adopte une<br />

approche <strong>de</strong> l’agriculture très différente, en ajoutant que ce n’est pas<br />

une mauvaise chose en soi.<br />

« L’une <strong>de</strong>s forces liées au fait <strong>de</strong> ne pas avoir d’histoire en tant<br />

qu’agriculteurs, c’est que nous ne répétons pas <strong>le</strong>s mêmes choses<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années. Nous sommes un groupe <strong>de</strong> personnes aux antécé<strong>de</strong>nts<br />

différents qui, en présence d’occasions ou <strong>de</strong> difficultés, trouvent<br />

différentes façons <strong>de</strong> <strong>le</strong>s saisir ou <strong>de</strong> <strong>le</strong>s surmonter. Nous ne sommes<br />

pas prisonniers <strong>de</strong> nos façons <strong>de</strong> faire et nous sommes ouverts aux<br />

nouvel<strong>le</strong>s façons <strong>de</strong> pratiquer l’agriculture. Nous cherchons sans cesse<br />

<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> la rendre encore plus rentab<strong>le</strong> », conclut M. Tay<strong>le</strong>r.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

9


Curtis Braaten (rangée arrière) et son partenaire d’affaires Carl Barber (extrême droite) lors <strong>de</strong> la visite d’un chercheur sur la camerise (gauche) et d’un homme d’affaires<br />

du Japon (centre) dans la serre d’Haskap Central située à Henribourg, en Saskatchewan.<br />

Un avenir prometteur, mais beaucoup<br />

<strong>de</strong> chemin à parcourir<br />

Curtis Braaten mentionne que <strong>le</strong> secteur <strong>de</strong> la<br />

camerise donnera du fil à retordre à celui du<br />

b<strong>le</strong>uet mais que l’expansion <strong>de</strong> ce secteur, qui ne<br />

compte actuel<strong>le</strong>ment que 300 acres en culture,<br />

s’éta<strong>le</strong>ra sur <strong>de</strong>s décennies.<br />

Vous ne trouverez pas un amateur <strong>de</strong> camerise plus enthousiaste que<br />

Curtis Braaten.<br />

Le producteur <strong>de</strong> la Saskatchewan a découvert ce petit fruit lorsqu’il<br />

a participé au programme d’amélioration génétique <strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong><br />

l’Uni<strong>vers</strong>ité <strong>de</strong> la Saskatchewan. Il a d’ail<strong><strong>le</strong>ur</strong>s été <strong>le</strong> premier à cultiver<br />

ce petit fruit après la commercialisation <strong>de</strong>s premiers cultivars mis au<br />

point par <strong>le</strong> sé<strong>le</strong>ctionneur <strong>de</strong> végétaux Bob Bors en 2007.<br />

« Atten<strong>de</strong>z que <strong>le</strong>s gens aient l’occasion d’y goûter », explique <strong>le</strong><br />

copropriétaire d’Haskap Central (haskapcentral.com), située à<br />

Henribourg, au nord <strong>de</strong> Prince Albert. Regar<strong>de</strong>z bien ça, ce sera<br />

Bye-bye <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>uets. »<br />

M. Braaten admet toutefois que ce n’est pas pour bientôt.<br />

« Rien ne ra<strong>le</strong>ntira la progression, si ce n’est la disponibilité, mais il<br />

faudra du temps », dit-il.<br />

Bob Bors a donné <strong>le</strong> nom japonais « haskap » aux cultivars hybri<strong>de</strong>s<br />

qui combinent <strong>le</strong> goût supérieur <strong>de</strong>s variétés japonaises et la rusticité<br />

<strong>de</strong>s variétés russes (connues sous <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> chèvrefeuil<strong>le</strong> b<strong>le</strong>u ou <strong>de</strong><br />

camerise). Après avoir goûté aux résultats, M. Braaten a décidé <strong>de</strong> se<br />

lancer dans cette production.<br />

« Dès 2006-2007, je savais que cette culture allait prendre beaucoup<br />

d’importance, explique M. Braaten. Chaque année, j’en suis <strong>de</strong> plus en plus<br />

convaincu parce que chaque année, nous vendons toute notre production. »<br />

10 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

En fait, une entreprise <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> jus a passé une comman<strong>de</strong> permanente<br />

<strong>de</strong> 60 000 livres (environ 27 000 kilogrammes) par mois auprès<br />

d’Haskap Canada, l’association nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>producteurs</strong> <strong>de</strong> camerise.<br />

À el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, cette comman<strong>de</strong> mobiliserait probab<strong>le</strong>ment une gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>de</strong> la production actuel<strong>le</strong>. Selon M. Braaten, environ 300 acres<br />

seu<strong>le</strong>ment sont consacrés à la culture commercia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la camerise en<br />

Amérique du Nord. Même s’il s’agit d’une hausse <strong>de</strong> 50 % par rapport à<br />

l’année <strong>de</strong>rnière, il faudra que cette croissance exponentiel<strong>le</strong> se poursuive<br />

sur <strong>de</strong> nombreuses années avant que la production soit suffisamment<br />

abondante pour tenter un gros transformateur ou une gran<strong>de</strong> chaîne <strong>de</strong><br />

restaurant <strong>de</strong> mettre au point <strong>de</strong>s produits à base <strong>de</strong> camerise.<br />

« Nous avons énormément <strong>de</strong> chemin à parcourir », raconte l’homme<br />

âgé <strong>de</strong> 48 ans qui, avec son partenaire d’affaires Carl Barber, possè<strong>de</strong><br />

un verger d’une superficie <strong>de</strong> 15 acres. J’aurai pris ma retraite bien<br />

avant que McDonald ne fasse passer <strong>de</strong>s messages publicitaires <strong>de</strong><br />

coupes glacées à la camerise. Ce sera dans <strong>de</strong>s décennies d’ici. »<br />

Ce n’est qu’un point parmi tant d’autres. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> livre sur la<br />

culture <strong>de</strong> la camerise est toujours en cours <strong>de</strong> rédaction. La plupart<br />

<strong>de</strong>s <strong>producteurs</strong> actuels, y compris M. Braaten, sont <strong>de</strong>s <strong>producteurs</strong><br />

biologiques, ce qui signifie qu’ils doivent surmonter <strong>de</strong>s obstac<strong>le</strong>s<br />

habituels comme la lutte contre <strong>le</strong>s mauvaises herbes et la fertilité. Les<br />

organismes nuisib<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s maladies n’ont pas constitué un problème<br />

majeur jusqu’à présent, mais pourraient <strong>le</strong> <strong>de</strong>venir lorsqu’ils trouveront<br />

cette culture compte tenu <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong>s superficies. Certains<br />

<strong>producteurs</strong> utilisent <strong>de</strong>s herbici<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s engrais chimiques, mais ils<br />

feront face à un marché où <strong>le</strong>s produits biologiques obtiennent <strong>le</strong>s prix<br />

<strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés.<br />

Un autre point est <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s cultivars actuels produisent <strong>de</strong>s fruits<br />

en juin, ce qui signifie que la saison <strong>de</strong>s produits frais est très courte.<br />

<strong>Des</strong> variétés qui produiraient <strong>de</strong>s fruits en juil<strong>le</strong>t et en août sont en<br />

cours <strong>de</strong> développement. Il y aura sans aucun doute <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s variétés<br />

qui auront <strong>de</strong>s attributs supérieurs en ce qui concerne, entre autres,<br />

la productivité et la vigueur <strong>de</strong>s plants, et <strong>le</strong> goût <strong>de</strong>s fruits. Ce qui nous


amène à un autre point : quiconque possè<strong>de</strong> actuel<strong>le</strong>ment plusieurs<br />

acres cultivés en camerise pourrait se retrouver avec un verger moins<br />

productif plus tard.<br />

L’élément <strong>le</strong> plus important, ce<br />

sont <strong>le</strong>s coûts. Si vous tenez compte<br />

<strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong>s plants, <strong>de</strong>s fi<strong>le</strong>ts<br />

<strong>de</strong> protection contre <strong>le</strong>s oiseaux<br />

et d’autres frais d’établissement,<br />

une superficie d’un acre peut vous<br />

coûter 10 000 $. Si vous ajoutez <strong>le</strong><br />

prix d’une cueil<strong>le</strong>use mécanique,<br />

qui peut atteindre 130 000 $ pour<br />

un modè<strong>le</strong> autotracté neuf, ainsi<br />

que <strong>le</strong>s coûts d’installation d’une<br />

chaîne <strong>de</strong> nettoyage et d’une chambre<br />

froi<strong>de</strong>, <strong>le</strong>s coûts <strong>de</strong> démarrage<br />

peuvent être exorbitants.<br />

Cela ne veut pas dire que <strong>le</strong>s gens<br />

ne sont pas intéressés. M. Braaten<br />

reçoit constamment <strong>de</strong>s appels <strong>de</strong><br />

personnes qui ont entendu dire<br />

qu’il était possib<strong>le</strong> d’obtenir <strong>de</strong>s<br />

prix très é<strong>le</strong>vés pour la camerise.<br />

Quant à lui, il vend <strong>le</strong>s petits<br />

fruits congelés 13,30 $ la livre et a <strong>de</strong> la difficulté à en gar<strong>de</strong>r en<br />

stock. Il connaît un producteur qui a vendu toute sa production <strong>de</strong><br />

la première année, soit 700 livres, à 16 $ la livre.<br />

Mais quiconque rêve <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir riche rapi<strong>de</strong>ment fait une erreur, dit il.<br />

« Si vous me téléphonez, je vais vous vendre autant <strong>de</strong> plants que<br />

vous <strong>le</strong> souhaitez, dit-il. Mais si vous commencez dans ce secteur, je<br />

vous conseil<strong>le</strong>rais d’être pru<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong> commencer doucement et <strong>de</strong><br />

bien vous informer. »<br />

C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> il est très élogieux à l’égard <strong>de</strong> LaHave<br />

Forests, particulièrement pour avoir mis la camerise entre <strong>le</strong>s mains<br />

d’entrepreneurs intéressés à mettre au point <strong>de</strong>s produits à va<strong><strong>le</strong>ur</strong><br />

Un superfruit nordique<br />

La camerise pousse à l’état sauvage dans <strong>le</strong>s climats nordiques,<br />

notamment en Russie, dans la plus septentriona<strong>le</strong> <strong>de</strong>s î<strong>le</strong>s du<br />

Japon ainsi que dans neuf provinces canadiennes. La camerise<br />

originaire du Japon, connue sous <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> haskap, possè<strong>de</strong><br />

toutefois un goût supérieur que l’on décrit comme réunissant<br />

<strong>le</strong>s saveurs du b<strong>le</strong>uet, <strong>de</strong> la framboise et du cassis.<br />

Bien que l’on considère souvent qu’el<strong>le</strong> appartient à la famil<strong>le</strong><br />

du b<strong>le</strong>uet, el<strong>le</strong> est davantage apparentée à cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la tomate.<br />

Le fruit, <strong>de</strong> forme ova<strong>le</strong>, a une peau <strong>de</strong> cou<strong><strong>le</strong>ur</strong> pourpre et une<br />

chair d’un rouge violacé lorsqu’il est mûr. Ce fruit est riche<br />

en vitamines A et C, en potassium et en di<strong>vers</strong> antioxydants.<br />

L’Uni<strong>vers</strong>ité <strong>de</strong> la Saskatchewan a mis au point cinq variétés.<br />

Le camerisier atteint <strong>de</strong> quatre à six pieds <strong>de</strong> hauteur ainsi que<br />

sa p<strong>le</strong>ine production à cinq ans environ.<br />

Sources : Haskap Canada Association (haskap.ca); Programme<br />

d’amélioration génétique <strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong> l’Uni<strong>vers</strong>ité <strong>de</strong> la Saskatchewan<br />

(fruit.usask.ca) en anglais seu<strong>le</strong>ment.<br />

« Quiconque se lance dans la culture <strong>de</strong> la<br />

camerise est un innovateur. Personne n’est<br />

prêt à produire à p<strong>le</strong>in régime; personne ne<br />

connaît <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>ment d’un plant, <strong>le</strong> prix<br />

qu’il sera possib<strong>le</strong> d’obtenir pour ce fruit<br />

et <strong>le</strong>s marchés. L’avenir semb<strong>le</strong> prometteur,<br />

certes, mais personne ne peut <strong>le</strong> garantir. »<br />

ajoutée et aussi pour avoir ai<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s petits <strong>producteurs</strong> à démarrer<br />

(en élaborant un plan pour l’établissement d’une coopérative dont<br />

<strong>le</strong>s membres peuvent se partager <strong>le</strong>s cueil<strong>le</strong>uses et <strong>le</strong>s installations <strong>de</strong><br />

congélation, et faire une mise en marché col<strong>le</strong>ctive).<br />

« C’est un modè<strong>le</strong> pour notre<br />

secteur, raconte M. Braaten.<br />

Lorsqu’il est question <strong>de</strong> promouvoir<br />

la camerise, personne<br />

ne <strong><strong>le</strong>ur</strong> arrive à la chevil<strong>le</strong>. »<br />

Depuis qu’il a approvisionné<br />

LaHave en plants pour <strong><strong>le</strong>ur</strong><br />

première parcel<strong>le</strong> d’essai d’un<br />

acre, M. Braaten a conclu avec<br />

l’entreprise <strong>de</strong> la Nouvel<strong>le</strong>-Écosse<br />

une entente <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> ses<br />

plants <strong>de</strong> camerise dans l’Est du<br />

Canada. Le secteur a besoin <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> <strong>producteurs</strong>, dit-il, mais ils<br />

doivent avoir la bonne mentalité.<br />

« Chaque personne qui se lancera<br />

dans ce secteur sera différente »,<br />

– Curtis Braaten<br />

explique-t-il.<br />

« J’ai grandi sur une ferme<br />

et j’ai pratiqué l’agriculture<br />

pendant <strong>de</strong> nombreuses années. Ce secteur est bien différent du<br />

genre d’agriculture auquel nous sommes habitués, c’est-à-dire celui<br />

où vous cultivez une plante annuel<strong>le</strong> et encaissez un revenu à la fin<br />

<strong>de</strong> l’année. Avec cette culture, vous al<strong>le</strong>z <strong>de</strong>voir investir <strong>de</strong>s sommes<br />

importantes avant d’encaisser un revenu. »<br />

Et vous apprendrez au fur et à mesure, ajoute-t-il.<br />

« Quiconque se lance dans la culture <strong>de</strong> la camerise est un innovateur.<br />

Personne n’est prêt à produire à p<strong>le</strong>in régime; personne ne connaît <strong>le</strong><br />

ren<strong>de</strong>ment d’un plant, <strong>le</strong> prix qu’il sera possib<strong>le</strong> d’obtenir pour ce fruit<br />

et <strong>le</strong>s marchés. L’avenir semb<strong>le</strong> prometteur, certes, mais personne ne<br />

peut <strong>le</strong> garantir. »<br />

Curtis Braaten dans sa serre <strong>de</strong> plants <strong>de</strong> camerise à Henribourg, en Saskatchewan.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

11


La famil<strong>le</strong> Toews : (<strong>de</strong> gauche à droite) Mike Na<strong>de</strong>au (gendre), Hillary, Emma, Ca<strong>le</strong>, Kim et Travis.<br />

Innover <strong>de</strong>man<strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> travail<br />

Il ne faut jamais négliger <strong>le</strong>s détails lorsque vient<br />

<strong>le</strong> moment d’adopter <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

ou métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production. C’est la raison pour<br />

laquel<strong>le</strong> Travis Toews estime qu’il faut constamment<br />

évaluer <strong>le</strong>s récentes innovations.<br />

Travis Toews explique qu’il n’essaie pas d’être un pionnier en matière<br />

d’innovation, mais avoue qu’il gar<strong>de</strong> un œil sur ceux et cel<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong> sont.<br />

« Je n’ai pas ce que vous pourriez appe<strong>le</strong>r une histoire personnel<strong>le</strong> qui<br />

sort <strong>de</strong> l’ordinaire en ce qui concerne l’adoption <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

», raconte l’homme <strong>de</strong> 47 ans qui, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa conjointe Kim<br />

et <strong>de</strong> sa famil<strong>le</strong>, exploite Melbern Holdings, une entreprise d’é<strong>le</strong>vagenaissage<br />

<strong>de</strong> 1 200 têtes située à Beaverlodge dans la région <strong>de</strong> la rivière<br />

<strong>de</strong> la Paix, en Alberta.<br />

« Mais comme la plupart <strong>de</strong>s exploitations commercia<strong>le</strong>s, nous<br />

utilisons la technologie actuel<strong>le</strong> et nous examinons ce que nous pourrions<br />

adopter plus tard. Nous savons que c’est incontournab<strong>le</strong> pour<br />

<strong>de</strong>meurer concurrentiel. »<br />

C’est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s M. Toews,<br />

prési<strong>de</strong>nt sortant <strong>de</strong> la Canadian Catt<strong>le</strong>men’s Association (association<br />

canadienne <strong>de</strong>s é<strong>le</strong>veurs <strong>de</strong> bovins), a accepté la coprési<strong>de</strong>nce<br />

du Comité d’innovation en agriculture, un groupe nouvel<strong>le</strong>ment<br />

formé pour conseil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> ministre <strong>de</strong> l’Agriculture Gerry Ritz sur la<br />

recherche et <strong>le</strong> développement en agriculture. M. Toews indique<br />

qu’il a accepté <strong>de</strong> faire partie <strong>de</strong> ce comité parce qu’il souhaite que<br />

<strong>le</strong>s agriculteurs canadiens aient plus d’occasions d’innover.<br />

12 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

« Il existe très souvent un fossé entre la recherche et <strong>le</strong> transfert<br />

technologique », dit-il.<br />

Mais l’en<strong>vers</strong> <strong>de</strong> la médail<strong>le</strong> est que <strong>le</strong>s agriculteurs doivent saisir<br />

ces occasions et sur ce plan, M. Toews admet que ce n’est pas<br />

toujours faci<strong>le</strong>.<br />

Prenons par exemp<strong>le</strong> l’une <strong>de</strong> ses plus récentes innovations :<br />

un nouveau système <strong>de</strong> manipulation <strong>de</strong>s bovins. En raison <strong>de</strong><br />

l’augmentation <strong>de</strong> son troupeau (près <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />

années), l’ancien système construit en bois était <strong>de</strong>venu désuet. Le<br />

nouveau système qu’il a installé en 2009 comprend <strong>de</strong>s couloirs,<br />

<strong>de</strong>s enclos, <strong>de</strong>s allées, <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> rassemb<strong>le</strong>ment et <strong>de</strong>s barrières<br />

construits en tuyau d’acier; du béton pour que <strong>le</strong>s vaches et <strong><strong>le</strong>ur</strong>s<br />

manutentionnaires ne glissent pas dans la boue; un pont-bascu<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

30 pieds et une cage <strong>de</strong> contention hydraulique.<br />

La recherche sur <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s bovins a révolutionné la<br />

conception <strong>de</strong>s systèmes et a permis <strong>de</strong> déterminer une fou<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong> facteurs à prendre en considération. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s bovins<br />

s’immobilisent souvent à la vue d’objets qui bougent, <strong>de</strong> personnes<br />

et <strong>de</strong> chiens : <strong>le</strong> système doit donc comprendre <strong>de</strong>s côtés soli<strong>de</strong>s<br />

à certains endroits tout en permettant aux manutentionnaires <strong>de</strong><br />

bien voir. Il faut éga<strong>le</strong>ment tenir compte <strong>de</strong> la vision panoramique<br />

<strong>de</strong>s bovins (<strong><strong>le</strong>ur</strong> permettant <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> chaque côté d’eux jusque<br />

<strong>vers</strong> l’arrière – zone visib<strong>le</strong> <strong>de</strong> 300°) et <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> instinct grégaire (<strong>le</strong><br />

fait qu’ils aiment être entourés d’autres bovins). La conception <strong>de</strong>s<br />

couloirs et <strong>de</strong>s cages <strong>de</strong> contention doit donc tenir compte <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong><br />

horreur <strong>de</strong> marcher à la fi<strong>le</strong> indienne et <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> envie <strong>de</strong> suivre <strong>le</strong><br />

chef du troupeau. El<strong>le</strong> doit aussi positionner <strong>le</strong>s manutentionnaires<br />

à la limite, et non à l’intérieur, <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> zone <strong>de</strong> fuite.


« Innover ne signifie pas<br />

nécessairement acheter <strong>le</strong> meil<strong><strong>le</strong>ur</strong><br />

et <strong>le</strong> tout <strong>de</strong>rnier équipement. C’est<br />

beaucoup plus que ça. Souvent, c’est<br />

adopter <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s spécifiques à<br />

votre exploitation pour en améliorer<br />

l’efficacité ou la productivité. »<br />

– Travis Toews<br />

Ces facteurs signifient qu’il existe une fou<strong>le</strong> <strong>de</strong> façons <strong>de</strong> concevoir<br />

<strong>le</strong>s allées, <strong>le</strong>s enclos, <strong>le</strong>s cages et <strong>le</strong>s couloirs <strong>de</strong> contention. Et lorsque<br />

vous investissez une somme à six chiffres dans un système, comme ce<br />

fut <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> M. Toews, vous vou<strong>le</strong>z que tout soit parfait.<br />

« Nous avons visité <strong>de</strong> nombreuses exploitations pour voir <strong><strong>le</strong>ur</strong> système<br />

et <strong>de</strong> nombreux salons commerciaux, et puis nous connaissons assez<br />

bien <strong>le</strong>s recommandations <strong>de</strong>s experts concernant <strong>le</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />

manipulation <strong>de</strong>s bovins », explique M. Toews.<br />

« De plus, et c’est probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> point <strong>le</strong> plus important, nous avons<br />

fait nos <strong>propre</strong>s observations au fil <strong>de</strong>s années. Nous avons analysé <strong>de</strong><br />

quel<strong>le</strong> façon <strong>le</strong>s animaux se déplacent, quel<strong>le</strong> est <strong><strong>le</strong>ur</strong> zone <strong>de</strong> fuite, quel<strong>le</strong><br />

est la gran<strong>de</strong>ur idéa<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’aire pour trier <strong>le</strong>s animaux, <strong>de</strong> quel<strong>le</strong> façon <strong>le</strong>s<br />

contrô<strong>le</strong>r sans créer <strong>de</strong> stress inuti<strong>le</strong>. Tous ces éléments importants ont<br />

été pris en compte lorsque nous avons conçu notre système. »<br />

M. Toews indique qu’il est heureux du résultat et estime que, dans son<br />

cas, la décision s’est prise au moment opportun. Compte tenu du temps<br />

consacré à l’i<strong>de</strong>ntification, à la vaccination et au suivi <strong>de</strong> gestation, ce<br />

fut un bon investissement.<br />

« Les économies sur <strong>le</strong> plan <strong>de</strong> la main-d’œuvre sont considérab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s<br />

coûts liés aux di<strong>vers</strong>es tâches ont probab<strong>le</strong>ment diminué <strong>de</strong> moitié »,<br />

explique M. Toews, qui est éga<strong>le</strong>ment comptab<strong>le</strong>. « C’est aussi moins<br />

<strong>de</strong> stress pour <strong>le</strong>s bovins, ce qui signifie moins <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> santé<br />

et une meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>e productivité. »<br />

Mais ses expériences n’ont pas toutes fonctionné.<br />

« Les gens vantaient beaucoup <strong>le</strong>s avantages du pâturage en andain étalé,<br />

dit-il. Nous avons donc essayé <strong>le</strong> pâturage en andain étalé et <strong>le</strong> pâturage<br />

<strong>de</strong> maïs sur pied pendant quelques saisons. Mais après avoir effectué<br />

quelques calculs, nous sommes revenus à <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s plus classiques.<br />

Dans notre cas, il n’y avait aucun avantage sur <strong>le</strong> plan <strong>de</strong>s coûts et nous<br />

perdions <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s rations alimentaires et <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s éléments<br />

nutritifs et <strong>de</strong> l’apport énergétique. »<br />

Bien que son expérience n’ait pas été fructueuse, il dit aimer ce<br />

genre d’innovations.<br />

« Innover ne signifie pas nécessairement acheter <strong>le</strong> meil<strong><strong>le</strong>ur</strong> et <strong>le</strong> tout<br />

<strong>de</strong>rnier équipement. C’est beaucoup plus que ça. Souvent, c’est adopter<br />

<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s spécifiques à votre exploitation pour en améliorer<br />

l’efficacité ou la productivité. »<br />

Parfois, ça va même plus loin. Il y a plusieurs années, M. Toews avait<br />

décidé <strong>de</strong> cultiver tous ses aliments pour animaux. Il avait pris cette<br />

décision, en gran<strong>de</strong> partie, parce qu’il craignait que l’augmentation <strong>de</strong><br />

la production d’éthanol n’entraîne un resserrement <strong>de</strong>s stocks et <strong>de</strong>s<br />

fluctuations marquées du prix <strong>de</strong>s aliments pour animaux. Ce scénario<br />

s’est d’ail<strong><strong>le</strong>ur</strong>s concrétisé cet été lorsque <strong>le</strong> prix du maïs a subi une<br />

hausse <strong>de</strong> 60 % en l’espace <strong>de</strong> quelques semaines seu<strong>le</strong>ment.<br />

Le fait <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r pour <strong>de</strong>s associations d’é<strong>le</strong>veurs <strong>de</strong> bovins et<br />

d’autres groupes a permis à Travis Toews <strong>de</strong> voyager beaucoup. Il<br />

mentionne qu’à chaque voyage, il a vu <strong>de</strong>s agriculteurs qui adoptaient<br />

<strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s technologies, <strong>de</strong>s nouveaux systèmes <strong>de</strong> production et <strong>de</strong><br />

nouvel<strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion. Il fait observer que ces <strong>de</strong>rniers sont la<br />

concurrence et que <strong>le</strong>s agriculteurs canadiens ne peuvent se permettre<br />

<strong>de</strong> tirer <strong>de</strong> l’arrière.<br />

C’est pourquoi il <strong>de</strong>meure attentif à ce que font <strong>le</strong>s autres.<br />

« Le plus important, c’est <strong>de</strong> toujours être conscient du fait qu’il existe <strong>de</strong>s<br />

idées, <strong>de</strong>s technologies et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s. Ensuite, il n’en tient<br />

qu’à vous <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ce qui convient <strong>le</strong> mieux à votre situation. »<br />

Travis Toews s’est inspiré <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> recherche sur <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s bovins pour concevoir son nouveau système <strong>de</strong> manipulation <strong>de</strong>s bovins en 2009.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

13


Utiliser <strong>le</strong>s données<br />

comptab<strong>le</strong>s pour<br />

favoriser l’innovation<br />

Vous souhaitez stimu<strong>le</strong>r la créativité? Examinez<br />

<strong>de</strong> près vos données financières, comparez votre<br />

ren<strong>de</strong>ment à celui d’autres exploitations et<br />

col<strong>le</strong>z-vous aux meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>s.<br />

On ne cesse <strong>de</strong> répéter aux agriculteurs qu’ils doivent innover. Mais<br />

qu’est-ce que cela signifie au juste? La réponse dépend <strong>de</strong> la personne à<br />

qui vous posez la question. En matière d’innovation, la seu<strong>le</strong> règ<strong>le</strong>, c’est<br />

qu’il n’y pas <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>s.<br />

« Innover avec <strong>de</strong>s chiffres, c’est i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s alternatives, <strong>le</strong>s simu<strong>le</strong>r<br />

et examiner <strong>le</strong>s résultats économiques et financiers afin <strong>de</strong> trouver la<br />

meil<strong><strong>le</strong>ur</strong>e solution au problème ou <strong>de</strong> bonifier son projet. La créativité,<br />

il faut la trouver dans <strong>le</strong>s solutions et non dans la comptabilité »,<br />

explique Patrice Car<strong>le</strong>, agronome et directeur général du Centre<br />

d’expertise en gestion agrico<strong>le</strong> (CEGA).<br />

Au moment <strong>de</strong> prendre une décision d’investissement importante,<br />

<strong>de</strong> nombreux agriculteurs préféreraient écouter <strong><strong>le</strong>ur</strong> cœur plutôt que<br />

<strong>le</strong>s explications <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> comptab<strong>le</strong> ou <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> conseil<strong>le</strong>r.<br />

« En agriculture, ces décisions sont souvent émotionnel<strong>le</strong>s », fait observer<br />

M. Car<strong>le</strong>.<br />

« Par exemp<strong>le</strong>, lors <strong>de</strong> l’acquisition d’un système <strong>de</strong> traite robotisée<br />

qui coûte plus <strong>de</strong> 200 000 $ par robot, la première raison évoquée est<br />

souvent la suivante : Eh bien, ça va permettre d’augmenter la productivité.<br />

Je vais obtenir plus <strong>de</strong> lait par vache ou plus <strong>de</strong> lait par personne travaillant<br />

sur l’entreprise. La question à poser <strong>de</strong>vrait être : Oui, mais est-ce qu’il va me<br />

rester plus d’argent après l’avoir acheté? Le fait que vous soyez plus produc-<br />

Prochains webinaires<br />

Les lundis, à midi (heure <strong>de</strong> l’Est)<br />

Inscrivez-vous aujourd’hui sur Agrowebinaire.com!<br />

<strong>le</strong> 17 décembre Brian Wittal, PRO COM Marketing Ltd.<br />

Commercialisation <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> base<br />

<strong>le</strong> 14 janvier Sean Cochrane, DEKALB Canada<br />

Gérer <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la sécheresse<br />

<strong>le</strong> 21 janvier Yvonne Thyssen-Post, Thyagrissen Consulting Ltd.<br />

Processus <strong>de</strong> planification d’entreprise :<br />

comment réussir<br />

<strong>le</strong> 28 janvier Tarrah Young, Green Being Farm<br />

L’agriculture soutenue par la communauté<br />

est-el<strong>le</strong> pour vous?<br />

14 Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

Patrice Car<strong>le</strong>, directeur général du Centre d’expertise en gestion agrico<strong>le</strong> et membre<br />

du Conseil d’administration <strong>de</strong> GAC.<br />

tif ne signifie pas nécessairement que vous êtes plus rentab<strong>le</strong>. La haute<br />

technologie coûte très cher. Vous <strong>de</strong>vez être très efficace pour justifier un<br />

tel coût. Malheureusement, l’émotion passe parfois avant la raison ».<br />

Il existe au Québec plusieurs sources <strong>de</strong> données <strong>de</strong> référence. Pensons<br />

aux étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong>s coûts <strong>de</strong> production du Centre d’étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong>s coûts<br />

<strong>de</strong> production en agriculture (CECPA), aux données <strong>de</strong> références<br />

économiques du Centre <strong>de</strong> référence en agriculture et agroalimentaire<br />

du Québec (CRAAQ) et à la banque <strong>de</strong> données Agritel <strong>de</strong>s Groupes<br />

conseils agrico<strong>le</strong>s du Québec (GCAQ). Ces différentes sources <strong>de</strong><br />

données offrent aux agriculteurs <strong>de</strong> l’information qu’ils peuvent utiliser<br />

afin <strong>de</strong> comparer <strong><strong>le</strong>ur</strong> exploitation à d’autres exploitations semblab<strong>le</strong>s<br />

à la <strong><strong>le</strong>ur</strong> ou à <strong>de</strong>s cib<strong>le</strong>s à atteindre. Les agriculteurs qui projettent <strong>de</strong><br />

faire un achat important ou <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> l’expansion peuvent aussi<br />

retenir, à faib<strong>le</strong> coût, <strong>le</strong>s services d’un conseil<strong>le</strong>r agrico<strong>le</strong> qui utilisera<br />

ces données afin d’évaluer la rentabilité financière du projet.<br />

<strong>le</strong> 4 février Cedric Mac<strong>le</strong>od, Mac<strong>le</strong>od Agronomics Ltd.<br />

Jeunes agriculteurs & agriculteurs débutants<br />

<strong>le</strong> 25 février Patrice Car<strong>le</strong>, Centre d’expertise en gestion agrico<strong>le</strong><br />

L’importance <strong>de</strong> la gestion d’entreprise agrico<strong>le</strong><br />

Dates Importantes<br />

<strong>le</strong> 28 février Date limite d’inscription pour <strong>le</strong> Prix d’excel<strong>le</strong>nce<br />

pour <strong>le</strong>s étudiants en agriculture<br />

fmc-gac.com/fr/prix-d-excel<strong>le</strong>nce<br />

12 et 13 juin L’innovation par la collaboration :<br />

Travail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong> pour se démarquer –<br />

Journée nationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’innovation en gestion<br />

d’entreprise agrico<strong>le</strong> et Assemblée généra<strong>le</strong><br />

annuel<strong>le</strong> – Ottawa, Ontario


« Les conseil<strong>le</strong>rs se servent <strong>de</strong>s états financiers, <strong>de</strong>s budgets et, bien<br />

entendu, <strong>de</strong> l’analyse comparative pour poser un diagnostic sur<br />

l’entreprise et analyser <strong><strong>le</strong>ur</strong>s projets », explique M. Car<strong>le</strong>, qui est aussi<br />

membre du conseil d’administration <strong>de</strong> Gestion agrico<strong>le</strong> du Canada.<br />

« Ces outils sont très puissants. Vous connaissez sans doute l’expression :<br />

L’argent par<strong>le</strong>. C’est ce que <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs tentent <strong>de</strong> démontrer aux<br />

agriculteurs lorsqu’ils étudient <strong><strong>le</strong>ur</strong>s projets. »<br />

Dans certains cas, <strong>de</strong>s clients ne veu<strong>le</strong>nt pas recourir aux services d’un<br />

conseil<strong>le</strong>r ou, lorsqu’ils <strong>le</strong> font, écartent simp<strong>le</strong>ment <strong><strong>le</strong>ur</strong>s recommandations<br />

et vont <strong>de</strong> l’avant avec <strong>de</strong>s projets qui ne sont justifiés sur <strong>le</strong> plan<br />

financier. Dans d’autres cas, une analyse défavorab<strong>le</strong> <strong>de</strong> son projet va<br />

inciter l’agriculteur à trouver une solution <strong>de</strong> rechange pour atteindre<br />

son objectif tout en améliorant la rentabilité.<br />

Par exemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong> plus en plus d’agriculteurs envisagent <strong>de</strong> partager la<br />

machinerie agrico<strong>le</strong>. Au Québec, on tente <strong>de</strong>puis longtemps <strong>de</strong> suivre<br />

l’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> la France, qui est un chef <strong>de</strong> fi<strong>le</strong> dans la formation <strong>de</strong><br />

coopératives d’utilisation <strong>de</strong> machinerie agrico<strong>le</strong> (CUMA).<br />

« Ce concept est très populaire en Europe, explique M. Car<strong>le</strong>. Au Québec,<br />

il est populaire dans quelques régions seu<strong>le</strong>ment. »<br />

« Au moment <strong>de</strong> prendre une décision<br />

d’investissement importante, <strong>de</strong> nombreux<br />

agriculteurs préféreraient écouter <strong><strong>le</strong>ur</strong> cœur<br />

plutôt que <strong>le</strong>s explications <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> comptab<strong>le</strong><br />

ou <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> conseil<strong>le</strong>r. »<br />

– Patrice Car<strong>le</strong><br />

Mais <strong>de</strong> nombreux agriculteurs sont réfractaires à cette idée.<br />

« Ils ne veu<strong>le</strong>nt pas partager la propriété d’une machinerie parce qu’ils<br />

veu<strong>le</strong>nt pouvoir en disposer au moment même où ils en ont besoin »,<br />

note M. Car<strong>le</strong>. Il ajoute que bon nombre d’entre eux craignent aussi<br />

que ce genre d’entente suscite <strong>de</strong>s différends et <strong>de</strong>s conflits.<br />

Il indique toutefois que <strong>le</strong> coût é<strong>le</strong>vé <strong>de</strong> la machinerie agrico<strong>le</strong>,<br />

quand on sait que <strong>le</strong> prix d’un tracteur <strong>de</strong> tail<strong>le</strong> moyenne dépasse <strong>le</strong>s<br />

100 000 $, en fait réfléchir plus d’un et qu’il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> surmonter<br />

<strong>le</strong>s difficultés grâce à une bonne planification <strong>de</strong>s travaux et une bonne<br />

communication entre <strong>le</strong>s <strong>producteurs</strong>.<br />

C’est <strong>de</strong> cette façon que <strong>le</strong>s états financiers et <strong>le</strong> désir d’accroître la rentabilité<br />

peuvent stimu<strong>le</strong>r l’innovation. Ce qui au départ était une mauvaise<br />

nouvel<strong>le</strong>, c’est-à-dire un projet d’expansion ou d’achat d’équipement non<br />

justifié sur <strong>le</strong> plan financier, incite l’agriculteur à trouver <strong>de</strong>s solutions<br />

créatives et, du même coup, améliore ses compétences en gestion (que ce<br />

soit en planification, en communication ou autre).<br />

Il faut que davantage d’agriculteurs prennent conscience du pouvoir <strong>de</strong>s<br />

données comptab<strong>le</strong>s pour stimu<strong>le</strong>r l’innovation, précise M. Car<strong>le</strong>.<br />

« Au Québec, comme ail<strong><strong>le</strong>ur</strong>s au Canada, un bon nombre d’agriculteurs<br />

utilisent d’abord <strong><strong>le</strong>ur</strong>s données comptab<strong>le</strong>s pour <strong>de</strong>s raisons fisca<strong>le</strong>s, soit<br />

pour préparer <strong><strong>le</strong>ur</strong> déclaration <strong>de</strong> revenus ou pour <strong>le</strong>s présenter à <strong><strong>le</strong>ur</strong><br />

prêteur, et non pour la gestion <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong> ferme, explique-t-il. Ça <strong>de</strong>vrait<br />

être <strong>le</strong> contraire. Il existe une énorme différence entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux. »<br />

« Cette activité m’offre<br />

l’occasion d’échanger avec<br />

<strong>de</strong>s agriculteurs et <strong>de</strong>s<br />

fournisseurs d’information sur<br />

la gestion d’entreprise agrico<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong> partout au Canada. »<br />

– Ancien participant<br />

La Tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> sur l’innovation <strong>de</strong> la<br />

gestion d’entreprise agrico<strong>le</strong>, organisée par<br />

Gestion agrico<strong>le</strong> du Canada, aura lieu <strong>le</strong><br />

12 juin 2013. N’oubliez pas <strong>de</strong> réserver<br />

cette date dans votre agenda.<br />

Pour en savoir plus, visitez fmc-gac.com<br />

L’utilisation <strong>de</strong> l’analyse comparative, <strong>de</strong>s données opérationnel<strong>le</strong>s<br />

et financières détaillées et d’un logiciel <strong>de</strong> gestion peut favoriser <strong>le</strong><br />

changement, dit-il.<br />

« Lorsque vous avez <strong>de</strong>s données comptab<strong>le</strong>s détaillées, vous pouvez<br />

faire <strong>de</strong>s simulations sur ordinateur afin <strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong>s résultats d’un<br />

investissement sur votre exploitation. Vous pouvez vous projeter dans <strong>le</strong><br />

futur et obtenir ainsi un tab<strong>le</strong>au précis <strong>de</strong> vos résultats potentiels ».<br />

À cette fin, <strong>le</strong> CEGA encourage <strong>le</strong>s agriculteurs à tenir une comptabilité<br />

détaillée et à permettre l’enregistrement <strong>de</strong> <strong><strong>le</strong>ur</strong>s données dénominalisées<br />

dans une base <strong>de</strong> données afin qu’eux et d’autres agriculteurs puissent<br />

améliorer <strong><strong>le</strong>ur</strong> revenu net. M. Car<strong>le</strong> souligne que son organisme s’est fixé<br />

l’objectif ambitieux <strong>de</strong> quadrup<strong>le</strong>r <strong>le</strong> nombre d’agriculteurs qui fon<strong>de</strong>nt<br />

<strong><strong>le</strong>ur</strong>s décisions d’affaires sur <strong>de</strong> l’information <strong>de</strong> qualité provenant <strong>de</strong><br />

<strong><strong>le</strong>ur</strong> comptabilité.<br />

« De nos jours, l’agriculture est une activité coûteuse et <strong>le</strong>s marges sont<br />

très serrées. Si vous faites <strong>de</strong>s erreurs d’investissement, vous aurez <strong>de</strong> la<br />

difficulté à récupérer votre argent. »<br />

Le 25 février 2013, Patrice Car<strong>le</strong> présentera un agrowebinaire sur<br />

l’importance <strong>de</strong> la gestion au sein <strong>de</strong>s entreprises agrico<strong>le</strong>s. Pour en savoir plus<br />

sur ce webinaire et pour connaître la liste complète <strong>de</strong>s prochains webinaires<br />

et <strong>de</strong>s webinaires archivés, visitez <strong>le</strong> site agrowebinaire.com.<br />

Le Gestionnaire agrico<strong>le</strong> canadien | Décembre 2012/janvier 2013<br />

15


Au Menu : un défi <strong>de</strong> ProPortion titAnesque<br />

D’ici 2050, la planète comptera 9 milliards <strong>de</strong> personnes affamées et moins <strong>de</strong> terres agrico<strong>le</strong>s<br />

qu’à toute autre époque <strong>de</strong> son histoire. Du 19 au 25 août 2013, <strong>de</strong>s jeunes du mon<strong>de</strong> entier se<br />

réuniront au Sommet mondial <strong>de</strong>s jeunes en agriculture <strong>de</strong> 4-H pour proposer <strong>de</strong>s solutions à la<br />

crise croissante <strong>de</strong> l’agriculture durab<strong>le</strong>. Si vous êtes âgé <strong>de</strong> 18 à 25 ans, faites-nous parvenir vos<br />

idées. Nous pourrions fort bien vous envoyer à Calgary (Canada), toutes dépenses payées, pour<br />

<strong>le</strong>s partager avec 120 autres jeunes esprits brillants et <strong>de</strong>s dirigeants d’entreprises. Prenez place<br />

à la tab<strong>le</strong>. Votre perspective pourrait changer <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> l’histoire.<br />

Inscrivez-vous dès maintenant à youthagsummit.ca<br />

Convention <strong>de</strong> la Poste-publications : 40013307<br />

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au<br />

Canada au : 250, avenue City Centre, bureau 300,<br />

Ottawa (Ontario) K1R 6K7

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!