• novembre/décembre 2012 patriMoine vis-à-vis modernité En 1906, on trouvait deux beurriers et quatre bouchers au village. Certains bovins de race se négociaient à des sommes faramineuses tandis que le beurre comptonois était exporté jusqu’en Australie. C’est sur le site de l’une de ces beurreries qu’est bâtie depuis plus de 100 ans la maison que rénove actuellement Michel Gaudreau au cœur du village et de l’histoire de <strong>Compton</strong>. Par Brigitte Robert Les curieux sont nombreux à s’intéresser à cette construction qui a tout pour étonner. Il est bien évident que cette maison est vouée à un bel avenir. Les boiseries, les poutres, les planchers et plafonds, autant que possible, furent tous conservés et mis en valeur. La conception et la réalisation du plan, la façade réorientée, les nouvelles fondations, des fenêtres en bois faites à la main, l’utilisation de matériaux naturels et moins polluants, etc. sont toutes des étapes qui ont été soigneusement réfléchies. Les entrepreneurs et les personnes qui s’intéressent aux méthodes de construction « écho-responsables » et « human friendly » sont des passionnés et des innovateurs. C’est le cas de Michel. Sachant que plusieurs matériaux employés dans les constructions conventionnelles ont un impact environnemental important, il a choisi d’utiliser autre chose que les isolants issus de l’industrie pétrochimique tels que la laine de verre (« laine rose ») ou les panneaux rigides de polystyrène. L’emploi de matériaux issus de la nature et peu transformés, comme le chanvre, réduit significativement l’empreinte écologique d’un bâtiment. De plus, le chanvre est une ressource renouvelable et sa culture se fait sans pesticides et avec peu ou pas d’engrais, même dans les sols humides La fibre de chanvre a des propriétés isolantes peu connues Préserver les pièces d'origines et pauvres en nutriments. Selon le Conseil national de recherche du Canada, un champ de chanvre industriel absorbe cinq fois plus de dioxyde de carbone qu'un boisé de même superficie et cette culture pourrait jouer un rôle important dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour ces propriétés isolantes et sa durabilité, Michel Gaudreau a choisi de construire différemment, en respect avec ses valeurs. Si les coûts de réalisation sont sensiblement les mêmes, les méthodes sont différentes et exigent un peu plus de travail que les constructions conventionnelles. Pour qui, pour quoi? « Au départ, mes filles m’ont inspiré ce projet qui devait avoir une vocation commerciale. Mais au fil de temps, leurs priorités ont changé et j’ai dû m’adapter », explique Michel, que nous avons tous vu réaliser ce projet à la sueur de son front depuis cet été. « J’ai donc décidé d’y habiter et j’en suis très heureux! », exprime t-il simplement. page 6
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