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Secret bancaire: pour combien de temps encore ... - Schweizer Revue

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L A R E V U E D E S S U I S S E S D E L ´ É T R A N G E R<br />

J U I N 2 0 0 8 / N O 3<br />

<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong>:<br />

<strong>pour</strong> <strong>combien</strong> <strong>de</strong> <strong>temps</strong> <strong>encore</strong>?<br />

Le panorama Bourbaki<br />

brille d’un nouvel éclat<br />

Un Tessinois relie<br />

l’Europe à l’Afrique


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

É D I T O R I A L S O M M A I R E<br />

Des vieux riches, <strong>de</strong>s jeunes en<strong>de</strong>ttés<br />

EN SUISSE, LA TRANCHE D’ÂGE DES 55 À 75 ANS est la mieux lotie matériellement.<br />

C’est ce que révèle une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Office fédéral <strong>de</strong>s assurances sociales, qui a enquêté<br />

sur la situation économique <strong>de</strong> 1,5 millions <strong>de</strong> Suissesses et <strong>de</strong> Suisses âgés<br />

entre 25 et 99 ans. Effectuée <strong>pour</strong> la première fois dans une telle ampleur <strong>de</strong>s données,<br />

cette étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une analyse tant sur la situation <strong>de</strong>s revenus que sur<br />

la situation patrimoniale. Il en a résulté que le système suisse <strong>de</strong>s trois piliers, prévoyance<br />

vieillesse, survivants et invalidité, a fait ses preuves et que la pauvreté ne touche qu’environ<br />

6% <strong>de</strong> la population.<br />

L’enquête confirme que les personnes à la retraite jouissent d’une gran<strong>de</strong> sécurité matérielle.<br />

En plus <strong>de</strong>s prestations <strong>de</strong> vieillesse <strong>de</strong>s assurances sociales, un tiers <strong>de</strong>s personnes<br />

âgées <strong>de</strong> 65 à 69 ans touche <strong>encore</strong> un revenu d’une activité professionnelle d’environ<br />

10 000 francs par an. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s retraités dispose <strong>encore</strong> en outre <strong>de</strong> revenus<br />

provenant <strong>de</strong> leur fortune, qui atteint généralement son maximum peu après le passage<br />

à la retraite. Près d’un couple <strong>de</strong> rentiers sur cinq possè<strong>de</strong> même une fortune brute supérieure<br />

à un million <strong>de</strong> francs.<br />

Le risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir pauvre s’est donc déplacé vers le bas. L’étu<strong>de</strong> montre<br />

qu’aujourd’hui, un cinquième <strong>de</strong>s familles avec trois enfants ou plus ne dispose que <strong>de</strong> faibles<br />

moyens financiers. Les femmes vivant seules et les mères qui élèvent seules leurs enfants<br />

constituent <strong>de</strong>ux autres groupes à risque: 40% <strong>de</strong>s mères élevant seules leurs enfants<br />

et un quart <strong>de</strong>s femmes qui vivent seules sont exposés à un risque élevé <strong>de</strong> pauvreté<br />

au cours <strong>de</strong> leur vie active. L’étu<strong>de</strong> a par ailleurs confirmé que les revenus moyens <strong>de</strong>s<br />

femmes <strong>de</strong> tous âges sont toujours inférieurs à ceux <strong>de</strong>s hommes.<br />

Les bénéficiaires d’une rente d’invalidité âgés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 40 ans vivent <strong>pour</strong> la plupart<br />

à la limite du seuil <strong>de</strong> pauvreté. Tandis que la situation financière <strong>de</strong>s familles et <strong>de</strong>s<br />

personnes élevant seules leurs enfants s’améliore en général à mesure que les enfants grandissent,<br />

les bénéficiaires d’une rente AI n’ont généralement aucune chance <strong>de</strong> voir leur<br />

situation matérielle s’améliorer au fil du <strong>temps</strong>.<br />

Lorsque les journaux ont publié les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong><br />

nombreuses personnes âgées se sont manifestées par le biais du<br />

courrier <strong>de</strong>s lecteurs et ont remis en question cette prétendue richesse<br />

<strong>de</strong>s aînés indiquée par les statistiques. Elles ont rappelé qu’il<br />

existe <strong>de</strong>s veuves seules qui doivent vivre avec une AVS minimale<br />

et une petite rente. Elles ont également constaté sans équivoque<br />

qu’elles ont vécu en permanence <strong>de</strong> façon économe et qu’elles<br />

avaient toujours mis un peu d’argent <strong>de</strong> côté, même avec <strong>de</strong> faibles<br />

Heinz Eckert<br />

revenus et <strong>de</strong>s familles nombreuses.<br />

En ce sens, ces lectrices et lecteurs n’avaient évi<strong>de</strong>mment pas tort. La hausse énorme<br />

<strong>de</strong>s faillites privées parmi les jeunes montre que l’argent est souvent géré <strong>de</strong> façon très<br />

impru<strong>de</strong>nte. Près d’un tiers <strong>de</strong>s personnes âgées <strong>de</strong> 18 à 24 ans sont en<strong>de</strong>ttées. La faute<br />

est souvent imputée aux factures <strong>de</strong> téléphone portable. Mais l’argent est aussi dépensé<br />

<strong>pour</strong> l’achat <strong>de</strong> vêtements, <strong>de</strong> chaussures et d’électronique <strong>de</strong> divertissement. Plus tard,<br />

on souscrit <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> leasing <strong>pour</strong> les véhicules. Et lorsqu’on perd ensuite son travail,<br />

c’est le début d’un fiasco financier dont les jeunes ne se remettent que plusieurs années<br />

plus tard, voire jamais.<br />

Depuis que le paiement à crédit est appelé leasing, la vente à tempérament a perdu<br />

toute connotation négative, bien au contraire. Le conseil <strong>de</strong> nos grands parents, à savoir<br />

<strong>de</strong> n’acheter quelque chose que lorsqu’on peut se le permettre, n’est plus guère valable<br />

aujourd’hui. HEINZ ECKERT, RÉDACTEUR EN CHEF<br />

Le chemin <strong>de</strong> fer rhétique – tiré <strong>de</strong> la publication<br />

«Les plus beaux moyens <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> Suisse»<br />

(page 7).<br />

5<br />

Courrier <strong>de</strong>s lecteurs<br />

5<br />

Lu <strong>pour</strong> vous: Alfred Escher<br />

7<br />

Images: Les plus beaux moyens <strong>de</strong> transport<br />

<strong>de</strong> Suisse<br />

8<br />

<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong>: un pilier chancelant sur<br />

la place financière suisse<br />

Nouvelles régionales<br />

13<br />

Politique<br />

14<br />

Les nouvelles du Palais fédéral<br />

16<br />

Le Panorama Bourbaki lucernois brille d’un<br />

nouvel éclat<br />

18<br />

Organisation <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

20<br />

Giovanni Lombardi: un Tessinois veut relier<br />

l’Europe à l’Afrique<br />

22<br />

Portrait: Evelyne Binsack<br />

23<br />

Écho<br />

Page <strong>de</strong> couverture: le caricaturiste «Chappatte»<br />

sur le secret <strong>bancaire</strong>.<br />

IMPRESSUM: La «<strong>Revue</strong> Suisse», qui est <strong>de</strong>stinée aux Suisses <strong>de</strong> l’étranger, paraît <strong>pour</strong> la 35 e année en allemand, français, italien, anglais et espagnol, en 20 éditions régionales, avec un tirage<br />

total <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400 000 exemplaires. Les nouvelles régionales paraissent quatre fois par an.<br />

■ DIRECTION ÉDITORIALE: Heinz Eckert (EC), rédacteur en chef; Rolf Ribi (RR); René Lenzin (RL); Alain Wey (AW); Gabriela Brodbeck (BDK), responsable <strong>de</strong>s «Nouvelles du Palais fédéral»,<br />

Service <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger du DFAE, CH-3003 Berne. Traduction: CLS Communication AG ■ ADRESSE POSTALE: Éditeur/rédaction/publicité: Organisation <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger,<br />

Alpenstrasse 26, CH-3006 Berne, Tél. +4131356 6110, fax +4131356 61 01, PC 30-6768-9. Internet: www.revue.ch ■ E-MAIL: revue@aso.ch ■ IMPRESSION: Zollikofer AG,<br />

CH-9001 St-Gall. ■ CHANGEMENT D’ADRESSE: prière <strong>de</strong> communiquer votre nouvelle adresse à votre ambassa<strong>de</strong> ou à votre consulat; n’écrivez pas à Berne. Le numéro CHF 5.– ■<br />

3


www.revue.ch<br />

Faites-nous donc le plaisir d’une visite.


REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Image: NZZ Libro<br />

C O U R R I E R D E S L E C T E U R S<br />

Merci<br />

La «<strong>Revue</strong> Suisse» <strong>de</strong> décembre<br />

2007, avec en couverture<br />

l’ange d’or <strong>de</strong> l’abbaye d’Einsie<strong>de</strong>ln,<br />

se trouve toujours sur<br />

la table du salon. Quelle ne fut<br />

pas ma surprise <strong>de</strong> recevoir<br />

entre Noël et nouvel an ce<br />

magnifi que courrier plongeant<br />

le lecteur au plus profond <strong>de</strong><br />

l’histoire <strong>de</strong> l’abbaye. Je tiens à<br />

vous remercier <strong>pour</strong> tous les<br />

numéros <strong>de</strong> la «<strong>Revue</strong> Suisse»<br />

qui me sont parvenus ces <strong>de</strong>rnières<br />

années. Puisse 2008 nous<br />

apporter à tous la bonne et<br />

belle inspiration du passé <strong>pour</strong><br />

l’avenir.<br />

HEIDI BL ACK-GOGEL, AUCKL AND,<br />

NOUVELLE-ZÉL ANDE<br />

Merveilleux souvenirs<br />

Citoyen suisse domicilié dans<br />

les environs <strong>de</strong> Manchester au<br />

Royaume-Uni, j’apprécie vraiment<br />

la qualité <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong><br />

la «<strong>Revue</strong> Suisse». De mon enfance,<br />

j’ai gardé <strong>de</strong> merveilleux<br />

souvenirs <strong>de</strong> longs et magnifi -<br />

ques étés passés au sein <strong>de</strong> familles<br />

d’accueil suisses, en particulier<br />

avec Lili Furrer–Amsler<br />

à Berne, séjours organisés par<br />

pro juventute. Aujourd’hui,<br />

mon seul contact avec la Suisse<br />

se résume à <strong>de</strong> grisantes vacances<br />

<strong>de</strong> ski à Zermatt! J’ai été<br />

particulièrement impressionnée<br />

par vos articles «verts»<br />

expli quant notamment à quel<br />

point le changement climatique<br />

a affecté les glaciers et les<br />

niveaux <strong>de</strong> neige.<br />

L AURA DANIEL S, CHESHIRE,<br />

ROYAUME-UNI<br />

Quatre langues nationales<br />

en Suisse<br />

Je viens <strong>de</strong> recevoir l’édition <strong>de</strong><br />

février <strong>de</strong> la «<strong>Revue</strong> Suisse» et<br />

suis d’accord avec le courrier<br />

<strong>de</strong> David J.L. Bongard. Bien<br />

que Suisse allemand moimême,<br />

je déplore que, dans le<br />

contexte <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> notre<br />

belle patrie (dans laquelle<br />

les différentes langues offi cielles<br />

constituent précisément<br />

une preuve du «sentiment<br />

d’appartenance» <strong>de</strong> toutes les<br />

régions du pays), le français et<br />

l’italien fassent sans cesse davantage<br />

fi gure <strong>de</strong> parents pauvres.<br />

Combien d’envieux<br />

n’avons-nous pas fait, nous<br />

autres Suisses, par notre polyglottisme<br />

qui nous (moi en<br />

particulier) a d’ailleurs souvent<br />

été d’une ai<strong>de</strong> précieuse sur le<br />

plan professionnel?<br />

Alors, s’il vous plaît, faites<br />

donc également la part belle<br />

aux magnifi ques langues que<br />

sont le français et l’italien –<br />

sans oublier le romanche –<br />

<strong>pour</strong> que nous puissions continuer<br />

à profi ter <strong>de</strong> notre<br />

multiculturalisme linguistique<br />

suisse.<br />

KURT E. GROETSCH, MURCIA,<br />

ESPAGNE<br />

Mentalités différentes<br />

Je vis à Munich, <strong>pour</strong> ainsi dire<br />

aux portes <strong>de</strong> la Suisse que je<br />

visite d’ailleurs fréquemment.<br />

Malgré tout, je lis volontiers la<br />

«<strong>Revue</strong> Suisse», car elle me<br />

fournit, <strong>de</strong> manière con<strong>de</strong>nsée,<br />

d’excellentes informations sur<br />

tous les aspects relatifs à la<br />

L U P O U R V O U S<br />

C’est avec le regard fi xe et une attitu<strong>de</strong> d’homme d’État qu’Alfred<br />

Escher se tient <strong>de</strong>puis 1889 sur le socle du monument<br />

face à la gare principale <strong>de</strong> Zurich. Le monument est dédié<br />

au plus grand homme d’État suisse, au véritable fondateur<br />

<strong>de</strong> la Suisse mo<strong>de</strong>rne. Après la mort du «baron fédéral» et<br />

«roi <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer» à 63 ans, le 6 décembre 1882, le cortège<br />

funèbre se composait <strong>de</strong>s notables <strong>de</strong> la vie politique et<br />

économique – conseillers fédéraux, une centaine <strong>de</strong> conseillers<br />

aux États et <strong>de</strong> conseillers nationaux, membres <strong>de</strong><br />

gouvernements cantonaux et conseillers municipaux, directeurs<br />

économiques, érudits et artistes, «vieux et jeunes, aristocrates<br />

et simples hôtes réunis dans la tristesse».<br />

Aucune autre personnalité n’avait dirigé le jeune État fédéral<br />

avec autant <strong>de</strong> dynamisme et <strong>de</strong> clairvoyance dans l’époque<br />

mo<strong>de</strong>rne que ce fi ls <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> bourgeoisie zurichoise.<br />

Alfred Escher a dominé pendant <strong>de</strong>s décennies la scène politique<br />

fédérale et zurichoise. À 34 ans, il faisait partie du Conseil national<br />

et en a été quatre fois prési<strong>de</strong>nt. Dans le canton <strong>de</strong> Zurich, il<br />

a siégé pendant 38 ans au parlement cantonal et pendant sept ans<br />

au gouvernement (quatre fois en tant que prési<strong>de</strong>nt). Le nom<br />

d’Escher est lié à <strong>de</strong>s créations historiques – les Chemins <strong>de</strong> fer du<br />

Nord-Est (à l’époque la plus gran<strong>de</strong> compagnie <strong>de</strong> chemins <strong>de</strong> fer<br />

privée), la construction du tunnel du Gothard, l’École polytechnique<br />

fédérale (aujourd’hui EPF Zurich), le Crédit Suisse, la Caisse<br />

<strong>de</strong> Rentes Suisse (aujourd’hui Swiss Life). «Aucun autre politicien<br />

du XIXe et du XXe siècle ne jouit d’un palmarès semblable à celui<br />

d’Alfred Escher», écrit le biographe et historien Joseph Jung.<br />

Sa vie entière a été marquée par un engagement infatigable<br />

voire surhumain en faveur <strong>de</strong> l’intérêt général. Alfred Escher était<br />

un homme et un politicien puissant qui pouvait se montrer radical<br />

et intransigeant. Grâce à ses fonctions à la tête <strong>de</strong> la vie politique<br />

et économique et à son vaste réseau, il disposait d‘un pouvoir unique<br />

en son genre, qui a aussi suscité une farouche résistance. La<br />

construction <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer et la création <strong>de</strong> l’École polytechnique<br />

constituaient ses grands projets, tout comme ses ouvrages<br />

économiques, en particulier la construction du tunnel du Gothard.<br />

Aussi uniques furent son ascension et l’œuvre <strong>de</strong> sa vie, aussi<br />

tragique fut la fi n <strong>de</strong> sa vie politique et privée. Les problèmes fi nanciers<br />

liés aux Chemins <strong>de</strong> fer du Nord-Est et à la construction du tunnel<br />

du Gothard lui furent imputés. Même son propre camp libéral<br />

l’avait laissé tomber. Lors <strong>de</strong> la cérémonie <strong>de</strong> 1880 <strong>pour</strong> les 25 ans<br />

d’existence <strong>de</strong> l’École polytechnique, le nom d’Escher ne fut pas<br />

mentionné. Il ne fut pas invité aux fêtes qui ont suivi le percement<br />

du tunnel du Gothard la même année. Aucune lettre <strong>de</strong> remerciement<br />

offi cielle du Conseil fédéral n’a été transmise au pionnier du<br />

Gothard. Les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> sa vie furent marquées par d’incessantes<br />

maladies. À la fi n <strong>de</strong> sa vie, au lieu d’une reconnaissance<br />

gratifi ante, il dut subir <strong>de</strong> nombreuses attaques. «Alfred Escher, en<br />

tant que personnalité politique, a dépassé<br />

la commune mesure d’une manière qu’on<br />

n’a pas l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tolérer ici en Suisse»,<br />

écrit le biographe. – Le livre <strong>de</strong> Joseph<br />

Jung est la biographie passionnante d’un<br />

homme d’État et d’un dirigeant économique<br />

extraordinaire en même <strong>temps</strong> qu’un<br />

tableau <strong>de</strong>s us et coutumes <strong>de</strong> la Suisse<br />

au XIXe tant que personnalité politique, a dépassé<br />

la commune mesure d’une manière qu’on<br />

n’a pas l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tolérer ici en Suisse»,<br />

écrit le biographe. – Le livre <strong>de</strong> Joseph<br />

Jung est la biographie passionnante d’un<br />

homme d’État et d’un dirigeant économique<br />

extraordinaire en même <strong>temps</strong> qu’un<br />

tableau <strong>de</strong>s us et coutumes <strong>de</strong> la Suisse<br />

au XIX siècle. ROLF RIBI<br />

Alfred Escher, Ascension et chute<br />

JOSEPH JUNG: Alfred Escher (1819–1882).<br />

Aufstieg, Macht, Tragik. Zurich 2007,Éditions<br />

Neue Zürcher Zeitung. CHF 48.–, EUR 31.–.<br />

Paru en allemand uniquement.<br />

5


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

6<br />

C O U R R I E R D E S L E C T E U R S<br />

Suisse, qu’on ne reçoit pas aussi<br />

précisément, même en tant que<br />

proches voisins. Mais venons-en<br />

à la raison <strong>de</strong> ma missive: je viens<br />

<strong>de</strong> lire le «Courrier <strong>de</strong>s lecteurs»<br />

du <strong>de</strong>rnier numéro, rubrique qui<br />

fait état <strong>de</strong> l’omniprésence accablante<br />

<strong>de</strong> la Suisse alémanique.<br />

J’abon<strong>de</strong> dans ce sens. Les mentalités<br />

<strong>de</strong> Suisse roman<strong>de</strong> ou du<br />

Tessin diffèrent si fondamentalement<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Suisse alémanique<br />

que leur mise en valeur accrue<br />

constituerait un énorme<br />

enrichissement.<br />

MAX NYFFELER, MUNICH,<br />

ALLEMAGNE<br />

Le suisse allemand est la langue<br />

<strong>de</strong> la majorité<br />

Ce n’est pas sans une pointe<br />

d’amusement que j’ai lu les plaintes<br />

<strong>de</strong> certains lecteurs quant à<br />

l’«ethnocentrisme» et à la mainmise<br />

suisses alémaniques sur les<br />

informations dans le numéro <strong>de</strong><br />

février 2008. En tant que Suisse<br />

francophone, je reconnais que le<br />

«Schwytzer<strong>de</strong>utsch» est la langue<br />

parlée par la majorité et<br />

qu’elle est la seule à définir la société<br />

et l’espace culturel suisses,<br />

contrairement au français et à<br />

l’italien, qui possè<strong>de</strong>nt leurs propres<br />

sphères culturelles. En fait,<br />

<strong>pour</strong> tenir vraiment compte <strong>de</strong><br />

l’unicité helvétique, tous les articles<br />

<strong>de</strong>vraient paraître en romanche.<br />

Tandis que les politiciens<br />

suisses s’efforcent <strong>de</strong><br />

trouver l’équilibre parfait –<br />

quête qui est également, je l’espère,<br />

celle <strong>de</strong> la «<strong>Revue</strong> Suisse»<br />

dans le cadre <strong>de</strong> ses articles –, ce<br />

magazine me semble refléter la<br />

réalité suisse.<br />

Publicité<br />

FABRICE CHRISTEN, SAN DIEGO,<br />

ÉTATS-UNIS<br />

Merci<br />

Il y a quelques jours, nous tenions la «<strong>Revue</strong> Suisse» dans nos mains<br />

<strong>pour</strong> la première fois. Nous vivons en Tanzanie, Afrique <strong>de</strong> l’Est,<br />

<strong>de</strong>puis janvier <strong>de</strong> cette année. Nous trouvons que ce magazine est<br />

idéal <strong>pour</strong> maintenir un peu le lien avec la Suisse. Notre fille Lea a<br />

également été contente <strong>de</strong> recevoir ce courrier en provenance <strong>de</strong> la<br />

patrie (voir photo).<br />

À la vue du cervelas en page 18 du <strong>de</strong>rnier numéro, l’eau nous est<br />

carrément montée à la bouche. Ces délices suisses nous manquent<br />

déjà, tout comme le chocolat et la fondue.<br />

Un merci <strong>de</strong> Tanzanie.<br />

<strong>Revue</strong> en cinq langues<br />

Bravo <strong>pour</strong> cette «<strong>Revue</strong><br />

Suisse» que je lis toujours avec<br />

beaucoup <strong>de</strong> plaisir. Mon courrier<br />

<strong>de</strong> ce jour concerne, dans la<br />

rubrique «Courrier <strong>de</strong>s lecteurs»,<br />

un article <strong>de</strong> M. David<br />

J.L. Bongard qui se plaint que<br />

la revue néglige la «francophonie»<br />

– alors qu’elle est éditée en<br />

5 langues, dont bien sûr le français.<br />

Je ne comprends donc pas<br />

la teneur <strong>de</strong> cette longue diatribe<br />

– peut-être n’a-t-il pas<br />

précisé qu’il désirait recevoir la<br />

revue en français?<br />

RAYMOND HOFFMEYERL,<br />

FAMILIE HUBER, TANZANIE, AFRIQUE DE L’EST<br />

FRANCE<br />

La «<strong>Revue</strong> Suisse»,<br />

une publication suisse<br />

Citoyen suisse fidèle <strong>de</strong>puis<br />

long<strong>temps</strong> à la «<strong>Revue</strong> Suisse»,<br />

je me sens en désaccord avec<br />

votre politique rédactionnelle<br />

que je ne perçois pas, en tant<br />

que Suisse <strong>de</strong> l’étranger,<br />

comme le reflet <strong>de</strong> mon pays,<br />

mais qui me semble plutôt exprimer<br />

une cabale multiculturelle<br />

inspirée <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies, à <strong>de</strong>s lieues <strong>de</strong> la nationalité<br />

suisse. Sur la couverture:<br />

une femme népalaise buvant<br />

l’eau d’un robinet? Quel<br />

rapport avec la Suisse? Dans<br />

l’éditorial, une sorte <strong>de</strong> dia-<br />

tribe contre Christoph Blocher,<br />

chef <strong>de</strong> file du plus important<br />

parti politique <strong>de</strong><br />

Suisse, à la gloire <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stitution.<br />

Ensuite, un article sur<br />

l’ai<strong>de</strong> suisse au tiers mon<strong>de</strong>.<br />

Ne serait-il pas pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se<br />

pencher sur les raisons <strong>pour</strong><br />

lesquelles ces nations – qui<br />

disposent <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> ressources<br />

naturelles et d’un<br />

meilleur climat – ont besoin<br />

<strong>de</strong> tout ce soutien? Serait-ce<br />

parce qu’elles sont paresseuses<br />

et stupi<strong>de</strong>s? Faudrait-il alors<br />

récompenser cela par <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux?<br />

Et <strong>pour</strong> terminer, <strong>de</strong>ux<br />

caricatures désobligeantes <strong>de</strong><br />

Blocher. Je pense que vous<br />

pouvez mieux faire et que<br />

vous <strong>de</strong>vriez considérer la<br />

«<strong>Revue</strong> Suisse» comme une<br />

publication suisse consacrée à<br />

la Suisse <strong>pour</strong> les Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger et non comme un<br />

instrument <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> en<br />

faveur <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> gauche<br />

et du multiculturalisme.<br />

ADRIAN H. KRIEG, FLORIDE,<br />

ÉTATS-UNIS<br />

Napoléon III<br />

Avec beaucoup <strong>de</strong> plaisir j’ai<br />

reçu aujourd’hui votre «<strong>Revue</strong><br />

Suisse» 2/08. Et avec étonnement<br />

surtout sur l’empereur<br />

Napoléon III par Rolf Ribi.<br />

Le Musée Napoléon et l’Arenenberg,<br />

je connais très bien.<br />

Chaque fois, quand j’ai l’occasion<br />

<strong>de</strong> rendre visite à mon<br />

cher canton, je fréquente<br />

l’Arenenberg. Mes ancêtres<br />

sont citoyens <strong>de</strong> Salenstein. Je<br />

vous en remercie très sincèrement.<br />

SOPHIE ZAJAC, BRUNSTATT,<br />

FRANCE


REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

«Les plus beaux moyens <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> Suisse»: ce livret <strong>de</strong> 76 pages (all./fr.) coûte 12 francs et peut être commandé sur www.heimatschutz.ch/f/shop/bestellen.shtm<br />

Photos: <strong>Schweizer</strong> Heimatschutz/SBBhistoric (1)/JU-Airforcecenter (7)/Gornergratbahn (8)/Hansjörg Bürgi (10)<br />

I M A G E S<br />

Les plus beaux moyens <strong>de</strong> transport. Dans le ciel, sur l’eau ou sur les rails: la nouvelle publication<br />

<strong>de</strong> Patrimoine suisse, «Les plus beaux moyens <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> Suisse», invite à <strong>de</strong>s voyages<br />

tout particuliers. Qu’il s’agisse d’un télésiège, d’un bac, du «Tante Ju» à trois moteurs ou <strong>de</strong> la<br />

malle-poste du Gothard, ce petit livre richement illustré montre la diversité <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> transport<br />

<strong>encore</strong> en usage, dont certains ont jusqu’à 100 ans.<br />

La Flèche rouge. Télésiège du Weissenstein (SO).<br />

La malle-poste du Gothard.<br />

Bateau à vapeur sur le lac <strong>de</strong>s Quatre-Cantons. Flotte <strong>de</strong> bateaux à vapeur sur le lac Léman.<br />

Le train à vapeur <strong>de</strong> la Furka (VS). Junkers JU s2.<br />

Le chemin <strong>de</strong> fer du Gornergrat (VS).<br />

L’ascenseur du Hammetschwand sur le Bürgenstock (NW). Super Constellation.<br />

7


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

8<br />

S E C R E T B A N C A I R E S U I S S E<br />

<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong> – un pilier chancelant sur la place financière<br />

Pour les citoyens helvétiques, le secret <strong>bancaire</strong> est sacro-saint.<br />

Mais la pression exercée par l’étranger sur le Conseil fédéral<br />

et les banques augmente: notre pays serait un paradis fiscal et<br />

favoriserait la soustraction d’impôt. Combien <strong>de</strong> <strong>temps</strong> ce pilier<br />

<strong>de</strong> la place <strong>bancaire</strong> suisse tiendra-t-il <strong>encore</strong>? Par Rolf Ribi<br />

«Il est évi<strong>de</strong>nt qu’une grosse avalanche s’approche<br />

<strong>de</strong> notre pays. Face à l’importance<br />

économique <strong>de</strong> la place financière suisse, les<br />

risques sont élevés», a rappelé récemment<br />

Thomas Borer, l’ancien ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la<br />

Confédération à Berlin. La Suisse serait «en<br />

permanence réduite au secret <strong>bancaire</strong>, à la<br />

soustraction d’impôt et à l’évasion fiscale».<br />

En réalité, ces <strong>de</strong>rniers <strong>temps</strong>, pas mal <strong>de</strong><br />

désagréments ont touché la place <strong>bancaire</strong> et<br />

fiscale suisse: l’Allemagne reproche à la Suisse<br />

d’être rien <strong>de</strong> moins que «complice <strong>de</strong> soustraction<br />

d’impôt» <strong>pour</strong> les riches citoyens<br />

ayant une fortune dans nos banques. L’Union<br />

européenne critique notre pays à propos <strong>de</strong><br />

l’imposition préférentielle <strong>de</strong>s sociétés internationales<br />

dans différents cantons. L’Organisation<br />

<strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> développement<br />

économiques (OCDE) exige également <strong>de</strong><br />

la Suisse l’échange <strong>de</strong> données <strong>bancaire</strong>s <strong>pour</strong><br />

les perceptions d’impôts. Les États-Unis forcent<br />

notre pays à collaborer à l’imposition<br />

<strong>de</strong>s citoyens américains ayant <strong>de</strong>s avoirs sous<br />

forme <strong>de</strong> titres dans nos banques et <strong>de</strong> divulguer<br />

les noms <strong>de</strong>s clients <strong>de</strong>s banques.<br />

<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong> <strong>de</strong>puis 1934<br />

Au fond, les attaques <strong>de</strong> l’étranger visent<br />

presque toujours une particularité suisse – le<br />

secret <strong>bancaire</strong>, ancré dans l’article 47 <strong>de</strong> la<br />

loi fédérale sur les banques et les caisses<br />

d’épargne <strong>de</strong> 1934. Il y est en substance stipulé<br />

que celui qui, en tant que collaborateur<br />

ou mandataire d’une banque ou d’une institution<br />

<strong>de</strong> révision, obtient <strong>de</strong>s informations<br />

confi<strong>de</strong>ntielles ne peut les transmettre à <strong>de</strong>s<br />

tiers. La violation intentionnelle ou involontaire<br />

du secret <strong>bancaire</strong> sera «punie <strong>de</strong> l’emprisonnement<br />

jusqu’à six mois ou <strong>de</strong> l’amen<strong>de</strong><br />

jusqu’à 50 000 francs». Qui confie sa fortune<br />

à une banque suisse peut donc compter sur<br />

la discrétion <strong>de</strong> l’établissement et <strong>de</strong>s ses collaborateurs.<br />

Comment en est-on arrivé au secret <strong>bancaire</strong><br />

«à la suisse»? Le fond historique <strong>de</strong> la<br />

loi suisse sur les banques se décline en <strong>de</strong>ux<br />

versions. Jusque dans les années quatre-vingt,<br />

les conseillers fédéraux et les prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s<br />

banques racontaient le mythe <strong>de</strong> la protection<br />

du patrimoine juif contre l’accès <strong>de</strong>s nationaux-socialistes.<br />

En réalité et en vérité,<br />

<strong>de</strong>s crises <strong>bancaire</strong>s faisaient rage dans notre<br />

pays et <strong>de</strong>s actions d’espionnage ciblées <strong>de</strong>puis<br />

l’étranger visaient à rapatrier les capitaux<br />

amenés en Suisse. Le coûteux sauvetage<br />

<strong>de</strong> la Banque populaire suisse par la Confédération<br />

et la divulgation <strong>de</strong> l’activité d’espionnage<br />

ont montré que le <strong>temps</strong> était venu<br />

<strong>de</strong> promulguer une loi nationale sur les banques.<br />

La loi fut adoptée à la quasi unanimité<br />

au Parlement en novembre 1934 et entra en<br />

vigueur le 1 er mars 1935.<br />

Frau<strong>de</strong> fiscale et soustraction d’impôt<br />

Le secret <strong>bancaire</strong> ne s’appliquerait pas dans<br />

l’absolu. Si les règles <strong>de</strong> droit punissent toujours<br />

un délit d’une sanction pénale, si on est<br />

donc en présence d’un état <strong>de</strong> fait délictuel,<br />

le secret <strong>bancaire</strong> peut être levé. En cas <strong>de</strong><br />

frau<strong>de</strong> fiscale et <strong>de</strong> délit criminel justement,<br />

les banques sont tenues <strong>de</strong> divulguer les données<br />

fiscales et d’accor<strong>de</strong>r leur entrai<strong>de</strong> judiciaire<br />

aux autorités pénales. Il y a frau<strong>de</strong> fiscale<br />

lorsqu’un contribuable fait usage <strong>de</strong> faux<br />

documents ou <strong>de</strong> documents falsifiés <strong>pour</strong> sa<br />

déclaration fiscale. Et s’il «oublie» simplement<br />

d’indiquer sa fortune et ses revenus?<br />

Selon le droit suisse, on a alors «seulement»<br />

affaire à une soustraction d’impôt, qui est punie<br />

sans procédure pénale. Grâce à cette distinction<br />

entre la frau<strong>de</strong> fiscale et la soustraction<br />

d’impôt, les contribuables étrangers<br />

ayant déposé leur patrimoine dans nos banques<br />

sont à l’abri <strong>de</strong> l’accès <strong>de</strong>s autorités<br />

étrangères. Car en cas <strong>de</strong> soustraction d’impôt,<br />

la Suisse n’accor<strong>de</strong> aucune entrai<strong>de</strong> administrative<br />

ni judiciaire à l’étranger.<br />

Mais comment une telle distinction estelle<br />

justifiée et légitimée? Celui qui trompe<br />

le fisc avec une fausse comptabilité ou <strong>de</strong>s<br />

documents falsifiés emploie <strong>pour</strong> ce faire, selon<br />

le professeur <strong>de</strong> droit pénal zurichois<br />

Martin Killias, plus d’énergie criminelle que<br />

celui qui omet «seulement» certains revenus.<br />

Ne pas remplir complètement une déclaration<br />

d’impôt ne serait donc pas une frau<strong>de</strong><br />

fiscale. Après tout, les autorités fiscales <strong>pour</strong>raient<br />

exiger toutes les preuves nécessaires.<br />

Il serait judicieux <strong>de</strong> punir la soustraction<br />

d’impôt d’une amen<strong>de</strong> au terme d’une procédure<br />

administrative, mais pas d’une peine<br />

d’emprisonnement.<br />

«Le secret <strong>bancaire</strong> ne sert pas à protéger<br />

ceux qui se ren<strong>de</strong>nt coupables <strong>de</strong> soustraction<br />

d’impôt. Il protège le droit humain <strong>de</strong><br />

la sphère privée», explique le professeur Beat<br />

Bernet, spécialiste <strong>de</strong>s banques à l’Université<br />

<strong>de</strong> St-Gall. Celui qui revendique ce droit <strong>de</strong>vrait<br />

toutefois «donner à l’État ce qui lui revient».<br />

Le secret <strong>bancaire</strong> resterait «un <strong>de</strong>s<br />

principaux piliers <strong>de</strong> notre place financière<br />

<strong>pour</strong> quelque <strong>temps</strong> <strong>encore</strong>». Cependant,<br />

<strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong> la distinction entre frau<strong>de</strong><br />

fiscale et soustraction d’impôt «nous n’allons<br />

pas pouvoir <strong>encore</strong> la sauvegar<strong>de</strong>r à long<br />

terme».<br />

Pour la «Neue Zürcher Zeitung», le secret<br />

<strong>bancaire</strong> est l’expression d’une «philosophie<br />

libérale <strong>de</strong> l’État, qui accor<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> valeur<br />

à l’individu qu’à l’État et à la spontanéité qu’à<br />

l’obligation». Et: «La protection <strong>de</strong> la sphère<br />

privée <strong>de</strong>s individus, surtout face à l’État, est<br />

un pilier soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette philosophie». Pour<br />

l’auteur Gerhard Schwarz, c’est la raison<br />

<strong>pour</strong> laquelle la distinction entre le délit<br />

qu’est la soustraction d’impôt et le crime que<br />

constitue la frau<strong>de</strong> fiscale est une philosophie<br />

«qui respecte le citoyen et ne le considère pas<br />

comme un objet <strong>de</strong> l’État». Soustraire <strong>de</strong>s<br />

impôts ne serait pas uniquement la conséquence<br />

<strong>de</strong> la cupidité et <strong>de</strong> l’énergie criminelle,<br />

mais la réaction à <strong>de</strong>s charges fiscales<br />

ressenties comme étant d’une hauteur déloyale».<br />

Le professeur d’éthique économique Peter<br />

Ulrich n’a rien à reprocher au secret <strong>bancaire</strong>,<br />

<strong>pour</strong> autant qu’il serve à la protection<br />

légitime <strong>de</strong> la sphère privée <strong>de</strong>s citoyens.<br />

«D’un point <strong>de</strong> vue éthique, on peut critiquer<br />

la possibilité créée <strong>de</strong> façon ciblée par la législation<br />

suisse d’abuser du secret <strong>bancaire</strong><br />

comme secret <strong>de</strong> la soustraction d’impôt, en<br />

établissant une distinction entre frau<strong>de</strong> fiscale<br />

et soustraction d’impôt». Parce que la<br />

Suisse peut refuser l’entrai<strong>de</strong> juridique internationale<br />

en cas d’impôts soustraits, «nos<br />

autorités offrent un asile financier douteux<br />

aux capitaux étrangers ». Ainsi, «la Suisse<br />

braconne sur le terrain fiscal d’autres pays et<br />

cela coûte chaque année à ceux-ci <strong>de</strong>s milliards<br />

<strong>de</strong> recettes fiscales perdues ». Selon le


REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Dessin: Chappatte<br />

professeur Ulrich, il n’y aurait «aucun droit<br />

du citoyen à la soustraction d’impôt». Celui<br />

qui soustrait <strong>de</strong>s impôts dans son pays «profite<br />

<strong>de</strong>s prestations publiques financées par<br />

les impôts, sans payer sa contribution correcte<br />

en fonction <strong>de</strong> sa performance».<br />

La solidité <strong>de</strong> la place financière suisse<br />

La force <strong>de</strong>s banques suisses est le «Private<br />

Banking», c’est-à-dire la gestion <strong>de</strong> patrimoine<br />

<strong>pour</strong> les personnes riches et très riches.<br />

Plus <strong>de</strong> 4000 milliards <strong>de</strong> francs (soit 4<br />

billions <strong>de</strong> francs) <strong>de</strong> fortunes étrangères<br />

sont placés dans les banques suisses. Les raisons<br />

<strong>de</strong> cette situation sont la gran<strong>de</strong> compétence<br />

spécialisée et le professionnalisme<br />

élevé <strong>de</strong>s banquiers d’ici, l’attractivité <strong>de</strong> l’offre<br />

<strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> placement et la discrétion<br />

<strong>de</strong>s banques sous le couvert du secret<br />

<strong>bancaire</strong>. Il y a quelques années, la Deutsche<br />

Bank tablait sur 70% <strong>de</strong> fortune étrangère<br />

non déclarée en Suisse. Ceci correspondrait<br />

à une somme d’environ 3000 milliards <strong>de</strong><br />

francs d’argent «sale» non imposé. «La gran<strong>de</strong><br />

majorité <strong>de</strong>s investisseurs étrangers qui ont<br />

parqué leur argent en Suisse contourne l’obligation<br />

fiscale», a confirmé le banquier privé<br />

Konrad Hummler.<br />

Les banques suisses sont aussi lea<strong>de</strong>r à<br />

l’échelle mondiale dans les affaires offshore,<br />

à savoir les affaires réalisées par l’intermédiaire<br />

<strong>de</strong>s paradis fiscaux. Les centres off-<br />

shore classiques tels que les îles Caïmans, Jersey<br />

ou les Bahamas ne perçoivent pas ou<br />

seulement peu d’impôts sur les entreprises,<br />

permettent la création <strong>de</strong> simples sociétés<br />

boîtes aux lettres, appliquent un secret <strong>bancaire</strong><br />

strict et n’accor<strong>de</strong>nt aucune entrai<strong>de</strong><br />

judiciaire internationale. Les quelque cinquante<br />

centres <strong>bancaire</strong>s offshore à travers<br />

le mon<strong>de</strong> vivent <strong>de</strong>s capitaux étrangers qu’ils<br />

attirent ainsi que <strong>de</strong> la protection administrative<br />

et <strong>de</strong> la franchise d’imposition étendue<br />

qu’ils leur garantissent. Selon l’organisation<br />

critique «Déclaration <strong>de</strong> Berne»,<br />

plusieurs milliers <strong>de</strong> sociétés offshore sont<br />

gérées à partir <strong>de</strong> la Suisse, «une gran<strong>de</strong> partie<br />

<strong>de</strong> celles-ci servent à éviter les impôts».<br />

Le secret <strong>bancaire</strong> – un nerf vital <strong>de</strong> notre<br />

place financière? «Oui, absolument», a répondu<br />

le banquier Konrad Hummler, qui parle<br />

<strong>de</strong> «l’importance stratégique <strong>de</strong> notre secret<br />

<strong>bancaire</strong>». Rien d’étonnant à ce que l’étranger<br />

prenne <strong>de</strong>s mesures sur différents fronts contre<br />

la discrétion <strong>de</strong>s banques suisses.<br />

L’impôt à la source <strong>pour</strong> l’Europe<br />

La Suisse a maintes fois prêté main-forte à<br />

l’Union européenne dans la lutte contre la<br />

frau<strong>de</strong> et l’évasion fiscales. Notre pays accor<strong>de</strong><br />

son entrai<strong>de</strong> juridique et administrative<br />

en cas <strong>de</strong> frau<strong>de</strong> fiscale, mais pas en cas<br />

<strong>de</strong> soustraction d’impôts directs. La participation<br />

<strong>de</strong> Berne à la fiscalité <strong>de</strong> l’épargne<br />

Le nouveau réduit:<br />

Banque – Discrétion/<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong><br />

transfrontalière en témoigne: la Suisse perçoit<br />

un impôt à la source (jusqu’à 35 <strong>pour</strong><br />

cent en 2011) sur les produits <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s<br />

personnes physiques et reverse 75 <strong>pour</strong> cent<br />

du montant à l’État <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> celui qui<br />

a placé ses capitaux chez nous. À cette occasion,<br />

la Suisse ne doit pas désigner nommément<br />

les clients <strong>bancaire</strong>s étrangers. «Le secret<br />

<strong>bancaire</strong> est bétonné <strong>pour</strong> au moins 15<br />

ans», exulte l’ancien prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association<br />

suisse <strong>de</strong>s banquiers.<br />

En 2006, la Suisse avait livré aux États<br />

membres <strong>de</strong> l’UE un <strong>de</strong>mi-milliard <strong>de</strong> francs<br />

<strong>de</strong> produits <strong>de</strong>s intérêts en vertu <strong>de</strong> cet accord<br />

; elle <strong>de</strong>vrait en verser <strong>encore</strong> davantage<br />

<strong>pour</strong> l’année <strong>de</strong>rnière. «Bien trop peu», a déploré<br />

le ministre allemand <strong>de</strong>s finances Peer<br />

Steinbrück qui a annoncé vouloir déclarer la<br />

guerre aux «paradis fiscaux» tels que la Suisse.<br />

Son exigence: l’extension <strong>de</strong> l’accord aux revenus<br />

<strong>de</strong>s divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s, à d’autres placements<br />

et aux personnes morales telles que les fondations.<br />

«Nous ne sommes pas un paradis fiscal.<br />

La fiscalité <strong>de</strong> l’épargne est réglée à long<br />

terme avec Bruxelles. Notre secret <strong>bancaire</strong><br />

est garanti dans différents accords avec<br />

Bruxelles», a expliqué la ministre <strong>de</strong>s affaires<br />

étrangères Micheline Calmy-Rey. «L’accord<br />

sur la fiscalité <strong>de</strong> l’épargne ne survivra pas au<br />

prochain grand tour <strong>de</strong> négociations avec<br />

l’Union européenne élargie», prédit le professeur<br />

<strong>de</strong> droit <strong>bancaire</strong> Beat Bernet.<br />

9


10<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Dessins: Chappatte<br />

S E C R E T B A N C A I R E S U I S S E<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s impôts indirects, à savoir<br />

la taxe sur la valeur ajoutée et les droits<br />

<strong>de</strong> douane, le secret <strong>bancaire</strong> est pratiquement<br />

levé: contrairement aux impôts directs,<br />

non seulement la frau<strong>de</strong> fiscale, mais aussi la<br />

soustraction d’impôt est ici punie et l’entrai<strong>de</strong><br />

judiciaire est accordée. Si la Suisse accor<strong>de</strong><br />

complètement son entrai<strong>de</strong> judiciaire<br />

<strong>pour</strong> la taxe sur la valeur ajoutée, <strong>de</strong>s chefs<br />

d’entreprise allemands ne peuvent par exemple<br />

plus compter sur la protection du secret<br />

<strong>bancaire</strong> suisse <strong>pour</strong> leurs caisses noires.<br />

Différend fiscal avec l’Allemagne<br />

Ces <strong>de</strong>rniers <strong>temps</strong>, c’est le différend fiscal<br />

avec l’Allemagne qui a soulevé le plus d’émotions.<br />

«Selon nous, les banques suisses fournissent<br />

une ai<strong>de</strong> objective à l’évasion fiscale<br />

<strong>de</strong> citoyens allemands. On doit comprendre<br />

que cela nous mette en colère», a déclaré l’ancien<br />

ministre allemand <strong>de</strong>s finances, Hans Eichel.<br />

Le secret <strong>bancaire</strong> serait une «invitation<br />

<strong>pour</strong> les étrangers à soustraire <strong>de</strong>s impôts».<br />

Le politicien allemand menace la Suisse lors<br />

<strong>de</strong>s futures négociations bilatérales avec<br />

l’Union européenne: «Vous allez voir, le secret<br />

<strong>bancaire</strong>, la fiscalité <strong>de</strong> l’épargne et la<br />

coopération <strong>de</strong> la Suisse en matière fiscale figurent<br />

en tête <strong>de</strong> l’ordre du jour.»<br />

Les réactions suisses sont tout aussi violentes:<br />

«Il est malvenu <strong>de</strong> qualifier la Suisse <strong>de</strong><br />

paradis fiscal», a riposté le conseiller fédéral<br />

Hans-Rudolf Merz face au reproche <strong>de</strong> son<br />

homologue allemand Peer Steinbrück. «La<br />

protection <strong>de</strong> la sphère privée par le secret<br />

<strong>bancaire</strong> fait partie <strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> valeurs.»<br />

Le magistrat exclut catégoriquement<br />

tout échange automatique d’informations relatives<br />

aux données fiscales, «nous n’abandonnerons<br />

pas le secret <strong>bancaire</strong>». Sans conteste,<br />

la soustraction d’impôt est punissable<br />

en Allemagne et <strong>de</strong>s Allemands coupables <strong>de</strong><br />

soustraction d’impôt «ont parqué <strong>de</strong>s fonds<br />

en Suisse dans une mesure considérable» (selon<br />

la «Neue Zürcher Zeitung»).<br />

Différend fiscal avec Bruxelles<br />

Depuis un an, un différend fiscal oppose<br />

l’Union européenne et la Suisse. Bruxelles<br />

critique les dispositions fiscales <strong>de</strong> certains<br />

cantons en faveur <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> capitaux<br />

«mobiles». Concrètement, il s’agit <strong>de</strong>s allégements<br />

fiscaux <strong>pour</strong> les revenus réalisés à<br />

l’étranger <strong>de</strong>s sociétés holding (qui gèrent<br />

<strong>de</strong>s participations d’autres entreprises), <strong>de</strong>s<br />

sociétés <strong>de</strong> domicile (véritables sociétés boîtes<br />

aux lettres) et <strong>de</strong>s sociétés mixtes (groupes<br />

étrangers avec la majeure partie <strong>de</strong> leur<br />

activité à l’étranger). «Si les sociétés holding<br />

ne doivent payer aucun impôt <strong>pour</strong> les gains<br />

réalisés à l’étranger, il s’agit là d’ai<strong>de</strong>s non<br />

autorisées qui faussent la concurrence», a expliqué<br />

Michael Reiterer, représentant <strong>de</strong><br />

l’UE en Suisse.<br />

Aucun doute – certains cantons sont fiscalement<br />

très attractifs <strong>pour</strong> les groupes domi-<br />

<strong>Secret</strong> <strong>bancaire</strong>: signez l’initiative <strong>de</strong>s banquiers privés.<br />

Je ne suis pas intéressant, ma fortune est inférieure à 1 million <strong>de</strong> francs.<br />

ciliés ici avec <strong>de</strong>s affaires européennes et<br />

<strong>pour</strong> les sociétés holding. Dans notre pays, il<br />

existe 20 000 sociétés <strong>de</strong> capitaux <strong>de</strong> la sorte<br />

qui emploient 150 000 personnes payant chaque<br />

année quatre milliards <strong>de</strong> francs d’impôts.<br />

Le point litigieux est la différence d’imposition<br />

<strong>de</strong>s revenus nationaux et <strong>de</strong> ceux<br />

réalisés à l’étranger. Sans ces règles fiscales<br />

particulières, la Suisse «perdrait énormément<br />

<strong>de</strong> recettes fiscales», a reconnu Gerold<br />

Bührer <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong>s entreprises suisses.<br />

Le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz<br />

n’est prêt à aucune négociation avec la Commission<br />

européenne. Son département étudie<br />

toutefois <strong>de</strong>s réformes «autonomes» sur<br />

l’imposition <strong>de</strong>s entreprises.<br />

La pression américaine<br />

La Suisse et ses banques apportent aux USA<br />

<strong>de</strong> nombreuses informations – et pas uniquement<br />

dans les cas <strong>de</strong> frau<strong>de</strong> fiscale, en vertu<br />

<strong>de</strong> la convention <strong>de</strong> double imposition entre<br />

la Suisse et les États-Unis signée en 2001: les<br />

banques suisses sont tenues d’informer les<br />

autorités américaines si <strong>de</strong>s citoyens américains<br />

ont un compte dans <strong>de</strong>s banques suisses<br />

et possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s titres américains.<br />

L’échange d’informations et l’ai<strong>de</strong> administrative<br />

<strong>de</strong> la Suisse s’appliquent <strong>pour</strong> les<br />

«frau<strong>de</strong>s fiscales et délits semblables» et<br />

«l’omission <strong>de</strong> préparer ou <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong>s<br />

documents exacts et complets» en fait partie.<br />

La frau<strong>de</strong> fiscale et la soustraction d’im-


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

pôt sont ici traitées <strong>de</strong> la même façon, ce qui<br />

contredit le droit suisse et viole effectivement<br />

le secret <strong>bancaire</strong>.<br />

Pourquoi la Suisse tolère-t-elle cela? Parce<br />

qu’il en va <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> nos banques sur<br />

l’importante place financière <strong>de</strong> New York.<br />

Les banques suisses ont besoin d’un contrat<br />

avec le fisc américain <strong>pour</strong> obtenir le statut<br />

<strong>de</strong> «Qualified Intermediary». En tant que tel,<br />

les banques sont tenues <strong>de</strong> divulguer l’i<strong>de</strong>ntité<br />

<strong>de</strong> leurs clients américains et <strong>de</strong> percevoir<br />

un impôt à la source sur les produits <strong>de</strong><br />

leurs titres. «En fait, les banques suisses ont<br />

cédé à la pression <strong>de</strong>s USA. Et voilà que nos<br />

conseillers fédéraux préten<strong>de</strong>nt <strong>encore</strong> que<br />

le secret <strong>bancaire</strong> n’est pas négociable», a expliqué<br />

Philippe Lévy, ancien délégué du Conseil<br />

fédéral aux accords commerciaux.<br />

Il y a <strong>de</strong>ux ans, un article du «New York Times»<br />

avait provoqué <strong>de</strong> l’agitation en Suisse:<br />

sous le signe <strong>de</strong> la lutte contre le terrorisme,<br />

le ministère américain <strong>de</strong>s finances et les services<br />

secrets <strong>de</strong> la CIA ont obtenu l’accès aux<br />

données <strong>bancaire</strong>s du trafic international <strong>de</strong>s<br />

paiements. Pratiquement tous les paiements,<br />

aussi ceux <strong>de</strong>s banques suisses, passent par la<br />

plaque tournante internationale Swift située<br />

à Bruxelles. Les enquêteurs américains sont<br />

ainsi entrés en possession d’informations sur<br />

les clients <strong>de</strong>s banques – parmi lesquels aussi<br />

<strong>de</strong>s citoyens suisses.<br />

Que reste-t-il dès lors du secret <strong>bancaire</strong><br />

suisse? Il n’existerait aucun danger, selon le<br />

département bernois <strong>de</strong>s finances, qui se veut<br />

rassurant. Aucun client d’une banque suisse<br />

ne <strong>pour</strong>rait cependant s’attendre à ce que la<br />

protection <strong>de</strong> la sphère privée, garantie dans<br />

notre pays, le soit également à l’étranger<br />

(dans ce cas en Belgique). Les clients <strong>de</strong>s banques<br />

reçoivent aujourd’hui une note écrite<br />

les informant que les banques doivent indiquer<br />

leurs noms, adresses et numéros <strong>de</strong><br />

comptes dans le trafic international <strong>de</strong>s paiements.<br />

Le professeur zurichois <strong>de</strong> droit <strong>bancaire</strong>,<br />

Hans Geiger, l’a confirmé: «La protection<br />

du secret <strong>bancaire</strong> se limite aux<br />

transactions à l’intérieur <strong>de</strong> la Suisse.» Les<br />

clients <strong>de</strong>s banques <strong>de</strong>vraient toutefois être<br />

informés que «le secret <strong>bancaire</strong> ne fait plus<br />

effet dans le trafic international <strong>de</strong>s paiements».<br />

Le secret <strong>bancaire</strong> suisse est aussi critiqué<br />

par l’Organisation <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> développement<br />

économiques (OCDE): «Les<br />

secrets <strong>bancaire</strong>s exagérés et le refus <strong>de</strong> divulguer<br />

<strong>de</strong>s informations sur les frau<strong>de</strong>urs du<br />

fisc sont <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong>s <strong>temps</strong> passés», a déclaré<br />

le Secrétaire général Angel Gurría à<br />

l’intention <strong>de</strong> la Suisse également. «La Suisse<br />

ne s’en tient pas à la norme <strong>de</strong> l’OCDE <strong>pour</strong><br />

ce qui est <strong>de</strong> l’échange d’informations, bien<br />

qu’elle en soit un État membre», a critiqué<br />

l’ancien ministre allemand Hans Eichel. En<br />

raison du secret <strong>bancaire</strong>, l’OCDE ellemême<br />

qualifie la Suisse <strong>de</strong> « pays non coopératif».<br />

Mais la Suisse n’est prête à transmet-<br />

Je blanchis l’argent, car la propreté me tient à cœur.<br />

tre <strong>de</strong>s informations que s’il s’agit d’un état<br />

<strong>de</strong> fait tel que la frau<strong>de</strong> fiscale.<br />

Un nouveau secret <strong>bancaire</strong>?<br />

Une chose est sûre: le secret <strong>bancaire</strong> est profondément<br />

ancré dans le peuple suisse. Selon<br />

un sondage mené par l’Association suisse<br />

<strong>de</strong>s banquiers, 81% <strong>de</strong>s personnes interrogées<br />

veulent maintenir cette institution, même si<br />

la pression internationale se fait lour<strong>de</strong>ment<br />

ressentir. Trois Suisses sur quatre considèrent<br />

comme «probable que le secret <strong>bancaire</strong><br />

existe <strong>encore</strong> dans sa forme actuelle dans<br />

cinq ans». La protection <strong>de</strong> la sphère privée<br />

occupe la place la plus importante <strong>pour</strong> les<br />

citoyens suisses: 91% trouvent juste <strong>de</strong> protéger<br />

les données financières <strong>de</strong>s clients <strong>de</strong>s<br />

banques vis-à-vis <strong>de</strong> tiers.<br />

Le «serment» <strong>de</strong>s Suisses sur le secret <strong>bancaire</strong><br />

est une chose, la pression exercée par<br />

l’étranger en est une autre. Un nouveau secret<br />

<strong>bancaire</strong> <strong>pour</strong>rait-il constituer une issue?<br />

«Pourquoi la Suisse ne s’adapte-t-elle<br />

pas aux habitu<strong>de</strong>s internationales et n’abandonne-t-elle<br />

pas le secret <strong>bancaire</strong> en cas <strong>de</strong><br />

soustraction d’impôt? Cette étape enlèverait<br />

d’un coup toute la pression qui pèse sur les<br />

banques suisses et notre pays gagnerait en renommée»<br />

(propos <strong>de</strong> Stefan Eiselin dans le<br />

«Tages-Anzeiger»).<br />

Pour le professeur d’éthique économique<br />

Peter Ulrich, la Suisse en tant que principale<br />

place <strong>de</strong> «Private Banking» à travers le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait intervenir en faveur<br />

d’un cadre réglementaire correct<br />

<strong>pour</strong> la concurrence fiscale internationale.<br />

«La Suisse serait même<br />

à long terme la gran<strong>de</strong> gagnante<br />

d’un tel cadre réglementaire sans<br />

soustraction d’impôt.» Car dans ce<br />

cas, les meilleures prestations <strong>bancaire</strong>s,<br />

celles que les banques suisses<br />

indiquent elles-mêmes comme<br />

justification <strong>de</strong> leur rôle <strong>de</strong> premier<br />

plan dans la gestion <strong>de</strong> patrimoine,<br />

seraient prises en compte.<br />

«Les places financières dans les républiques<br />

bananières qui n’ont rien<br />

d’autre à offrir que le secret <strong>de</strong> la<br />

soustraction d’impôt en auraient<br />

<strong>pour</strong> leurs frais.»<br />

DOCUMENTATION<br />

Peter Ulrich: Integrative Wirtschaftsethik.<br />

Grundlagen einer lebensdienlichen<br />

Ökonomie, 4. vollständig neu bearbeitete<br />

Auflage. Bern/Stuttgart/Wien 2008.<br />

Éditions Haupt.<br />

Centre <strong>de</strong> documentation doku-zug<br />

11


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

Publireportage<br />

Invitation à l’assemblée générale 2008,<br />

à Fribourg<br />

Soliswiss fête son 50 ème anniversaire dans le cadre du 86 ème<br />

congrès <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger «Suisse sans frontières»,<br />

à Fribourg. L’assemblée générale fait partie intégrante <strong>de</strong>s<br />

festivités.<br />

Nous avons le plaisir <strong>de</strong> vous<br />

inviter, chères et chers sociétaires,<br />

à notre assemblée géné-<br />

rale ordinaire, le vendredi<br />

22 août 2008 à midi. Celle-ci<br />

aura lieu dans le Restaurant<br />

<strong>de</strong>s Trois Tours, à Bourguillon<br />

(www.troistours.ch). Conformément<br />

à la tradition, un repas<br />

<strong>de</strong> fête sera servi lors <strong>de</strong> cette<br />

assemblée générale : à cette<br />

occasion, le chef coq Alain<br />

Bächler préparera un menu<br />

spécial <strong>pour</strong> le cinquantenaire<br />

<strong>de</strong> notre association.<br />

C’est avec plaisir que nous<br />

vous attendons à partir <strong>de</strong><br />

11h45 au Restaurant <strong>de</strong>s<br />

Trois Tours, route <strong>de</strong> Bour-<br />

guillon 15, à 1722 Bourguillon.<br />

Vous trouverez le plan<br />

d’accès sur notre site Internet<br />

www.soliswiss.ch.<br />

L’assemblée commencera<br />

à 12h15 précises et se terminera<br />

à 14h00, après le <strong>de</strong>ssert<br />

d’anniversaire.<br />

L’inscription (lettre/courriel)<br />

est obligatoire <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisons<br />

organisationnelles.<br />

Berne, en juin 2008<br />

Barbara Rigassi, prési<strong>de</strong>nte<br />

Felix Bossert, directeur<br />

Ordre du jour <strong>de</strong> l’assemblée générale 2008<br />

1. Présentation du rapport annuel 2007<br />

2. Présentation du bilan 2007 et du compte <strong>de</strong> résultats 2007<br />

3. Rapport <strong>de</strong> l’organe <strong>de</strong> révision<br />

4. Votes:<br />

a) Approbation du rapport annuel 2007<br />

b) Approbation <strong>de</strong>s comptes annuels 2007<br />

c) Affectation du bénéfice 2007<br />

d) Décharge du comité<br />

5. Elections au comité<br />

6. Election <strong>de</strong> l’organe <strong>de</strong> révision<br />

7. Divers<br />

Comme <strong>de</strong> coutume, vous trouverez <strong>de</strong>s commentaires à<br />

l’assemblée générale sur notre site Internet www.soliswiss.ch.<br />

Les sociétaires peuvent également <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r les documents<br />

correspondants au bureau Soliswiss, Gutenbergstrasse 6,<br />

case postale, CH-3001 Berne ou par courriel à info@soliswiss.ch.


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

P O L I T I Q U E<br />

Rente anticipée sans compensation sociale<br />

Le Conseil national relève l’âge <strong>de</strong> la retraite <strong>de</strong>s femmes à 65 ans. Simultanément, il renforce<br />

la marge <strong>de</strong> manœuvre <strong>pour</strong> la retraite anticipée avec, toutefois, une réduction complète <strong>de</strong>s<br />

rentes aussi <strong>pour</strong> les bas salaires. La gauche menace avec un référendum. Par René Lenzin<br />

Il y a déjà quatre ans que le peuple a rejeté la<br />

11 e révision <strong>de</strong> l’assurance-vieillesse et survivants<br />

(AVS) par 68% <strong>de</strong> non. Et aucun nouveau<br />

projet bénéficiant d’un large soutien n’est<br />

<strong>encore</strong> en vue. Le Conseil national a certes<br />

adopté une réforme <strong>de</strong> l’AVS lors <strong>de</strong> la session<br />

<strong>de</strong> prin<strong>temps</strong>. Mais à lui seul, le résultat <strong>de</strong>s<br />

votes, 97 voix contre 89, montre déjà <strong>combien</strong><br />

l’affaire est <strong>encore</strong> et toujours controversée.<br />

En tout, le Conseil national veut soulager<br />

la caisse AVS <strong>de</strong> 800 millions <strong>de</strong> francs par<br />

an. La principale mesure à cet effet est l’harmonisation<br />

<strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> la retraite <strong>de</strong>s femmes<br />

avec celui <strong>de</strong>s hommes: à l’avenir, elles <strong>de</strong>vraient<br />

elles aussi partir à la retraite à 65 ans<br />

et non plus à 64. Cette mesure serait une petite<br />

étape <strong>pour</strong> faire face aux futurs problèmes<br />

<strong>de</strong> la prévoyance vieillesse, a argumenté<br />

la droite du Conseil. Le vieillissement démographique<br />

conduirait bientôt l’AVS à affronter<br />

<strong>de</strong>s difficultés financières.<br />

La gauche du Conseil n’entend toutefois<br />

accepter le relèvement <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> la retraite<br />

<strong>de</strong>s femmes que si la retraite anticipée bénéficie<br />

simultanément d’une ai<strong>de</strong>. Elle exige que<br />

la rente <strong>de</strong>s personnes aux revenus faibles et<br />

moyens soit moins réduite en cas <strong>de</strong> retraite<br />

anticipée qu’elle ne <strong>de</strong>vrait nécessairement<br />

l’être d’un point <strong>de</strong> vue purement actuariel.<br />

Sur ce point, les avis divergent. Seule la nécessité<br />

d’accroître la flexibilité <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> la<br />

retraite fait l’unanimité. À l’avenir, tous <strong>de</strong>vraient<br />

avoir le droit <strong>de</strong> percevoir leur rente<br />

à partir <strong>de</strong> 60 ans ou <strong>de</strong> la reporter jusqu’à 70<br />

ans. La majorité ne veut cependant pas utiliser<br />

les économies résultant du relèvement <strong>de</strong><br />

l’âge <strong>de</strong> la retraite <strong>de</strong>s femmes <strong>pour</strong> financer<br />

un départ à la retraite facilité, car cela créerait<br />

<strong>de</strong> fausses incitations.<br />

Sans cette compensation sociale, la rente<br />

anticipée resterait un privilège <strong>de</strong>s personnes<br />

fortunées, rétorque la gauche. Le peuple<br />

aurait déjà rejeté un projet pratiquement<br />

i<strong>de</strong>ntique en 2004. Si la situation en reste là,<br />

on <strong>de</strong>vrait à nouveau saisir le référendum. La<br />

gauche gar<strong>de</strong> dans sa manche une initiative<br />

populaire <strong>de</strong>s syndicats en guise <strong>de</strong> joker, laquelle<br />

exige que la rente perçue à partir <strong>de</strong><br />

62 ans ne soit pas réduite <strong>pour</strong> un assuré dont<br />

les revenus n’excè<strong>de</strong>nt pas 120 000 francs.<br />

Cette initiative alourdirait l’AVS d’un montant<br />

annuel <strong>de</strong> 1,4 milliards <strong>de</strong> frais supplémentaires.<br />

Le ministre <strong>de</strong>s affaires sociales Pascal<br />

Couchepin craint lui aussi que le peuple rejette<br />

la réforme du Conseil national. Il se positionne<br />

tout <strong>de</strong> même contre le modèle <strong>de</strong><br />

la gauche, car celui-ci fonctionnerait selon le<br />

principe <strong>de</strong> l’arrosoir, dont son épouse par<br />

exemple profiterait également. Pascal Couchepin<br />

avait présenté un modèle qui s’orientait<br />

aux prestations complémentaires: seul<br />

celui qui peut prouver un besoin bénéficie<br />

d’une ai<strong>de</strong> financière <strong>pour</strong> la retraite anticipée.<br />

Cette idée a toutefois échoué au Conseil<br />

national. Il incombe maintenant au Conseil<br />

<strong>de</strong>s États <strong>de</strong> chercher une solution<br />

capable <strong>de</strong> rassembler la majorité tant au Parlement<br />

que parmi le peuple.<br />

Aucune naturalisation par les urnes<br />

Trois fois non: le 1er juin, le peuple et les cantons ont rejeté l’article sur la santé ainsi<br />

que l’initiative sur les naturalisations et l’initiative muselière.<br />

64% du peuple et 25 <strong>de</strong>s 26 cantons ont refusé<br />

une initiative qui voulait rétablir les naturalisations<br />

par les urnes dans les communes.<br />

70% et tous les cantons ont rejeté un<br />

article constitutionnel sur la politique en matière<br />

<strong>de</strong> santé. 75% et également tous les<br />

cantons ont dit non à l’initiative muselière<br />

qui aurait limité à un minimum<br />

l’information du Conseil fédéral<br />

sur l’objet soumis à votation.<br />

RL<br />

Proportion <strong>de</strong> «non» par<br />

canton en <strong>pour</strong> cent<br />

■ Naturalisation<br />

■ Santé<br />

■ Muselière<br />

GE 82.1%-89.1-85.7<br />

JU 80.2%-87.4-86.1<br />

NE 82.0%-82.7-83.8<br />

VD 81.0%-89.1-86.3<br />

BE 63.3%-67.7-76.9<br />

FR 73.0%-75.9-79.9<br />

BS 71.5%-70.4-77.5<br />

BL 64.8%-70.9-75.5 ZH 60.7%-59.4-72.2<br />

SO 58.6%-65.4-73.7<br />

VS 75.0%-81.1-82.4<br />

AG 53.2%-60.2-69.2<br />

SH 57.2%-72.5-69.2<br />

LU 55.7%-60.5-73.8 SZ 40.1%-56.9-59.1<br />

GL 51.1%-74.1-68.3<br />

NW 50.9%-55.4-67.7<br />

OW 52.9%-61.9-69.0<br />

TG 51.1%-61.6-67.9<br />

ZG 55.7%-60.8-72.0<br />

UR 53.5%-67.1-69.7<br />

TI 57.8%-79.7-65.8<br />

AR 57.4%-65.5-71.4<br />

AI 51.7%-68.5-66.3<br />

SG 51.7%-58.0-68.5<br />

GR 65.0%-65.8-76.9<br />

13


14 N O U V E L L E S D U P A L A I S F É D É R A L<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand<br />

Rente <strong>de</strong> vieillesse<br />

suisse: déposez<br />

votre <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

à <strong>temps</strong><br />

Deux facteurs déterminent<br />

où les Suissesses et les Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger doivent présenter<br />

leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> rente AVS:<br />

le lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce ainsi que la<br />

qualité d’assuré.<br />

À propos <strong>de</strong> la qualité d’assuré:<br />

les Suissesses et les Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger qui sont affi liés à l’assurance-vieillesse<br />

et survivants facultative<br />

(AVS) ne doivent entreprendre<br />

aucune démarche.<br />

La Caisse suisse <strong>de</strong> compensation<br />

(CSC) à Genève les informe<br />

quelques mois avant<br />

qu’ils n’atteignent l’âge légal <strong>de</strong><br />

la retraite sur la procédure à<br />

suivre <strong>pour</strong> bénéfi cier d’une<br />

rente <strong>de</strong> vieillesse suisse.<br />

Les Suisses <strong>de</strong> l’étranger qui<br />

ne sont pas ou plus assurés à l’AVS<br />

facultative, mais qui ont jadis cotisé<br />

pendant au moins un an à<br />

l’AVS obligatoire ou facultative,<br />

ne sont pas informés automatiquement.<br />

Dans ce cas, il convient<br />

<strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r comme suit:<br />

1. En cas <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce dans un<br />

pays <strong>de</strong> l’UE* ou <strong>de</strong> l’AELE<br />

(Islan<strong>de</strong>, Liechtenstein, Norvège),<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prestation<br />

doit être déposée auprès <strong>de</strong><br />

l’organisme d’assurance sociale<br />

compétent du pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce.<br />

Les Suissesses et Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger qui n’ont jamais été<br />

affi liés à l’assurance sociale dans<br />

leur actuel pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce<br />

doivent présenter la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> prestation auprès <strong>de</strong> l’organisme<br />

d’assurance sociale compétent<br />

<strong>de</strong> leur <strong>de</strong>rnier pays <strong>de</strong><br />

rési<strong>de</strong>nce.<br />

Les Suissesses et Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger qui n’étaient affi liés<br />

qu’à l’AVS doivent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

les formulaires <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>pour</strong> une rente <strong>de</strong> vieillesse directement<br />

à la CSC à Genève.<br />

À cette occasion, ils doivent noter<br />

qu’ils n’ont jamais été assurés<br />

dans un pays <strong>de</strong> l’UE ou <strong>de</strong><br />

l’AELE.<br />

2. En cas <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce en <strong>de</strong>hors<br />

<strong>de</strong> l’UE ou <strong>de</strong> l’AELE, c’est la<br />

Caisse suisse <strong>de</strong> compensation à<br />

Genève qui est compétente. Elle<br />

remet les formulaires nécessaires.<br />

Les compatriotes qui n’ont jamais<br />

été assurés dans un pays <strong>de</strong><br />

l’UE ou <strong>de</strong> l’AELE doivent l’indiquer<br />

lors <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Actuellement, l’âge ordinaire<br />

<strong>de</strong> la retraite est fi xé à 65 ans<br />

<strong>pour</strong> les hommes. Pour les<br />

femmes, le droit à une rente <strong>de</strong><br />

vieillesse commence après 64 ans<br />

révolus. Il est opportun d’introduire<br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> relative à la<br />

rente <strong>de</strong> vieillesse suffi samment<br />

tôt, environ six mois avant d’atteindre<br />

l’âge <strong>de</strong> la retraite.<br />

Vous obtiendrez davantage <strong>de</strong><br />

renseignements auprès <strong>de</strong> la<br />

CSC à Genève:<br />

www.zas.admin.ch/cdc/cnc3/<br />

cdc.php?pagid=31&lang=fr<br />

Une fois arrivé là …<br />

La CSC à Genève calcule les<br />

prestations AVS en francs suisses.<br />

En tant que bénéfi ciaire<br />

d’une prestation, vous pouvez<br />

choisir où votre rente <strong>de</strong><br />

vieillesse doit être payée, en<br />

Suisse ou à l’étranger. La rente<br />

<strong>de</strong> vieillesse est généralement<br />

payée dans la monnaie du pays<br />

concerné. Les frais <strong>de</strong> transmission<br />

<strong>de</strong>s paiements jusqu’à l’établissement<br />

<strong>bancaire</strong> sont pris en<br />

charge par la CSC. Ni la CSC,<br />

ni les intermédiaires fi nanciers<br />

ne prélèvent <strong>de</strong> frais ou <strong>de</strong><br />

commissions sur le montant du<br />

virement.<br />

*États membres <strong>de</strong> l’UE: Belgique, Danemark,<br />

Allemagne, Estonie, Finlan<strong>de</strong>,<br />

France, Grèce, Gran<strong>de</strong>-Bretagne,<br />

Irlan<strong>de</strong>, Italie, Lettonie, Lituanie,<br />

Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Autriche,<br />

Pologne, Portugal, Suè<strong>de</strong>, Slovaquie,<br />

Slovénie, Espagne, République tchèque,<br />

Hongrie, Chypre. L’extension <strong>de</strong> la libre<br />

circulation <strong>de</strong>s personnes à la Bulgarie<br />

et la Roumanie n’est pas <strong>encore</strong> en<br />

vigueur. Le Parlement suisse se prononcera<br />

sur le protocole additionnel II<br />

correspondant au cours <strong>de</strong> l’été 2008.<br />

«La Confédération<br />

en bref 2008»<br />

La Chancellerie fédérale a<br />

publié en avril la brochure<br />

«La Confédération en bref<br />

2008» dans les quatre langues<br />

nationales ainsi qu’en anglais.<br />

Cette année, sa conception<br />

a été remaniée et mo<strong>de</strong>rnisée.<br />

Cette publication est disponible<br />

gratuitement.<br />

La brochure publiée par la<br />

Chancellerie fédérale est très<br />

appréciée. Cette année, le tirage<br />

a été légèrement augmenté<br />

et se monte désormais à<br />

243 000 exemplaires.<br />

«La Confédération en bref»<br />

compte 80 pages. En guise d’introduction,<br />

elle mentionne à<br />

chaque fois un entretien mené<br />

avec l’actuel(le) prési<strong>de</strong>nt(e)<br />

<strong>de</strong> la Confédération. Cette<br />

année, c’est le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Confédération Pascal Couchepin<br />

qui a été interviewé par<br />

Henry Habegger, le correspondant<br />

au Palais fédéral du<br />

«Blick».<br />

La brochure donne un<br />

aperçu <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la Suisse<br />

et explique son organisation<br />

politique, quels droits populaires<br />

peuvent être exercés<br />

et comment se composent le<br />

Conseil national et le Conseil<br />

<strong>de</strong>s États. Elle contient comme<br />

toujours les portraits <strong>de</strong>s parlementaires<br />

et mentionne la date<br />

<strong>de</strong> leur élection et les commis-<br />

sions dont ils font partie. La<br />

naissance d’une nouvelle loi y<br />

est également exposée <strong>de</strong> manière<br />

compréhensible. Par<br />

ailleurs, les tâches <strong>de</strong>s différentes<br />

autorités y sont décrites: le<br />

Conseil fédéral, les départements<br />

et offi ces fédéraux, les<br />

services du Parlement, la<br />

Chancellerie fédérale, le Tribunal<br />

fédéral, le Tribunal administratif<br />

fédéral et le Tribunal<br />

pénal fédéral.<br />

Les photographies <strong>de</strong> l’édition<br />

<strong>de</strong> cette année sont l’œuvre<br />

<strong>de</strong> Roland Tännler <strong>de</strong><br />

Zurich.<br />

La brochure peut être commandée<br />

gratuitement à<br />

l’adresse suivante: Offi ce<br />

fédéral <strong>de</strong>s constructions et<br />

<strong>de</strong> la logistique (OFCL),<br />

diffusion <strong>de</strong>s publications<br />

CH-3003 Berne<br />

Fax: +41 (0)31 325 50 58<br />

Internet:<br />

www.bun<strong>de</strong>spublikationen.<br />

admin.ch/fr.html<br />

«Nouvelles du Palais<br />

fédéral» – Passage<br />

du relais<br />

Madame Gabriela Brodbeck<br />

est responsable <strong>de</strong>s pages<br />

«Nouvelles du Palais fédéral»<br />

<strong>de</strong>puis l’automne 2002. Ses<br />

nombreuses contributions informatives<br />

sur <strong>de</strong>s thèmes tels<br />

que les assurances sociales, les<br />

droits politiques, les docu- documents<br />

<strong>de</strong> voyage suisses, etc.<br />

sont parus dans plus <strong>de</strong><br />

30 numéros <strong>de</strong> la «<strong>Revue</strong><br />

Suisse». Gabriela Brodbeck<br />

quittera le Département fédéral<br />

<strong>de</strong>s affaires étrangères<br />

(DFAE) cet été <strong>pour</strong> relever <strong>de</strong><br />

nouveaux défi s professionnels.<br />

À ce sta<strong>de</strong>, nous la remercions<br />

cordialement <strong>pour</strong> son engagement<br />

en faveur <strong>de</strong>s Suissesses<br />

et <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

ainsi que <strong>de</strong> la «<strong>Revue</strong> Suisse»<br />

et lui souhaitons plein succès<br />

<strong>pour</strong> l’avenir.


REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

La rubrique «Nouvelles<br />

du Palais fédéral» sera jusqu’à<br />

nouvel ordre rédigée par<br />

Madame Rahel <strong>Schweizer</strong>, qui<br />

travaille au DFAE <strong>de</strong>puis 1992<br />

et a fait ses propres expériences<br />

consulaires à Toronto,<br />

Copenhague, Luxembourg et<br />

Hong Kong. Elle travaille à<br />

Berne <strong>de</strong>puis 2004, tout<br />

d’abord dans la Section Protection<br />

consulaire et <strong>de</strong>puis décembre<br />

2006 en tant que<br />

cheffe suppléante du Service<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger.<br />

Évitons la distribution<br />

multiple!<br />

La «<strong>Revue</strong> Suisse» est distribuée<br />

gratuitement à chaque<br />

adulte inscrit auprès d’une représentation<br />

suisse à l’étranger.<br />

Les ménages composés <strong>de</strong><br />

plusieurs personnes reçoivent<br />

<strong>de</strong> ce fait une série d’exemplaires,<br />

ce qui se répercute<br />

sensiblement sur les coûts.<br />

La «<strong>Revue</strong> Suisse» informe notamment<br />

sur les événements et<br />

évolutions politiques importants<br />

<strong>de</strong> Suisse. Les pages<br />

«Nouvelles du Palais fédéral»<br />

fournissent <strong>de</strong>s précisions essentielles<br />

sur <strong>de</strong>s modifications<br />

<strong>de</strong> loi ainsi que sur les droits et<br />

obligations intéressant directement<br />

les Suissesses et Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger. Cette rubrique<br />

publie aussi les dates <strong>de</strong>s votations<br />

et élections fédérales.<br />

Depuis 2003, la «<strong>Revue</strong><br />

Suisse» est présente sur Internet<br />

et, <strong>de</strong>puis janvier 2007, la<br />

rubrique «Régions» donne également<br />

<strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong>s différentes<br />

régions en ligne:<br />

www.revue.ch<br />

Souhaitez-vous éviter<br />

la distribution multiple<br />

et nous ai<strong>de</strong>r à faire <strong>de</strong>s<br />

économies?<br />

Alors renvoyez le talon-réponse<br />

(voir ci-<strong>de</strong>ssous) dûment<br />

rempli et signé à votre ambassa<strong>de</strong><br />

ou consulat général <strong>de</strong><br />

Suisse à l’étranger. Vous pouvez<br />

également informer ces<br />

autorités <strong>de</strong> votre renoncement<br />

à l’envoi individuel par<br />

voie électronique:<br />

www.eda.admin.ch/eda/fr/<br />

home/reps.html<br />

Plus <strong>de</strong> sécurité<br />

et d’écologie dans la<br />

circulation routière<br />

suisse, arrêter les<br />

tout-terrain<br />

Le 27 février 2008, l’association<br />

politiquement neutre<br />

«<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s véhicules plus respectueux<br />

<strong>de</strong>s personnes»<br />

a lancé l’initiative populaire<br />

fédérale du même nom.<br />

L’initiative vise à modifier l’article<br />

82 <strong>de</strong> la Constitution fédérale<br />

suisse (Cst.). Cet article<br />

règle la circulation routière et<br />

ÉVITONS LA DISTRIBUTION MULTIPLE DE LA «REVUE SUISSE»<br />

J’ai accès à la «<strong>Revue</strong> Suisse» d’un membre <strong>de</strong> ma famille et renonce<br />

<strong>de</strong> ce fait à la recevoir à mon nom.<br />

Nom<br />

Prénom<br />

Date <strong>de</strong> naissance<br />

Adresse<br />

Signature<br />

<strong>de</strong>vrait désormais être complété<br />

par une lettre a.<br />

L’initiative <strong>pour</strong>suit les objectifs<br />

suivants: la Confédération<br />

est chargée d’édicter <strong>de</strong>s<br />

mesures en faveur <strong>de</strong> véhicules<br />

à moteur plus sûrs et plus écologiques.<br />

Lors <strong>de</strong> l’immatriculation<br />

<strong>de</strong>s véhicules, la sécurité<br />

<strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> la route doit à<br />

l’avenir être davantage prise en<br />

considération. En outre, il convient<br />

d’accor<strong>de</strong>r plus d’importance<br />

à l’immatriculation <strong>de</strong>s<br />

véhicules écologiques. La Confédération<br />

fixe <strong>pour</strong> cela <strong>de</strong>s<br />

valeurs limites d’émission <strong>pour</strong><br />

les véhicules à moteurs <strong>de</strong>s différentes<br />

catégories <strong>de</strong> véhicules.<br />

La Confédération doit en<br />

outre adapter régulièrement<br />

ces prescriptions et valeurs limites<br />

à l’évolution <strong>de</strong> la technique<br />

et à l’état <strong>de</strong>s connaissances.<br />

Les véhicules à moteur immatriculés<br />

avant l’entrée en vigueur<br />

du nouvel article ou immatriculés<br />

à l’étranger peuvent<br />

continuer <strong>de</strong> circuler en Suisse.<br />

Les véhicules qui présentent un<br />

danger excessif <strong>pour</strong> la sécurité<br />

Publicité<br />

routière ou qui polluent massivement<br />

l’environnement, mais<br />

qui sont indispensables à l’exercice<br />

<strong>de</strong> certaines activités sont<br />

immatriculés à titre exceptionnel<br />

(p. ex. véhicules tout-terrain<br />

dans les exploitations agricoles,<br />

artisanales et forestières).<br />

L’introduction <strong>de</strong> cette nouvelle<br />

lettre a implique aussi que<br />

l’article 197 <strong>de</strong>s dispositions<br />

transitoires <strong>de</strong> la Cst. soit complété<br />

par un nouveau chiffre 8.<br />

La nouvelle disposition transitoire<br />

doit garantir que l’initiative<br />

sera appliquée par le Parlement<br />

et contient certaines<br />

valeurs clés <strong>pour</strong> son application.<br />

Si les lois d’application du<br />

nouvel article 82 a <strong>de</strong> la Constitution<br />

ne sont pas entrées en<br />

vigueur dans un délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

ans à compter <strong>de</strong> l’acceptation<br />

par le peuple et par les cantons,<br />

le Conseil fédéral édictera<br />

à titre provisoire et par voie<br />

d’ordonnance les dispositions<br />

d’application nécessaires.<br />

Vous pouvez <strong>encore</strong> signer<br />

l’initiative jusqu’au 27 août<br />

2008.<br />

INITIATIVES POPULAIRES<br />

Depuis la <strong>de</strong>rnière édition, les initiatives populaires suivantes ont été<br />

lancées:<br />

■ «Pour <strong>de</strong>s jeux d’argent au service du bien commun», jusqu’au<br />

22 octobre 2009;<br />

■ «Pour le renforcement <strong>de</strong>s droits populaires dans la politique<br />

étrangère (accords internationaux: la parole au peuple)», jusqu’au<br />

4 septembre 2009<br />

Vous pouvez télécharger le formulaire <strong>de</strong> signature <strong>de</strong>s initiatives<br />

en cours à la page www.admin.ch/ch/f//pore/vi/vis_1_3_1_1.html<br />

RESPONSABLE DES PAGES D’INFORMATIONS OFFICIELLES DU DFAE:<br />

GABRIEL A BRODBECK, SERVICE DES SUISSES DE L’ÉTRANGER/DFAE, BUNDES-<br />

GASSE 32, CH-3003 BERNE, TÉL. +41 31 324 23 98, FAX +41 31 324 23 60<br />

WWW.EDA.ADMIN.CH/ASD, PA6-AUSL ANDCH@EDA.ADMIN.CH<br />

15


16 M O N U M E N T A R T I S T I Q U E<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photos: Panorama Bourbaki/E. Ammon<br />

Le Panorama Bourbaki brille d’un nouvel éclat<br />

La gran<strong>de</strong> peinture d’Edouard Castres au Panorama <strong>de</strong> Lucerne<br />

a passé <strong>de</strong> nombreuses années à faire tapisserie. En tout cas,<br />

l’œuvre d’art était proche <strong>de</strong> la décomposition lorsqu’elle fut<br />

enfin reconnue au titre <strong>de</strong> monument artistique d’importance<br />

nationale à la fin <strong>de</strong>s années septante et placée sous la protection<br />

cantonale et fédérale <strong>de</strong>s monuments. Après sa restauration,<br />

elle brille à nouveau <strong>de</strong> son éclat d’antan. Par Heinz Eckert<br />

Aux premières lueurs <strong>de</strong> l’aube du 1 er février<br />

1871 et le jour suivant, en tout 87 847 soldats<br />

français, dont 2467 officiers, avec 11 000 chevaux,<br />

11 150 voitures <strong>de</strong> transport, 285 canons,<br />

72 000 fusils et 64 000 baïonnettes ont traversé<br />

la frontière suisse à quatre passages du<br />

Jura. Rien que dans la petite localité <strong>de</strong>s Verrières,<br />

plus <strong>de</strong> 33 500 soldats sont entrés en<br />

Suisse et à Sainte-Croix, Jougne et Saint-<br />

Cergues dans le Jura vaudois, 54 000 hommes<br />

<strong>de</strong> plus ont traversé la frontière dans la neige<br />

et le froid.<br />

Misérablement équipée, affaiblie par la<br />

faim et le froid, l’armée française <strong>de</strong> l’Est du<br />

général Bourbaki rechercha en Suisse une<br />

protection contre ses adversaires allemands,<br />

immédiatement après la signature <strong>de</strong> la convention<br />

d’internement et peu avant la fin <strong>de</strong><br />

la guerre franco-alleman<strong>de</strong>. Les Français<br />

étaient à l’époque face à <strong>de</strong>ux alternatives:<br />

soit continuer à combattre, soit se rendre aux<br />

Allemands. Le successeur <strong>de</strong> Bourbaki, le général<br />

Clinchant, a donc cherché asile en<br />

Suisse <strong>pour</strong> ses soldats mala<strong>de</strong>s et à bout <strong>de</strong><br />

forces. C’est ainsi que le carnage absur<strong>de</strong><br />

auquel étaient exposés les soldats français<br />

prit fin en Suisse <strong>de</strong> manière anticipée. 3000<br />

soldats suisses furent mobilisés dans le Jura<br />

<strong>pour</strong> accueillir la troupe humiliée.<br />

Des Verrières, les soldats désarmés furent<br />

envoyés sans accompagnement vers Fleurier<br />

où les attendaient les troupes valaisannes. Les<br />

trains <strong>de</strong> la Croix-Rouge se chargeaient <strong>de</strong> la<br />

suite du transport <strong>de</strong>s soldats. Pendant plus<br />

<strong>de</strong> 48 heures, les interminables colonnes <strong>de</strong><br />

l’armée Bourbaki se sont répandues en Suisse.<br />

À l’exception du Tessin, les internés furent<br />

répartis dans tous les cantons. Edouard Castres<br />

était alors un célèbre peintre genevois,<br />

qui avait abandonné son atelier au début <strong>de</strong><br />

la guerre franco-alleman<strong>de</strong> <strong>pour</strong> s’engager<br />

comme bénévole à la Croix-Rouge française.<br />

Il fut ramené en Suisse avec l’armée Bourbaki<br />

et ainsi témoin <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> la guerre. Profondément<br />

marqué par les atrocités du combat,<br />

Edouard Castres se transféra à nouveau à Paris<br />

après la fin <strong>de</strong> la guerre <strong>pour</strong> y exprimer<br />

par la peinture les impressions qu’il avait emmagasinées.<br />

Peu après, il fut mandaté par une<br />

entreprise belge <strong>de</strong> panoramas <strong>pour</strong> réaliser<br />

une peinture circulaire sur la capitulation <strong>de</strong>s<br />

soldats <strong>de</strong> Bourbaki dans le Jura Suisse. Aidé<br />

par un groupe <strong>de</strong> peintres remarquables –<br />

parmi lesquels se trouvait également Ferdinand<br />

Hodler – Edouard Castres peignit finalement<br />

en 1881 le tableau circulaire <strong>de</strong> 14<br />

mètres <strong>de</strong> haut et 112 mètres <strong>de</strong> long. Le panorama<br />

fut inauguré le 24 septembre 1881 à<br />

Genève.<br />

Pendant huit années, <strong>de</strong> 1881 à 1889, le Panorama<br />

Bourbaki fut exposé à Genève. Ensuite,<br />

les visiteurs se firent plus rares et Ben-<br />

Le centre culturel du panorama.<br />

jamin Henneberg, qui avait entre-<strong>temps</strong><br />

racheté le panorama à la société belge, décida<br />

<strong>de</strong> faire découvrir la peinture circulaire à un<br />

nouveau public. Le fait que le choix se porte<br />

sur Lucerne <strong>pour</strong> la construction d’un nouveau<br />

panorama était, d’une part, lié à l’essor<br />

croissant du tourisme international dont<br />

jouissait à l’époque la métropole <strong>de</strong> l’intérieur<br />

du pays et, d’autre part, à la planification<br />

<strong>de</strong> longue date d’y construire un panorama<br />

<strong>de</strong> bataille compte tenu <strong>de</strong> la célébration<br />

<strong>de</strong>s 500 ans <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Sempach en 1885.<br />

Le site choisi fut le quartier Wey <strong>de</strong> Lucerne,<br />

non loin <strong>de</strong> la cathédrale et du lac.<br />

Le panorama lucernois resta la propriété<br />

du Genevois Henneberg jusqu’en 1925. Ensuite,<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s bâtiments fut vendu à<br />

L’entrée <strong>de</strong> l’armée Bourbaki, battue, aux Verrières: la peinture d’Édouard Castres est un monument artistique


Drame <strong>de</strong> guerre: détails <strong>de</strong> la peinture circulaire <strong>de</strong> Bourbaki.<br />

une entreprise <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> Lucerne qui,<br />

en fait, ne pensait pas maintenir l’exploitation<br />

du panorama. Au contraire: un garage<br />

automobile <strong>de</strong>vait être aménagé dans le grand<br />

bâtiment. Mais étant donné que la peinture<br />

<strong>de</strong> 1100 mètres carrés d’Edouard Castres<br />

était toujours une attraction touristique à<br />

cette époque et qu’elle générait <strong>encore</strong> <strong>de</strong>s<br />

rentrées, seul le rez-<strong>de</strong>-chaussée fut transformé.<br />

À cette occasion, l’œuvre d’Edouard<br />

Castres fut <strong>pour</strong> la première fois raccourcie<br />

dans sa partie supérieure et suspendue plus<br />

haut. En 1949, le garage fut agrandi d’un<br />

étage et l’image du panorama fut à nouveau<br />

amputée en faveur d’un stock <strong>de</strong> pièces détachées:<br />

un ciel évocateur et beaucoup <strong>de</strong> terrain<br />

furent perdus à jamais. Pour les proprié-<br />

d’importance nationale et internationale.<br />

taires du panorama, l’immeuble situé au<br />

mieux d’un point <strong>de</strong> vue commercial <strong>de</strong>vint<br />

visiblement une charge. D’une part, la propriété<br />

aurait pu être vendue plusieurs fois à<br />

<strong>de</strong>s prix élevés, <strong>de</strong> l’autre, les recettes <strong>de</strong>s entrées<br />

ne suffisaient largement plus <strong>pour</strong> permettre<br />

une rénovation nécessaire et urgente<br />

du bâtiment et <strong>de</strong> la peinture circulaire.<br />

L’œuvre d’Edouard Castres était éclairée par<br />

la lumière du jour à travers un toit <strong>de</strong> verre;<br />

comme les variations <strong>de</strong> température faisaient<br />

sans cesse éclater le verre, l’eau <strong>de</strong> pluie<br />

pénétrante avait laissé d’horribles traces et<br />

taches sur la peinture et, au fil <strong>de</strong>s décennies,<br />

la toile s’était fragilisée et trouée.<br />

En 1979 enfin, une «Association <strong>pour</strong> la<br />

sauvegar<strong>de</strong> du Panorama Bourbaki» fut fon-<br />

dée dans le but <strong>de</strong> sensibiliser le public à ce<br />

«document historique unique en son genre».<br />

Grâce à une contribution à fonds perdus <strong>de</strong><br />

la ville <strong>de</strong> Lucerne à hauteur d’un million <strong>de</strong><br />

francs et à un prêt sans intérêts d’un autre<br />

million, l’association pu acquérir l’immeuble<br />

et faire restaurer sommairement la peinture<br />

circulaire. En 1991, on supposait <strong>encore</strong> que<br />

la peinture pouvait être démontée en vue <strong>de</strong><br />

sa restauration. Son état d’alors rendit cependant<br />

l’opération impossible, un transfert était<br />

donc hors <strong>de</strong> question. Des experts nationaux<br />

et internationaux s’étaient en outre exprimés<br />

<strong>pour</strong> le maintien <strong>de</strong> la roton<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

la peinture circulaire comme un tout.<br />

Après que le projet ambitionné <strong>de</strong> reconstruction<br />

du bâtiment du panorama, qui entendait<br />

faire <strong>de</strong> l’œuvre d’Edouard Castres le<br />

centre d’un nouveau musée d’art, tomba à<br />

l’eau en 1991 par manque d’argent, une nouvelle<br />

solution se concrétisa en 1994: la bibliothèque<br />

municipale <strong>de</strong> Lucerne avec le siège<br />

central <strong>de</strong> l’association <strong>de</strong> la bibliothèque,<br />

<strong>pour</strong> laquelle on cherchait un nouvel emplacement<br />

<strong>de</strong>puis long<strong>temps</strong> déjà, <strong>de</strong>vrait trouver<br />

une nouvelle patrie dans le bâtiment<br />

complètement rénové du panorama avec la<br />

peinture panoramique, un petit musée du panorama<br />

et les locaux du «Panorama culturel»<br />

utilisés jusque-là <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s productions alternatives.<br />

Lucerne recevrait ainsi <strong>pour</strong> 20 millions<br />

<strong>de</strong> francs un nouveau centre culturel qui<br />

<strong>de</strong>vrait toutefois fonctionner <strong>de</strong> façon autonome<br />

sur le plan économique, c’est-à-dire<br />

que les dépenses courantes <strong>de</strong>vraient être financées<br />

par les rentrées locatives <strong>de</strong>s locaux<br />

du rez-<strong>de</strong>-chaussée.<br />

La population <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Lucerne vota<br />

un crédit <strong>de</strong> 14 millions <strong>de</strong> francs; <strong>de</strong>s mécènes<br />

se chargèrent <strong>de</strong>s 6 millions restants. Entre<br />

1996 et 2004, le bâtiment fut complètement<br />

rénové et la peinture circulaire<br />

restaurée. Début mars <strong>de</strong> cette année, l’esplana<strong>de</strong><br />

fut également achevée et le nouveau<br />

panorama pu être inauguré.<br />

17


18 O R G A N I S A T I O N D E S S U I S S E S D E L ’ É T R A N G E R<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photos: OSE<br />

Le Conseil <strong>de</strong>s Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger (CSE)<br />

fait entendre sa voix<br />

Le «Parlement <strong>de</strong> la Cinquième<br />

Suisse» s’est réuni<br />

<strong>pour</strong> sa séance <strong>de</strong> prin<strong>temps</strong><br />

le 12 avril à l’Hôtel <strong>de</strong> ville<br />

<strong>de</strong> Berne. Les thèmes discutés<br />

furent notamment la représentation<br />

politique <strong>de</strong>s Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger ainsi que les défis<br />

que l’OSE doit relever sous<br />

l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> son nouveau prési<strong>de</strong>nt,<br />

Jacques-Simon Eggly.<br />

Jacques-Simon Eggly, à la tête<br />

<strong>de</strong> l’OSE <strong>de</strong>puis août 2007, a<br />

expliqué l’orientation qu’il veut<br />

donner à l’organisation sous sa<br />

prési<strong>de</strong>nce. Conscient du rôle<br />

<strong>de</strong> l’OSE, il a insisté sur l’importance<br />

<strong>de</strong> sa neutralité politique.<br />

Tandis que le nombre <strong>de</strong> Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger augmente d’année<br />

en année, le DFAE subit<br />

une pression énorme <strong>pour</strong> réduire<br />

ses dépenses budgétaires.<br />

Le CSE est tout à fait conscient<br />

<strong>de</strong> cette situation, mais il est<br />

également préoccupé par la fermeture<br />

<strong>de</strong> différents consulats<br />

<strong>de</strong> carrière. L’OSE juge souhaitable<br />

qu’un consul honoraire<br />

suisse ayant l’appui du DFAE et<br />

<strong>de</strong> la communauté suisse locale<br />

soit mis en place en guise <strong>de</strong><br />

compensation à chaque fois que<br />

la fermeture d’un consulat <strong>de</strong><br />

carrière ne peut être évitée.<br />

Avenir <strong>de</strong>s écoles suisses<br />

Le financement <strong>de</strong>s écoles suisses<br />

à l’étranger a donné lieu à<br />

une prise <strong>de</strong> position ferme <strong>de</strong>s<br />

membres du CSE sous la forme<br />

d’une résolution. Le CSE estime<br />

en effet que l’existence <strong>de</strong><br />

ces écoles est menacée si les subventions<br />

fédérales que les<br />

Chambres fédérales ont approuvées<br />

en décembre <strong>de</strong>rnier<br />

sont à nouveau réduites. L’OSE<br />

proteste avec force contre cette<br />

détermination qui va à l’encontre<br />

<strong>de</strong> la volonté du Parlement,<br />

qui avait décidé un financement<br />

à hauteur <strong>de</strong> 20 millions <strong>de</strong><br />

francs.<br />

Représentation directe <strong>de</strong> la<br />

Cinquième Suisse<br />

Le CSE a discuté une motion et<br />

une initiative parlementaire qui<br />

soulèvent la question <strong>de</strong> la représentation<br />

directe <strong>de</strong> la Cinquième<br />

Suisse et qui ont été<br />

déposées au Parlement en juin<br />

2007. Le conseiller national<br />

Carlo Sommaruga (PS/GE) a<br />

expliqué son initiative parlementaire,<br />

qui prévoit la représentation<br />

directe <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger tant au Conseil national<br />

qu’au Conseil <strong>de</strong>s États.<br />

L’OSE a <strong>de</strong>mandé à être entendue<br />

par la commission chargée<br />

<strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong> l’initiative. Le<br />

point <strong>de</strong> vue du CSE sur cette<br />

question se base sur les particularismes<br />

propres à notre pays: le<br />

système <strong>de</strong> la démocratie di-<br />

Le Conseil <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger.....<br />

recte, dans lequel les citoyens<br />

sont régulièrement amenés à se<br />

prononcer par les urnes, et la<br />

structure fédéraliste, où chaque<br />

citoyen est amené à effectuer<br />

son <strong>de</strong>voir civique dans son canton,<br />

y compris <strong>pour</strong> les Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger. Le CSE a ainsi décidé<br />

d’intensifier la coopération<br />

entre le DFAE et l’OSE, <strong>de</strong><br />

consoli<strong>de</strong>r la présence et la visibilité<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger,<br />

d’encourager la participation<br />

politique individuelle <strong>de</strong>s différents<br />

expatriés et <strong>de</strong> renforcer<br />

son influence (groupe parlementaire<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

– CSE – participation <strong>de</strong>s<br />

Suisses <strong>de</strong> l’étranger aux votations).<br />

Répartition <strong>de</strong>s sièges au Conseil<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger –<br />

Nouvelle réglementation<br />

La répartition <strong>de</strong>s sièges au<br />

sein du Conseil <strong>de</strong>s Suisses<br />

.....s’est réuni à l’Hôtel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Berne.<br />

<strong>de</strong> l’étranger (CSE) a été examinée<br />

<strong>pour</strong> la <strong>de</strong>rnière fois<br />

en 1989. Depuis lors, <strong>de</strong>s<br />

retouches ponctuelles ont été<br />

apportées à plusieurs reprises.<br />

Des adaptations sont maintenant<br />

à nouveau nécessaires<br />

du fait que le Don suisse <strong>de</strong> la<br />

Fête nationale/Pro Patria et<br />

la Nouvelle Société Helvétique<br />

ont renoncé à être représentés<br />

au sein du CSE. En vue <strong>de</strong> sa<br />

nouvelle composition <strong>pour</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> qui débutera en 2009,<br />

le Conseil <strong>de</strong>vrait être réduit<br />

et le nombre <strong>de</strong> Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger renforcé. Tous les<br />

membres du Conseil <strong>de</strong>vraient<br />

à l’avenir avoir le même statut.<br />

Les pierres angulaires suivantes<br />

découlent <strong>de</strong> cette révision:<br />

■ Suppression du statut<br />

<strong>de</strong> suppléant<br />

■ Effectif total fixe <strong>de</strong><br />

140 membres<br />

■ Proportion <strong>de</strong> membres <strong>de</strong><br />

l’étranger par rapport à ceux<br />

<strong>de</strong> l’intérieur 6:1 (120 membres<br />

<strong>de</strong> l’étranger, 20 membres <strong>de</strong><br />

l’intérieur)<br />

■ Proportion Europe/outremer<br />

1:1 (60 membres d’Europe,<br />

60 membres d’outre-mer)<br />

Élection d’un nouveau<br />

membre du comité<br />

Lors <strong>de</strong> l’élection d’un nouveau<br />

membre du comité <strong>de</strong> l’OSE,<br />

le Conseil pouvait choisir entre<br />

<strong>de</strong>ux politiciens actifs: la conseillère<br />

nationale Thérèse<br />

Meyer-Kaelin (PDC) et le<br />

conseiller national Hans Kaufmann<br />

(UDC) s’étaient portés<br />

candidats. C’est Thérèse<br />

Meyer-Kaelin, prési<strong>de</strong>nte fondatrice<br />

du groupe parlementaire<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger,<br />

qui a été élue.<br />

C’est avec plaisir que nous<br />

accueillons le Swiss Club<br />

of Northern Nevada dans la<br />

gran<strong>de</strong> famille <strong>de</strong>s associations<br />

suisses <strong>de</strong> l’étranger.


SREVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photo: Keystone<br />

Congrès <strong>de</strong>s Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger 2008:<br />

du 22 au 24 août<br />

à Fribourg<br />

Quelle est l‘expérience <strong>de</strong>s<br />

Suisses <strong>de</strong> l‘étranger en matière<br />

<strong>de</strong> libre circulation <strong>de</strong>s personnes?<br />

Comment réagissentils<br />

à l‘entrée <strong>de</strong> la Suisse dans<br />

l‘espace Schengen? Comment<br />

perçoivent-ils <strong>de</strong> l‘extérieur le<br />

débat? Le 86 e Congrès <strong>de</strong>s<br />

Suisses <strong>de</strong> l‘étranger abor<strong>de</strong>ra<br />

toutes ces questions d‘actualité.<br />

Sous la bannière «Suisse sans<br />

frontières?», il se tiendra du<br />

22 au 24 août 2008 au centre<br />

<strong>de</strong> congrès Forum Fribourg.<br />

L’entrée <strong>de</strong> la Confédération helvétique<br />

dans l’espace Schengen<br />

ne laisse pas indifférente la Cinquième<br />

Suisse. Qu’adviendra-t-il<br />

du pays si ses frontières disparaissent,<br />

si plus aucun contrôle<br />

<strong>de</strong>s personnes n’y est pratiqué?<br />

Et que <strong>de</strong>viendrait la Suisse si<br />

elle s’isolait <strong>de</strong> l’Union Européenne?<br />

Les quelque 670 000<br />

Suisses résidant à l’étranger assistent,<br />

fascinés, aux développements<br />

<strong>de</strong> leur patrie. Franchir les<br />

frontières, vivre en étranger,<br />

chercher du travail quand on<br />

n’est pas du pays, autant <strong>de</strong> situations<br />

qu’ils connaissent <strong>pour</strong> en<br />

avoir fait l’expérience eux-mêmes.<br />

L’avenir <strong>de</strong> leur patrie les<br />

concerne – qu’ils vivent dans l’espace<br />

Schengen ou ailleurs dans le<br />

mon<strong>de</strong>. L’entrée en vigueur définitive<br />

<strong>de</strong> la libre circulation <strong>de</strong>s<br />

personnes est soumise au référendum<br />

facultatif. Au congrès,<br />

<strong>de</strong>s experts débattront <strong>de</strong>s coulisses<br />

<strong>de</strong> l’accord <strong>de</strong> Schengen et<br />

<strong>de</strong> la libre circulation <strong>de</strong>s personnes.<br />

De leur côté, les Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger apporteront leur<br />

expérience et analyseront en<br />

profon<strong>de</strong>ur les questions en suspens<br />

dans le cadre d’ateliers.<br />

La propre expérience du canton<br />

<strong>de</strong> Fribourg en matière <strong>de</strong><br />

flux migratoires rend <strong>encore</strong> plus<br />

Le prochain Congrès <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger aura lieu dans la magnifique ville<br />

<strong>de</strong> Fribourg.<br />

intéressant le choix du lieu. En<br />

1818, en effet, près <strong>de</strong> 300 familles<br />

s’exilèrent <strong>de</strong> Fribourg,<br />

fuyant un canton ravagé par la<br />

disette, <strong>pour</strong> fon<strong>de</strong>r au Brésil<br />

une nouvelle patrie. Dans l’État<br />

fédéral <strong>de</strong> Rio <strong>de</strong> Janeiro, ils bâtirent<br />

la ville <strong>de</strong> Nova Friburgo,<br />

qui compte aujourd’hui 180 000<br />

habitants. Une page d’histoire<br />

qui ne manquera pas d’intéresser<br />

les participants au congrès.<br />

Le programme du 86 e Congrès<br />

<strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger s’adressera<br />

aussi bien à la tête qu’au<br />

cœur et au palais:<br />

De prestigieux intervenants illustreront<br />

lors <strong>de</strong> brefs exposés<br />

suivis <strong>de</strong> débats contradictoires<br />

les opportunités et les dangers <strong>de</strong><br />

Schengen et <strong>de</strong> la libre circulation<br />

<strong>de</strong>s personnes.<br />

Dans <strong>de</strong>s ateliers, les participants<br />

au congrès expérimenteront,<br />

sur la base d’exemples pratiques,<br />

le fonctionnement du<br />

système d’information Schengen.<br />

Dans les interstices du programme,<br />

<strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> l’école<br />

suisse <strong>de</strong> Santiago du Chili et<br />

d’une école primaire <strong>de</strong> Neue-<br />

ORGANISATION DES SUISSES DE L’ÉTRANGER<br />

Nos services:<br />

■ Service juridique<br />

■ Service <strong>de</strong>s jeunes<br />

negg (BE) présenteront <strong>de</strong>s œuvres<br />

d’art sur le sujet du congrès.<br />

Durant les pauses, les participants<br />

<strong>pour</strong>ront voir une exposition<br />

<strong>de</strong> photos consacrée à Nova<br />

Friburgo.<br />

Pour <strong>de</strong>s questions d’organisation,<br />

le délai d’inscription et <strong>de</strong><br />

réception <strong>de</strong>s inscriptions s’achèvera<br />

à la fin juin. Vous trouverez<br />

le formulaire d’inscription dans<br />

les documents du congrès sur<br />

notre site Internet www.aso.ch<br />

Séminaire <strong>pour</strong> les<br />

jeunes dans le cadre<br />

du Congrès <strong>de</strong>s<br />

Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

Lors du Congrès <strong>de</strong>s Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger du 22 au 24 août,<br />

les Suisses <strong>de</strong> l’étranger s’informeront<br />

à propos <strong>de</strong> la position<br />

<strong>de</strong> la Suisse en Europe. La relation<br />

avec l’UE s’est modifiée ces<br />

<strong>de</strong>rnières années et <strong>de</strong>s sujets<br />

d’actualité passionnants<br />

s’annoncent, tels que l’extension<br />

<strong>de</strong> la libre circulation <strong>de</strong>s<br />

personnes. Y aura-t-il à l’avenir<br />

une Suisse sans frontières?<br />

■ AJAS Association <strong>pour</strong> l’encouragement <strong>de</strong> l’instruction <strong>de</strong> jeunes<br />

Suissesses et Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

■ CESE Comité <strong>pour</strong> Ecoles suisses à l’étranger<br />

■ FESE Fondation <strong>pour</strong> les enfants suisses à l’étranger<br />

Organisation <strong>de</strong>s Suisses <strong>de</strong> l’étranger, Alpenstrasse 26, CH–3006 Berne<br />

Tél. +41 31 356 61 00, Fax +41 31 356 61 01, www.aso.ch<br />

Les jeunes Suisses <strong>de</strong> l’étranger<br />

sont très souvent chez eux<br />

dans différents mon<strong>de</strong>s. Nombre<br />

d’entre eux sont nés suisses à<br />

l’étranger. Ce sont surtout les<br />

jeunes en Europe qui profitent<br />

<strong>de</strong> la libre circulation <strong>de</strong>s personnes.<br />

Ils peuvent rechercher<br />

un emploi ou se former n’importe<br />

où en Europe. Pour la<br />

jeune génération, la mobilité est<br />

une évi<strong>de</strong>nce.<br />

Grâce aux accords bilatéraux,<br />

les Suisses en Europe sont aussi<br />

mobiles que les citoyens <strong>de</strong> l’UE.<br />

Quelles sont les expériences <strong>de</strong>s<br />

jeunes Suisses <strong>de</strong> l’étranger en<br />

Europe? Quelles expériences <strong>de</strong><br />

la mobilité les jeunes Suisses <strong>de</strong><br />

l’étranger font-ils en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

l’Europe? Le Congrès <strong>de</strong>s Suisses<br />

<strong>de</strong> l’étranger permet à la jeunesse<br />

<strong>de</strong> s’exprimer.<br />

Le séminaire <strong>pour</strong> les jeunes<br />

«Suisse sans frontières?» commencera<br />

déjà le 17 août à Berne,<br />

où les participants rencontreront<br />

leurs familles d’accueil. Du lundi<br />

au jeudi, l’OSE plongera les<br />

Suisses <strong>de</strong> l’étranger dans le<br />

thème: «Suisse et Europe». Les<br />

jeunes recevront <strong>de</strong>s informations<br />

sur la politique européenne<br />

<strong>de</strong> la Suisse, participeront à <strong>de</strong>s<br />

ateliers sur la collaboration européenne<br />

et débattront avec les<br />

partisans et les adversaires d’une<br />

ouverture <strong>de</strong> la Suisse vis-à-vis<br />

<strong>de</strong> l’Europe.<br />

Un programme-cadre attrayant<br />

assurera le divertissement<br />

et la distraction. De plus,<br />

l’OSE tient à ce que les jeunes<br />

découvrent les villes <strong>de</strong> Berne et<br />

Fribourg.<br />

Pour finir, les jeunes participeront<br />

activement au Congrès <strong>de</strong>s<br />

Suisses <strong>de</strong> l’étranger à Fribourg.<br />

Le conseiller fédéral Moritz<br />

Leuenberger leur accor<strong>de</strong>ra du<br />

<strong>temps</strong> et répondra à leurs questions.<br />

Durant les <strong>de</strong>rniers jours,<br />

le groupe logera dans une<br />

auberge <strong>de</strong> jeunesse à Fribourg.<br />

Les jeunes Suisses du mon<strong>de</strong> entier<br />

sont les bienvenus à ce séminaire<br />

instructif et divertissant.<br />

19


20 E N A F R I Q U E P A R L E T R A I N<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photo: Keystone<br />

Un Tessinois relie l’Europe à l’Afrique<br />

L’Espagne et le Maroc rêvent d’un tunnel ferroviaire à travers le détroit <strong>de</strong><br />

Gibraltar. À la tête du consortium international qui a réalisé une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité<br />

à ce sujet, l’ingénieur tessinois Giovanni Lombardi. Sa conclusion:<br />

malgré la faible distance entre l’Afrique et l’Europe, le chemin jusqu’à<br />

<strong>de</strong>stination est long. Et: le chemin le plus court n’est pas toujours le meilleur.<br />

Par René Lenzin<br />

«Nous <strong>de</strong>vons accepter que nous vivons dans<br />

un mon<strong>de</strong> qui n’est que partiellement prévisible<br />

et que l’imprévisible peut toujours survenir.»<br />

Ces propos, tenus par Giovanni Lombardi<br />

lorsqu’il pu fêter en octobre 2005 le<br />

jubilé <strong>de</strong> son bureau d’ingénieurs, s’appliquent<br />

<strong>encore</strong> une secon<strong>de</strong> fois à son projet le<br />

plus récent. Ce Tessinois <strong>de</strong> 82 ans ne <strong>de</strong>ssine<br />

rien <strong>de</strong> moins que les plans d’une liaison souterraine<br />

– ou plus précisément: sous-marine<br />

– entre l’Espagne et le Maroc. Aux immenses<br />

impondérabilités <strong>de</strong> la géologie se joignent<br />

également celles <strong>de</strong> la politique. Le tunnel<br />

ferroviaire entre les <strong>de</strong>ux continents suscite<br />

certes l’enthousiasme et les rêves. Mais <strong>de</strong>s<br />

voix critiques s’élèvent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés du détroit<br />

<strong>de</strong> Gibraltar.<br />

C’est <strong>pour</strong>quoi il est tout sauf certain que<br />

<strong>de</strong>s trains circulent véritablement un jour <strong>de</strong>puis<br />

l’Afrique vers l’Europe. Mais même si le<br />

projet du tunnel <strong>de</strong>vait échouer suite à <strong>de</strong>s<br />

résistances géologiques, financières ou politiques,<br />

il est <strong>de</strong> loin le plus spectaculaire <strong>de</strong><br />

la longue vie d’ingénieur <strong>de</strong> Giovanni Lombardi.<br />

Et cela doit bien signifier quelque<br />

chose. Ce Tessinois qui parle cinq langues et<br />

a beaucoup voyagé a collaboré à <strong>de</strong> grands<br />

chantiers dans plus <strong>de</strong> 60 pays. Parmi ses<br />

constructions les plus connues: le barrage du<br />

Val Verzasca, haut <strong>de</strong> 220 mètres, et le tunnel<br />

routier à travers le Gothard, long <strong>de</strong> 17<br />

kilomètres. Il s’était vu confier ce mandat car<br />

il n’avait pas choisi le chemin le plus direct,<br />

mais le plus favorable. Son tunnel suit les entailles<br />

<strong>de</strong> la vallée dans la montagne, ce qui<br />

facilitait l’accès et nécessitait <strong>de</strong>s puits d’aération<br />

moins hauts.<br />

Le projet <strong>de</strong> Gibraltar montre aussi que le<br />

chemin le plus court n’est pas forcément le<br />

meilleur. En sa traversée la plus étroite, 14 kilomètres,<br />

le détroit est en effet profond <strong>de</strong><br />

900 mètres. Cela aurait entraîné dans le tunnel<br />

<strong>de</strong>s pentes impraticables <strong>pour</strong> le chemin<br />

<strong>de</strong> fer. C’est <strong>pour</strong>quoi G. Lombardi a choisi<br />

une route située un peu plus à l’ouest, où la<br />

profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s eaux n’est<br />

«que» <strong>de</strong> 300 mètres. Il en résulte<br />

certes que le tunnel s’allonge<br />

<strong>pour</strong> atteindre près <strong>de</strong><br />

40 kilomètres, mais les pentes<br />

sont ainsi limitées à trois <strong>pour</strong><br />

cent, ce qui est <strong>encore</strong> possible<br />

<strong>pour</strong> les trains.<br />

Plus complexe<br />

que l’Eurotunnel<br />

Le tracé du tunnel se situe<br />

tout <strong>de</strong> même à environ 475<br />

mètres sous le niveau <strong>de</strong> la<br />

mer et ce dans une zone géologique<br />

dont tout le mon<strong>de</strong><br />

sait surtout qu’elle est délicate.<br />

Ici, où les plaques européenne<br />

et africaine se frottent<br />

l’une à l’autre, la terre<br />

tremble toujours. En outre,<br />

on ne dispose que <strong>de</strong> suppositions<br />

quant à la nature <strong>de</strong>s<br />

matériaux qui constituent le<br />

fond marin. C’est <strong>pour</strong>quoi<br />

<strong>de</strong>s forages <strong>de</strong> sondage sont<br />

nécessaires, qui <strong>de</strong>vraient<br />

coûter au moins 20 à 30 millions<br />

d’euros. La pression <strong>de</strong><br />

l’eau <strong>de</strong> 500 tonnes par mètre<br />

carré oblige les ingénieurs<br />

à tracer le plan du tunnel<br />

presque 200 mètres sous le<br />

fond <strong>de</strong> la mer. Et il ne serait<br />

quand même pas garanti que le percement<br />

se déroule sans problème, selon G. Lombardi.<br />

Le franchissement aérien ou souterrain du<br />

détroit <strong>de</strong> Gibraltar est un vieux rêve. La solution<br />

du pont suspendu a <strong>pour</strong>tant fait naufrage<br />

en raison <strong>de</strong>s courants violents entre<br />

l’Atlantique et la Méditerranée, celle du tunnel<br />

routier s’est heurtée au problème <strong>de</strong> l’aération.<br />

Il <strong>de</strong>vrait donc maintenant s’agir d’un<br />

tunnel ferroviaire à <strong>de</strong>ux tubes avec <strong>de</strong>s ga-<br />

L’ingénieur tessinois Giovanni Lombardi <strong>de</strong>ssine les plans d’un tunnel<br />

leries <strong>de</strong> sécurité, très vraisemblablement<br />

comparable à l’Eurotunnel, long <strong>de</strong> 50 kilomètres,<br />

qui relie la France et l’Angleterre.<br />

Toutefois, la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> la Manche<br />

n’est que <strong>de</strong> 50 à 60 mètres et, grâce à<br />

une géologie plus favorable, le tunnel a pu<br />

être construit entre 45 et 75 mètres sous le<br />

fond marin. En comparaison <strong>de</strong>s galeries <strong>de</strong><br />

Gibraltar, dit par conséquent Giovanni<br />

Lombardi, «l’Eurotunnel a été un jeu d’enfant».


Commerce florissant ou mauvais<br />

investissement?<br />

Giovanni Lombardi présentera son projet<br />

en juillet ou en août <strong>de</strong> cette année et proposera<br />

<strong>de</strong>s forages <strong>de</strong> sondage. L’Espagne<br />

et le Maroc <strong>de</strong>vront ensuite se prononcer<br />

sur la réalisation et le financement. Les premières<br />

décisions <strong>pour</strong>raient tomber en octobre,<br />

espère-t-on au bureau Lombardi.<br />

L’ingénieur ne se risque à aucune prévision<br />

sous le fond marin entre l’Espagne et le Maroc.<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / N o 3<br />

précise quant au prix du tunnel. Peut-être<br />

huit milliards d’euros, peut-être dix, peutêtre<br />

même plus, dit-il seulement. Sans<br />

fonds <strong>de</strong> tiers – par exemple <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne – ces sommes ne seraient guère<br />

faciles à trouver.<br />

Si elles en valent vraiment la peine? La<br />

controverse va bon train. Les partisans prédisent<br />

un épanouissement du commerce.<br />

Les conteneurs <strong>de</strong> fret qui arrivent dans le<br />

port naissant <strong>de</strong> Tanger <strong>pour</strong>raient gagner<br />

plus rapi<strong>de</strong>ment l’Europe grâce à la nouvelle<br />

liaison ferroviaire. Le Maroc espère en outre<br />

<strong>de</strong> nouveaux flux touristiques. C’est précisément<br />

ce que craignent les sceptiques en<br />

Espagne: les touristes ne resteraient plus sur<br />

la péninsule ibérique, mais <strong>pour</strong>raient continuer<br />

leur route directement vers l’Afrique<br />

du Nord, objectent-ils. Au Maroc, on critique<br />

le fait que l’argent consacré au tunnel<br />

manquerait <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s projets qui seraient<br />

bien plus importants <strong>pour</strong> le développement<br />

du pays. En outre, il n’est pas certain<br />

que les investissements en vaillent la peine.<br />

L’Eurotunnel construit sans ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’État a<br />

coûté 15 milliards. Certes, l’exploitation est<br />

entre-<strong>temps</strong> <strong>de</strong>venue rentable, mais la société<br />

exploitante croule toujours sous une<br />

montagne <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> neuf milliards<br />

d’euros.<br />

Si toutes les résistances étaient surmontées<br />

et les questions éclaircies, les machines<br />

<strong>de</strong> construction <strong>pour</strong>raient commencer à<br />

travailler vers 2015, estime G. Lombardi. Il<br />

évalue la durée du chantier entre 15 et 20 ans.<br />

Toutefois, il s’agit là d’hypothèses optimistes.<br />

Il se <strong>pour</strong>rait aussi que les premiers trains<br />

n’effectuent le trajet <strong>de</strong> 30 minutes entre les<br />

<strong>de</strong>ux continents qu’en 2050. En tout cas,<br />

Giovanni Lombardi ne s’attend pas à vivre<br />

<strong>encore</strong> l’inauguration <strong>de</strong> son projet spectaculaire.<br />

TESSINOIS ET SUISSE<br />

DE L’ÉTRANGER<br />

Né fin mai 1926 à Lugano, Giovanni<br />

Lombardi a grandi en France, où son<br />

père avait émigré. Il a fait une partie<br />

<strong>de</strong> ses classes primaires à Lugano.<br />

Plus tard, il a fréquenté le «Institut<br />

auf <strong>de</strong>m Rosenberg» <strong>de</strong> St-Gall et<br />

a passé les examens <strong>de</strong> maturité<br />

fédérale à Bâle – avec la meilleure<br />

moyenne <strong>de</strong> notes du pays. Il a en-<br />

suite étudié l’ingénierie <strong>de</strong> la cons-<br />

truction à l’École polytechnique fédé-<br />

rale <strong>de</strong> Zurich. Il fonda son propre<br />

bureau d’ingénieurs en 1955.<br />

Aujourd’hui, l’entreprise occupe<br />

environ 100 employés à son siège<br />

<strong>de</strong> Minusio ainsi que dans plusieurs<br />

filiales. Giovanni Lombardi a d’abord<br />

construit surtout <strong>de</strong>s barrages, il s’est<br />

ensuite spécialisé dans la construc-<br />

tion <strong>de</strong> tunnels. Au cours <strong>de</strong>s vingt<br />

<strong>de</strong>rnières années, il a en premier lieu<br />

exercé en tant qu’expert et conseiller,<br />

notamment aussi <strong>pour</strong> la Banque<br />

mondiale. Giovanni Lombardi, qui ré-<br />

si<strong>de</strong> à Monaco, se qualifie <strong>de</strong> Tessinois<br />

et <strong>de</strong> citoyen du mon<strong>de</strong>. Il est marié<br />

et a trois enfants adultes. Son fils<br />

Filippo représente le canton du Tessin<br />

au Conseil <strong>de</strong>s États <strong>de</strong>puis 1999. RL<br />

21


22 P O R T R A I T<br />

REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photo: Keystone<br />

Vertige <strong>de</strong> l’extrême Sud. Suisse-pôle Sud, 27 000 km à vélo, à<br />

pied et à skis. C’est l’exploit qu’a réalisé la sportive <strong>de</strong> l’extrême<br />

Evelyne Binsack. Elle a atteint le pôle Sud le 28 décembre 2007.<br />

Une épopée <strong>de</strong> 454 jours <strong>pour</strong> la première Suissesse à avoir<br />

réussi l’ascension <strong>de</strong> l’Everest. Carnet <strong>de</strong> voyage. Par Alain Wey<br />

«Celui qui prend <strong>de</strong>s risques s’expose à la<br />

défaite, celui qui n’en prend pas a déjà<br />

perdu.» Evelyne Binsack a fait <strong>de</strong> cette<br />

maxime une philosophie <strong>de</strong> vie. Alpiniste<br />

chevronnée et pilote d’hélicoptère, la Bernoise<br />

<strong>de</strong> 40 ans a réussi l’exploit <strong>de</strong> rallier<br />

la Suisse au pôle Sud par la force <strong>de</strong> ses<br />

muscles et <strong>de</strong> sa volonté. Traversant seize<br />

pays, elle a parcouru 25 000 km à vélo et<br />

1200 km à skis (soit la distance entre Berne<br />

et Barcelone). Elle a aussi surmonté au total<br />

un dénivelé positif <strong>de</strong> 120 kilomètres et<br />

a effectué 2,5 millions <strong>de</strong> pas <strong>pour</strong> atteindre<br />

le pôle Sud.<br />

Evelyne Binsack n’en est pas à son premier<br />

coup d’éclat. Elle a déjà escaladé la<br />

plupart <strong>de</strong>s 4000 mètres d’Europe et s’était<br />

fait connaître du grand public en 1999 en<br />

prenant part à l’ascension <strong>de</strong> la face nord<br />

<strong>de</strong> l’Eiger retransmise en direct à la télévision.<br />

De plus, en 2001, elle a été la première<br />

Suissesse à atteindre le sommet <strong>de</strong> l’Everest.<br />

Avant <strong>de</strong> débuter son «Expédition Antarctica»,<br />

la gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> montagne s’est préparée<br />

pendant trois ans en faisant notamment<br />

<strong>de</strong>ux séjours en Arctique <strong>pour</strong> s’acclimater<br />

aux températures extrêmes pouvant aller<br />

jusqu’à moins 40°C. Evelyne Binsack a en<br />

outre mis son voyage au service d’une collecte<br />

<strong>de</strong> fonds en faveur <strong>de</strong> SOS village<br />

d’enfants afin <strong>de</strong> construire une maison familiale<br />

<strong>pour</strong> les orphelins à Leon au Nicaragua.<br />

Le 1 er septembre 2006, elle part à<br />

vélo <strong>de</strong> Innertkirchen (BE) <strong>pour</strong> seize mois<br />

<strong>de</strong> voyage.<br />

De l’Europe à l’Amérique<br />

Après avoir atteint Grenoble en France,<br />

Evelyne Binsack profite d’un réajustement<br />

<strong>de</strong> son matériel <strong>pour</strong> gravir le Mont Blanc<br />

(4810 mètres) avant <strong>de</strong> reprendre la route.<br />

Sous un ciel qui allait bientôt causer bien<br />

<strong>de</strong>s inondations, elle rallie l’Espagne et<br />

Saint-Jacques <strong>de</strong> Compostelle. Elle arrive<br />

à Porto le 19 octobre. Les dramatiques intempéries<br />

l’obligent cependant à mettre un<br />

terme à la partie européenne <strong>de</strong> son périple<br />

et <strong>de</strong> le <strong>pour</strong>suivre au même <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

FEMME D’ACTION<br />

■ Carte d’i<strong>de</strong>ntité: née le 17 mai 1967,<br />

Evelyne Binsack a grandi à Hergiswil (NW)<br />

et habite aujourd’hui à Innertkirchen (BE).<br />

■ Métiers: professeur <strong>de</strong> ski, gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

montagne dès 1991, pilote d’hélicoptère<br />

<strong>de</strong>puis 1999.<br />

■ Grimpeuse <strong>de</strong> l’extrême: à côté <strong>de</strong> l’ascension<br />

<strong>de</strong>s plus hauts sommets du mon<strong>de</strong>,<br />

Evelyne Binsack est aussi une grimpeuse<br />

sportive. En 1996, elle a escaladé le plus haut<br />

gratte-ciel d’Europe à l’époque, la Messeturm<br />

à Francfort qui culmine à 257 mètres <strong>de</strong> haut.<br />

■ Livre: «Antarctica, aus eigener Kraft von<br />

Innertkirchen zum Südpol», illustré par<br />

Markus Mae<strong>de</strong>r, automne 2008.<br />

www.binsack.ch<br />

www.binsack-antarctica.com<br />

www.sos-childrensvillages.org<br />

latitu<strong>de</strong> en Amérique du Nord. Elle atterrit<br />

à Salt Lake City à la fin du mois d’octobre.<br />

La météo lui est enfin favorable et elle<br />

traverse les gran<strong>de</strong>s étendues du pays <strong>de</strong><br />

l’Oncle Sam en évitant délibérément les<br />

gran<strong>de</strong>s villes. Après le Texas et le Grand<br />

Canyon, elle atteint Los Angeles au mois<br />

<strong>de</strong> décembre.<br />

En janvier 2007, Evelyne Binsack quitte<br />

la Californie <strong>pour</strong> l’Amérique centrale. «Au<br />

Mexique, j’ai souffert du machisme qui se<br />

manifeste <strong>de</strong> façon offensive et représente<br />

un danger permanent. Une femme blon<strong>de</strong><br />

voyageant seule sur un vélo est extrêmement<br />

exposée dans les pays difficiles d’Amérique<br />

latine.» L’aventurière réussit cependant<br />

à éviter les embûches avec un<br />

sang-froid à toute épreuve. «J’ai appris à me<br />

déplacer avec pru<strong>de</strong>nce. La plupart du<br />

<strong>temps</strong>, j’ai planté ma tente à la tombée <strong>de</strong><br />

la nuit et je n’ai pas allumé <strong>de</strong> lampe <strong>de</strong> poche<br />

dans l’obscurité, <strong>pour</strong> ne pas attirer l’attention<br />

sur moi. J’ai dû apprendre à laisser<br />

ma politesse typiquement suisse sur une<br />

voie <strong>de</strong> garage. Ici, seule la détermination<br />

conduit au but.»<br />

Elle traverse le Guatemala, le Salvador,<br />

le Honduras et le Nicaragua où elle visite<br />

le village d’enfants SOS <strong>de</strong> Leon <strong>pour</strong> qui<br />

elle récolte <strong>de</strong>s fonds. Viennent ensuite le<br />

Costa Rica, le Panama, l’Equateur, le Pérou…<br />

Evelyne Binsack ne s’aventure par<br />

contre pas en Colombie, trop risquée.<br />

«L’Amérique du Sud est superbe et extrêmement<br />

variée, mais la traversée du Pérou<br />

était aussi très difficile à cause <strong>de</strong>s nombreux<br />

dangers qui viennent <strong>de</strong> la population:<br />

c’est principalement le règne <strong>de</strong> l’autodéfense.»<br />

Au fil <strong>de</strong> son périple, elle escala<strong>de</strong><br />

quelques-uns <strong>de</strong>s plus hauts sommets<br />

d’Amérique latine: huit 5000 mètres et trois<br />

6000 mètres. Après avoir passé la Bolivie,<br />

elle roule pendant tout le mois <strong>de</strong> juin à travers<br />

le désert d’Atacama au Chili, réputé<br />

<strong>pour</strong> être le plus ari<strong>de</strong> du mon<strong>de</strong>. Elle traverse<br />

<strong>encore</strong> l’Argentine puis rallie le Chili<br />

où elle arrive à Punta Arenas le 16 septembre.<br />

Elle y prend l’avion <strong>pour</strong> l’Antarctique.<br />

Extrême Sud<br />

En novembre 2007 débute l’ultime défi du<br />

voyage: atteindre le pôle Sud à pied et à<br />

skis. Avant la <strong>de</strong>rnière étape, Evelyne Binsack<br />

a pris 10 kilos, elle en perd douze dans<br />

l’Antarctique. Elle est accompagnée d’une<br />

équipe multinationale composée du Canadien<br />

Devon McDiarmid, du Libanais Max<br />

Chaya, du Norvégien Hans Foss et du Britannique<br />

Adrian Hayes. Au soir du 23 décembre,<br />

Evelyne Binsack écrit dans son<br />

carnet <strong>de</strong> voyage: «C’est comme si mon esprit<br />

quittait mon corps et qu’une autre<br />

force s’en emparait…» C’est physiquement<br />

affaiblie et au bord du doute qu’elle passe<br />

les <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> l’expédition. «Chaque<br />

jour était un nouveau combat», raconte-telle.<br />

Le 28 décembre, après 47 jours, le pôle<br />

Sud est enfin atteint. L’équipe ne peut retenir<br />

ses larmes. Les alpinistes ont coutume<br />

<strong>de</strong> dire que la Terre a trois pôles: nord, sud<br />

et le toit du mon<strong>de</strong> avec l’Everest. Evelyne<br />

Binsack a maintenant bouclé son <strong>de</strong>uxième<br />

pôle et n’en restera certainement pas là… A<br />

quand le pôle Nord?


REVUE SUISSE Juin 2008 / No 3<br />

Photos: Keystone<br />

É C H O<br />

■ Après la perte record enregistrée<br />

l’année <strong>de</strong>rnière, CFF Cargo<br />

biffent 400 emplois dans les<br />

sites <strong>de</strong> Bellinzone, Bâle et<br />

Fribourg. Les collaborateurs, les<br />

syndicats et les autorités protestent<br />

contre la suppression d’un<br />

dixième <strong>de</strong>s effectifs.<br />

■ Le conseiller fédéral Hans-<br />

Rudolf Merz veut abandonner<br />

la réforme en faveur <strong>de</strong> l’imposition<br />

séparée <strong>de</strong>s époux. Au<br />

lieu <strong>de</strong> cela, <strong>de</strong>s améliorations<br />

doivent être visées <strong>pour</strong> les parents<br />

non mariés et les personnes<br />

élevant seules leurs enfants.<br />

■ Le groupe Internet Yahoo<br />

déplace son siège européen <strong>de</strong><br />

Londres en Suisse. Plusieurs<br />

centaines d’emplois <strong>de</strong>vraient<br />

être créés dans la localité vaudoise<br />

<strong>de</strong> Rolle. Le concurrent<br />

<strong>de</strong> Yahoo, Google, ouvre un<br />

centre <strong>de</strong> développement qui<br />

compte 350 collaborateurs à<br />

Zurich.<br />

■ Le Conseil national approuve<br />

le relèvement <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> la<br />

retraite <strong>pour</strong> les femmes <strong>de</strong><br />

64 à 65 ans. La subvention <strong>de</strong> la<br />

retraite anticipée <strong>pour</strong> les personnes<br />

avec <strong>de</strong>s revenus inférieurs<br />

est quant à elle rejetée.<br />

La gauche menace <strong>de</strong> lancer<br />

un référendum contre la<br />

11 e révision <strong>de</strong> l’AVS.<br />

■ Lors <strong>de</strong>s élections cantonales<br />

<strong>de</strong> Schwyz et St-<br />

Gall, l’UDC a remplacé<br />

le PDC comme parti le<br />

plus fort. L’Union démocratique<br />

du Centre<br />

<strong>pour</strong>suit ainsi son triomphe<br />

aux élections cantonales.<br />

■ La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pâques<br />

<strong>de</strong> cette année fut la plus froi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>puis presque trente ans. Les<br />

fortes et incessantes chutes <strong>de</strong><br />

neige ont provoqué <strong>de</strong> nombreux<br />

acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la route pendant<br />

les jours fériés.<br />

■ Après une tentative <strong>de</strong><br />

reprise <strong>de</strong> presque un an sur<br />

le plus grand groupe <strong>de</strong><br />

construction suisse Implenia,<br />

le hedge fund britannique<br />

«Dans le cas d’un non à la libre circulation <strong>de</strong>s personnes, le risque serait<br />

immense que l’UE résilie les accords bilatéraux avec la Suisse. Nous<br />

serions alors contraints d’adhérer à l’UE.» DORIS LEUTHARD,<br />

CONSEILLÈRE FÉDÉRALE ET CHEFFE DU DÉPARTEMENT FÉDÉRAL DE L’ÉCONOMIE<br />

«L’élection au Conseil fédéral était inattendue. Je ne l’ai pas obtenue<br />

pare ruse ni n’ai menti à personne. Les reproches <strong>de</strong> l’UDC Suisse sont<br />

inconsistants.» EVELINE WIDMER-SCHLUMPF, CONSEILLÈRE FÉDÉRALE<br />

ET CHEFFE DU DÉPARTEMENT FÉDÉRAL DE JUSTICE ET POLICE<br />

«Nous sommes prêts <strong>pour</strong> le Conseil fédéral. Nous y entrerons lorsque<br />

les autres seront disposés à nous accueillir. Nous y prendrons place.»<br />

Laxey se retire, mais reste<br />

<strong>encore</strong> <strong>de</strong> loin l’actionnaire<br />

principal.<br />

■ L’UDC Suisse veut forcer<br />

Eveline Widmer-Schlumpf à se<br />

retirer du Conseil fédéral et du<br />

parti. Mais l’UDC <strong>de</strong>s Grisons<br />

soutient sa conseillère fédérale.<br />

100 000 personnes ont manifesté<br />

leur solidarité avec la conseillère<br />

sur la Place fédérale <strong>de</strong> Berne.<br />

■ Marcel Ospel se retire <strong>de</strong> son<br />

poste <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nt du conseil<br />

d’administration <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

UELI LEUENBERGER, CONSEILLER NATIONAL GENEVOIS<br />

ET PRÉSIDENT DU PARTI ÉCOLOGISTE SUISSE<br />

«En quelques années, les effectifs <strong>de</strong> l’armée sont passés <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 600 000<br />

à seulement 200 000. Je crains que, malheureusement, la fin du système<br />

<strong>de</strong> milice se profile à long terme.» MICHELE MOOR, PRÉSIDENT SORTANT<br />

DE L A SOCIÉTÉ SUISSE DES OFFICIERS<br />

«Le gar<strong>de</strong> suisse avec sa hallebar<strong>de</strong> preste un service d’honneur et non<br />

<strong>de</strong> sécurité. La Gar<strong>de</strong> est équipée d’armes <strong>de</strong> tir mo<strong>de</strong>rnes.»<br />

ELMAR MÄDER, COMMANDANT SORTANT<br />

DE L A GARDE SUISSE PONTIFIC ALE À ROME<br />

«Le port du voile comme signe d’appartenance religieuse est protégé par la<br />

liberté <strong>de</strong> conscience et <strong>de</strong> croyance dans la Constitution fédérale.»<br />

LE TRIBUNAL FÉDÉRAL SUISSE, À PROPOS DE L A DÉCISION D’UNE COMMUNE<br />

ARGOVIENNE DE REFUSER UN PASSEPORT SUISSE À UNE MUSULMANE<br />

«La technologie génétique a été développée en Suisse. Elle aurait pu bénéficier<br />

d’importants appuis économiques. Aujourd’hui, cette technologie<br />

est aux mains <strong>de</strong>s Américains et <strong>de</strong>s Chinois.» PETER BRABECK,<br />

PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET CHEF DU GROUPE NESTLÉ<br />

«L’énergie renouvelable est une chance fantastique <strong>pour</strong> la Suisse, avec un<br />

grand potentiel <strong>pour</strong> l’économie. Pourquoi donc ne pas se fixer un objectif<br />

ambitieux?» BERTRAND PICC ARD, QUI AVEC SON PROJET SOL AR IMPUL SE,<br />

VEUT FAIRE LE TOUR DE L A TERRE UNIQUEMENT GRÂCE À L’ÉNERGIE SOL AIRE<br />

banque UBS. Il a ainsi réagi à<br />

une nouvelle dépréciation <strong>de</strong><br />

19 milliards <strong>de</strong> francs suite à la<br />

crise <strong>de</strong>s crédits hypothécaires<br />

aux USA.<br />

■ Le Conseil fédéral<br />

veut limiter l’exportation<br />

d’avions d’entraînement<br />

militaire. Les<br />

exportations dans les régions<br />

en proie à un conflit<br />

ne <strong>de</strong>vraient plus<br />

être autorisées. Au<br />

Tchad, un avion Pilatus<br />

suisse avait été équipé<br />

<strong>pour</strong> le combat armé.<br />

■ Un tribunal <strong>de</strong> la jeunesse zurichois<br />

condamne <strong>de</strong>ux jeunes<br />

hommes <strong>pour</strong> le viol d’une adolescente<br />

<strong>de</strong> 13 ans. Le coupable,<br />

âgé <strong>de</strong> 19 ans, est contraint à<br />

trois ans et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> prison, celui<br />

<strong>de</strong> 17 ans séjournera dans un<br />

foyer d’éducation.<br />

■ Le FC Bâle s’est imposé par 2<br />

à 0 face aux Young Boys bernois<br />

<strong>de</strong>vant 38 000 spectateurs<br />

massés au sta<strong>de</strong> St-Jacques <strong>de</strong><br />

Bâle et <strong>de</strong>vient donc champion<br />

suisse <strong>de</strong> football <strong>pour</strong> la<br />

12 e fois. Les Bâlois se sont ainsi<br />

qualifiés <strong>pour</strong> la Ligue <strong>de</strong>s<br />

Champions européenne.<br />

■ Le Landsgemein<strong>de</strong> <strong>de</strong> Glaris<br />

a élu Landammann la radicale<br />

Marianne Dürst. Le Landammann<br />

sortant, Röbi Marti<br />

<strong>de</strong> l’UDC, remet <strong>pour</strong> la première<br />

fois l’épée à une femme.<br />

■ L’UDC bernoise se positionne<br />

contre une exclusion <strong>de</strong> la<br />

section cantonale <strong>de</strong>s Grisons<br />

<strong>de</strong> l’UDC Suisse. Celle-ci a<br />

exigé l’exclusion, car les Grisons<br />

soutiennent toujours la conseillère<br />

fédérale Widmer-<br />

Schlumpf.<br />

■ La chancelière fédérale alleman<strong>de</strong><br />

Angela Merkel est reçue<br />

par le Conseil fédéral. Le thème<br />

principal est l’affaire relative au<br />

bruit <strong>de</strong>s avions entre les <strong>de</strong>ux<br />

pays. De nouvelles analyses doivent<br />

permettre <strong>de</strong> mesurer les<br />

nuisances sonores dans la région<br />

frontalière.<br />

■ Le mandat <strong>de</strong> Jean Ziegler<br />

comme rapporteur spécial <strong>de</strong><br />

l’ONU <strong>pour</strong> le droit à l’alimentation<br />

s’est terminé fin avril.<br />

Au moment <strong>de</strong> son départ,<br />

J. Ziegler exige davantage d’ai<strong>de</strong><br />

<strong>pour</strong> la Palestine et plus<br />

d’argent <strong>pour</strong> le programme<br />

alimentaire mondial.<br />

■ Des boyaux <strong>de</strong> bœufs du<br />

Paraguay <strong>de</strong>vraient permettre<br />

<strong>de</strong> surmonter les difficultés<br />

<strong>de</strong> production du cervelas.<br />

À partir <strong>de</strong> l’année prochaine,<br />

<strong>de</strong>s boyaux en provenance<br />

du Brésil <strong>de</strong>vraient à nouveau<br />

être utilisés, selon l’Union<br />

professionnelle suisse <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong>. R.R.<br />

23

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