Banc d'essai Quellis 2

DOSSIER MARQUES FRANCAISES
Quellis fait fabriquer
ses haut-parleurs
par Davis. Ainsi,
tout le spectre est
reproduit de façon
homogène.
NOUVELLE MARQUE
FRANCAISE VISANT LES
PLUS HAUTES MARCHES DU
PODIUM, QUELLIS POSSEDE
DE TRES FORTS ARGUMENTS
TECHNIQUES POUR
CONVAINCRE, MAIS SURTOUT
UNE PHILOSOPHIE SONORE
RADICALE ET REUSSIE.
PORTRAIT D’UN TRUBLION…
QUELLIS 2
L’EXCEPTION
A LA REGLE
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FICHE TECHNIQUE
Origine : France
Dimensions :
25 x 110 x 35 cm
Poids : 55 kg
Prix : 12 800 euros
Bande passante :
35 à 20 000 hertz
Rendement :
94 dB/1 W/1 M
Puissance recommandée :
à partir de 10 watts
Impédance nominale :
8 ohms
La philosophie qui a présidé à la création
des enceintes Quellis est élitiste, certes,
mais hautement rigoureuse : chaque
modèle doit être le meilleur possible pour sa
taille. Son prix n’est finalement que la résultante
de sa conception et de son coût de fabrication.
Mais en contrepartie, lorsque vous
achetez une Quellis, n’importe laquelle, vous
faites l’acquisition de ce que la marque est
capable de faire de mieux dans ce segment. Il
n’y a pas de compromis de qualité dans les
Quellis ; c’est aussi ce qui explique leur tarif,
qui, tout en étant élevé, est loin d’être aussi
délirant que celui des ténors de l’acoustique
high end, vous en conviendrez… Selon son
concepteur, Eric Van Gucht, cette philosophie
a ses exigences. Il n’y a donc pas de produits
« abordables » chez Quellis, où l’on vise
l’excellence. Le constructeur insiste également
sur l’adéquation entre la taille de
l’enceinte et celle de la pièce dans laquelle elle
doit fonctionner. Pour lui, il est totalement ridicule
d’installer de gros produits sur une petite
surface. Il conseille donc de veiller étroitement
à cette relation. Ainsi, la Quellis 2, dont nous
vantons les mérites dans cet article, exprime
pleinement son potentiel dans une pièce de 25
à 50 mètres carrés. Comme son nom
l’indique, la Quellis 2 est le second modèle de
la marque en partant de sa base. C’est une
colonne « confortable », mais qui reste très
logeable. Ses lignes sont d’une sobriété
remarquable, mais la finition est conforme à ce
qui se fait de mieux en la matière. Le modèle
mis à notre disposition était en laque piano
blanche, mais le noir est également disponible
(ou une autre teinte, sur demande). L’aspect
de la surface est immaculé. Pour parvenir à ce
résultat, il faut compter plus de 12 interventions
et 10 heures de travail pour une
enceinte, ce qui comprend l’application de
sept couches de laque et un lustrage final.
L’enceinte repose sur trois interfaces Aktyna,
dispositif qui permet l’évacuation optimale de
l’énergie stockée dans la caisse en régime
transitoire. Le coffret proprement dit fait l’objet
d’un gros travail. Toutes les parois sont usinées
sur machine à commande numérique, et
cette précision augmente de 80 % la rigidité
des assemblages. Le montage de la caisse
débute en folding et est ensuite finalisé
sous presse pour une intégrité mécanique
optimale. L’intérieur de la caisse est intégralement
rendu inerte par une pellicule de
bitume de 7 mm d’épaisseur, sur laquelle viennent
se coller des microbilles de liège.
L’amortissement est assuré par une faible
quantité d’un amortissement assez coûteux à
base de fibres naturelles. Cette colonne est
une deux-voies dont la charge est de type
bass-reflex. L’évent est placé en face arrière
et très élégamment « sécurisé » par un tissu
acoustiquement transparent. La Quellis 2 est
dotée de deux transducteurs. Sur ce plan également,
la philosophie maison confine au
luxe ! Quellis fait fabriquer sur cahier des
charges ses haut-parleurs par Davis Acoustics.
Pour le grave comme pour l’aigu, il s’agit
de deux modèles à membrane en papier traité
sur les deux faces, équipés de moteurs très
coûteux. En effet, le matériau qui les constitue,
le TiCoNAl (pour Titane, Cobalt, Nickel, Aluminium),
offre les meilleures performances en
termes de puissance magnétique, et permet
de concentrer un champ magnétique exceptionnel
dans l’entrefer, et ainsi de garantir une
réponse impulsionnelle optimale. Les saladiers
sont en aluminium, à la fois rigides et
légers, tout comme les deux ogives antitourbillonaires.
Le boomer est un modèle de
21 cm de diamètre. Le filtrage est l’un des morceaux
de bravoure de cette enceinte. Il a été
patiemment développé par Eric Van Gucht. Il
est intégralement composé de selfs et de
condensateurs issus du prestigieux catalogue
danois Duelund, le nec plus ultra en la
matière. L’utilisation de tels maillons, superlatifs,
n’est en aucun cas une utopie, mais la
garantie d’un parfait transfert d’énergie. Le fait
que chaque composant soit enrobé dans de la
résine assure une parfaite intégrité mécanique.
Car chaque vibration engendre de
la distorsion ! Pour réaliser le filtre complet,
le protocole Quellis est très rodé.
Les Quellis sont livrées d’origine
avec des interfaces Aktyna pour
un découplage optimal.
Les composants sont placés sur une plaque.
Ils sont ensuite câblés en l’air. Chaque soudure
est inertée par un manchon en caoutchouc.
La plaque est recouverte par une
« cloche » dotée d’orifices qui laissent passer
les câbles. L’ensemble est scellé. Par l’orifice
supérieur de la cloche, on emplit cette dernière
de poussière de quartz. Pendant
l’opération, l’ensemble est placé sur un
vibreur, de façon à tasser le sable et à limiter
les interstices. Puis l’orifice est bouché. Ce
compartiment étanche est placé en bas de
l’enceinte, contre le fond. Enfin, comme dans
toutes les réalisations d’envergure, ce sont les
petits détails qui font la différence. Ainsi la
plaque du bornier est en MDF et non en aluminium,
matériau peut-être plus valorisant le un
plan visuel, mais sujet aux vibrations. Idem,
les bornes sont des Mundorf en cuivre pur,
moins luxueuses que des WBT, mais supérieures
à l’écoute, selon Eric Van Gucht.
Même la plaque signalétique en verre gravée
au laser dans la masse est amortie par des
petits silent-blocs en caoutchouc. Il n’est donc
pas étonnant que le constructeur garantisse
ses produits pendant cinq ans.
ECOUTE
Timbres : Grâce à leur équilibre tonal particulièrement
naturel, les Quellis 2 nous incitent
à reconsidérer certains critères de la
restitution sonore, et notamment la notion de
réalisme. Car les effets flatteurs, même
lorsqu’ils sont si réussis que nous allons
jusqu’à les prendre pour des vertus, peuvent
vite devenir insupportables lors d’écoutes
prolongées. Avec les Quellis 2, ils sont supprimés,
selon la volonté de leur concepteur.
La bande passante s’illustre certes par sa largeur,
totalement en accord avec le statut
d’enceinte haut de gamme de ces colonnes,
mais également par sa limpidité. Le spectre
est reproduit avec un souci de rectitude rarement
rencontré. C’est le son dans sa plus
grande pureté qui est recherché, ce qui
implique une absence totale de surépaisseur,
et cela à tout niveau. Par conséquent, la restitution
des Quellis 2 se caractérise par une
sensation de légèreté,
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au sens noble du terme. Les timbres ne sont
jamais surchargés, mais reproduits dans leur
plus simple expression. L’aigu est particulièrement
en rupture avec la plupart des canons
audiophiles, car, de prime abord, c’est
comme si on ne l’entendait pas. Il semble
juste être le prolongement naturel du
médium. Mais si l’enregistrement est
médiocre, vous entendrez parfaitement les
artefacts qui entachent la diction des chanteurs,
les chuintements de leur prononciation,
preuve qu’il s’exprime avec le niveau requis.
Mais comme il témoigne d’une grande
richesse harmonique, il ne s’encombre
d’aucune signature sonore. Le médium est
d’une belle souplesse. On apprécie principalement
sa fluidité, son aptitude à combiner
luminosité et densité tout en restant toujours
pertinent, jamais excessif. Le grave descend
de façon innée, avec un très beau travail en
piston, mais aucune manifestation désagréable
de type traînage, lourdeur ou corpulence.
Par contre, il cisèle une ligne de basse
avec une acuité troublante, lui rend toute sa
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QUELLIS 2
précision et magnifie la qualité de sa modulation.
Bref, les Quellis 2 sont des enceintes qui
placent le réalisme en tête de liste de leurs
priorités, et dont le référentiel incontestable
est la performance naturelle.
Dynamique : Encore une fois, les Quellis 2
se positionnent en marge de la plupart des
produits. Jamais excessives, toujours
expressives, elles se concentrent sur
l’aisance avec laquelle le message se matérialise,
et non sur une volonté de « scotcher »
l’auditeur. Ainsi, elles s’appliquent à délivrer
un phrasé absolument dépourvu de crispation
et d’une liquidité parfaite. C’est d’ailleurs
bien l’idée, car avec les Quellis 2, la musique
coule sans contrainte. Tout a été fait pour que
la réactivité soit optimale. La réponse de ces
enceintes se fait sentir sans aucun phénomène
de distorsion, soit, mais également de
compression. Elle est immédiate et exhaustive.
Quand les Quellis 2 restituent la musique
enregistrée, elles s’attachent à en représenter
toutes les nuances. Les différentes lignes
mélodiques sont donc individualisées avec
un excellent degré de différenciation. Il
émane de cette écoute une indéniable sensation
de sérénité. Le legato est bien présent.
Scène sonore : Si ces enceintes se singularisent,
c’est bien sur le plan de la présence,
car elles imposent en effet une image très
matérialisée, qui vient habiter la pièce
d’écoute avec une infinie conviction. La reproduction
est très incarnée, jamais éthérée ou
évanescente. Sur des prises de son naturelles
comme le There Will Be a Light de Ben
Harper and the Blind Boys of Alabama, ou sur
le I Remember Miles de Shirley Horn, les
Quellis 2 forgent une scène sonore au relief
exceptionnel. Les musiciens prennent naturellement
leur place. On les identifie sur la
scène grâce à des positions très précises,
tant en largeur qu’en profondeur. Les Quellis
2 savent observer une pertinence hiérarchique
impeccable qui permet à l’image de se
modeler avec un réalisme indiscutable. En
outre, ces enceintes font preuve d’une très
belle dispersion, qui rend l’écoute très
aérienne, jamais compassée.
Transparence : Ce n’est pas tant la richesse
des Quellis 2 qui surprend les auditeurs, mais
surtout leur distinction. L’écoute est en effet
élégante, racée, tout en étant très précise. Le
tweeter large bande y est certainement pour
beaucoup. Sur sa plage de fonctionnement,
on apprécie une multitude de petites informations,
qui surgissent de façon bien coordonnée.
Car ce haut-parleur monte tout aussi
SYSTEME D’ECOUTE
Sources :
Lecteurs Esoteric X-01 D2
et Nagra CDP
Electroniques :
amplificateurs intégrés
Art & Technologie SE50 i
et Sugden IA4
Câbles :
Actinote MC (modulation)
et Quellis (HP)
haut que les meilleurs tweeters, mais confère
au son une consistance et une épaisseur
supérieures, tout en proposant des hautes
fréquences plus soyeuses. L’équilibre est
donc plus naturel que celui de bon nombre de
dômes traditionnels, et moins typé également.
Certes il s’agit d’une technologie onéreuse,
mais elle porte ses fruits, comme en
témoigne une reproduction très piquée. Et
comme le boomer partage exactement la
même technologie, l’abondance de détails
est répartie sur tout le spectre.
VERDICT
Malgré leur esthétique très classique, les
Quellis 2 sont des enceintes franchement anticonformistes.
Elles sont le fruit d’une étude
particulièrement approfondie, mais également
d’une réflexion qui explore autant les fondements
de la recherche acoustique la plus évoluée
que les bienfaits du tuning audiophile.
Les deux facettes de cette gestation leur permettent
d’être véritablement originales, tout
en leur garantissant une performance de très
haut niveau. Sur ce dernier plan, elles se positionnent
comme des transducteurs particulièrement
scrupuleux et infiniment respectueux
du message original. Elles imposent un étonnant
sens du naturel, associé à une très belle
présence. C’est une réussite hexagonale qu’il
convient de saluer pleinement, un produit
français de haut de gamme qui n’a aucune raison
de rougir face à une concurrence internationale
pourtant des plus féroces.
Laurent Thorin
FABRICATION ■ ■ ■ ■ ■
TIMBRES ■ ■ ■ ■ ■
DYNAMIQUE ■ ■ ■ ■ ■
IMAGE ■ ■ ■ ■ ■
TRANSPARENCE ■ ■ ■ ■ ■
QUALITE/PRIX Sans objet