03.07.2013 Views

Un envers amoureux : la revanche des amants transis dans la ...

Un envers amoureux : la revanche des amants transis dans la ...

Un envers amoureux : la revanche des amants transis dans la ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Un</strong> <strong>envers</strong> <strong>amoureux</strong> :<br />

<strong>la</strong> <strong>revanche</strong> <strong>des</strong> <strong>amants</strong> <strong>transis</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie satirique<br />

Mireille Beausoleil<br />

<strong>Un</strong>iversité de Montréal<br />

La littérature de <strong>la</strong> Renaissance accuse plusieurs transferts, comme en attestent les<br />

procédés littéraires privilégiés par ses auteurs – <strong>la</strong> parodie, le pastiche ou <strong>la</strong> fantaisie verbale – et<br />

l’intense activité de traduction. Si elle est encouragée par les érudits humanistes parce qu’elle<br />

diffuse <strong>la</strong> connaissance, elle est dénigrée par les poètes qui l’associent à une trahison (selon le<br />

proverbe italien, traduttore tradittore). Or, ce<strong>la</strong> n’empêche pas Du Bel<strong>la</strong>y de trans<strong>la</strong>ter en <strong>la</strong>ngue<br />

françoise les pétrarquistes italiens. Obéissant au même dép<strong>la</strong>cement, c’est-à-dire à l’adaptation,<br />

l’imitation préside à <strong>la</strong> création littéraire. Il ne s’agit pas d’une réécriture servile qui ne vise qu’à<br />

reproduire fidèlement un modèle, mais d’une re-création par <strong>la</strong>quelle le poète tente de dépasser<br />

celui qui l’a inspiré. Les auteurs gréco-<strong>la</strong>tins et les poètes italiens ont ainsi eu une incidence<br />

certaine sur les auteurs français (l’œuvre poétique à <strong>la</strong> Renaissance est, en quelque sorte, le reflet<br />

<strong>des</strong> lectures de son scripteur) et ce<strong>la</strong> donne lieu à d’intéressants transferts. À cet égard, le cas de<br />

<strong>la</strong> satire – qui est à l’origine un genre <strong>la</strong>tin 1 – est éloquent. Des transferts générique et topique<br />

sont ainsi créés. D’une part, <strong>la</strong> satire française adapte <strong>la</strong> satura <strong>la</strong>tine (dont les parangons sont<br />

Horace, Juvénal et Perse) à travers le prisme de <strong>la</strong> satira italienne (Berni, L’Arioste et L’Arétin).<br />

D’autre part, les satiristes s’inspirent <strong>des</strong> modèles féminins instaurés par ces littératures. C’est<br />

ainsi que <strong>la</strong> femme hypocrite, qui se tapit sous les traits de <strong>la</strong> matrone romaine chez Juvénal, revêt<br />

le masque de <strong>la</strong> bigote chez les satiristes français.<br />

Les dép<strong>la</strong>cements mentionnés ici sont essentiellement observés en diachronie. Il apparaît<br />

au XVI e siècle, <strong>dans</strong> un espace de temps plus restreint, <strong>des</strong> transferts poétiques, de nature


parodique, qui se manifestent d’une forme à une autre. Et c’est, plus précisément, <strong>la</strong> poésie<br />

amoureuse qui en est le point d’ancrage. Lieu par excellence de l’expression lyrique, <strong>la</strong> poésie<br />

amoureuse est régie par un code rhétorique strict et nourrie par une topique pétrarquiste (sujette à<br />

plusieurs déformations, comme nous le verrons). L’amour y est forcément tyrannique ; <strong>la</strong> dame<br />

cruelle est indifférente à <strong>la</strong> passion de l’amant transi qui poétise, en de multiples litanies, le feu<br />

qui le consume : « Amour me tue, et si je ne veux dire / Le p<strong>la</strong>isant mal que ce m’est de mourir » 2<br />

écrit Ronsard. Mais, cette soumission ne saurait durer. Las d’être un Tantale ou un Ixion, l’amant-<br />

poète troque sa plume amoureuse pour une pique venimeuse. Il dévoile alors ses personae :<br />

<strong>amoureux</strong> lorsqu’il supplie sa dame et vengeur lorsqu’il accuse l’amour et ses leurres. Vers 1550,<br />

cette poésie accueille son contraire : <strong>la</strong> poésie antérotique. Des contr’amours apparaissent,<br />

prenant le contre-pied <strong>des</strong> thèmes <strong>amoureux</strong>. Au début du XVII e siècle, les poètes satiriques iront<br />

encore plus loin que leurs aïeux littéraires, en portant <strong>la</strong> femme aimée aux gémonies et en<br />

explorant les dédales de l’érotisme obscène. Il s’agit ici de réfléchir à ces r<strong>envers</strong>ements<br />

thématiques.<br />

Nous examinerons donc deux types de dép<strong>la</strong>cements : celui de <strong>la</strong> poésie amoureuse qui<br />

tend à basculer vers son antithèse et celui de <strong>la</strong> satire, qui prend le contre-pied du modèle<br />

<strong>amoureux</strong>. Nous tâcherons de dégager l’aspect ludique de ces poésies antérotiques qui se p<strong>la</strong>isent<br />

à corrompre l’idéal <strong>amoureux</strong>. Quelques exemples significatifs – dont Clément Marot, Étienne<br />

Jodelle et Jean Auvray – viendront étayer les divers transferts d’une poésie à l’autre. Nous<br />

verrons enfin que les poésies amoureuse et satirique offrent une représentation déformée, voire<br />

fantasmatique de l’objet féminin. Ne sont-elles pas, en ce sens, deux parodies ? Il importe, tout<br />

d’abord, d’examiner les deux dép<strong>la</strong>cements métaphoriques de <strong>la</strong> poésie amoureuse : <strong>la</strong> <strong>la</strong>ideur <strong>des</strong><br />

contr’amours et <strong>la</strong> sensualité <strong>des</strong> anti-pétrarquistes.<br />

2


1. Le Contr’Amour : le dép<strong>la</strong>cement métaphorique de <strong>la</strong> poésie amoureuse<br />

À <strong>la</strong> Renaissance, le discours <strong>amoureux</strong> suit un itinéraire précis <strong>dans</strong> les recueils<br />

poétiques, al<strong>la</strong>nt du coup de foudre de l’amant à son désamour, en passant par le doute et <strong>la</strong><br />

souffrance. Les oscil<strong>la</strong>tions de l’âme – entre le doux et l’amer – infléchissent <strong>la</strong> trajectoire de<br />

l’œuvre amoureuse au point que le chant se transforme en reproches. C’est ainsi qu’un poète<br />

comme Maurice Scève – qui a consacré plus de quatre cents dizains à Délie – finit par<br />

proc<strong>la</strong>mer :<br />

Doncques après mille travaux et mille,<br />

Rire, pleurer et ardoir 3 et geler,<br />

Après désir et espoir inutile,<br />

Être content, et puis se quereller,<br />

Pleurs, p<strong>la</strong>ints, sanglots, soupirs entremêler,<br />

Je n’aurai eu que mort et vitupère ! 4<br />

Si l’échec engendre <strong>la</strong> déception, il fait basculer, chez d’autres poètes, <strong>la</strong> louange vers le<br />

blâme. En ce sens, le b<strong>la</strong>son poétique 5 (un poème en décasyl<strong>la</strong>bes) est <strong>la</strong> forme où ce<br />

r<strong>envers</strong>ement métaphorique se pose avec le plus d’acuité. Dans son Art poétique français, Sébillet<br />

montre que le b<strong>la</strong>son est un genre double, comme le genre épidictique lui-même : « le B<strong>la</strong>son est<br />

une perpétuelle louange ou continu vitupère de ce qu’on s’est proposé de b<strong>la</strong>sonner » 6 .<br />

Clément Marot re<strong>la</strong>nce <strong>la</strong> mode du b<strong>la</strong>son en France <strong>dans</strong> les années 1530. Il décrit le jeu<br />

littéraire en ces termes : « Or chers amys, par maniere de rire / Il m’est venu volunté de <strong>des</strong>crire /<br />

A contrepoil un tetin que j’envoye / Vers vous, affin que vous suyviez cette voye (A ceulx qui,<br />

après l’epigramme du Beau Tetin en feirent d’autres) » 7 . D’ailleurs, <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> vers du Beau<br />

tétin trouve son opposé <strong>dans</strong> le Laid tétin. Signalons quelques vers tirés du b<strong>la</strong>son 8 : « tétin donc<br />

au petit bout rouge » 9 ; « tétin qui jamais ne bouge » 10 ; « Quand on te voit, il vient à maints /<br />

<strong>Un</strong>e envie de<strong>dans</strong> les mains / De te tâter, de te tenir » 11 . Ils sont ainsi transposés <strong>dans</strong> le contre-<br />

b<strong>la</strong>son : « tétin au vi<strong>la</strong>in grand bout noir » 12 ; « tétin qui brinballe à tous coups » 13 ; « Quand on<br />

3


te voit, il vient à maints / <strong>Un</strong>e envie de<strong>dans</strong> les mains / De te prendre avec <strong>des</strong> gants doubles » 14 .<br />

Si <strong>la</strong> beauté et <strong>la</strong> jeunesse constituent les moteurs de l’éloge, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ideur et <strong>la</strong> vieillesse sont<br />

inhérentes au blâme. Les deux topiques commandent <strong>des</strong> imaginaires particuliers, l’un inspiré par<br />

le désir – <strong>la</strong> rose, <strong>la</strong> mignardise, <strong>la</strong> vertu –, l’autre par le dégoût qui fait volontiers usage de <strong>la</strong><br />

peur et de son cortège maléfique (le Diable, <strong>la</strong> chèvre morte, Lucifer, <strong>la</strong> sorcière). Les poètes de<br />

<strong>la</strong> Renaissance explorent les potentialités, tant stylistiques que métaphoriques, de leur objet. C’est<br />

pourquoi, souligne François Rigolot, « il n’existe pourtant pas de ligne constante <strong>dans</strong> le<br />

traitement de l’amour au XVI e siècle. La plupart <strong>des</strong> poètes cultiveront tour à tour les deux<br />

registres » 15 . On retrouve donc au sein d’une même œuvre, pièces amoureuses et antérotiques,<br />

communément appelés amours et contr’amours.<br />

L’œuvre d’Étienne Jodelle est exemp<strong>la</strong>ire de ce que Gisèle Mathieu-Castel<strong>la</strong>ni nomme le<br />

« réalisme <strong>amoureux</strong> », c’est-à-dire l’ensemble topique regroupant les « différents motifs anti-<br />

pétrarquistes […] l’éloge de l’inconstance, l’adieu à une dame trop rigoureuse, <strong>la</strong> révolte de<br />

l’amant martyr, bref les figures de l’amour sans passion » 16 . Dans ses Contr’Amours, Jodelle<br />

stigmatise <strong>la</strong> dame chantée <strong>dans</strong> ses Amours : « Mais tu es cent fois plus, sur ton point de<br />

vieillesse, / Pute, traîtresse, fière, horrible et charmeresse, / Que Myrrhe, Scylle, Arachne, et<br />

Méduse, et Médée » 17 . Soulignons que lorsque le poète revêt l’ethos de l’amant transi, il utilise le<br />

même ton pour décrire les affres de l’amour. Il « vomit sur moy », écrit Jodelle, « sa fureur et sa<br />

rage » 18 . Il peut paraître étrange que les traditions amoureuse et satirique s’avoisinent <strong>dans</strong><br />

l’œuvre du poète. Elles « […] ne s’excluent pas nécessairement, et même s’allient fort aisément,<br />

l’idéalisation du sexe féminin ayant pour <strong>envers</strong> le mépris » 19 . D’autres auteurs, comme Du<br />

Bel<strong>la</strong>y, font également coexister les deux traditions. Son recueil de poèmes pétrarquistes, intitulé<br />

L’Olive, se termine d’ailleurs sur une satire, L’Antérotique de <strong>la</strong> vieille et de <strong>la</strong> jeune amie. Si ce<br />

poème célèbre à son tour <strong>la</strong> beauté de <strong>la</strong> femme (plus précisément en sa jeunesse), il se distingue<br />

4


nettement <strong>des</strong> autres poèmes par son dédain pour <strong>la</strong> vieille entremetteuse 20 . Blâme et éloge<br />

s’alternent donc au sein d’un même poème. Du Bel<strong>la</strong>y s’ingénie à créer une dichotomie<br />

esthétique en s’inspirant de <strong>la</strong> topique de <strong>la</strong> vieillesse et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ideur, récurrente <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie<br />

antérotique.<br />

Après le faste <strong>amoureux</strong> d’une poésie entièrement vouée à célébrer <strong>la</strong> femme apparaît,<br />

sous <strong>la</strong> plume de Du Bel<strong>la</strong>y et de Ronsard, une critique du pétrarquisme. Le premier souligne<br />

l’artificialité du discours <strong>amoureux</strong> en ces vers : « Le vrai amour naît du premier regard / Et ne<br />

veut point se façonner par art » 21 . Il interroge sans détour les convenances rhétoriques exhibées<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie amoureuse. Le second critique une autre faille de cet art d’aimer : « Il [Pétrarque]<br />

était un grand sot d’aimer sans avoir rien » 22 , autrement dit, le poète articule raison et action,<br />

privilégiant par-là une approche plus franche du désir <strong>amoureux</strong>. Les métaphores du p<strong>la</strong>isir<br />

s’introduisent <strong>dans</strong> une poésie jusqu’alors p<strong>la</strong>tonique. Comme le signale toutefois François<br />

Rigolot, Éros et Antéros « […] représentent <strong>des</strong> forces antagonistes redoutables qui s’accordent<br />

avec <strong>la</strong> conception néo-p<strong>la</strong>tonicienne de <strong>la</strong> lutte entre le désir charnel et sa sublimation<br />

spirituelle » 23 . L’opposition au pétrarquisme permet l’intrusion de thèmes plus grivois. Le<br />

fantasme – à peine esquissé <strong>dans</strong> les images vaporeuses du songe érotique – devient une<br />

satisfaction brutale <strong>des</strong> sens <strong>dans</strong> <strong>la</strong> satire. Le deuxième dép<strong>la</strong>cement, <strong>la</strong> satire comme contre-pied<br />

du modèle <strong>amoureux</strong>, s’impose de lui-même.<br />

2. La satire : un contre-pied du modèle <strong>amoureux</strong> ?<br />

Les satiristes du début du XVII e siècle n’ignorent pas les grands modèles de <strong>la</strong> poésie<br />

amoureuse. En plus de vouer une admiration certaine aux chantres de <strong>la</strong> Pléiade 24 , ils<br />

s’approprient ses lieux communs pour les remodeler à leur gré. Toutefois, ce<strong>la</strong> n’est pas le fait<br />

que de <strong>la</strong> lecture. Dans un article consacré à Sigogne, Robert Me<strong>la</strong>nçon note que « le réseau <strong>des</strong><br />

5


lieux communs de <strong>la</strong> poésie pétrarquiste avait à tel point pénétré tout le champ de <strong>la</strong> poésie que<br />

les genres les plus divers portaient alors sa marque […] » 25 . Prenons pour exemple le poème<br />

inaugural <strong>des</strong> Amours de Cassandre de Ronsard 26 et le pastiche qu’en fait Sigogne :<br />

Qui voudra voir comme Amour me surmonte ,<br />

Comme il m’assaut, comme il se fait vainqueur,<br />

Comme il renf<strong>la</strong>mme et r’eng<strong>la</strong>ce mon cœur,<br />

Comme il reçoit un honneur de ma honte;<br />

Qui voudra voir une jeunesse prompte<br />

A suivre en vain l’objet de son malheur,<br />

Me vienne lire : il verra <strong>la</strong> douleur,<br />

Dont ma Déesse et mon Dieu ne font compte.<br />

Il connaîtra qu’Amour est sans raison,<br />

<strong>Un</strong> doux abus, une belle prison,<br />

<strong>Un</strong> vain espoir qui de vent nous vient paître;<br />

Et connaîtra que l’homme se déçoit,<br />

Quand plein d’erreur un aveugle il reçoit<br />

Pour sa conduite, un enfant pour son maître 27 .<br />

Le sentiment <strong>amoureux</strong> est exprimé au moyen d’antithèses pétrarquistes (le feu et <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce) qui<br />

mettent en valeur <strong>la</strong> douleur que ressent l’amant transi (lui-même possédé par l’objet de son<br />

amour). Sigogne subvertit cette émotion par l’obscène :<br />

Qui voudra voir comme un diable me …ut,<br />

Me transperçant à <strong>la</strong> septiesme cotte,<br />

Qui voudra voir comme le sang il m’oste,<br />

Me tourmentant de son humide bout;<br />

Qui voudra voir comme il m’esterne hoste,<br />

Me contraignant d’avoir <strong>la</strong> cuisse haute<br />

Pour recevoir au <strong>la</strong>rge son esgout :<br />

Me vienne voir, il verra mon derriere,<br />

Ord et vil<strong>la</strong>in de <strong>la</strong> sale matiere<br />

Qui coule au long, jaune comme un escu;<br />

Et si, alors, quelque pitié le touche,<br />

Il se tirera sa <strong>la</strong>ngue de sa bouche<br />

Pour doucement m’en essuyer le cu 28 .<br />

Il s’agit là d’un bel exemple de glissement sémantique, al<strong>la</strong>nt du discours <strong>amoureux</strong> à <strong>la</strong> licence<br />

verbale. Le poème de Sigogne transgresse les motifs pétrarquistes par <strong>la</strong> vulgarité et rabaisse <strong>la</strong><br />

noblesse du propos par une verve ordurière. Robert Me<strong>la</strong>nçon signale que seule <strong>la</strong> structure<br />

6


générale du poème a été conservée. « Elle suffit à établir <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre les deux textes, faisant<br />

entendre à travers le second l’écho déformé du premier […] <strong>la</strong> parodie cherche ici à détruire<br />

agressivement, en <strong>la</strong> vidant de sa substance, toute une tradition à travers un poème qui <strong>la</strong><br />

représente » 29 .<br />

Dans son œuvre, le satiriste Jean Auvray s’en prend au personnage de l’amant transi en<br />

détournant les clichés <strong>amoureux</strong>. Dès les premiers vers de son poème Amoureuse poursuite, il<br />

invoque les victimes de <strong>la</strong> poésie amoureuse tels Actéon (figure de <strong>la</strong> lubricité punie) ou Tantale.<br />

Puis, l’« <strong>amoureux</strong> martyre » de l’amant est ridiculisé par le satiriste qui commente, en aparté :<br />

Retournez que seront ces <strong>amoureux</strong> trancis,<br />

s'a<strong>la</strong>mbiquant l' esprit de fantasques responces,<br />

trouveront <strong>dans</strong> le lict plus de picquants soucis<br />

que s' ils estoient couchez sur un fagot de ronces.<br />

Ils feroient beaucoup mieux de dire effrontément<br />

leurs chau<strong>des</strong> passions à ces fines pucelles,<br />

car telle se rira de leur aspre tourment 30 .<br />

L’amant devrait faire fi de <strong>la</strong> chasteté, source de frustration, pour exprimer sa sensualité.<br />

Cet appel à <strong>la</strong> transgression dép<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> nature même de ce personnage. La définition du<br />

Dictionnaire de l’Académie est, à cet égard, éloquente : « On dit par raillerie, <strong>Un</strong> <strong>amoureux</strong><br />

transi, pour dire <strong>Un</strong> amant respectueux & timide jusqu’à l’excez » 31 . Notre définition moderne a<br />

conservé l’une <strong>des</strong> métaphores-clé de <strong>la</strong> poésie amoureuse. En effet, « transi » désigne « être<br />

pénétré d’une sensation, d’un sentiment qui g<strong>la</strong>ce » 32 .<br />

Cette liberté sexuelle est donc en inadéquation avec <strong>la</strong> poésie pétrarquiste. Pourtant,<br />

comme nous venons de le voir, ses motifs ne sont pas absents de <strong>la</strong> satire. Les thèmes<br />

antagonistes coexistent <strong>dans</strong> les mêmes recueils, comme c’était le cas pour les contr’amours. Le<br />

titre Banquet <strong>des</strong> Muses, qui suggère un recueil de mé<strong>la</strong>nges, s’ouvre sur <strong>des</strong> satires virulentes de<br />

femmes morbi<strong>des</strong> pour se clore sur <strong>des</strong> poèmes mignards. Les recueils satiriques, au début du<br />

7


XVII e siècle, témoignent eux aussi de cette tendance. En plus de réunir les beaux esprits<br />

poétiques de l’époque, tant facétieux que sérieux, ces recueils joignent les éloges féminins aux<br />

satires les plus viles. Toutefois, plusieurs poèmes aux abords <strong>amoureux</strong> ne sont en fait qu’un<br />

pastiche. En voici un exemple :<br />

J’ai beau contracter, fol<strong>la</strong>stre,<br />

Les cincinnes du poil fulve<br />

Bel ornement de ta vulve,<br />

J’ai beau remuer ma <strong>la</strong>nce<br />

J’ai beau bransler <strong>la</strong> cadence<br />

De mon double testicule<br />

Sur ton enflé monticule 33<br />

L’érotisme se comp<strong>la</strong>it ici <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vulgarité. Les auteurs vont même ruser au point de<br />

prendre le ton de <strong>la</strong> poésie amoureuse pour orner <strong>des</strong> images obscènes. En outre, <strong>la</strong> topique<br />

pétrarquiste possède un fonds d’images usées à travestir, comme le regard de braise. Chez<br />

Sigogne, il devient « le regard enf<strong>la</strong>mbé de ton faux œil decoche / Rostit plus de cochons que<br />

mille tours de broche » 34 . Ainsi, <strong>la</strong> poésie satirique est une parodie de <strong>la</strong> poésie amoureuse, si l’on<br />

considère que « <strong>la</strong> parodie vise toujours un autre texte, qu’elle reproduit de façon plus ou moins<br />

triviale ou grotesque » 35 . Mais en quoi diffère-t-elle du r<strong>envers</strong>ement effectué par les<br />

contr’amours au milieu du XVI e siècle ? Si les deux formes antérotiques apportent le même soin<br />

au rabaissement de l’objet 36 , <strong>la</strong> portée du discours diffère. En effet, l’amant transi va renforcer ses<br />

imprécations <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie satirique. Ce n’est plus que l’indifférence de l’aimée qui est critiquée,<br />

mais <strong>la</strong> Femme – <strong>dans</strong> le sens générique du terme. Elle est même tenue responsable de <strong>la</strong><br />

déliquescence sociale : « […] les guerres, les debats, les meurtres, les miseres, / Les <strong>des</strong>astres<br />

sang<strong>la</strong>nts, les tragiques horreurs, / Les cruels assassins, les trahisons, les mal-heurs / Par <strong>la</strong><br />

femme excitez… » 37 . Elle est ni plus ni moins qu’un Fléau. Son image va même se confondre<br />

avec celle de <strong>la</strong> Mort. Sigogne écrit que <strong>la</strong> femme est « un portrait vif de <strong>la</strong> mort, un portrait mort<br />

8


de <strong>la</strong> vie » 38 . Pouvons-nous réellement parler d’une <strong>revanche</strong> de l’amant transi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie<br />

satirique ? Il faut entendre <strong>la</strong> « <strong>revanche</strong> » comme « […] le fait de reprendre l’avantage sur<br />

quelqu’un après avoir eu le <strong>des</strong>sous » 39 . L’amant n’a plus une re<strong>la</strong>tion hiérarchique avec l’amante<br />

puisqu’il refuse de se soumettre à <strong>la</strong> rigidité du code <strong>amoureux</strong> qui impose l’attente, <strong>la</strong> chasteté,<br />

le <strong>la</strong>ngage poli et <strong>la</strong> servitude. Le rire – qui est d’ailleurs exclu de cette poésie – succède à <strong>la</strong><br />

souffrance <strong>dans</strong> <strong>la</strong> satire. C’est désormais l’amant qui va être cruel au point de passer désormais<br />

pour un vulgaire misogyne.<br />

3. <strong>Un</strong> miroir déformant de l’objet féminin<br />

Qu’elles peignent une femme idéale ou un objet dégoûtant, les poésies amoureuse et<br />

satirique se rejoignent sur un point fondamental : elles sont un miroir déformant. Comme le<br />

signale Gisèle Mathieu-Castel<strong>la</strong>ni, « […] un ensemble d’images, d’emblèmes et de motifs<br />

continue à <strong>des</strong>siner le visage mythique de <strong>la</strong> femme […] » 40 . La célébration de ses beautés – où le<br />

corps est découpé et examiné par parties – n’est-elle pas un exercice aussi hyperbolique que <strong>la</strong><br />

satire qui s’ingénie à inventorier <strong>la</strong> <strong>la</strong>ideur ? On peut dire qu’il y a un même degré d’abstraction<br />

entre un b<strong>la</strong>son <strong>amoureux</strong> et une femme terrifiante. La femme au visage d’or et aux yeux de<br />

cristal de Du Bel<strong>la</strong>y n’est-elle pas aussi inquiétante que <strong>la</strong> dame de Sigogne dont <strong>la</strong> peau « […] se<br />

fronce en cent ri<strong>des</strong> altières » 41 et qui « […] ressemble, épouvantable, au parchemin collé » 42 ?<br />

Les poètes plient donc leur objet aux caprices esthétiques de leur art.<br />

Dans <strong>la</strong> poésie amoureuse : « […] <strong>la</strong> beauté féminine y est déjà parfaitement stylisée, sa<br />

<strong>des</strong>cription se réfère à un code rhétorique et esthétique sans aucun souci de refléter <strong>la</strong> réalité de<br />

l’expérience vécue » 43 . En plus de modeler le corps féminin, les hommes projettent leurs désirs et<br />

leurs craintes sur l’écran fantasmatique qu’est <strong>la</strong> femme. C’est ainsi qu’un amant transi, déforme<br />

volontairement <strong>la</strong> femme aimée pour mieux s’en détacher : il imagine le « cul » si tendre de sa<br />

9


elle « […] farcy de galles et de cloux » 44 . Les poésies amoureuse et satirique partagent donc,<br />

entre elles, plusieurs transferts : tant sur le p<strong>la</strong>n topique qu’esthétique.<br />

La déformation, résultant d’un choix esthétique, se réalise également <strong>dans</strong> l’acte de<br />

représentation. En effet, un transfert s’effectue sur <strong>la</strong> toile de <strong>la</strong> satire. D’ailleurs, l’expression<br />

« peindre au vif », chère aux poètes du XVI e siècle (Montaigne l’utilise souvent <strong>dans</strong> les Essais),<br />

est récurrente <strong>dans</strong> les corpus qui nous occupe. Le poète veut donner l’impression qu’il a son<br />

modèle sous les yeux et qu’il peint d’après nature. <strong>Un</strong> satiriste dicte ainsi ses consignes à sa<br />

muse : « Il faut premierement au vif representer / D’un traict bien adoucy, le p<strong>la</strong>n et les<br />

ombrages, Les racourcissemens, les reliefs et les paysages / De ce joug espineux, de ce fatal<br />

lien » 45 . C’est là le fondement même de <strong>la</strong> mission morale du satiriste : dénoncer les dérives<br />

morales au moyen de <strong>la</strong> peinture de mœurs.<br />

Conclusion<br />

La poésie satirique est-elle l’<strong>envers</strong> de <strong>la</strong> poésie amoureuse ? L’<strong>envers</strong> suppose <strong>la</strong> « face<br />

opposée, mais inséparable » 46 . C’est en critiquant l’horizon <strong>amoureux</strong> de <strong>la</strong> poésie – et à un autre<br />

degré, une certaine conception de <strong>la</strong> poésie – que les poètes renouvellent <strong>la</strong> pratique poétique ou<br />

du moins explorent <strong>des</strong> horizons jusqu’alors peu connus. La satire revisite les modèles et l’éros<br />

poli de <strong>la</strong> poésie amoureuse. Elle se veut un instrument de vérité contre les mensonges du lyrisme<br />

<strong>amoureux</strong>. C’est pourquoi elle montre une femme <strong>la</strong>ide, exprime <strong>la</strong> jouissance sans détour et se<br />

montre impudique face aux grivoiseries. Si nous observons les deux poésies en diachronie, nous<br />

constatons qu’elles adaptent deux traditions fort différentes : l’une issue de Dante, Pétrarque et du<br />

fin’amor, et l’autre, de Juvénal et d’une littérature dite misogyne. L’une se veut l’<strong>envers</strong> de<br />

l’autre. La poésie de <strong>la</strong> Renaissance résout-elle les antagonismes ? Elle semble, du moins,<br />

accueillir parfaitement <strong>la</strong> contradiction.<br />

10


BIBLIOGRAPHIE<br />

ANGOT DE L’ÉPERONNIÈRE, Robert, Les Exercices de ce temps [1622], publiés par Pascal<br />

Debailly, Paris, Société <strong>des</strong> textes français modernes, 1997.<br />

AUVRAY, Jean, Le Banquet <strong>des</strong> Muses ou les divers Satyres, Rouen, David Ferrand, 1623.<br />

BAKHTINE, Mikhaïl, L’Œuvre de François Rabe<strong>la</strong>is et <strong>la</strong> culture popu<strong>la</strong>ire au Moyen âge et<br />

sous <strong>la</strong> Renaissance, traduit par ROBEL Andrée, Paris, Gallimard, 1970.<br />

Dictionnaire de l'Académie françoise, dédié au roy, 2 vol., Paris, J. B. Coignard, 1694.<br />

DU BELLAY, Joachim, Divers jeux rustiques, édition de Ghis<strong>la</strong>in Chaufour, Paris, Gallimard,<br />

1996.<br />

DUBOIS, C<strong>la</strong>ude-Gilbert, « Les Conceptions de l’amour au seizième siècle : Introduction aux<br />

Amours de Ronsard », Images de l’amour, étu<strong>des</strong> sur l’imaginaire collectif européen, Bordeaux,<br />

L.A.P.R.I.L. <strong>Un</strong>iversité Michel de Montaigne (Bordeaux III), 1992, p. 11-46.<br />

FLEURET, Fernand et Louis PERCEAU, Les Satires françaises du XVI e siècle, Paris, Librairie<br />

Garnier Frères, 1922 (2 vol.).<br />

FLEURET, Fernand et Louis PERCEAU, Les Satires françaises du XVII e siècle, Paris, Librairie<br />

Garnier Frères, 1923 (2 vol.).<br />

GIBERT, Bertrand, Le Baroque littéraire français, Paris, Armand Colin, 1997.<br />

GOUJON, Jean-Paul, Anthologie de <strong>la</strong> poésie érotique française, Paris, Fayard, 2004.<br />

JODELLE, Étienne, L’Amour obscur, édition de Robert Me<strong>la</strong>nçon, Paris, Orphée/La Différence,<br />

1991.<br />

LAZARD, Madeleine, Images de <strong>la</strong> Femme à <strong>la</strong> Renaissance, Paris, PUF, 1985.<br />

Le Labyrinthe d’amour ou suite <strong>des</strong> Muses Fo<strong>la</strong>stres recherchées <strong>des</strong> plus beaux esprits de ce<br />

temps par H.F.S.D.C. [1615], Bruxelles, A. Martens et fils, 1863.<br />

Le Petit Robert 1 : dictionnaire alphabétique et analogique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, éd. revue et<br />

corrigée, Paris, Le Robert, 2002.<br />

MAROT, Clément, « B<strong>la</strong>son du beau tétin », [in] Louise Labé, Œuvres poétiques avec un choix<br />

de b<strong>la</strong>sons du corps féminin, édition de Françoise Charpentier, Paris, Gallimard, coll. « Poésie »,<br />

1983, p. 147-148.<br />

MAROT, Clément, « Contre-b<strong>la</strong>son du <strong>la</strong>id tétin », [in] Louise Labé, Œuvres poétiques avec un<br />

choix de b<strong>la</strong>sons du corps féminin, édition de Françoise Charpentier, Paris, Gallimard, coll.<br />

« Poésie », 1983, p. 168-169.<br />

MAROT, Clément, Œuvres poétiques, éd. Gérard Defaux, Paris, Bordas, 1990-1993, 2 tomes.<br />

MATHIEU-CASTELLANI, Gisèle, « Eros et ses masques : images de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie de<br />

Théophile de Viau », La Femme au XVII e siècle, actes du colloque de Vancouver, <strong>Un</strong>iversity of<br />

British Columbia, 5-7 octobre 2000, édités par Richard G. Hodgson, Tübingen, coll. « Biblio<br />

17 », 2002, p. 11-32.<br />

MATHIEU-CASTELLANI, Gisèle, « La Poésie amoureuse française à <strong>la</strong> fin du XVI e siècle<br />

d’après les recueils collectifs (1597-1600), Revue d’Histoire Littéraire de <strong>la</strong> France, 1976, vol.<br />

76, p. 3-19.<br />

MAUREL, Madeleine, « Esquisse d’un anteros baroque », Dix-Septième siècle, 1969, n°84 – 85,<br />

p. 3-20.<br />

MELANÇON, Robert, « Le Pétrarquisme travesti de Sigogne », Étu<strong>des</strong> Françaises, avril, 1977,<br />

p. 71-88.<br />

RIGOLOT, François, Poésie et Renaissance, Paris, Seuil, coll. « Points », 2002.<br />

ROGERS, Katherine M., The Troublesome Helpmate. A history of misogyny in literature, Seattle,<br />

<strong>Un</strong>iversity of Washington Press, 1966.<br />

11


RONSARD, Pierre (de), Les Amours, éd. François Joukovsky, Paris, Gallimard, coll. « Poésie »,<br />

1974.<br />

SCÈVE, Maurice, Délie, objet de plus haute vertu, édition de Françoise Charpentier, Paris,<br />

Gallimard, coll. « Poésie », 1984.<br />

SÉBILLET, Thomas, « Art poétique français », Traités de poétique et de rhétorique de <strong>la</strong><br />

Renaissance, réunis par Francis Goyet, Paris, Le Livre de poche, 1990, p.41-186.<br />

SIGOGNE, Œuvres satyriques [1606], éd. de Fernand Fleuret et Louis Perceau, Paris,<br />

Bibliothèque <strong>des</strong> curieux, coll. « Satiriques français », 1920.<br />

SONNET DE COURVAL, Thomas, Œuvres satyriques, Paris, Rolet Boutonné, 1622.<br />

1 L’effervescence humaniste autour <strong>des</strong> textes antiques va donner lieu à <strong>la</strong> restauration de diverses formes poétiques.<br />

Ronsard, par exemple, importe le modèle de l’ode pindarique en <strong>la</strong>ngue française.<br />

2 Pierre de RONSARD, « Sonnet XLV, Amours de Cassandre », Les Amours, éd. François Joukovsky, Paris,<br />

Gallimard, coll. « Poésie », 1974, p. 45.<br />

3 Le verbe « ardoir » désigne « brûler ».<br />

4 Maurice SCÈVE, « Dizain CDXLI », Délie, objet de plus haute vertu, édition de Françoise Charpentier, Gallimard,<br />

coll. « Poésie », 1984, p. 297.<br />

5 Utilisant le procédé de <strong>la</strong> fragmentation, les poètes b<strong>la</strong>sonneurs isolent une partie du corps féminin, <strong>la</strong> décrivent<br />

sous tous ses angles, exaltant, sur le mode de <strong>la</strong> louange, ses qualités et ses propriétés. L’art du contre-b<strong>la</strong>son met en<br />

scène <strong>la</strong> virtuosité <strong>des</strong> satiristes à exalter <strong>la</strong> <strong>la</strong>ideur (sur un ton graveleux).<br />

6 Thomas SÉBILLET, « Art poétique français », Traités de poétique et de rhétorique de <strong>la</strong> Renaissance, Paris, Le<br />

Livre de poche, 1990, p. 135.<br />

7 Clément MAROT, « Épître 30 », Œuvres poétiques, t. 1, éd. Gérard Defaux, Paris, Bordas, 1990-1993, v. 37-40, p.<br />

338.<br />

8 Les vers du b<strong>la</strong>son et du contre-b<strong>la</strong>son attestent de deux mo<strong>des</strong> de <strong>des</strong>criptions souvent à l’œuvre <strong>dans</strong> cette forme<br />

poétique : l’une est <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de l’objet (beauté ou <strong>la</strong>ideur), l’autre est l’effet produit sur l’amant (désir ou<br />

dégoût).<br />

9 Clément MAROT, « B<strong>la</strong>son du beau tétin », [in] Louise Labé, Œuvres poétiques avec un choix de b<strong>la</strong>sons du corps<br />

féminin, édition de Françoise Charpentier, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 147.<br />

10 Ibid.<br />

11 Ibid., p. 147-148.<br />

12 Clément MAROT, « Contre-b<strong>la</strong>sons du <strong>la</strong>id tétin », [in] Louise Labé, Œuvres poétiques avec un choix de b<strong>la</strong>sons<br />

du corps féminin, édition de Françoise Charpentier, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 168.<br />

13 Ibid.<br />

14 Ibid.<br />

15 François RIGOLOT, Poésie et Renaissance, Paris, Seuil, coll. « Points », 2002, p. 208.<br />

16 Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, « Eros et ses masques : images de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie de Théophile de<br />

Viau », La Femme au XVII e siècle, actes du colloque de Vancouver, <strong>Un</strong>iversity of British Columbia, 5-7 octobre<br />

2000, édités par Richard G. Hodgson, Tübingen, coll. « Biblio 17 », 2002, p. 17, n. 18.<br />

17 Étienne JODELLE, « Contr’amour V », L’Amour obscur, édition de Robert Me<strong>la</strong>nçon, Paris, Orphée/La<br />

Différence, 1991, p. 115.<br />

18 Ibid., « Sonnet IX », p. 39.<br />

19 Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, op. cit., p. 13. Dans son ouvrage The Troublesome Helpmate. A history of<br />

misogyny in literature (Seattle, <strong>Un</strong>iversity of Washington Press, 1966), Katherine M. Rogers abonde <strong>dans</strong> le même<br />

sens : « the rejection of love and women is found not only in the satire of love poetry, but in the erotic writers<br />

themselves […] » (p. 110).<br />

20 Le rabaissement de <strong>la</strong> femme sublimée engendre un dép<strong>la</strong>cement carnavalesque, tel qu’analysé par Bakhtine <strong>dans</strong><br />

son ouvrage L’Œuvre de François Rabe<strong>la</strong>is et <strong>la</strong> culture popu<strong>la</strong>ire au Moyen âge et sous <strong>la</strong> Renaissance (traduit par<br />

Andrée Robel, Paris, Gallimard, 1970).<br />

21 Joachim DU BELLAY, « Élégie d’Amour », Divers jeux rustiques, éd. Ghis<strong>la</strong>in Chaufour, Paris, Gallimard, 1996,<br />

p. 112. Dans ce recueil, on trouve également le poème, Contre les Pétrarquistes, <strong>dans</strong> lequel Du Bel<strong>la</strong>y critique <strong>la</strong><br />

pudeur du discours <strong>amoureux</strong> : « J’ai oublié l’art de Pétrarquiser, / Je veux d’Amour franchement deviser » (p. 103).<br />

22 Pierre de RONSARD, « Élégie à son livre, Amours de Marie », op. cit., p. 158.<br />

12


23 François RIGOLOT, op. cit., p. 207.<br />

24 Quelques étu<strong>des</strong> ont déjà fait mention <strong>des</strong> influences de Du Bel<strong>la</strong>y et de Ronsard sur les poètes satiriques. Voir à<br />

ce sujet : Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, « La Poésie amoureuse française à <strong>la</strong> fin du XVI e siècle d’après les<br />

recueils collectifs (1597-1600), Revue d’Histoire Littéraire de <strong>la</strong> France, 1976, vol. 76, p. 3-19.<br />

25 Robert MELANÇON, « Le Pétrarquisme travesti de Sigogne », Étu<strong>des</strong> Françaises, avril 1977, p. 85.<br />

26 Les Amours de Ronsard, avec les poésies de Desportes, sont le modèle le plus souvent contrefait.<br />

27 Pierre de RONSARD, « Sonnet I, Amours de Cassandre », op. cit., p. 23.<br />

28 SIGOGNE, « Sonnet », Œuvres satyriques [1606], éd. de Fernand Fleuret et Louis Perceau, Paris, Bibliothèque<br />

<strong>des</strong> curieux, coll. « Satiriques français », 1920, p. 211.<br />

29 Robert MELANÇON, op. cit., p. 82.<br />

30 Jean AUVRAY, Le Banquet <strong>des</strong> Muses ou les divers Satyres, Rouen, David Ferrand, 1623, p. 391.<br />

31 Dictionnaire de l'Académie françoise, dédié au roy, 2 vol., Paris, J. B. Coignard, 1694, article « transi », p. 590.<br />

32 Le Petit Robert 1 : dictionnaire alphabétique et analogique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, éd. revue et corrigée, Paris, Le<br />

Robert, 2002, article « transir », p. 2662.<br />

33 R.F., « Comp<strong>la</strong>inte de maistre Charlet sur le trespas de son nez », Le Labyrinthe d’amour ou suite <strong>des</strong> Muses<br />

Fo<strong>la</strong>stres recherchées <strong>des</strong> plus beaux esprits de ce temps par H.F.S.D.C. [1615], Bruxelles, A. Martens et fils, 1863,<br />

p. 10.<br />

34 SIGOGNE, « Stances contre l'Ollivastre Perrette », Œuvres satyriques, op. cit., p. 134-147.<br />

35 Robert MELANÇON, op. cit., p. 80.<br />

36 En effet, le style est bas, l’aversion nourrit les métaphores, les avatars de <strong>la</strong> femme sont généralement négatifs.<br />

37 Thomas SONNET DE COURVAL, « Satyre XII », Œuvres satyriques, Paris, Rolet Boutonné, 1622, p. 290-291.<br />

38 SIGOGNE, « Satyre contre une dame », Œuvres satyriques, op. cit., p. 216. Si <strong>la</strong> mort était une métaphore de <strong>la</strong><br />

souffrance <strong>dans</strong> <strong>la</strong> poésie amoureuse et <strong>dans</strong> les contr’amours, elle est désormais une allégorie <strong>des</strong> guerres civiles<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> satire.<br />

39 Le Petit Robert 1, op. cit., article « <strong>revanche</strong> », p. 2291.<br />

40 Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, op. cit., p. 13.<br />

41 SIGOGNE, « Satyre contre une dame », op. cit., p. 216.<br />

42 Ibid.<br />

43 Madeleine LAZARD, Images littéraires de <strong>la</strong> femme à <strong>la</strong> Renaissance, Paris, PUF, 1985, p. 30.<br />

44 Robert ANGOT DE L’ÉPERONNIÈRE, Les Exercices de ce temps [1622], publiés par Pascal Debailly, Paris,<br />

Société <strong>des</strong> textes français modernes, 1997, p. 86.<br />

45 Thomas SONNET DE COURVAL, « Satyre VII », op. cit., p. 223.<br />

46 Le Petit Robert 1, op. cit., article « <strong>envers</strong> », p. 913.<br />

13

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!