Patrick Cauvin L'amour aveugle

as dû la voir à la télé. »
Je serre le poignet de Kim qui n’a pas lâché sa louche.
Frédéric, en chemise indienne, entre au même
moment, un carton à dessins sous le bras, suivi de Max
toujours le nez dans ses fils de fer.
« Tiens, bonjour, m’sieur Bernier. Alors, bon
voyage ? »
Je n’ai pas le temps de répondre, Anne m’entraîne au
triple galop dans l’escalier.
« Viens voir ta piaule, si tu veux te laver un peu, tout
est prêt. »
Nous y sommes déjà. C’est vrai que c’est magnifique,
tout petit mais magnifique : des dalles rouges, des murs à
la chaux, un bon vieux grand lit à tringles de cuivre, une
armoire paysanne, une table devant la fenêtre et deux
chaises paillées.
Elle me regarde.
« Alors ? »
Je prends mon élan.
« Formidable ! »
Elle rit.
« Tu n’as pas apporté de copies à corriger ? »
C’est à mon tour de rire.
« Non. Liberté totale. Tu as des bouquins ici ?
— Une pièce à côté en est pleine. Il n’y en a pas au
village mais Menton est à vingt-cinq bornes, tu trouveras
ce que tu veux. Je te montre la salle de bain.
— Attends, j’ai laissé ma valise dans le coffre, je vais la
chercher. »
Elle traverse la chambre et se penche à la fenêtre.