désarmement, maîtrise des armements, non-prolifération
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DÉSARMEMENT, MAÎTRISE DES ARMEMENTS,<br />
NON-PROLIFÉRATION<br />
Bernard Sitt<br />
Introduction<br />
Bernard Sitt et Benjamin Hautecouverture<br />
Sécurité <strong>des</strong> conteneurs. Pour un Code de conduite multilatéral<br />
Tiphaine de Champchesnel<br />
Les usages pacifiques de l’énergie nucléaire au cœur du TNP<br />
Paul Dahan<br />
Déconstruction de la vérification?<br />
La Convention biologique : un précurseur…<br />
Matthieu Chillaud<br />
Les îles Åland :<br />
un laboratoire insolite du <strong>désarmement</strong> géographique?
INTRODUCTION<br />
DÉSARMEMENT, MAÎTRISE DES ARMEMENTS, NON-PROLIFÉRATION<br />
par<br />
Bernard SITT (*)<br />
Pour la <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong> et le <strong>désarmement</strong>, l’actualité de l’année 2006<br />
n’incite guère plus à l’optimisme que celle <strong>des</strong> trois précédentes, en ce<br />
qu’elle marque peu d’évolutions positives et que, en particulier, le régime<br />
de <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong> nucléaire continue de subir les mêmes revers, essentiellement<br />
au Moyen-Orient et en Asie.<br />
L’Iran, en effet, poursuit sa stratégie de <strong>prolifération</strong> opaque et de conquête<br />
de l’hégémonie régionale. La résolution 1 696 adoptée par le Conseil<br />
de sécurité le 31 juillet 2006 rappelle quelques constats qui dépeignent une<br />
réalité accablante : l’Iran a violé substantiellement ses engagements au titre<br />
de ses accords de garanties avec l’AIEA et n’a pas pris les mesures nécessaires<br />
et utiles pour restaurer la confiance de la communauté internationale;<br />
après plus de trois ans d’efforts, l’AIEA n’est pas en mesure de conclure<br />
qu’il n’y a pas de matières ou d’activités nucléaires <strong>non</strong> déclarées en Iran<br />
et n’est pas <strong>non</strong> plus en mesure de conclure que l’Iran n’a pas d’activités<br />
nucléaires militaires. Après les avoir suspendues un temps, l’Iran a décidé<br />
de reprendre et d’intensifier ses activités d’enrichissement de l’uranium et<br />
de restreindre sa coopération avec l’Agence, à laquelle il est pourtant tenu,<br />
comme tout Etat-partie au TNP, en vertu du Protocole additionnel qu’il a<br />
signé en décembre 2003 et qu’il s’était engagé à appliquer avant même sa<br />
ratification. Le Conseil de sécurité est parvenu, fin décembre et <strong>non</strong> sans<br />
mal, à voter une résolution décidant de sanctions <strong>non</strong> militaires progressives,<br />
mais l’Iran n’en a cure et, après avoir mis en service l’usine de production<br />
d’eau lourde d’Arak, a affiché son intention de porter à trois mille centrifugeuses<br />
sa capacité d’enrichissement en uranium et a cessé toute<br />
coopération effective avec l’AIEA. Il s’agit là d’un défi historique à la<br />
norme globale de <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong>, et du scénario de <strong>non</strong>-respect (<strong>non</strong>-compliance)<br />
le plus grave que le régime ait connu : qu’adviendra-t-il à terme du<br />
Traité de <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong>?<br />
Le moment est également venu de s’interroger sur le «troisième pilier» du<br />
TNP, qui traite de la promotion <strong>des</strong> applications pacifiques de l’énergie<br />
(*) Directeur du Centre d’étu<strong>des</strong> de sécurité internationale et de <strong>maîtrise</strong> <strong>des</strong> <strong>armements</strong> (CESIM,<br />
France).
introduction 667<br />
nucléaire. Comme le souligne très opportunément Tiphaine de Champchesnel<br />
dans son article, le droit imprescriptible <strong>des</strong> Etats <strong>non</strong> dotés<br />
d’armes nucléaires à ces applications est conditionné par leur respect <strong>des</strong><br />
engagements de <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong> et il importe de s’en assurer par <strong>des</strong> dispositifs<br />
appropriés, à l’intérieur comme à l’extérieur du régime du TNP. Les<br />
solutions futures susceptibles de contribuer en particulier à sortir de la crise<br />
iranienne devront satisfaire à tout prix cet impératif.<br />
En Asie, la Corée du Nord poursuit une politique qu’il faut bien qualifier<br />
de sanctuarisation agressive, avec l’interruption, de son fait, <strong>des</strong> Pourparlers<br />
à six depuis l’accord de septembre 2005 et la conduite d’un essai<br />
nucléaire en octobre 2006. On a beaucoup dit et écrit à propos de cet essai<br />
de faible énergie. Il est extrêmement vraisemblable qu’il est effectivement<br />
de nature nucléaire et qu’il constitue un échec technique, ce qui permet de<br />
conjecturer que le développement et la militarisation de l’arsenal nucléaire<br />
nord-coréen en sont encore à un stade assez préliminaire. Cependant, le<br />
régime de Pyongyang, de par sa nature et du fait de son évidente détermination,<br />
n’en constitue pas moins une menace importante pour ses voisins et<br />
pour la stabilité de la région et il convient d’espérer que la poursuite d’une<br />
action diplomatique résolue suffira pour parvenir à un accord de <strong>désarmement</strong><br />
nucléaire de la Corée du Nord internationalement vérifié.<br />
Cependant, les mécomptes du régime de <strong>non</strong>-<strong>prolifération</strong> ne font pas<br />
obstacle à la poursuite et au dynamisme de la réflexion conceptuelle et<br />
notre rubrique cette année veut en rendre compte. Dans le contexte <strong>des</strong><br />
nouvelles menaces, au premier plan <strong>des</strong>quelles le terrorisme, le trafic mondial<br />
du fret en conteneurs présente une vulnérabilité (presque) oubliée. On<br />
propose ici une nouvelle approche de cela, basée sur l’idée d’un code de conduite,<br />
qui va largement au-delà de l’approche unilatérale que constitue la<br />
CSI (Initiative de sécurité sur les conteneurs) américaine.<br />
Tirant les leçons de l’échec en 2001 du Protocole de vérification de la<br />
Convention d’interdiction <strong>des</strong> armes biologiques, Paul Dahan propose une<br />
large réflexion sur une problématique centrale de l’arms control, qui est celle<br />
de la vérification : il est possible de satisfaire au double impératif de légitimité<br />
et d’efficacité en imaginant de nouvelles modalités de contrôle, plus<br />
diversifiées mais <strong>non</strong> moins dissuasives, pour les instruments internationaux<br />
multilatéraux à venir (tels que le Cut-Off) comme pour certains régimes<br />
récents (résolution 1 540 du Conseil de sécurité, Proliferation Security<br />
Initiative, etc.).<br />
Le <strong>désarmement</strong> régional «géographique» trouve parfois <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> originaux<br />
de mise en œuvre. Matthieu Chillaud offre une très intéressante analyse<br />
de l’exemple historique de la démilitarisation et de la neutralisation <strong>des</strong><br />
îles Aland, qui ont été un enjeu stratégique pour la Russie, la Suède et la<br />
Finlande.