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A LA UNE<br />
L’ETAT DECIDE A RELANCER L’ECONOMIE NATIONALE<br />
Réinventer l’industrie algérienne<br />
Il y a assurément<br />
<strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures intentions<br />
du monde dans<br />
<strong>le</strong>s déclarations faites<br />
par <strong>le</strong> ministre de l’Industrie,<br />
de la PME et<br />
de la Promotion de<br />
l'investissement,<br />
concernant la<br />
relance du secteur.<br />
A Constantine,<br />
M. Rahmani a clairement<br />
manifesté la volonté<br />
du gouvernement<br />
de «réinventer<br />
l'industrie nationa<strong>le</strong>»<br />
et de «combattre la<br />
primauté de l'importation<br />
qui tend à marginaliser<br />
la production<br />
loca<strong>le</strong>».<br />
Jusque-là, rien de nouveau<br />
puisque ce genre de déclarations<br />
a déjà été fait à<br />
l’envi au point de devenir de<br />
vagues promesses auxquel<strong>le</strong>s<br />
peu de gens croient. Parce que la<br />
rente pétrolière étant ce qu’el<strong>le</strong><br />
est, c’est-à-dire assez florissante<br />
pour mettre à l’abri <strong>le</strong> pays de<br />
graves perturbations, on n’a jamais<br />
réel<strong>le</strong>ment pensé l’économie<br />
nationa<strong>le</strong> dans ses segments<br />
L e<br />
taux d’inflation en Algérie<br />
a presque doublé en<br />
2012, s’établissant à 8,9%<br />
contre 4,5% en 2011, a appris<br />
mercredi dernier l’APS auprès<br />
de l’Office national des statistiques<br />
(ONS).<br />
Les prix à la consommation ont<br />
augmenté de 9%, situant l’évolution<br />
annuel<strong>le</strong> du taux d’inflation<br />
en 2012 à 8,9%, indique<br />
l’office, expliquant cette hausse<br />
par une forte augmentation de<br />
plus de 21% des prix des produits<br />
agrico<strong>le</strong>s frais.<br />
Cette variation haussière est due<br />
en général à une hausse «relativement<br />
importante» des prix<br />
des biens alimentaires<br />
(12,22%), avec notamment<br />
21,37% pour <strong>le</strong>s produits agrico<strong>le</strong>s<br />
frais et 4,67% pour <strong>le</strong>s<br />
produits alimentaires industriels,<br />
explique l’Office.<br />
Les produits manufacturés ont<br />
éga<strong>le</strong>ment augmenté, passant de<br />
5,51% en 2011 à 6,60%, alors<br />
que ceux des services ont évolué<br />
de 3,28% à 5,02% en 2012.<br />
Tous <strong>le</strong>s produits agrico<strong>le</strong>s frais<br />
ont connu des augmentations en<br />
2012, <strong>le</strong>s plus prononcées ont<br />
concerné la pomme de terre<br />
(36,03%) et <strong>le</strong>s autres légumes<br />
frais (14,93%) ainsi que <strong>le</strong>s<br />
fruits frais 7,33%.<br />
D’autres produits du groupe alimentation<br />
s’étaient inscrits en<br />
hausse, dont notamment la<br />
viande de mouton (30,28%), la<br />
viande blanche (volail<strong>le</strong><br />
20,32%), <strong>le</strong>s poissons frais<br />
(13,35%), <strong>le</strong>s œufs (12%), la<br />
viande de bœuf (8,1%) et <strong>le</strong>s<br />
<strong>le</strong>s plus productifs ni cherché<br />
réel<strong>le</strong>ment à la relancer. Tout au<br />
plus y eut-il quelques épisodiques<br />
tentatives qui ont toutes<br />
avorté parce que menées de façon<br />
isolée, chaque acteur,<br />
chaque secteur se traçant une<br />
feuil<strong>le</strong> de route qui n’arrivait pas<br />
à s’inscrire dans un processus<br />
global. Parce qu’une politique<br />
d’ensemb<strong>le</strong>, c’est-à-dire une vision<br />
généra<strong>le</strong> de l’économie nationa<strong>le</strong><br />
faisait - et fait toujours -<br />
Le taux d’inflation<br />
a atteint 8,9% en 2012<br />
viandes et poissons en conserve<br />
(9,20%), ajoute l’ONS. Cette<br />
hausse a touché éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />
produits alimentaires industriels;<br />
il s’agit notamment des<br />
boissons (14%), du sucre et produits<br />
sucrés (4,5%), des hui<strong>le</strong>s<br />
et graisses (4%), du café, thé et<br />
infusion (4,8%), du pain et céréa<strong>le</strong>s<br />
(3,8%) et des laits, fromages<br />
et dérivés (2,4%).<br />
Les produits du «panier» des<br />
biens et services, représentatif<br />
de la consommation des ménages,<br />
ont tous connu des<br />
hausses, la plus remarquab<strong>le</strong> a<br />
concerné <strong>le</strong> groupe «alimentation,<br />
boissons» (13%), <strong>le</strong>s produits<br />
«divers» (matériel d’entretien<br />
et nettoyage, produits de<br />
cosmétiques, dépenses des restaurants,<br />
cafés et hôtels…) avec<br />
11%, «habil<strong>le</strong>ment et chaussures»<br />
(8%).<br />
D’autres produits ont aussi<br />
connu des hausses de moindre<br />
importance, il est question notamment<br />
des groupes «meub<strong>le</strong>s<br />
et artic<strong>le</strong>s d’ameub<strong>le</strong>ment»<br />
(5,3%), «santé et hygiène»<br />
(5,8%), «transport et communication»<br />
(4,6%) et enfin celui de<br />
l’«éducation, culture et loisirs»<br />
(3,5%).<br />
Pour <strong>le</strong> mois de décembre dernier<br />
et par rapport au même<br />
mois de 2011, l’indice des prix à<br />
la consommation a enregistré<br />
une hausse de 9,03%.<br />
Cette variation est tirée essentiel<strong>le</strong>ment<br />
par <strong>le</strong>s produits alimentaires<br />
qui ont connu une<br />
hausse de 14,25%, dont 27,35%<br />
pour <strong>le</strong>s produits agrico<strong>le</strong>s frais<br />
cruel<strong>le</strong>ment défaut. Et lorsque<br />
c’est <strong>le</strong> ministre lui-même qui<br />
préconise «<strong>le</strong> bannissement des<br />
contraintes qui entravent l'action<br />
des opérateurs économiques»,<br />
il reconnaît explicitement<br />
<strong>le</strong>ur existence et <strong>le</strong>s grands<br />
blocages qui font stagner, voire<br />
recu<strong>le</strong>r la croissance. Avant lui,<br />
des voix plus é<strong>le</strong>vées dans la hiérarchie<br />
ont déjà clairement admis<br />
l’échec de la politique économique<br />
- ou plus exactement<br />
et 3,88% pour <strong>le</strong>s produits alimentaires<br />
industriels, note l’office<br />
des statistiques.<br />
Les prix des produits manufacturés<br />
et <strong>le</strong>s services ont connu<br />
des hausses respectivement de<br />
4,6% et de 5% en décembre dernier<br />
par rapport à la même période<br />
de l’année d’avant.<br />
L’inflation en Algérie devrait<br />
baisser en 2013 après la «forte<br />
hausse» enregistrée exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />
cette année, avait indiqué<br />
récemment <strong>le</strong> gouverneur<br />
de la Banque d’Algérie (BA),<br />
M. Mohamed Laksaci.<br />
Après <strong>le</strong> «choc de 2012», qui a<br />
vu l’Algérie enregistrer une importante<br />
hausse des prix à la<br />
consommation, «l’inflation devrait<br />
être en baisse en 2013<br />
pour se situer autour de 4 à<br />
5%», avait t-il déclaré en marge<br />
d’une réunion sur la stabilité financière<br />
dans <strong>le</strong>s pays arabes<br />
tenue à <strong>Alger</strong>.<br />
Selon <strong>le</strong> ministre des Finances,<br />
Karim Djoudi, cette baisse serait<br />
simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> fruit de la<br />
non-reconduction des augmentations<br />
salaria<strong>le</strong>s. L’indice national<br />
des prix, qui se compose<br />
de 261 artic<strong>le</strong>s représentés par<br />
791 variétés sé<strong>le</strong>ctionnées sur la<br />
base de plusieurs critères (dépense,<br />
utilité…), est élaboré à<br />
partir de l’observation des prix<br />
auprès d’un échantillon de 17<br />
vil<strong>le</strong>s et villages représentatifs<br />
du territoire national et répartis<br />
selon <strong>le</strong>s strates géographiques<br />
de l’enquête sur <strong>le</strong>s dépenses de<br />
consommation.<br />
l’absence de politique - menée<br />
jusque-là et qui, malgré une embellie<br />
financière jamais connue<br />
à ce jour, continue de patauger<br />
dans <strong>le</strong>s à-peu-près, se contentant<br />
d’injecter des sommes<br />
considérab<strong>le</strong>s en termes de budgets<br />
alloués à des secteurs qui<br />
sont restés en l’état ou qui ont<br />
même régressé.<br />
Les gros budgets<br />
de l’agriculture<br />
L’agriculture qui a bénéficié du<br />
fameux plan national de développement<br />
a bénéficié de subventions<br />
pharaoniques qui n’ont<br />
servi à rien puisque la production<br />
est toujours la même, et el<strong>le</strong><br />
a même stagné ouvrant ainsi <strong>le</strong>s<br />
portes de l’importation tous azimuts.<br />
L’absurdité consiste donc<br />
à injecter de l’argent dans un<br />
secteur afin de <strong>le</strong> développer et<br />
<strong>le</strong> libérer de la dépendance, pour<br />
en définitive <strong>le</strong> voir concurrencé<br />
par <strong>le</strong>s importations massives de<br />
fruits et légumes. Est-il normal<br />
de trouver sur <strong>le</strong>s étals des<br />
oranges marocaines, des endives<br />
d’Europe et tous ces produits<br />
frais d’outre-mer, avoisinant <strong>le</strong>s<br />
nôtres? Le grand paradoxe, c’est<br />
que devant cette profusion de<br />
produits locaux et étrangers,<br />
l’inflation a énormément augmenté,<br />
passant de 4,5% en 2011<br />
à 8,9% en 2012. Comme quoi<br />
l’abondance de marchandises<br />
censée régu<strong>le</strong>r et influer sur <strong>le</strong>s<br />
prix, n’a fait qu’enfoncer davantage<br />
<strong>le</strong>s ménages de plus en plus<br />
perp<strong>le</strong>xes devant cette flambée<br />
qui ne dit pas son nom. A l’évidence,<br />
<strong>le</strong>s sommes d’argent allouées<br />
à l’agriculture étaient nécessaires<br />
mais <strong>le</strong>ur suivi n’a pas<br />
été fait de façon à fructifier ces<br />
investissements, et de confortab<strong>le</strong>s<br />
enveloppes ont même été<br />
détournées de <strong>le</strong>ur destination<br />
initia<strong>le</strong>. Parce que «<strong>le</strong>s pô<strong>le</strong>s<br />
d'excel<strong>le</strong>nce spécialisés, selon<br />
<strong>le</strong>s vocations régiona<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s<br />
ressources loca<strong>le</strong>s» dont par<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />
ministre, n’ont pas été recensés<br />
et on a distribué de l’argent sans<br />
aucune étude préalab<strong>le</strong>. Et c’est<br />
ce qui manque à nos plans de développement:<br />
<strong>le</strong>ur essence<br />
même, cette approche du terrain<br />
avec <strong>le</strong>s spécificités de chaque<br />
région. Qu’el<strong>le</strong> soit à vocation<br />
<strong>Alger</strong> <strong>Hebdo</strong> n° 364 - Semaine du 26 janvier au 1 er février 2013<br />
3<br />
oléico<strong>le</strong>, de dattes, d’agrumes ou<br />
de céréa<strong>le</strong>s. C’est pourquoi un<br />
plan d’ensemb<strong>le</strong> obligatoirement<br />
soutenu par des programmes<br />
régionaux, doit être<br />
mis en œuvre. Loin de toute<br />
contrainte bureaucratique et, si<br />
possib<strong>le</strong>, dans la transparence<br />
tota<strong>le</strong>, avec obligation de résultats<br />
et de bilans.<br />
L’industrie otage du pétro<strong>le</strong><br />
L’industrie, el<strong>le</strong>, subit des blocages<br />
surtout inhérents à une<br />
méfiance légendaire du secteur<br />
privé hautement suspecté de<br />
vouloir s’enrichir dans l’illégalité.<br />
On a alors plus encouragé <strong>le</strong>s<br />
importateurs que <strong>le</strong>s producteurs<br />
locaux et il est urgent de renverser<br />
la tendance, notamment en ce<br />
qui concerne <strong>le</strong>s produits de large<br />
consommation. Il est aberrant<br />
de trouver des laitages, des biscuits,<br />
de la confiserie, des pâtes<br />
alimentaires et aussi des boissons<br />
gazeuses de marque étrangère<br />
sur <strong>le</strong>s étals des épiciers,<br />
juste à côté de nos produits locaux<br />
qui ne sont pas, faut-il <strong>le</strong><br />
préciser, de moindre qualité.<br />
Pour dire qu’il y a une concurrence<br />
déloya<strong>le</strong> que seul l’Etat est<br />
en mesure de combattre en prenant<br />
<strong>le</strong>s décisions qui s’imposent<br />
en pareil<strong>le</strong>s circonstances, à savoir<br />
ce protectionnisme qui est<br />
devenu à la mode même dans <strong>le</strong>s<br />
pays <strong>le</strong>s plus développés en Europe.<br />
Ceux-ci envahis par <strong>le</strong>s<br />
produits chinois, commencent<br />
sérieusement à protéger <strong>le</strong>urs<br />
économies nationa<strong>le</strong>s et imposent<br />
des conditions draconiennes<br />
pour l’écou<strong>le</strong>ment de marchandises<br />
importées qui doivent porter<br />
désormais toutes <strong>le</strong>s inscriptions<br />
nécessaires et <strong>le</strong> détail de<br />
<strong>le</strong>ur composition. Nous en<br />
sommes loin, très loin, et pour<br />
l’exemp<strong>le</strong>, cette année a été prolifique<br />
en production d’hui<strong>le</strong><br />
d’olive. Ce qui n’a pas empêché<br />
<strong>le</strong>s marques italiennes, tunisiennes<br />
et espagno<strong>le</strong>s de garnir<br />
<strong>le</strong>s étagères de nos supérettes.<br />
Nous pourrions citer à l’envi des<br />
exemp<strong>le</strong>s de produits existant à<br />
profusion chez nous alors que<br />
<strong>le</strong>s quelques rares PME/PMI<br />
peuvent faire face à la demande.<br />
Et lorsque l’UGTA nous annonce<br />
une conférence sur l’industrie<br />
en novembre, son SG reste dans<br />
<strong>le</strong>s généralités. Des antiennes<br />
maintes fois entendues depuis de<br />
nombreuses années. Comme autant<br />
de promesses vaines. Aussi<br />
lorsque la Centra<strong>le</strong> syndica<strong>le</strong> déclare<br />
dans son communiqué: «Le<br />
redressement industriel est une<br />
condition sine qua non du développement<br />
de la nation et de la<br />
diversification de notre économie…».<br />
Cela donne un air de<br />
déjà entendu. Tout comme la nécessité<br />
de diversifier la production<br />
hors hydrocarbures a été<br />
maintes fois soulignée sans que<br />
des mesures concrètes aient suivi.<br />
Peut-être faudra-t-il attendre<br />
que <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong> s’épuise pour enfin<br />
penser à notre économie nationa<strong>le</strong>.<br />
A ce moment ne sera-t-il<br />
pas, déjà, trop tard ?<br />
Neyla Belhadi