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Le célèbre best of des 25 ans - L'Insatiable - INSA de Lyon

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The Very Meilleur Of<br />

L’Insatiable


L’Insatiable<br />

présente<br />

The Magic Deluxe<br />

<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’Insatiable ce sont 126 numéros,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> rédacteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’articles,<br />

une centaine <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> lecteurs selon les<br />

organisateurs (une grosse dizaine selon la police),<br />

plusieurs hectares <strong>de</strong> forêts sauvagement rasés,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nuits blanches interminables, <strong><strong>de</strong>s</strong> fautes d’orthographe<br />

abominables, <strong><strong>de</strong>s</strong> tas <strong>de</strong> potins diffamatoires,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> dizaines <strong>de</strong> lettres d’insultes, un<br />

dépôt <strong>de</strong> plainte, <strong><strong>de</strong>s</strong> litres <strong>de</strong> café, 126 plantages<br />

réseaux toujours opportuns, <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnes <strong>de</strong> Tuc...<br />

D<strong>ans</strong> ce Best Of, nous avons sélectionné<br />

pour vous la crème <strong>de</strong> la crème d’un quart <strong>de</strong> siècle<br />

<strong>de</strong> publication, une sorte <strong>de</strong> bouillon Kub du<br />

contenu nauséabond déversé cinq fois par an <strong>de</strong>vant<br />

votre restaurant préféré. Tout ça, pour vous,<br />

à domicile, présenté d<strong>ans</strong> un authentique packaging<br />

Magic Deluxe©. Nuggets <strong>de</strong> Poulets sauce<br />

tartare <strong>of</strong>ferts au <strong>de</strong>là d’une heure <strong>de</strong> retard.<br />

Plongez-vous donc d<strong>ans</strong> cette unique tranche<br />

<strong>de</strong> mythologie où Diogène se prénommerait<br />

Nanard et les Cerbères bosseraient chez Sécuritas.<br />

Abreuvez-vous <strong>de</strong> <strong>25</strong> <strong>ans</strong> <strong>de</strong> culture nombriliste<br />

dégénérée par une pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong> consanguinité, <strong>de</strong><br />

private jokes éculées, <strong>de</strong> potins grivois récurrents<br />

commis par le très respectable corps pr<strong>of</strong>essoral<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> enseignants <strong>de</strong> mécanique peu lettrés et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

téméraires prises <strong>de</strong> position avant-gardistes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

membres <strong>de</strong> la rédaction lues uniquement par<br />

leurs parents.<br />

Bien à vous,<br />

Best Of<br />

Alain S.<br />

L’Insatiable<br />

Journal <strong><strong>de</strong>s</strong> Étudiants <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong><br />

RdC bâtiment H 20, av. Albert Einstein<br />

69 621 Villeurbanne ce<strong>de</strong>x<br />

Tél. : 04 72 43 82 29<br />

Web : <br />

E-mail : <br />

Imprimé par Riccobono Impression<br />

Directeur <strong>de</strong> la Publication : Raphaël Mina<br />

Peut contenir <strong><strong>de</strong>s</strong> traces <strong>de</strong> contenu inédit<br />

Aucun Orga’If n’a été blessé lors <strong>de</strong> cette mise en page.


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Mars 1957, fait rarissime, l’Assemblée Nationale vote une loi<br />

pour la création d’un institut, le nôtre, l’Insa. Novembre 1957, une première<br />

école ouvre ses portes près <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, sur l’ancien terrain militaire<br />

<strong>de</strong> La Doua.<br />

Resituons-nous à la genèse du projet, les années 1950. Nous<br />

sommes au sortir <strong>de</strong> la guerre, le pays a besoin d’ingénieurs en nombre<br />

pour reconstruire le pays. Certes, il dispose <strong><strong>de</strong>s</strong> voies classiques, les onéreux<br />

lycées et leurs difficiles classes préparatoires, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles et<br />

le prestige façon Grand Empire qui va <strong>de</strong> pair. Forcément, craignant <strong>de</strong><br />

perdre <strong>de</strong> son faste, ce mon<strong>de</strong> n’imagine pas l’ouverture <strong>de</strong> sa formation<br />

à un public plus large pour augmenter la sortie d’ingénieurs : il est hors<br />

<strong>de</strong> question <strong>de</strong> perdre en qualité au pr<strong>of</strong>it <strong>de</strong> la quantité.<br />

<strong>Le</strong> gouvernement doit proposer d’autres moyens. L’idée est<br />

alors d’aller chercher <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> réserves <strong>de</strong> potentiels intellectuels<br />

inexploitées, <strong><strong>de</strong>s</strong> aires où historiquement les gens ne <strong>de</strong>viennent<br />

pas ingénieurs puisqu’ils n’en ont ni les commodités, ni les moyens.<br />

Comme le dit la formule, on va faire <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pays<strong>ans</strong>.<br />

Cette campagne <strong>de</strong> l’époque, c’est toute la province française. Merci du<br />

compliment.<br />

<strong>Le</strong> gouvernement nomme un responsable pour ce projet <strong>de</strong><br />

nouvelle école, le Recteur Capelle, un ancien élève <strong>de</strong> l’ENS. Dès 1956,<br />

il effectue <strong><strong>de</strong>s</strong> allers-retours réguliers entre la France et Dakar pour les<br />

préparatifs. Comme on veut aller très vite, cela ne suffit pas, il faut accélérer<br />

le processus et à l’époque on sait s’en donner les moyens. Une loi est<br />

proposée par le ministre <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong> l’époque, M. Billères, tout un<br />

symbole. Adoptée, elle tiendra ses promesses et à peine neuf mois plus<br />

tard, l’Insa <strong>de</strong>vient une réalité.<br />

Historique<br />

En si peu <strong>de</strong> temps sortent <strong>de</strong> terre le bâtiment A, le peigne<br />

du premier cycle et son couloir d’administration, l’amphithéâtre Vannier,<br />

une salle <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins industriels et son atelier équipé en machines outils.<br />

Contrairement à ce qu’en disent les rumeurs sur le campus, tout ce qui<br />

est construit à cette époque n’a rien <strong>de</strong> provisoire. La rythme effréné se<br />

poursuit quelques années sur <strong>Lyon</strong>, on y ouvre une rési<strong>de</strong>nce chaque<br />

année jusqu’en 1963 et continue à construire les bâtiments nécessaires<br />

pour les départements.<br />

La loi adoptée en 1957 inclut déjà le concept novateur <strong>de</strong> réseau,<br />

prévoyant la construction d’autres écoles aux valeurs communes :<br />

même mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> recrutement, mêmes services sur place et mêmes ai<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pour les étudiants. L’Insa Toulouse ouvre ses portes en 1963, Rennes en<br />

1966 mais Lille ne verra jamais le jour. Dès 1961, le gouvernement ne<br />

considère plus l’Insa comme une priorité, entraînant restrictions budgétaires<br />

et abandon <strong>de</strong> projets. D<strong>ans</strong> les pl<strong>ans</strong>, la piscine que nous connaissons<br />

était plus gran<strong>de</strong> et l’Institut Lillois était réalité.<br />

Et alors, les Insa Rouen et Strasbourg, me direz-vous. <strong>Le</strong>ur<br />

création est elle aussi motivée par certains politiques. En 1985, le jeune<br />

premier ministre Laurent Fabius, aussi une figure politique locale <strong>de</strong> la<br />

région Rouennaise motive le phagocytage d’une école <strong>de</strong> chimie. L’Insa<br />

<strong>de</strong> Rouen vient <strong>de</strong> naître.<br />

Si l’intégration <strong>de</strong> l’Insa Rouen semble être réalisée rapi<strong>de</strong>ment<br />

et s<strong>ans</strong> opposition, il en va autrement <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’Insa Strasbourg,<br />

évoquée <strong>de</strong>puis 15 <strong>ans</strong> par certains politiques, discutée pendant 6 <strong>ans</strong> et<br />

concrétisée en 2003. Aujourd’hui encore, l’école gar<strong>de</strong> une certaine indépendance<br />

et n’intègre pas le l’association <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs Insa, conservant<br />

son propre réseau.


Historique<br />

POTINS<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

I want to believe<br />

Vu sur l’intranet <strong>de</strong> notre cher<br />

Institut : “95% <strong><strong>de</strong>s</strong> locaux auront bientôt<br />

un local”.<br />

Nous, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien ce qui<br />

va arriver aux 5% restants.<br />

Forum cherche ami(e)s<br />

L’association d’organisation du<br />

Forum Rhône-Alpes traverse une pério<strong>de</strong><br />

difficile. Pour attirer les gens à leur A.G., ils<br />

ont décidé <strong>de</strong> toucher la cor<strong>de</strong> sensible en<br />

venant d<strong>ans</strong> les amphis au début <strong><strong>de</strong>s</strong> cours<br />

déchirer <strong><strong>de</strong>s</strong> affiches du Forum 99 en pleurant.<br />

<strong>Le</strong> Forum en manque d’effectif ?<br />

On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> vraiment pourquoi : après<br />

avoir montré leurs culs d<strong>ans</strong> l’Effervescent,<br />

ils s’aut<strong>of</strong>lagellent d<strong>ans</strong> leur tract (“le Forum,<br />

un club <strong>de</strong>...“). Attendons encore un<br />

peu et le Forum viendra lui-même écrire<br />

ses potins d<strong>ans</strong> L’Insatiable.<br />

La Bite et l’Couteau<br />

C. C., intervenante en IF lors <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Semaines du Management, après avoir essayé<br />

pendant 15 minutes <strong>de</strong> relier son portable<br />

au vidéoprojecteur, elle abandonne<br />

en lâchant une phrase très féminine “Bon<br />

tant pis, on va continuer avec notr’ bite et<br />

notr’ couteau...”<br />

Fonctionnaires !<br />

Lors d’une réunion pour l’amélioration<br />

<strong>de</strong> la communication sur l’Insa<br />

réunissant tout le gratin du campus, il a<br />

été <strong>de</strong>mandé, je cite : “Nous voudrions<br />

savoir ce qui se passe d<strong>ans</strong> le bâtiment <strong>de</strong><br />

l’administration centrale”. Réponse : “Mais<br />

rien !”<br />

Comme quoi les fonctionnaires<br />

sont payés à ne rien faire... C’est pas moi<br />

qui le dis ! C’est M me Sacadura, illustre secrétaire<br />

<strong>de</strong> direction qui sait <strong>de</strong> quoi elle<br />

cause.<br />

Ins’Asile<br />

De M. H., pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> maths en 3<br />

GEN : “<strong>Le</strong>s hôpitaux sont pleins, faut<br />

bien trouver <strong>de</strong> la place pour les gens<br />

moyennement dérangés... Moi, ils m’ont<br />

mis ici...”<br />

Elèves ingénieurs, gare à la<br />

contagion !<br />

Révélation musicale<br />

M. S., pr<strong>of</strong>’ <strong>de</strong> maths en 1 ère année,<br />

voit en amphi un étudiant <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre<br />

vers lui et le rejoindre sur l’estra<strong>de</strong> <strong>de</strong> Capelle.<br />

Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> “Vous avez une solution<br />

à proposer ?” mais se voit délicatement<br />

écarté du micro d’un coup d’épaule,<br />

et l’étudiant <strong>de</strong> chanter un “Il est venu le<br />

temps <strong><strong>de</strong>s</strong> cathédrâââles...“délicieusement<br />

déraillant, puis <strong>de</strong> remonter à sa place s<strong>ans</strong><br />

mot dire.<br />

Eh oui, les maths, c’est une matière<br />

difficile, et <strong><strong>de</strong>s</strong> fois, on craque.<br />

La révolution InsaN°24<br />

- Mars. 89<br />

An <strong>de</strong> grâce 1957. Un édit <strong><strong>de</strong>s</strong> seigneurs Capelle et Berger décrette que<br />

les terres <strong>de</strong> Villeurbanne accueilleront <strong>de</strong> jeunes écuyers du Royaume.<br />

Avril 1957, le campus <strong>de</strong> l’Insa<br />

n’est autre qu’un vaste terre-plein s<strong>ans</strong> âme.<br />

Mais la Doua cache bien son jeu car, un an<br />

auparavant, <strong>Le</strong> Progrès consacrait toute une<br />

page au projet d’élaboration <strong>de</strong> notre Institut<br />

avec, en gros titre : “Une conception à<br />

l’échelle du XXI ème siècle”. Un complexe universitaire<br />

géant construit sur les 90 hectares<br />

<strong>de</strong> la Doua, hippodrome compris, fera <strong>de</strong><br />

<strong>Lyon</strong> une capitale mondiale <strong>de</strong> l’enseignement<br />

scientifique.<br />

Eh oui, il s’agit bien d<strong>ans</strong> ces lignes<br />

<strong>de</strong> la genèse <strong>de</strong> l’Insa, une école pensée en<br />

plein baby-boom, mais qui fit réellement<br />

“boum” le 11 novembre 1957, date <strong>de</strong> la première<br />

rentrée que vécut une promotion <strong>de</strong><br />

300 élèves cravatés, cheveux courts, venant<br />

<strong>de</strong> toutes parts (<strong><strong>de</strong>s</strong> régions <strong>de</strong> France mais<br />

aussi d’Afrique, d’Indochine et <strong>de</strong> Madagascar)<br />

jusqu’au n°20 du Chemin <strong>de</strong> la Doua,<br />

afin d’y commencer leurs quatre années<br />

d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> (cinq <strong>ans</strong> à partir <strong>de</strong> 1968).<br />

Pré-sélection ! <strong>Le</strong>s rusés qui atteignaient<br />

le but étaient à la fois contents d’être<br />

heureux et surpris d’être étonnés ! Effectivement,<br />

sous<br />

leurs yeux,<br />

ébahis surgissait<br />

la rési<strong>de</strong>nce<br />

“A”<br />

toute neuve<br />

infestée<br />

<strong>de</strong> journalistes<br />

et<br />

photographesavi<strong><strong>de</strong>s</strong>d’immortaliser<br />

l’instant où<br />

l’étudiant<br />

inquiet découvre<br />

à<br />

la fois sa<br />

chambre<br />

et son coturne. Mais il est important ici <strong>de</strong><br />

signaler qu’en ce jour <strong>de</strong> rentrée, l’Insa est<br />

encore en chantier et l’ambiance est assurée<br />

par les bulldozers déchaînés.<br />

L’Insa, l’originale<br />

Mais revenons sur le caractère propre<br />

<strong>de</strong> notre école qui se distingue surtout par<br />

l’originalité du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> sélection à l’entrée<br />

et celle <strong>de</strong> la vie en rési<strong>de</strong>nces. À l’origine, la<br />

volonté du Recteur Jean Capelle (fondateur<br />

et premier Directeur Général <strong>de</strong> l’Insa) était<br />

<strong>de</strong> favoriser l’accès aux étu<strong><strong>de</strong>s</strong> scientifiques<br />

longues aux classes sociales les plus diverses<br />

et particulièrement aux étudiants issus <strong>de</strong> familles<br />

paysannes et ouvrières.<br />

À cet effet, l’idée du concours fut<br />

abandonnée s<strong>ans</strong> pour autant négliger la<br />

sélectivité qui se traduisait par le passage<br />

<strong>de</strong>vant une commission (comprenant un<br />

pr<strong>of</strong>esseur, un psychologue et un ingénieur)<br />

dont l’appréciation se fondait d’après le livret<br />

scolaire, les résultats et la personnalité<br />

<strong>de</strong> l’élève révélée pendant l’entretien.<br />

Car l’intelligence est une qualité<br />

fondamentale, certes, mais pour qu’elle se<br />

manifeste par <strong><strong>de</strong>s</strong> réalisations fécon<strong><strong>de</strong>s</strong>, il<br />

faut que celui qui en est pourvu (heureuse<br />

personne) possè<strong>de</strong> aussi du caractère. C’est<br />

2<br />

ainsi que, en 1963, 21% <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves étaient issus<br />

<strong>de</strong> familles ouvrières et paysannes alors<br />

que la proportion d<strong>ans</strong> les universités françaises<br />

était seulement <strong>de</strong> 12%.<br />

Une nouvelle famille<br />

La secon<strong>de</strong> originalité <strong>de</strong> l’Insa<br />

résidait d<strong>ans</strong> l’organisation <strong>de</strong> la vie en internat.<br />

Au début, il était question <strong>de</strong> répartir<br />

les élèves d<strong>ans</strong> la région <strong>Lyon</strong>naise et <strong>de</strong> les<br />

tr<strong>ans</strong>porter en car, mais à l’époque il était<br />

difficile <strong>de</strong> trouver un logement en ville et<br />

les rési<strong>de</strong>nces universitaires étaient rares. La<br />

solution <strong>de</strong> l’internat fut vite considérée indispensable,<br />

car il fallait <strong>de</strong> plus assurer aux<br />

parents certaines assurances d’organisation<br />

matérielle et <strong>de</strong> sécurité. Il était également<br />

nécessaire <strong>de</strong> mettre les élèves d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conditions <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment optimum pour le<br />

travail.<br />

L’organisation rési<strong>de</strong>ntielle permettait<br />

<strong>de</strong> grouper les élèves en “familles”<br />

avec un représentant pour chacune d’elles<br />

qui assurait la liaison avec la Direction. Chacun<br />

<strong>de</strong> ces<br />

groupes<br />

possédait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> servicespropres<br />

: bloc<br />

sanitaire,<br />

cuisinette<br />

et cellule<br />

<strong>de</strong> travail.<br />

<strong>Le</strong> travail,<br />

parlonsen<br />

! Par<br />

exemple,<br />

citons un<br />

extrait du<br />

Bulletin<br />

<strong>de</strong> l’Union<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ecoles paru en février 1958 suite à une enquête<br />

menée sur l’Insa : les élèves travaillent<br />

souvent jusqu’à minuit ou une heure du matin.<br />

<strong>Le</strong> jeudi après-midi est souvent pris par<br />

la préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs surveillés ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

colles et le samedi après-midi n’est libre que<br />

théoriquement. L’assistance aux cours est<br />

pratiquement totale et le seul problème est<br />

la crainte <strong>de</strong> la défaillance nerveuse avant la<br />

fin <strong>de</strong> l’année ! Quelle époque héroïque !<br />

Aucune vie communautaire me direz-vous<br />

! Que nenni ! Malgré l’inconvénient<br />

<strong>de</strong> la position géographique du campus, excentrée<br />

par rapport aux activités culturelles<br />

du centre ville, <strong>de</strong> nombreuses formes <strong>de</strong> loisirs<br />

furent créées à l’initiative <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants<br />

que la chia<strong>de</strong> n’occupait pas à temps plein !<br />

Notamment une coopérative, un club radio,<br />

un ciné-club, <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs méca, photo, peinture,<br />

échecs, chorale et orchestre.<br />

Après ce petit aperçu <strong>de</strong> la naissance<br />

<strong>de</strong> notre Institut, à vous <strong>de</strong> porter un<br />

jugement sur l’évolution constatable qui s’est<br />

opérée sur plus <strong>de</strong> trois décennies et, pourquoi<br />

pas, <strong>de</strong> prévoir l’avenir.<br />

Zolive<br />

NDLR : Alors, 20 <strong>ans</strong> après l’écriture<br />

<strong>de</strong> cet article, qu’en pensez-vous ? Pour<br />

vous ai<strong>de</strong>r, lisez donc les pages suivantes...


Instantanés d’une époqueN°12<br />

- Déc. 86 (Complété)<br />

Vous avez manqué le début ? Pour votre plus grand plaisir, Alain Satiable vous a préparé une petite fiche <strong>de</strong><br />

révision, à base <strong>de</strong> quelques dates clés, pour vous ai<strong>de</strong>r à mieux assimiler un <strong>de</strong>mi siècle <strong>de</strong> vie insalienne.<br />

1959 : Monsieur le Recteur précise<br />

que les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> technologie seront sanctionnées<br />

par un certificat <strong>de</strong> scolarité ou un<br />

diplôme d’ingénieur, avec ou s<strong>ans</strong> mention.<br />

La 3 ème et la 4 ème année sont <strong><strong>de</strong>s</strong> années <strong>de</strong><br />

spécialisation, pour les étudiants jugés capables.<br />

Un bilan semestriel est instauré.<br />

<strong>Le</strong> compte-rendu du responsable<br />

<strong>de</strong> l’autodiscipline annonce que les garçons<br />

n’ont pas le droit <strong>de</strong> rentrer d<strong>ans</strong> les chambres<br />

<strong>de</strong> filles, et réciproquement. Des étudiants <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> suivre <strong><strong>de</strong>s</strong> cours <strong>de</strong> Norvégien.<br />

1965 : En octobre, bizutage au parc<br />

<strong>de</strong> la Tête d’Or : <strong>de</strong>ux bateaux <strong>de</strong> corsaires se<br />

sabor<strong>de</strong>nt, démâtent sur le char <strong>de</strong> Blanche-<br />

Neige, croisant en route les<br />

Daltons qui s’éva<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur<br />

prison, manquant d’écraser<br />

quelques Gaulois et un carré<br />

<strong>de</strong> Romains au passage.<br />

Création <strong>de</strong> la section<br />

“Génie Urbain”, promise<br />

à un bel avenir ; il est précisé<br />

que “les <strong>de</strong>ux sexes sont admis”.<br />

Un sondage indique<br />

que la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> filles déteste<br />

le survêtement comme tenue<br />

vestimentaire <strong><strong>de</strong>s</strong> garçons,<br />

et autant sont réservées pour<br />

les cheveux longs. Toutes<br />

sont choquées par le manque<br />

<strong>de</strong> politesse au restaurant.<br />

21% <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens sont fils<br />

d’ouvriers, soit plus du double<br />

<strong>de</strong> la moyenne nationale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants.<br />

1967 : <strong>Le</strong>s chambres<br />

<strong>de</strong>viennent libre d’accès pour<br />

les personnes <strong>de</strong> sexe opposé.<br />

“d’aucuns imaginent déjà les<br />

rési<strong>de</strong>nces tr<strong>ans</strong>formées en<br />

lieu <strong>de</strong> plaisir.” Et les problèmes<br />

commencent. Courrier<br />

du cœur : mon coturne sort<br />

avec une fille, aussi, je me fais<br />

un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> passer la majeure<br />

partie <strong>de</strong> mon temps chez<br />

les codouches. Mais maintenant,<br />

un <strong>de</strong> mes codouches a<br />

aussi une petite amie qui tend<br />

à augmenter la fréquence <strong>de</strong><br />

ses visites. Qu’allons-nous<br />

<strong>de</strong>venir, le coturne et moi ?<br />

Réponse : votre problème,<br />

assez répandu <strong>de</strong>puis l’ouverture<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces, est ardu mais pas s<strong>ans</strong><br />

solution. Échangez les coturnes. Et ne pas<br />

tomber vous aussi d<strong>ans</strong> cette situation, car<br />

alors le problème <strong>de</strong>viendrait insoluble. En<br />

février, Pierre Perret anime le bal pour la 1 er<br />

journée <strong><strong>de</strong>s</strong> dons du sang.<br />

1969 : Inquiétu<strong>de</strong> chez les 2 ème années<br />

: une matière inconnue, dite “vibratophysico-optique”.<br />

1975 : Droit <strong>de</strong> perquisition d<strong>ans</strong><br />

les chambres, supprimé suite à une lutte étudiante.<br />

1976 : Suppression <strong><strong>de</strong>s</strong> vacances <strong>de</strong><br />

Toussaint, qui seront rétablies ; création d’un<br />

examen supplémentaire <strong>de</strong> fin d’année, et <strong>de</strong><br />

l’année probatoire : le pourcentage d’exclus<br />

en 1 ère année sera, en moyenne sur les 4 années<br />

suivantes, <strong>de</strong> 20%.<br />

Grève <strong>de</strong> 6 semaines. Note <strong>de</strong><br />

Monsieur Hamelin, le <strong>25</strong> février : “L’Insa<br />

est <strong>of</strong>ficiellement fermée, les repas ne seront<br />

plus assurés”. L’administration coupe<br />

l’eau chau<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s étudiants prennent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contacts avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pays<strong>ans</strong>, pour s’approvisionner<br />

en lait, et avec une coopérative fruitière.<br />

Pendant une semaine, <strong><strong>de</strong>s</strong> volontaires<br />

s’occupent du fonctionnement du restaurant<br />

(1400 repas par jour), conseillés par une partie<br />

du personnel, qui vient chaque jour, et<br />

fera rouvrir le restaurant (NDLR : voir page<br />

suivante). Disparition du Joint, journal d’un<br />

groupement d’étudiants “anticapitalistes”.<br />

Des internes s’électrocutent en s’appuyant<br />

aux fenêtres du bâtiment C.<br />

1978 : Fermeture du bar du F,<br />

considéré comme un “élément subversif, car<br />

la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes présents aux concerts<br />

viennent <strong>de</strong> l’extérieur du campus”. Clôture<br />

à minuit du bar du C, réputé pour ses<br />

“drogués”, et du bar du H, connu pour ses<br />

“alcooliques”. Menace <strong>de</strong> faire intervenir les<br />

CRS pour déloger les grévistes <strong>de</strong> la faim, et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> policiers en civil pour renvoyer les étudiants<br />

couchant à l’administration. Mesures<br />

judiciaires contre les responsables du mouvement<br />

<strong>de</strong> lutte. Notre école travaille sur un<br />

projet <strong>de</strong> contrat pour la formation d’ingénieurs<br />

atomistes iraniens. Un directeur <strong>de</strong><br />

département : “La situation en Iran, je m’en<br />

fous, je fais mon travail”. L’enfer du décor,<br />

mensuel <strong>de</strong> l’ Union <strong><strong>de</strong>s</strong> Etudiants Communistes<br />

<strong>de</strong> l’Insa nous apprend que 12,5%<br />

<strong>de</strong> la promo sortante est au chômage. <strong>Le</strong>s<br />

3<br />

Historique<br />

subventions <strong>de</strong> l’Administration à la Fédération<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Clubs (1 franc par personne), “ça<br />

fait, tout bien pesé, un <strong>de</strong>mi-pot <strong>de</strong> yaourt<br />

par étudiant et par année”. Pendant 5 jours,<br />

une voiture <strong>de</strong> l’ORTF circule à travers notre<br />

école pour réaliser une émission <strong>de</strong> <strong>25</strong> minutes<br />

sur “l’émancipation <strong>de</strong> la femme”.<br />

1979 : Fin <strong>de</strong> la franchise universitaire: la<br />

police a le droit d’entrer sur le campus, “car<br />

il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> vols, du trafic <strong>de</strong> drogue, <strong><strong>de</strong>s</strong> hébergements<br />

clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tins, <strong><strong>de</strong>s</strong> commerces non<br />

déclarés”. Un étudiant est exclu <strong>de</strong> l’internat<br />

après avoir tout cassé d<strong>ans</strong> sa chambre : lampes,<br />

glace, lavabo. Une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> “casseurs”<br />

sème la panique au bar du H, les responsables<br />

appellent au secours le Directeur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces. Concerts réduits<br />

à <strong>de</strong>ux par mois. Il n’y a que<br />

28 % <strong>de</strong> mention AB en première<br />

année.<br />

1986 : L’Insatiable sort sur imprimante<br />

laser.<br />

1989 : M. Dechavanne invite sur<br />

son plateau télévisé un commando<br />

lyonnais (insalien ?) qui a le plaisir<br />

<strong>de</strong> montrer à la France entière un<br />

document illustrant leurs actions<br />

tournées sur le vif d<strong>ans</strong> la région<br />

lyonnaise.<br />

1996 : l’association Issue organise<br />

une conférence sur “le danger <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sectes”. La secte raëlienne répond<br />

en collant sur toutes les affiches <strong>de</strong><br />

l’association insalienne : “Tous les<br />

membres du Mouvement Raëlien<br />

du Rhône remercient chaleureusement<br />

l’association Issue (...). Ils les<br />

ont ainsi renforcés d<strong>ans</strong> leur motivation<br />

(...) <strong>de</strong> diffuser la fantastique<br />

information <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> la<br />

vie sur la terre par une civilisation<br />

extraterrestre...”<br />

1998 : dix comas éthyliques, <strong>de</strong><br />

nombreuses dégradations dues<br />

à l’alcool, perforation “acci<strong>de</strong>ntelle”<br />

du toit <strong>de</strong> la Roton<strong>de</strong> suivie<br />

d’une chute <strong>de</strong> plusieurs mètres<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux responsables... lourd bilan<br />

pour une seule soirée. La Direction<br />

prend <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures radicales : fermeture<br />

<strong>de</strong> la K-fêt et interdiction<br />

<strong>de</strong> l’alcool sur le campus. Suivra<br />

ensuite une dure pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prohibition<br />

pour tous les Insaliens.<br />

2001 : Alain Storck pose ses valises<br />

à l’Insa.<br />

2006 : Une fois n’est pas coutume,<br />

le toit <strong>de</strong> la Roton<strong>de</strong> est <strong>de</strong> nouveau traversé<br />

par <strong>de</strong>ux personnes à la veille <strong>de</strong> la rentrée<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> 1 ère année. Pas d’interdiction <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong> la direction, mais la K-fêt stoppe la vente<br />

d’alcool pendant plusieurs semaines.<br />

2007 : L’Insa fête son cinquantenaire,<br />

quelques temps après la fermeture du C,<br />

le mythique bâtiment D clôt ses portes pour<br />

une rénovation en pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong>ur.<br />

2009 : La charte alcool s’introduit<br />

d<strong>ans</strong> la vie étudiante. Elle stipule entre<br />

autres que les soirées ne doivent pas avoir<br />

pour objectif <strong>de</strong> “boire pour boire”.<br />

<strong>Le</strong>s frères jumeaux B<strong>de</strong> et Insatiable<br />

fêtent leur <strong>25</strong> <strong>ans</strong>. Sortie du numéro spécial<br />

que vous tenez entre les mains.<br />

o<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Historique<br />

<strong>Le</strong> 10 février 1976 débuta la grève<br />

la plus terrible <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’Insa. Elle allait<br />

durer cinq semaines pendant lesquelles<br />

un dialogue <strong>de</strong> sourds s’instaura entre la<br />

Direction et les comités <strong>de</strong> grève. <strong>Le</strong> 24 février<br />

M. Hamelin annonça la fermeture <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bâtiments et les 2 ème et 3 ème cycles <strong>de</strong> l’Insa se<br />

rallièrent au 1 er cycle initiateur. Partout, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

facultés et <strong><strong>de</strong>s</strong> IUT étaient en grève. <strong>Le</strong>s Insaliens,<br />

en plus <strong>de</strong> leurs revendications propres<br />

adoptèrent les revendications nationales<br />

et participèrent activement aux comités<br />

<strong>de</strong> liaison. <strong>Le</strong> <strong>25</strong> février, la décision<br />

fut prise <strong>de</strong> fermer totalement l’Insa<br />

ainsi que les restaurants. <strong>Le</strong>s élèves<br />

confisquèrent alors les stocks et occupèrent<br />

les locaux administratifs.<br />

<strong>Le</strong>s 200 CRS appelés à la rescousse<br />

ne les en délogèrent pas. Ponctuant<br />

leur action par quelques coups<br />

d’éclat, les grévistes tinrent jusqu’au<br />

17 mars, date à laquelle la reprise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cours fut votée lors d’un scrutin redouté<br />

et contesté par les comités <strong>de</strong><br />

grève. <strong>Le</strong>s cours reprirent le 5 avril,<br />

après les vacances.<br />

Mais les Insaliens n’étaient<br />

pas au bout <strong>de</strong> leurs peines : le samedi<br />

8 mai 1976, vers midi, un incendie<br />

se déclara d<strong>ans</strong> la chambre 222 du<br />

bâtiment B. Deux étudiants tentèrent<br />

en vain <strong>de</strong> l’éteindre à l’ai<strong>de</strong> d’extincteurs.<br />

Malgré une alerte rapi<strong>de</strong>,<br />

la maîtrise du feu nécessita un très<br />

important dispositif <strong>de</strong> pompiers,<br />

étant donnée la soudaineté et la rapidité<br />

<strong>de</strong> propagation <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes : à<br />

13h 30 le bâtiment B était en ruine, 50<br />

chambres sur 150 étaient complètement<br />

détruites. Fort heureusement,<br />

le bâtiment était désert et il n’y eut<br />

aucun blessé. <strong>Le</strong>s sinistrés furent<br />

relogés et bénéficièrent d’attentions<br />

spéciales en fin d’année. Cependant,<br />

les étudiants dénoncèrent vigoureusement<br />

l’insécurité <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces<br />

et la politique <strong>de</strong> construction au rabais <strong>de</strong><br />

l’Education Nationale. Combien y aurait-il<br />

eu <strong>de</strong> morts si le bâtiment avait pris feu au<br />

cours <strong>de</strong> la semaine et d<strong>ans</strong> la nuit ?<br />

L’année noire<br />

1976, année mouvementée<br />

En 1976, la canicule a fait monter la température d<strong>ans</strong> toute la France, mais particulièrement du côté <strong>de</strong> l’Insa,<br />

où les étudiants semblaient littéralement bouillonner d’une envie <strong>de</strong> lutte envers la direction <strong>de</strong> l’Institut.<br />

Durant les événements <strong>de</strong> 1976,<br />

M. Hamelin se confia maintes fois aux journaux.<br />

D<strong>ans</strong> le Progrès <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, il remarquait<br />

fort judicieusement que les étudiants étaient<br />

passablement excités car revenant <strong><strong>de</strong>s</strong> vacances<br />

<strong>de</strong> neige. Ils avaient eu l’audace <strong>de</strong><br />

lui adresser un “ultimatum insolent”, ce qui<br />

avait provoqué son refus <strong>de</strong> négocier : “La<br />

courtoisie est un élément fondamental <strong>de</strong><br />

leur formation” dit-il pour conclure.<br />

Décidément on ne pouvait pas les<br />

tenir, ces mauvaises graines <strong>de</strong> grévistes :<br />

non contents d’occuper l’Administration, <strong>de</strong><br />

faire déplacer 15 cars <strong>de</strong> police pour les déloger<br />

(en vain), et <strong>de</strong> s’installer d<strong>ans</strong> le fauteuil<br />

<strong>de</strong> M. Hamelin, il fallait encore qu’ils en rajoutent<br />

: par <strong>de</strong>ux fois ils interrompirent une<br />

émission d’Europe 1 (dont une justement<br />

intitulée “Tout peut arriver”) en scandant<br />

plusieurs slog<strong>ans</strong>, puis ils monopolisèrent la<br />

sonorisation <strong>de</strong> la Part-Dieu afin d’expliquer<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

leur lutte. <strong>Le</strong> clou du spectacle fut l’intégration<br />

<strong>de</strong> responsables du parti communiste<br />

d<strong>ans</strong> les locaux administratifs et l’occupation<br />

massive <strong>de</strong> l’ANPE où ils s’inscrivirent tous<br />

sur les listes <strong>de</strong> chômage.<br />

Gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> stocks<br />

La gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> stocks, discipline<br />

actuellement enseignée d<strong>ans</strong> le Département<br />

Informatique a pris naissance cette annéelà,<br />

lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants ont confisqué les<br />

Photo prise en 1979 <strong>de</strong>vant l’administation, lors <strong>de</strong> la grève <strong>de</strong> soutien aux femmes <strong>de</strong> ménages<br />

stocks alimentaires du petit et du grand restaurant<br />

(fermés par l’Administration). Une<br />

“commission bouffe” fut alors mise en place<br />

pour gérer les provisions, les conserver, entretenir<br />

le matériel et faire la cuisine. Elle<br />

s’occupait également <strong><strong>de</strong>s</strong> relations avec les<br />

“travailleurs-pays<strong>ans</strong>” qui les ravitaillaient<br />

en produits <strong>de</strong> la ferme. Pour beaucoup le<br />

problème <strong>de</strong> la nourriture était <strong>de</strong>venu l’âme<br />

<strong>de</strong> la lutte. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard<br />

si celle-ci sembla plus terne lorsque la Direction<br />

décida <strong>de</strong> rouvrir les restaurants. Dix<br />

jours plus tard la grève était finie...<br />

Confortablement installés d<strong>ans</strong><br />

les locaux <strong>de</strong> l’Administration, les élèves ne<br />

faisaient pas que jouer aux cartes sur la moquette<br />

: certains prenaient un malin plaisir<br />

à consulter tous les dossiers et surtout ceux<br />

marqués confi<strong>de</strong>ntiels. Ils eurent quelques<br />

mauvaises surprises notamment en lisant le<br />

con<strong>de</strong>nsé <strong><strong>de</strong>s</strong> “problèmes rencontrés d<strong>ans</strong><br />

l’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> stages” : <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés se<br />

vexent et vont même jusqu’à ne plus répondre<br />

aux lettres administratives car elles ont<br />

eu <strong><strong>de</strong>s</strong> stagiaires “à la propreté douteuse,<br />

aux cheveux longs, aux vêtements négligés<br />

et engagés politiquement”. Il s’agissait bien<br />

entendu d’exceptions.<br />

4<br />

Autre découverte, plutôt alarmante<br />

: l’existence <strong>de</strong> plusieurs documents attestant<br />

l’état <strong>de</strong> délabrement <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces.<br />

La rési<strong>de</strong>nce B était d’ailleurs classée parmi<br />

“celles où il faut envisager pratiquement<br />

une reconstruction totale <strong><strong>de</strong>s</strong> cloisons intérieures,<br />

ainsi que la réfection totale <strong><strong>de</strong>s</strong> sols”.<br />

Deux mois plus tard, elle brûlait...<br />

Lorsqu’ils lancèrent leurs trois revendications,<br />

les Insaliens n’avaient en fait<br />

qu’une idée <strong>de</strong>rrière la tête : réduire la sélection,<br />

qui n’était pourtant que <strong>de</strong> 15% en 1 ère<br />

année avec <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’entrée<br />

bien plus larges qu’aujourd’hui. Ce<br />

fut d’ailleurs uniquement le 1 er cycle<br />

qui se mit en grève au départ.<br />

“<strong>Le</strong>s trois revendications ne sont<br />

qu’un point <strong>de</strong> départ” déclaraientils,<br />

“nous ne voulons plus être obsédés<br />

par la psychose <strong>de</strong> l’examen et <strong>de</strong><br />

la note qui nous pousse à apprendre<br />

systématiquement les polycopiés”<br />

Voilà, ils avaient peur du bachotage,<br />

ils ont fini par l’avouer. Et on les comprend.<br />

Sortie <strong>de</strong> crise ?<br />

N°24 - Mars 89<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> diverses négociations<br />

qu’il eut avec les délégués <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves,<br />

M. Hamelin, s<strong>ans</strong> doute excédé par<br />

les incessantes <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> délai,<br />

finit par être persuadé qu’il n’avait<br />

pas affaire aux véritables meneurs :<br />

“J’ai une estime sincère pour ceux qui<br />

se sont montrés à visage découvert,<br />

non pas pour les autres” déclara-t-il.<br />

Alors, encore un coup d’Hernu ?<br />

Méfiance du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> partis politiques<br />

pour ces mouvements d’étudiants<br />

toujours inquiétants. Mais pas<br />

pour le Parti Communiste voyant là<br />

une occasion à ne pas manquer : “la<br />

révolte d’une Gran<strong>de</strong> École contre<br />

les patrons” et qui proteste <strong>of</strong>ficiellement<br />

contre la fermeture <strong>de</strong> l’école.<br />

<strong>Le</strong>s déclarations et les articles se<br />

succè<strong>de</strong>nt d<strong>ans</strong> les journaux communistes ;<br />

“L’Insa occupe une place à part d<strong>ans</strong> le mouvement<br />

en cours parce qu’il fait partie <strong>de</strong><br />

ces Gran<strong><strong>de</strong>s</strong> Écoles qui concentrent au plus<br />

haut point tous les caractères <strong>de</strong> l’université<br />

bourgeoise : ghetto, mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs<br />

inculqué systématiquement, culte du savoir<br />

pour le savoir”, “les Insaliens ne veulent être<br />

ni chômeurs, ni cadres du travail, ni flic du<br />

capital” “nous ne voulons pas être les gardiens<br />

du capitalisme”, “les avantages matériels<br />

et la promotion sont présentés comme<br />

les seules finalités”, “non à l’emprise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

industriels sur l’Institut”, “notre lutte vise à<br />

atténuer la sélection que la société impose”.<br />

Et encore, ils ne connaissaient pas l’ETIC !<br />

Méfiants, les organisateurs mirent<br />

en place un scrutin pour la reprise ou non<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cours : chaque bulletin <strong>de</strong> vote <strong>de</strong>vait<br />

comporter une signature i<strong>de</strong>ntifiable soigneusernent<br />

comparée à l’acte <strong>de</strong> candidature<br />

à l’entrée <strong>de</strong> l’école. <strong>Le</strong>s chefs <strong>de</strong> département<br />

(ou leur représentant) ont eux-mêmes<br />

procédé à l’authentification. Cela a peut-être<br />

aidé à obtenir le pourcentage record <strong>de</strong> 94%<br />

<strong>de</strong> oui à la reprise <strong><strong>de</strong>s</strong> cours.<br />

C.


Alain Jutard : L’Insa est né en 1957. La<br />

première promo comptait 300 étudiants et<br />

la rentrée <strong>de</strong>vait s’effectuer début octobre<br />

1957, mais elle fut repoussée au 11 novembre<br />

car les bâtiments n’étaient pas finis. <strong>Le</strong>s<br />

cours ont commencé le 12 novembre. <strong>Le</strong>s<br />

seuls bâtiments construits étaient l’actuel<br />

bâtiment A et l’actuel bâtiment Louis Neel.<br />

<strong>Le</strong>s cours avaient lieu d<strong>ans</strong> une salle commune<br />

et vu que c’était encore la pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

travaux, il y avait <strong>de</strong> la boue partout. <strong>Le</strong>s<br />

chambres étaient très spartiates et ce qu’il<br />

y a <strong>de</strong> marrant, c’est que le mobilier était<br />

livré petit à petit en commençant<br />

par le premier étage (réservé aux<br />

filles). Certains ont attendu six<br />

mois. <strong>Le</strong>s salles <strong>de</strong> cours n’avaient<br />

pas <strong>de</strong> table donc on nous a <strong>of</strong>fert<br />

une petite plaque pour mettre sur<br />

les genoux et gratter <strong><strong>de</strong>s</strong>sus. En ce<br />

qui concerne les TP, on a essuyé les<br />

plâtres car au début il manquait du<br />

matériel donc on faisait <strong><strong>de</strong>s</strong> petites<br />

expériences pour compenser.<br />

L’école a été créée contre<br />

le lobby <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles, en<br />

n’instaurant pas <strong>de</strong> concours écrit.<br />

Nous n’avons donc pas eu tout <strong>de</strong><br />

suite le titre d’ingénieur et d’année<br />

en année nous nous attendions à<br />

ce que le ministère nous le donne<br />

enfin. Cela fit grimper l’inquiétu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la promotion qui avait peur <strong>de</strong><br />

ne rien avoir à la fin. Un autre problème<br />

fut que l’Insa avait été créée<br />

pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

techniciens supérieurs. La sélection<br />

se faisait au bout <strong>de</strong> la première<br />

année, on <strong>de</strong>vait en effet passer le<br />

MPC (ancien DEUG) et si on était<br />

bien classé à l’issue <strong>de</strong> cette épreuve,<br />

on passait en section ingénieur,<br />

sinon on était contraint d’aller en section<br />

technicien supérieur. Cela a créé un clivage<br />

d<strong>ans</strong> la promo car on se connaissait tous, ce<br />

qui entraîna une action du BdE qui affirmait<br />

à juste titre qu’étant tous d<strong>ans</strong> la même école<br />

on <strong>de</strong>vait se battre pour tous avoir le même<br />

titre.<br />

Alain Satiable : Quel était l’état d’esprit <strong>de</strong> la<br />

première promo ?<br />

A.J. : Il se distinguait notamment par son<br />

système d’admission, car il s’agissait d’une<br />

sélection sur les motivations plus que les<br />

résultats en maths et physique. Même si ces<br />

résultats jouaient, la motivation était très importante<br />

et comme je l’ai déjà dit, cela marquait<br />

la différence avec les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles.<br />

Certains d’ailleurs n’avaient pas le bac, parce<br />

que leur histoire personnelle faisait qu’ils ne<br />

pouvaient le passer, mais leur motivation et<br />

leur réussite aux tests faisaient qu’ils pouvaient<br />

être pris.<br />

A.S. : Et est-ce qu’à l’époque, la machine était<br />

huilée ? Voyait-on que c’était le début ?<br />

A.J. : Oui, le directeur Jean Capelle venait<br />

d’ailleurs nous faire part <strong>de</strong> ses doutes. On<br />

était très proche <strong>de</strong> la direction car on avait<br />

le même combat, qui était <strong>de</strong> se faire reconnaître.<br />

On savait très bien que s’il n’y avait<br />

pas <strong>de</strong> connivence entre la Direction et les<br />

étudiants, on pouvait sortir avec rien du tout,<br />

mais cela n’empêchait pas <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits avec<br />

eux comme tout étudiant qui se respecte. On<br />

participait autant aux doutes <strong>de</strong> la direction<br />

qu’à leurs enthousiasmes.<br />

A.S. : C’était original cet état d’esprit pour une<br />

école d’ingénieurs, n’est-ce-pas ?<br />

A.J. : Pas forcément, car toutes les écoles<br />

et notamment les arts et métiers formaient<br />

un bloc soli<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> seul truc, c’est que d<strong>ans</strong><br />

ces écoles, il y avait peu <strong>de</strong> TP et d’ateliers.<br />

C’était une innovation. L’Insa a un peu désacralisé<br />

le titre d’ingénieur. Mais à l’époque,<br />

on était plutôt mal vu sur <strong>Lyon</strong> car les industriels<br />

lyonnais étaient tous formés à l’ECAM<br />

et les <strong>Lyon</strong>nais sont plutôt traditionalistes.<br />

En plus, il y avait peu <strong>de</strong> lyonnais à l’Insa…<br />

A.S. : C’était une volonté <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> regrouper<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens différents ?<br />

A.J. : Oui, <strong><strong>de</strong>s</strong> gens d’horizon différents, <strong>de</strong><br />

milieux différents. Une <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques<br />

<strong>de</strong> l’Insa était <strong>de</strong> ne pas se contenter <strong>de</strong> prendre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élèves provenant <strong><strong>de</strong>s</strong> classes moyennes<br />

et qui pouvaient <strong>de</strong> toute façon accé<strong>de</strong>r<br />

aux étu<strong><strong>de</strong>s</strong> maths-sup/maths-spé, mais aussi<br />

<strong>de</strong> sélectionner <strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> la classe populaire.<br />

L’école n’a pas été spécialement faite<br />

pour <strong><strong>de</strong>s</strong> fils d’ouvriers ou <strong>de</strong> pays<strong>ans</strong> mais<br />

ça a permis à ces jeunes-là d’accé<strong>de</strong>r à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> d’ingénieur, ce qu’ils n’auraient pas<br />

fait par la voie classique.<br />

A.S. : Est ce que l’Insa s’est, dès le début, démarquée<br />

par l’abondance <strong>de</strong> la vie associative ?<br />

A.J. : Oui, ça a été une volonté, dès le début,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui ont pensé l’Insa. Ils ont fait<br />

preuve d’innovation, notamment Gaston<br />

Berger. Ce sont ces mêmes personnes qui ont<br />

voulu casser ce système <strong>de</strong> caste d’ingénieur.<br />

Il fallait que les gens soient citoyens et qu’ils<br />

s’intègrent d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> structures, <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> associations, et qu’ils fassent autre chose<br />

que leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. J’ai fait parti d’un grand<br />

projet très fédérateur pour toute la promo :<br />

5<br />

Historique<br />

Si la promo n°1 m’était contée... N°101 - Oct. 2004<br />

Qui n’a jamais voulu avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> informations sur cette fameuse première promotion insalienne ? Alain Jutard, pr<strong>of</strong>esseur<br />

retraité <strong>de</strong> GMC réalise votre rêve d<strong>ans</strong> cette interview retraçant certains faits marquants <strong>de</strong> notre école.<br />

on avait lancé l’idée <strong>de</strong> faire un voilier, et<br />

toute la promo s’y est mise, si bien que ce<br />

bateau a navigué <strong>de</strong> nombreuses années et a<br />

été <strong>de</strong>puis revendu. Il y a aussi eu la semaine<br />

<strong>de</strong> neige, pendant la scolarité, ce qui fut aussi<br />

très innovant. Toute la promo partait au<br />

ski avec ses pr<strong>of</strong>esseurs, mais cela a disparu<br />

après 1968 car les étudiants se disaient libres<br />

<strong>de</strong> faire ce qu’ils voulaient, et ils voulaient en<br />

plus <strong><strong>de</strong>s</strong> congés. L’Insa fut aussi innovante<br />

par le fait qu’elle a imposé <strong><strong>de</strong>s</strong> stages obligatoires,<br />

alors qu’il n’y en avait d<strong>ans</strong> aucune<br />

école. Dorénavant tout le mon<strong>de</strong> le fait, on a<br />

créé une vraie dynamique.<br />

A.S. : Comment s’est passé mai 68 à<br />

l’Insa ?<br />

A.J. : En 68, il y a eu beaucoup d’actions<br />

sur l’Insa mais le problème fut<br />

spécifique car durant l’année précé<strong>de</strong>nte,<br />

une école <strong>de</strong> Nancy avait fait<br />

une OPA sur l’Insa en disant que<br />

nous étions mauvais. <strong>Le</strong> directeur<br />

<strong>de</strong> cette école a débarqué sur <strong>Lyon</strong><br />

et a réussi à se faire nommer directeur<br />

<strong>de</strong> l’Insa , tout en amenant ses<br />

élèves et en leur affirmant qu’ils<br />

auraient le diplôme Insa. <strong>Le</strong>s Insaliens<br />

et le corps pr<strong>of</strong>essoral ont réagi<br />

contre cette action. Finalement,<br />

grâce à mai 68, on a réussi à éjecter<br />

le trouble-fête. Puis il a été nommé<br />

recteur à Madagascar, encore colonie<br />

française à l’époque... C’était un<br />

homme en avance, il voulait faire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cours par satellite (rires) ! Mais<br />

il avait <strong><strong>de</strong>s</strong> idées… <strong>de</strong> truand ! Il<br />

prenait les insaliens pour <strong><strong>de</strong>s</strong> cons.<br />

A.S. : Vous ne regrettez pas que les<br />

élèves s’impliquent <strong>de</strong> moins en moins<br />

d<strong>ans</strong> la vie du campus ?<br />

A.J. : C’est l’évolution <strong>de</strong> la société. Il y a<br />

eu une époque où les étudiants mettaient<br />

la pression sur la direction, il y a eu notamment<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> séquestrations <strong>de</strong> la direction, et<br />

après 68 on avait <strong><strong>de</strong>s</strong> grèves, <strong>de</strong> la rentrée<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vacances <strong>de</strong> février jusqu’à Pâques avec<br />

occupation <strong>de</strong> locaux, défilés… Mais il me<br />

semble que c’est important que les étudiants<br />

d’aujourd’hui aient <strong><strong>de</strong>s</strong> idées généreuses<br />

pour ne pas se replier sur eux-mêmes.<br />

A.S. : Qu’en est-il <strong>de</strong> la contestation insalienne ?<br />

A.J. : Il y a eu un gros conflit qui a duré <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années. <strong>Le</strong>s étudiants défendaient les femmes<br />

<strong>de</strong> ménage, idée généreuse, un peu<br />

utopiste mais sympathique. Il y a donc eu<br />

<strong>de</strong> nombreuses actions mais cela s’est apaisé<br />

car petit à petit, tout le mon<strong>de</strong> s’intéressait<br />

plutôt à lui-même, son futur travail, sa petite<br />

copine…<br />

A.S. : Est ce que vous voyez une évolution d<strong>ans</strong><br />

le recrutement ?<br />

A.J. : D<strong>ans</strong> les <strong>de</strong>rnières générations, ce qui<br />

me gêne, c’est que d<strong>ans</strong> les départements on<br />

ne travaille que la veille <strong><strong>de</strong>s</strong> examens, et encore…<br />

Il n’y a pas vraiment d’assimilation,<br />

mais les gens sont intelligents et ont une<br />

culture <strong>de</strong> base correcte donc j’ai bon espoir.<br />

Mais cette évolution est commune à toutes<br />

les écoles.<br />

o<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


<strong>25</strong> <strong>ans</strong> <strong>de</strong> Une<br />

En <strong>25</strong> <strong>ans</strong>, la maquette <strong>de</strong> L’Insatiable a subi <strong>de</strong> nombreux liftings, aux gré <strong><strong>de</strong>s</strong> humeurs d’Alain. Depuis le<br />

numéro 0 jusqu’à la maquette actuelle, découvrez une compil’ <strong><strong>de</strong>s</strong> Unes. Saurez-vous trouver les différences ?<br />

L’Insatiable<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

6


7<br />

Pages 8<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Historique<br />

Alain Satiable : M. Rochat, voilà sept <strong>ans</strong><br />

que vous êtes à la tête <strong>de</strong> notre cher Institut,<br />

beaucoup <strong>de</strong> choses ont changé durant cette<br />

pério<strong>de</strong>. On peut évoquer les rénovations<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces, du Grand Restau...<br />

Quel est votre sentiment sur<br />

ces années passées à l’Insa ? Quelle est<br />

votre position actuelle ? Et comment envisagez-vous<br />

les prochaines années ?<br />

Joël Rochat : Oui, toutes ces rénovations<br />

en si peu <strong>de</strong> temps, c’était un gros pari,<br />

mais c’était à mon avis indispensable.<br />

Un ancien élève qui redécouvrirait le<br />

campus aurait certainement beaucoup<br />

<strong>de</strong> mal à reconnaître son ancien grand<br />

restaurant d<strong>ans</strong> le Galilée. Beaucoup <strong>de</strong><br />

modifications ont également été apportées<br />

au niveau <strong>de</strong> l’organisation interne<br />

<strong>de</strong> l’Insa. Mais il semblerait que les Insaliens<br />

ne s’intéressent pas au fonctionnement<br />

<strong>de</strong> leur école. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> participation<br />

aux élections est faible. Certains<br />

sièges étudiants au CE ou CA sont longtemps<br />

restés vacants, je trouve cela vraiment<br />

dommage. C’est une chance pour<br />

vous que <strong>de</strong> pouvoir participer à l’organisation<br />

d’un tel institut.<br />

<strong>Le</strong>s déceptions<br />

JR : le plus dur sera la chute<br />

Joël Rochat, prédécesseur d’Alain Storck, à la tête <strong>de</strong> l’Insa entre 1991 et 2001, répondit plusieurs fois aux étudiants<br />

via L’Insatiable. Cette interview un peu particulière eut lieu au mois d’avril 1998... ou peut-être pas.<br />

A.S. : Ce manque d’intérêt <strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étudiants pour l’organisation <strong>de</strong> leur<br />

école est-il votre seule déception ?<br />

J.R. : Oh, certes non. Des déceptions, on<br />

en a toujours. Certaines réalisations laissent<br />

forcément un goût amer. Plusieurs<br />

<strong>de</strong> nos projets sont en difficulté. <strong>Le</strong> projet<br />

Télécom, tout d’abord. L’ouverture<br />

du département était prévue pour la<br />

rentrée 98. La personne contactée pour<br />

diriger ce département venant <strong>de</strong> refuser,<br />

il nous faut trouver quelqu’un d’autre.<br />

Ajoutons à cela les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> du projet<br />

Asinsa. Officiellement, il nous manque <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

candidatures pour ouvrir ce département.<br />

Mais ma plus gran<strong>de</strong> déception est<br />

s<strong>ans</strong> doute la perte <strong>de</strong> la vocation sociale <strong>de</strong><br />

l’Insa, car nous n’avons pas trouvé les financements<br />

nécessaires [ ... ]. Il faut admettre<br />

qu’aujourd’hui, loger à l’Insa coûte au moins<br />

2 000 F, en chambre simple, alors qu’avant les<br />

étudiants pouvaient être logés pour moins<br />

<strong>de</strong> 700 F. C’est ma plus gran<strong>de</strong> déception. Je<br />

vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pardon, car je considère cela<br />

comme un réel échec. <strong>Le</strong> prochain directeur<br />

fera peut être mieux que moi.<br />

A.S. : Cela signifie-t-il que vous allez nous<br />

quitter ?<br />

J.R. : Je n’ai pas dit cela. Mais ce qui est sûr,<br />

c’est que je n’envisage pas <strong>de</strong> mener mon<br />

<strong>de</strong>uxième mandat à terme. À cela plusieurs<br />

explications, <strong><strong>de</strong>s</strong> déceptions, trop d’incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Certaines personnes vont partir.<br />

Histoires <strong>de</strong> réformes<br />

M. Bureau, par exemple, mijote<br />

quelque chose en douce et ne va pas tar<strong>de</strong>r<br />

à laisser sa place. Il faudra trouver un remplaçant,<br />

un nouveau directeur pour Eurinsa.<br />

La réforme du 1er Cycle me déçoit également.<br />

C’est une réforme qui n’en finit plus.<br />

J’étais plein d’espoir pour cette réforme. De<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

nouvelles sections apparaissent. La <strong>de</strong>rnière<br />

en date est la section multimédia. C’est une<br />

idée géniale. <strong>Le</strong>s étudiants <strong>de</strong> cette section<br />

serviront <strong>de</strong> cobayes pour une nouvelle formule<br />

d’enseignement. Ils auront davantage<br />

<strong>de</strong> cours sur ordinateur. <strong>Le</strong>s cours et exercices<br />

pourront être pris sur serveur. Cette<br />

Initiative du Bureau <strong><strong>de</strong>s</strong> Élèves qui<br />

donnera plus tard naissance à une association<br />

indépendante, Numéro Zéro fut entre<br />

les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens au mois <strong>de</strong> décembre<br />

1984. D<strong>ans</strong> douze pages réalisées à l’ancienne,<br />

avec un ordinateur Micral et pour la<br />

mise en page rien d’autres que <strong>de</strong> la colle et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ciseaux, le successeur du Spin et autres<br />

journaux du campus, plus éphémères, fit appel<br />

à la créativité et à l’imagination technologique<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants. En effet, les créateurs<br />

<strong>de</strong> Numéro Zéro sollicitaient ces <strong>de</strong>rniers<br />

à l’occasion d’un grand concours <strong>de</strong> noms<br />

pour baptiser le nouveau-né. <strong>Le</strong>s résultats<br />

que voici parurent d<strong>ans</strong> le numéro 1 <strong>de</strong> L’Insatiable<br />

Cure-Yeux.<br />

Nous n’avons pas voulu <strong>de</strong> ce Polycop<br />

xénophobe, Journal <strong>de</strong> l’Insalien mo<strong>de</strong>rne,<br />

<strong>de</strong> cet Insa-news jetant ses Tentacules<br />

sur l’ Insa’ga, <strong>de</strong> cet Insa-soir Insalubre, <strong>de</strong><br />

8<br />

formule d’enseignement possè<strong>de</strong> l’avantage<br />

d’être beaucoup moins onéreuse, le nombre<br />

d’heures <strong>de</strong> face à face étant considérablement<br />

diminué. En plus, sous prétexte<br />

<strong>de</strong> section spéciale, les syndicats d’enseignants<br />

nous fichent la paix et ne<br />

viennent pas rechigner.<br />

<strong>Le</strong>s échecs cuisants<br />

N°69 - Avril. 98<br />

Par ailleurs, votre MdE suscite<br />

chez moi beaucoup d’interrogations.<br />

Nous avons dépensé une fortune d<strong>ans</strong><br />

cette MdE et elle n’est pas exploitée au<br />

maximum. La MdE ne semble concerner<br />

qu’une poignée d’étudiants. La<br />

majorité semble complètement détachée<br />

<strong>de</strong> l’Insa. Nous avions également<br />

fondé le CQFD avec M me Sanvoisin<br />

pour pouvoir toucher et sensibiliser les<br />

Insaliens, mais cette lettre <strong>de</strong> l’administration<br />

n’a pas eu le retentissement attendu<br />

auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants. <strong>Le</strong>s CQFD<br />

traînent en bas <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces ou d<strong>ans</strong><br />

les départements pour les externes et<br />

jamais personne ne les lit. D’autres<br />

problèmes existent encore avec certaines<br />

personnes <strong>de</strong> la Direction <strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces.<br />

L’Insa, ce furent <strong><strong>de</strong>s</strong> années extraordinaires,<br />

mais je pense qu’il est temps<br />

que cela change. Je suis las <strong>de</strong> tous ces<br />

pots, cocktails, apéros. Il faut parfois se<br />

retirer. Ce n’est pas chose facile.<br />

A.S. : Et concrètement, quand envisagez-vous<br />

votre départ ?<br />

J.R. : Il faut qu’un nouveau directeur<br />

puisse prendre la suite. Ce ne sera<br />

donc pas pour tout <strong>de</strong> suite. Disons<br />

début 99...<br />

Nous vous remercions d’avoir participé<br />

à ce poisson d’avril.<br />

o<br />

S’il fallait un nomN°1<br />

- Jan. 85<br />

Décembre 1984, un nouveau journal arrive sur le campus. Numéro Zéro, le<br />

nom temporaire d’une feuille <strong>de</strong> chou, allait bientôt <strong>de</strong>venir L’Insatiable.<br />

cet Insav’pas tout trop prétentieux. Notre<br />

journal aurait été un bien piètre Mini-microbe<br />

incapable d’atteindre L’Acropole. Nous<br />

préférions la poésie <strong>de</strong> ces Luciole, Sycophante,<br />

Anableps, ou l’humour <strong>de</strong> ce Panard<br />

déchaussé.<br />

Notre journal n’est pas Minute et<br />

n’a pas la Coquecigrue. Certes, en tant que<br />

mensuel, il a ses Règles, mais ce n’est pas un<br />

Insa-hebdo tout court.<br />

C’est un Mécréant, qui ne se veut<br />

ni Suppositoire, ni Marteau-Pilon. Tel un Bathyscaphe<br />

tombé d<strong>ans</strong> la Nasse à crabes, il<br />

passe tout au Microscope. Il tient sa Gueule<br />

ouverte et ne mâche ni Chewing-gum, ni ses<br />

mots. Il <strong>of</strong>fre le réconfort et la pêche d’un<br />

Abri-cotier, mais surtout c’est un Insatiable<br />

Cureyeux. Insa-Lah !<br />

o


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

L’Insalien révolté ? Vraiment ? Quand les universités font bloc<br />

aux réformes, quand <strong><strong>de</strong>s</strong> IUT cessent les cours, quand les étudiants <strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong>nt<br />

d<strong>ans</strong> la rue, l’Insa semble impassible, à l’écart <strong>de</strong> cela tout juste<br />

perturbé par quelques pr<strong>of</strong>esseurs en grève et une poignée <strong>de</strong> laboratoires<br />

d<strong>ans</strong> la rue. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi.<br />

À l’ouverture <strong>de</strong> l’Insa, le mon<strong>de</strong> étudiant est bien différent,<br />

beaucoup plus engagé et il n’est pas rare <strong>de</strong> rencontrer <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves politisés.<br />

L’UNEF est en ce temps une organisation bien représentée à l’Insa,<br />

mais aussi bien plus mobilisée, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets <strong>de</strong> politique générale sensibles<br />

comme la Guerre d’Algérie.<br />

Mai 1968, personne n’est s<strong>ans</strong> savoir que le milieu étudiant<br />

s’embrase. Non s<strong>ans</strong> rapport avec la vie à l’Insa, les étudiants <strong>de</strong> Nanterre<br />

ont parmi leurs revendications initiales, la possibilité d’aller librement<br />

d<strong>ans</strong> les chambres <strong><strong>de</strong>s</strong> filles. Bien que concernés par certains <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

l’Insa reste loin <strong>de</strong> toutes les revendications, les Insaliens sont majoritairement<br />

satisfaits <strong>de</strong> leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong> mais <strong><strong>de</strong>s</strong>cendront tout <strong>de</strong> même d<strong>ans</strong><br />

la rue, pour soutenir leurs camara<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Fac. Mieux encore, le directeur<br />

d’alors, M. Bonvalet les accompagnera d<strong>ans</strong> <strong>Lyon</strong>, <strong>of</strong>frant <strong><strong>de</strong>s</strong> photographies<br />

insolites : l’Insa en tête <strong>de</strong> cortège avec le directeur <strong>de</strong> l’école aux<br />

côtés <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves. Suite à cette année, M. Bonvalet sera remercié <strong>de</strong> l’Insa.<br />

L’année 1976 est présente d<strong>ans</strong> toutes les biographies Insaliennes,<br />

présentée comme la plus longue grève <strong>de</strong> notre Institut. C’est aussi<br />

le summum <strong>de</strong> la mobilisation Insalienne, à tel point que la direction<br />

déci<strong>de</strong> le 26 février <strong>de</strong> fermer complétement l’école, restaurants compris,<br />

et <strong>de</strong> couper l’eau chau<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s élèves récupèrent les stocks <strong><strong>de</strong>s</strong> restos<br />

et établissent un campement d<strong>ans</strong> les locaux administratifs jusqu’au 17<br />

Tribune<br />

mars. Entre temps, 200 CRS auront tentés <strong>de</strong> les expulser et par <strong>de</strong>ux fois<br />

ils auront interrompus <strong><strong>de</strong>s</strong> émissions <strong>de</strong> radio sur Europe 1 pour expliquer<br />

leur lutte.<br />

Plus largement, les années 1970 ne sont pas <strong>de</strong> tout repos pour<br />

les directeurs <strong>de</strong> notre Institut lyonnais. Deux <strong>ans</strong> après la gran<strong>de</strong> grève,<br />

une nouvelle fron<strong>de</strong> a lieu, <strong>de</strong> nouveau <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves couchent d<strong>ans</strong> les locaux<br />

administratifs et certains entament même une grève <strong>de</strong> la faim. S<strong>ans</strong><br />

savoir si rapport entre les <strong>de</strong>ux événements il y a, un incendie se déclare<br />

au bâtiment B le 8 mai, ravageant en gran<strong>de</strong> partie le second étage<br />

et condamnant la rési<strong>de</strong>nce jusqu’à sa rénovation début <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90.<br />

Aucune victime n’est à déplorer. <strong>Le</strong>s semaines suivantes, d’autres départs<br />

<strong>de</strong> feux tout aussi suspects seront maitrisés à temps.<br />

L’année suivante, les élèves prennent part à la mobilisation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>de</strong> ménage. L’administration excédée par ces grèves à répétition<br />

dont la seule finalité, <strong>de</strong>rrière <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs leurres, lui semble être la<br />

perturbation <strong><strong>de</strong>s</strong> examens <strong>de</strong> fin d’années, déci<strong>de</strong> d’appliquer une nouvelle<br />

règle, simple mais particulièrement efficace. Au bout <strong>de</strong> 15 jours <strong>de</strong><br />

grève, le passage automatique à l’année suivante est annulé et l’élève est<br />

envoyé en jury. Couplée avec l’année probatoire, ce nouveau dispositif<br />

calme fortement les él<strong>ans</strong> revendicatifs.<br />

Depuis cette date, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> mobilisations se sont faites plus<br />

rares. Aujourd’hui, l’Insa semble vivre en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tous les grands<br />

mouvements étudiants du printemps, les Insaliens restent sages, désintéressés<br />

par la politique, bien loin <strong>de</strong> toute revendication. Seuls quelques<br />

pr<strong>of</strong>esseurs jouent les trouble-fêtes, le temps d’une ou <strong>de</strong>ux journées.<br />

Comme quoi, les temps changent.


Tribune<br />

Y a-t-il un futur pour la Terre ? N°91 - Oct. 2002<br />

Toutes les cinq secon<strong><strong>de</strong>s</strong> une personne meurt <strong>de</strong> faim et un sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> foot <strong>de</strong> forêt tropicale est abattu. C’est le<br />

temps qu’il faut pour lire cette phrase jusqu’au bout. Des chiffres froids qui déshumanisent les vrais problèmes.<br />

Il y a environ un mois a eu lieu à<br />

Johannesbourg le sommet mondial pour le<br />

Développement Durable. Pour l’occasion, <strong>de</strong><br />

nombreux chefs d’état et la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> ONG<br />

s’étaient donnés ren<strong>de</strong>z-vous. L’objectif <strong>de</strong> ce<br />

rassemblement était <strong>de</strong> faire le point sur les<br />

bonnes résolutions prises au sommet <strong>de</strong> Rio<br />

il y a dix <strong>ans</strong> <strong>de</strong> cela.<br />

Malheureusement, ce sommet<br />

n’a pas réussi à établir un plan d’actions et<br />

d’engagements chiffrés et datés. Pourtant <strong>de</strong><br />

telles initiatives avaient par le passé été couronnées<br />

<strong>de</strong> succès. L’exemple le plus marquant<br />

étant s<strong>ans</strong> aucun doute le protocole <strong>de</strong><br />

Montréal visant à faire disparaître les CFC,<br />

principaux gaz responsables du trou <strong>de</strong> la<br />

couche d’ozone. Mais les solutions aux problèmes<br />

soulevés <strong>de</strong>puis Rio rencontrent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réticences <strong>de</strong> lobbies industriels plus puissants<br />

que celui <strong><strong>de</strong>s</strong> fabricants <strong>de</strong> réfrigérateurs.<br />

Cependant, l’urgence est bien là.<br />

Tous les indicateurs <strong>de</strong> la planète sont au<br />

rouge. Comme le dit Philippe Roche, directeur<br />

<strong>de</strong> l’Office Fédéral Suisse <strong>de</strong> l’Environnement<br />

: “La maison<br />

brûle et les habitants se<br />

disputent au salon pour<br />

savoir s’il faut peut-être<br />

appeler les pompiers...”<br />

Des problèmes<br />

bien cernés<br />

La Terre se<br />

réchauffe. À l’heure actuelle,<br />

on ne peut plus<br />

en douter. D’ici à 2050,<br />

sa température moyenne<br />

aura augmenté <strong>de</strong> 2<br />

à 50°C. La polémique<br />

ne porte plus sur le réchauffement<br />

mais sur ses<br />

conséquences. <strong>Le</strong>s avis<br />

sont encore partagés,<br />

mais on attribue <strong>de</strong> plus<br />

en plus la multiplication<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> catastrophes climatiques<br />

à ce dérèglement <strong>de</strong><br />

la température.<br />

La première conséquence,<br />

et pas <strong><strong>de</strong>s</strong> moindres,<br />

est la désertification accélérée<br />

qui touche une<br />

bonne partie <strong><strong>de</strong>s</strong> terres<br />

émergées. En 100 <strong>ans</strong> la<br />

surface <strong>de</strong> désert a été<br />

multipliée par <strong>de</strong>ux. Du<br />

coup, <strong>de</strong> nombreuses<br />

personnes se retrouvent<br />

s<strong>ans</strong> eau ni ressource.<br />

Aujourd‘hui, plus <strong>de</strong> 1,5 milliard d’êtres humains<br />

n’ont pas accès à l’eau potable.<br />

La biodiversité elle aussi va en<br />

décroissant. L’activité humaine est responsable<br />

<strong>de</strong> la disparition d’espèces que nous<br />

ne connaissons même pas. On estime avoir<br />

recensé seulement un vingtième <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres<br />

vivants, les inconnus situés pour la plupart<br />

d<strong>ans</strong> les endroits <strong>de</strong> la planète qui sont le<br />

plus durement touchés par L’homme. L’épuisement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ressources naturelles est aussi à<br />

l’ordre du jour. D<strong>ans</strong> 50 <strong>ans</strong>, il n’y aura presque<br />

plus <strong>de</strong> pétrole. Imaginez notre société<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

actuelle s<strong>ans</strong> essence ni plastique...Tous ces<br />

indicateurs au rouge <strong>de</strong> notre planète sont<br />

suivis <strong>de</strong> près par le mon<strong>de</strong> scientifique qui<br />

a, <strong>de</strong>puis longtemps, proposé <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions<br />

réalistes et applicables.<br />

Des solutions inadaptées<br />

La Terre se réchauffe et la faute aux<br />

gaz à effet <strong>de</strong> serre n’est pas reconnue par<br />

l’industrie. Pour y remédier, ou plutôt pour<br />

enrayer cette augmentation, un protocole a<br />

été signé à Kyoto. Il définit l’accord entre les<br />

55 pays les plus pollueurs et a pour objectif<br />

<strong>de</strong> réduire leurs rejets <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />

<strong>de</strong> 20% d’ici 20<strong>25</strong>.<br />

Malheureusement le principal pollueur<br />

avec 26% <strong><strong>de</strong>s</strong> rejets à savoir les États-<br />

Unis, refuse <strong>de</strong> le signer sous prétexte que<br />

cela pourrait nuire à la suprématie <strong>de</strong> son industrie.<br />

Pourtant, les catastrophes naturelles<br />

coûtent <strong>de</strong> plus en plus d’argent aux États.<br />

De 10 milliards <strong>de</strong> dollars par an en 1950,<br />

on est passé à 50 milliards <strong>de</strong> dollars par an<br />

d<strong>ans</strong> les années 1990. Si ce chiffre continue à<br />

croître, le prétexte économique ne sera plus<br />

valable.<br />

En ce qui concerne l’eau, le principal<br />

frein à un partage plus équitable reste la<br />

gestion <strong>de</strong> la distribution par <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises<br />

privées. <strong>Le</strong>s personnes s<strong>ans</strong> accès à l’eau<br />

potable sont le plus souvent démunies et<br />

aucun effort ne sera fait pour elles s<strong>ans</strong> ai<strong>de</strong><br />

extérieure. De plus, le gaspillage <strong>de</strong> l’eau est<br />

surtout le fait <strong>de</strong> l’arrosage intensif <strong>de</strong> la part<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> agriculteurs. 90% <strong>de</strong> l’eau est utilisée à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> fins agricoles.<br />

Produire <strong>de</strong> l’énergie s<strong>ans</strong> utiliser<br />

10<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ressources limitées, nous savons le faire<br />

<strong>de</strong>puis longtemps. Et même <strong>de</strong>puis peu<br />

avec un très bon ren<strong>de</strong>ment. L’énergie du<br />

futur n’est sûrement pas le nucléaire mais<br />

bien celle que l’on peut tirer du vent ou du<br />

soleil. Cette question n’a presque pas été<br />

abordée à Johannesbourg, sous la pression<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> industriels présents. De leur côté, les<br />

pays européens ont tenté <strong>de</strong> projeter un plan<br />

d’actions pour passer leur part d’énergies<br />

renouvelables à <strong>25</strong>%. La France a fait capoter<br />

les bonnes intentions <strong>de</strong> ses voisins sous<br />

prétexte que le nucléaire n’appartenait pas<br />

d<strong>ans</strong> ce texte aux énergies propres. Toutes<br />

ces solutions ont été rassemblées et planifiées<br />

à Rio d<strong>ans</strong> l’agenda 21. Ce récapitulatif<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> impératifs en matière d’environnement<br />

mais aussi <strong>de</strong> pauvreté et <strong>de</strong> développement<br />

permettraient à l’humanité <strong>de</strong> passer le cap<br />

du XXII ème siècle.<br />

Un manque <strong>de</strong> volonté<br />

Chaque année d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>, le<br />

fonds mondial pour l’environnement (CEF)<br />

dépense 50 millions<br />

<strong>de</strong> dollars<br />

alors que les pays<br />

richessubventionnent<br />

leurs agricultures<br />

à hauteur<br />

<strong>de</strong> 350 millions<br />

<strong>de</strong> dollars. On ne<br />

parlera pas <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

budgets alloués à<br />

la Défense. Il suffit<br />

<strong>de</strong> savoir que si<br />

un Jour par an, on<br />

prenait l’argent<br />

dépensé en armement<br />

et qu’on<br />

l’utilisait à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fins humanitaires,<br />

il n’y aurait alors<br />

plus <strong>de</strong> problème<br />

<strong>de</strong> faim d<strong>ans</strong> le<br />

mon<strong>de</strong> pour une<br />

année entière.<br />

<strong>Le</strong>s questions qui<br />

se posent alors<br />

sont les suivantes<br />

: “Quel mon<strong>de</strong><br />

pour nos enfants ?<br />

Quelles sont nos<br />

priorités ?”<br />

Apparemment<br />

le discours<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> politiques<br />

s’est modifié mais<br />

les discours seuls<br />

n’ont jamais changé<br />

le mon<strong>de</strong>. Il faut faire place à l’action. Une<br />

action concertée au niveau mondial car les<br />

problèmes d ‘environnement ne connaissent<br />

pas <strong>de</strong> frontière. Impossible pour un pays<br />

<strong>de</strong> se replier sur lui-même. Espérons que les<br />

futurs dirigeants américains sauront résister<br />

aux pressions <strong><strong>de</strong>s</strong> lobbies <strong><strong>de</strong>s</strong> industriels et<br />

surtout pétroliers. Ces <strong>de</strong>rniers égalent en<br />

budget celui <strong>de</strong> l’État américain et gar<strong>de</strong>nt<br />

la main-mise sur la politique du pays. Bush<br />

a ainsi été félicité par Esso <strong>de</strong> ne pas s’être<br />

rendu au sommet <strong>de</strong> Johannesbourg.<br />

o


Ok vous souffrez, mais enfin tout<br />

n’est pas perdu, posez cette lame <strong>de</strong> rasoir,<br />

éloignez-vous <strong>de</strong> cette fenêtre. Reprenezvous<br />

mon vieux, du volontarisme que diable<br />

! C’est pas avec ce genre d’attitu<strong>de</strong> que<br />

vous allez relancer la croissance. Pensez positif,<br />

pensez pratique, soyez une can do person.<br />

Parce que le pouvoir d’achat, c’est avant<br />

tout d<strong>ans</strong> la tête, prenez confiance. Comme<br />

le disait si judicieusement notre Prési<strong>de</strong>nt en<br />

2006 “les ménages français sont aujourd’hui<br />

les moins en<strong>de</strong>ttés d’Europe. Or, une économie<br />

qui ne s’en<strong>de</strong>tte pas suffisamment, c’est<br />

une économie qui ne croit pas en l’avenir,<br />

qui doute <strong>de</strong> ses atouts, qui a peur du len<strong>de</strong>main”.<br />

Alors foncez ! Bon si vous avez déjà<br />

hypothéqué vos cornées pour vous payer<br />

un iPhone à 400 € (que vous avez eu pour<br />

la modique somme <strong>de</strong> 350 € en vous engageant<br />

pour 17 <strong>ans</strong> chez Orange) il va falloir<br />

faire preuve d’imagination. Sachez que les<br />

sociétés <strong>de</strong> crédit <strong>of</strong>frent une palette gigantesque<br />

<strong>de</strong> solution <strong>de</strong> paiement, <strong><strong>de</strong>s</strong> contrats<br />

per-son-nali-sés même. Jo le conseiller vous<br />

appelle sur votre portable, il connaît votre<br />

prénom, la marque <strong>de</strong> votre téléviseur et<br />

met immédiatement à votre disposition la<br />

coquette somme <strong>de</strong> 800 € que vous rembourserez<br />

en 14 mensualités par an, in<strong>de</strong>xées sur<br />

le coût <strong>de</strong> la vie à taux variable avec intérêts<br />

autorégressifs et <strong>de</strong> toute façon, d<strong>ans</strong> le pire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cas, vous avez laissé un testicule en gage.<br />

Donc, pas <strong>de</strong> surprise, vous êtes tranquille.<br />

Ayez confiance un peu, vous êtes pénible à<br />

la fin.<br />

Des bons pl<strong>ans</strong> à la pelle<br />

De même pour vos ca<strong>de</strong>aux <strong>de</strong><br />

Noël, oubliez les colliers <strong>de</strong> nouilles blingbling<br />

<strong>de</strong> votre petit neveu Billy, soyez simple,<br />

soyez pouvoir d’achat, <strong>of</strong>frez <strong><strong>de</strong>s</strong> pâtes.<br />

La crise ce sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> instants magiques,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> moments à partager… “Tiens mon chéri<br />

joyeux Noël”. “Ooooooooh un kilo <strong>de</strong> riz.<br />

Mais tu es folle tu n’aurais pas dû”,”Allez<br />

ça me fait plaisir, mais ne le mange pas trop<br />

vite ou tu seras mala<strong>de</strong>”. Pour vos achats<br />

du quotidien, adaptez-vous, pr<strong>of</strong>itez <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>of</strong>fres<br />

spéciales, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> surfaces font leur<br />

maximum pour vous <strong>of</strong>frir <strong><strong>de</strong>s</strong> produits <strong>de</strong><br />

qualité aux meilleurs prix. Par exemple, lors<br />

<strong>de</strong> la quinzaine exceptionnelle ultra pouvoir<br />

d’achat chez Carrefour, la boîte <strong>de</strong> thon est<br />

à -30 % si vous l’achetez par palette <strong>de</strong> 200<br />

unités. Cette <strong>of</strong>fre ravira tous les heureux<br />

propriétaires <strong>de</strong> dauphin qui feront ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

économies substantielles sur l’alimentation<br />

<strong>de</strong> leur animal <strong>de</strong> compagnie. Si la palette ne<br />

rentre pas d<strong>ans</strong> la Twingo, il fallait y penser<br />

avant. Chacun sait qu’il faut dépenser <strong>de</strong><br />

l’argent pour faire <strong>de</strong> l’argent. D’autre part,<br />

votre grand magasin récompense votre fidélité<br />

! Accumulez les points et vous recevrez<br />

peut-être <strong>de</strong> merveilleux ca<strong>de</strong>aux comme<br />

cette superbe sucrière en inox d<strong>ans</strong> son étui<br />

tendance ou cette magnifique montre Donald<br />

Duck waterpro<strong>of</strong> jusqu’à 5m.<br />

Comme chacun sait, le SMIC<br />

c’est bon mais c’est vite bu. Alors en ce qui<br />

concerne votre budget stupéfiants, soyez<br />

malin. Pourquoi dépenser une fortune pour<br />

du Chateau Margaux 82 ? Donner son sang<br />

11<br />

Tribune<br />

C’est la crise ma p’tite dame N°120 - Juin 2008<br />

<strong>Le</strong>s mesures et mesurettes se succè<strong>de</strong>nt les unes aux autres pour faire repartir notre économie en chute libre.<br />

Devant leur faible efficacité, il faut nous résigner : la solution à nos malheurs viendra <strong>de</strong> nous-mêmes.<br />

L’État-provi<strong>de</strong>nce, une idée pourtant<br />

classée à gauche, séduit en ce moment<br />

les dirigeants même les plus à droite. En<br />

France, tout le mon<strong>de</strong> en a entendu parler en<br />

cours d’histoire, pour ceux qui ont suivi le<br />

chapitre sur les Trente Glorieuses. En somme,<br />

c’est du passé. Cependant, on considère<br />

que le système français, le “modèle français”<br />

est toujours imprégné <strong>de</strong> ce concept. Au<br />

grand dam <strong>de</strong> la droite qui essaie <strong>de</strong> le casser<br />

petit à petit. En effet, bien qu’une <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dates <strong>de</strong> notre système soit la création<br />

<strong>de</strong> la sécurité sociale (alors que nous étions<br />

sous un gouvernement <strong>de</strong> droite), celle-ci a<br />

toujours mis les maux <strong>de</strong> la France sur le dos<br />

<strong>de</strong> l’État-provi<strong>de</strong>nce. Sécurité sociale, SMIC,<br />

congés payés, in<strong>de</strong>mnisation du chômage,<br />

retraite, RMI, CMU, voilà autant <strong>de</strong> choses<br />

que la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> la droite fustige et<br />

qui sont les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures <strong>de</strong> l’État Provi<strong>de</strong>nce.<br />

<strong>Le</strong> modèle français<br />

Et voilà-t-il pas aujourd’hui que<br />

cette même droite se félicite du “modèle<br />

français”. Il s’avère que ce modèle, autrefois<br />

si coûteux, cause du manque <strong>de</strong> compétitivité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises françaises, <strong>de</strong> la faiblesse<br />

<strong>de</strong> notre pays, la plaie <strong>de</strong> notre économie, la<br />

Allo l’État ? Ici la crise !<br />

cause <strong>de</strong> toutes décentralisations, est maintenant<br />

vu comme salvateur !<br />

La crise n’est pas aussi forte en<br />

France que d<strong>ans</strong> le reste du mon<strong>de</strong>. Pourquoi<br />

? <strong>Le</strong> système <strong>de</strong> redistribution / répartition<br />

mis en place par l’État-provi<strong>de</strong>nce a<br />

évité aux travailleurs <strong>de</strong> voir leur retraite<br />

fondre. D<strong>ans</strong> beaucoup <strong>de</strong> pays, la retraite<br />

fonctionne sur un système <strong>de</strong> placement :<br />

l’argent placé rapporte en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> variations<br />

<strong>de</strong> la bourse. <strong>Le</strong>s travailleurs placent<br />

parfois leur argent avant même d’être<br />

ne coûte rien. Vous seriez étonné <strong>de</strong> l’effet<br />

qu’un simple chocolat Mon Chéri peut avoir<br />

sur un individu privé <strong>de</strong> quelques litres<br />

d’hémoglobine. La lutte contre la vie chère<br />

continue, camara<strong><strong>de</strong>s</strong>, un peu d’astuce, quelques<br />

changements d’habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, un rien <strong>de</strong><br />

bon sens et votre niveau <strong>de</strong> vie explosera. À<br />

vous les écr<strong>ans</strong> plats et les voyages aux Seychelles<br />

!<br />

Fred<br />

diplômé. Certains ont ainsi vu leurs économies<br />

bien amoindries suite au krach. En<br />

France, le système <strong>de</strong> répartition a évité ce<br />

problème et assure une certaine vitalité <strong>de</strong><br />

l’économie.<br />

Une réponse ?<br />

N°123 - Fév. 2002<br />

… une solution à la crise économique mondiale ? D<strong>ans</strong> un tel contexte, on remarque que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> gouvernements,<br />

même les plus libéraux, se tournent vers le concept d’état-provi<strong>de</strong>nce.<br />

On remarque également que les<br />

États les plus libéraux <strong>de</strong> la planète oublient<br />

les idées <strong>de</strong> l’État régalien (ou gendarme).<br />

L’interventionnisme est appliqué pour sauver<br />

les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises et surtout les<br />

banques. Interventionnisme, voilà un mot<br />

grossier pour un libéral. L’État-provi<strong>de</strong>nce<br />

préconise que l’État doit intervenir d<strong>ans</strong><br />

l’économie pour la dynamiser. <strong>Le</strong> libéral<br />

considère que le marché peut se réguler par<br />

lui-même. En temps <strong>de</strong> crise, cela semble<br />

une position assez dure à tenir.<br />

À tous ceux qui considèrent le<br />

modèle français comme un héritage lourd,<br />

souvenez-vous que si la crise n’est pas aussi<br />

forte d<strong>ans</strong> notre pays, c’est bien à cause <strong>de</strong><br />

cet héritage. À l’heure où beaucoup remettent<br />

en cause le libéralisme comme on le<br />

connaît aujourd’hui, ne serait-il pas possible<br />

<strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, justement, notre modèle<br />

est une excellente alternative ?<br />

Mounir<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

Déclaration Universelle <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits<br />

<strong>de</strong> l’Homme, article 15 :<br />

1) Tout individu a droit à une nationalité.<br />

2) Nul ne peut être arbitrairement privé <strong>de</strong><br />

sa nationalité ni du droit <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> nationalité.<br />

Bruno Mégret, 16 novembre 1993 :<br />

“<strong>Le</strong>s étrangers présents sur le sol français<br />

<strong>de</strong>vront renoncer à toute velléité <strong>de</strong> participation<br />

civique, tant au niveau d’élections<br />

politiques nationales ou locales qu’au niveau<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élections pr<strong>of</strong>essionnelles, telles celles<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prud’hommes, <strong>de</strong> la sécurité sociale, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comités d’entreprise ou en cas <strong>de</strong> déclenchement<br />

<strong>de</strong> grèves d<strong>ans</strong> les entreprises.”<br />

<strong>Le</strong>s faits, sur le terrain<br />

Déclaration Universelle <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits<br />

<strong>de</strong> l’Homme, article 3: “Tout individu a droit<br />

à la vie, à la liberté, et à la sûreté <strong>de</strong> sa personne”.<br />

Enquête Arte : Orange Amère,<br />

jeudi 7 mai 98, 21h : “On voit bien qu’il n’y<br />

ni mirador ni cadavre. La ville a l’air tranquille.<br />

<strong>Le</strong> problème est que si on n’est pas<br />

d’accord, c’est l’horreur. Ce qu’ils mettent<br />

en place pour éliminer les gens, les muter,<br />

est terrifiant. Menaces, rumeurs, pressions<br />

psychologiques, jusqu’à ce qu’ils vous cassent.”<br />

La bibliothécaire l’explique très bien :<br />

“ceux qui peuvent trouver du travail ailleurs<br />

quittent la ville, mais les autres ... soit ils se<br />

taisent, soit ils collaborent”. La difficulté a<br />

été <strong>de</strong> faire parler les gens. <strong>Le</strong>s victimes ont<br />

Petits mots aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Suite à la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> son exposition sur le Front National, PACO (Pour Agir Contre l’Oubli) nous a tr<strong>ans</strong>mis<br />

une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> informations qui étaient affichées.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

peur. “Tout va bien à Orange tant qu’on ne<br />

dit rien.”<br />

Enquête sur les terres du FN, à<br />

Orange, “Notre politique municipale” parue<br />

d<strong>ans</strong> le Mon<strong>de</strong> du 4 mai 1998, p. 3 : “En<br />

matière sociale, c’est à une <strong><strong>de</strong>s</strong>truction du<br />

tissu qu’il est procédé. Sous prétexte d’économies<br />

et <strong>de</strong> baisse d’impôts, [... ] Jacques<br />

Bompard taille hardiment d<strong>ans</strong> les dépenses<br />

publiques. Premières victimes : les associations<br />

qui ont eu le tort <strong>de</strong> déplaire au nouveau<br />

pouvoir ou n’ont pas fait allégeance,<br />

comme le Secours Populaire. [... ] <strong>Le</strong>s écoles<br />

en pâtissent aussi, le maire n’ayant pas trouvé<br />

mieux que <strong>de</strong> faire baisser le chauffage<br />

d<strong>ans</strong> les classes et <strong>de</strong> renégocier le prix <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

repas <strong>de</strong> cantine, afin que ceux-ci reviennent<br />

moins cher à la ville (mais pas aux parents).<br />

La porte close <strong>de</strong> la maison accueillant les<br />

SDF et les RMIstes, la fermeture <strong>de</strong> centres<br />

sociaux consécutive à un manque <strong>de</strong> crédits,<br />

en disent long sur la prétendue politique sociale<br />

du FN.”<br />

Chassez le naturel...<br />

Déclaration Universelle <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits<br />

<strong>de</strong> l’Homme, article 18: “Toute personne a<br />

droit à la liberté <strong>de</strong> pensée, <strong>de</strong> conscience et<br />

<strong>de</strong> religion ; ce droit implique la liberté <strong>de</strong><br />

changer <strong>de</strong> religion ou <strong>de</strong> conviction, ainsi<br />

que la liberté <strong>de</strong> manifester sa conviction<br />

ou sa religion, seule ou en commun, tant en<br />

public qu’en privé, par l’enseignement, les<br />

pratiques, le culte et l’accomplissement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

rites.”<br />

12<br />

Toulon : juillet 1995, J. M. <strong>Le</strong> Chevallier<br />

interdit aux étudiants juifs <strong>de</strong> commémorer<br />

la rafle du Vel d’hiv.<br />

Sexe s<strong>ans</strong> tabou au FN ?<br />

Mme Burgaz intervient sur le volet<br />

éducation <strong>de</strong> la politique régionale:<br />

“... j’ajoute que notre groupe trouve particulièrement<br />

scandaleuse la campagne <strong>of</strong>ficielle<br />

menée par l’État pour la contraception d<strong>ans</strong><br />

les établissements scolaires et la distribution<br />

<strong>de</strong> préservatifs d<strong>ans</strong> les lycées et collèges. [...]<br />

<strong>Le</strong> préservatif ne peut endiguer l’épidémie<br />

du Sida.” La politique anti-préservatif du<br />

FN sera responsable <strong>de</strong> nombreux décès...<br />

D<strong>ans</strong><br />

un autre registre, en juin 1984<br />

sur Fréquence Gay sur la ban<strong>de</strong> FM, J. M. <strong>Le</strong><br />

Pen : “L’activisme homosexuel fait peser une<br />

menace mortelle sur notre civilisation [...] car<br />

le plus grave péril qui menace la terre, c’est la<br />

dénatalité du mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal confrontée à<br />

la surnatalité du tiers mon<strong>de</strong>”. Piero Buscaroli,<br />

[... ] appartenant au MSI, parti frère<br />

du FN, ajoute même : “Il faut <strong><strong>de</strong>s</strong> camps <strong>de</strong><br />

concentration pour les homosexuels”.<br />

<strong>Le</strong> FN sait s’entourer<br />

N°74 - Avril 99<br />

Michel Saleck, candidat du FN<br />

d<strong>ans</strong> l’Aisne, a été condamné à 6 mois <strong>de</strong> prison<br />

avec sursis par le tribunal correctionnel<br />

<strong>de</strong> Laon pour agression sexuelle sur mineur<br />

<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 <strong>ans</strong>. [... ]<br />

<strong>Le</strong><br />

Mon<strong>de</strong>, 27 juin : “La cour d’assises<br />

<strong>de</strong> la Giron<strong>de</strong> a condamné, le 26 juin,<br />

V. Parera et P. Vigneaud, 2 anciens militants<br />

néo-nazis, jugés <strong>de</strong>puis le 22 juin pour le<br />

meurtre d’un garagiste bor<strong>de</strong>lais et l’agression<br />

d’un mé<strong>de</strong>cin toulousain.” <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

hommes, anciens membres du Parti Nationaliste<br />

Francais et Européen, puis du FN,<br />

avaient choisi leurs victimes en fonction <strong>de</strong><br />

leurs patronymes, à consonances juives et<br />

asiatiques. D<strong>ans</strong> son réquisitoire, l’avocat<br />

général, Marc Robert, avait stigmatisé l’obsession<br />

<strong>de</strong> la “suprématie <strong>de</strong> la race blanche”<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux meurtriers, les estimant “dangereux<br />

pour la société”.<br />

o


Comme certains auront pu le lire<br />

d<strong>ans</strong> le 20 Minutes (au moins ceux qui ont<br />

mangé au Grillon ce jour -là), certaines révélations<br />

sont vraiment intéressantes. En<br />

même temps, d<strong>ans</strong> un contexte <strong>de</strong> bonne<br />

citoyenneté, cela ne <strong>de</strong>vrait pas être <strong><strong>de</strong>s</strong> révélations.<br />

Au <strong>de</strong>uxième tour <strong><strong>de</strong>s</strong> élections<br />

prési<strong>de</strong>ntielles en 2002, <strong>Le</strong> Pen a fait 17 %<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> votes. Ces votes recueillis par le FN, que<br />

l’on disait contestataires au premier tour, ne<br />

peuvent être considérés comme tels pour le<br />

second tour. En effet, <strong>de</strong>vant le tollé soulevé<br />

par cette réussite au premier tour, et l’élan<br />

civique qui a suivi, il est clair que les résultats<br />

sont représentatifs, les contestataires<br />

ayant plutôt voté blanc, ou même Chirac !<br />

Mais pour quel programme ces gens ontils<br />

voté ? C’est ce que révélait le 20 Minutes.<br />

Pour ma part, après m’être remis <strong><strong>de</strong>s</strong> lectures<br />

<strong>de</strong> Jeunes&Jolies, j’ai été lire leur programme<br />

actuel.<br />

Ce que l’on sait<br />

En bon votant réactionnaire, et<br />

en bon futur ingénieur plein aux as, nous<br />

savons tous que l’ami <strong>Le</strong> Pen est en faveur<br />

du raccompagnement <strong>de</strong> nos amis “colorés”<br />

chez eux, enten<strong>de</strong>z hors <strong>de</strong> notre France. On<br />

sait qu’il veut fermer les frontières, prône un<br />

renfermement <strong>de</strong> la France sur elle-même,<br />

un durcissement <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques intérieures<br />

et militaires, plein <strong>de</strong> belles choses quoi. On<br />

entend même certains cadres du Parti parler<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> “erreurs” <strong><strong>de</strong>s</strong> livres d’histoire qui racontent<br />

à tort <strong><strong>de</strong>s</strong> histoires <strong>de</strong> Shoah, <strong>de</strong> trains,<br />

<strong>de</strong> fours… Bon, on ne comprend pas toujours<br />

<strong>de</strong> quoi ils parlent.<br />

Ce que l’on sait moins<br />

Fait moins connu, le FN prônant un<br />

renfermement <strong>de</strong> la France sur elle-même, il<br />

Bruno GOLLNISCH<br />

Conseiller Régional, Prési<strong>de</strong>nt du Groupe<br />

Front National,<br />

Conseiller Municipal <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, Député Européen<br />

Monsieur, Ma<strong>de</strong>moiselle,<br />

J’ai l’honneur d’accuser réception <strong>de</strong> la<br />

lettre que vous adressez aux Conseillers<br />

Régionaux [... ] d<strong>ans</strong> laquelle vous prenez<br />

parti contre l’élection, pourtant régulière<br />

et démocratique, du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Région<br />

avec les voix du Front National. Cette pétition<br />

traduit une méconnaissance totale<br />

du FN et <strong>de</strong> ses positions, qui ne fait pas<br />

honneur à <strong>de</strong> futurs ingénieurs, dont la<br />

qualité <strong>de</strong>vrait être <strong>de</strong> s’informer avant<br />

d’écrire n’importe quoi.<br />

Vous avez naturellement, en<br />

tant que citoyen, le droit <strong>de</strong> penser ce que<br />

vous voulez. Mais, si vous persistez d<strong>ans</strong> la<br />

contestation <strong>de</strong> la légitimité <strong><strong>de</strong>s</strong> élus Front<br />

Moi j’ai voté <strong>Le</strong> Pen<br />

est bien évi<strong>de</strong>mment en faveur d’un retrait<br />

<strong>de</strong> l’Union Européenne, et donc <strong>de</strong> l’abandon<br />

<strong>de</strong> l’Euro. Par la même, la France se retirerait<br />

<strong>de</strong> l’OTAN, et au niveau intérieur, on fermerait<br />

l’ENA qui ne produit que <strong><strong>de</strong>s</strong> oligarques<br />

incompétents, comme chacun le sait.<br />

La Famille<br />

La proposition la plus marquante<br />

est la place <strong>de</strong> la famille d<strong>ans</strong> la société.<br />

Retour <strong>de</strong> la religion catholique et <strong><strong>de</strong>s</strong> programmes<br />

familiaux oblige, on interdit l’avortement<br />

et la pilule du len<strong>de</strong>main… De toute<br />

façon, qui penserait<strong>de</strong> nos jours à faire… la<br />

chose… en <strong>de</strong>hors du mariage ? Et puis<br />

<strong>de</strong>-<br />

hors le PACS qui encourage et légalise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pratiques déviantes… Deux actions majeures<br />

<strong>de</strong> la politique familiale sont à retenir. Un<br />

salaire pour la mère aufoyer ; bon je ne lance<br />

pas <strong>de</strong> polémique, mais rejoignez-moi au<br />

chapitre suivant. La <strong>de</strong>uxième est le suffrage<br />

universel intégral qui permet aux parents<br />

d’exercer le droit <strong>de</strong> vote <strong>de</strong> leurs enfants<br />

mineurs. <strong>Le</strong>s familles nombreuses ont ainsi<br />

plus <strong>de</strong> poids démocratiques.<br />

National, j’espère que vous aurez le courage<br />

<strong>de</strong> mettre vos actes en accord avec vos<br />

propos: c’est-à-dire, pour ceux d’entre vous<br />

qui expriment leur satisfaction <strong>de</strong> voir leurs<br />

bourses d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’étranger débloquées, <strong>de</strong><br />

les refuser, en renonçant à partir, ou en partant<br />

à vos frais.<br />

En effet, le déblocage <strong><strong>de</strong>s</strong> bourses<br />

d’étudiants, lors <strong>de</strong> la séance du 9 juin 98,<br />

13<br />

Une question vient <strong>de</strong> suite à l’esprit<br />

en lisant ce programme : avec quoi veutil<br />

payer tout cela – augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> budgets<br />

intérieurs et militaires, salaires pour les femmes<br />

au foyer, suppression <strong>de</strong> l’impôt sur le<br />

revenu, <strong>de</strong> la CSG… Sachant qu’en luttant<br />

contre l’économie <strong>de</strong> marché, les entreprises<br />

risquent en plus <strong>de</strong> fuir le marché français. Effectivement,<br />

il a une solution en vue : réduire<br />

<strong>de</strong> 75 milliards d’euros les dépenses publique<br />

et sociale <strong>de</strong> l’état, sur un budget actuel <strong>de</strong><br />

2<strong>25</strong> milliards (hors prélèvement). Bon certes,<br />

<strong>Le</strong>s citoyens pouvant prétendre aux ai<strong><strong>de</strong>s</strong> sociales<br />

seront moins nombreux, mais tout <strong>de</strong><br />

même, tout le mon<strong>de</strong> sait faire une addition,<br />

et il paraît impossible <strong>de</strong> financer tout cela.<br />

De plus cela représente beaucoup <strong>de</strong> changements<br />

en 5 <strong>ans</strong> (ou en 7 si on revient au<br />

septennat comme <strong>Le</strong> Pen le souhaite).<br />

En conclusion<br />

Tribune<br />

N°112 - Déc. 2006<br />

Que donnent les propositions <strong>de</strong> notre Homme-Parti ? Pour quel programme ont voté 17 % <strong><strong>de</strong>s</strong> Français aux<br />

élections 2002 ? Alain vous dit tout sur ces révélations qui font peur, ces hommes qui font peur.<br />

Maintenant vous avez <strong>de</strong> bonnes<br />

raisons <strong>de</strong> voter FN aux prochaines élections,<br />

vous ne pourrez pas dire que personne<br />

ne vous avait pas prévenus. Il faut tout <strong>de</strong><br />

même noter que le FN-<strong>Le</strong> Pen a remporté<br />

17% <strong><strong>de</strong>s</strong> suffrages en 2002, et en ce sens, il<br />

serait inadmissible qu’il ne puisse se présenter<br />

aux futures élections fautes <strong>de</strong> signatures.<br />

De plus, au moment où le 20 Minutes<br />

sortait son article, <strong>Le</strong> Pen restait très peu<br />

médiatisé, quatre fois moins que le Parti<br />

communiste, ce qui est un comble si l’on se<br />

réfère au <strong>de</strong>rnier plus grand sondage réalisé<br />

en France : les élections prési<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong><br />

2002. En revanche il est à remarquer que par<br />

un manque <strong>de</strong> cadres d<strong>ans</strong> son parti, <strong>Le</strong> Pen<br />

n’aurait que peu <strong>de</strong> soutien au Parlement<br />

si ses idées remportaient la majorité ! Mais<br />

à quoi servira un Parlement d<strong>ans</strong> son futur<br />

gouvernement ?<br />

o<br />

Ne crachez pas d<strong>ans</strong> la soupeN°71<br />

- Oct. 1998<br />

Octobre 1998. Avant les vacances, L’Insatiable a réagi au refus du Conseil Régional d’attribuer <strong><strong>de</strong>s</strong> bourses pour<br />

les départs à l’étranger, en adressant une pétition aux Conseillers Régionaux. Réponse <strong>de</strong> Bruno Gollnisch..<br />

est dû au vote <strong>de</strong> ces pelés et <strong>de</strong> ces galeux<br />

d’élus FN, dont le vote a été d’autant plus décisif<br />

que les socialistes et les écologistes ont<br />

voté contre par sectarisme politique, et que<br />

les communistes se sont abstenus. Ceux<br />

qui en douteraient, pourraient aisément<br />

le vérifier (Progrès et <strong>Lyon</strong> Figaro). Je<br />

pense également, que vous ne sauriez<br />

accepter <strong>de</strong> bénéficier d’une redistribution<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> impôts <strong><strong>de</strong>s</strong> électeurs FN, dont<br />

les sympathisants et leurs familles, représentent<br />

approximativement 1 million<br />

<strong>de</strong> personnes en Rhône-Alpes.<br />

Toute autre attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> votre part<br />

consistant à cracher d<strong>ans</strong> la soupe avant<br />

<strong>de</strong> la boire, serait non seulement incohérente<br />

du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la logique, mais<br />

minable au regard <strong><strong>de</strong>s</strong> nobles principes “républicains”<br />

que vous invoquez.<br />

Je vous souhaite s<strong>ans</strong> rancune, bon courage<br />

et bon vent.<br />

Bruno Gollnisch<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

Oh, ne vous inquiétez pas, je n’entends<br />

pas vous assommer <strong>de</strong> mes habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

d’une, cette manière masculine <strong>de</strong> se flatter<br />

est bien affligeante, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux, ce serait le<br />

moyen le plus efficace <strong>de</strong> vous faire fuir car<br />

il n’y a pas plus pénible que les amusements<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autres, et comme tout un chacun, j’ai mon<br />

dada – il s’agit là d’une simple expression,<br />

non d’une pratique. La complication à introduire<br />

est toute autre, je songe aux relations<br />

hommes/femmes en général, ou autrement<br />

dit à leur cohabitation à tous les niveaux <strong>de</strong><br />

la société.<br />

Rési<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> années 2000, vous<br />

voyez déjà au loin s’agiter les hor<strong><strong>de</strong>s</strong> du féminisme<br />

trop abusif contre le machisme trop<br />

primaire, <strong><strong>de</strong>s</strong> imbéciles brandissant le spectre<br />

d’une idée <strong>de</strong> la psychologie si mal vulgarisée<br />

qu’elle en est <strong>de</strong>venue vulgaire, celle<br />

d’un genre féminin et d’un genre masculin<br />

trop différents pour se comprendre simplement,<br />

et au bout du sombre tunnel<br />

cette constatation : les Français ne<br />

sont plus plus très anneaux. J’entends J’entends par<br />

là, cette décennie est celle <strong><strong>de</strong>s</strong> divorces<br />

toujours plus nombreux, et allant<br />

<strong>de</strong> pair, <strong><strong>de</strong>s</strong> déchirements toujours<br />

plus violents à propos <strong><strong>de</strong>s</strong> gar<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

d’enfants. Bref, Bref, le tableau tableau est est posé,<br />

une sorte d’état <strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre est est déclaré<br />

entre les genres.<br />

<strong>Le</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>de</strong> Vigny<br />

Comprenez donc que,<br />

nous autres autres hétérosexuels, femmes femmes<br />

comme hommes, simples petites bêtes<br />

avec notre vif désir d’amour et <strong>de</strong><br />

bonheur partagé, nous soyons bien<br />

circonspects. L’avenir <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux sexes<br />

est-il aussi sombre que le le déclamait<br />

le sentimental De Vigny d<strong>ans</strong> ses mélancoliques<br />

vers : “La Femme aura<br />

Gomorrhe et l’Homme aura Sodome,<br />

/ Et, se jetant, <strong>de</strong> loin, un regard irrité,<br />

/ <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux sexes mourront chacun<br />

<strong>de</strong> son côté” ?<br />

Sacré déconneur Alfred, affirmons-le<br />

dès maintenant, hommes et femmes<br />

nous semblent avoir les moyens – et les idées<br />

– pour s’amuser encore <strong>de</strong> longues années,<br />

ce qui est bien heureux et fort agréable. Au<strong>de</strong>là<br />

encore, un simple coup d’œil d<strong>ans</strong> le<br />

rétroviseur suffit à se rassurer sur la situation<br />

sociale : jamais le clivage <strong><strong>de</strong>s</strong> inégalités<br />

sexuelles d<strong>ans</strong> l’Histoire occi<strong>de</strong>ntale n’a été<br />

si étroit, on ne peut que s’en féliciter. Cependant,<br />

en parallèle un autre phénomène inverse<br />

ne s’estompe pas, l’imaginaire collectif<br />

continue à creuser le fossé entre <strong>de</strong>ux genres<br />

à considérer bien différents en leur attribuant<br />

façons d’être, <strong>de</strong> penser, d’agir et rôles<br />

trop distincts pour se comprendre. Cette<br />

façon <strong>de</strong> théoriser une i<strong>de</strong>ntité masculine et<br />

une i<strong>de</strong>ntité féminine se développe comme<br />

pour compenser d’autres distinctions que<br />

l’on gomme.<br />

<strong>Le</strong> malheur <strong><strong>de</strong>s</strong> castes<br />

Et vous, toujours hétéro ?<br />

Parlons sexe. Mettons-y les <strong>de</strong>ux pieds s<strong>ans</strong> scrupule, entrons franchement d<strong>ans</strong> le vif <strong>de</strong> la chose, aujourd’hui<br />

c’est le sujet qui fâche : discutons hétérosexualité, <strong>de</strong> nos jours une orientation toujours plus invraisemblable.<br />

D’un côté, les crèmes beautés, Cosmo<br />

et son test psycho, elle, toujours en action<br />

et à l’écoute ; <strong>de</strong> l’autre, la pilosité abondante<br />

façon toison, l’homme avachi d<strong>ans</strong> le canapé<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

<strong>de</strong>vant un match <strong>de</strong> foot, bière d<strong>ans</strong> la main<br />

droite et main gauche pr<strong>of</strong>ondément enfoncée<br />

d<strong>ans</strong> le fourrage pour vérifier qu’elles<br />

sont toujours en bon nombre. L’archétype<br />

est violent, le trait forcé je l’admets, mais<br />

déjà d<strong>ans</strong> nos esprits, l’inversion <strong><strong>de</strong>s</strong> rôles<br />

apparaît impossible. C’est bien, je vois qu’on<br />

construit les i<strong>de</strong>ntités masculine et féminine<br />

sur <strong>de</strong> bonnes bases.<br />

Maintenant, elle, ultra-sensible,<br />

sentimentale, émotive et tellement incomprise<br />

par lui, le grand mâle, un roc insensible,<br />

maladroit et gauche d<strong>ans</strong> ses tournures,<br />

un peu obsédé, mais qui l’aime quand même<br />

vous savez. Et là, combien <strong>de</strong> fois, ais-je pu<br />

entendre d’un côté comme <strong>de</strong> l’autre, “c’est<br />

plutôt vrai tout ça”, avec parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> agréments<br />

par M. Grobras “Eh oué, c’est ça un<br />

homme, un vrai, c’est tout”. Mais bien sûr !<br />

En plus <strong><strong>de</strong>s</strong> chromosomes XX, les filles<br />

auraient récupéré ceux <strong>de</strong> l’émotion, <strong>de</strong><br />

la sensibilité, du petit cri victimaire et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pleurs étouffés, en plus <strong>de</strong> XY les hommes<br />

auraient hérité <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’aventure d’un<br />

soir, <strong>de</strong> l’insensibilité et <strong>de</strong> l’indépendance.<br />

Sérieusement, d<strong>ans</strong> ces attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, outre, d’un<br />

côté le ressenti d’un caractère universel – qui<br />

ne se sent pas au fond <strong>de</strong> lui-même incompris<br />

et sensible ? – et <strong>de</strong> l’autre une façon <strong>de</strong><br />

déguiser la domination masculine, il n’y a<br />

rien à voir.<br />

Si j’ose écrire. Ainsi, <strong>de</strong> ces stéréotypes,<br />

on la diffame. Aussi, on ne fait pas<br />

mieux du mal. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>best</strong>-sellers <strong><strong>de</strong>s</strong> librairies<br />

s’appelle <strong>Le</strong>s hommes viennent <strong>de</strong> Mars,<br />

les femmes viennent <strong>de</strong> Vénus, livre au concept<br />

aussi simple qu’idiot : il faut admettre que<br />

les hommes et les femmes ne viennent pas<br />

<strong>de</strong> la même planète, donc, conséquence logique,<br />

ne parlent pas la même langue, ce qui<br />

entraîne <strong>de</strong> la discor<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> les couples. <strong>Le</strong><br />

gus qui a écrit ça, John Gray, n’est pas un<br />

vulgaire astrologue ou un énième marabout,<br />

mieux, c’est un véritable auteur <strong>de</strong> livres <strong>de</strong><br />

“développement personnel”, et on ne peut<br />

pas lui reprocher <strong>de</strong> nous vendre du vent, il<br />

sait <strong>de</strong> quoi il parle : il a obtenu son doctorat<br />

en cours par correspondance d<strong>ans</strong> une uni-<br />

14<br />

versité Californienne non reconnue par les<br />

autorités, <strong>de</strong>puis fermée par la répression<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> frau<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

D<strong>ans</strong> une sincérité absolue pour la<br />

paix <strong><strong>de</strong>s</strong> ménages et une réelle volonté d’arrondir<br />

sa paie <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> mois à lui, l’auteur<br />

nous a fait <strong>de</strong> nombreux petits comme Mars<br />

et Vénus sous la couette, Mars et Vénus : petits<br />

miracles au quotidien et bien entendu <strong>Le</strong>s enfants<br />

viennent du paradis, laissant en suspens<br />

cette terrible question, et mon chien, y vient<br />

d’où ? Une nouvelle fois, cette manie <strong>de</strong> ranger<br />

les genres relève davantage du mythe<br />

collectif, et est à l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères psychologiques<br />

ce que l’Olivier est à la pizza<br />

traditionnelle Italienne, une contrefaçon populaire.<br />

Cher John, êtes-vous vraiment certain<br />

qu’ils ne parlent pas le même langage ?<br />

Prenons une discussion féminine comme on<br />

se l’imagine encore trop souvent, “Sa ! Lut !<br />

Ma ! Ché-rie ! Waah t’es trop be-lle. Oh !<br />

Tu <strong>de</strong>vineras jamais ?!” ne relève pas<br />

d’une haute dimension intellectuelle,<br />

soit. Est-ce pour autant suffisant pour<br />

conclure : voilà la différence avec ces<br />

messieurs, les filles sont <strong><strong>de</strong>s</strong> pinta<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aux discussions inconsistantes. Non.<br />

Reprenons M. Grobras, à blablater<br />

<strong>de</strong> ses exploits et autres satisfactions<br />

personnelles “(voix mielleuse) Non<br />

mais c’est simple, (voix triomphante)<br />

écoute, je te dis c’est rien (sourire), je<br />

l’ai fait 100 fois au moins, c’est pas un<br />

problème pour moi quoi (sourire + clin<br />

d’œil)”, croyez-le, d<strong>ans</strong> 40 <strong>ans</strong>, ce type<br />

là sera toujours bloqué au même sta<strong>de</strong>,<br />

mais avec les intérêts <strong>de</strong> son âge, à narrer<br />

en détails à l’assistance pileuse en<br />

émoi comment il a lui-même expliqué<br />

au réparateur le problème sur la télé.<br />

Tout cela est d’un intérêt. Donc n’en déplaise<br />

à ces messieurs, pour faire d<strong>ans</strong><br />

le mou, il n’y a pas un sexe mieux placé.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux parlent aussi bien la même<br />

langue, simplement selon les intérêts,<br />

pas <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes choses.<br />

L’autre, tout simplement<br />

N°122 - Déc. 2008<br />

Oui bien sûr, il y aura toujours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intérêts différents entre hommes et femmes.<br />

Rien à voir avec le caractère, juste une impression<br />

du moule social sur le caractère et non<br />

l’inverse : dès son plus jeune âge, à l’une on<br />

colle une poupée blon<strong>de</strong> et tous ses accessoires<br />

indispensables entre les mains, à l’autre<br />

un bulldozer triple crémaillère, comment<br />

voulez-vous… Il ne s’agit pas d’une question<br />

<strong>de</strong> caractères dissymétriques, on se plaît à<br />

le croire et pour cause. L’erreur est souvent<br />

d’y tenir au point <strong>de</strong> s’y conformer pour allier<br />

imaginaire et réalité, imposer ses choix<br />

et assouvir ses envies, ou pire s’y enfermer<br />

pour se justifier. Depuis bien longtemps on<br />

se construit donc une image <strong>de</strong> l’autre sexe<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> stéréotypes, <strong><strong>de</strong>s</strong> idéaux <strong>de</strong> féminité<br />

et <strong>de</strong> masculinité. À trop s’enfermer d<strong>ans</strong> ces<br />

généralités, on finit par ne plus voir l’autre<br />

tout simplement : le drame <strong><strong>de</strong>s</strong> couples <strong>de</strong><br />

ce début <strong>de</strong> millénaire, ne serait-ce pas justement<br />

l’oubli <strong>de</strong> la singulière énigme qu’est<br />

un Autre ?<br />

Iznogood


Douteux...<br />

N°3 - Avril 85<br />

<strong>Le</strong>s femmes formées d<strong>ans</strong> les<br />

écoles d’ingénieurs sauront-elles répondre<br />

aux espoirs <strong>de</strong> la France ?<br />

Il n’est pas question <strong>de</strong> mettre en<br />

doute les capacités <strong>de</strong> la femme à suivre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> supérieures, et par là-même à accé<strong>de</strong>r<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong> responsabilités. Au contraire,<br />

il faut partir du constat que la femme possè<strong>de</strong><br />

d’évi<strong>de</strong>ntes qualités <strong>de</strong> gestionnaire,<br />

d’organisatrice, et dispose <strong>de</strong> plus d’un sens<br />

pratique que l’homme lui envie.<br />

Mais pourquoi ne veulent-elles pas<br />

comprendre que ces facultés doivent être<br />

utilisées non pas d<strong>ans</strong> l’entreprise, mais bien<br />

là où elles sont le plus indispensables: AU<br />

FOYER !<br />

La France, mala<strong>de</strong> du chômage,<br />

<strong>de</strong> la dénatalité et <strong>de</strong> l’insécurité, a besoin<br />

<strong>de</strong> vous, Mes<strong>de</strong>moiselles, pour se redresser.<br />

La volonté d’être autonome pousse la femme<br />

actuelle à refuser la maternité qui risquerait<br />

<strong>de</strong> gêner sa vie pr<strong>of</strong>essionnelle.<br />

Si néanmoins, elle se déci<strong>de</strong> à avoir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> enfants, ceux-ci, par manque d’affection<br />

maternelle, versent tout naturellement d<strong>ans</strong><br />

la petite délinquance, le grand banditisme<br />

voire le terrorisme international.<br />

La femme, consciente <strong>de</strong> ses responsabilités,<br />

doit se rendre compte du rôle<br />

primordial qu’elle a à jouer d<strong>ans</strong> la résorption<br />

du chômage. Que, chômeuses et travailleuses,<br />

fières <strong>de</strong> leur fonction sociale,<br />

s’épanouissent à nouveau d<strong>ans</strong> leur vie familiale,<br />

et ce fléau qu’est le chômage ne sera<br />

plus.<br />

Et c’est là, Femmes Ingénieurs,<br />

en dirigeant ce mouvement d’où naîtra une<br />

France nouvelle, que vous exercerez votre<br />

rôle <strong>de</strong> meneuses d’hommes.<br />

Dominique et Co<br />

Faites-les taire<br />

S<strong>ans</strong> doute, avez-vous lu comme<br />

moi l’article “femme ingénieur, femme<br />

lea<strong>de</strong>r” paru d<strong>ans</strong> le <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong><br />

L’Insatiable. J’avoue que ma première réaction<br />

fut du genre: “tout <strong>de</strong> même, ils auraient<br />

pu trouver autre chose comme plaisanterie,<br />

c’est un peu facile <strong>de</strong> jouer aux<br />

vieux réacs...”. Puis, comme les auteurs avaient<br />

précisé leurs coordonnées, j’ai <strong>de</strong>mandé<br />

à un <strong>de</strong> leurs voisins d’étage - qui n’est autre<br />

que mon génial comanip - s’il connaissait<br />

ces petits comiques. Et là, je dois dire que<br />

je suis tombé <strong>de</strong> haut : non seulement, il<br />

connaissait -<strong>de</strong> loin- les auteurs, ce qui n’a<br />

rien d’extraordinaire, mais<br />

encore, il m’assurait qu’il ne<br />

pouvait en aucun cas s’agir<br />

d’une farce. Hein ! Non...<br />

Ben si. <strong>Le</strong>s premières réactions<br />

passées, je me suis donc<br />

attelé à la rédaction d’une<br />

réponse à ce qu’il faut bien<br />

appeler un tissu d’inepties.<br />

Femme intuitive<br />

Bien entendu, les auteurs<br />

commencent par apprivoiser<br />

les lecteurs en énumérant<br />

quelques capacités féminines<br />

qu’il n’est pas question <strong>de</strong><br />

mettre en doute, ça fait toujours<br />

bon effet. Notons tout<br />

<strong>de</strong> même quelques détails<br />

sournois : les “évi<strong>de</strong>ntes<br />

qualités” citées se rapportent<br />

à la gestion, l’organisation,<br />

le sens pratique ... Il eut été<br />

étonnant qu’elles se rapportassent<br />

à la création, au génie<br />

innovateur, à l’intelligence<br />

“pure”, pas vrai ? Holà, attention<br />

! Loin <strong>de</strong> moi l’idée<br />

d’affirmer que l’intelligence<br />

pratique est moins noble<br />

qu’une autre ... Seulement,<br />

ce genre <strong>de</strong> propos me rappelle<br />

un numéro <strong>de</strong> “Science<br />

et Vie” <strong><strong>de</strong>s</strong> années 50,<br />

15<br />

Tribune<br />

N°4 - Mai 85<br />

La misogynie affichée <strong>de</strong> l’article précé<strong>de</strong>nt a fait réagir. Voici un droit <strong>de</strong><br />

réponse musclé écrit...par un homme !<br />

où d<strong>ans</strong> un article traitant <strong>de</strong> l’intelligence<br />

<strong>de</strong> la femme, le journaliste ne tarissait pas<br />

<strong>de</strong> semblables éloges ... pour ajouter aussitôt<br />

d’un ton assuré qu’évi<strong>de</strong>mment, le sexe<br />

faible savait mieux “intuiter” que raisonner.<br />

Trivial...<br />

<strong>Le</strong>s hommes, faites le ménage<br />

Inévitablement, les quelques mots<br />

d’introduction ne peuvent plus longtemps<br />

retenir leur véritable message : LA FEMME<br />

AU FOYER ! Et alors là tout y passe : le chômage,<br />

la petite délinquance, le grand banditisme,<br />

le terrorisme international... ouf !<br />

Plus démago et plus réac’ que moi, tu meurs.<br />

Je ne vais sûrement pas perdre mon temps<br />

à réfuter point par point <strong><strong>de</strong>s</strong> “arguments”<br />

aussi énormes, mais tout <strong>de</strong> même, une telle<br />

malhonnêteté intellectuelle me donne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

boutons ! Alors, comme ça, si les femmes restaient<br />

au foyer, il y aurait du travail pour<br />

plus d’ hommes, donc moins <strong>de</strong> chômage ?<br />

Certes, mais on pourrait aussi dire l’inverse,<br />

ça ne vous était pas venu à l’idée ?... Vous<br />

dites ? Ah oui, évi<strong>de</strong>mment les femmes sont<br />

faites pour le ménage et la vaisselle, c’est<br />

pas pareil .. comme les nègres pour être exploités<br />

d<strong>ans</strong> les plantations <strong>de</strong> canne et les<br />

“bougnoules” pour ramasser les ordures<br />

par exemple. Et puis une mère doit rester à<br />

la maison pour prodiguer son affection aux<br />

enfants, tandis que le père, lui, doit prendre<br />

ses distances et son indépendance, pour affirmer<br />

sa virilité s<strong>ans</strong> doute. Ben voyons ...<br />

Enfin, votre insistance à parler <strong>de</strong><br />

“la” femme est très révélatrice. Non messieurs,<br />

la femme n’existe pas. Pas plus que<br />

“le” chinois, “le” préposé <strong><strong>de</strong>s</strong> PTT, ou “le”<br />

porteur <strong>de</strong> lunettes. Il existe DES femmes,<br />

ce qui est tout à fait différent. La notion<br />

d’espèce, déjà floue en biologie, <strong>de</strong>vient une<br />

imbécilité monstrueuse, dès qu’on lui rattache<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> connotations sociales. Et cette façon<br />

qu’ont certains <strong>de</strong> discriminer <strong><strong>de</strong>s</strong> individus<br />

en fonction <strong>de</strong> caractéristiques physiques<br />

- ou autres - porte un nom : le racisme.<br />

François<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Pages 8<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

16


17<br />

Pages 8<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

<strong>Le</strong> prési<strong>de</strong>nt Bush déclare alors<br />

la guerre au terrorisme international et les<br />

gouvernements <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> puissances se<br />

mettent au diapason. Un mois plus tard,<br />

les USA et la Gran<strong>de</strong>-Bretagne répon<strong>de</strong>nt<br />

militairement en bombardant massivement<br />

Janvier 2001, après trois mois <strong>de</strong><br />

très légères contestations d’un vote évi<strong>de</strong>mment<br />

douteux, les États Unis voient le<br />

fils républicain W prendre la place du père<br />

George à Washington. Quant au Saint Esprit<br />

démocrate et sa Sainte Nitouche <strong>de</strong> secrétaire,<br />

il quitte le trône la tête haute, ne soupçonnant<br />

pas le poids <strong>de</strong> la défaite <strong>de</strong> son camp<br />

pour les huit années à venir. Passons sur les<br />

détails : les tours, le fou barbu, les croisa<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

franchement désastreuses <strong>de</strong> Kaboul à Bagdad<br />

en ménageant, bien entendu, Damas et<br />

Téhéran. Et l’apogée d’une crise économique<br />

et financière pas franchement nouvelle pour<br />

finir d’achever ce qu’on appelle désormais<br />

l’Administration Bush.<br />

“Souvenirs mémorables”<br />

20 Janvier 2009, l’idiot du village<br />

Mon<strong>de</strong> s’en va visiblement satisfait “emportant<br />

avec [lui] les souvenirs mémorables du<br />

temps qu’ [il a] passé ici” (Déclaration <strong>of</strong>ficielle<br />

du 5 Novembre 2008). Obama jubile,<br />

il y a <strong>de</strong> quoi. <strong>Le</strong>s éléphants, eux, ont triste<br />

mine. Pour les plus conservateurs, la Maison<br />

Blanche aurait dû, pour le bien <strong>de</strong> tous, rester<br />

blanche… Quant au Sénateur McCain et son<br />

quasi milliard <strong>de</strong> dollars dépensé en campagne<br />

(du jet privé à la coiffure <strong>de</strong> sa co-listière),<br />

il réalise peut être enfin le lourd héritage<br />

laissé par le prési<strong>de</strong>nt retraité et la difficulté<br />

<strong>de</strong> passer outre. Lui qui a pourtant tout tenté,<br />

même la réinsertion d’une folle d’Alaska,<br />

plus conservatrice que Reagan lui même, en<br />

milieu urbain, n’a plus qu’à accepter son sort<br />

et se retirer. Telle est la loi au pays d’Uncle<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

DéBush-toi les yeux<br />

11 septembre 2001 : <strong><strong>de</strong>s</strong> avions détournés s’écrasent sur les tours du World Tra<strong>de</strong> Center et sur le Pentagone.<br />

Stupeur du mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal. La riposte médiatique n’a pas tardé : le soir même, le coupable était désigné.<br />

l’Afghanistan. Devant le parti pris flagrant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> médias, il me semble nécessaire <strong>de</strong> réagir.<br />

Contre le terrorisme<br />

Ce n’est pas une guerre contre<br />

le terrorisme. Il est inconcevable <strong>de</strong><br />

combattre un réseau international en<br />

bombardant un pays. <strong>Le</strong>s frappes ne<br />

visaient pas les terroristes, mais les<br />

civils. Même un bâtiment <strong>de</strong> l’ONU a<br />

été touché !<br />

En fait, c’est plutôt la politique occi<strong>de</strong>ntale<br />

et en particulier américaine<br />

qui est terroriste, comme le démontre<br />

Noam Chomsky, d<strong>ans</strong> un article<br />

du Mon<strong>de</strong> Diplomatique (décembre<br />

2001) : ‘’on a tort <strong>de</strong> penser que le<br />

terrorisme serait l’instrument <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

faibles. Comme la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> armes<br />

meurtrières, le terrorisme est surtout<br />

l’arme <strong><strong>de</strong>s</strong> puissants. Quand on prétend<br />

le contraire, c’est uniquement<br />

parce que les puissants contrôlent<br />

également les appareils idéologiques<br />

et culturels qui permettent que leur<br />

terreur passe pour autre chose que <strong>de</strong><br />

Sam. À moins qu’après Hillary Clinton, le<br />

nouveau prési<strong>de</strong>nt finisse par l’appeler en<br />

renfort au sein du gouvernement. <strong>Le</strong>s rapprochements<br />

ont déjà eu lieu mais il semble<br />

peu probable que ceux-ci dépassent le sta<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’entente cordiale et stratégique.<br />

Ambiance studieuse chez les<br />

éléphanteaux<br />

Et après ? <strong>Le</strong>s jeunes loups du<br />

parti (ou plutôt éléphanteaux) semblent fins<br />

prêts pour <strong>de</strong> nouvelles batailles électorales.<br />

Un défi osé étant donné la lune <strong>de</strong> miel s<strong>ans</strong><br />

fin que semble s’<strong>of</strong>frir Barack Obama. <strong>Le</strong> site<br />

témoigne<br />

d’une volonté <strong>de</strong> renouveau en insistant<br />

sur la communication par le Web, chose acquise<br />

chez les démocrates au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> mois<br />

<strong>de</strong> campagne. “Either we can spend the next<br />

several months - or years - trying to figure<br />

out what just happened, excusing our <strong>de</strong>feat<br />

away as a temporary blip or the result <strong>of</strong> a<br />

poor environment, and waiting for Barack<br />

Obama to trip up. Or we can refuse to take<br />

this <strong>de</strong>feat lying down, and start building<br />

the future <strong>of</strong> our party now”. Une attitu<strong>de</strong><br />

qu’un certain parti français aurait mieux fait<br />

d’adopter il y a un an… D’autres plus opportunistes,<br />

ou talentueux, comme Robert Gates<br />

ont réussi à se glisser d<strong>ans</strong> la liste du gouvernement<br />

démocrate. Étant donné le bilan <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

huit <strong>de</strong>rnières années, ce type <strong>de</strong> nomination<br />

fait figure d’exception.<br />

18<br />

la terreur.“<br />

<strong>Le</strong>s USA sont en fait intervenus<br />

pour plusieurs raisons. Ils désirent montrer<br />

au mon<strong>de</strong> entier que ceux qui attaquent les<br />

USA le paieront au centuple. De plus cette<br />

intervention leur permet d’acquérir une position<br />

stratégique grâce aux atouts économiques<br />

et géopolitiques <strong>de</strong> la région.<br />

<strong>Le</strong>s conséquences<br />

L’éléphant républicain<br />

N°87 - Déc. 2001<br />

En Afghanistan, il est fort probable<br />

que le pays puisse ne pas replonger<br />

d<strong>ans</strong> le chaos <strong>de</strong> la guerre civile qu’au prix<br />

<strong>de</strong> l’installation durable <strong><strong>de</strong>s</strong> armées occi<strong>de</strong>ntales.<br />

<strong>Le</strong> régime pakistanais (dictature<br />

militaire soutenue par les USA) est quant à<br />

lui <strong>de</strong> plus en plus contesté par la voix <strong>de</strong><br />

la rue, islamistes en tête. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> musulman<br />

remet en question <strong>de</strong>puis longtemps<br />

la politique étrangère unilatérale <strong><strong>de</strong>s</strong> USA,<br />

que ce soit au niveau commercial ou militaire.<br />

L’expression la plus violente - et en<br />

fait désespérée - <strong>de</strong> cette contestation a eu<br />

lieu le 11 septembre. Avec cette guerre, ce<br />

sentiment anti-américain ne peut que se<br />

renforcer.<br />

Sylvain Blanchon<br />

N°122 - Déc. 2008<br />

Huit années <strong>de</strong> Busherie, <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> <strong>de</strong> fritage en campagne et une victoire historique <strong><strong>de</strong>s</strong> concurrents, l’éléphant<br />

républicain accuserait-il le coup ?<br />

Un avenir à créer<br />

Quoi qu’il en soit, tout le mon<strong>de</strong>,<br />

même les républicains, semble pendu au nez<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> premières décisions du nouveau prési<strong>de</strong>nt.<br />

Dès lors commenceront les critiques et<br />

s<strong>ans</strong> nul doute le renfort du parti réputé “<strong>de</strong><br />

droite” (bien qu’il n’y ait jamais réellement<br />

eu <strong>de</strong> gauche).<br />

On serait presque tenté après une<br />

campagne à rebondissements et un dénouement<br />

digne <strong><strong>de</strong>s</strong> contes <strong>de</strong> Perrault <strong>de</strong> s’exclamer<br />

: que la fête commence ! Pourant rien ne<br />

sera facile pour Obama et il y a fort à parier<br />

que le combat <strong>de</strong> l’alternance soit <strong>de</strong> nouveau<br />

au ren<strong>de</strong>z vous d<strong>ans</strong> quatre <strong>ans</strong> avec<br />

un nouveau come-back du parti conservateur.<br />

Espérons simplement d<strong>ans</strong> l’intérêt <strong>de</strong><br />

tous, que le parti ne pioche pas <strong>de</strong> nouveau<br />

parmi les cruches conservatrices du fin fond<br />

<strong>de</strong> l’Alaska ou du Texas…<br />

Sylvain


Sarkozy et sa Sarkozette<br />

Ont retrouvé le “Paloma”<br />

De leur lit ils scrutent, ils guettent<br />

L’arrivée d’Obama<br />

Ils s’aiment et leur invité<br />

Est l’homme <strong>de</strong> l’année<br />

Ensemble il faut qu’ils réussissent<br />

Jusqu’en 2010<br />

2009, année pathétique<br />

2009, année pathétique…<br />

Serge, pauvre Serge, comment<br />

trouver 2009 érotique ? En 40 <strong>ans</strong>, c’est l’esl’espoir <strong>de</strong> nos parents adolescents écoutant<br />

Gainsbourg et Birkin narguer la France<br />

entière qui a disparu. Nous n’avons<br />

plus <strong>de</strong> De Gaulle à critiquer,<br />

plus <strong>de</strong> société à bouleverser,<br />

plus <strong>de</strong> chienlit à instaurer.<br />

Plus grand-chose <strong>de</strong> concret<br />

comme fierté ni comme bataille.<br />

Alors on t’écoute encore,<br />

nostalgiques et ravis <strong>de</strong><br />

t’entendre chanter l’Anamour,<br />

“semer <strong><strong>de</strong>s</strong> grains <strong>de</strong> pavot sur<br />

les pavés”, te placer “sous le soleil<br />

exactement” pour y trouver Elisa et<br />

tous ses “rêves érotiques” ou Annie et ses<br />

“sucettes à l’anis”. <strong>Le</strong> sens, ta logique nous<br />

éclairent puisqu’on n’a plus trouvé <strong>de</strong> tel<br />

gui<strong>de</strong> provocateur <strong>de</strong>puis 91 et la mort prématurée<br />

<strong>de</strong> Monsieur Gainsbarre.<br />

Chirac is back<br />

Carla aime Nicolas, nous non plus.<br />

On se fout <strong>de</strong> leurs frasques, ils s’affichent et<br />

l’on ne sait plus fermer les yeux. Nous voilà<br />

entrés d<strong>ans</strong> la vulgarité, celle-là même que<br />

l’artiste aimait savamment effleurer s<strong>ans</strong> la<br />

toucher, pour mieux choquer. Septembre 69,<br />

Paris Match fait sa Une avec Brigitte Bardot,<br />

plus belle que jamais à 35 <strong>ans</strong>. Aujourd’hui,<br />

vieille et folle, la star ne fait plus rêver personne<br />

sauf Joey et ses 30 millions d’amis…<br />

Quant au journal, il se félicite <strong>de</strong> son <strong>de</strong>rnier<br />

sondage plaçant l’escroc retraité Jacques<br />

Chirac personnalité politique préférée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

français. Pathétique. 2008 n’aura pas su fêter<br />

2009 année pathétique<br />

d<strong>ans</strong> la rue l’anniversaire d’un certain Mai et<br />

ses pavés ensablés.<br />

Pourtant, socialement, il y avait <strong>de</strong><br />

quoi revendiquer. 2009 ne fera pas mieux.<br />

L’homme soi disant provi<strong>de</strong>ntiel ne sera pas<br />

déchu, pas <strong>de</strong> vote contestataire à part l’Europe,<br />

peut-être, qui n’intéresse personne.<br />

L’argent s’envole<br />

Gainsbourg, c’est sûr, serait<br />

aujourd’hui plus marginal que jamais.<br />

19<br />

Tribune<br />

Un hommage à l’homme à la tête <strong>de</strong> chou d<strong>ans</strong> une feuille <strong>de</strong> chou comme L’Insatiable... C’est un<br />

peu à la mise en abyme ce que Jean-Marie Bigard est à la poésie !<br />

On me traitera <strong>de</strong> maso mais je<br />

prends toujours un plaisir malsain à regar<strong>de</strong>r<br />

le Zapping sur Canal et, d<strong>ans</strong> le registre<br />

du pitoyable, le crû <strong>de</strong> cette année fera<br />

date au moins jusqu’à l’an prochain. D’emblée,<br />

Sollers nous prévient, “il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> gens<br />

qui croient que le réel est là, en <strong>de</strong>hors du<br />

spectacle. […] Or, erreur, le spectacle avale<br />

tout”. On n’est pas déçu, Carla, Cécilia, Carlita<br />

contre Cécilia, le mioche <strong>de</strong> Rachida…<br />

Pendant ce temps on ne vi<strong>de</strong> pas <strong><strong>de</strong>s</strong> caisses<br />

déjà vi<strong><strong>de</strong>s</strong> et Carrefour nous endort avec ses<br />

réclames débilitantes pour la semaine “ultra<br />

pouvoir d’achat”, ça rassurera les caissières<br />

payées 820€, et surtout, n’oubliez pas <strong>de</strong> travailler<br />

plus pour gagner plus. Pour nous éviter<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bouffées <strong>de</strong> jalousie, <strong>Le</strong> Figaro supprime<br />

les breloques trop chics sur les photos<br />

<strong>de</strong> nos ministres et le Nouvel Obs’ balance<br />

la prose téléphonique minable <strong>de</strong> notre<br />

prési<strong>de</strong>nt. De son côté, peut-être pour nous<br />

rappeler à qui Sarkozy doit d’être élu, Royal<br />

entonne “FRA-TER-NI-TÉ !”. Et non, en 2008<br />

on ne crève toujours pas <strong>de</strong> ridicule...<br />

Qui a dit martèlement ?<br />

Tapie palpe nos millions puis nous<br />

fait l’oeil mouillé parce son nom a été souillé.<br />

Ce tête en l’air <strong>de</strong> Kerviel égare 4 milliards<br />

mais la Société Générale tient le coup. On<br />

respire. Depuis le temps qu’on croyait nos<br />

entreprises moribon<strong><strong>de</strong>s</strong>… À chaque fait divers<br />

du Parisien succè<strong>de</strong> une loi toujours<br />

plus absur<strong>de</strong> et inapplicable, qui afflige encore<br />

un peu plus les spécialistes. Pourtant à<br />

N°1<strong>25</strong> - Juin 2009<br />

Ses heures <strong>de</strong> gloire, comme ce fameux 11<br />

mars 1984 où le citoyen qu’il est se permet<br />

en toute illégalité <strong>de</strong> brûler pas moins <strong>de</strong><br />

500 francs en direct à la télévision pour protester<br />

contre la lour<strong>de</strong>ur <strong><strong>de</strong>s</strong> impôts, ont été<br />

oubliées. Eclipsées par d’autres scandales financiers<br />

qui, eux, ne font plus rire personne.<br />

Amoindries par le conformisme ambiant,<br />

autant musical que social.<br />

Déchu, l’homme <strong>de</strong> tous les abus<br />

se dirait sûrement qu’il n’est pas allé assez<br />

loin. Que ses mots, pourtant déjà si beaux,<br />

n’étaient jamais trop gros. Peu extrémiste<br />

d<strong>ans</strong> l’âme, l’homme n’aurait jamais<br />

supporté une telle société. 40<br />

<strong>ans</strong> <strong>de</strong> rêves et <strong>de</strong> désillusions. En<br />

chantant ce drôle <strong>de</strong> chiffre érotique,<br />

l’homme à la tête <strong>de</strong> chou<br />

avait l’espoir <strong>de</strong> faire bien mieux.<br />

Mieux que ses anciens, le temps<br />

d’une croisière, le temps d’une année<br />

et surtout le plus longtemps possible.<br />

Mieux, par exemple, que 40 <strong>ans</strong> plus tôt et<br />

cette fameuse crise <strong>de</strong> 29. Déjà une histoire<br />

d’argent et une belle raclée pour l’ordre établi<br />

aux Etats-Unis et en Europe. 40 <strong>ans</strong> plus<br />

tard, signe <strong>de</strong> l’Histoire, nous voilà replongés.<br />

Dommage, nous sommes passés après<br />

l’accalmie l’accalmie !<br />

Sylvain<br />

Zapping<br />

N°122 - Déc.2008<br />

Nous sommes en 2008 et vous regar<strong>de</strong>z toujours la télévision, bonsoir.<br />

Au programme, Sarkozy et la crise financière. Misère...<br />

la téloche, tout parait si logique “M me Chabot,<br />

qu’est-ce que je dois faire ? Laisser <strong><strong>de</strong>s</strong> psychopathes<br />

tuer nos enfants ?”. Et d<strong>ans</strong> cette<br />

navrante Cinquième République, où chaque<br />

Prési<strong>de</strong>nt réussit l’exploit <strong>de</strong> nous faire regretter<br />

son prédécesseur, on se prend à rêver<br />

<strong>de</strong> qui pourra nous faire aimer Sarkozy.<br />

Devedjian ? Copé ? Kouchner ? Royale ? La<br />

tête pleine <strong>de</strong> pus, comme dirait Bukowski,<br />

les poulains ne manquent pas, il y a <strong>de</strong> quoi<br />

nous faire rêver pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> quinquennats<br />

entiers. Mais ne nous plaignons pas, ailleurs<br />

Poutine fait élire son pote, Berlusconi envoie<br />

l’armée contre les immigrés et Bush négocie<br />

directement avec Jésus. Et je repense à cet article<br />

du Canard “du niveau <strong>de</strong> tolérance” <strong>de</strong><br />

J.L. Porquet, “<strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui nous auraient<br />

choqués, indignés, blessés voilà <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, on<br />

les laisse passer. […] On s’habitue au martèlement<br />

sarkozyste […] cette perpétuelle<br />

autocélébration <strong>de</strong> soi, tel un catcheur en<br />

tournée permanente sur tous les écr<strong>ans</strong>. La<br />

tête qui enfle et les mots pareillement, qui<br />

n’ont plus guère <strong>de</strong> rapport avec le réel”.<br />

Mais bon, “casse toi pauv’ con”, ici y a rien<br />

à voir, d’ailleurs un <strong>de</strong> nos concitoyens se<br />

mangera un procès pour cette même phrase<br />

inscrite sur une pancarte. “Notre niveau <strong>de</strong><br />

tolérance est encore en train d’augmenter”.<br />

L’année finit en beauté avec une petite crise,<br />

le choléra au Zimbabwe et Eric Zemmour<br />

toujours à la télévision publique. Misère…<br />

On aimerait croire au miracle Obama, penser<br />

que ça ne peut être pire… On disait déjà<br />

ça en 2008.<br />

Fred<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

Depuis la récente <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

mourir <strong>de</strong> Chantal Sébire, le débat sur<br />

l’euthanasie revient sur la table. Cette femme<br />

<strong>de</strong> 52 <strong>ans</strong> souffrait d’une tumeur <strong><strong>de</strong>s</strong> sinus<br />

et <strong>de</strong> la cloison nasale qui la défigurait totalement,<br />

après l’avoir privée <strong>de</strong> l’odorat, du<br />

goût, et <strong>de</strong> la vue. Sa tumeur, incurable, prenant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> “proportions insupportables”, elle<br />

décida d’écrire au Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République<br />

pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le droit <strong>de</strong> mourir.<br />

Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, passée <strong>de</strong>vant la justice, lui a<br />

été refusée. Interrogée sur ses raisons d’agir,<br />

elle disait se battre pour ceux qui connaîtraient<br />

plus tard un sort similaire au sien. <strong>Le</strong><br />

19 mars <strong>de</strong>rnier, elle s’est passée <strong>de</strong> l’accord<br />

<strong>de</strong> la justice, et a mis fin à ses jours, seule.<br />

Un combat difficile...<br />

Qu’on m’euthanasie !<br />

Sujet qui est encore loin <strong>de</strong> s’imposer d<strong>ans</strong> le débat en France, l’euthanasie fait épisodiquement parler d’elle<br />

<strong>de</strong>puis quelques années. Apparemment, les choses évoluent, petit à petit.<br />

évoluent, mais encore lentement. En effet,<br />

la loi Léonetti, promulguée en 2005, déclare<br />

notamment que les actes médicaux sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

patients dont tout indique qu’ils vont mourir<br />

à très court terme “ne doivent pas être poursuivis<br />

avec une obstination déraisonnable”.<br />

“Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés<br />

ou n’ayant d’autre effet que le seul<br />

maintien artificiel <strong>de</strong> la vie, ils peuvent<br />

être suspendus ou ne pas être entrepris,<br />

afin <strong>de</strong> garantir une fin<br />

digne à la personne<br />

Elle n’était pas la première à entamer<br />

cette démarche, puisqu’un jeune homme<br />

aveugle, muet et tétraplégique, Vincent<br />

Humbert, avait fait <strong>de</strong> même avec le prési<strong>de</strong>nt<br />

Chirac, en 2003. Face à un autre refus<br />

<strong>de</strong> la part du gouvernement, sa mère et un<br />

mé<strong>de</strong>cin, décidèrent <strong>de</strong> lui faire une injection<br />

létale en novembre 2003. Après son décès,<br />

ceux-ci furent mis en examen, respectivement<br />

pour “administration <strong>de</strong> substances<br />

toxiques” et “empoisonnement avec préméditation”.<br />

Plusieurs associations luttent pour<br />

le droit <strong>de</strong> “laisser mourir” librement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs. Grâce à leur combat, et aux<br />

différentes<br />

Loto<br />

actions médiatiques,<br />

pour<br />

les choses<br />

un séro<br />

Aujourd’hui “banalisé”, le Sida a fait une apparition tonitruante et terriblement<br />

violente d<strong>ans</strong> les années 80. Souvenir personnel.<br />

Peut-être ne voulais-tu pas jouer,<br />

en tout cas, tu as perdu. Laisse-moi t’appeler<br />

Manu, c’est plus simple. Vois-tu, Manu, toi<br />

tu t’étais bâti une petite vie pépère. C’était<br />

peut-être pas tous les jours la joie, je le sais<br />

maintenant, mais moi, chaque fois que je<br />

pouvais t’observer, je te voyais en rire. Parfois,<br />

tu riais certainement pour faire plaisir,<br />

ou bien par gêne, toi aussi sûrement tu<br />

connaissais l’ennui et l’échec. Mais je vivais<br />

avec l’idée que tout finirait bien par te réussir.<br />

On ne conçoit pas un héros qui échoue.<br />

<strong>Le</strong> hasard fait mal les choses<br />

<strong>Le</strong> sort savait que tu avais toujours<br />

gagné jusque là, alors il a commencé à jouer<br />

<strong>de</strong> plus en plus souvent avec toi. Toi tu te<br />

plaisais aussi à son jeu s<strong>ans</strong> même le savoir,<br />

car tu prenais toujours les épreuves du bon<br />

côté : elles ne faisaient que construire ton esprit.<br />

Un jour, il n’a pas été très sympa. Il t’a<br />

donné, au hasard, une petite étiquette marquée<br />

séropositif. Cette fois-ci, les épreuves<br />

qui vous forgent, tu as comme envie <strong>de</strong> les<br />

laisser <strong>de</strong> côté. Autour <strong>de</strong> toi les jolis <strong><strong>de</strong>s</strong>sins<br />

grimacent. A présent ton éternel positivisme<br />

s’est évanoui, pour laisser apparaître<br />

le sombre visage <strong>de</strong> la déprime. Chaque fois<br />

qu’une chose te fait sourire, elle te murmure<br />

aussi : “ souviens-toi que tu nous quittes, tu<br />

n’as plus le droit <strong>de</strong> jouer désormais”.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Parfois tu te bats, et à chaque coup<br />

dur tu veux vivre plus intensément, tu te<br />

dis qu’après tout, rien n’est terminé, qu’ils<br />

vont le trouver, ce foutu remè<strong>de</strong> au SIDA.<br />

Aujourd’hui, on a trouvé une piste sérieuse.<br />

Mais c’est dur, vois-tu, la France se serre la<br />

ceinture pour toi et tes marginaux <strong>de</strong> semblables.<br />

Chacun d’entre eux avait choisi sa<br />

partie, toi, tu as joué aux seringues. Chacun<br />

d’entre vous a perdu. On aime tous un peu<br />

jouer avec le hasard, c’est humain. Même<br />

ton ministre <strong>de</strong> la santé semble se passionner<br />

pour lui. Il lui a d’ ailleurs inspiré une<br />

idée que tu vas aimer, j’en suis sûr. Sympa,<br />

le monsieur s’est penché sur ton cas, et a tout<br />

<strong>de</strong> suite compris que tu <strong>de</strong>vais adorer la loterie.<br />

T’as le droit <strong>de</strong> rejouer, mon vieux !<br />

Rouge : après séropositif, on t’appellera<br />

tri-thérapiqué.<br />

Noir : t’es mort. Quand on te servira<br />

enfin ton tri-sirop d<strong>ans</strong> la belle cuiller en<br />

argent, tu seras six pieds sous terre, c’est trop<br />

con, hein ?<br />

Toi tu le sais bien, que je mens. Ca<br />

fait quatre <strong>ans</strong> que tu es mort, quatre <strong>ans</strong> que<br />

tu as fini <strong>de</strong> payer pour un malheureux instant<br />

<strong>de</strong> plaisir chimique. Mais tu les vois, les<br />

autres. Eux, ont peut-être une chance. J’entends<br />

d’ici ce que tu peux en penser du joli<br />

ministre aux idées tout droit sorties d’un jeu<br />

<strong>de</strong> rôles : il y a un moment où on n’a plus le<br />

droit <strong>de</strong> jouer. Sam<br />

20<br />

N°59 - Avril 96<br />

concernée”.<br />

... pour une fin digne<br />

Hervé Pierra est mort à l’âge <strong>de</strong> 28<br />

<strong>ans</strong>, après huit <strong>ans</strong> <strong>de</strong> coma végétatif. Il aura<br />

été l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers à bénéficier <strong>de</strong> cette loi,<br />

après 14 mois <strong>de</strong> bataille menée par ses<br />

parents<br />

pour convaincre les mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong><br />

passer à l’acte. Dès lors, en l’absence <strong>de</strong><br />

soins palliatifs, après six jours d’agonie et<br />

<strong>de</strong><br />

convulsions violentes et constantes (ce-<br />

pendant indolores, d’après les mé<strong>de</strong>cins),<br />

Hervé Pierra s’est éteint. Comme fin digne,<br />

on aurait tout <strong>de</strong> même imaginé mieux.<br />

Ce premier geste est encore très in-<br />

suffisant, puisqu’il ne concerne que les ma<br />

la<strong><strong>de</strong>s</strong> survivant grâce à un traitement perpé<br />

tuel et obligatoire. Pour l’instant, il est donc<br />

<strong>of</strong>ficiellement possible <strong>de</strong> laisser quelqu’un<br />

s’éteindre s’éteindre mais après <strong>de</strong> nombreuses et lon-<br />

gues démarches qui ne font qu’amplifier la<br />

douleur morale <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong> la person- person<br />

ne mala<strong>de</strong>. m Quant au suici<strong>de</strong> assisté, s’il est<br />

autorisé en Suisse par exemple, il n’est pas<br />

à l’ordre du jour en France. Alors posons la<br />

question que directement : quelle est donc la dif-<br />

férence entre laisser mourir un corps d’épui<br />

sement au bout <strong>de</strong> plusieurs jours <strong>de</strong> souf- souf<br />

france, et lui injecter une substance hâtant<br />

son départ, et ce d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> meilleurs conditions<br />

pour lui et son entourage ? Ou bien mettons-<br />

nous à la place <strong>de</strong> Chantal Sébire. Essayons<br />

<strong>de</strong> nous imaginer une existence privée <strong>de</strong><br />

plusieurs sens, dont la vue. Une existence<br />

pleine <strong>de</strong> douleur, une douleur qui, d’après<br />

ses témoignages, est insupportable, nous<br />

réveille la nuit, s<strong>ans</strong> espoir d’amélioration,<br />

mais bien au contraire avec la certitu<strong>de</strong> que<br />

<strong>de</strong>main les choses ne pourront qu’empirer.<br />

Cela s<strong>ans</strong> mentionner la douleur morale, la<br />

nôtre comme celle <strong>de</strong> notre entourage.<br />

Pour un cadre législatif<br />

N°119 - Avril 2008<br />

Certes, la vie est ce que l’on peut<br />

imaginer <strong>de</strong> plus précieux. Mais lorsqu’elle<br />

se mue en survie douloureuse, les choses<br />

sont certainement à reconsidérer. Vivre d<strong>ans</strong><br />

ces conditions, en sachant que la mort viendra<br />

bientôt, ou aller au-<strong>de</strong>vant d’elle, d<strong>ans</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions différentes ? Il me semble<br />

que chacun <strong>de</strong>vrait être libre <strong>de</strong> son choix.<br />

Bien sûr, on pourrait dire qu’il est difficile <strong>de</strong><br />

légiférer sur un domaine tel que celui-là, que<br />

la limite est difficile à cerner entre le meurtre<br />

pour l’héritage et l’euthanasie pour soulager<br />

le mourant. Effectivement elle l’est. Mais estce<br />

une raison pour ne pas essayer <strong>de</strong> créer un<br />

cadre législatif strict sur la question ? J’ajouterai<br />

qu’à l’heure actuelle, certaines personnes<br />

peuvent se permettre d’aller en Suisse<br />

mettre un terme à leurs jours et les autres<br />

n’ont qu’à agoniser en France. Notons que le<br />

premier ministre a <strong>de</strong>mandé à Jean Antoine<br />

Léonetti une révision <strong>de</strong> la loi éponyme, et<br />

que plusieurs membres du gouvernement<br />

sont aujourd’hui favorables à l’euthanasie.<br />

Pour ma part, j’espère que si un<br />

jour je suis en situation d’envisager ma mort,<br />

j’aurais le droit <strong>de</strong> mener dignement ma vie<br />

jusque d<strong>ans</strong> ses <strong>de</strong>rniers instants, et <strong>de</strong> librement<br />

choisir <strong>de</strong> mourir.<br />

Raph’


En vérité je vous le dis, Dieu est vivant, je l’ai rencontré page 734 du Petit Robert. Dieu est un concept qui n’a<br />

pas fini <strong>de</strong> faire couler <strong>de</strong> l’encre ! Se poser la question, c’est déjà reconnaître son existence, dérangeant ?<br />

Et le débat <strong>de</strong>vient difficile<br />

D<strong>ans</strong> le débat “Dieu existe-t-il ?”,<br />

on accepte vite qu’il y a plus d<strong>ans</strong> la vie<br />

qu’un simple empilement <strong>de</strong> sensations. <strong>Le</strong><br />

simple fait d’être là à en discuter prouve que<br />

quelque chose en nous se passe sur un autre<br />

niveau <strong>de</strong> conscience que la simple routine<br />

terrestre. De là à appeler Dieu cet espace spirituel,<br />

il n’y a qu’un pas. Ouvert, peut-être,<br />

mais béant, jamais, ce “Dieu” générique n’est<br />

pas celui d’une quelconque religion. Disons<br />

plutôt un espace pour questions existentielles.<br />

Mais admettons le concept, appelons<br />

Dieu cette vie spirituelle. Dieu existe.<br />

D’ailleurs c’est pas étonnant, <strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong><br />

personnes y croient, c’est donc un concept<br />

qui marche. Un simple coup d’oeil au dico<br />

vous le confirmera.<br />

C’est un concept avec une définition.<br />

Si l’idée existe, Dieu existe.<br />

Un Dieu universel ?<br />

Que les indécis, cartésiens douteux<br />

et autres athées respirent, nous allons<br />

à présent les décrisper. Ce qui fait que Dieu<br />

existe, c’est la relativité <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> vue.<br />

L’animateur d’Agapé a voulu le montrer par<br />

l’existence d’une soi-disant morale universelle.<br />

Cependant, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sociologiques<br />

montrent que les concepts moraux varient<br />

franchement d’une société à l’autre. Et la diversité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> religions qui s’entrechoquent fait<br />

complètement voler en éclat cette universalité<br />

supposée <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong>s catholiques, les<br />

protestants, les orthodoxes, les musulm<strong>ans</strong>,<br />

les polythéistes grecs, les athées ont chacun<br />

leur vérité, leur lumière universelle. Elles<br />

sont toutes valables pour la personne qui<br />

choisit d’y croire.<br />

<strong>Le</strong>s polythéistes avaient au moins<br />

cette qualité <strong>de</strong> reconnaître la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

points <strong>de</strong> vue. Avec une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> dieux,<br />

chacun trouve son compte s<strong>ans</strong> se mettre en<br />

<strong>de</strong>voir <strong>de</strong> convertir le voisin. <strong>Le</strong> passage au<br />

monothéisme<br />

relèverait-il<br />

donc d’un autoritarismereligieux<br />

? Accepter<br />

l’existence<br />

d’une dimension<br />

spirituelle,<br />

qu’on peut,<br />

pourquoi pas,<br />

appeler Dieu,<br />

ce n’est pas accepter<br />

du même<br />

coup <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles<br />

<strong>de</strong> culture religieuse,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> manières<br />

<strong>de</strong> célébrer,<br />

toutes les<br />

actions menées<br />

en son nom. <strong>Le</strong><br />

rapport qu’entretient<br />

chacun<br />

avec son espace<br />

spirituel est<br />

personnel et il<br />

paraît dangereux<br />

<strong>de</strong> l’étriquer<br />

d<strong>ans</strong> une<br />

philosophie,<br />

une religion,<br />

une croyance unique et qui donne d’avance<br />

toutes les réponses.<br />

Deux approches<br />

Quand un chrétien rencontre un<br />

problème, il prie, va parler à un prêtre.<br />

Qu’il cherche un pourquoi, un réconfort<br />

ou un indice <strong>de</strong> solution. Il se sent alors<br />

rassuré et conforté d<strong>ans</strong> sa foi. Lorsqu’un<br />

penseur (s<strong>ans</strong> étiquette particulière) rencontre<br />

un problème, il réfléchit ou va parler<br />

à quelqu’un qu’il juge <strong>de</strong> bon conseil. Il<br />

cherche un réconfort, un indice <strong>de</strong> solution.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux approches sont équivalentes d<strong>ans</strong><br />

la résolution <strong>de</strong> la crise. Ce que n’apporte<br />

pas la réflexion, c’est un pourquoi. Ou parce<br />

que le penseur s’en fout, ou parce qu’il accepte<br />

la tr<strong>ans</strong>cendance <strong>de</strong> la question et s’en<br />

satisfait ; y puisant une source <strong>de</strong> curiosité<br />

pour le mon<strong>de</strong> qui l’entoure, aussi bien spirituel<br />

que terrestre.<br />

La question qui reste est la question<br />

du choix. Puisque l’athée et le croyant<br />

réfléchissent tous les <strong>de</strong>ux, pourquoi ne se<br />

comprennent-ils pas ? <strong>Le</strong>s croyants, et parmi<br />

eux les chrétiens, se sentent riches d’un<br />

amour divin qu’ils veulent <strong>of</strong>frir à tous : la<br />

Foi. Ils me semblent l’expérimenter comme<br />

un sentiment exalté qui suffit à leur faire<br />

accepter la religion. Ils existent parce que<br />

Dieu les aime. Ils ont choisi leur religion<br />

parce qu’ils se sentaient proches <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />

fidèles. C’est plutôt un genre d’affinité avec<br />

un groupe. L’athée tourne sa foi vers l’Homme<br />

(disons l’Humain). Tous les concepts<br />

sont renfermés d<strong>ans</strong> l’Humain, c’est donc<br />

l’Humain qui est au centre <strong>de</strong> sa réflexion.<br />

J’existe parce que les gens qui me sont importants<br />

reconnaissent mon existence. La<br />

réflexion ici est plus détachée, s<strong>ans</strong> doute<br />

plus froi<strong>de</strong>. Mais aussi plus à même <strong>de</strong> se<br />

remettre en question.<br />

21<br />

Tribune<br />

Dieu existe mais je n’y crois pas N°113 - Déc. 2007<br />

Cette acceptation <strong>de</strong> la surprise, <strong>de</strong><br />

la non réponse à toutes les questions, trace<br />

une frontière d’agacement entre l’athée et le<br />

chrétien. <strong>Le</strong> chrétien étouffe le penseur d<strong>ans</strong><br />

son amour béat et collant. <strong>Le</strong> chrétien est attristé<br />

<strong>de</strong>vant la résistance violente <strong>de</strong> l’athée<br />

à l’amour divin. La différence se trouve peutêtre<br />

plus du côté <strong>de</strong> la personnalité.<br />

Certains préfèrent le confort tiè<strong>de</strong>,<br />

les autres les paquets <strong>de</strong> mer glacés.<br />

Robbie Ney<br />

Raël bol<br />

N°60 - Avril 96<br />

“Tous les membres du Mouvement<br />

Raëlien du Rhône remercient chaleureusement<br />

l’association Issue pour l’ai<strong>de</strong> morale<br />

et technique apportée lors <strong>de</strong> la campagne<br />

d’affichage à la Doua pour la conférence du<br />

22 mai. Ils les ont ainsi renforcés d<strong>ans</strong> leur<br />

motivation [...] <strong>de</strong> diffuser la fantastique information<br />

<strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> la vie sur la terre<br />

par une civilisation extraterrestre. Toute difficulté<br />

renforce...”. Voici ce que la secte Raël<br />

s’est autorisé à afficher un peu partout sur le<br />

campus.<br />

Mais reprenons les faits au début :<br />

Issue, avec ses petits moyens face au fric <strong>de</strong><br />

la secte Raël, s’est permis <strong>de</strong> décoller toutes<br />

les affiches <strong>de</strong> Raël soigneusement placées<br />

sur celles d’Issue. D’accord, tous <strong>de</strong>ux<br />

organisent une conférence à une semaine<br />

d’intervalle. Seulement, les panneaux d’affichage<br />

sont généralement assez larges<br />

pour que Raël ne soit pas obligé <strong>de</strong> placer<br />

sa propagan<strong>de</strong> précisément sur les affiches<br />

d’Issue. S<strong>ans</strong> critiquer les croyances, il y<br />

a certains agissements qui font apparaître<br />

le caractère intolérant et totalitaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Raëliens.<br />

Comment expliquer que Raël n’ait<br />

aucune gêne à nuire à l’info d’Issue alors<br />

qu’Issue ne se permet pas d’arracher les affiches<br />

<strong>de</strong> Raël ? Comment expliquer que<br />

Raël, après le peu <strong>de</strong> succès <strong>de</strong> leur conférence,<br />

cherche une excuse en la personne<br />

d’Issue en proclamant pareille diffamation?<br />

Des a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> Raël étaient présents à la<br />

conférence “<strong>Le</strong> danger <strong><strong>de</strong>s</strong> sectes” organisée<br />

par Issue. <strong>Le</strong> dialogue établi entre les <strong>de</strong>ux<br />

protagonistes semblait extrêmement intéressant.<br />

Pourquoi donc maintenant ces affiches<br />

diffamatoires? La secte montre-t-elle son vrai<br />

visage dictatorial ? Est-ce une déclaration <strong>de</strong><br />

guerre?<br />

Toute difficulté renforce ! Issue est<br />

très fier que Raël leur consacre toute une<br />

campagne d’affichage, ce n’est que la preuve<br />

<strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> leur combat. <strong>Le</strong> plus drôle<br />

est encore cette citation d’H. Poincaré que<br />

Raël a ajoutée à sa diffamation, quand on<br />

connaît la soumission aveugle <strong><strong>de</strong>s</strong> a<strong>de</strong>ptes<br />

: “Douter <strong>de</strong> tout et croire à tout, <strong>de</strong>ux<br />

solutions également commo<strong><strong>de</strong>s</strong> qui nous<br />

dispensent <strong>de</strong> réfléchir [...] Or, une saine<br />

philosophie recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas nier les<br />

faits pour cela seul qu’ils sont opposés à nos<br />

idées et à nos théories, mais <strong>de</strong> chercher à les<br />

vérifier.”<br />

Xav<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

Condition Précaire d’EmploiN°108<br />

- Fév. 2006<br />

Pour (ou plutôt contre) le CPE, les lycéens étaient d<strong>ans</strong> la rue. Et les insomniaques qui tentaient <strong>de</strong> s’endormir<br />

<strong>de</strong>vant Public’Sénat ont alors pu remarquer que l’Assemblée Nationale était anormalement agitée.<br />

<strong>Le</strong>s discours impénétrables <strong>de</strong><br />

Monseigneur De Villepin, les questions du<br />

député du Haut-Cantal au sujet <strong>de</strong> la baisse<br />

du prix <strong>de</strong> vente du cou <strong>de</strong> canard farci, les<br />

bancs clairsemés <strong>de</strong> députés somnolant, suffisent<br />

habituellement à endormir le plus agité<br />

d’entre nous. Mais <strong>de</strong>puis quelques temps<br />

les séances télévisées sont plutôt animées.<br />

<strong>Le</strong>s dinosaures <strong>de</strong> chaque parti se bousculent<br />

au micro pour gueuler plus fort que le<br />

précé<strong>de</strong>nt, au sujet, bien sûr, du Contrat Première<br />

Embauche.<br />

Du progrès ?<br />

Mais qu’est ce qu’est vraiment le<br />

Il y a 40 <strong>ans</strong>, Mai 68 N°119 - Avril 2008<br />

La révolte étudiante a commencé un 22 mars, à la fac <strong>de</strong> Nanterre. 40<br />

<strong>ans</strong> après, les jeunes paraissent mous, désenchantés, conformistes.<br />

Et pourtant, il faut être juste. Ils ne<br />

sont pas si insensibles à la société.<br />

<strong>Le</strong>s combats ordinaires<br />

Au contraire, ils se battent tous les<br />

jours, essayant <strong>de</strong> changer le mon<strong>de</strong>. Il suffisait<br />

<strong>de</strong> se bala<strong>de</strong>r vers la place <strong><strong>de</strong>s</strong> Terreaux<br />

samedi pour s’en persua<strong>de</strong>r. Greenpeace<br />

y distribuait les numéros <strong>de</strong> téléphone <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

députés <strong>de</strong> la région pour que les gens les<br />

appellent en leur disant ce qu’ils pensent <strong>de</strong><br />

la nouvelle loi sur les OGM. Cette loi, déjà<br />

approuvée par le sénat, prévoit la cohabitation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> OGM et <strong><strong>de</strong>s</strong> autres plantes, s<strong>ans</strong> se<br />

soucier <strong><strong>de</strong>s</strong> risques <strong>de</strong> contamination. Elle<br />

doit arriver à l’Assemblée Nationale début<br />

avril.<br />

Ce genre d’action, on en compte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dizaines. Entre les brochures d’information<br />

proposées au Karnaval Humanitaire - en ligne<br />

sur ,<br />

la journée s<strong>ans</strong> achats, les grèves<br />

annuelles contre la <strong>de</strong>rnière réforme <strong>de</strong><br />

l’éducation nationale ou du droit du travail,<br />

d<strong>ans</strong> tous les coins se forment <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes<br />

<strong>de</strong> résistance contre notre société <strong>de</strong> consommation.<br />

Pourtant, il n’y a pas aujourd’hui <strong>de</strong><br />

mouvement <strong>de</strong> masse comme cela a pu être<br />

le cas en 68. A l’époque, il a suffit qu’une fac<br />

se révolte contre l’interdiction faite aux filles<br />

d’aller d<strong>ans</strong> les dortoirs <strong><strong>de</strong>s</strong> garçons. L’étincelle<br />

pour qu’une génération entière s’en-<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

flamme. Du lycéen à l’ouvrier, la population<br />

a rejeté en bloc la société figée d<strong>ans</strong> laquelle<br />

elle vivait.<br />

La situation actuelle est très différente.<br />

En 68, pendant les trente glorieuses,<br />

le pouvoir d’achat atteint <strong><strong>de</strong>s</strong> sommets. La<br />

France connaît le plein emploi pendant plusieurs<br />

décennies. Alors ce ne sont pas les<br />

heures passées à faire grève ou en prison<br />

après s’être battu avec un CRS qui les empêcheront<br />

<strong>de</strong> trouver du boulot. <strong>Le</strong>s étudiants<br />

se battent pour plus <strong>de</strong> confort et plus <strong>de</strong><br />

liberté, et ils ont assez confiance en l’avenir<br />

pour remettre en cause les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la<br />

société.<br />

Génération désenchantée<br />

Aujourd’hui, le mon<strong>de</strong> va mal,<br />

l’économie va mal, et on a intérêt à travailler<br />

si on veut du boulot. La peur <strong>de</strong> l’avenir<br />

nous fait faire l’autruche. Oublier tous les<br />

problèmes, et fermer les yeux en espérant<br />

que ça passe. C’est humain. On préfère gar<strong>de</strong>r<br />

notre confort et notre liberté, plutôt que<br />

<strong>de</strong> respecter l’autodiscipline nécessaire pour<br />

économiser l’énergie, acheter moins, trier<br />

nos déchets. Si en 68, il suffisait <strong>de</strong> mettre le<br />

bazar d<strong>ans</strong> la société, aujourd’hui il faudrait<br />

plutôt ranger, et, question d’entropie, ce n’est<br />

jamais aussi simple…<br />

Alys<br />

22<br />

CPE ? En quelques mots, il s’agit d’une variante<br />

du CDI, réservée aux jeunes <strong>de</strong> moins<br />

<strong>de</strong> 26 <strong>ans</strong>. Pendant une pério<strong>de</strong> d’essai <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, l’employeur bénéficie d’avantages<br />

fiscaux et le jeune peut se faire licencier<br />

s<strong>ans</strong> justification. Au bout <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, le<br />

CPE <strong>de</strong>vient un CDI classique, si le jeune<br />

est toujours là... Un droit à la formation lui<br />

est néanmoins ouvert au bout d’un mois. <strong>Le</strong><br />

but avoué <strong>de</strong> ce contrat est <strong>de</strong> faire baisser le<br />

chômage <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes qui a atteint un niveau<br />

inquiétant. Essayons <strong>de</strong> nous mettre à la<br />

place <strong><strong>de</strong>s</strong> employeurs pour comprendre les<br />

conséquences (sur l’emploi uniquement) <strong>de</strong><br />

ce contrat.<br />

On s’<strong>of</strong>fre un p’tit CPE<br />

Premier cas : l’entreprise a besoin<br />

d’un employé et en a les moyens. Elle embauchera<br />

un CPE plutôt qu’un CDI pour<br />

faire <strong><strong>de</strong>s</strong> économies. Deuxième cas : l’entreprise<br />

souhaite embaucher, mais n’en a pas les<br />

moyens. Certaines pourront “se payer” un<br />

CPE pendant quelques mois, mais ne pourront<br />

pas le gar<strong>de</strong>r quand les avantages fiscaux<br />

se termineront. Dernier cas : l’entreprise<br />

peut embaucher un jeune, et en a besoin.<br />

Mais elle ne le fait pas par peur d’une future<br />

baisse d’activité et <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés pour licencier.<br />

Avant le CPE, elle pouvait enchaîner les<br />

CDD ou faire appel à <strong><strong>de</strong>s</strong> intérimaires tant<br />

qu’elles en avaient besoin. Maintenant elles<br />

pourront embaucher un CPE et le gar<strong>de</strong>r tant<br />

qu’elles en auront besoin. Mais prendront-elles<br />

le “risque” <strong>de</strong> le gar<strong>de</strong>r plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> ?<br />

<strong>Le</strong>s entreprises qui feront ce choix auraient<br />

pu tout-autant prendre un CDI normal.<br />

Conséquences douteuses<br />

À première vue et d<strong>ans</strong> tous les<br />

cas, les conséquences du CPE sur l’emploi à<br />

moyen terme convergent uniformément vers<br />

zéro. D’ailleurs les députés ne s’y sont pas<br />

trompés. Seule une vingtaine <strong>de</strong> députés <strong>de</strong><br />

l’opposition ont voté contre l’amen<strong>de</strong>ment,<br />

et à peine plus l’ont approuvé. Il est vrai<br />

que la séance <strong>de</strong> vote du CPE était nocturne<br />

et non retr<strong>ans</strong>mise à la télévision. <strong>Le</strong>s plus<br />

optimistes d’entre vous me diront qu’il vaut<br />

mieux une loi inutile qu’une loi néfaste, et<br />

que plus <strong>de</strong> flexibilité rendra les entreprises<br />

plus performantes. Peut être, mais les conséquences<br />

sociales <strong>de</strong> ce contrat sont plus que<br />

discutables. Enfin, le spectacle d’une assemblée<br />

nationale <strong><strong>de</strong>s</strong> plus énergiques et si peu<br />

présente au moment <strong>de</strong> la décision nous<br />

montre que notre démocratie est bien mala<strong>de</strong>.<br />

Thomas


L’Insa est l’institut scientifique antennes-relais près <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles et <strong>de</strong> faire à un niveau raisonnable, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une<br />

qui dépose le plus <strong>de</strong> brevets en France, passer <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes haute tension au milieu vraie application <strong>de</strong> ce principe <strong>de</strong> précau-<br />

cela grâce à ses chercheurs, effectuant <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> zones habitées. Cette situation, bien que tion, pour les empêcher <strong>de</strong> récidiver, on fait<br />

travaux d<strong>ans</strong> tous les domaines. Ces recher- simplifiée, s’est déjà produite à plusieurs re- pression sur eux, on leur interdit <strong>de</strong> publier<br />

ches aboutissent en général à <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats prises d<strong>ans</strong> plusieurs domaines. <strong>Le</strong> principe leurs rapports, on les menace <strong>de</strong> licencie-<br />

bénéfiques pour l’Homme, surtout quand <strong>de</strong> précaution, qui dit que même si on n’a ment, on les oblige à changer <strong>de</strong> sujet <strong>de</strong><br />

elles s’attachent à l’environnement ou la pas encore démontré scientifiquement la no- recherche, on les sépare <strong>de</strong> leurs collabora-<br />

santé. Certains, par exemple, ont étudié civité <strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques, rien ne teurs. Séparer pour mieux régner, évi<strong>de</strong>m-<br />

très longtemps les effets d’un excès <strong>de</strong> sel<br />

ment, comme un instituteur séparerait <strong>de</strong>ux<br />

d<strong>ans</strong> l’organisme ou ceux <strong>de</strong> la proximité<br />

gamins qui parleraient trop fort d<strong>ans</strong> le fond<br />

d’antennes-relais <strong>de</strong> téléphonie.<br />

<strong>de</strong> la classe. Certains ont même été mis sur<br />

écoute, comme <strong><strong>de</strong>s</strong> délinquants en liberté<br />

Contre expertise<br />

surveillée, au mépris <strong>de</strong> l’article 8 <strong>de</strong> la Convention<br />

Européenne <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits <strong>de</strong> l’Homme<br />

Seulement, ces recherches, même<br />

qui stipule que cette mesure n’est applicable<br />

sur l’Insa, sont parfois mal accueillies par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

que lorsque la sécurité nationale est men-<br />

minorités, à qui la divulgation <strong><strong>de</strong>s</strong> concluacée.<br />

A d’autres, on a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> ne pas<br />

sions <strong>de</strong> ces recherches causerait un certain<br />

communiquer directement avec la presse.<br />

tort. Ces minorités, qui sont tantôt <strong><strong>de</strong>s</strong> entre-<br />

Or, selon la législation, les dirigeants d’un<br />

prises <strong>de</strong> téléphonie, d’agroalimentaire ou<br />

institut scientifique interdisant à leurs cher-<br />

autre, tantôt <strong><strong>de</strong>s</strong> élus, tantôt <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes<br />

cheurs <strong>de</strong> communiquer avec la presse sont<br />

publics, semblent considérer que le tort que<br />

passibles <strong>de</strong> poursuites.<br />

pourraient leur causer ces recherches, c’est-<br />

Ces pressions, en plus <strong>de</strong> porter<br />

à-dire le plus souvent un manque à gagner,<br />

atteinte à la carrière <strong><strong>de</strong>s</strong> scientifiques visés,<br />

qui certes se chiffre en millions, est plus im-<br />

peuvent décourager les autres <strong>de</strong> se heurter<br />

portant que le bénéfice que l’humanité pour-<br />

aux grands groupes qui <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus<br />

rait en tirer.<br />

en plus puissants et influents sur les organ-<br />

Après <strong><strong>de</strong>s</strong> années <strong>de</strong> travaux, un<br />

ismes <strong>de</strong> recherche. C’est la santé publique<br />

scientifique avertit : “L’exposition à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

qui est finalement perdante et l’on a pu ainsi<br />

on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques trop élevées mul-<br />

voir émerger <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires comme celle <strong>de</strong><br />

tiplie par <strong>de</strong>ux le risque <strong>de</strong> leucémie chez les<br />

l’amiante, du sang contaminé, <strong>de</strong> la vache<br />

enfants.” Mais les lobbies <strong>de</strong> la téléphonie<br />

folle ... Peut-être, pour chacun <strong>de</strong> ceux-là, un<br />

répon<strong>de</strong>nt “Cher Monsieur, vos métho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

scientifique a été au courant et a gentiment<br />

ne sont pas rigoureuses. Nous sommes au<br />

été prié <strong>de</strong> se taire sous peine d’être muté.<br />

regret <strong>de</strong> constater que rien n’est prouvé sci-<br />

Ces pressions resteront malheuentifiquement.”<br />

Ils financent alors eux aussi prouve non plus qu’elles sont in<strong>of</strong>fensives, a reusement d’actualité tant que les organis-<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> recherches qui, comme par hasard, con- encore bien du mal à s’imposer malgré son mes publics seront trop proches <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes<br />

cluent que les on<strong><strong>de</strong>s</strong> électromagnétiques ne bon sens élémentaire.<br />

commerciaux. Heureusement que parmi<br />

sont absolument pas dangereuses. Tu cherches <strong><strong>de</strong>s</strong> ennuis ?<br />

tous les chercheurs, il s’en trouve certains<br />

qui croient encore assez en leur rôle, en<br />

Tant qu’on n’en meurt pas<br />

On continue donc d’implanter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Et pour bâillonner les scientifiques<br />

rebelles, qui à défaut <strong>de</strong> pouvoir obtenir une<br />

baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> normes <strong>de</strong> tolérance actuelles<br />

leur place d<strong>ans</strong> la société, pour oser braver<br />

l’hégémonie <strong><strong>de</strong>s</strong> lobbies.<br />

Julien<br />

Grève <strong><strong>de</strong>s</strong> notes : tragédie à l’Insa N°0 - Déc. 84<br />

<strong>Le</strong>s élèves les plus touchés ont s<strong>ans</strong><br />

doute été les étudiants étrangers. En effet, les<br />

étudiants boursiers du CIES (Centre International<br />

Des Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong> Stages) sont soumis<br />

à une certaine réglementation administrative.<br />

Celle-ci veut que l’étudiant présente ses<br />

résultats <strong>de</strong> fin d’année pour pouvoir prétendre<br />

à un billet aller-retour (vacances) et à<br />

son renouvellement <strong>de</strong> bourse pour l’année<br />

suivante.Or, il se trouvait qu’à la fin du mois<br />

<strong>de</strong> juin, les rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> l’Insa avaient fermé<br />

leurs portes à tous les étudiants (même les<br />

étrangers, sauf les étudiants chinois). <strong>Le</strong>s élèves<br />

boursiers, africains, asiatiques et autres<br />

étaient donc obligés soit <strong>de</strong> louer une chambre,<br />

soit <strong>de</strong> revenir chez eux à leurs propres<br />

frais. Cette dépense imprévue (car le tract ne<br />

fut distribué qu’après la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> cours) aggrave<br />

lour<strong>de</strong>ment le budget <strong>de</strong> certains.<br />

Ainsi, certains étudiants qui sont<br />

restés un ou <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> s<strong>ans</strong> rentrer chez<br />

eux ont payé (c’est le cas <strong>de</strong> le dire) pour<br />

un conflit qui ne les concernait pas directe-<br />

ment.<br />

IUT, la punition suprême ?<br />

À ce problème spécifique aux<br />

étudiants étrangers, s’ajoutait celui, presqu’aussi<br />

grave, <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves du premier cycle,<br />

incertains quant à leur passage en 2e année.<br />

De nombreux élèves, ainsi que leurs parents,<br />

sont restés 4 mois d<strong>ans</strong> l’expectative <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats.<br />

Non seulement ces élèves ont passé<br />

<strong>de</strong> joyeuses vacances, mais ô joie suprême,<br />

ils ont été obligés <strong>de</strong> s’inscrire en FAC ou en<br />

IUT, en s’acquittant évi<strong>de</strong>mment <strong><strong>de</strong>s</strong> frais<br />

d’inscription (qui ne leur seront remboursés<br />

qu’après un interminable délai), mais la<br />

coupe n’est pas encore pleine ... Réfléchissez,<br />

chers amis enseignants-chercheurs, au pauvre<br />

bougre qui a fait un stage non rémunéré,<br />

souvent en horaires d’équipe, au lieu <strong>de</strong> pr<strong>of</strong>iter<br />

<strong>de</strong> ses vacances, et qui se fait renvoyer<br />

<strong>de</strong> l’ Insa (il ne l’aura appris que fin septembre).<br />

Je ne vous souhaite pas <strong>de</strong> le rencontrer<br />

23<br />

Tribune<br />

Chercheur : un métier à risque N°89 - Mars 2002<br />

La recherche menacée par le lobbying. Sujet actuel nous diriez-vous ? Pourtant il y a huit <strong>ans</strong>, déjà, un rédacteur<br />

<strong>de</strong> L’Insatiable, prenant exemple sur les laboratoires <strong>de</strong> l’Insa, dénonçait une main mise <strong>de</strong> l’économie...<br />

Pour appuyer leur grève, les enseignants-chercheurs, en 1984, déci<strong>de</strong>nt d’organiser une retention <strong><strong>de</strong>s</strong> notes.<br />

Mécontents, les étudiants publient cette lettre ouverte. <strong>25</strong> <strong>ans</strong> après nos préoccupations n’ont pas changé !<br />

et <strong>de</strong> lui sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> boniments du type “Nous<br />

avons choisi cette forme d’action afin d’éviter<br />

aux élèves <strong>de</strong> perdre une semaine ou <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong> cours”. Quant à celui qui a rédigé son<br />

rapport <strong>de</strong> stage en vain, je vous conseillerais<br />

même <strong>de</strong> l’éviter soigneusement. Il doit<br />

avoir une sérieuse <strong>de</strong>nt (au moins aussi<br />

grosse que le “cure-” du même nom) contre<br />

vous.<br />

En bref, les élèves du 1er cycle ont<br />

l’impression d’avoir été les dindons <strong>de</strong> la<br />

farce d<strong>ans</strong> cette histoire.Pourquoi les enseignants-chercheurs<br />

se sont-ils servi <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves<br />

comme otages ? Voulaient-ils que ceux-ci se<br />

mettent en grève à leur place? Nous savons<br />

que les revendications <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres-assistants<br />

sont légitimes, mais ... pourquoi n’ont-ils pas<br />

purement et simplement décrété une grève ?<br />

Etait-ce par peur <strong>de</strong> perdre <strong>de</strong> l’argent, ou<br />

par désir <strong>de</strong> jouer les originaux, en considérant<br />

qu’une grève était bien trop dégradante<br />

pour leur dignité <strong>de</strong> mandarins ?<br />

Jean-Jacques Pagola<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Tribune<br />

Carte blanche à Charles Hernu<br />

<strong>Le</strong> député maire <strong>de</strong> Villeurbanne (aujourd’hui assimilé à Charpennes), ex-ministre <strong>de</strong> la Défense, a accordé une<br />

précieuse entrevue à l’Insatiable, afin <strong>de</strong> s’adresser ainsi à l’ensemble <strong>de</strong> l’Insa.<br />

Alain Satiable : Un journaliste du Mon<strong>de</strong> a<br />

qualifié l’internat <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> ghetto. <strong>Le</strong>s industriels,<br />

eux, nomment cela une pépinière<br />

technologique. Alors selon vous sommes<br />

nous <strong><strong>de</strong>s</strong> sapins ou formons nous une secte?<br />

C.Hernu : Vous n’êtes pas une secte.<br />

A.S : Parlons plus précisement <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces<br />

qui sont internes à l’Insa, que pensezvous<br />

<strong>de</strong> ce système d’hébergement?<br />

C.H : Je connais les rési<strong>de</strong>nces externes à<br />

l’Insa qui sont du côté du boulevard et qui<br />

sont gérées par l’<strong>of</strong>fice HLM <strong>de</strong> Villeurbanne<br />

dont je suis le prési<strong>de</strong>nt. Pour celles qui sont<br />

internes, je crois qu’il ne faut pas se dire :<br />

est-ce que c’est bon que ce soit interne, ou<br />

que ce soit externe ? Je crois que ces rési<strong>de</strong>nces<br />

<strong>de</strong>vraient être accompagnées d’autres<br />

choses. Moi, j’ai vu <strong><strong>de</strong>s</strong> casernes qui étaient<br />

mieux faites que ça. Je sais que cela choque<br />

beaucoup d’esprits, mais cette idée-là<br />

progresse. Je ne vois pas pourquoi il n’y<br />

aurait pas <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui viendraient habiter<br />

à l’intérieur <strong>de</strong> l’université, pourquoi<br />

il n’y aurait pas <strong><strong>de</strong>s</strong> magasins, un<br />

hôtel pour recevoir les scientifiques, un<br />

cinéma, un cabaret ! Il faut procé<strong>de</strong>r à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> politiques d’ouverture nécessaires nécessaires<br />

pour les étudiants et les étudiantes,<br />

mais aussi pour la population.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Le</strong> campus, cela ne doit pas être un lieu<br />

clos, bien sûr évi<strong>de</strong>mment il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> limites<br />

à ne pas dépasser pour le calme,<br />

le travail, la réflexion, la méditation.<br />

Mais nous avons bien heureusement la<br />

chance d’avoir les surfaces nécessaires.<br />

A.S : Ne croyez vous pas que ces rési-<br />

<strong>de</strong>nces <strong>de</strong>nces font font partie partie <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux principaux atouts atouts<br />

<strong>de</strong> l’Insa ?<br />

C.H : Oui, bien sûr. sûr. C’est pour cette<br />

raison que nous avons construit les rési<strong>de</strong>nces<br />

universitaires <strong>de</strong> l’autre côté<br />

du boulevard. Et nous souhaiterons<br />

également que d<strong>ans</strong> une certaine mesure,<br />

le corps pr<strong>of</strong>essoral vienne vivre<br />

à Villeurbanne, à <strong>Lyon</strong>. Je veux dire par là,<br />

que la formule du pr<strong>of</strong>esseur TGV est très<br />

mauvaise.<br />

A.S : En 81, le parti socialiste avait annoncé<br />

le service à 6 mois. Pourquoi cela n’a-t il pas<br />

été fait?<br />

C.H : C’était une bêtise. C’était d<strong>ans</strong> le programme<br />

du parti socialiste. Moi je ‘n’étais<br />

pas pour. Je me suis incliné. Un service à 6<br />

mois ne permet pas <strong>de</strong> former les jeunes. Ce<br />

n’est pas tout d’apprendre le b.a.ba du service,<br />

il faut le faire ensuite collectivement d’où<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> exercices, <strong><strong>de</strong>s</strong> manœuvres, d’où la nécessité<br />

<strong>de</strong> 12 mois. C’est pourquoi j’ai toujours<br />

dit quand j’étais ministre <strong>de</strong> la défense que<br />

je m’attaquais plutôt au contenu du service<br />

qu’il fallait améliorer, démocratiser.<br />

Deuxièmement, si on <strong>de</strong>vait arriver à une formule<br />

<strong>de</strong> 6 mois, alors il vaut mieux s’exprimer<br />

sur la conscription et avoir comme aux États-<br />

Unis ou au Royaume Uni un service <strong>de</strong> volontaires.<br />

C’est-à-dire un “service à la carte”<br />

en faisant attention cependant parce que les<br />

étudiants sont très avantagés d<strong>ans</strong> ce système.<br />

C’est cela le problème, parce qu’alors<br />

on ne retrouve comme biffin que le paysan<br />

ou l’ouvrier. Un service à la carte donc, étant<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

donné que le service continue, mais les jeunes<br />

choisissent la police, d’aller ai<strong>de</strong>r les pays du<br />

Tiers-Mon<strong>de</strong>. Encore là, il faudrait préciser<br />

ce que l’on veut dire car on envoie beaucoup<br />

d’étudiants d<strong>ans</strong> le Tiers-Mon<strong>de</strong> or ce n’est<br />

pas eux dont on a le plus besoin, ils ont besoin<br />

d’agriculteurs, <strong>de</strong> foreurs, <strong>de</strong> métiers manuels,<br />

ceux-là, on ne les envoie pas. Alors on a pris<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mesures d’accompagnement qui ren<strong>de</strong>nt<br />

le service plus agréable puisqu’aujoud’hui<br />

on ne peut plus faire son service militaire<br />

à plus <strong>de</strong> 300 km <strong>de</strong> chez soi sauf ceux qui<br />

veulent aller plus loin. Il faut aussi se poser<br />

la question : on est pour l’égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> sexes ?<br />

Des droits et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>voirs ? Quid <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes<br />

filles ? Est-ce qu’elles ne <strong>de</strong>vraient pas participer<br />

au service national ? Vous savez que j’ai<br />

beaucoup fait pour féminiser les armées. Il y a<br />

<strong>25</strong> 000 femmes sous l’uniforme en France, j’y<br />

suis pour beaucoup...<br />

A.S : Nous aimerions savoir pourquoi vous<br />

êtes venu à Villeurbanne, si vous êtes originaire<br />

d’ici ?<br />

C.H : Mon père était militaire, donc soumis<br />

à la noria, et je suis né à Quimper par le hasard<br />

d’une <strong>de</strong> ses mutations. Mes parents se<br />

sont connus à <strong>Lyon</strong>, et j’ai habité longtemps<br />

à <strong>Lyon</strong> et Villeurbanne. J’étais étudiant ici,<br />

puis comme j’ai eu la malchance d’avoir 20<br />

<strong>ans</strong> pendant cette guerre, le jour <strong>de</strong> mon anniversaire,<br />

le 3 juillet 1943, j’ai pris le train en<br />

gare <strong><strong>de</strong>s</strong> Brotteaux, j’ai été envoyé au camp<br />

n°7. Et puis je suis parti, pour me retrouver<br />

d<strong>ans</strong> un <strong><strong>de</strong>s</strong> maquis <strong>de</strong> la région. Cela m’a<br />

permis d’arriver avec les premiers chars pour<br />

la libération <strong>de</strong> Villeurbanne, et j’ai fait partie<br />

<strong>de</strong> l’ équipe qui a arrêté le maire. J’ai été<br />

journaliste, correspondant pour Villeurbanne<br />

d’un journal appelé “<strong>Le</strong> Patriote”. En 47<br />

je suis allé travailler à Paris, au ministère <strong>de</strong><br />

l’Economie et <strong><strong>de</strong>s</strong> Finances, à la direction du<br />

commerce extérieur, j’étais un ami <strong>de</strong> Mendès-France.<br />

En 56, je me suis présenté s<strong>ans</strong><br />

grand espoir, aux élections législatives, et j’ai<br />

été élu député s<strong>ans</strong> m’y attendre. J’ai collaboré<br />

avec Mendès France, avec Mitterrand<br />

en gardant toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> attaches ici.<br />

Quand je me suis présenté ici aux élections<br />

24<br />

municipales en 77, un certain nombre <strong>de</strong><br />

mes adversaires ont fait une bêtise qui m’a<br />

beaucoup servi, puisqu’ils faisaient campagne<br />

contre moi, en disant que j’étais “parachuté<br />

à Villeurbanne”. Mes parents habitaient<br />

toujours ici, mon frère aussi, alors<br />

parachuté, évi<strong>de</strong>mment, cela a beaucoup fait<br />

rire les gens. Moi je crois qu’il y a la moitié<br />

<strong>de</strong> la ville qui me tutoie. On dit que je suis<br />

convivial, mais vous savez que c’est la vie <strong>de</strong><br />

province.<br />

A.S : 56, c’est l’année où vous tabassiez <strong>Le</strong><br />

Pen d<strong>ans</strong> l’Hémicycle.<br />

C.H : Ce n’est pas que je l’ai tabassé. On s’est<br />

battu une fois.<br />

A.S : Quelles étaient les causes <strong>de</strong> votre bagarre<br />

avec <strong>Le</strong> Pen ?<br />

C.H : C’était en 56, il était déjà d’extrême<br />

droite, et il avait été élu poujadiste. Il y<br />

avait un soir à l’Assemblée Nationale un<br />

débat qui était <strong>de</strong>venu houleux. Il y eu<br />

quelques mots d’oiseaux échangés, cela<br />

ne m’a pas plu, j’ai traversé l’hémicycle,<br />

on s’est heurté violemment et les huissiers<br />

sont venus nous séparer, ils s’en<br />

souviennent encore. C’est une <strong><strong>de</strong>s</strong> rares<br />

bagarres à l’assemblée.<br />

l’assemblée.<br />

A.S : Que pensez-vous <strong><strong>de</strong>s</strong> journalistes?<br />

C.H : J’ai eu ma carte <strong>de</strong> presse. C’est un<br />

métier passionnant, une découverte perpétuelle,<br />

il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> tas <strong>de</strong> choses à faire<br />

découvrir aux gens. Mais je crois qu’en<br />

France, il y a peut-être un problème qui<br />

est celui <strong>de</strong> la déontologie. Je ne suis pas<br />

sûr que tous les journalistes français - je<br />

vous dis ça à titre personnel vraimentaient<br />

conscience du pouvoir qu’ils ont. On<br />

peut manier, manipuler <strong><strong>de</strong>s</strong> opinions. On<br />

dit du journaliste qu’il doit être objectif,<br />

je crois que la notion d’objectivité n’existe<br />

pratiquement plus, mais passe par celle<br />

<strong>de</strong> pluralité. C’est à soi même <strong>de</strong> se forger<br />

une opinion. “<strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong>” passe pour être<br />

objectif. En réalité il ne l’est pas plus qu’un<br />

autre, mais ce qui lui donne son caractère<br />

objectif, ce sont ses tribunes où <strong><strong>de</strong>s</strong> personnalités<br />

<strong>de</strong> tout bord s’expriment. Or nous<br />

vivons à une époque, notamment d<strong>ans</strong> la région<br />

lyonnaise, où il y a un risque puisque, si<br />

vous achetez “<strong>Le</strong> Progrès”, “<strong>Lyon</strong> Matin” ou<br />

“<strong>Le</strong> journal Rhône-Alpes”, “France soir” ou<br />

“<strong>Le</strong> Figaro”, c’est le même propriétaire. On<br />

détruit le pluralisme. Imaginez que ce soit<br />

à nouveau le même propriétaire qui achète<br />

une chaîne privatisée ...<br />

Donc l’objectivité, je crois que c’est le pluralisme.<br />

Alors à partir <strong>de</strong> là, il me semble que<br />

la déontologie du journaliste <strong>de</strong>vrait être<br />

en premier lieu “je rends compte du fait”,<br />

parce qu’un fait c’est sacré. Or, si vous faites<br />

attention actuellement aux informations télévisées,<br />

ou radios, on arrive à ce paradoxe<br />

extraordinaire : on ne parle plus du fait. <strong>Le</strong>s<br />

gens ne savent pas ce qu’il y a eu réellement,<br />

mais ils ont <strong><strong>de</strong>s</strong> commentaires. Alors là on<br />

déforme. La pr<strong>of</strong>ession <strong>de</strong> journalistes est<br />

un métier passionnant, et d’ailleurs les journalistes<br />

eux-mêmes vont aller vers la redéfinition<br />

d’une déontologie d<strong>ans</strong> notre mon<strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>rne.<br />

o


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Volonté d’origine, la mise à disposition <strong>de</strong> nombreux services à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tination <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens perdure 50 <strong>ans</strong> plus tard et son importance n’est<br />

plus à démontrer. Rési<strong>de</strong>nces à proximité <strong><strong>de</strong>s</strong> salles <strong>de</strong> cours, service <strong>de</strong><br />

restauration, tout a été pensé pour une vie étudiante à l’année sur le campus.<br />

Pour éviter l’ennui, la vie associative est apparue dès les débuts,<br />

rassemblant les Insaliens autour <strong>de</strong> projets extrascolaires.<br />

Construites entre 1957 et 1963, les rési<strong>de</strong>nces A, B, C, D, E, F<br />

et H fonctionnaient toutes selon le même modèle. Niveau personnel, le<br />

responsable n’était pas un simple régisseur mais un employé qui occupait<br />

également une autre fonction, à l’administration, aux étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ou d<strong>ans</strong><br />

un autre service. Ce n’est qu’en 1976 que la direction <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces est<br />

créée, avec à sa tête un directeur à plein temps. La responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étudiants était, quant à elle, à la fois très sollicitée et engagée. A chaque<br />

étage, <strong>de</strong>ux rési<strong>de</strong>nts par chambre, <strong>de</strong>ux chambres pour une douche et<br />

un étudiant responsable <strong>de</strong> 16 chambres, nommé le “papa”. Celui-ci<br />

était délégué à l’autodiscipline et l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> papas avaient à leur tête<br />

le vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Amicale <strong><strong>de</strong>s</strong> Elèves.<br />

Cette Amicale subsistera jusqu’en 1968, forcée <strong>de</strong> disparaître,<br />

coulée par les courants d’alors : désormais, l’élection <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts responsables<br />

est donnée à tous les étudiants, question <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>.<br />

Acôté <strong>de</strong> la vie en cours, <strong>de</strong> la vie en rési<strong>de</strong>nce, il y a l’associatif<br />

où l’on trouve dès le commencement <strong><strong>de</strong>s</strong> activités connues comme le<br />

Cinéclub, le club fusée ou le photocaméra club. Un temps chapotée par<br />

l’Amicale, la disparition <strong>de</strong> cette organisation fait place à la fédération<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Clubs créée en 1972. Il s’agit <strong>de</strong> discuter entre associations <strong>de</strong> questions<br />

argent, communication, organisation, dates et événements. Puis,<br />

face à l’essoufflement <strong>de</strong> la Fédération d<strong>ans</strong> les années 1980, le Bureau<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Elèves est créé à l’initiative <strong>de</strong> plusieurs membres d’associations.<br />

L’associatif ne va pas s<strong>ans</strong> sa facette festive et, si ni la K-Fêt ni<br />

la salle <strong>de</strong> chouille n’existent encore, les lieux où se retrouver autour d’un<br />

verre ne manquent pas. Qui n’a jamais fréquenté ou entendu parler <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bars <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces, apparus par détournement <strong>de</strong> fonction première ?<br />

Campus<br />

Dès l’origine, chaque rési<strong>de</strong>nce intègre un foyer, lieu pensé<br />

pour l’animation culturelle et long <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux tiers du rez-<strong>de</strong>-chaussée. On<br />

y organisait <strong><strong>de</strong>s</strong> soirées poésie, guitare ou rencontre avec d’autres élèves,<br />

<strong>de</strong> la fac si possible, <strong>de</strong> sexe féminin si possible. Début année 1960, une<br />

idée germe chez le responsable du foyer du F, tr<strong>ans</strong>former son espace en<br />

“new F pub”, y faire consommer les gens et ainsi récolter <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds pour<br />

payer <strong><strong>de</strong>s</strong> soirées “culturelles”. C’est ainsi qu’un bar apparût d<strong>ans</strong> un<br />

foyer ou plutôt en lieu et place du foyer.<br />

<strong>Le</strong>s foyers <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong>viennent vite les bars du C, du F,<br />

du H. A chacun son histoire, à chacun ses fréquentations. Ainsi, le bar du<br />

C était, parait-il, le plus gros débit <strong>de</strong> bière ; le bar du hash était celui du<br />

F -où il suffisait d’entrer pour ne plus avoir <strong>de</strong> doutes- ; et le bar du H se<br />

distinguait par la rangée <strong>de</strong> motos posées à son pied.<br />

<strong>Le</strong>s bars avaient une utilité conviviale. On y trouvait <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves,<br />

bien entendu, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> pr<strong>of</strong>esseurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> l’extérieur, bref<br />

une mixité agréable. Néanmoins, d<strong>ans</strong> les années 70, les dérapages, les<br />

mauvaises fréquentations et les plaintes se multiplient. Comment réviser<br />

quand en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> chez vous, <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants à la soif étanchée chantent<br />

comme ils peuvent, ou, quand un groupe <strong>de</strong> motard joue à “c’est moi<br />

qui ait la plus grosse” ? Résultat, M. Arenillas, directeur <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces<br />

ordonne la fermeture progressive <strong><strong>de</strong>s</strong> bars. Dès lors, une pério<strong>de</strong> sombre<br />

nommée “la prohibition” débute.<br />

Fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1980, au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> sombre où toute<br />

fête alcoolisée est interdite par la direction, naît le concept <strong>de</strong> “Chouille<br />

qui peut”. Il s’agit <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> soirées, préparées <strong>de</strong> sorte à prendre<br />

<strong>de</strong> court l’administration <strong>de</strong> l’Insa. Ainsi, l’affichage arborant pour<br />

emblème un poussin bec ouvert ne débutait que 2 heures avant la soirée,<br />

ne laissant pas le temps à l’Insa <strong>de</strong> réagir.<br />

La direction <strong>de</strong> l’Insa déci<strong>de</strong> alors <strong>de</strong> jouer la carte <strong>de</strong> la prévention<br />

plutôt que celle <strong>de</strong> l’interdiction et autorise l’ouverture d’une K-<br />

Fêt, en place <strong>de</strong> l’actuel Prévert. En 1998, avec l’ouverture <strong>de</strong> la MdE, elle<br />

y trouve la place que nous lui connaissons dorénavant.


Campus<br />

POTINS N°3<br />

<strong>Le</strong>s voies du seigneur...<br />

M A.T., pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> conception en<br />

2PC, à <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves ne comprenant pas tout à<br />

la gestion informatique <strong><strong>de</strong>s</strong> fichiers : “N’essayez<br />

pas <strong>de</strong> comprendre, vous ne pouvez<br />

pas. J’ai toujours raison, je suis Dieu, vous<br />

êtes mes ouailles”.<br />

J’ose pas imaginer l’enfer.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Grosse fatigue<br />

M.D., pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> maths en 2PC, en<br />

rendant les copies <strong>de</strong> DS : “vous n’avez pas<br />

aimé la correction <strong>de</strong> maman ?”<br />

Qui a mis <strong>de</strong> l’extasie d<strong>ans</strong> son<br />

café du matin ?<br />

Plan <strong>de</strong> carrière<br />

PC, parlant <strong>de</strong> l’interro du len<strong>de</strong>main<br />

: “Vous ne trichez pas vous ?”<br />

<strong>Le</strong>s élèves restent bouche bée. “Comment<br />

croyez-vous que j’ai eu mes diplômes...”<br />

En travaillant, chaque jour, en ne<br />

considérant jamais rien comme acquis, en<br />

se remettant continuellement en cause...<br />

Non j’déconne !<br />

Sois proactif ou crève<br />

De M.J. pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> management <strong>de</strong><br />

projet en 3GE à <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants peu passionnés<br />

: “regar<strong>de</strong>z-vous, on dirait <strong><strong>de</strong>s</strong> moules<br />

sur un rocher, ça c’est bon pour un cours <strong>de</strong><br />

physique ou <strong>de</strong> maths mais pas ici.”<br />

Tr<strong>ans</strong>mis aux interessés.<br />

Pr<strong>of</strong>ession : Analogue<br />

De J.-J. M. pr<strong>of</strong>. d’électronique<br />

en 3SGM lors d’un cours :”on ne doit pas<br />

entrer par la sortie, ni sortir par l’entrée. Je<br />

vais vous donner un moyen mnémotechnique.<br />

C’est comme la sodomie, on rentre par<br />

la sortie, alors c’est mal vu !”<br />

Mal vu peut-être mais si ça passe<br />

avec un peu <strong>de</strong> douceur, pourquoi se priver<br />

?<br />

Question intelligente :<br />

réponse idiote<br />

Pendant la journée <strong>de</strong> grèves d<strong>ans</strong><br />

le secteur public, un étudiant <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à<br />

une employée du service du grand restau<br />

quel est le but <strong>de</strong> la grève. Elle lui répond :<br />

“Ah ben j’en sais rien, si vous voulez savoir,<br />

téléphonez aux syndicats.”<br />

Du vin tavernier<br />

On dit bravo aux resto <strong>de</strong> l’Insa<br />

qui ont vu leur cave a vin pillée durant les<br />

heures <strong>de</strong> service. Ah bon, c’était pas une<br />

dégustation gratuite ?<br />

<strong>Le</strong>s terribles Bar-bares - Avril 1985<br />

Du temps où les rési<strong>de</strong>nces hébergeaient <strong><strong>de</strong>s</strong> bars, un Insalien outré par<br />

cette débauche permanente s’exprime sur son méconfort quotidien.<br />

Une école, une image, la bière<br />

Jeudi 28 février - concert au bar du H.<br />

Comme d’habitu<strong>de</strong>, une ambiance<br />

glauque et moite ; comme d’habitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong> saoûle ; comme d’habitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la violence<br />

; comme d’habitu<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> extincteurs<br />

vidés ; comme d’habitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’urine d<strong>ans</strong><br />

l’ascenseur ; comme d’habitu<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> rétroviseurs<br />

arrachés ;<br />

comme d’habitu<strong>de</strong>,<br />

la sono fait trembler<br />

les vitres du<br />

bâtiment ; comme<br />

d’habitu<strong>de</strong> (NDLR :<br />

Record battu !)...<br />

Mais cette habitu<strong>de</strong><br />

doit-elle faire force<br />

<strong>de</strong> loi ? Faut-il que<br />

l’Insa soit, le soir,<br />

enveloppé d’un climat<br />

d’insécurité et<br />

<strong>de</strong> violence ?<br />

D’après la<br />

terminologie administrative,<br />

les bars<br />

<strong>de</strong> l’Insa sont assimilés<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers,<br />

c’est-à-dire à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

lieux favorisant les<br />

relations humaines.<br />

Rapprocher<br />

les gens, créer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contacts, certes, les<br />

bars le font, mais<br />

<strong>de</strong> quelle manière !<br />

“Rapprochements” étroits d<strong>ans</strong> la bouscula<strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> boums. “Contacts” souvent violents<br />

avec les blousons noirs locaux qui trouvent<br />

ici le terrain adéquat à leur soif <strong>de</strong> bière et <strong>de</strong><br />

violence. <strong>Le</strong> but <strong>de</strong> l’Insa est-il <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir le<br />

plus grand débit <strong>de</strong> bière lyonnais ?<br />

Cher Insalien choqué, cher Pierre,<br />

j’ai été indirectement victime <strong>de</strong> ton article<br />

paru d<strong>ans</strong> L’Insatiable n°3. Me sentant en<br />

état <strong>de</strong> Légitime Défense, j’use du droit <strong>de</strong><br />

réponse pour défendre mon honneur.<br />

Ayant le réputation d’être polémiste<br />

et râleur à propos <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong> rien, arborant<br />

le même prénom que toi, j’ai dû pendant une<br />

semaine subir les assauts répétés <strong>de</strong> mes camara<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

m’accusant d’avoir écrit ton article.<br />

Question <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue<br />

Je tiens donc à préciser que je ne<br />

suis pas l’auteur <strong><strong>de</strong>s</strong> phrases publiées sous le<br />

titre “BAR-BARES”. Je ne saurais approuver<br />

<strong>de</strong> telles idées, je condamne fermement cet<br />

article. Il est vrai que certaines nuits, la vie<br />

du 1 er étage du H, côté Insa, doit être pénible.<br />

Il est vrai que <strong>de</strong> temps en temps il y a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

débor<strong>de</strong>ments et que les usagers du bar se<br />

laissent aller. Mais <strong>de</strong> là à déclarer que “la<br />

nécessité <strong><strong>de</strong>s</strong> bars à l’Insa est posée”, il y a <strong>de</strong><br />

quoi hurler <strong>de</strong> rire et se prendre une bonne<br />

biture pour oublier cet article.<br />

26<br />

Ce n’est certainement pas <strong>de</strong> cette<br />

façon que l’on développera positivement<br />

l’image <strong>de</strong> marque <strong>de</strong> l’Insa au sein <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles. Me donnera-t-on mon diplôme<br />

d<strong>ans</strong> une bouteille <strong>de</strong> bière ? La question<br />

<strong>de</strong> la nécessité d’un bar à l’Insa est posée !<br />

La <strong>de</strong>uxième ville<br />

<strong>de</strong> France possè<strong>de</strong><br />

un nombre suffisant<br />

<strong>de</strong> bars, night-clubs<br />

et autres<br />

salles <strong>de</strong> concerts<br />

pour accueillir<br />

convenablement<br />

les étudiants en<br />

mal <strong>de</strong> défoulement<br />

; d’autant<br />

plus que quelquesuns<br />

sont situés à<br />

proximité <strong>de</strong> l’école.<br />

D<strong>ans</strong> un régime<br />

républicain,<br />

il est totalement<br />

inadmissible <strong>de</strong><br />

privilégier une<br />

minorité <strong>de</strong> soiffards-parasites<br />

au<br />

détriment d’une<br />

majorité venue <strong>de</strong><br />

France et <strong>de</strong> Navarre<br />

simplement<br />

pour étudier.<br />

J’espère trouver un écho à mes<br />

considérations en dépit d’un certain snobisme<br />

entourant les bars et les “activités” en<br />

découlant ; snobisme ne régnant visiblement<br />

pas que chez les étudiants d’ailleurs...<br />

Un Insalien choqué, Pierre.<br />

Pierre qui roule... N°4 - Mai 85<br />

D<strong>ans</strong> le numéro suivant, L’Insatiable se <strong>de</strong>vait <strong>de</strong> publier une réponse <strong>de</strong><br />

ces étudiants, pas si minoritaires, qui tenaient fermement à leurs bars.<br />

Si effectivement la question <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bars se posait, ce serait en termes <strong>de</strong> réouverture<br />

du F et du D, mais sûrement pas en<br />

termes <strong>de</strong> fermeture. Qui est capable d’organiser<br />

un concert par semaine, s<strong>ans</strong> PAF ? Ces<br />

concerts sont souvent <strong>de</strong> qualité : Carte <strong>de</strong><br />

Séjour a commencé au bar du H, les Flagadas<br />

sévissent régulièrement au C...<br />

Question <strong>de</strong> respect<br />

Qui organise les boums gratuites ?<br />

Qui est capable d’organiser un boeuf, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

concours <strong>de</strong> belote ? Quels sont les lieux <strong>de</strong><br />

rencontre <strong>de</strong> tous les Insaliens ?<br />

Tu trouves inadmissible <strong>de</strong> privilégier<br />

une minorité <strong>de</strong> “soiffards parasites”<br />

au détriment d’une “majorité”. Es-tu bien<br />

sûr que la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens soit pour<br />

la fermeture <strong><strong>de</strong>s</strong> bars ? Pierre est gêné par<br />

les bars, il généralise en déclarant les bars<br />

comme nuisant à la paix <strong>de</strong> tous et préconise<br />

leur suppression. Ce genre <strong>de</strong> raisonnement<br />

simpliste est dangereux à l’usage.<br />

Pierre Postel - <strong>Le</strong>tsop


Rentrée 86, les prési<strong>de</strong>nts du H et<br />

du C apprennent <strong>de</strong> la Direction <strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces<br />

que les bars ne sont pas prêts d’ouvrir<br />

en raison <strong>de</strong> “la vague d’attentats. Stupeur !<br />

Quelques jours et le message se tr<strong>ans</strong>forme<br />

en un rassurant “après le passage du Pape” !<br />

Ainsi-soit il. Pourtant le départ <strong>de</strong> Jean-Paul<br />

nous laisse d<strong>ans</strong> l’inquiétu<strong>de</strong> : “oui aux bars<br />

mais s<strong>ans</strong> concerts ni boums, les nuisances<br />

engendrées étant trop importantes” dit l’administration.<br />

II faudra quelques jours encore<br />

pour qu’elle lâche enfin le morceau : “les<br />

bars n’ouvriront pas cette année.”<br />

Quand y’en a marre<br />

Bureau <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves, fédération <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

clubs et bars du C et du H se concertent.<br />

Réaction unanime : il est inadmissible que<br />

<strong>de</strong>ux clubs soient radiés s<strong>ans</strong> même que soit<br />

consulté le moindre avis d’étudiant. Affichage<br />

et tracts <strong><strong>de</strong>s</strong> bars annoncent le sondage du<br />

BdE. Une réunion <strong>de</strong> la Fédé <strong><strong>de</strong>s</strong> Clubs avec<br />

le secrétaire général <strong>de</strong> l’Insa, en présence<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prési<strong>de</strong>nts <strong><strong>de</strong>s</strong> bars nous apportera un<br />

motif : M. Blanc ne voit pas l’utilité <strong><strong>de</strong>s</strong> bars,<br />

clubs ni sérieux, ni formateurs.<br />

Alors que le sondage est distribué,<br />

les huissiers <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces reçoivent pour<br />

consignes d’arracher les affiches <strong><strong>de</strong>s</strong> bars et<br />

<strong>de</strong> refuser nos appels aux micros d<strong>ans</strong> les rési<strong>de</strong>nces.<br />

Une rumeur laisse entendre que le<br />

bar du H pourrait <strong>de</strong>venir une salle <strong>de</strong> musculation.<br />

<strong>Le</strong> dépouillement du sondage est<br />

terminé à la rentrée <strong><strong>de</strong>s</strong> vacances et une entrevue<br />

est <strong>de</strong>mandée à M. Blanc par le BdE<br />

pour lui présenter les résultats. “Entendu...<br />

d<strong>ans</strong> une semaine.” Entre-temps, le matériel<br />

<strong>de</strong> musculation a été acheté.<br />

Dernières bribes d’information en<br />

date : lors d’une réunion <strong>de</strong> la Commission<br />

<strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> la Roton<strong>de</strong>, M. Blanc lâche<br />

qu’il conçoit l’utilité d’un foyer étudiant<br />

mais que l’ouverture du H est exclue : la Roton<strong>de</strong><br />

doit être refaite et il craint les dégradations.<br />

De plus “ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui gagnent<br />

<strong>de</strong> l’argent sur le dos <strong><strong>de</strong>s</strong> autres étudiants”.<br />

Voilà, à l’heure où vous lirez ces<br />

lignes, M. Blanc aura pris connaissance <strong>de</strong><br />

l’avis <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens et probablement donné<br />

une réponse. Que penser ?<br />

Il se peut que l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’administration<br />

soit sincère : il est vrai qu’elle n’a<br />

pour écho <strong><strong>de</strong>s</strong> bars que les plaintes <strong>de</strong> quelques-uns.<br />

Auquel cas, l’avis <strong>de</strong> 80% <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens<br />

<strong>de</strong>vrait emporter la décision d’ouvrir<br />

les bars. Nous serions alors prêts à nous<br />

engager à limiter autant que possible les<br />

nuisances. C’est malheureusement difficile<br />

à croire. <strong>Le</strong>s prétextes successifs invoqués,<br />

l’absence d’information et l’empressement à<br />

occuper les salles, les freins mis à l’expression<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants, jusqu’à ce qu’il faut bien<br />

appeler <strong>de</strong> la diffamation (problème <strong>de</strong> l’ar-<br />

27<br />

gent), tout nous laisse craindre que la fermeture<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux bars ne soit maintenue.<br />

On veut nos bars<br />

Campus<br />

La fermeture définitive <strong><strong>de</strong>s</strong> bars N°11 - Nov. 86<br />

Aussi improbable que cela puisse paraitre, la venue du Pape à <strong>Lyon</strong> en 1986 a causé la fermeture temporaire<br />

du H et du C. Un an plus tard, ces <strong>de</strong>ux bars étaient définitivement enterrés, laissant place à la k-fêt.<br />

Mardi 3 mars. Je me couche en<br />

pensant au Forum Insa qui ouvrira ses portes<br />

<strong>de</strong>main et je me pose la question : à quoi<br />

sert le Forum ?<br />

Mercredi 4 mars. Je pénètre d<strong>ans</strong> le<br />

gymnase et je découvre les stands <strong><strong>de</strong>s</strong> exposants.<br />

Je me pose toujours la question à quoi<br />

sert le Forum ?<br />

“C’est un<br />

premier contact entre<br />

les entreprises et les<br />

étudiants” m’a-t-on dit.<br />

Mon premier contact<br />

est plutôt raté. Je voulais<br />

aller voir une entreprise<br />

inscrite sur la plaquette<br />

du Forum mais<br />

qui n’est pas venue. La<br />

plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière année ont<br />

encore leur Service National<br />

à effectuer et ne sont pas disponibles,<br />

avant 16 ou 18 mois, voire plus. Et quoi que<br />

l’on puisse dire, les entreprises se tournent<br />

vers les candidats immédiatement disponibles.<br />

Alors, la même question revient d<strong>ans</strong><br />

ma tête : à quoi sert le Forum ?<br />

L’équipe du Forum pourra me rétorquer,<br />

ou plutôt, le Prési<strong>de</strong>nt du Forum<br />

dira à son équipe <strong>de</strong> me rétorquer (bien que<br />

je ne veuille pas m’imposer d<strong>ans</strong> la structure<br />

<strong>de</strong> cette équipe, même si son Prési<strong>de</strong>nt se<br />

met un peu trop en valeur en écartant ses<br />

équipiers quand il s’agit <strong>de</strong> recueillir les honneurs<br />

- la preuve en est les journaux lyonnais<br />

du 4 et 5 mars où seul le nom du Prési<strong>de</strong>nt<br />

est avancé, s<strong>ans</strong> qu’il y ait la moindre remarque<br />

concernant les autres organisateurs),<br />

l’équipe du Forum pourra donc me rétorquer<br />

que certains étudiants sont immédiatement<br />

disponibles<br />

sur le marché du<br />

travail après leurs<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’Insa et<br />

que les entreprises<br />

présentes au Forum<br />

<strong>of</strong>frent <strong>de</strong> nombreux<br />

stages. Ce à quoi je<br />

répondrai :<br />

- les étudiants disponiblesimmédiatement<br />

ne représentent<br />

au maximum<br />

que 10% <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves<br />

<strong>de</strong> l’Insa.<br />

- les entreprises <strong>of</strong>frent <strong><strong>de</strong>s</strong> stages pour ne<br />

pas avoir l’impression d’être venues pour<br />

rien. De plus, les étudiants qui cherchent un<br />

stage au Forum sont tous ceux qui n’ont pas<br />

cherché leur stage suffisamment tôt et qui<br />

se tournent vers une solution <strong>de</strong> facilité. De<br />

plus en plus je me pose la question :<br />

À quoi sert le Forum ?<br />

Jeudi 5 mars. Je voulais aller voir<br />

A moins qu’une solution plus habile<br />

ne soit retenue : n’ouvrir qu’un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

bars, ou les <strong>de</strong>ux mais avec <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions<br />

restrictives empêchant leur bon fonctionnement<br />

(horaires ridicules), ou limitant leur<br />

intérêt (s<strong>ans</strong> concerts ni boums), ou accor<strong>de</strong>r<br />

un local minuscule... D<strong>ans</strong> tous les cas,<br />

l’Administration prouverait son désintérêt<br />

<strong>de</strong> l’avis <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants et son intention <strong>de</strong><br />

fermer les <strong>de</strong>ux bars à moyen terme. Elle<br />

laisserait aussi planer un doute sur ses vraies<br />

motivations (vi<strong>de</strong>r les rési<strong>de</strong>nces ?).<br />

Au <strong>de</strong>là du problème <strong><strong>de</strong>s</strong> bars, celui<br />

<strong>de</strong> la manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r ne peut laisser<br />

personne indifférent. Qui peut accepter<br />

qu’un club soit radié contre l’avis <strong>de</strong> 80% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Insaliens s<strong>ans</strong> concertation avec leurs délégués<br />

ni motifs plausibles.<br />

Ce précé<strong>de</strong>nt serait une menace sérieuse<br />

pour la vie <strong>de</strong> tous les clubs <strong>de</strong> l’Insa<br />

et un désaveu <strong>de</strong> l’efficience <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants à<br />

se faire entendre <strong>de</strong> l’administration. Il est<br />

possible que nous vous <strong>de</strong>mandions d<strong>ans</strong> les<br />

jours qui viennent <strong>de</strong> nous soutenir <strong>de</strong> façon<br />

active. A vous <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r si la situation en<br />

vaut la peine.<br />

Bar du H<br />

Et au fait, pourquoi le Forum ? N°14 - Avril 87<br />

Presque aussi vieux que l’Insatiable, il souffle ses 24 bougies en 2009. <strong>Le</strong> processus <strong>de</strong> maturation <strong>de</strong> cette<br />

assoc’ est passée par <strong><strong>de</strong>s</strong> heurts bien bas avec le journal qui remettait alors son existence en question à cette<br />

époque où la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> insaliens <strong>de</strong>vait encore effectuer son service militaire à la sortie <strong>de</strong> l’Insa...<br />

une entreprise, mais celle-ci est partie car<br />

elle ne restait qu’un jour au Forum. Ah bon.<br />

Quelle surprise. Je fais le tour <strong><strong>de</strong>s</strong> stands pour<br />

la <strong>25</strong> ème fois. Je prends quelques plaquettes<br />

publicitaires, l’air faussement intéressé, pour<br />

ne pas avoir l’impression d’être venu pour<br />

rien. Lorsque je me couche le soir, j’ai enfin<br />

compris à quoi sert le Forum : à rien !<br />

FRED, 5 Gcu<br />

PS : il ne sert a rien, sauf peut-être à rehausser<br />

l’image <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt.<br />

Vive la liberté d’expression ! D<strong>ans</strong> le <strong>de</strong>rnier<br />

numéro, Fred s’est exprimé : point <strong>de</strong><br />

vue franc et direct contre le Forum et son<br />

prési<strong>de</strong>nt qui aurait pu répondre ici même.<br />

Au lieu <strong>de</strong> taper un article, il a préféré taper<br />

sur l’auteur. Bilan : un beau coquard souligné<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> suture.<br />

Primo, remarquez l’effort fait pour retrouver<br />

l’auteur car seuls le prénom, l’année et<br />

le département étaient mentionnés.<br />

Secundo, voilà au moins un futur ingénieur<br />

et manager qui sait s’imposer... par la force.<br />

Pas très diplomate tout ça !<br />

Il nous faut donc à nouveau préciser le<br />

rôle <strong>de</strong> cette rubrique “Point <strong>de</strong> Vue”.<br />

Elle se veut la page <strong>de</strong> libre expression <strong>de</strong><br />

l’Insalien(ne). Tout le mon<strong>de</strong> peut exprimer<br />

ses idées, et en retour toute réponse à<br />

un article passé est acceptée. Seule limite :<br />

cette page ne doit pas <strong>de</strong>venir un lieu <strong>de</strong> règlements<br />

<strong>de</strong> comptes personnels.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Pages 8


Pages 8


Campus<br />

Àl’heure où les tentes <strong><strong>de</strong>s</strong> Enfants<br />

<strong>de</strong> Don Quichotte quittent peu à peu la place<br />

Bellecour, où le gouvernement met en place<br />

le droit au logement opposable, la crise du<br />

logement fait toujours rage à l’Insa, et ne<br />

s’arrangera pas l’an prochain.<br />

Àl’heure où je vous écris, on nous<br />

a enfin remis l’eau chau<strong>de</strong>. Par contre, les<br />

plombs viennent <strong>de</strong> sauter d<strong>ans</strong> les quatre<br />

chambres du bout du couloir. <strong>Le</strong> voisin d’en<br />

face, grand habitué <strong>de</strong> cette situation, n’a<br />

jamais réussi à joindre le service chargé <strong>de</strong><br />

gérer ce genre <strong>de</strong> panne (la Dirpat), sauf le<br />

week-end. Il va falloir envoyer une délégation<br />

pour réveiller le régisseur. Bref, vous<br />

l’aurez compris, je crèche au bâtiment D.<br />

Poulailler géant<br />

En passant le soir, vous pourrez<br />

voir qu’il est pratiquement plein. Mais qui<br />

sont donc ces masochistes qui le peuplent ?<br />

Pas mal d’étudiants d’échange ayant choisi<br />

la rési<strong>de</strong>nce s<strong>ans</strong> se douter <strong>de</strong> son état, quelques<br />

personnes qui voulaient être sûres<br />

d’avoir une place à l’Insa ou qui n’ont pas<br />

Dehors les romanos N°66 - Oct. 97<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

C’est Beyrouth d<strong>ans</strong> ta turneN°113<br />

- Fév. 2007<br />

Au bord <strong>de</strong> l’insalubrité, le batiment C a fermé en 2005 pour rénovation. Son voisin le D <strong>de</strong>vait subir le même<br />

sort une fois le C réouvert. Mais comme souvent d<strong>ans</strong> le bâtiment, la théorie sera bien éloignée <strong>de</strong> la réalité.<br />

trouvé <strong>de</strong> chambre ailleurs et les autres, qui<br />

sont là parce que les turnes au D sont les<br />

moins chères. Parmi ces <strong>de</strong>rniers, combien<br />

ne pourraient pas payer un loyer plus élevé ?<br />

Personne n’en a aucune idée. La rési<strong>de</strong>nce<br />

ferme à la fin <strong>de</strong> l’année. D<strong>ans</strong> cette école qui<br />

ne cache pas sa volonté d’ouverture aux classes<br />

populaires, les moins fortunés pourrontils<br />

encore se loger ?<br />

Alain Satiable a rencontré Pascal, ex-pensionnaire <strong>de</strong> l’Insa, expulsé du<br />

bâtiment G pour avoir suspendu son lit au plafond (fallait y penser).<br />

Il était assez content <strong>de</strong> sa chambre<br />

d<strong>ans</strong> cette toute nouvelle rési<strong>de</strong>nce du<br />

G. Certes, quelques finitions manquaient,<br />

mais cela ne l’empêchait pas <strong>de</strong> dormir pour<br />

autant. Jamais, pourtant, il n’avait pensé que<br />

ces quelques finitions encore à faire auraient<br />

été le début <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux semaines <strong>de</strong> galère.<br />

Il a, reconnaît-il, commis l’erreur<br />

<strong>de</strong> vouloir trop personnaliser sa chambre.<br />

Mettre son lit en hauteur et le suspendre au<br />

plafond n’est pas un aménagement intérieur<br />

envisageable d<strong>ans</strong> les nouvelles rési<strong>de</strong>nces.<br />

Il le comprend et plai<strong>de</strong> coupable. Quoique,<br />

si la rési<strong>de</strong>nce avait été finie, aucun technicien<br />

ne serait rentré d<strong>ans</strong> la chambre en son<br />

absence et n’aurait signalé cet aménagement.<br />

On l’a viré du G, soit, n’en parlons plus. Mais<br />

ce qui l’a absolument écoeuré c’est la manière<br />

dont la Direction <strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces s’est<br />

occupée <strong>de</strong> régler ce problème. <strong>Le</strong> problème,<br />

c’était lui, un étudiant <strong>de</strong> 2 ème année ; la Direction<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces se <strong>de</strong>vait <strong>de</strong> trouver<br />

un moyen pour le virer du G. Ils n’ont pas<br />

eu trop <strong>de</strong> difficultés. Il en a même quitté les<br />

rési<strong>de</strong>nces Insa...<br />

Un vendredi soir, une feuille est attachée<br />

d<strong>ans</strong> sa chambre lui signalant un ren<strong>de</strong>z-vous<br />

avec M. Arenillas le lundi matin à<br />

9h. Il se pointe à la DdR à l’heure prévue. <strong>Le</strong><br />

message est direct : “ce soir tu ne dors pas<br />

chez toi et si tu y reviens, c’est uniquement<br />

pour déménager”.<br />

Pendant ce temps un technicien est<br />

employé à changer la serrure <strong>de</strong> sa chambre.<br />

Impossible d’y rentrer et surtout impossible<br />

d’aller prendre son passeport pourtant indispensable<br />

pour chercher un appartement en<br />

ville. Après <strong>de</strong> nombreux allers et retours à<br />

la DdR, les discussions s’enflamment.<br />

Bye bail<br />

Quand il proteste au nom du bail<br />

qu’il a signé, en disant qu’il est illégal d’expulser<br />

quelqu’un s<strong>ans</strong> préavis on lui répond<br />

“quel bail ?”. En effet, il n’a aucune photocopie<br />

<strong>de</strong> bail ou autre attestation. Après les discussions<br />

viennent les gestes, on le pousse à<br />

l’extérieur du bureau, la porte lui est claquée<br />

au nez. Arrogant, il lance un “Vas-y, metsmoi<br />

un pain !” “Je vais pas te mettre un pain<br />

ici, mais on peut <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre sur le parking et<br />

on s’arrange, il n’y aura pas <strong>de</strong> témoin”, lui<br />

rétorque M. Maistre-Bazin. “De toute façon,<br />

on a fouillé chez toi, on sait ce qu’il y a...“<strong>Le</strong>s<br />

autres étudiants n’osaient plus rentrer d<strong>ans</strong><br />

le bureau.<br />

Autre chose le dégoûte plus que<br />

tout, c’est le langage tenu par le Directeur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces à son père en Argentine.<br />

“Il lui a certifié que j’étais un enfant violent<br />

ayant fait intrusion d<strong>ans</strong> le bureau <strong>de</strong> la DdR<br />

et prononcé insultes et menaces ; il s’agissait<br />

<strong>de</strong> me discréditer au maximum aux yeux <strong>de</strong><br />

mon père alors que je n’avais eu tout au plus<br />

qu’une attitu<strong>de</strong> arrogante.”<br />

La tranquillité est ailleurs<br />

En fin <strong>de</strong> compte, Pascal est bien<br />

installé à Charpennes : 45 m² au lieu <strong>de</strong> 16<br />

m² pour 300 F plus cher charges comprises.<br />

Il a refusé <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r la chambre que M.<br />

Arenillas lui avait prêtée au H en attendant<br />

<strong>de</strong> trouver un appartement. Il a repris les<br />

cours avec 3 ou 4 semaines <strong>de</strong> retard. Pensez<br />

qu’une personne un peu plus sensible aurait<br />

pu être complètement déstabilisée en ce début<br />

d’année scolaire.<br />

Pour la redac’, Xav’<br />

30<br />

Examinons les chiffres : nous sommes<br />

environ 3 500 sur le campus <strong>de</strong> l’Insa,<br />

pour 2 600 lits d<strong>ans</strong> les rési<strong>de</strong>nces. Il y a donc<br />

plusieurs centaines d’étudiants logés à l’extérieur.<br />

Rappelons que pour pouvoir louer un<br />

appartement, il faut qu’une personne puisse<br />

se porter garante pour l’étudiant et qu’il faut<br />

payer une caution d’un à <strong>de</strong>ux mois <strong>de</strong> loyer.<br />

Difficile pour nos étudiants défavorisés, quasi<br />

impossible pour nos étudiants étrangers et<br />

défavorisés.<br />

Crise du logement<br />

L’année prochaine, la situation sera<br />

bien pire. <strong>Le</strong>s rési<strong>de</strong>nces C et Magellan seront<br />

livrées au plus tôt en décembre 2007. Il<br />

restera donc 2 200 lits en septembre, rien à<br />

moins <strong>de</strong> <strong>25</strong>0 euros. <strong>Le</strong>s ordres <strong>de</strong> priorité<br />

ont déjà été choisis. Et les lauréats sont : en<br />

première place, les première année, en <strong>de</strong>ux,<br />

les <strong>de</strong>uxième année et les sport-et’, en trois,<br />

les admis directs, en quatre et en cinq, les<br />

étudiants d’échange et les Erasmus, puis<br />

viennent les étrangers et les cas particuliers.<br />

Tu es en quatrième année ? <strong>Le</strong> loyer est trop<br />

cher ? C’est dommage, surtout que les places<br />

d<strong>ans</strong> les rési<strong>de</strong>nces du CROUS sont elles<br />

aussi insuffisantes. Quant aux Masters, ce<br />

sont probablement ceux qui vont le plus galérer.<br />

Malgré les affirmations <strong>de</strong> notre cher<br />

directeur en journée <strong>de</strong> la recherche, leurs<br />

chances d’être logés à l’Insa sont quasi nulles.<br />

On nous avait promis que pour limiter<br />

les dégâts, le D ne fermerait pas avant que<br />

l’on ouvre le C. C’est vrai que si toutes les<br />

administrations, dont l’OPAC, et si toutes<br />

les entreprises <strong>de</strong> travaux public concernées<br />

avaient tenu leurs délais au jour près, le C<br />

aurait ouvert juste en même temps que le D<br />

aurait fermé. Saluons la confiance totale que<br />

la direction <strong>de</strong> l’Insa a eu en tous ces organismes.<br />

Aujourd’hui nous en sommes à plus<br />

d’un an <strong>de</strong> retard, alors que les travaux commencent<br />

à peine et que 470 étudiants <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong>vront chercher ailleurs pour se loger.<br />

Confort précaire<br />

Avant <strong>de</strong> reposer ma plume, je<br />

voudrais vous reparler du D. Ce soir, en plus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux petits désagréments dont je vous<br />

ai fait part au début <strong>de</strong> l’article, comme tous<br />

les jours <strong>de</strong>puis qu’il gèle, je grelotte, malgré<br />

le chiffon qu’on utilise pour boucher l’espace<br />

vi<strong>de</strong> laissé par la fenêtre qui ne ferme pas.<br />

J’ai bien envie <strong>de</strong> m’acheter un chauffage<br />

d’appoint mais je ne peux pas : la puissance<br />

électrique maximale autorisée par chambre<br />

est <strong>de</strong> 600 Watts. Et ne me dites pas que je<br />

suis une petite nature, et que maintenant<br />

que l’hiver est là, je peux conserver mes aliments<br />

au frais en les pendant à ma fenêtre.<br />

<strong>Le</strong>s conditions <strong>de</strong> vie sont vraiment difficiles,<br />

même pour un loyer <strong>de</strong> 173,66 euros<br />

par mois. <strong>Le</strong> directeur <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces est<br />

d’ailleurs totalement d’accord. Pour preuve,<br />

il menace les plus turbulents <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autres rési<strong>de</strong>nces d’aller séjourner quelques<br />

temps d<strong>ans</strong> le D. Ce que le conseil <strong>de</strong><br />

discipline ne manque pas d’appliquer. Allez,<br />

un petit tour chez les pauvres, ça vous passera<br />

l’envie <strong>de</strong> vous agiter !<br />

Hibernatus


Nos adieux à Nanard<br />

N°121 - Oct. 2008<br />

Bernard Bouley, alias Nanard, facteur et personnage mythique <strong>de</strong> l’Insa,<br />

s’est éteint au cours <strong>de</strong> l’été 2008. Alain lui rend un <strong>de</strong>rnier hommage.<br />

Bernard Bouley aimait voir son<br />

nom écrit d<strong>ans</strong> nos colonnes. Pourtant on<br />

l’écrivait peu ; c’est toujours <strong>de</strong> Nanard que<br />

l’on parlait. Figure incontournable, on le<br />

connaissait chacun à notre manière, qu’on<br />

soit <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heures, du BdE, <strong>de</strong> Bioch’ ou<br />

<strong>de</strong> la K‑Fêt… Ou d’ailleurs. Pour certains il<br />

n’était personne (ou pire, qu’un vieil ivro‑<br />

gne). J’aurais aimé que ceux‑là aient le temps<br />

<strong>de</strong> découvrir qui se cachait <strong>de</strong>rrière<br />

le pas trébuchant <strong>de</strong> Nanard.<br />

Il nous a quitté,<br />

discrètement pendant l’été,<br />

alors que nous étions<br />

en vacances. Nombreux<br />

ont été ceux qui lui ont<br />

rendu visite, un <strong>de</strong>rnier<br />

au revoir, quelques<br />

blagues, une ultime<br />

ch<strong>ans</strong>on… Un petit ré‑<br />

confort au milieu <strong>de</strong> ce<br />

grand hôpital.<br />

“Viens chez moi<br />

quand tu veux” nous disait‑il.<br />

Une porte toujours ouverte quelle<br />

que soit l’heure <strong>de</strong> la nuit et une petite<br />

bouteille qui attendait notre visite. Pauvre<br />

Nanard, combien <strong>de</strong> fois as‑tu été ré‑ ré‑<br />

veillé au beau milieu <strong>de</strong> la nuit par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étudiants sortant <strong>de</strong> soirée ? On<br />

ne trouve<br />

plus aujourd’hui qu’un message plastifié<br />

annonçant ton départ, et toujours ton nom<br />

sur la sonnette – qui osera y toucher ? Notre<br />

mémoire à nous. C’est que tu en as vu passer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants ! Et <strong>de</strong> toutes tes années insa‑<br />

liennes, tu as gardé une mémoire presque<br />

infaillible (et <strong><strong>de</strong>s</strong> cartons bien pleins <strong>de</strong> pho‑<br />

tos, d’articles découpés, <strong>de</strong> cartes postales<br />

reçues…).<br />

Nous aussi, nous nous souvien‑<br />

drons <strong>de</strong> ton passage. Tes perruques, tes<br />

WendyWendy et One Again, tes ch<strong>ans</strong>ons,<br />

ton verre <strong>de</strong> blanc, tes blagues, tes histoires,<br />

ces larmes que je t’ai vu verser en parlant<br />

<strong>de</strong> tes amis, <strong>de</strong> nous aussi. Et celles que tu<br />

as versé pour tes soixante <strong>ans</strong>, nous voyant<br />

tous réunis.<br />

Oh<br />

oui, tu nous man‑<br />

ques déjà. Bon Dieu<br />

que la K‑Fêt est vi<strong>de</strong><br />

maintenant, Ber‑<br />

nie le tabouret n’en<br />

revient pas : plus per‑<br />

sonne pour y poser ses<br />

miches. <strong>Le</strong> courrier ar‑<br />

rive toujours, mais les<br />

nouvelles du campus<br />

ne circulent plus.<br />

Mais dis‑moi Nanard : les<br />

karaokés auront‑ils le même<br />

charme s<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles inven‑<br />

tées mêlées à <strong><strong>de</strong>s</strong> nin‑nin‑nin ? Ça<br />

ressemble à quoi un départ ou une<br />

arrivée <strong>de</strong> la course vélo <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heu‑<br />

res s<strong>ans</strong> le vélo un peu déglingué ?<br />

La camionnette du service courrier<br />

peut‑elle rouler s<strong>ans</strong> son chauffeur ? Qui<br />

osera porter un costume blanc au Gala ? Et<br />

se faire prendre en photo avec les plus jolies<br />

filles <strong>de</strong> la soirée ?<br />

On va <strong>de</strong>voir continuer s<strong>ans</strong> toi.<br />

C’est la même ch<strong>ans</strong>on, mais la différence,<br />

c’est qu’on va <strong>de</strong>voir la poursuivre s<strong>ans</strong> toi.<br />

Gox<br />

Insatiable story<br />

Petit retour sur le parcours <strong>de</strong> la flamme qui a éclairé l’histoire <strong>de</strong> l’Insa<br />

<strong>de</strong> 1984 à nos jours, en espérant que cela dure encore longtemps...<br />

Octobre 1984 : Un journal d’une douzaine<br />

<strong>de</strong> pages et d’un format peu ordinaire (lé‑<br />

gèrement plus grand qu’un A3) arrive sur<br />

l’Insa. Son nom : Numéro Zéro. Il <strong>de</strong>viendra<br />

vite L’Insatiable et comportera articles d’hu‑<br />

meur, dossiers informatifs, articles scientifi‑<br />

ques, <strong><strong>de</strong>s</strong>sins, infos <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs...<br />

Novembre 1986 : Arrivée du titre L’Insatia‑<br />

ble stylisé et régime pour passer à 8 pages.<br />

Décembre 1986 : L’Insatiable sort pour la<br />

première fois sur imprimante laser.<br />

Février 1987 : La première colonne potin !<br />

Mai 1987 : Apparition d<strong>ans</strong> le coin en haut<br />

à droite d’un petit personnage aux cheveux<br />

hirsutes. La mascotte <strong>de</strong> L’Insatiable est née,<br />

son nom : La Flamme.<br />

Février 1989 : <strong>Le</strong> titre du journal se voit affu‑<br />

blé d’un dégradé et la Flamme d’un bonnet<br />

phrygien, bi‑centenaire oblige. <strong>Le</strong> concept<br />

du déguisement sera repris systématique‑<br />

ment bien plus tard et il subsiste aujourd’hui<br />

encore...<br />

1991 : L’Insatiable est sacré meilleur journal<br />

étudiant <strong>de</strong> France au concours <strong>de</strong> la fonda‑<br />

tion Alexandre et Marguerite Varenne.<br />

1992 : L’Insatiable se sépare du Bureau <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

élèves qui l’avait vu naître et <strong>de</strong>vient une as‑<br />

sociation indépendante.<br />

Février 1992 : Premier Isidore, sélection du<br />

meilleur potin du numéro.<br />

Décembre 1992 : La page huit s’orne d’un<br />

magnifique “L’insatiable Madame”, et pa‑<br />

rodie <strong>Le</strong> Figaro du même nom. La première<br />

page huit “délire”, qui sera suivie <strong>de</strong> nom‑<br />

breuses parodies <strong>de</strong> magazines, avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>‑<br />

venir plus variée à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 97/98.<br />

1994 : Pour ses 10 <strong>ans</strong>, L’Insatiable pu‑<br />

blie son premier Best Of.<br />

1996 : L’Insatiable meilleur<br />

journal étudiant <strong>de</strong> France<br />

au festival Scoop en Stock <strong>de</strong><br />

Poitiers.<br />

1997 : L’Insatiable meilleur<br />

journal étudiant au<br />

concours Campus.<br />

1999 : Réalisation entiè‑<br />

rement sur ordinateur ;<br />

oubliés les collages et<br />

décollages fastidieux et<br />

bienvenue aux <strong><strong>de</strong>s</strong>sins <strong>de</strong><br />

niveaux <strong>de</strong> gris.<br />

2000 : Création du site web et<br />

publication du second Best Of<br />

pour les 15 <strong>ans</strong>.<br />

2007 : L’Insatiable est sacré<br />

meilleur journal étudiant au<br />

concours Expresso<br />

2009 : Best Of <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>25</strong> bou‑<br />

gies, celui‑ci même !<br />

o<br />

31<br />

Campus<br />

CAPRI N°80 - Juin 2000<br />

<strong>Le</strong> CAPRI est un comité indépen‑<br />

dant, composé exclusivement <strong>de</strong> person‑<br />

nalités brillantes, sensibles aux Arts et aux<br />

Sciences, qui se proposent d’améliorer la vie<br />

à l’Insa, et d’œuvrer ainsi pour le bonheur<br />

collectif. Merci à eux.<br />

<strong>Le</strong> CAPRI vous propose<br />

aujourd’hui sa 2 nd Solution Caprilaire : nous<br />

constatons que <strong>de</strong> nombreuses manifesta‑<br />

tions, suffisamment médiatisées, permettent<br />

à l’Insa d’améliorer sa notoriété en <strong>de</strong>hors<br />

du campus. Pour encourager cet élan <strong>de</strong><br />

communication vers l’extérieur, nous sug‑<br />

gérons la création d’une nouvelle Direction<br />

Générale d<strong>ans</strong> notre école qui en manque<br />

cruellement (on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> vraiment com‑<br />

ment avec si peu <strong>de</strong> directions notre admi‑<br />

nistration réussit à gérer avec tant <strong>de</strong> succès<br />

une si gran<strong>de</strong> institution) : la Direction <strong>de</strong> la<br />

Propagan<strong>de</strong> pour le Rayonnement <strong>de</strong> l’Insa<br />

sur le Mon<strong>de</strong>, en abrégé DPRIM.<br />

Disposant <strong>de</strong> moyens financiers<br />

conséquents, obtenus en réduisant diverses<br />

activités inutiles car peu porteuses en terme<br />

d’image <strong>de</strong> marque (comme par exemple les<br />

TPs <strong>de</strong> Mécanique), la DPRIM sera attentive<br />

à donner à l’Insa l’image qu’elle mérite, c’est<br />

‑à‑dire celle d’une école mieux que les autres<br />

(forcément). Pour cela, elle ai<strong>de</strong>ra les dépar‑<br />

tements à suivre les exemples <strong>de</strong> Télécom<br />

avec La voix au téléphone et <strong>de</strong> GMC avec<br />

La Main aux Fesses.<br />

Pour les thèmes <strong>de</strong> festival, le CA‑<br />

PRI propose : pour IF <strong>Le</strong>s Doigts d<strong>ans</strong> le<br />

Net ; pour GCU L’Habitat/La Main ; pour<br />

le Premier Cycle <strong>Le</strong> Couteau sous la Gorge ;<br />

pour SGM <strong>Le</strong> Poêle d<strong>ans</strong> la Main; et pour GE<br />

Mon pied au cul. L’action <strong>de</strong> la DPRIM ne se<br />

limitera pas aux départements, les sections<br />

spéciales pourront, elles aussi, à l’image du<br />

Doua <strong>de</strong> Jazz <strong><strong>de</strong>s</strong> Ziket’s avoir un festival.<br />

Nous prévoyons La Langue d<strong>ans</strong> la Poche<br />

pour les Théâtret’s, <strong>Le</strong> Ballet d<strong>ans</strong> le Cubis‑<br />

me pour les D<strong>ans</strong>et’s, et enfin pour les Spo‑<br />

ret’s La Tête d<strong>ans</strong> le Culturisme. Pour <strong>de</strong> tels<br />

évènements, le travail est conséquent, mais<br />

nous ne reculons <strong>de</strong>vant rien pour le rayon‑<br />

nement <strong>de</strong> notre école.<br />

Nous espérons ainsi ai<strong>de</strong>r l’Insa<br />

à se faire connaître, et donc lui donner les<br />

moyens <strong>de</strong> former <strong>de</strong> bons ingénieurs.<br />

Pour le capri, Sdédyeu<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Campus<br />

<strong>Le</strong>s 24h, victimes <strong>de</strong> la Busherie N°33 - Mars 91<br />

1991 : guerre du Golfe, Bush père part en Iraq. Cela suffit à imposer l’annulation <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heures sur notre petit<br />

campus si loin <strong>de</strong> Washington et <strong>de</strong> Bagdad. Encore une manipulation du reste du mon<strong>de</strong> contre l’Insa.<br />

Il y a 16 <strong>ans</strong> (NDLR : 38 aujourd’hui)<br />

, à la suite d’un pari (stupi<strong>de</strong> ?), <strong>de</strong>ux groupes<br />

d’étudiants s’affrontaient lors d’une<br />

course cycliste autour <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtiments A et B.<br />

Il en faut parfois peu pour créer une tradition<br />

! Il n’est donc pas étonnant <strong>de</strong> retrouver<br />

un an plus tard, une épreuve cycliste intitulée<br />

“<strong>Le</strong>s 24 Heures <strong>de</strong> l’Insa”.<br />

Pendant longtemps, cela ne fut<br />

qu’une fête insalienne peu ouverte sur l’extérieur,<br />

avec ses hauts et ses bas, les aléas<br />

d’une organisation souffrant du manque<br />

<strong>de</strong> disponibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> organisateurs ou tout<br />

simplement <strong>de</strong> l’absence d’étudiants “qui en<br />

veulent”.<br />

En 1979, suite à une préparation<br />

défaillante, la course fut interdite et les 24h<br />

n’existeraient plus si cinq valeureux gaillards<br />

ne s’en étaient pas mêlés. Avec beaucoup <strong>de</strong><br />

courage et <strong>de</strong> persévérance, Eric, Michel, Bernard,<br />

Yves et Jacques gagnèrent le pari fou <strong>de</strong><br />

remettre sur pied les “24 heures” ; bravant<br />

ainsi la marée <strong>de</strong> l’individualisme et <strong>de</strong> l’indifférence<br />

<strong>de</strong> ceux qui en pr<strong>of</strong>itent s<strong>ans</strong> avoir<br />

levé le petit doigt, ni déboursé un sou !<br />

24H <strong>de</strong> Golfe<br />

Ce que tout le mon<strong>de</strong><br />

redoutait est arrivé : Golfe et 24 Heures ont<br />

été déclarés incompatibles. Il faudra se passer<br />

<strong>de</strong> 24 Heures cette année. Mais les Scuds<br />

passent, les 24 Heures restent. <strong>Le</strong> feu d’artifice<br />

gratuit n’intéressait personne. Allez !<br />

<strong>Le</strong> vrai, on vous l’<strong>of</strong>frira l’an prochain, encore<br />

plus grand ! Reculer pour mieux sauter,<br />

comme disait ma grand-mère ! Rien en<br />

91 ? Qu’à cela ne tienne, on se lance d<strong>ans</strong><br />

l’édition 92 pour te la préparer encore plus<br />

pétillante ! Police, administration... Fallaitil<br />

continuer pour s’arrêter le 23 mai ? On<br />

aurait pu, pour le même résultat ! Un peu<br />

décourageant. Alors nous avons créé le dicton<br />

<strong>de</strong> l’aimée Madame Soleil : “une gran<strong>de</strong><br />

fête annulée n’empêche pas <strong><strong>de</strong>s</strong> petites fêtes<br />

réussies !” <strong>Le</strong>s 24 Heures sont mortes, vivent<br />

les 24 Heures ! Aussi, malgré notre déception,<br />

nous ferons entendre haut et fort notre<br />

voix cette année et nous vous ferons oublier<br />

quelques heures votre condition d’Insalien.<br />

Ca veut dire quoi? Ca veut dire qu’on va<br />

te concocter un concentré <strong>de</strong> 24 Heures, un<br />

cocktail d’idées, l’énergie d’un week-end en<br />

une soirée.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Explosif!<br />

Quand, quoi, comment, tout reste<br />

encore à faire, mais la motivation est là !<br />

Alors prépare-toi à vivre quelque chose <strong>de</strong><br />

nouveau cette année ! Revenons à nos feux<br />

d’artifice... L’édition 90<br />

n’était pas le bouquet<br />

final <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heures, loin<br />

<strong>de</strong> là ! Cette année ne<br />

sera qu’un entracte. Bien<br />

sûr, beaucoup seront<br />

déçus : les sportifs, les<br />

fêtards, les musicos, les<br />

rockers, les cinéphiles<br />

les montgolfières-philes<br />

(?), les playbacksphiles,<br />

les alcoolo-philes,<br />

les haltérophiles et les<br />

pr<strong>of</strong>ils (arrête Jeannot<br />

tu délires !). Bref, tous<br />

ceux qui, comme nous,<br />

sont <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 heures...<br />

philes ! Et encore, on n’a<br />

pas compté tous les clubs qui comptaient sur<br />

notre week-end pour se remettre à flots. Qui<br />

se serait douté <strong>de</strong> tout ça en se réveillant le<br />

17 janvier ?<br />

Maintenant, on peut te dire un mot<br />

<strong>de</strong> nos projets pour l’édition 91. Mais tu seras<br />

bien avancé quand tu sauras que tu aurais<br />

L’Ecole Buissonnière est une association<br />

qui a <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> à peine et qui s’est<br />

donnée comme objectif ambitieux <strong>de</strong> sensibiliser<br />

les étudiants au respect et à l’amélioration<br />

<strong>de</strong> leur cadre <strong>de</strong> vie. L’année <strong>de</strong>rnière,<br />

nous nous sommes exprimés par le biais du<br />

CAVRAC (Conseil d’Amélioration <strong>de</strong> la Vie<br />

Rési<strong>de</strong>ntielle et d’Aménagement du Campus)<br />

sur plusieurs sujets qui nous tenaient<br />

à cœur. Ainsi, nous avons eu l’occasion <strong>de</strong><br />

présenter <strong><strong>de</strong>s</strong> propositions, enquêtes et maquettes<br />

en restant informés et consultés <strong>de</strong><br />

tous les projets en cours sur l’Insa.<br />

Coulée <strong>de</strong> verdure...<br />

Prenons ainsi le projet <strong>de</strong> la Coulée<br />

Verte (NDLR : Travée verte) entre l’UFRAPS<br />

et l’IUT Génie Civil : elle aura pour but <strong>de</strong><br />

lier le Campus <strong>de</strong> la Doua et mettre ainsi<br />

en valeur le site. D<strong>ans</strong> cette optique, l’Insa,<br />

l’Université <strong>Lyon</strong> 1 et les autres écoles du<br />

campus se concertent <strong>de</strong>puis quelques années<br />

déjà pour unifier le campus <strong>de</strong> la Doua<br />

et contrebalancer ainsi l’ouverture physique<br />

du site sur l’extérieur avec l’arrivée du tramway.<br />

Autre projet, la mise en place du tri<br />

sélectif sur l’Insa en l’intégrant à la collecte<br />

sélective du Grand <strong>Lyon</strong> (c’est fait !) et celle<br />

d’un tri spécifique <strong>de</strong> papier blanc (les cartons<br />

et magazines recyclés d<strong>ans</strong> les poubelles<br />

vertes ne permettent pas <strong>de</strong> fabriquer du<br />

papier d’imprimerie). En effet, il est facilement<br />

valorisable sous cette forme et la masse<br />

<strong>de</strong> papier “type photocopie” consommée<br />

chaque année est considérable. Cette année,<br />

32<br />

pu t’envoler en hélicoptère pendant notre<br />

week-end ou bien que tu aurais pu satisfaire<br />

tes goûts musicaux les plus variés ou que tu<br />

aurais pu admirer <strong><strong>de</strong>s</strong> voitures <strong>de</strong> rêve ou<br />

encore que ... Allez, ne pleure pas ! On les<br />

reverra, les 24 Heures.<br />

JÉROME & FRANCK<br />

Cette année-là, les<br />

24 Heures ont eu très<br />

chaud... Soucieux <strong>de</strong><br />

protéger l’étudiant du<br />

terrorisme international,<br />

les autorités<br />

supérieures avaient<br />

décidé <strong>de</strong> supprimer notre<br />

réunion populaire<br />

annuelle, trop propice<br />

aux attentats et autres<br />

manifestations belliqueuses<br />

du ressentiment<br />

irakien. Heureusement<br />

les Américains, toujours très efficaces lorsque<br />

leurs intérêts sont en jeu, eurent le tact<br />

d’écraser l’ennemi pr<strong>of</strong>anateur <strong>de</strong> puits <strong>de</strong><br />

pétrole suffisamment tôt pour que la mesure<br />

<strong>de</strong>vienne caduque... Et les 24 Heures eurent<br />

lieu comme d’habitu<strong>de</strong>... Ouf.<br />

L’Ecole Buissonière N°80 - Juin 2000<br />

L’association écolo <strong>de</strong> l’an 2000 présente ses projets. Ici 2009 : la médiathèque<br />

tout juste ouverte, la coulée n’est réalisée qu’à moitié...<br />

ce conseil n’existe plus et en attendant que<br />

l’ancien CAVRAC intègre le Conseil <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Rési<strong>de</strong>nces, nouvellement créé cette année,<br />

nous avons orienté nos activités sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

projets plus généraux <strong>de</strong> sensibilisation, en<br />

attendant <strong>de</strong> pouvoir à nouveau nous exprimer<br />

efficacement. D’où cette idée d’Expo-<br />

Repas Aménagement et Energies Nouvelles<br />

organisée au Grand Resto <strong>de</strong> l’Insa, qui avait<br />

pour but d’informer les étudiants sur les<br />

projets en cours sur l’Insa.<br />

...pour <strong><strong>de</strong>s</strong> projets à l’eau<br />

En premier lieu, la Coulée Verte<br />

est toujours d’actualité et le projet va faire<br />

l’objet d’un appel d’<strong>of</strong>fre... A suivre... Quant<br />

au recyclage <strong>de</strong> papier, il est pour le moment<br />

suspendu faute d’argent...<br />

Ensuite, le projet <strong>de</strong> la Médiathèque<br />

a pour objectif <strong>de</strong> déplacer Doc’Insa<br />

d<strong>ans</strong> une vaste bibliothèque (1500 m²).<br />

L’intérêt ? Ce sera moins loin et l’on pourra<br />

consulter les ouvrages sur place... Chacun<br />

appréciera. Dernier projet, celui <strong>de</strong> la centrale<br />

photovoltaïque qui n’est qu’une petite<br />

partie d’un vaste programme européen,<br />

RESTART, qui vise au développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

énergies renouvelables en Europe.<br />

Pour les communes du Grand<br />

<strong>Lyon</strong>, il s’agira d’alimenter au total 200 locaux<br />

sociaux par l’énergie solaire photovoltaïque<br />

et l’implantation sur le toit du Département<br />

Génie Energétique <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> d’une<br />

centrale photovoltaïque pour alimenter une<br />

pompe <strong>de</strong> climatisation.<br />

L’école Buissonière


Alain Satiable : C’était comment à l’époque?<br />

Jean-Luc Mouton : J’ai fait mes premières<br />

24 Heures en 1974. J’avais parcouru, je m’en<br />

souviens, 6<strong>25</strong> km. Et j’avais gagné. Cette année<br />

j’ai fait 644 km. Je suis comme le bon vin,<br />

je me bonifie avec l’âge. En 73-74, on était un<br />

petit groupe <strong>de</strong> chimistes (comme quoi la<br />

chimie mène à tout). C’était le bon temps.<br />

Au labo on aimait tous le vélo. Il<br />

n’y avait pas <strong>de</strong> boissons énergétiques, les<br />

femmes préparaient <strong><strong>de</strong>s</strong> gâteaux <strong>de</strong> riz.<br />

Certaines se faisaient masseuses. D<strong>ans</strong> ces<br />

années-là, il y avait beaucoup plus <strong>de</strong> vélos<br />

folklos. <strong>Le</strong>s étudiants fabriquaient eux-mêmes<br />

leurs vélos. A l’arrivée il n’y avait pas <strong>de</strong><br />

coupe, mais tout le mon<strong>de</strong> était primé. On<br />

avait un camembert, une baguette, un sauc’<br />

et un litre <strong>de</strong> rouge plutôt bouchonné. On<br />

saucissonnait sur le gazon. On sympathisait<br />

avec tout le mon<strong>de</strong>.<br />

Aujourd’hui c’est moins convivial,<br />

tout le mon<strong>de</strong> n’a pas quelque chose. Pour<br />

les lots, je suis content j’ai gagné une gran<strong>de</strong><br />

coupe, tellement gran<strong>de</strong> qu’elle ne rentre pas<br />

d<strong>ans</strong> ma vitrine. <strong>Le</strong> niveau a augmenté, grâce<br />

aux gens qui viennent <strong>de</strong> l’extérieur. Plus <strong>de</strong><br />

la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> engagés ne sont pas étudiants.<br />

L’effort à faire serait <strong>de</strong> plus motiver les élè-<br />

ves pour qu’ils aillent un peu plus tourner.<br />

Ça serait plus sympa.<br />

AS : A l’arrivée, saviez-vous déjà que vous aviez<br />

gagné la course ?<br />

JLM : Pour tout dire, j’étais pas parti pour<br />

gagner. Mais à l’arrivée je savais <strong>de</strong>puis déjà<br />

quelques temps que j’étais en tête, puisque<br />

certaines équipes me l’avaient dit. Sur le coup<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> trois heures du matin j’ai eu un pépin,<br />

j’ai crevé. <strong>Le</strong> moral était en baisse. Réparation<br />

d<strong>ans</strong> le noir, la lampe <strong>de</strong> poche entre les<br />

<strong>de</strong>nts, tout seul, difficile. Quand j’ai su que<br />

j’étais premier, ça m’a redonné du baume au<br />

coeur. Ce qui m’a le plus encouragé c’est le<br />

fan-club sur le circuit. Mes élèves criaient<br />

“Allez M. Mouton !”, les autres c’était “Jean-<br />

Luc !”. Y’avait pas photo, ça faisait du bien.<br />

Seul, jamais je n’aurais fait une telle course.<br />

L’arrivée, c’était extraordinaire. Je n’ai jamais<br />

eu une arrivée avec tant <strong>de</strong> supporters. D’habitu<strong>de</strong>,<br />

ils étaient une trentaine et en général<br />

je leur payais à boire. Tandis que là j’aurais<br />

eu du mal à tous leur payer à boire.<br />

AS : Et votre femme ?<br />

JLM : Quand elle a vu que j’étais bien placé,<br />

elle a quand même daigné venir.<br />

33<br />

Campus<br />

Interview d’un coureur solitaire N°85 - Mai 2001<br />

Jean-Luc Mouton, enseignant la physique <strong>de</strong>puis 1981 au Premier Cycle, est le grand vainqueur <strong><strong>de</strong>s</strong> 24H 2001,<br />

catégorie solitaire. Il en est à ses cinquièmes 24 mais effectue surtout un retour après 15 <strong>ans</strong> d’absence.<br />

Au fond d’une armoire, d<strong>ans</strong> la salle<br />

<strong>de</strong> la Fédé, existait un dossier appelé le cimetière<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> clubs. Après avoir opéré un énorme<br />

nettoyage (déménagement oblige), je suis<br />

tombé sur ce dossier dont je n’avais jamais<br />

entendu parler. En ouvrant la pochette rose et<br />

verte, je ne pensais pas un instant aux conséquences<br />

<strong>de</strong> ce geste. Je venais <strong>de</strong> réveiller l’esprit<br />

d’une vingtaine <strong>de</strong> clubs défunts qui me<br />

firent comprendre que leur importance pour<br />

l’Insa était capitale au point que, <strong>de</strong>puis leur<br />

disparition, l’Institut n’était plus que l’ombre<br />

<strong>de</strong> lui-même. Ils s’emparèrent <strong>de</strong> moi et<br />

m’obligèrent à prendre la plume.<br />

Morts réincarnés<br />

Parlons d’abord <strong><strong>de</strong>s</strong> morts réincarnés.<br />

Avez-vous entendu parler <strong>de</strong> la Foire<br />

aux atrocités ? C’est un club dissout qui,<br />

selon les sources, aurait été réincarné, soit<br />

en club SF (Sacré Foutoir), soit en département<br />

Biochimie. Me tromperais-je beaucoup<br />

si je disais que le club Bruit qui court aurait<br />

pu donner naissance au club Piano <strong>de</strong>venu<br />

<strong>de</strong>puis Music Club (l’imagination se perd).<br />

Passons au CAVElD, à moins que ce ne soit<br />

le CAVEAU. Je ne sais pas exactement ce<br />

que cela veut dire, mais j’ai <strong>de</strong> fortes raisons<br />

<strong>de</strong> penser que cela pourrait être Club <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Amoureux <strong><strong>de</strong>s</strong> Vieux Engins d’Inséminations<br />

Diverses à moins que ce ne soit Club<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Amoureux <strong>de</strong> Velléités Exceptionnelles<br />

et d’Introversions Divertissantes. Sérieusement,<br />

c’était le club organisateur <strong>de</strong> La<br />

Nuit <strong>de</strong> l’Insa, qui s’est tr<strong>ans</strong>formé et qui fait<br />

maintenant plus “smart” et moins “joyeux<br />

fêtard” puisque c’est l’équivalent du Gala.<br />

Passons au chapitre religieux. Foncez,<br />

brebis égarées ! (mais méfiez-vous <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sectes un peu louches qui rô<strong>de</strong>nt !) Avant,<br />

nous avions un groupe théophile et un grou-<br />

<strong>Le</strong> cimetière <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs<br />

pe chrétien en plus <strong>de</strong> l’AUD et d’ICHTUS<br />

que nous avons toujours par la volonté du<br />

Saint Père.<br />

Passons à la folie <strong><strong>de</strong>s</strong> petits ingénieurs<br />

qui avaient <strong><strong>de</strong>s</strong> petits problèmes <strong>de</strong><br />

conscience. Seul ISF (Ingénieurs S<strong>ans</strong> Frontières)<br />

est toujours là pour nous donner<br />

bonne conscience, mais avant on avait aussi<br />

le “cercle Tiers-Mon<strong>de</strong>”, l’AICTI (Association<br />

Insa pour la Coopération Technique et<br />

culturelle Internationale) et le CERTIM (Cercle<br />

d’Echanges et <strong>de</strong> Réflexions sur le Tiers-<br />

Mon<strong>de</strong>).<br />

<strong>Le</strong>s inclassables<br />

Il y a eu aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> clubs inclassables.<br />

Nous nous <strong>de</strong>mandions à la Fédé pourquoi<br />

on recevait <strong>de</strong>ux lettres <strong>de</strong> publicité par<br />

jour pour <strong><strong>de</strong>s</strong> voyages organisés pour le troisième<br />

âge ! La réponse est qu’il existait un<br />

club d’animation du troisième âge à l’Insa. Il<br />

s’agissait d’égayer la vie <strong>de</strong> nos vieux pr<strong>of</strong>esseurs<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves ayant redoublé un nombre<br />

important <strong>de</strong> fois. <strong>Le</strong> club <strong><strong>de</strong>s</strong> Gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Gueules qui préparait le championnat <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> gueules à Marseille (véridique !).<br />

Comme si la vie n’était pas assez dangereuse<br />

à l’Insa, le club Non Danger s’inventait<br />

d’autre dangers (surf <strong><strong>de</strong>s</strong> neiges, sports californiens...).<br />

<strong>Le</strong> club Voyage qui nous vendait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gui<strong><strong>de</strong>s</strong> Michelin. L’AGIL qui était<br />

un club <strong>de</strong> gym-tonic (et non gin tonic). La<br />

Théière Volante courait d’elle-même à sa<br />

perte. <strong>Le</strong>s salles <strong>de</strong> chia<strong>de</strong> <strong>de</strong>venaient trop<br />

exiguës et empêchaient toute tentative <strong>de</strong><br />

record. Puis, pensez donc ! Une théière passant<br />

par la fenêtre du second étage, cela fait<br />

du bruit. D<strong>ans</strong> la réalité, les Théières Volantes<br />

faisaient effectivement du bruit puisqu’il<br />

s’agissait d’un club organisant <strong><strong>de</strong>s</strong> concerts<br />

sur le campus.<br />

AS : Comment avez-vous trouvé l’organisation?<br />

JLM : <strong>Le</strong> comptage électronique c’est un truc<br />

génial. Il y a un récepteur d<strong>ans</strong> les rayons,<br />

vous passez sur un tapis, ça fait bip ! bip !<br />

Moi je n’avais pas refait la course <strong>de</strong>puis 86,<br />

j’avais trop peur au niveau <strong>de</strong> la sécurité qui<br />

n’était pas assurée comme cette année. On<br />

pouvait rencontrer une bagnole à contresens,<br />

c’était pas rare.<br />

AS : Qu’est ce qu’on fait juste après la course ?<br />

JLM : Pour finir, en quittant le cuissard il y<br />

a un peu <strong>de</strong> peau qui est partie avec ! Après<br />

l’arrivée je n’ai pas dormi tout <strong>de</strong> suite, car<br />

j’étais quand même vachement content<br />

d’avoir gagné. J’étais tellement ému que j’ai<br />

même pas relevé le kilométrage qu’on m’a<br />

donné sur le podium. Mardi, ça a été l’ovation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élèves.<br />

Ça fait un bon coup <strong>de</strong> pomma<strong>de</strong>.<br />

AS : Un <strong>de</strong>rnier mot ?<br />

JLM : Un seul regret : mon objectif c’était<br />

quand même 700 bornes, donc je reviendrai<br />

!<br />

AS : Merci Jean-Luc<br />

Propos recueillis par Julien P.<br />

N°85 - Mai 2001<br />

Groupes ethniques<br />

Je me suis gardé pour la fin le morceau<br />

<strong>de</strong> choix. Il existe une mo<strong>de</strong> à l’Insa qui<br />

consiste à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> quelle minorité<br />

l’on fait partie et à partir <strong>de</strong> là on monte un<br />

club.<br />

Auparavant existait une tribu<br />

appelée le Club Réunionnais. Trop petite,<br />

souffrant d’une pénurie <strong>de</strong> combattants, ils<br />

s’exilèrent <strong>de</strong> leur île pour aller sur une île<br />

plus gran<strong>de</strong> appelée Club Malgache. Même<br />

problème, isolés <strong>de</strong> tout, on a fini par les faire<br />

passer en frau<strong>de</strong>, avec <strong>de</strong> faux papiers, d<strong>ans</strong><br />

le CELAFI. D’où la définition facile du CELA-<br />

FI : CELAFIN du voyage ! <strong>Le</strong> Club Slave et le<br />

Club <strong><strong>de</strong>s</strong> Etudiants Turcs (mais oui !) disparus<br />

corps et âmes d<strong>ans</strong> les pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong>urs abyssales<br />

<strong>de</strong> l’océan Insalique. Pire, le CEJI (Club<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Etudiants Juifs <strong>de</strong> l’Insa), club qui avait<br />

pourtant fait “fureur” mais dont tous les<br />

combattants sont morts mystérieusement.<br />

Pour en revenir à une note plus<br />

gaie, il existait <strong>de</strong>ux petites tribus folkloriques.<br />

<strong>Le</strong>s inénarrables JEB encore appelé Jeunesses<br />

Etudiantes Bretonnes. <strong>Le</strong>ur village a<br />

brûlé et il ne reste que quelques breizh. D<strong>ans</strong><br />

le même genre, un village où chaque guerrier<br />

venait faire son rapport. “Aujourd’hui,<br />

j’en ai occis tant”. D’où l’idée farfelue <strong>de</strong> les<br />

appeler le Club Occitan.<br />

Aujourd’hui, il ne reste guère plus<br />

que <strong>de</strong>ux ethnies. <strong>Le</strong> CELAFI et l’ACEIMI,<br />

tribus immortelles qui nous apportent notre<br />

dose d’exotisme quotidienne. Au fait, le<br />

Maroc, c’est en Afrique. Alors pourquoi ne<br />

pourrait-on pas fusionner l’ACEIMI et le<br />

CELAFI ?<br />

Aux <strong>de</strong>rnières nouvelles, on aurait<br />

déposé un dossier à la Fédé sur la constitution<br />

d’un club Lapon et Amazones Réunis.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

o


Campus<br />

Chocat : pr<strong>of</strong> chercheur à l’Insa N°100 - Juin 2004<br />

Rencontre avec le Pr. Chocat, chef du labo URGC <strong>de</strong> l’Insa, directeur d’observatoire et prési<strong>de</strong>nt du GRAIE (Recherche<br />

en Infrastructures et Eaux). Retour sur les mouvements <strong>de</strong> grèves qui ont secoué le printemps 2004.<br />

Alain Satiable : Quelles ont été les<br />

raisons <strong><strong>de</strong>s</strong> grèves <strong><strong>de</strong>s</strong> chercheurs ?<br />

Bernard Chocat : Deux décisions du gouvernement<br />

qui ont été à l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements<br />

: d’une part le gel <strong><strong>de</strong>s</strong> budgets déjà<br />

alloués et d’autre part le fait qu’un nombre<br />

important <strong>de</strong> postes prévus<br />

passent en contractuels. Il<br />

était prévu qu’il ne soit créé<br />

aucun poste au sein du CNRS<br />

ce qui aurait signifié qu’aucun<br />

thésard n’aurait pu être embauché.<br />

A.S. : Comment se sont organisés<br />

les chefs <strong>de</strong> labo à<br />

l’Insa ?<br />

B.C. : En plus <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions<br />

<strong>de</strong> chercheurs en général,<br />

une réflexion a été menée entre<br />

les chefs <strong>de</strong> labo <strong>de</strong> l’Insa<br />

pour donner au mouvement<br />

une cohérence. Dix chercheurs<br />

ont démissionné à<br />

l’Insa, surtout d<strong>ans</strong> les UMR<br />

[NDLR : Unité Mixte <strong>de</strong> Recherche].<br />

La démission <strong>de</strong><br />

certains chefs <strong>de</strong> laboratoires<br />

se voulait surtout médiatique.<br />

Personnellement je n’ai<br />

pas démissionné car sur un<br />

aspect pratique, si je l’avais<br />

fait, je n’aurais plus pu signer<br />

ni les ordres <strong>de</strong> mission,<br />

ni les compositions <strong>de</strong><br />

jurys pour les thèses etc…<br />

En revanche, je ne répondais pas à tout ce<br />

qui était <strong>de</strong>mandé par l’Etat comme les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sur les grévistes d<strong>ans</strong> le labo. En<br />

toute rigueur, on aurait dû fermer les labos<br />

dont les responsables avaient démissionné<br />

mais la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> gens ont continué à travailler.<br />

A.S. : L’Insa était-elle beaucoup touchée par<br />

les réformes prévues ?<br />

B.C. : Pas trop car les conventions <strong>de</strong> recherche<br />

se font avec <strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités ou avec<br />

l’Union Européenne par exemple. Mais le<br />

budget récurrent donne <strong>de</strong> la souplesse<br />

même si ce n’est qu’un petit pourcentage <strong>de</strong><br />

notre budget. A l’Insa, il y a une différence<br />

entre les enseignants-chercheurs<br />

et les cher-<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

cheurs CNRS plus touchés, mais il y a une<br />

forte solidarité entre tous.<br />

A.S. : Quelles sont les différences entre recherches<br />

fondamentale et appliquée ?<br />

B.C. : Je pense que la distinction est ambiguë.<br />

On fait souvent la distinction entre invention<br />

et découverte. D<strong>ans</strong> le premier cas, l’inventeur<br />

crée quelque chose et d<strong>ans</strong> l’autre on<br />

découvre un phénomène existant. Mais on<br />

touche presque à la métaphysique, comme<br />

lorsqu’on réfléchit à la reine <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences : les<br />

mathématiques. <strong>Le</strong>s nombres existaient-ils<br />

avant que l’Homme les découvre ? A l’Insa,<br />

les recherches sont finalisées, on essaie <strong>de</strong><br />

répondre à une question posée, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

questions concrètes en relation avec <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés<br />

ou <strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités. Mais ce débat me<br />

bassine, je trouve qu’il n’y a pas <strong>de</strong> différence<br />

entre les <strong>de</strong>ux ou que l’une soit plus<br />

noble que l’autre. <strong>Le</strong> but <strong>de</strong> la recherche est<br />

<strong>de</strong> comprendre que ce soit pour comprendre<br />

ou résoudre. Je crois surtout qu’il y a <strong>de</strong> la<br />

bonne et <strong>de</strong> la mauvaise recherche.<br />

A.S. : Quelles ont été les gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

découvertes <strong>de</strong> l’URGC et quelles<br />

sont vos étu<strong><strong>de</strong>s</strong> en cours ?<br />

B.C. : Ce qui est sexy en ce moment<br />

c’est l’environnement, il faut malgré<br />

tout continuer à faire <strong>de</strong> la mécanique.<br />

En ce qui concerne les gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

découvertes, l’URGC comporte<br />

quatre équipes et chacune d<strong>ans</strong> son<br />

domaine mène ses recherches. Du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux, on se<br />

penche beaucoup sur le recyclage<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux et <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets pour<br />

en faire du matériau pour le génie<br />

civil. D<strong>ans</strong> le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> sols, on<br />

a beaucoup apporté à la réglementation<br />

<strong>de</strong> l’étanchéité <strong><strong>de</strong>s</strong> décharges<br />

34<br />

pour prévenir la pollution <strong><strong>de</strong>s</strong> sols. En ce qui<br />

concerne la mécanique, on s’est penché sur<br />

la résistance <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtiments aux séismes, nos<br />

recherches ont permis <strong>de</strong> modifier les règles<br />

<strong>de</strong> calcul usuelles d<strong>ans</strong> ce domaine. Enfin,<br />

en hydrologie, nous avons développé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

connaissances d<strong>ans</strong> les techniques<br />

d’infiltration, cela a permis d<strong>ans</strong><br />

le concret <strong>de</strong> les rendre plus sûres<br />

par rapport à la pollution. Nous<br />

sommes <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs <strong>de</strong> l’aménagement,<br />

ce qui consiste en gros à<br />

mettre <strong>de</strong> l’ordre mais ce qui implique<br />

donc <strong>de</strong> mettre du désordre<br />

ailleurs. Avant on ne se préoccupait<br />

pas <strong>de</strong> ce désordre.<br />

A.S. : Ne craignez-vous pas que<br />

votre image <strong>de</strong> chercheur soit<br />

faussée auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves par le<br />

fait que vous soyez pour eux un<br />

simple “pr<strong>of</strong>” ?<br />

B.C. : Pour former <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs<br />

il faut bien leur apprendre les bases<br />

et on ne peut pas seulement<br />

enseigner la pointe <strong>de</strong> la recherche<br />

mais j’essaie toujours d’utiliser <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

exemples concrets pour les applications<br />

du cours. Je pense que les<br />

élèves viennent en cours non par<br />

pur intérêt mais pour l’évaluation ;<br />

ce que je comprends vu le nombre<br />

<strong>de</strong> cours qu’ils ont par semaine.<br />

C’est pour cela que je crois beaucoup<br />

au tutorat tant pour les projets<br />

que pour les stages.<br />

A.S. : Pourquoi êtes vous <strong>de</strong>venu chercheur<br />

?<br />

B.C. : Quand j’étais jeune, j’étais un écolo<br />

militant, je voulais changer le mon<strong>de</strong> et je<br />

me suis toujours <strong>de</strong>mandé ce que je pouvais<br />

faire d’efficace pour le changer, c’est-à-dire à<br />

quel sta<strong>de</strong> du processus je pouvais intervenir<br />

pour avoir le plus <strong>de</strong> poids et j’ai pensé<br />

le plus en amont possible et j’ai donc choisi<br />

la recherche. En effet la recherche permet <strong>de</strong><br />

définir les concepts pour concevoir les objets<br />

<strong>de</strong> façon plus intelligente, même si ce n’est<br />

pas forcément toujours le plus visible.<br />

A.S. : Ne pensez-vous pas que le fait que les<br />

chercheurs enseignent coupe les élèves du<br />

vrai mon<strong>de</strong> pr<strong>of</strong>essionnel ?<br />

B.C. : C’est exactement le contraire, la recherche<br />

permet aux pr<strong>of</strong>s d’être en formation<br />

continue puisque toute recherche se fait en<br />

relation avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pr<strong>of</strong>essionnels. C’est même<br />

la condition nécessaire pour rester connecté<br />

au mon<strong>de</strong> pr<strong>of</strong>essionnel. La recherche permet<br />

<strong>de</strong> faire évoluer l’enseignement et puis<br />

les pr<strong>of</strong>essionnels nous disent que l’on doit<br />

enseigner les découvertes majeures aux futurs<br />

ingénieurs. Mais actuellement, <strong>de</strong>ux<br />

tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes qui font une thèse finissent<br />

d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong> pr<strong>of</strong>essionnel car ils sont très<br />

pointus et leur diplôme est vraiment valorisable<br />

et leur permet une meilleure progression<br />

<strong>de</strong> carrière.<br />

A.S. : Merci beaucoup pour nous avoir accordé<br />

cette courte interview.<br />

o


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

La route aura été longue avant d’en arriver à la notoriété actuelle,<br />

parsemée d’attentes, d’incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> questions auxquelles<br />

les réformes n’ont pas toujours su répondre. Aujourd’hui, au carrefour,<br />

vous, les anciens, moi, sommes tous passés par la même école et pourtant<br />

n’avons pas fait les mêmes étu<strong><strong>de</strong>s</strong>. C’est heureux me direz-vous, un programme<br />

d’après-guerre à l’ère du numérique serait déconnecté.<br />

Attendus pour octobre 1957, les premiers entrants ont posé<br />

leurs valises le 11 novembre 1957 pour commencer les cours dès le len<strong>de</strong>main,<br />

au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> engins <strong>de</strong> chantiers achevant tout juste le A et Louis<br />

Néel.<br />

<strong>Le</strong> premier cycle s’effectuait alors en une seule année au bout<br />

<strong>de</strong> laquelle le MPC, un équivalent du DEUG actuel, assurait la répartition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élèves d<strong>ans</strong> les <strong>de</strong>ux niveaux, la section ingénieur et la section<br />

techniciens supérieures. Issue <strong>de</strong> la formation Alleman<strong>de</strong>, cette<br />

distinction entre théoriciens et practiciens aurait pu provoquer <strong><strong>de</strong>s</strong> déchirements<br />

mais il n’en fût rien, l’inquiétu<strong>de</strong> était plus générale. En effet,<br />

créée contre le lobby <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles, le titre d’ingénieur Insa ne fut<br />

pas facile à acquérir, si bien que d’années en années l’inquiétu<strong>de</strong> d’une<br />

première promotion s<strong>ans</strong> diplôme grimpait. Finalement, le ministère <strong>of</strong>fre<br />

la reconnaissance à notre école et délivre le diplôme Ingénieur Insa.<br />

<strong>Le</strong> recteur Capelle va plus loin et déci<strong>de</strong>, dès la première promotion, <strong>de</strong><br />

décerner le même diplôme aux <strong>de</strong>ux sections.<br />

Après ces premiers pas soutenus par le gouvernement, la route<br />

est émaillée d’embuches, faite <strong>de</strong> creux et <strong>de</strong> bosses, le soutien politique<br />

s’estompe, le recteur Capelle quitte la direction au printemps 1961 s<strong>ans</strong><br />

diplômer <strong>de</strong> lui-même la première promotion, laissant place à une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> doute. L’Insa ne bénéficie pas alors d’une gran<strong>de</strong> notoriété et il<br />

arrive <strong>de</strong> lire d<strong>ans</strong> les annonces “Recherchons ingénieur sauf Insa”.<br />

<strong>Le</strong> gouvernement dépêche un premier émissaire, M. <strong>Le</strong>febvre,<br />

directeur <strong>de</strong> 1961 à 1967, avec pour ordre <strong>de</strong> contrôler les dépenses <strong>de</strong><br />

l’Institut et son exp<strong>ans</strong>ion, voire les diminuer pour bien faire. Ces années<br />

sont celles <strong>de</strong> l’immobilisme, “du chat au dos rond” et du ménagement<br />

Scolarité<br />

<strong>de</strong> la chèvre et du chou. Bref, M. <strong>Le</strong>febvre n’étant pas assez efficace, il est<br />

remplacé par M. Bonvalet en 1967, débarqué avec mission ministérielle.<br />

En tout juste un an, le directeur Bonvalet, mène une réforme<br />

d’ampleur. D’un, le premier cycle <strong>de</strong>vient un département et la formation<br />

y passe d’un an à <strong>de</strong>ux : on double donc ses effectifs et l’on conserve<br />

les mêmes locaux. L’arrivée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième année n’est pas s<strong>ans</strong> problème<br />

sur le plan pédagogique, doit-on en faire une nouvelle année <strong>de</strong><br />

cycle préparatoire ou est-elle une année à la préparation spécifique du<br />

département qui suivra ? Pour nous autres, un tel questionnement est<br />

surprenant, il prouverait que la problématique pédagogique ait un jour<br />

eu sa place d<strong>ans</strong> l’usine à gaz qu’est le premier cycle.<br />

De <strong>de</strong>ux, la section technicien supérieur est supprimée et seule<br />

celle d’ingénieur <strong>de</strong>meure. De trois, une refonte <strong><strong>de</strong>s</strong> départements est<br />

opérée. Certains acquièrent leur dénomination actuelle comme GE ou<br />

GMC, d’autres sont créés à partir d’anciens départements comme IF et<br />

GMD. En 1968, M. Bonvalet quitte l’Insa, faisant place à M. Robin, directeur<br />

par intérim jusqu’en 1974.<br />

<strong>Le</strong>s années qui suivent sont prospères et le développement,<br />

bien que ralenti, se poursuit sous l’impulsion <strong>de</strong> M. Hamelin puis <strong>de</strong><br />

M. Rochat. Nous <strong>de</strong>vons au premier la création du département GEN<br />

en compensation <strong>de</strong> la fermeture du département <strong>de</strong> Chimie, puis une<br />

réflexion sur les filières internationales du premier cycle, au lancement<br />

concrétisé quelques années plus tard par le travail <strong>de</strong> M. Bureau. <strong>Le</strong> second<br />

renouvelle la formation en s’attelant à l’ouverture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouveaux<br />

départements d<strong>ans</strong> l’ère du temps, Génie Productique (actuel GI)<br />

en 1992 puis TC en 1998.<br />

Surmonter les lobbys, passer les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> creuses, se vendre,<br />

adapter la formation au marché, tels sont les défis pour la notoriété d’un<br />

diplôme, hier, aujourd’hui et <strong>de</strong>main. <strong>Le</strong> nôtre, plus ou moins bien défendu<br />

par les directeurs successifs, fils d’une idée mal accueillie, a su<br />

malgré tout se faire une place. Espérons les 50 prochaines années aussi<br />

heureuses que les premières.


Scolarité<br />

Ce héros Rochat, rond et croquant<br />

N°83 - Fév. 2001<br />

En février 2001, alors qu’il s’apprête à laisser sa place à Alain Storck, Joël Rochat accor<strong>de</strong> une <strong>de</strong>rnière interview<br />

à L’Insatiable. C’est l’occasion pour lui <strong>de</strong> faire ses adieux (déchirants) aux étudiants.<br />

Après avoir été à la tête <strong>de</strong> l’Insa<br />

pendant dix <strong>ans</strong>, Joël Rochat doit cé<strong>de</strong>r sa<br />

place au mois <strong>de</strong> mai. Il a accepté <strong>de</strong> répondre<br />

à nos questions sur différents aspects<br />

<strong>de</strong> notre institut. Ainsi, ses meilleurs et ses<br />

pires souvenirs, ses objectifs et réalisations,<br />

le rayonnement <strong>de</strong> l’Insa et l’avenir en politique,<br />

JR nous dit tout. Ou presque.<br />

Alain Satiable : Bonjour M. Rochat. Avant<br />

<strong>de</strong> commencer cette interview, je voudrais<br />

savoir si, pour coller à la mo<strong>de</strong>, on peut se<br />

tutoyer ?<br />

Joël Rochat : Bien sûr, mais je crains que ce<br />

ne soit plus facile pour moi que pour toi...<br />

A.S. : Bien, vous, heu, Joël, quel est ton<br />

meilleur souvenir <strong>de</strong> ces années lnsa ?<br />

J.R. : C’est assez difficile à dire, ce qui m’a le<br />

plus marqué est que l’Insa est un établissement<br />

plein <strong>de</strong> surprises. Au niveau étudiant,<br />

j’ai <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs <strong>de</strong> spectacles <strong>de</strong> D<strong>ans</strong>e-<br />

Etu<strong><strong>de</strong>s</strong>, d’expositions Arpets’ ou encore <strong>de</strong><br />

présentations <strong>de</strong> projets, tous ces événements<br />

permettant <strong>de</strong> se rendre compte du<br />

pr<strong>of</strong>essionnalisme <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants. Quant au<br />

niveau <strong>de</strong> la direction, j’ai aimé sentir que les<br />

choses bougeaient.<br />

A.S. : Et ton plus mauvais souvenir ?<br />

J.R. : S<strong>ans</strong> conteste la crise <strong>de</strong> 1996,<br />

avec la grève <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants contre la<br />

diminution <strong><strong>de</strong>s</strong> heures sup’ <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignants.<br />

La négociation avec les élus<br />

étudiants a finalement enclenché une<br />

démarche qualité à l’Insa. Cette réaction<br />

m’a pr<strong>of</strong>ondément affecté, c’était<br />

assez dur pour l’ego, c’est pourquoi<br />

j’ai eu envie <strong>de</strong> chanter mon discours<br />

lors <strong>de</strong> la remise <strong><strong>de</strong>s</strong> diplômes en fin<br />

d’année. C’était une manière d’évacuer,<br />

il faut savoir que j’ai bossé <strong>de</strong>ux<br />

ou trois heures. Mais attention, je<br />

vous dis là <strong><strong>de</strong>s</strong> choses intimes.<br />

A.S. : Merci pour ce moment privilégié<br />

Joël. Quels étaient tes objectifs à<br />

ton arrivé ?<br />

J.R. : En fait, à l’époque, l’Insa souffrait<br />

du “syndrome Citroën”, c’est-àdire<br />

qu’il n’écoutait pas les attentes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> “clients”. Ma mission était <strong>de</strong><br />

recoller aux exigences <strong>de</strong> l’extérieur<br />

c’est-à-dire <strong>de</strong> former <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs<br />

plus complets, plus ouverts sur le métier<br />

<strong>de</strong> cadre, l’entreprise, l’international... La<br />

formation d’ingénieur ne se résumant pas à<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> équations.<br />

A.S. : D<strong>ans</strong> quelle mesure penses-tu avoir<br />

atteint tes objectifs ?<br />

J.R. : L’Insa a évolué, et ce n’est pas fini ! C’est<br />

une école faite d’un mélange <strong>de</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie et<br />

d’ambition, s<strong>ans</strong> cesse en mouvement. C’est<br />

ma gran<strong>de</strong> fierté, l’Insa, pas mon action, ça<br />

c’est s<strong>ans</strong> intérêt. Et d’ailleurs, je pense que<br />

l’Insa évoluera toujours.<br />

A.S. : Quels sont les dossiers brûlants que tu<br />

laisses à ton successeur, M. Storck ?<br />

J.R. : Il y a un dossier immédiat, c’est celui <strong>de</strong><br />

l’augmentation du nombre d’étudiants. Cette<br />

année par exemple, il y a 100 élèves <strong>de</strong> plus<br />

mais le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignants est resté le<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

même. Il y a aussi le dossier <strong><strong>de</strong>s</strong> locaux du<br />

département Télécom. D<strong>ans</strong> les <strong>de</strong>ux cas les<br />

moyens ne suivent pas la croissance. D<strong>ans</strong><br />

les dossiers sensibles, il y a aussi, et tout le<br />

mon<strong>de</strong> le sait, les 35 heures. Ça va créer <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tensions puisqu’ il faut continuer à assurer<br />

nos missions <strong>de</strong> la même façon voire mieux,<br />

avec moins d’heures. C’est un vrai challenge.<br />

A.S. : L’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> est la plus grosse école<br />

d’ingénieurs <strong>de</strong> France, mais son rayonnement<br />

semble encore limité...<br />

J.R. : Mes petits canards, moi, je travaille<br />

sur documents, pas sur impressions. D<strong>ans</strong><br />

le Nouvel Economiste, nous sommes <strong>de</strong>vant<br />

Centrale <strong>Lyon</strong> à l’indice <strong>de</strong> notoriété,<br />

juste <strong>de</strong>rrière l’ENSAM, les écoles les plus<br />

connues étant aussi les plus vieilles.<br />

A.S. : Là tu fais un peu <strong>de</strong> langue <strong>de</strong> bois...<br />

mais aujourd’hui si tu étais étudiant, tu choisirais<br />

Polytechnique ou l’Insa ?<br />

J.R. : C’est une question <strong>de</strong> choix personnel...<br />

L’ X ouvre plus <strong>de</strong> portes pour <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong><br />

haute responsabilité car il ne faut pas se cacher<br />

que la société est toujours très hiérarchisée.<br />

L’ Insa est une meilleure école du développement<br />

personnel. Au bout <strong>de</strong> quelques<br />

temps, elle ouvre les mêmes portes que l’X.<br />

A.S. : Que penses-tu <strong><strong>de</strong>s</strong> sections Eurinsa,<br />

Asinsa et Amerinsa ? Bientôt un Afrinsa ?<br />

J.R. : C’est un gros succès reconnu à l’extérieur.<br />

<strong>Le</strong> problème qui se pose maintenant est<br />

celui <strong>de</strong> l’intégration, il faut faire attention aux<br />

effets <strong>de</strong> ghetto, je veux dire qu’il faut veiller à<br />

ce que les étrangers ne restent pas entre gens<br />

du même pays. En fait, Afrinsa existe déjà<br />

en quelque sorte : les étudiants marocains<br />

ou tunisiens sont intégrés au Premier Cycle<br />

<strong>de</strong>puis longtemps. Pour ce qui est d’accueillir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants venus d’autres pays d’Afrique,<br />

nous n’y avons pas encore pensé.<br />

A.S. : On parle souvent <strong>de</strong> baisse du niveau<br />

<strong>de</strong> l’enseignement secondaire, ton avis ?<br />

J.R. : Je suis assez inquiet, il semblerait qu’il<br />

y ait une baisse <strong>de</strong> la capacité d’approche<br />

scientifique. Je vous donne un exemple :<br />

36<br />

quand les gens doivent simplifier un calcul<br />

et qu’ils ne savent pas pourquoi ils doivent<br />

simplifier, ça veut dire qu’ils n’ont rien compris.<br />

I<strong>de</strong>m lorsqu’ il faut remonter aux définitions<br />

. . .<br />

A.S. : Il y a quelques années, tu dénonçais<br />

d<strong>ans</strong> L’Insatiable l’individualisme grandissant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens, comment les juges-tu actuellement<br />

?<br />

J.R. : L’Insa est le reflet <strong>de</strong> la société qui ellemême<br />

n’évolue pas beaucoup. Du moins je<br />

pense. La tendance est toujours à l’individualisme<br />

et au consumérisme, les jeunes qui<br />

entrent ici n’y échappent pas. Il faudrait travailler<br />

sur ce dossier à l’avenir. Ensuite, si on<br />

parle <strong>de</strong> la baisse d’intensité <strong>de</strong> la vie associative,<br />

elle est peut-être due au travail en projet<br />

qui accapare beaucoup <strong>de</strong> temps et d’énergie.<br />

Peut-être aussi que l’international vi<strong>de</strong> l’Insa<br />

<strong>de</strong> ses éléments dynamiques en 4 ème année.<br />

A.S. : Oui mais justement, pour les associations<br />

le recrutement est un réel problème.<br />

On a l’impression que l’engagement associatif<br />

n’ est pas assez reconnu.<br />

J.R. : C’est vrai que c’est dommage, mais<br />

le Directeur <strong>de</strong> l’Insa que je suis a souhaité<br />

que la formation au travail en équipe, aux<br />

projets, c’est-à-dire les capacités méthodologiques<br />

et sociales par rapport aux<br />

capacités techniques, ne soit pas laissée<br />

au seul volontariat. En effet, on<br />

remarque que c’est souvent ceux qui<br />

en ont le plus besoin qui ont le plus <strong>de</strong><br />

mal à s’engager d<strong>ans</strong> une association.<br />

Il y a concurrence, c’est vrai, comme<br />

il y a concurrence <strong>de</strong> l’international.<br />

Je pense qu’il faut réfléchir à valoriser<br />

un certain type <strong>de</strong> vie associative, plus<br />

tourné vers l’extérieur, qui existe déjà<br />

un peu d’ailleurs avec Lato Sensu,<br />

Rapp, le Forum, j’en oublie...<br />

A.S. : Parlons maintenant <strong>de</strong> ton avenir<br />

et <strong>de</strong> ton engagement politique…<br />

J.R. : Tout d’ abord, je suis candidat au<br />

titre <strong>de</strong> la société civile sur la liste <strong>de</strong><br />

M. Collomb (PS). Ensuite, mon futur<br />

métier dépend du résultat <strong><strong>de</strong>s</strong> élections.<br />

Plusieurs choix s’<strong>of</strong>frent à moi,<br />

le premier serait <strong>de</strong> cumuler un emploi<br />

<strong>de</strong> consultant pour dirigeants à<br />

mi-temps avec mes fonction d’élu. Je<br />

me verrais bien aussi comme directeur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> services d’une collectivité territoriale,<br />

ou encore directeur d’une école “en mouvement”.<br />

Une <strong>de</strong>rnière possibilité serait <strong>de</strong><br />

diriger une association travaillant en liaison<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> industriels.<br />

A.S. : Quelques questions idiotes pour finir...<br />

Lis-tu L’Insatiable ?<br />

J.R. : Moins <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, j’aime beaucoup<br />

les potins et les dossiers, un peu moins<br />

les articles <strong>de</strong> grincheux.<br />

A.S. : Combien <strong>de</strong> sucres peut-on prendre<br />

au Grand Restau ?<br />

J.R. : [Rires] Je n’ en ai vraiment aucune<br />

idée.<br />

Deux. JR, merci.<br />

o


Alain Satiable : Pouvez-vous nous décrire<br />

votre parcours pr<strong>of</strong>essionnel ?<br />

Alain Storck : Je suis ingénieur, pas <strong>de</strong><br />

l’Insa, nobody is perfect, mais <strong>de</strong> l’ENSIC<br />

<strong>de</strong> Nancy en<br />

génie chimique.<br />

J’ai dirigé<br />

cette école<br />

à partir <strong>de</strong><br />

1992. Puis, sur<br />

les conseils<br />

d’un ami, j’ai<br />

déposé ma<br />

candidature<br />

à la direction<br />

<strong>de</strong> l’Insa.<br />

Aujourd’hui,<br />

trois <strong>ans</strong> et<br />

<strong>de</strong>mi après, je<br />

ne le regrette<br />

pas.<br />

A. Satiable : En quoi consiste votre travail ?<br />

A. Storck. : La journée d’un directeur, c’est<br />

concourir au développement <strong>de</strong> la maison,<br />

faire en sorte qu’on ait une côte qui grimpe<br />

car c‘est ce qui fera que vous trouverez du<br />

travail d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> meilleures conditions.<br />

A. Satiable : Quels sont vos projets pour<br />

l’Insa ?<br />

A. Storck : L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> chantiers est l’évolution<br />

<strong>de</strong> la formation sur le contenu et sur les<br />

métho<strong><strong>de</strong>s</strong> pédagogiques. On passe d’une<br />

logique <strong>de</strong> connaissances à une logique <strong>de</strong><br />

compétences. La pluridisciplinarité est également<br />

à l’ordre du jour, avec la mise en place<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> options tr<strong>ans</strong>versales en 5 ème année.<br />

A. Satiable : On vous dit carriériste...<br />

A. Storck : Moi je suis pr<strong>of</strong>, classe exceptionnelle<br />

<strong>de</strong>uxième échelon, je ne peux plus avoir<br />

<strong>de</strong> promotion. Il y a bien les médailles mais<br />

je les ai toujours refusées. J’ai même refusé<br />

les palmes académiques. À mon age en général,<br />

avec ce que j’ai fait, on est Officier ou<br />

Comman<strong>de</strong>ur... Je ne veux pas être ministre<br />

et j’ai refusé d’être recteur. Cette réputation<br />

est probablement due au fait que je multiplie<br />

les contacts d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong> politique, j’ai encore<br />

rencontré le ministre <strong>de</strong> l’éducation nationale,<br />

François Fillon, hier. Ces rencontres<br />

sont toujours motivées par l’Insa.<br />

A. Satiable : On dit l’Insalien fêtard voire<br />

“je-m‘enfoutiste”, comment étiez-vous à 20<br />

<strong>ans</strong> ? Participiez-vous à la vie associative ?<br />

A. Storck : J’étais trop serieux. Je n’ai jamais<br />

eu <strong>de</strong> réelles responsabilités associatives,<br />

mais je participais au Gala <strong>de</strong> mon école.<br />

Pour tout dire… j’étais un peu polar.<br />

A. Satiable : On présente l’Insa comme en<br />

avance sur le développement durable, qu’en<br />

est-il ?<br />

A. Storck : Une <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> réussites a été<br />

l’obtention <strong>de</strong> la certification ISO 14001 sur<br />

un périmètre restreint aux départements<br />

Biosciences et Génie Energétique. Cette démarche<br />

a un coût très élevé : 400 000 F et il<br />

faudrait 5 à 6 fois plus pour l’étendre à toute<br />

l’Insa. Certains directeurs <strong>de</strong> département<br />

traînent les pieds.<br />

A. Satiable : L’Insa a été créé pour porter,<br />

entre autres choses, certaines valeurs <strong>de</strong> justice<br />

sociale. Pensez-vous que ce soit toujours<br />

le cas ?<br />

A. Storck : Notre succès nous mène peut<br />

être d<strong>ans</strong> une direction qui bafoue un<br />

peu ce principe. <strong>Le</strong>s entretiens ont été<br />

réintroduits pour<br />

ne pas pas favoriser<br />

les fils à papa qui qui<br />

auraient une culture<br />

<strong>de</strong> vernis mais<br />

d’aller en pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong>ur<br />

pour cerner<br />

les motivations. motivations. La<br />

filière TSI [ndlr :<br />

FAS] va aussi d<strong>ans</strong><br />

ce sens.<br />

A. Satiable : On<br />

parle <strong>de</strong> l’intégration du site d’Oyonnax,<br />

peu d’élèves se sont dirigés vers cette filière.<br />

Qu’en pensez vous ?<br />

A. Storck : Aujourd’hui on a 16 élèves sur<br />

37<br />

Scolarité<br />

Jusqu’à épuisement du StorckN°101<br />

- Oct. 2004<br />

Alain Storck prend les rênes <strong>de</strong> l’Insa en 2001 et, à l’heure où j’écris ces lignes, il ne les a toujours pas<br />

lâchées. Trois <strong>ans</strong> après son arrivée, il se confie à Alain Satiable dont il vole, pour l’occasion, les initiales.<br />

L’année 1991 aura été marquée par<br />

le départ du Directeur <strong>de</strong> l’Insa, Raymond<br />

Hamelin. Arrivé en 1974, il restera à sa tête<br />

pendant 16 <strong>ans</strong>, un record inégalable puisque<br />

normalement limité à dix. Voici donc le<br />

testament symbolique <strong>de</strong> celui qui a accueilli<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> générations d’Insaliens à coups <strong>de</strong> “la<br />

première année est une année P...”<br />

Alain Satiable : Pour commencer, quel a été<br />

votre parcours, avant le poste <strong>de</strong> Directeur ?<br />

Raymond Hamelin : Je suis Normalien.<br />

Après ma thèse, j’ai quitté l’université<br />

pour entrer d<strong>ans</strong> l’industrie où<br />

j’étais chargé <strong>de</strong> la direction <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches<br />

menées avec les labos universitaires.<br />

A.S. : Pour quelles raisons vous êtes-vous<br />

présenté à la direction <strong>de</strong> l’Insa ?<br />

R.H. : En 1974, l’Insa était d<strong>ans</strong> une situation<br />

très inquiétante. Il était resté cinq <strong>ans</strong> s<strong>ans</strong><br />

directeur <strong>of</strong>ficiel. Il avait été ensuite confié à<br />

quelqu’un qui ne resta que quelques mois.<br />

Il se trouvait à l’époque que <strong><strong>de</strong>s</strong> industriels<br />

<strong>Lyon</strong>nais étaient <strong>de</strong>venus soucieux <strong>de</strong> cette<br />

situation. Ils m’ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> m’intéresser<br />

à la question. De mon côté, j’avais <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes<br />

d’orientation <strong>de</strong> carrière du fait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> restructurations.<br />

A.S. : Quelle a été, après votre élection, votre<br />

politique <strong>de</strong> remise sur pied <strong>de</strong> l’institut ?<br />

R.H. : La première chose a été <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong><br />

l’ordre d<strong>ans</strong> les départements. Certains <strong>de</strong>vaient<br />

se reformer. Nous avons repensé le<br />

Premier Cycle avec la distinction entre 1 ère<br />

et 2 nd année, l’apparition <strong><strong>de</strong>s</strong> options et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

groupes spéciaux. Il était également important<br />

<strong>de</strong> remettre <strong>de</strong> l’ordre d<strong>ans</strong> les laboratoires<br />

dont certains n’avait pas atteint la “masse<br />

critique”. De 40, on est passés à 30. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

chantier a été <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>former la vie <strong>de</strong><br />

24, on craignait que ce soit moins. On sera<br />

le premier pôle européen <strong>de</strong> plasturgie, ça<br />

renforce l’Insa.<br />

A. Satiable : Ne trouvez-vous pas que la<br />

frontière entre le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise et<br />

l’Insa est <strong>de</strong> plus en plus floue ?<br />

A. Storck : L’Insa est une gran<strong>de</strong> école, la<br />

liberté académique ne doit pas être bafouée<br />

par la compromission avec les milieux économiques.<br />

On forme <strong><strong>de</strong>s</strong> ingénieurs. Ca me<br />

paraît évi<strong>de</strong>nt qu’on a besoin <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises<br />

pour les placer.<br />

A. Satiable : Au premier cycle, il n’y a plus<br />

<strong>de</strong> support pour les cours <strong>de</strong> maths, certains<br />

pr<strong>of</strong>esseurs incitent les élèves à acheter leurs<br />

livres. On parlait d’équité sociale…<br />

A. Storck : Il n’y a pas <strong>de</strong> raisons que les mathématiques<br />

fassent jurispru<strong>de</strong>nce. Je ne suis<br />

pas favorable à un mouvement qui supprime<br />

les polys et qui incite les élèves à acheter les<br />

livres rédigés par les pr<strong>of</strong>s.<br />

o<br />

L’Hamelin tenduN°33<br />

- Mars 91<br />

Recordman <strong>de</strong> longévité à la tête <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, Raymond Hamelin<br />

s’exprime à quelques mois <strong>de</strong> son départ.<br />

l’internat. J’ai essayé d’en faire un élément<br />

<strong>de</strong> la formation. C’est passé par l’Association<br />

Sportive et les clubs dont l’Administration a<br />

tenté <strong>de</strong> faciliter le travail.<br />

A.S. : Pourtant les clubs ont l’impression <strong>de</strong><br />

n’avoir aucun contact avec l’Administration.<br />

R.H. : C’est qu’elle n’est pas trop pesante. Il<br />

faut que ce soient les élèves qui animent les<br />

clubs, sinon c’est raté. Nous avons refait la<br />

Roton<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Humas, cela a été bigrement<br />

laborieux. On pourrait faire beaucoup plus,<br />

mais cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du temps, <strong>de</strong> l’argent et<br />

surtout <strong>de</strong> la persuasion, que je n’ai peut être<br />

pas toujours eue.<br />

A.S. : Maintenant que vous n’êtes plus Directeur,<br />

qu’allez vous faire?<br />

R.H. : C’est administrativement très simple.<br />

J’étais pr<strong>of</strong>esseur <strong>de</strong> chimie organique à<br />

l’université Paris VI. Je suis donc remis, <strong>de</strong><br />

facto, à la disposition <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt.<br />

A.S. : Quel sont vos souhaits pour le futur ?<br />

R.H. : Je crains que la dynamique liée à l’image<br />

ne soit pas terminée et que nous ayons un<br />

jour 98% <strong>de</strong> mentions B et TB et donc moins<br />

d’élèves équilibrés. Nous le sentons déjà en<br />

sport-étu<strong><strong>de</strong>s</strong> où le recrutement <strong>de</strong>vient très<br />

difficile. Il faudrait développer en France<br />

d’autres Instituts pour satisfaire les <strong>25</strong> 000<br />

candidats. Il faut également que nos filiales<br />

fassent leur place. <strong>Le</strong> CAST n’est encore<br />

qu’un institut <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> province. Il<br />

faut qu’il se développe au niveau national.<br />

Insavalor a ouvert la première tranche du<br />

CEI. C’est une action relativement originale<br />

que j’espère voir se développer. Cela constitue<br />

un testament, pas une contrainte pour<br />

le nouveau Directeur. Il peut avoir d’autres<br />

idées et c’est parfaitement naturel.<br />

FOX<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Pages 8<br />

L’Insatiable<br />

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L’Insatiable<br />

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Scolarité<br />

L’Insa s’embarque pour l’AsieN°67<br />

- Déc. 97<br />

Pour un dossier intitulé “Insa, un institut international”, Alain a rencontré Didier Vray, véritable papa <strong>de</strong> la section<br />

Asinsa. Il nous décrit la genèse <strong>de</strong> ce projet ainsi que ses ambitions pour le futur.<br />

Hiver 1997 : une rumeur court sur le campus.<br />

Des étudiants asiatiques <strong>de</strong>vraient inaugurer<br />

une nouvelle section à la rentrée<br />

prochaine. L’Insatiable a rencontré D. Vray,<br />

l’initiateur du projet.<br />

Alain Satiable : Où en est le projet Asinsa ?<br />

Didier Vray : Actuellement, nous préparons<br />

ce qu’il faut pour qu’Asinsa voie le jour à la<br />

rentrée prochaine, en 1998. Entre autres, le<br />

recrutement <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves asiatiques potentiels<br />

a déjà commencé.<br />

A.S. : Combien d’étrangers comptez-vous<br />

accueillir ? De quelle provenance ?<br />

D.V. : Nous comptons ouvrir à la rentrée<br />

prochaine un groupe d’étudiants, constitué<br />

pour moitié <strong>de</strong> Français, pour moitié<br />

d’étrangers. Mais nous allons augmenter le<br />

nombre <strong>de</strong> groupes (un par an), jusqu’à atteindre<br />

le chiffre <strong>de</strong> 100 étudiants. <strong>Le</strong>s pays<br />

cibles sont ceux qui ont déjà <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts<br />

avec l’Insa et ceux qui ont été indiqués au<br />

niveau national, d<strong>ans</strong> le cadre d’une politique<br />

gouvernementale pour l’ouverture sur<br />

l’Asie. Ces pays sont la Corée, la Chine, la<br />

Malaisie, l’Indonésie, Singapour, la Thaïlan<strong>de</strong><br />

et Taïwan.<br />

A.S. : Comment comptez-vous assurer<br />

l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers?<br />

D.V. : <strong>Le</strong>s étudiants asiatiques <strong>de</strong>vront<br />

suivre une préformation <strong>de</strong> 4 à 6 mois (éventuellement<br />

plus longue), au cours <strong>de</strong> laquelle<br />

l’accent sera mis sur le Français (cours soutenus)<br />

avec une présentation <strong>de</strong> la culture<br />

française et européenne, ainsi qu’une remise<br />

à niveau scientifique.<br />

Eurinsa, ce sale gosse N°42 - Déc. 92<br />

Quelques mois après la création d’Eurinsa, un petit bilan s’impose. État<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong>de</strong> la première section internationale créée à l’Insa.<br />

Il y a <strong>de</strong> cela <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, M. Bureau,<br />

déjà instigateur <strong>de</strong> SCAN, faisait part<br />

<strong>de</strong> son projet Eurinsa, alors sur le point <strong>de</strong><br />

naître. Aujourd’hui, c’est l’heure du bilan.<br />

La section a débuté en septembre 1992 d<strong>ans</strong><br />

le but <strong>de</strong> donner à l’Insa une dimension<br />

européenne nécessaire à sa survie d<strong>ans</strong> les<br />

décennies à venir. Elle se compose d’un tiers<br />

<strong>de</strong> Français, d’un tiers <strong>de</strong> la CEE, le reste<br />

venant <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est. La section comporte<br />

actuellement un groupe <strong>de</strong> 2 ème année<br />

et <strong>de</strong>ux d’Euro-bizuths, soit en tout 72 étudiants,<br />

le but étant <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>ux lanières<br />

complètes qui rejoindront<br />

le Premier Cycle d’ici dix<br />

<strong>ans</strong>.<br />

Tout va à vélo<br />

L’enseignement<br />

est très semblable à celui<br />

du 1er Cycle mais la part<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Humas y est plus importante<br />

et le matériel<br />

informatique permet<br />

d’orienter les cours vers<br />

l’IF scientifique. Enfin, les<br />

cours <strong>de</strong> MPT <strong><strong>de</strong>s</strong> bizuths<br />

et certains cours <strong>de</strong> 2ème<br />

année ont lieu à la mairie<br />

du 6ème arrondissement<br />

<strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> et c’est là que les<br />

problèmes commencent...<br />

La mairie du 6ème se<br />

trouve à environ 3 km <strong>de</strong><br />

l’Insa. <strong>Le</strong>s étudiants doivent<br />

se rendre si loin par manque <strong>de</strong> place au<br />

1er Cycle : l’année <strong>de</strong>rnière, les pionniers <strong>de</strong><br />

la section avaient cours d<strong>ans</strong> une salle du<br />

bâtiment 401, mais avec 50 élèves <strong>de</strong> plus,<br />

ce n’était plus possible. M. Hamelin ayant<br />

négocié un accord avec ladite mairie, aucune<br />

autre option n’a été retenue. Or, les administrateurs<br />

n’ont rien prévu pour acheminer les<br />

élèves jusque là-bas... Quand on est Hongrois,<br />

qu’on débarque avec la moitié <strong>de</strong> la paye<br />

<strong>de</strong> papa-maman en poche (environ 100 F),<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

payer 70 F le ticket <strong>de</strong> bus, ça fait mal !<br />

M. Bureau pensait acquérir <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos<br />

pour qu’enfin les euro-bizuths ne loupent<br />

plus le restau quand un pr<strong>of</strong> sadique les<br />

gar<strong>de</strong> jusqu’à 12h15. <strong>Le</strong> projet a été abandonné.<br />

En contrepartie <strong>de</strong> quoi, l’<strong>of</strong>fre <strong>de</strong><br />

M. Rochat <strong>de</strong> payer <strong><strong>de</strong>s</strong> abonnements TCL<br />

pour la moitié <strong>de</strong> l’année a elle aussi été déclinée<br />

par souci d’égalité entre les étudiants.<br />

<strong>Le</strong> problème est donc <strong>de</strong> savoir si l’Insa doit<br />

assumer complètement son incapacité à accueillir<br />

tous ces élèves ou si ce sont eux qui<br />

doivent assumer le fait d’avoir choisi l’Insa<br />

plutôt que <strong>de</strong> rester d<strong>ans</strong><br />

leur pays d’origine. <strong>Le</strong>s<br />

étrangers d<strong>ans</strong> le besoin<br />

<strong>de</strong>vront venir puiser<br />

d<strong>ans</strong> le fond <strong>de</strong> solidarité<br />

<strong>de</strong> l’Insa et chercher leurs<br />

brouzoufs eux-mêmes.<br />

Paroles paroles...<br />

De plus, il est inexact<br />

qu’on ait promis aux futurs<br />

Eurinsaliens qu’ils<br />

auraient cours sur le<br />

campus : d<strong>ans</strong> l’acte<br />

<strong>de</strong> candidature figure<br />

qu’ils auraient lieu au<br />

Lycée International (la<br />

mairie, quoi...) ; d’autre<br />

part, aucun document<br />

ne permet <strong>de</strong> dire que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bourses ou un voyage<br />

<strong>de</strong> retour payé aient<br />

été envisagés... Cependant, il est très possible<br />

que les Eurinsaliens aient anticipé un<br />

tantinet sur les propos (promesses ?) d’un<br />

chef <strong>de</strong> section qui a un peu trop tendance<br />

aussi à prendre ses désirs pour <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités.<br />

L’espoir est là, comme nous l’a<br />

prouvé la chouille Eurinsa. Espérons que les<br />

prochaines initiatives <strong>de</strong> l’association Eurinsa<br />

connaîtront le même engouement <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> nous autres Insaliens.<br />

SUPER<br />

40<br />

A.S. : Comment les élèves étrangers d’Asinsa<br />

seront-ils sélectionnés ?<br />

D.V. : Nos contacts sur place “repèrent” les<br />

élèves potentiels, ceux qui ont un niveau suffisant<br />

et qui ont manifesté le désir d’étudier<br />

en France, voire auraient <strong>de</strong>mandé l’Insa par<br />

voie normale, avec toutes les difficultés que<br />

cela implique.<br />

A.S. : Y aura-t-il une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> cours en<br />

langue étrangère ?<br />

D.V. : L’accent sera effectivement porté sur<br />

les langues. Nous avions imaginé, au début<br />

du projet, que les cours pourraient se dérouler<br />

pour la plupart en français, mais plus les<br />

choses avancent et plus nous nous rendons<br />

compte que l’Anglais sera également présent,<br />

au moins sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>ition.<br />

A.S. : <strong>Le</strong>s étudiants étrangers d’Asinsa<br />

ont- ils pour objectif <strong>de</strong> travailler en France<br />

ou d<strong>ans</strong> leur pays d’origine ?<br />

D.V. : C’est clairement la <strong>de</strong>uxième solution<br />

qui est la bonne. L’objectif est que les asiatiques<br />

viennent étudier en France et retournent<br />

d<strong>ans</strong> leur pays pour être en quelque<br />

sorte <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> la culture<br />

française et européenne, fassent valoir leur<br />

diplôme Insa, travaillent d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entreprises, si possible françaises...<br />

A.S. : L’Insa est-il prêt à accueillir autant<br />

d’étudiants supplémentaires ? Où vont-ils<br />

être logés? Qui payera et que payeront les<br />

étrangers ?<br />

D.V. : Il est évi<strong>de</strong>nt que l’Insa est prêt. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> budgets au ministère en<br />

tiennent compte. <strong>Le</strong>s étudiants étrangers<br />

payeront eux mêmes leur préformation,<br />

soit par leurs fonds propres, soit par une<br />

ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur pays d’origine. <strong>Le</strong>s activités que<br />

nous proposerons, ayant pour but <strong>de</strong> faire<br />

découvrir la culture française et européenne,<br />

seront à leur charge.<br />

A.S. : Au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> administrations et du collège<br />

pr<strong>of</strong>essoral comment est perçue cette<br />

nouvelle section ?<br />

D.V. : Je crois que la création d’Asinsa est<br />

globalement bien accueillie car elle est<br />

l’expression d’un désir d’ouverture sur<br />

l’étranger. Certains pr<strong>of</strong>esseurs se sont déjà<br />

manifestés pour faire savoir que le projet<br />

les intéressait et qu’ils voudraient y prendre<br />

une part active...<br />

A.S. : <strong>Le</strong> mot <strong>de</strong> la fin ?<br />

D.V. : Je crois que nous sommes sur la bonne<br />

voie, car cela fait déjà longtemps que d’autres<br />

ont commencé à accueillir <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants<br />

étrangers d<strong>ans</strong> leurs universités. Je pense en<br />

particulier à l’Australie, qui va chercher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étudiants asiatiques pour les former chez<br />

eux. <strong>Le</strong> problème, c’est qu’ils font payer cher<br />

cette formation et que le diplôme est acquis<br />

à la fin <strong>de</strong> la formation. À l’Insa, nous essayons<br />

<strong>de</strong> développer une notion “d’excellence”<br />

du diplôme, qui ne doit pas être attribué sur<br />

un chèque mais sur une formation soli<strong>de</strong><br />

et sérieuse. Cette politique d’exp<strong>ans</strong>ion et<br />

d’ouverture sur l’étranger se prolongera s<strong>ans</strong><br />

doute avec l’ouverture d’une section orientée<br />

vers l’Amérique du Sud. Amérinsa ?<br />

o


On peut dire que tous les acteurs<br />

<strong>de</strong> notre établissement ne sont pas<br />

a priori opposés à faire évoluer la formation,<br />

bien au contraire. La création (tardive)<br />

du COPEF (Comité <strong>de</strong> Pilotage pour<br />

l’Evolution <strong>de</strong> la Formation), qui a pour<br />

rôle déclaré <strong>de</strong> “constituer <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>de</strong><br />

travail qui réfléchissent sur les différentes<br />

possibilités” a d’ailleurs été bien accueillie<br />

par l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignant-chercheurs.<br />

On peut s’étonner que le COPEF n’ayant pas<br />

encore rendu sa copie, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lignes et<br />

les détails <strong>de</strong> c ette<br />

évolution déjà<br />

annoncés soient<br />

confirmés au fur<br />

et à mesure <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

occasions (voir<br />

dossier <strong>de</strong> presse<br />

du 13 octobre<br />

2003).<br />

Citons<br />

à ce propos, par<br />

exemple, la réforme<br />

<strong>de</strong> la 2eme année du Premier<br />

Cycle avec les<br />

ouvertures thématiques.<br />

On<br />

peut douter que la<br />

mise en place <strong>de</strong><br />

telles ouvertures<br />

soient <strong>de</strong> nature<br />

à palier la baisse<br />

constatée (par<br />

la direction) du<br />

niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> bacheliers<br />

en mathématiques<br />

et en physique.<br />

Il paraîtrait<br />

plus judicieux<br />

<strong>de</strong> se préoccuper<br />

justement <strong>de</strong><br />

l’adaptation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nouveaux bacheliers<br />

à leur arrivée<br />

en 1ère année<br />

en aménageant le 1er trimestre <strong>de</strong> celle-ci,<br />

d’organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> appr<strong>of</strong>ondissements d<strong>ans</strong><br />

les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> disciplines <strong>de</strong> base en fin <strong>de</strong> 2ème du ministère concernant l’origine sociale <strong><strong>de</strong>s</strong> filières Asinsa et Amerinsa sont <strong><strong>de</strong>s</strong> ex-<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants en 2000-2001 on peut relever emples à méditer.<br />

qu’il n’y a plus à l’Insa que 6,3 % d’enfants<br />

d’ouvriers contre 71,9% d’enfants <strong>de</strong> cadres<br />

supérieurs, pr<strong>of</strong>esseurs et pr<strong>of</strong>essions inter-<br />

<strong>Le</strong> financement<br />

médiaires. La tendance semble irréversible<br />

Sur ce point la direction s’est<br />

et les étudiants <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles comme exprimée <strong>de</strong> la façon suivante : “l’État<br />

l’Insa seront <strong>de</strong> plus en plus issus <strong>de</strong> milieux aura <strong>de</strong> moins en moins les moyens <strong>de</strong> fi-<br />

favorisés. Et l’existence <strong>de</strong> la filière TSI qui nancer l’enseignement”. S<strong>ans</strong> craindre<br />

est une très bonne chose ne l’inverse pas. qu’il y ait un risque <strong>de</strong> privatisation <strong>de</strong><br />

D<strong>ans</strong> la nouvelle procédure l’éducation, la direction se dit partisane d’une<br />

d’admission proposée pour 2004 qui a été “augmentation <strong>de</strong> la part du privé d<strong>ans</strong> le<br />

financement et<br />

plus d’autonomie<br />

d<strong>ans</strong> la gestion <strong>de</strong><br />

l’établissement”.<br />

<strong>Le</strong> désengagement<br />

<strong>de</strong> l’état en matière<br />

<strong>de</strong> financement<br />

<strong>de</strong> la recherche a<br />

fait que le métier<br />

d’enseignant-chercheur<br />

est <strong>de</strong>venu<br />

un métier où la<br />

“pluricompétence”<br />

est impérative.<br />

Pendant plusieurs<br />

années, l’Etat s’est<br />

contenté <strong>de</strong> réduire<br />

le budget <strong>de</strong> fonctionnement<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

investissements.<br />

Aujourd’hui, on<br />

remplace <strong><strong>de</strong>s</strong> emplois<br />

<strong>de</strong> chercheurs<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> CDD car<br />

l’état, à la recherche<br />

<strong>de</strong> rentabilité<br />

à court terme, se<br />

désengage <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>de</strong> la recherche.<br />

D<strong>ans</strong> ce<br />

contexte, que penser<br />

d’un financement<br />

par le privé<br />

<strong>de</strong> l’éducation ?<br />

Faudra-t-il les<br />

publiée, le mot “social” a malheureusement remplacer par <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignants contractuels<br />

disparu. <strong>Le</strong> changement rési<strong>de</strong>ra principale- pour avoir plus <strong>de</strong> flexibilité et <strong>de</strong> souplesse<br />

ment par un recrutement “précoce” dès face aux impératifs industriels en matière <strong>de</strong><br />

année comme cela se pratique déjà très bien début mai basé sur les dossiers scolaires formation <strong>de</strong> base et tout au long <strong>de</strong> la vie ?<br />

et <strong>de</strong>puis plusieurs années en Eurinsa évi- <strong>de</strong> première et <strong>de</strong> terminale pour fidélis- Pour information, d<strong>ans</strong> la case “financement<br />

tant toute pré-orientation <strong>de</strong> fait. On pourer les très bons candidats, une <strong>de</strong>uxième privé”, si les entreprises ne font pas entrer<br />

rait ainsi organiser d<strong>ans</strong> la continuité en vague jugée moins bonne sur dossier que la suffisamment d’argent pour le fonction-<br />

tr oisième année <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvertures thématiques première subit début juin <strong><strong>de</strong>s</strong> entretiens au nement et les investissements (et plus tard<br />

par grand domaine (Mécanique, STIC, Vie et cours <strong><strong>de</strong>s</strong>quels ces candidats à l’admission les salaires ?), on pourra toujours ajuster le<br />

Matière... ), faisant <strong>de</strong> cette année une année pourront “se vendre” en montrant leur “mo- levier “frais d’inscription”.<br />

charnière <strong>de</strong> passerelle entre départements tivation, ingéniosité, ouverture d’esprit”.<br />

La boucle est-elle mal bouclée ?<br />

<strong>de</strong> grand domaine. Cela aurait le mérite La part <strong>de</strong> subjectivité d<strong>ans</strong> l’évaluation <strong>de</strong> Va-t-on rentrer d<strong>ans</strong> une logique marchan<strong>de</strong><br />

d’introduire une certaine compatibilité avec ces critères laisse planer le risque <strong>de</strong> cer- où nos élèves <strong>de</strong>viendront nos clients et no-<br />

le système LMD facilitant la mobilité étuditaines admissions grâce aux capacités <strong>de</strong> tre établissement lui-même une entreprise ?<br />

ante au niveau “L”.<br />

communications, voire une démarche mar- Pourvu que <strong>de</strong> vrais débats constructifs<br />

Dispositif d’admission<br />

keting plutôt que par <strong><strong>de</strong>s</strong> compétences scientifiques...<br />

Ceci risque <strong>de</strong> pénaliser encore<br />

se mettent en place en parallèle <strong><strong>de</strong>s</strong> divers<br />

groupes <strong>de</strong> travail qui ont été lancés en 2003<br />

Il est rappelé d<strong>ans</strong> l’interview plus les élèves <strong><strong>de</strong>s</strong> milieux mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes et <strong>de</strong> et que personne ne soit accusé <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

que “les Insa mettent en avant qu’ils favoriser un peu plus ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> milieux so- procès d’intention. <strong>Le</strong> débat initié intéresse<br />

sont <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes ouverts socialement“. cialement privilégiés. Ceci peut se révéler directement notre établissement et le dé-<br />

En effet, c’était bien une <strong><strong>de</strong>s</strong> spécificités une très bonne piste pour garantir à l’avenir passe, il est salutaire pour nos élèves et pour<br />

<strong>de</strong> l’Insa lors <strong>de</strong> sa création en 1957, à l’époque un équilibre financier <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements les acteurs <strong>de</strong> la formation que nous sommes<br />

où près <strong>de</strong> 30% <strong><strong>de</strong>s</strong> admis étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants<br />

d’ouvriers ou d’employés. <strong>Le</strong> modèle Insa<br />

mettant en avant la mixité sociale était en<br />

rupture avec les approches très élitistes <strong>de</strong> la<br />

plupart les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> écoles. D<strong>ans</strong> les données<br />

comme l’Insa en s’appuyant pourquoi pas<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> frais <strong>de</strong> scolarité à la hauteur <strong>de</strong> nos<br />

ambitions, frais <strong>de</strong> scolarité qui ne pourront<br />

pas être payés par tout le mon<strong>de</strong>. À ce propos,<br />

les droits d’entrée que paient les élèves<br />

qu’il se poursuive, sereinement...<br />

A. SOUIF,<br />

Pr<strong>of</strong>esseur au département SGM<br />

R. EL GUERJOUMA,<br />

Maître <strong>de</strong> conférences au 1er copie, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lignes et d’admission proposée pour 2004 qui a été “augmentation <strong>de</strong> la part<br />

cycle<br />

41<br />

Scolarité<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> change, l’Insa aussi... N°96 - Oct. 2003<br />

Au temps <strong><strong>de</strong>s</strong> multiples réformes du Premier Cycle, <strong>de</strong>ux enseignants-chercheurs prennent la plume pour<br />

longuement décrire leur vision <strong><strong>de</strong>s</strong> changements, en cours et à venir.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Scolarité<br />

POTINS<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Grivois le PFE<br />

“Étu<strong>de</strong> prospective <strong>de</strong> la modélisation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes intervenant<br />

au cours <strong>de</strong> l’érection.” C’est le titre d’un<br />

Projet <strong>de</strong> Fin d’Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> proposé en 5GMC,<br />

en relation avec une équipe médicale <strong>de</strong><br />

l’IN SERM. Il s’agit d’élaborer un co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

calcul permettant <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong><br />

l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions et débis intracaverneux<br />

au cours <strong>de</strong> l’érection.<br />

Qui a parlé <strong>de</strong> masturbalion intellectuelle<br />

?<br />

Pour la postérité<br />

Lors <strong>de</strong> l’inauguration <strong>de</strong> la Roton<strong>de</strong>,<br />

on a pu entendre notre directeur<br />

général à tous, M. Hamelin, déclamer cette<br />

prose mémorable : “la salle <strong>de</strong> la Roton<strong>de</strong><br />

a quelque chose d’exceptionnel <strong>de</strong> par le<br />

fait que c’est la seule, à <strong>Lyon</strong>, à possé<strong>de</strong>r<br />

400 places. Il y en a qui ont plus, d’autres<br />

moins, mais c’est la seule <strong>de</strong> 400 places.”<br />

Y a pas à dire, y en a qu’ont fait<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> !<br />

À vos pinceaux<br />

30 000 F au C, 13 338 F au H ...<br />

C’est le prix <strong><strong>de</strong>s</strong> graffitis d<strong>ans</strong> les rési<strong>de</strong>nces.<br />

Comme le peintre prend trente francs<br />

du m², cela équivaut à environ 400 m² au<br />

H ! L’explication est que le type au pinceau<br />

a reçu l’ordre <strong>de</strong> repeindre tout mur contenant<br />

au moins un graffiti (et ce, quelque<br />

soit sa taille).<br />

C’est donc <strong>de</strong> l’entretien courant<br />

puisque les bâtiments sont repeints tous<br />

les dix <strong>ans</strong>. Là où ça <strong>de</strong>vient rigolo c’est que<br />

l’administration, toujours aussi judicieuse,<br />

compte cela comme <strong><strong>de</strong>s</strong> dégradations : les<br />

internes payeront donc !<br />

Encore un peu et nous verrons<br />

M. Blanc bomber le E avec <strong><strong>de</strong>s</strong> slog<strong>ans</strong> tels<br />

que “K-Fêt=Anarchie” ou “I Love Forum”<br />

et Arenillas peinturlurer le F avec <strong>de</strong> monstrueux<br />

“un Ricard, sinon rien !”, tout cela<br />

pour repeindre le E et F aux frais <strong>de</strong> leurs<br />

habitants.<br />

Job étudiant<br />

Des habitants du bâtiment A se<br />

sont vu facturer une porte, un globe et une<br />

fenêtre pour 6000 F alors que l’on va abattre<br />

ce bâtiment.<br />

Il est à noter que l’entrepreneur,<br />

lui, est payé pour tout flanquer par terre.<br />

La Gran<strong>de</strong> Classe<br />

M J.R. adjoint au Secretaire Général<br />

délégué à la vie étudiante, voulant<br />

serrer la main à l’ancien prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la K-<br />

Fêt a failli la confondre avec l’organe que ce<br />

<strong>de</strong>rnier était en train d’exhiber gaiment au<br />

bar.<br />

Jeune homme sérieux, bonne<br />

présentation, recherche crédibilité <strong>de</strong> toute<br />

urgence pour reconversion. Deman<strong>de</strong>z<br />

DKP’s aux heures d’ouverture.<br />

Linsha ? Connais pas N°12 - Déc. 86<br />

Un récit <strong>de</strong> science-fiction s’est égaré d<strong>ans</strong> nos colonnes. Mais pas <strong>de</strong><br />

panique, vous <strong>de</strong>vriez rapi<strong>de</strong>ment reconnaître l’environnement...<br />

Planète Linsah, la Doua : terminus.<br />

L’aéronef 69 vous dépose et vous comprenez<br />

tout <strong>de</strong> suite la raison du nom <strong>de</strong> la base :<br />

un énorme doigt en béton, dressé vers le ciel<br />

indique crûment aux étrangers qu’ils sont<br />

indésirables. C’est aussi pour ça que le tr<strong>ans</strong>port<br />

jusqu’ici est gratuit : “aller au Doua et<br />

à l’oeil” dit-on. Un homme grand, affable<br />

s’approche <strong>de</strong> vous : “suivez-moi, Monsieur,<br />

je vais vous faire visiter le camp <strong>de</strong> travail<br />

<strong>de</strong> Linsah.” Et il commence : entrons, levons<br />

les yeux : au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la grille “Chia<strong>de</strong> dur<br />

et tais-toi”, la <strong>de</strong>vise séculaire <strong>de</strong> la planète.<br />

Parcourons les rues <strong>de</strong> ce paradis, enfonçons<br />

nous d<strong>ans</strong> l’alignement martial <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

constructions. <strong>Le</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>ign futuriste vous frappe,<br />

l’élégance vous coupe le souffle, l’assorti<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs vous tr<strong>ans</strong>porte : un grisâtre<br />

et un rosâtre du meilleur effet. Comment ?<br />

Quelles ruines ? Non, ce sont les rési<strong>de</strong>nces<br />

surveillées <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants ; et le blockhaus làbas?<br />

C’est la Roton<strong>de</strong>, un îlot <strong>de</strong> culture.<br />

Il y a aussi ces bâtiments clairs<br />

et confortables, désinfectés, aseptisés où<br />

bâillent ceux d’entre nous qu’on appellent<br />

les administr’actifs ou administr’hatifs :<br />

noms qu’ils sont loin <strong>de</strong> justifier. Pardon ?<br />

Ces aboiements <strong>de</strong> désespoir que vous enten<strong>de</strong>z<br />

? S<strong>ans</strong> doute un animal abandonné<br />

à quelques savants fous, qui prétextent la<br />

science pour assouvir leurs instincts sanguinaires.<br />

La routine, quoi. Et cette o<strong>de</strong>ur putri<strong>de</strong><br />

? C’est que nous approchons du restaurant.<br />

Deux cerbères, au regard calculateur,<br />

<strong>de</strong>rrière une herse menaçante, réservent<br />

l’entrée aux seuls possesseurs <strong>de</strong> l’Ausweiss<br />

hebdomadaire. Si c’est bon? Vous savez, ce<br />

ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants, et on a bien droit<br />

à quelques pertes.<br />

Mais parlons un peu <strong>de</strong> LA race<br />

42<br />

qui habite ici : génies s<strong>ans</strong> travailler, tombeurs<br />

s<strong>ans</strong> draguer, buveurs s<strong>ans</strong> se soûler,<br />

gens décidés et entreprenants s’il en est,<br />

brillants et mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes, voilà comme ils se<br />

décrivent. Quelquefois, certains s’agitent,<br />

organisant débats, commissions, bureaux.<br />

Seuls indifférence et mépris leur répon<strong>de</strong>nt.<br />

Ils s’usent lentement, argumentations vaseuses,<br />

abnégations inutiles et lassées, rentrent<br />

d<strong>ans</strong> le rang. <strong>Le</strong> reste : <strong><strong>de</strong>s</strong> créatures molles<br />

au teint laiteux, aux yeux bovins, toujours<br />

prêtes à avaler <strong><strong>de</strong>s</strong> idées plus méchantes que<br />

les leurs.<br />

Nous arrivons enfin <strong>de</strong>vant un <strong>de</strong><br />

leurs sanctuaires qu’ils appellent “Barredussé”.<br />

Ils y absorbent <strong><strong>de</strong>s</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> hallucinogènes<br />

qui les ai<strong>de</strong>nt à la méditation pr<strong>of</strong>on<strong>de</strong>,<br />

d’où on a souvent du mal à les tirer.<br />

Ils s’épuisent aussi en d<strong>ans</strong>es primaires, hurlent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chants rituels. Il suffit <strong>de</strong> lire les affiches<br />

annonçant les <strong>of</strong>fices <strong>de</strong> cette étrange<br />

religion pour voir que leurs prêtres ne sont<br />

pas aussi rustiques qu’ils n’y paraissent.<br />

Il y a même un lieu <strong>de</strong> perversion<br />

où tous se pressent : en échange <strong>de</strong> quelques<br />

écus, ils accè<strong>de</strong>nt à un moment <strong>de</strong> plaisir en<br />

compagnie d’êtres spécialisés à l’ oeil brillant<br />

et aux touches enjôleuses : cela s’appelle la<br />

compilation. Il faut les voir entrer, l’ oeil ahuri,<br />

machinal, il est pourtant moins beau <strong>de</strong><br />

compiler s<strong>ans</strong> but (ceci est une contrepèterie<br />

typique <strong>de</strong> leur humour).<br />

Enfin, vous avez eu un aperçu <strong>de</strong><br />

mon lieu <strong>de</strong> travail. Je l’aime bien, mais <strong>de</strong>puis<br />

2974, je commence à me lasser. .. Si vous<br />

pouviez parler <strong>de</strong> moi au ministre, un poste<br />

plus près <strong>de</strong> la capitale peut-être ... Mon<br />

nom ? Ray Moon Ame-Lm. Au revoir Monsieur,<br />

et bon retour à la civilisation.<br />

THIERRY


Tout commence avec le constat <strong>de</strong><br />

la diminution <strong>de</strong> l’effectif <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves <strong>de</strong> l’ESP<br />

(Ecole supérieure <strong>de</strong> Plasturgie) à Oyonnax.<br />

<strong>Le</strong>s promotions sont passées <strong>de</strong> 40 à <strong>25</strong> élèves<br />

et la viabilité <strong>de</strong> l’école semble compromise.<br />

Qu’est l’ESP ?<br />

L’ESP est pourtant la seule école<br />

d’ingénieurs <strong>de</strong> l’Ain et alors qu’il n’y a<br />

que peu d’écoles du même type en France<br />

(section <strong><strong>de</strong>s</strong> Mines <strong>de</strong> Douai, spécialité<br />

<strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> Strasbourg...). De plus il s’est<br />

crée autour d’Oyonnax et <strong>de</strong> Bellignat (localité<br />

où se trouve l’ESP) un complexe <strong>de</strong><br />

la plasturgie, la “Plastics vallée”, qui regroupe<br />

<strong>de</strong> nombreus es structures et entreprises<br />

d<strong>ans</strong> le domaine <strong>de</strong> la Plasturgie.<br />

On y trouve en effet outre l’ESP un lycée<br />

spécialisé d<strong>ans</strong> le domaine <strong>de</strong> la plasturgie,<br />

et <strong>de</strong> nombreuses entreprises du secteur<br />

plasturgique.<br />

Rapprochement Insa ESP<br />

Pour remédier au problème <strong>de</strong><br />

baisse <strong><strong>de</strong>s</strong> effectifs, le directeur <strong>de</strong> l’ESP, ancien<br />

pr<strong>of</strong>esseur à l’Insa s’est naturellement<br />

tourné vers l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>. D<strong>ans</strong> le projet tel<br />

Vol 747 pour Oyonnax<br />

qu’il va être présenté aux CA (Conseils d’Administration)<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux écoles, l’ESP <strong>de</strong>viendrait<br />

une entité à part entière <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong><br />

<strong>Lyon</strong> (et non du réseau Insa). Pour schématiser,<br />

l’actuelle ESP <strong>de</strong>viendrait un <strong>de</strong>uxième<br />

site <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, en plus <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

Villeurbanne. Ce concept qui est totalement<br />

nouveau <strong>de</strong> “délocalisation” n’est pas s<strong>ans</strong><br />

poser quelques problèmes d’ordre matériels<br />

mais aussi administratifs. La plast urgie est<br />

un domaine qui rassemble <strong>de</strong> nombreuses<br />

connaissances tant en chimie, qu’en science<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux, en thermique ou en mécanique.<br />

<strong>Le</strong> comité <strong>de</strong> pilotage du projet, le COP-<br />

PLAST, n’envisage pas <strong>de</strong> créer un nouveau<br />

département d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> la plasturgie,<br />

car d’une part cela ne répondrait que partiellement<br />

à l’i<strong>de</strong>ntité d’ingénieur généraliste<br />

Insa mais aussi car d’autre part les domaines<br />

touchés par la plasturgie sont déjà présents<br />

à l’Insa d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreux laboratoires, tels<br />

que le GEMPPM, le CE THIL, le laboratoire<br />

macromolécules... <strong>Le</strong>s labos présents sur<br />

le site <strong>de</strong> l’ESP pourraient donc <strong>de</strong>venir un<br />

nouvel acteur <strong>de</strong> recherche marchant <strong>de</strong> pair<br />

avec les labos du site <strong>de</strong> Villeurbanne. Si le<br />

projet venait à se réaliser, c’est à GMC que<br />

serait intégrée la nouvelle filière car l’idée<br />

actuelle, telle qu’elle sera présentée pour validation,<br />

est d’axer la filière sur les Procédés<br />

43<br />

Plasturgiques, ce qui rentrerait assez bien<br />

d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> GMC.<br />

Cursus Plasturgie<br />

<strong>Le</strong> recrutement se ferait à partir<br />

du Premier Cycle mais aussi par admission<br />

directe comme pour le département GMC.<br />

La seule différence serait que l’élève <strong>de</strong>vrait<br />

préciser avant son entrée en 3 ème année s’il<br />

désire ou non suivre le “cursus plasturgie”.<br />

La 3 ème année serait commune entre GMC<br />

classiques et plasturgiques et la différenciation<br />

ne se ferait qu’à partir <strong>de</strong> la 4 ème année.<br />

<strong>Le</strong>s chiffres avancés d<strong>ans</strong> le projet actuel<br />

sont d’environ 40 élèves d<strong>ans</strong> ce cursus, soit<br />

environ ce que compte l’ESP d<strong>ans</strong> une année<br />

normale. Cette quarantaine poursuivrait<br />

alors son cursus sur le site <strong>de</strong> l’actuelle ESP,<br />

dès la 4ème année. Ces quarante élèves prévus<br />

seraient eux-mêmes subdivisés en <strong>de</strong>ux<br />

catégories : ceux qui suivraient un cursus<br />

normal, dit “long”, soit environ <strong>25</strong> personnes<br />

et la quinzaine restante qui auraient un<br />

cursus apprentissage, c’est-à-dire en alternance<br />

avec une entreprise qui les engage et<br />

rémunère. Là encore, c’est un concept nouveau<br />

pour l’Insa qui est mis à l’épreuve.<br />

L’Insalien à Bellignat<br />

Mais l’Insalien <strong>de</strong> Bellignat <strong>de</strong>vrait<br />

malgré tout avoir les mêmes droits que celui<br />

<strong>de</strong> Villeurbanne ce qui engendre <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes<br />

flagrants tels que l’accès au Grand Resto<br />

(venir à pied du B ça en fatigue déjà certains,<br />

alors venir <strong>de</strong> l’Ain...) ou à Doc’Insa mais<br />

aussi aux logements du campus. Certaines<br />

<strong>de</strong> ces questions pourraient être résolues<br />

grâce à la présence du lycée plasturgique à<br />

proximité. <strong>Le</strong>s lnsaliens pourraient ainsi être<br />

logés d<strong>ans</strong> l’internat et pr<strong>of</strong>iter <strong>de</strong> la restauration<br />

du lycée pour <strong><strong>de</strong>s</strong> coûts similaires à<br />

ceux <strong>de</strong> Villeurbanne. En ce qui concerne<br />

l’accès aux structures pédagogiques ou associatives,<br />

le comité <strong>de</strong> pilotage a retenu l’idée<br />

d’une navette entre les <strong>de</strong>ux sites mais cette<br />

solution semble bancale et si le projet aboutit<br />

il sera essentiel <strong>de</strong> suivre sa mise en place.<br />

Intérêts réciproques<br />

Scolarité<br />

Comment ? L’Insa concerné également par la délocalisation ? Alain Satiable est allé enquêter sur le rapprochement<br />

potentiel entre l’Ecole Supérieure <strong>de</strong> Plasturgie d’Oyonnax, qui débouchera sur le département GMPP<br />

Tout d’une gran<strong>de</strong>...<br />

N°104 - Avril 2005<br />

M. Storck rêve d’Insaliens “pluricompétants, humanistes, innovants et<br />

dotés d’un esprit entreprenarial”. Mais qu’en pensent les entreprises ?<br />

Peut-être que certains d’entre vous<br />

ne se préoccupent guère <strong>de</strong> ce que l’on pense<br />

d’eux, surtout ceux qui se sentent loin <strong>de</strong><br />

l’étiquette d’Insalien moyen. Néamoins,<br />

personne ne restera insensible à l’avis du recruteur.<br />

Nous nous sommes promenés au forum<br />

Rhône-Alpes lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière édition<br />

et avons <strong>de</strong>mandé aux recruteurs <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

entreprises ce qu’ils pensaient <strong>de</strong> nous.<br />

Verdict<br />

À l’heure où les classements habituels<br />

donnent l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> comme la<br />

meilleure école d’ingénieurs en cinq <strong>ans</strong><br />

pour la N ième année consécutive, la réponse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises fut unanime “on ne fait pas<br />

<strong>de</strong> différence entre l’Insa et les autres écoles<br />

d’ingénieurs lorsqu’on doit embaucher quelqu’un”<br />

surtout si d<strong>ans</strong> la société en question,<br />

la culture d’entreprise est gran<strong>de</strong> et nivelle<br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles. Mais qu’il soit difficile <strong>de</strong><br />

dire si quelqu’un se démarque est à la fois<br />

un défaut et une qualité, insiste-t-on chez<br />

EDF. À la RATP, on recrute plus en fonction<br />

du travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> que sur l’école. On<br />

sauve les meubles chez Philips, où l’on nous<br />

annonce qu’ils font néanmoins une différence<br />

entre les étudiants issus <strong>de</strong> la fac et ceux<br />

issus <strong><strong>de</strong>s</strong> écoles d’ingénieur.<br />

La formation<br />

Sur le plan technique, les notes<br />

sont variées, suivant les pr<strong>of</strong>essions. De “suffisamment<br />

technique mais pas plus” chez<br />

EDF à “excellente” selon la SNCF, on relève<br />

une satisfaction globale. Pour l’anecdote, et<br />

contrairement à la gran<strong>de</strong> majorité d’élèves<br />

<strong>de</strong> premier cycle, Schnei<strong>de</strong>r Electric estime<br />

que ce que l’on nous apprend cadre bien avec<br />

les connaissances techniques recherchées. Si<br />

nous sommes bien pluricompétents et innovants,<br />

que nous avons une bonne adaptabilité,<br />

notre côté humaniste se limiterait à une<br />

certaine mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie. Et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> nos faibles<br />

capacités aux relations humaines, ce sont<br />

les domaines managérial et entreprenarial<br />

qui manqueraient le plus d<strong>ans</strong> la formation.<br />

Enfin et s<strong>ans</strong> surprise, nos activités sportives<br />

ou associatives, nos filières internationales<br />

ou culturelles sont très appréciées.<br />

<strong>Le</strong>s gran<strong><strong>de</strong>s</strong> Écoles<br />

<strong>Le</strong>s commentaires ne furent pas<br />

aussi noirs partout. Mais seulement, dès<br />

qu’une petite parole encourageante était<br />

prononcée, elle était suivie d’un “d<strong>ans</strong> son<br />

niveau” ou d’un “d<strong>ans</strong> sa catégorie” récurrents.<br />

Et c’est là que le bât blesse. L’Insa, aux<br />

yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> recruteurs, ne joue pas d<strong>ans</strong> la cour<br />

<strong>de</strong> ceux dont elle partage le titre, mais d<strong>ans</strong><br />

celle en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous. Cependant, un recruteur<br />

d’Altran estime que ‘’l’Insa peut et doit titiller<br />

les plus grands.” Que penser? Là n’est<br />

pas le sujet, mais soit notre niveau général<br />

est à relever, soit ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> idées reçues<br />

qu’il s’agit <strong>de</strong> faire bouger.<br />

La direction <strong>de</strong> l’Insa n’a pas souhaité<br />

réagir à cet article.<br />

Nico<br />

N°97 - Déc. 2003<br />

<strong>Le</strong> dossier du rapprochement sera<br />

soumis au CA fin janvier et s’il est validé <strong>de</strong><br />

part et d’autre, il pourrait conduire à la mise<br />

en place <strong>de</strong> la nouvelle filière dès la rentrée<br />

2004 voire 2005. L’intérêt <strong>de</strong> l’ESP semble évi<strong>de</strong>nt<br />

d<strong>ans</strong> ce projet puisqu’il permettrait <strong>de</strong><br />

sauver l’école mais aussi d’intégrer une gran<strong>de</strong><br />

école d’ingénieurs et donc d’élargir les<br />

débouchés <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves. Du côté <strong>de</strong> l’Insa, l’intérêt<br />

est à première vue limité et l’opération<br />

semble relever du sauvetage pur et simple.<br />

Mais au-<strong>de</strong>là, c’est un secteur très pointu que<br />

l’Insa espère atteindre, c’est la volonté <strong>de</strong> se<br />

positionner sur un créneau étroit pour pouvoir<br />

se trouver en position <strong>de</strong> force à l’avenir<br />

d<strong>ans</strong> ce domaine. <strong>Le</strong> projet semble ardu car il<br />

impose <strong>de</strong> nouveaux concepts d<strong>ans</strong> lesquelles<br />

l’Insa n’a pour l’instant aucune expérience et<br />

aucune compétence <strong>de</strong> gestion. Il nous faudra<br />

attendre le CA, puis d<strong>ans</strong> le cas d’une réponse<br />

positive, la rentrée 2004 pour en juger.<br />

o<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Scolarité<br />

D<strong>ans</strong> la nuit du 1 er au 2 février,<br />

un commando d’une dizaine <strong>de</strong> personnes<br />

s’est introduit d<strong>ans</strong> le bâtiment <strong>de</strong> Biochimie<br />

pour y perpétrer <strong><strong>de</strong>s</strong> actes <strong>de</strong> vandalisme et<br />

enlever quatre chiens. <strong>Le</strong> groupe, curieusement<br />

baptisé “commando Hernu” affirme<br />

ainsi démontrer la pratique <strong>de</strong> la vivisection<br />

à l’Insa, mais apporte surtout la preuve <strong>de</strong> la<br />

faiblesse <strong>de</strong> l’institut en matière <strong>de</strong> sécurité.<br />

Commando Razzia<br />

Trente millions d’abrutis...<br />

Cet article nous raconte la folle aventure d’un commando “antivivisectionniste“d<strong>ans</strong> les locaux <strong>de</strong> Bioch’. Ce fut<br />

notamment l’occasion <strong>de</strong> s’interroger sur les expérimentations animales et la sécurité <strong><strong>de</strong>s</strong> labos.<br />

C’est par un vasistas donnant sur<br />

la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> moteurs <strong>de</strong> la chambre froi<strong>de</strong> que<br />

le commando s’est introduit d<strong>ans</strong> la place.<br />

De là, ils ont pu facilement accé<strong>de</strong>r au laboratoire<br />

<strong>de</strong> physiologie où se<br />

déroulent <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences sur<br />

l’activité digestive du chien.<br />

<strong>Le</strong>s visiteurs s’en sont pris au<br />

matériel d’expérience, tordant<br />

une cinquantaine <strong>de</strong> plumes<br />

d’enregistrement et noyant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

disquettes <strong>de</strong> résultats d<strong>ans</strong> <strong>de</strong><br />

l’eau <strong>de</strong> Javel, puis sont repartis<br />

en emportant quatre chiens<br />

et en signant au bombage du<br />

nom d’’’Hernu’’. Il semble que<br />

le commando ait dû quitter<br />

prématurément les lieux, puisque<br />

les cartons où ils avaient<br />

entassé les cahiers <strong>de</strong> laboratoire<br />

sont restés sur place. <strong>Le</strong>s<br />

dégâts apparents, essentiellement<br />

les plumes tordues et la<br />

disparition <strong><strong>de</strong>s</strong> chiens, sont estimés<br />

à <strong>25</strong> 000 F, mais réduisent<br />

surtout quatre mois <strong>de</strong> travaux<br />

à néant.<br />

Plusieurs détails caractérisent<br />

cependant cette expédition<br />

: le commando s’est<br />

affublé du nom incongru du<br />

maire <strong>de</strong> Villeurbanne parce<br />

que, revendique-t-il, Charles<br />

Hernu avait nié l’existence <strong>de</strong> la vivisection<br />

d<strong>ans</strong> ce laboratoire. Par ailleurs, alors que<br />

les visiteurs auraient pu tout saccager, ils se<br />

sont limités aux chiens en expérience, délais-<br />

sant tous les autres animaux et n’ont porté finalement<br />

qu’un préjudice matériel mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te.<br />

S<strong>ans</strong> doute, avance M. Laugier, responsable<br />

du laboratoire <strong>de</strong> physiologie au département<br />

Biochimie, parce que les gens sont plus<br />

sensibles à l’animal <strong>de</strong> compagnie qu’est le<br />

chien, qu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> rats, <strong><strong>de</strong>s</strong> lapins ou <strong><strong>de</strong>s</strong> cobayes.<br />

M. Laugier affirme sereinement<br />

être très respectueux <strong>de</strong> la législation sur<br />

les animaux d’expérimentation et les expérimentateurs<br />

: vous pouvez aller voir, les labos<br />

sont ouverts. Tous les animaux employés<br />

sont achetés à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>of</strong>ficines spécialisées et<br />

ont un tatouage particulier (que <strong><strong>de</strong>s</strong> chiffres,<br />

alors que celui du toutou <strong>de</strong> la concierge<br />

comprend <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres et <strong><strong>de</strong>s</strong> chiffres). Reste<br />

l’emploi <strong>de</strong> ces animaux d<strong>ans</strong> les expériences<br />

: les gens qui travaillent ici ne sont pas<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sadiques ; les animaux sont anesthésiés,<br />

La revanche du bichon<br />

N°26 - Oct. 89<br />

Suite à l’article ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, les activistes réagissent avec véhémence d<strong>ans</strong><br />

un “torchon” qui a tout <strong>de</strong> même le mérite <strong>de</strong> leur faire un peu <strong>de</strong> place.<br />

Information Nationale sur le Sort<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Animaux <strong>de</strong> Laboratoire Inutilement<br />

Sacrifiés Sur l’Autel du Business Lucratif <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Expérimentateurs :<br />

D<strong>ans</strong> le n°22 (déc.88) <strong>de</strong> ce torchon<br />

(ndlr : L’Insatiable), nos brillants élèves<br />

reporters-ingénieurs, dont la crédulité est<br />

affligeante, se sont attachés à minimiser<br />

l’importance <strong>de</strong> cette affaire en tournant<br />

en dérision les courageux défenseurs <strong>de</strong> la<br />

cause animale.<br />

Ils nient l’évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> sévices constatés<br />

pourtant par <strong><strong>de</strong>s</strong> vétérinaires renommés<br />

(Dr Rousselet Blanc) et ils traitent comme<br />

un banal fait divers un événement que<br />

les vrais journalistes considèrent eux comme<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

la révélation d’un fait <strong>de</strong> société.<br />

Mais si vous pensez : 1 - que le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux<br />

ne peut servir à valoriser un diplôme<br />

d’ingénieur, 2 - qu’il n’est pas nécessaire,<br />

pour <strong>de</strong>venir un bon manager, d’éprouver<br />

son insensibilité en massacrant <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres<br />

vivants innocents, 3 - que l’humanité est<br />

davantage un noble sentiment qu’un mot<br />

vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens attribué à un bâtiment universitaire,<br />

4 - que l’esprit <strong>de</strong> corps n’implique pas<br />

forcément l’adhésion inconditionnelle à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barbares, 5 - que la formation scientifique<br />

est compatible avec un esprit critique, alors<br />

vous condamnerez ce qui ce passe d<strong>ans</strong> le<br />

bâtiment 406 <strong>de</strong> Biologie et vous rejoindrez<br />

le combat <strong><strong>de</strong>s</strong> antivivisectionnistes.<br />

o<br />

44<br />

ne serait-ce que pour pouvoir travailler <strong><strong>de</strong>s</strong>sus.<br />

<strong>Le</strong>s chiens qui ont été enlevés servaient<br />

d<strong>ans</strong> un programme <strong>de</strong> longue durée sur<br />

l’activité digestive, en particulier sur l’infarctus<br />

intestinal souvent mortel et encore très<br />

mal soigné. Ces recherches étaient conduites<br />

en collaboration avec plusieurs organismes<br />

scientifiques dont l’hôpital E. Herriot <strong>de</strong><br />

<strong>Lyon</strong>.<br />

Patte blanche ...<br />

N°22 - Déc. 88<br />

De l’aveu même <strong>de</strong> M. Laugier,<br />

l’expérimentation animale doit être réduite<br />

au maximum, d’une part parce que c’est<br />

très coûteux (400 à 700 F pour un chien, 70 F<br />

pour un rat) et d’autre part parce<br />

que d’autres moyens existent<br />

maintenant, qui resolvent une<br />

partie <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes, comme la<br />

simulation par ordinateur ou la<br />

culture <strong>de</strong> cellules. Néanmoins,<br />

il reste <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines où l’emploi<br />

d’animaux reste incontournable<br />

et ce, pour <strong>de</strong> nombreuses années<br />

encore. Sur ce point la Ligue reste<br />

intr<strong>ans</strong>igeante, alors que la SPA<br />

comprend très bien la nécessité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> animaux d’expérimentation,<br />

pour peu que leur provenance et<br />

leur utilisation soient très strictement<br />

contrôlées.<br />

L’affaire reste, d’une manière<br />

générale, classique. Et lorsque<br />

l’on constate que les rô<strong>de</strong>urs<br />

<strong>de</strong>vaient connaître les lieux, M.<br />

Laugier répond que c’est le problème<br />

général à l’Insa : n’importe<br />

qui peut aller n’importe où, il n’est<br />

donc pas difficile <strong>de</strong> bien connaître<br />

les lieux... Cette circulation<br />

libre d<strong>ans</strong> les bâtiments concerne<br />

pratiquement tout l’Insa, et il s’ensuit<br />

<strong>de</strong> nombreux vols, du classique<br />

portefeuille au matériel plus<br />

onéreux : balance <strong>de</strong> précision (Bio), magnétoscope<br />

(Humas), voire même micro-ordinateurs<br />

(GCU). Et comme l’Etat n’assure pas<br />

ses biens, c’est autant d’argent à réinvestir.<br />

Au <strong>de</strong>là même du matériel, la<br />

confi<strong>de</strong>ntialité <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux <strong><strong>de</strong>s</strong> chercheurs<br />

est <strong>de</strong> loin perfectible. Or, en tant que centre<br />

<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> tout premier plan, l’Insa se<br />

doit vis-à-vis <strong>de</strong> lui-même, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

organismes ou entreprises passant contrat,<br />

d’assurer un minimum <strong>de</strong> sérieux d<strong>ans</strong> la<br />

sécurité <strong>de</strong> ses biens et <strong>de</strong> ses productions<br />

intellectuelles.<br />

La leçon <strong><strong>de</strong>s</strong> chiens semble porter<br />

ses fruits car on étudie actuellement en Bio<br />

un renforcement <strong>de</strong> la protection et <strong>de</strong> l’hygiène<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> laboratoires <strong>de</strong> physiologie, ainsi<br />

que la mise en place <strong>de</strong> serrures à carte magnétique<br />

pour limiter la circulation <strong>de</strong> quidams<br />

d<strong>ans</strong> les locaux. On cherche plutôt à<br />

mettre en place un système pratique, où les<br />

gens n’ont pas à trimbaler trente kilos <strong>de</strong><br />

clés, s<strong>ans</strong> pour autant tr<strong>ans</strong>former l’ Insa en<br />

Pentagone.<br />

“Cette leçon vaut bien un grillage”<br />

pourrait être la morale <strong>de</strong> cette histoire, en<br />

espérant que l’Insa jure qu’on ne l’y reprendrait<br />

plus.<br />

Denis


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

L’histoire <strong>de</strong> notre école et sa philosophie sont intimement<br />

liées à la carrière et aux idées <strong>de</strong> ses maîtres fondateurs, le recteur Capelle<br />

et Gaston Berger. 50 <strong>ans</strong> plus tard, connaître ces hommes et leur<br />

influence en leur temps revient à comprendre les spécificités <strong>de</strong> l’Insa <strong>de</strong><br />

<strong>Lyon</strong> à notre époque, en d’autres termes la culture Insalienne.<br />

Gaston Berger a co-fondé l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, aujourd’hui <strong>de</strong>venue<br />

une école majeure, et l’on pourrait y voir là sa plus gran<strong>de</strong> réussite. Au<br />

contraire, ce n’est qu’une anecdote au milieu d’une vie. Gaston Berger a<br />

navigué d’un domaine à un autre, les traversant toujours avec succès.<br />

Serions-nous industriel, nous verrions en lui un jeune entrepreneur<br />

talentueux à la tête d’une fabrique d’engrais, s<strong>ans</strong> expérience,<br />

après avoir arrêté les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> en classe <strong>de</strong> troisième. Serions-nous philosophe,<br />

nous lirions d<strong>ans</strong> ses écrits théoriques sa recherche <strong>de</strong> la clarté,<br />

qu’il aura magnifiquement mis en pratique d<strong>ans</strong> ses travaux psychologiques.<br />

Serions-nous un <strong>de</strong> ses élèves, nous reconnaîtrions certainement<br />

sa gran<strong>de</strong> pédagogie, surpris d’apprendre que le père fondateur <strong>de</strong> notre<br />

école était un illustre pédagogue, là même où désormais on parvient à<br />

les compter sur les doigts d’une <strong>de</strong>mi-main. Ou alors plus simplement,<br />

vivrions-nous à son époque, nous aurions apprécié son aura d’homme<br />

d’état, entreprenant d<strong>ans</strong> l’ouverture <strong>de</strong> l’Université, et n’omettant jamais<br />

la question humaine, présente <strong>de</strong>rrière chaque projet.<br />

Peu étonnant donc si Gaston Berger souhaite l’ingénieur humaniste.<br />

Imaginatif, il met tout en œuvre pour développer l’associatif à<br />

l’Insa, véritable tremplin à l’innovation et aux relations humaines.<br />

<strong>Le</strong> recteur Capelle n’est pas en reste. Ses expériences sont toutes<br />

aussi riches et sa carrière va <strong>de</strong> paire. Ses idées ont le mérite d’être pertinentes,<br />

lui conférant une image d’avant-gardiste. Dès les balbutiements<br />

<strong>de</strong> l’école, il fait le pari <strong><strong>de</strong>s</strong> stages industriels, quand aucune autre école<br />

n’y songe encore. Il porte aussi le projet d’une recherche indissociable <strong>de</strong><br />

l’école et <strong>de</strong> sa formation. Aujourd’hui, il n’est plus à démontrer que ces<br />

<strong>de</strong>ux modèles ont été adoptés et repris par <strong>de</strong> nombreuses écoles.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> idées, le recteur Capelle bénéficie d’une audience<br />

Culture<br />

internationale et l’utilise pour développer une école ouverte sur le mon<strong>de</strong>.<br />

Dès la première promotion, nous ne dénombrons pas moins <strong>de</strong> 30 nationalités<br />

différentes. Quelques années plus tard, cette dynamique s’effondre,<br />

les successeurs du recteur Capelle n’ont pas la même aura à l’étranger.<br />

Plus largement la pério<strong>de</strong> faste s’achève dès 1961, moins <strong>de</strong><br />

quatre <strong>ans</strong> après l’ouverture <strong>de</strong> l’école. Gaston Berger décè<strong>de</strong> d’un acci<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> voiture en novembre 1960. <strong>Le</strong> Recteur Capelle quitte l’école<br />

en avril 1961. Ses <strong>de</strong>ux défenseurs ne sont plus là, ses détracteurs sont<br />

toujours aussi nombreux, faisant progressivement plier le gouvernement<br />

pour ne plus soutenir l’Insa comme auparavant.<br />

Néanmoins, les valeurs inculquées par les maîtres fondateurs<br />

persistent 50 <strong>ans</strong> plus tard. Innovation et ingénieur humaniste sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mots que nous entendons toujours, stages, proximité <strong>de</strong> la recherche et<br />

ouverture à l’international, <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences que nous vivons encore. En<br />

à peine 4 <strong>ans</strong>, <strong>de</strong>ux hommes ont tr<strong>ans</strong>mis leurs idéaux à une école, chapeau<br />

les artistes !<br />

Toutefois, <strong>de</strong>puis quelques années certaines valeurs semblent<br />

se perdre. Milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990 apparaissent quelques interrogations<br />

sur le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’associatif ; à l’apogée <strong><strong>de</strong>s</strong> années 2000, elles ont fait<br />

place à <strong>de</strong> vives inquiétu<strong><strong>de</strong>s</strong>. L’effet TGV permettant à davantage d’étudiants<br />

<strong>de</strong> rentrer le week-end, les rénovations massives <strong><strong>de</strong>s</strong> rési<strong>de</strong>nces<br />

en T1 synonyme <strong>de</strong> coup d’arrêt à l’ambiance d’échange du coturnage, et<br />

l’omission <strong>de</strong> la motivation lors d’une admission <strong>de</strong> plus en plus informatisée<br />

auront-elles raison <strong>de</strong> la culture insalienne ?<br />

Aujourd’hui, on s’inquiète <strong>de</strong> la difficulté à faire vivre les associations.<br />

Un véritable défi se pose donc pour l’administration, sauver<br />

une valeur fondatrice <strong>de</strong> notre école. Reste à choisir la piste. Elles sont<br />

nombreuses. Soutenir financièrement aujourd’hui et <strong>de</strong>main ; tr<strong>ans</strong>former<br />

la juxtaposition actuelle <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> l’associatif en un système<br />

basé sur la complémentarité ; réformer un BdE à l’organisation vieillissante<br />

? Continuons à écrire l’histoire <strong>de</strong> notre école et ren<strong>de</strong>z-vous d<strong>ans</strong><br />

quelques années pour <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses et <strong>de</strong> nouvelles interrogations.


Culture<br />

On a dit Tecktonik Monique ! N°118 - Mars 2008<br />

Qui n’a jamais (maladroitement) tenté d’imiter la d<strong>ans</strong>e <strong><strong>de</strong>s</strong> djeun’s à la mo<strong>de</strong> ? Et arrêté bêtement après trois<br />

mouvements maladroits parce qu’au final, ces gestes en apparence simplistes <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un peu <strong>de</strong> vrai talent ?<br />

Retour sur une mo<strong>de</strong> qui déferla<br />

sur la France au début <strong>de</strong> cette année scolaire.<br />

Loin <strong><strong>de</strong>s</strong> uniformes américains <strong>de</strong> skateurs,<br />

paradant en fringues trop larges pour eux,<br />

hors du clan <strong><strong>de</strong>s</strong> survêtements qui brillent<br />

,rentrés d<strong>ans</strong> les chaussettes <strong><strong>de</strong>s</strong> petits caïds<br />

du collège, les jeunes <strong>de</strong> la planète Tecktonik<br />

créent la surprise. Et partout où ils passent,<br />

les cons sont morts <strong>de</strong> rire.<br />

Un nouveau style<br />

Déjà, la Tecktonic, c’est un style. Ce<br />

n’est pas que ça, mais tu peux déjà avoir l’air<br />

Tecktonik, même s<strong>ans</strong> d<strong>ans</strong>er. Ce qui n’est<br />

pas une raison pour le reprocher au jeune<br />

Tecktonikeur : combien <strong>de</strong> jeunes portant<br />

un baggy savent faire un ollie ? Combien<br />

<strong>de</strong> jeunes en survêt’ Tachini vivent vraiment<br />

les aventures <strong>de</strong> Tintin ? On le sait, l’habit<br />

ne fait pas le moine et puisqu’il faut bien<br />

s’habiller, on doit forcément accepter <strong>de</strong><br />

revêtir les fringues disponibles en magasin<br />

sur le moment. Celles qui feront aussi qu’on<br />

se noiera assez d<strong>ans</strong> la masse pour éviter<br />

les quolibets <strong><strong>de</strong>s</strong> pisse-froids enfermés d<strong>ans</strong><br />

leurs préjugés et leur vision courte.<br />

Mais revenons à notre jeune. Une<br />

mini crête gominée, un slim moulant ses<br />

jambes, un haut presque déchiré pour <strong>de</strong><br />

vrai, serrant sa maigre poitrine, <strong><strong>de</strong>s</strong> baskets<br />

aux pieds, une dominante noire et blanche,<br />

parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> carreaux, à mi-chemin entre le<br />

défunt ska et le grunge <strong>de</strong> Nirvana, le voilà !<br />

<strong>Le</strong> Tecktonikeur d<strong>ans</strong> toute sa splen<strong>de</strong>ur.<br />

Bizarre, d’accord. Mais, et alors ? Que disait<br />

ta grand-mère <strong>de</strong>vant ton premier baggy ?<br />

Bon hein ? Cet uniforme a au moins le mérite<br />

d’être plus classe et plus stylé. C’est vrai que<br />

le Tecktonikeur passe <strong>de</strong> longues heures<br />

<strong>de</strong>vant sa glace. Au moins pour se coiffer.<br />

Quand l’art se cache d<strong>ans</strong> le<br />

quotidien<br />

À la manière <strong>de</strong> Nor-<br />

Dès lors, on voit mal pourquoi, quand le<br />

hip-hop a un véritable statut <strong>de</strong> d<strong>ans</strong>e, on<br />

pourrait se moquer <strong>de</strong> la Tecktonik. Un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mouvements les plus populaires, et qui a<br />

man Rockwell qui voyait<br />

fait le plus rire (grassement) : le recoiffage<br />

l’art d<strong>ans</strong> le “standard<br />

pathologique répété. Une autodé- autodé<br />

way <strong>of</strong> life” américain<br />

rision qui<br />

montrent bien la lar-<br />

(et voilà une référence<br />

geur d’esprit du Tecktonikeur.<br />

qui qui va va me permettre<br />

Bref, donc,<br />

écoutant sa musi-<br />

<strong>de</strong> choper une ré- ré-<br />

qu que <strong>de</strong> djeun’ le Teckdactrice<br />

<strong>de</strong> L’Insa- L’Insa-<br />

tonikeur d<strong>ans</strong>e seul,<br />

tiable), le Tecktoni-<br />

ou bien en “battle”.<br />

keur tr<strong>ans</strong>forme sa<br />

D<strong>ans</strong> la cour <strong>de</strong> ré-<br />

journée en un long<br />

cré, à la sortie, nos<br />

ballet saccadé et réré- jeunes se “battlent”<br />

pétitif.<br />

en Tecktonik au lieu <strong>de</strong><br />

Tr<strong>ans</strong>-<br />

se mettre sur la gueule. De la d<strong>ans</strong>e<br />

formation en<br />

au lieu <strong>de</strong> la<br />

baston, comme quoi il<br />

auto-critique<br />

y a <strong>de</strong> l’évolution<br />

!<br />

réaliste d’une<br />

routine chaque<br />

jour répétée, qu’il tente<br />

Ciel ! Ils sont différents !<br />

<strong>de</strong> sublimer. Et c’est encore<br />

Àpart reprocher à ces jeunes <strong>de</strong> se<br />

rien, <strong><strong>de</strong>s</strong> phrases comme ça<br />

coiffer au lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong> faire leurs <strong>de</strong>voirs, on voit<br />

j’en ai 15 en réserve, accro-<br />

mal ce qu’il y a <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeur à d<strong>ans</strong>er et<br />

che-toi, jeune qui te mo-<br />

écouter écouter <strong>de</strong> la musique. Se moquer <strong>de</strong> leur<br />

que <strong>de</strong> la Tecktonik. Bon,<br />

accoutrement et <strong>de</strong> leurs mouvements<br />

donc pour être à la poin- poin-<br />

ridicules, c’est oublier<br />

<strong>de</strong> se regar<strong>de</strong>r<br />

te <strong>de</strong> son art, le Teckto-<br />

se trémousser s<strong>ans</strong><br />

style à la <strong>de</strong>rnière<br />

nikeurtélécharge ses<br />

boum K-Fêt. Essayons parfois, même si<br />

morceaux préférés sur<br />

ça nous donne<br />

l’air intelligent et qu’on<br />

son bala<strong>de</strong>ur MP3, va re-<br />

n’a pas l’habitu<strong>de</strong>,<br />

d’être un peu plus<br />

gar<strong>de</strong>r les <strong>de</strong>rniers mouv’<br />

ouverts que nos<br />

grands-parents <strong>de</strong>vant<br />

à la mo<strong>de</strong> sur le site <strong>of</strong>fi-<br />

nos loisirs hautement<br />

intellectuels : alcociel<br />

et les<br />

ol, musique à donf’, chope à tout va...<br />

répète inlassablement<br />

Pasqu’après<br />

tout, ils sont jeunes ces<br />

<strong>de</strong>vant son miroir jus-<br />

djeuns’ ! Ils découvriront<br />

bien assez<br />

qu’à fluidité parfaite.<br />

tôt l’art sérieux<br />

du caps et ses moults<br />

Ces mouvements s’enchaînent et se croi<br />

courants, variations<br />

et domaines d’insent<br />

s<strong>ans</strong> jamais s’emmêler les pinceaux.<br />

Une sorte <strong>de</strong> break-dance qui reste <strong>de</strong>bout.<br />

fluence.<br />

Damich’<br />

T’as tout dit mon Tardi !<br />

N°7 - Jan. 86<br />

Alain a eu l’occasion <strong>de</strong> rencontrer beaucoup <strong>de</strong> personnalités au fil <strong>de</strong> ses interviews. Cette année là, il eut<br />

l’honneur <strong>de</strong> papoter avec un as <strong>de</strong> la BD : Jacques Tardi.<br />

Tardi, Jacques Tardi, c’est son<br />

nom. Il est <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur et scénariste <strong>de</strong><br />

pas mal <strong>de</strong> BD : les Aventures Extraordinaires<br />

d’Adèle Blanc Sec, c’est lui, tout comme<br />

C’était la guerre <strong><strong>de</strong>s</strong> tranchées, et bien d’autres<br />

créations... Il a même illustré les mémoires<br />

d’un confrère, un certain Nestor Burma<br />

(Brouillard sur le pont <strong>de</strong> Tolbiac). À l’époque,<br />

il était même Prési<strong>de</strong>nt au festival d’Angoulême.<br />

Et il avait bien sûr <strong><strong>de</strong>s</strong>siné un truc<br />

qui s’appelait La Véritable histoire du Soldat<br />

Inconnu !<br />

Alain Satiable : Beaucoup <strong>de</strong> vos albums se<br />

déroulent à Paris au début du siècle avec un<br />

fond historique important. Est-ce que votre<br />

travail <strong>de</strong> documentation est important et à<br />

partir <strong>de</strong> quoi travaillez-vous ?<br />

Jacques Tardi : Déjà, j’habiterais à <strong>Lyon</strong>,<br />

l’histoire se passerait à <strong>Lyon</strong>. Je travaille<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> vieux documents et je vais sur<br />

place, c’est à dire que bien souvent, le point<br />

<strong>de</strong> départ d’une histoire, ce sont les décors.<br />

Je vois <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux qui m’intéressent, je me dit<br />

que ça serait bien <strong>de</strong> les <strong><strong>de</strong>s</strong>siner et je cher-<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

che ce que je peux raconter à partir <strong>de</strong> ces<br />

lieux précis.<br />

A.S. : Il me semble que vos volumes fonctionnent<br />

un peu sur le principe du roman<br />

populaire.<br />

J.T. : Oui, sur le principe, c’est ça ; c’est à<br />

dire que moi, ce qui m’intéresse, c’est l’idée.<br />

J’ai une idée d’intrigue avec un certain nombre<br />

d’éléments et puis après, je me laisse<br />

aller complètement en fonction <strong>de</strong> tas <strong>de</strong><br />

trucs imprévus, notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux. Il y<br />

a même <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages auquels je donne<br />

un rôle alors que ce n’était absolument pas<br />

prévu. Ce qui m’intéresse, c’est <strong>de</strong> me piéger,<br />

d’arriver à un moment où je ne sais plus<br />

bien où je met les pieds tellement mon truc<br />

est embrouillé !<br />

A.S. : En fait, vous <strong><strong>de</strong>s</strong>sinez les personnages<br />

instinctivement ?<br />

J.T. : Oui, je crois que l’on est bien avec un<br />

personnage à partir du moment où on le<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sine bien, et les histoires, c’est la même<br />

chose. L’idée, c’est d’avoir du plaisir à <strong><strong>de</strong>s</strong>-<br />

46<br />

siner son histoire sinon on emmer<strong>de</strong> tout le<br />

mon<strong>de</strong>; ça se sent.<br />

A.S. : Comment voyez-vous l’avenir <strong>de</strong> la<br />

BD actuellement ?<br />

J.T. : Je crois que ça se casse joyeusement la<br />

gueule, parce qu’il y a une production qui<br />

est quand même pas formidable. En tout<br />

cas, il sort beaucoup d’albums, je ne sais<br />

pas si ça se vend ou quoi. <strong>Le</strong>s éditeurs encouragent<br />

les mecs, et il me semble que ça<br />

mériterait <strong>de</strong> ne pas être édité tout <strong>de</strong> suite.<br />

<strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> présenter tout ce qui sort comme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chefs-d’oeuvre ne fonctionne plus. J’ai<br />

l’impression que les gens ne marchent plus<br />

d<strong>ans</strong> la combine maintenant.<br />

Actuellement, il y a très peu <strong>de</strong><br />

scénaristes ; il y a peut-être <strong><strong>de</strong>s</strong> virtuoses,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> super-<strong><strong>de</strong>s</strong>sinateurs, bon ... Il y a un truc<br />

qui a été encouragé, c’est tous les sous-produits,<br />

les sous-Pratt, les sous-Jacobs, les<br />

sous-machins. Je ne sais pas si c’est très intéressant.<br />

Moi, j’en lis pas ou très peu ; je<br />

regar<strong>de</strong> ce qui se fait, c’est tout.<br />

o


Je ne dis pas qu’on sera bientôt tous<br />

à l’écoute <strong>de</strong> Nostalgie se <strong>de</strong>mandant perplexes<br />

entre <strong>de</strong>ux hits d’époque quel chanteur<br />

est mort le plus récemment. Je songe ici<br />

à tout ce qui nous rassemble et, à la fois, nous<br />

sépare <strong><strong>de</strong>s</strong> générations passées et à venir.<br />

Douce évolution<br />

Pour commencer, lecteur, je me risque<br />

à affirmer que tu as déjà éprouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments<br />

pour une Julie, Emilie, Aurélie ou Élodie.<br />

<strong>Le</strong>ctrice, pour un Julien, Nicolas, Romain<br />

ou Alexandre.<br />

À vrai<br />

dire, on n’a<br />

jamais vraiment<br />

eu le<br />

choix, il n’y<br />

avait que<br />

<strong>de</strong> ça d<strong>ans</strong><br />

nos classes !<br />

Cela étant,<br />

à moins <strong>de</strong><br />

s’en remettre<br />

aux trentenaires<br />

ou, selon<br />

les goûts,<br />

<strong>de</strong> pister <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

collégien(ne)s, ces prénoms prédominent<br />

toujours d<strong>ans</strong> nos relations. Bref, évitons les<br />

dérives, passons sur les amours. Mon objectif<br />

n’est pas <strong>de</strong> vous faire détaler <strong>de</strong> peur dès<br />

les premières lignes. Songeons alors aux jeux.<br />

Entre une partie <strong>de</strong> pogs et un album <strong>de</strong> cartes<br />

Paninis, on en a vu <strong>de</strong> toutes les couleurs<br />

avec les Pokémons, bleu, rouge, jaune, silver,<br />

gold ! C’est une façon <strong>de</strong> parler, sur notre<br />

antique Gameboy aussi volumineuse que 17<br />

iPods Nano, on n’avait que le noir et blanc,<br />

le tout rendu, vous en conviendrez, par une<br />

affreuse matrice d’immon<strong><strong>de</strong>s</strong> pixels.<br />

L’autre hit technologique <strong>de</strong> l’époque<br />

c’était ce fils spirituel du grille-pain,<br />

le magnétoscope HiFi 6 têtes PAL SECAM<br />

fonction ShowView, la totale s’il vous plaît.<br />

Il nous a permis <strong>de</strong> dévorer en boucle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

films comme Pretty Woman lorsque les Minikeums<br />

ne diffusaient pas <strong>Le</strong>s Animaux du bois<br />

<strong>de</strong> Quat’sous guidés par Renard ou n’organisaient<br />

pas <strong>de</strong> soirée spaghettis bolognaises<br />

par Albert le cinquième Mousquetaire. Plus tard,<br />

toujours vautrés <strong>de</strong>vant la télé cathodique, on<br />

s’alimentait principalement à base <strong>de</strong> séries<br />

Américaines comme une Nounou d’Enfer et<br />

S Club 7 (pas moi, les autres, elles). Et l’objet<br />

tendance à possé<strong>de</strong>r, on s’en souvient tous,<br />

les baskets à dio<strong><strong>de</strong>s</strong> qui s’allument quand on<br />

marche ! Au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours elles étaient<br />

HS mais qu’importe, aujourd’hui, on peut<br />

affirmer s<strong>ans</strong> retenue qu’au moins une fois<br />

d<strong>ans</strong> notre existence, on a brillé par notre présence.<br />

Echecs<br />

Pour autant, tout n’a pas été rose, la<br />

génération a aussi eu ses ratés ; nous connaissons<br />

Jalane, les L5, Larusso ou encore Billy<br />

Crawford ; Friends a pris fin ; <strong>Le</strong> Pen a accédé<br />

au second tour d’une prési<strong>de</strong>ntielle ; les<br />

Twins Towers se sont malencontreusement<br />

placées sur la route <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Boeings. Et nous<br />

voilà aussi troublés que le jour où nous avons<br />

Génération miniature<br />

appris qu’avant d’être un nom pour chien,<br />

Beethoven était un musicien. En <strong>de</strong>ux tours<br />

trois mouvements, un mon<strong>de</strong> s’effondre. Je<br />

vous expose le drame <strong>de</strong> nos désillusions.<br />

Michael Jackson n’a pas toujours été blanc,<br />

Yannick Noah a joué au tennis avant d’être<br />

chanteur et Brigitte Bardot, une vieille ridée<br />

s’occupant d’animaux abandonnés, a été le<br />

sex-symbol <strong>de</strong> nos parents.<br />

Ah cette époque, ces icônes, je pourrais<br />

en parler <strong><strong>de</strong>s</strong> heures mais il faut faire<br />

court alors comment résumer ? <strong>Le</strong>s années 80<br />

ont eu le minitel et l’écran cathodique, nous<br />

l’ordinateur portable<br />

et l’écran<br />

plat ; eux le téléphone<br />

filaire à<br />

numérotation au<br />

disque, nous le<br />

portable ; eux le<br />

45 tours, nous le<br />

Compact Disc.<br />

De là à dire qu’en<br />

l’espace d’une<br />

dizaine d’années<br />

tout a perdu en<br />

taille, rétréci faisant<br />

<strong>de</strong> notre génération<br />

celle du<br />

miniature, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai<br />

pas, question d’amour propre.<br />

Des mots pour <strong><strong>de</strong>s</strong> maux<br />

Passons maintenant à la critique <strong>de</strong><br />

notre génération et <strong>de</strong> ses maux dont je laisse<br />

l’examen à nos aînés tout en me réservant le<br />

droit <strong>de</strong> réparer certaines injustices.<br />

Gran<strong>de</strong> plaie <strong>de</strong> notre génération,<br />

soi-disant, mais disant tout <strong>de</strong> même :<br />

les jeunes ne savent plus écrire. Songez à<br />

la responsabilité que l’on essaie <strong>de</strong> nous<br />

faire endosser. <strong>Le</strong>s plus éminents écrivains<br />

français <strong>de</strong>venus Académiciens ont mis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années à définir la langue française à grands<br />

coups <strong>de</strong> dictionnaires, et nous autres, armés<br />

d’un objet insignifiant à 12 touches, en une<br />

dizaine d’années, réduisons à néant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

siècles d’efforts. Et là, je dis stop à la calomnie,<br />

luttons contre<br />

la mauvaise foi.<br />

Nous n’avons<br />

vraiment aucune<br />

responsabilité, la<br />

langue est déjà<br />

malmenée <strong>de</strong>puis<br />

un bon temps.<br />

On retrouve <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traces pr<strong>of</strong>on<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong> cette<br />

déca<strong>de</strong>nce dès<br />

les années 1500.<br />

Preuve en est, un<br />

auteur d’époque,<br />

certainement <strong>de</strong> second rang vu ses difficultés<br />

aussi bien orthographiques qu’énonciatives :<br />

“Tout à l’opposite <strong>de</strong> l’aultre, m’aymeroi à<br />

l’adventure mieulx <strong>de</strong>uxiesme ou troisiesme<br />

à Périgueux, que premier à Paris ; au moins,<br />

s<strong>ans</strong> mentir, mieulx troisième à Paris que<br />

premier en charge.” (Montaigne, LX, t.II).<br />

Waouh, mais qu’il finit où et à quelle position<br />

l’auteur ? Avouez, on s’en tire mieux en 2008,<br />

un texto <strong>de</strong> Julie pour Rom1, “jtkiff mon<br />

47<br />

keur” est nettement plus clair. Alors, si tout<br />

ça n’est pas <strong>de</strong> la mauvaise foi, dites-moi <strong>de</strong><br />

quoi il en ressort ?!<br />

Pour autant Montaigne n’est pas<br />

à mépriser, l’air du temps peut lui conférer<br />

une gran<strong>de</strong> utilité pratique. À tous ceux qui<br />

ne comprennent pas le dégoût que l’on peut<br />

ressentir à la lecture d’un texte miné <strong>de</strong> fautes<br />

aussi grossières que grotesques, à tous les<br />

hystériques du style texto, à tous ceux qui<br />

s’obstinent en toutes circonstances à mépriser<br />

le lecteur, à tous ceux-là j’ai l’irrésistible envie<br />

<strong>de</strong> leur faire bouffer l’intégrale <strong>de</strong> Montaigne<br />

pour qu’enfin ils saisissent à quel point c’est<br />

barbant <strong>de</strong> jouer le cryptologue à la lecture<br />

d’un texte. C’est la guérison par “imposition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mots”.<br />

On connaît la ch<strong>ans</strong>on...<br />

Culture<br />

N°118 - Mars 2008<br />

J’y songeais l’autre jour <strong>de</strong>vant l’étalage <strong><strong>de</strong>s</strong> vieilleries 80’s qui font fureur auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> trentenaires et quadra :<br />

nous aussi <strong>de</strong>viendrons très bientôt, si ce n’est pas déjà fait, une cible commerciale au nom <strong>de</strong> la nostalgie.<br />

On a aussi tant <strong>de</strong> fois entendu <strong>de</strong><br />

critiques ou d’analystes fumeux <strong>de</strong> comptoir<br />

(has-been <strong>de</strong>puis le 2 janvier) que nous<br />

étions la génération <strong>de</strong> la déroute musicale<br />

qu’on en vient à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment on<br />

parviendra à rencaisser une secon<strong>de</strong> fois tous<br />

les éphémères saltimbanques <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90.<br />

Toutefois, avec la musique, même son <strong>de</strong> cloche<br />

que précé<strong>de</strong>mment, il est grotesque <strong>de</strong> se<br />

laisser pointer du doigt par une génération<br />

nourrie par Mireille Mathieu, Annie Cordy<br />

et Carlos. Nous avons préféré pour nos premières<br />

booms Eiffel 65, Scatman, Daddy DJ<br />

ou Vengaboys, c’est un choix, pas une faute<br />

<strong>de</strong> goût.<br />

Et quoique nous chantent nos<br />

raconteurs d’aînés, les artistes <strong>de</strong> passage,<br />

ils connaissent bien aussi. Luna Parker ça<br />

vous évoque quelque chose ? Et pourtant !<br />

C’est une sommité <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80, une <strong>de</strong> leur<br />

légen<strong>de</strong> ! Comme les non moins <strong>célèbre</strong>s Las<br />

Ketchup <strong>de</strong> notre époque avec Asejere, ils<br />

ont squatté les sommets du TOP 10 pendant<br />

plusieurs mois avec un tube non moins<br />

atroce Tes états d’âme Éric. Après écoute, on<br />

peut le certifier, nos ainés avaient, si ce n’est<br />

plus, autant <strong>de</strong> goût que nous. Refrain !”Tes<br />

états d’âme Éric sont pour moi Éric, comme<br />

les états d’Amérique”. On le constate d<strong>ans</strong><br />

d’atroces maux,<br />

nos aïeuls<br />

étaient tout<br />

aussi friands<br />

que nous <strong>de</strong><br />

paroliers,<br />

<strong>de</strong> grands<br />

compositeurs,<br />

en un mot, <strong>de</strong><br />

plumes comme<br />

Luna Parker !<br />

Soit, si la<br />

musique est en<br />

perdition, c’est<br />

du pipeau, ce<br />

n’est pas <strong>de</strong>puis notre génération comme on<br />

tente <strong>de</strong> nous le faire croire...<br />

Bref, si on essaie <strong>de</strong> nous refiler la<br />

responsabilité “d’une culture en perdition”,<br />

c’est <strong>de</strong> rigueur, on se tr<strong>ans</strong>met ainsi le lourd<br />

far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> générations en générations. Alors,<br />

mettons-nous à l’œuvre pour pouvoir refourguer<br />

s<strong>ans</strong> vergogne un beau ca<strong>de</strong>au empoisonné<br />

aux générations futures.<br />

Iznogood<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Culture<br />

POTINS N°69<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Douche dorée<br />

De M. S., en GE, à un élève arrivant<br />

en retard à son cours : “je te pisse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, je te pisse <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, je te remplis <strong>de</strong><br />

pisse !”<br />

La question est maintenant : quel<br />

sort réserve M.S à ceux qui auront commis<br />

le crime d’ être absents ?<br />

Slim Lato Fastu<br />

D<strong>ans</strong> le cadre d’une action humanitaire<br />

pour l’ex-Yougoslavie, Lato Sensu a<br />

reçu <strong>de</strong> la part d’une pharmacie <strong><strong>de</strong>s</strong> médicaments...<br />

pour maigrir.<br />

Merci, mais songez à l’Amérique<br />

du Nord pour un prochain généreux don<br />

comme celui-ci !<br />

<strong>Le</strong> travail, c’est la santé !<br />

Vous vouliez savoir pourquoi les<br />

salles <strong>de</strong> chia<strong>de</strong> du bâtiment A sont toujours<br />

fermées ? C’est simplement pour éviter<br />

<strong>de</strong> se recevoir un néon sur le coin <strong>de</strong> la<br />

gueule.<br />

Nos bizuthes <strong>de</strong>vront donc attendre<br />

la fin du procès Insa contre l’entreprise<br />

responsable pour chia<strong>de</strong>r s<strong>ans</strong> risque d’acci<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> travail.<br />

Exploit technique<br />

Un individu imbibé d’alcool a<br />

entrepris d’escala<strong>de</strong>r la <strong>célèbre</strong> Roton<strong>de</strong>.<br />

Parvenu au sommet, le personnage perd<br />

bêtement le contrôle <strong>de</strong> son équilibre et<br />

traverse carrément le toit en plexiglas<br />

d’une salle qui passait par là. Il atterrit<br />

malencontreusement sur un quidam qui<br />

amortit la chute au détriment <strong>de</strong> sa santé<br />

dorsale.<br />

Comme quoi, d<strong>ans</strong> une chouille,<br />

on peut vraiment tomber sur n’importe<br />

qui...<br />

Niet, diète<br />

C’est par un beau matin <strong>de</strong> printemps<br />

que les responsables <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heures<br />

sont allés voir la direction <strong>de</strong> la boustifaille.<br />

Tout leur souriait, à l’exception <strong>de</strong> Mlle Arrighi<br />

qui leur refusa la possibilité <strong>de</strong> servir<br />

cinq repas supplémentaires durant cinq<br />

jours, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants Roumains. Nos<br />

invités iront donc à la soupe populaire !<br />

<strong>Le</strong> G.R., Grand Restau se voit<br />

donc décerner le titre <strong>de</strong> Grand Radin <strong>de</strong><br />

France. Nous venons d’apprendre que notre<br />

secrétaire général, M. Blanc, a intercédé<br />

en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> 24 Heures.<br />

Merci Pierre !<br />

You are bien brave<br />

M me N., pr<strong>of</strong>esseur <strong>de</strong> mathématiques<br />

en Scan, après qu’un élève a galéré<br />

au tableau sur x’(t) = 4 x(t), déclare, apparemment<br />

désespérée : “It’s not possiboleu !<br />

I fink I am going to craque ! I will not finish<br />

the year like zis !”<br />

Zat was pourtant so izi !<br />

On commence par une mauvaise<br />

nouvelle pour tous les célibataires <strong>de</strong><br />

l’Insa : 60% <strong><strong>de</strong>s</strong> filles sont casées dont 31%<br />

<strong>de</strong>puis plus d’un an. Autant dire qu’il vaudrait<br />

mieux changer <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong> chasse.<br />

D’ailleurs il semblerait que la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> DS ait<br />

marqué le début <strong>de</strong> la saison <strong><strong>de</strong>s</strong> amours chez<br />

les 1 ère année. Mais même en pério<strong>de</strong> plus<br />

calme, certains continuent à rester aveugles<br />

face aux charmant(e)s Insalien(ne)s, puisque<br />

10% <strong><strong>de</strong>s</strong> filles et presque 10% <strong><strong>de</strong>s</strong> mecs n’ont<br />

jamais fait l’amour. <strong>Le</strong> printemps arrive, plus<br />

que quelques efforts !<br />

Tabous, fantasmes<br />

Au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> tabous, seules la<br />

sodomie et la fellation rencontrent quelques<br />

réticences, alors qu’ils font l’objet <strong>de</strong> fantasmes<br />

chez d’autres : 8% <strong><strong>de</strong>s</strong> mecs seraient tentés<br />

par la sodomie et 1l % rêvent d’une petite<br />

gâterie <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> leur partenaire. À noter<br />

aussi qu’un petit pourcentage <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens<br />

“refuse <strong>de</strong> bouffer la mer<strong>de</strong>” <strong>de</strong> leur partenaire.<br />

S<strong>ans</strong> commentaire. En tout cas, au<br />

niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> fantasmes, beaucoup s’accor<strong>de</strong>nt<br />

pour dire qu’il n’y a rien <strong>de</strong> tel qu’une petite<br />

partie <strong>de</strong> jambes en l’air entre copines. Eh<br />

oui 20% <strong><strong>de</strong>s</strong> filles avouent être attirées par<br />

le saphisme et 11% <strong><strong>de</strong>s</strong> mecs rêvent <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r<br />

leur propre harem. Un cas isolé : faire<br />

l’amour d<strong>ans</strong> l’espace avec <strong>de</strong>ux lesbiennes.<br />

Quant à ceux qui voudraient faire ça d<strong>ans</strong><br />

l’amphi Turing, qu’ils se rassurent, ils ne<br />

sont pas seuls ; on notera aussi que le rétroprojecteur<br />

<strong>de</strong> l’amphi Capelle est particulièrement<br />

plébiscité. Toujours d<strong>ans</strong> le domaine<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> faux chiadus, quelques uns avouent fantasmer<br />

sur “le cul <strong>de</strong> ma pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> 2 ème année”,<br />

voire “vouloir prendre ma pr<strong>of</strong> en levrette<br />

d<strong>ans</strong> son bureau”. Message personnel : un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur <strong>de</strong> la rédaction recherche activement<br />

la jeune fille qui rêve <strong>de</strong> se faire lécher<br />

entièrement recouverte <strong>de</strong> Chantilly.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong> l’originalité, on<br />

peut dire que vous repasserez. Mise à part<br />

ceux qui prennent leur pied d<strong>ans</strong> un escalier,<br />

d<strong>ans</strong> un placard, voire une douche pendant<br />

que le cot’ dort paisiblement à côté, la majorité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens sont plutôt <strong><strong>de</strong>s</strong> pantouflards,<br />

qui préférent le confort douillet <strong>de</strong><br />

leur lit, même si 24% d’entre eux s’aventurent<br />

parfois d<strong>ans</strong> la nature (plages, champs,<br />

paille... ). Un grand romantique nous confie :<br />

“je lui ai mis un doigt d<strong>ans</strong> un minibus”.<br />

Grosse lacune : 70% <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens<br />

ne connaissent pas la zone érogène <strong>de</strong> leur<br />

partenaire. Pourtant, rien <strong>de</strong> plus simple;<br />

chez les mecs, 26% montent au septième ciel<br />

dès qu’on leur tripote le lobe <strong>de</strong> l’oreille, “la<br />

gauche” pour l’un d’entre vous (à égalité,<br />

bien évi<strong>de</strong>mment avec le gland, !) et 20% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nanas hurlent à la mort quand on leur triture<br />

le dos, la nuque arrive aussi en bonne position.<br />

Bonne nouvelle pour les célibataires<br />

: un Insalien sur cinq est prêt à pratiquer<br />

l’échangisme, surtout “pour échanger un<br />

thon contre une bonnasse”. Un désespéré<br />

nous a même déclaré à ce propos : “quand je<br />

passe à la main gauche, la droite râle.” D<strong>ans</strong><br />

le genre libéré, 33% d’Insaliens ne cracheraient<br />

pas sur une petite histoire <strong>de</strong> cul pure<br />

et simple, d’ailleurs, Dieu a dit “aimez-vous<br />

La rose...<br />

L’Insatiable pr<strong>of</strong>ite avec finesse <strong>de</strong> l’érotisme du numéro 69 pour diffuser<br />

les résultats d’un sondage sur les pratiques sexuelles <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliens...<br />

48<br />

les uns les autres.” Pour nous réconcilier avec<br />

Dieu, remarquons que <strong>25</strong>% d’entre nous accepteraient<br />

d’allier amour et abstinence.<br />

Malheureusement, 12% <strong><strong>de</strong>s</strong> filles et<br />

23% <strong><strong>de</strong>s</strong> gars pensent ne jamais être tombés<br />

amoureux. Mais au fait, qu’est-ce-que-c’estdonc-que-l’amour-euh<br />

? Malgré un petit<br />

nombre <strong>de</strong> conceptions quelque peu primitives<br />

: “voir toujours le même cul”, “l’amour,<br />

c’est la sodomie”, d’autres sont plus poétiques:<br />

“un petit coin <strong>de</strong> bonheur”, “l’amour,<br />

c’est quand on ne se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas si on est<br />

amoureux”, voire bau<strong>de</strong>lairiennes : “l’amour<br />

est une rose avec <strong><strong>de</strong>s</strong> épines empoisonnées”.<br />

Quant à la fidélité, elle est primordiale pour<br />

80% d’entre vous, même si un(e) cocu(e) sur<br />

<strong>de</strong>ux accepterait <strong>de</strong> passer l’éponge. Ce sujet<br />

a été l’occasion pour les plus machos <strong>de</strong><br />

s’exprimer : pour beaucoup, “ce qui compte<br />

surtout, c’est la fidélité <strong>de</strong> la nana”.<br />

En tout cas, vous êtes <strong>de</strong> sacrés rapi<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pour bon nombre d’entre vous : 30%<br />

envisagent tout <strong>de</strong> suite les rapports sexuels<br />

avec leur partenaire.<br />

<strong>Le</strong>s<br />

filles, faites<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> efforts :<br />

seulement<br />

41% <strong>de</strong> vos<br />

mecs sont<br />

satisfaits <strong>de</strong><br />

vos pirouettes<br />

(cacahuète),<br />

alors qu’ils<br />

vous satisfont<br />

d<strong>ans</strong> 75% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cas. Et quand<br />

on vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

si vous<br />

seriez prêts à<br />

tout plaquer<br />

par amour, 4<br />

sur 5 refusent<br />

<strong>de</strong> laisser leur<br />

famille, leurs<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, leurs<br />

amis et leur<br />

téléphone<br />

portable. Un<br />

spor’et s’est<br />

<strong>of</strong>fusqué <strong>de</strong><br />

notre question : “tout plaquer par amour ?<br />

rugbyman !”.<br />

Vie <strong>de</strong> couple<br />

- Avril 2008<br />

Enfin, soyons sérieux. 29% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

filles et 43% <strong><strong>de</strong>s</strong> garçons (voilà <strong>de</strong> quoi briser<br />

une certaine image <strong>de</strong> chauds lapins pour<br />

les mecs et <strong>de</strong> petites filles sages pour les nénettes)<br />

se déclarent prêts à avoir une relation<br />

stable avec quelqu’un, même si un première<br />

année overbooké n’envisage pas <strong>de</strong> se lancer<br />

d<strong>ans</strong> une aventure si périlleuse car il a trop<br />

<strong>de</strong> boulot. Par ailleurs, 42% <strong><strong>de</strong>s</strong> nanas et 21%<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mecs trouvent le mariage inutile, environ<br />

10% n’y voient qu’un avantage fiscal,<br />

quelle tristesse. Et, Insa oblige, 15% voient là<br />

l’occasion <strong>de</strong> se bourrer la gueule, se péter<br />

un coin...<br />

Pour finir, on remercie les 150 personnes<br />

du A et du H qui ont répondu au<br />

questionnaire, comblant notre curiosité.<br />

o


Désormais avec un questionnaire<br />

en ligne savamment placé d<strong>ans</strong> un e-mail, on<br />

touche les 4000 insaliens d’un coup dont 560<br />

réponses vali<strong><strong>de</strong>s</strong>. On va vous épargner tout<br />

plein <strong>de</strong> considérations statistiques qui seraient<br />

assez chiantes (et que je ne saurais pas<br />

faire) sur la représentativité <strong>de</strong> l’échantillon<br />

mais on peut quand même dire que quand il<br />

s’agit <strong>de</strong> sexe on a plus <strong>de</strong> réponses que <strong>de</strong><br />

potins, nouvelles et articles réunis.<br />

Commençons par quelques considérations<br />

générales car nous avons trouvé<br />

l’Insalien moyen ! Il est <strong>de</strong> sexe masculin<br />

(62%), hétérosexuel (92%, soit la moyenne<br />

nationale) en couple <strong>de</strong>puis plus d’un an<br />

(33%), en 3ème année (24%) <strong>de</strong> premier cycle<br />

(26%). (Ça se voit que je sèche les cours<br />

<strong>de</strong> stats ?).<br />

Couple et sentiments<br />

Nous étions plutôt surpris <strong>de</strong> voir<br />

que 51% <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses émanaient <strong>de</strong> personnes<br />

en<br />

couple. Cela<br />

nous semblait<br />

un peu<br />

exagéré,mais<br />

il est possible<br />

que les<br />

célibataires<br />

endurci(e)s<br />

et frustré(e)s<br />

soient moins<br />

enclins à répondre<br />

à un<br />

sondage sur<br />

le sexe, ce<br />

qui doit faire<br />

baisser les<br />

pourcentages.<br />

Vo us<br />

semblez à<br />

première vue<br />

fidèles et patientspuisque<br />

60% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes<br />

en couples le<br />

sont <strong>de</strong>puis<br />

plus d’un an (couples libres non compris)<br />

et 75% (80 chez les hommes et 70 chez les<br />

femmes) pensent que la fidélité est importante<br />

ou indispensable. Ces chiffres sont<br />

bizarrement exactement les mêmes qu’il y<br />

a 10 <strong>ans</strong>. Pourtant 37% <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes et 67%<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes en couple sont intéressés par<br />

une relation s<strong>ans</strong> len<strong>de</strong>main, ce qui réduit<br />

l’impression <strong>de</strong> fi<strong>de</strong>lité <strong><strong>de</strong>s</strong> Insalien(nes).<br />

Toute la poésie estudiantine s’exprime<br />

alors dès qu’on vous laisse un peu<br />

<strong>de</strong> place pour vous exprimer sur l’amour.<br />

L’amour peut <strong>de</strong>venir au choix “un truc<br />

méga compliqué”, ou “tiptop” selon les cas,<br />

voire “indispensable, comme le nutella” ou<br />

“avoir une putain d’envie <strong>de</strong> l’autre tout le<br />

temps” pour les plus romantiques, “un fleuve<br />

<strong>de</strong> Russie” et j’en passe.<br />

Contrairement à ce qu’on pourrait<br />

penser nos aînés envisageaient <strong><strong>de</strong>s</strong> relations<br />

sexuelles beaucoup plus tôt que nous :<br />

10% d<strong>ans</strong> les premières heures aujourd’hui<br />

contre 30% il y a 10 <strong>ans</strong>. Pour ce qui est <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

preuves d’amour nous ne sommes pas déçus<br />

car si 21% <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes refusent catégoriquement<br />

<strong>de</strong> changer il y a encore <strong><strong>de</strong>s</strong> romantiques<br />

prêts à tout plaquer par amour :<br />

orgueil, cannabis, bières alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>, match<br />

du Real Madrid, pyjama tricotés par grandmère,<br />

etc...<br />

Vie <strong>de</strong> couple<br />

Insaliennes vous pouvez vous<br />

estimer heureuses car vos performances<br />

sexuelles ont plus que doublé en dix <strong>ans</strong><br />

avec désormais 92% <strong>de</strong> partenaires satisfaits.<br />

De plus l’inverse est également vrai<br />

d<strong>ans</strong> une moindre mesure car <strong>de</strong> 75%<br />

d’Insaliennes satisfaites vous êtes passées<br />

à 91%. Ces scores sont assez logiques car<br />

vous vous connaissez plutôt très bien les<br />

uns les autres, puisque on observe moins <strong>de</strong><br />

2% d’erreur entre ce que l’autre sexe estime<br />

être vos points les plus sensibles et ceux que<br />

vous déclarez comme tels. Pour ceux et celles<br />

qui ont séché les cours, ces zones sont<br />

le cou et les oreilles chez les hommes, et le<br />

cou et les seins chez les femmes. Il est cependant<br />

à noter il n’est pas exclu <strong>de</strong> tomber<br />

sur un marginal préférant se faire masser le<br />

clitoris.<br />

L’échangisme a reculé en 10 <strong>ans</strong> car<br />

s’il attirait un Insalien sur 4 il y a 10 <strong>ans</strong> il<br />

n’attire plus que 12% <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes (surtout<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> amis ou “un cactus” !) et 6% <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

femmes (“avec <strong><strong>de</strong>s</strong> gants”).Une statistique<br />

intéressante est aussi <strong>de</strong> voir qu’un tiers <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Insaliens arrive vierge en première année et<br />

plus <strong>de</strong> la moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliennes (53%). Ce<br />

chiffre tombant aux alentours <strong>de</strong> 15% dès<br />

la <strong>de</strong>uxième année, preuve qu’on apprend<br />

bien <strong><strong>de</strong>s</strong> choses à l’Insa.<br />

Au lit !<br />

Oui, au lit car vous êtes aussi<br />

pantouflards que vos ainés. Vous êtes très<br />

douche et machine à laver (20 et 23%) mais<br />

pas souvent, vous préférez quand même le<br />

confort du lit (75%) Ce n’est pas d<strong>ans</strong> les<br />

positions que se révèle votre imagination<br />

technologique car vos positions préférées<br />

reflètent également une certaine flemme (La<br />

femme <strong><strong>de</strong>s</strong>sus pour les hommes et inversement<br />

car “faut pas déconner ca fait quand<br />

même mal aux bras d’être <strong><strong>de</strong>s</strong>sus” selon<br />

un rédacteur fatigué). Viennent ensuite la<br />

levrette et les petites cuillères (sur le côté),<br />

puis quelques prouesses sportives comme le<br />

collier <strong>de</strong> Vénus ou toute une ménagerie, du<br />

panda à l’éléphant en passant par l’étoile <strong>de</strong><br />

mer....<br />

En terme <strong>de</strong> fantasmes, les Insaliens<br />

ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> plus originaux, nombre<br />

d’entre vous avouent rêver d’un harem <strong>de</strong><br />

plusieurs filles autour <strong>de</strong> vous, le tout exprimé<br />

selon plus ou moins <strong>de</strong> poésie. Vous<br />

avez également beaucoup d’attirance pour :<br />

vos pr<strong>of</strong>s (même si la “pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> maths se trouve<br />

être la mère d’une ex”), les habits d’ écolière,<br />

“le train Starsbourg-<strong>Lyon</strong>”. <strong>Le</strong>s lieux<br />

publics ont plus la côte chez les femmes :<br />

piscine, plage, église, salle <strong>de</strong> cours, avion,<br />

île déserte, tout y passe.<br />

Allez, il est temps <strong>de</strong> pratiquer !<br />

Alys et Arnaud<br />

49<br />

Culture<br />

...et le gimgembre India !<br />

N°118 - Mars 2008 N°97 - Déc. 2003<br />

Quasiment 10 <strong>ans</strong>, jour pour jour après le premier sondage, un questionnaire<br />

similaire est envoyé aux Insaliens, cette fois par le biais d’Internet.<br />

De violents coups <strong>de</strong> poings contre<br />

la porte. “C<strong>of</strong>fee” crie le bonhomme, tenant<br />

un grand bidon en inox. C’est qu’il fait froid<br />

ce matin. La mousson a enfin fini par tomber,<br />

<strong>de</strong> tout son poids. La jungle pleure et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

torrents <strong>de</strong> boue rouge se forment ça et là.<br />

<strong>Le</strong>s gouttes s’écrasent sur les feuilles <strong><strong>de</strong>s</strong> palmiers<br />

qui s’élancent haut d<strong>ans</strong> le ciel noir. Pas<br />

<strong>de</strong> quoi effrayer les brahmanes, <strong><strong>de</strong>s</strong> chants et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sons <strong>de</strong> cloche s’évaporent du temple,<br />

près <strong>de</strong> la chambre. En la poussant un peu,<br />

la porte <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> bain se décoince. Un<br />

scorpion surpris se retourne soudainement<br />

la queue pointée d<strong>ans</strong> ma direction. Une violente<br />

claque <strong>de</strong> ma sandale a raison <strong>de</strong> lui. La<br />

petite tâche noire et visqueuse est vite lavée<br />

par l’eau jaunâtre <strong>de</strong> la douche. Rien <strong>de</strong> tel<br />

qu’une sueur froi<strong>de</strong> pour se réveiller. J’ai prié<br />

toute la nuit pour un petit déjeuner à l’européenne,<br />

servis parfois. Ganesh ne m’a pas entendu,<br />

j’ai droit au repas local : <strong><strong>de</strong>s</strong> idly, genre<br />

<strong>de</strong> petites galettes <strong>de</strong> blé aux allures <strong>de</strong> mie<br />

<strong>de</strong> pain trempée d<strong>ans</strong> l’eau, que l’on asperge<br />

<strong>de</strong> sauce blanche et épaisse à la noix <strong>de</strong> coco.<br />

Il est temps <strong>de</strong> prendre la route<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> écoliers et <strong>de</strong> rejoindre le peloton <strong>de</strong> vélos<br />

qui se dirige vers les départements. Sur<br />

le bord <strong>de</strong> la route, les biches et les cerfs ne<br />

semblent pas trop effrayés par les sonnettes<br />

et continuent <strong>de</strong> mastiquer paisiblement les<br />

déchets du campus. Une notion différente <strong>de</strong><br />

l’environnement, c’est certain.<br />

Comme tous les matins le gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

service veille au bon rangement <strong><strong>de</strong>s</strong> vélos.<br />

A 8h00 la sirène retentit. D<strong>ans</strong> la salle, filles<br />

et garçons ne se mêlent pas. Ces <strong>de</strong>rniers se<br />

tiennent par la taille ou les épaules, se collent.<br />

Pas <strong>de</strong> fausses conclusions ! Ici ce sont<br />

juste <strong><strong>de</strong>s</strong> gestes d’amitié. <strong>Le</strong> pr<strong>of</strong> arrive enfin,<br />

avec ses notes, sa moustache et son anglais<br />

saccadé, rapi<strong>de</strong> et torturé, bref incompréhensible.<br />

Pas le temps <strong>de</strong> trouver un stylo qu’il<br />

a déjà blanchi un tableau entier d’équations !<br />

Mais aucun problème pour mes camara<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

D’ailleurs ils le font comprendre au pr<strong>of</strong> en<br />

agitant la tête. Encore quelques intégrales et<br />

la matinée se termine par le “mess”. La pluie<br />

est un vieux souvenir et le soleil tape fort.<br />

Du riz ! Etonnant. Il colle, cela le<br />

rend plus facile à manger avec la main.Il est<br />

accompagné <strong>de</strong> sauces toutes plus épicées<br />

les unes que les autres. Enfin les chapatis et<br />

les bananes sont <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs sûres et achèvent<br />

le déjeuner. D<strong>ans</strong> la rési<strong>de</strong>nce, un petit<br />

groupe travaille sur un chantier. <strong>Le</strong>s femmes<br />

portent par douzaines <strong><strong>de</strong>s</strong> briques sur leurs<br />

têtes s<strong>ans</strong> l’ombre d’un effort tandis que les<br />

hommes bétonnent en chantant. Des singes<br />

viennent d’envahir les alentours et sautent<br />

<strong>de</strong> branches en branches. Rares sont les étudiants<br />

qui ne se sont pas fait cambrioler par<br />

ces as <strong>de</strong> la pirouette. La pru<strong>de</strong>nce est <strong>de</strong> rigueur.<br />

C’est l’heure <strong>de</strong> la sieste. Pour nous,<br />

étudiant d’échange, l’après-midi est souvent<br />

libre. Puis le tchai quotidien, un moment privilégié,<br />

la vie toute entière semble s’arrêter<br />

pour quelques gorgées <strong>de</strong> la boisson nationale,<br />

à base <strong>de</strong> thé. Il s’agit ensuite <strong>de</strong> choisir<br />

entre une petite baigna<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> les eaux chau<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

et vertes <strong>de</strong> la piscine, une partie <strong>de</strong> foot<br />

avec l’équipe <strong>de</strong> l’institut ou une balla<strong>de</strong> sur<br />

la plage à déguster une Kingfischer. <strong>Le</strong> soleil<br />

s’est couché <strong>de</strong>puis longtemps. Au loin, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cris <strong>de</strong> joies signalent la victoire <strong>de</strong> l’équipe<br />

<strong>de</strong> cricket <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong> au bout <strong>de</strong> quatre jours.<br />

François et Marie<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Culture<br />

Par un bel après-midi ensoleillé,<br />

un ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> hot-dogs <strong>de</strong> la 40 ème avenue a<br />

le malheur <strong>de</strong> se prendre un méga astéroï<strong>de</strong><br />

sur le coin <strong>de</strong> la gueule. “C’est un exterminateur”<br />

dit l’expert <strong>de</strong> la NASA qui a oublié<br />

d’être con sinon il écrirait d<strong>ans</strong> L’Insatiable.<br />

“Vous êtes sûr ?” interroge le Prési<strong>de</strong>nt qui<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ses affaires avec Monica vont<br />

être résolues par la provi<strong>de</strong>nce. <strong>Le</strong> scientifique<br />

sort sa TI-30 et répond: “Oui Monsieur le<br />

Prési<strong>de</strong>nt, d<strong>ans</strong> 17 jours, 2 heures, 37 minutes,<br />

12 secon<strong><strong>de</strong>s</strong> ; ah non pardon 11 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

On est d<strong>ans</strong> la mer<strong>de</strong>.” “Ah bon. Parlez-en à<br />

mon conseiller” répond le Prési<strong>de</strong>nt qui retourne<br />

voir Monica. Il ne reste plus qu’une<br />

seule personne pour sauver le mon<strong>de</strong>, c’est<br />

Bruce Willis. “Je l’ai bien aimé d<strong>ans</strong> Pulp<br />

Fiction, dit le prési<strong>de</strong>nt au téléphone. Ah oui<br />

continue !”<br />

Sur une plate-forme pétrolière, Bruce<br />

essaie <strong>de</strong> tuer le fiancé <strong>de</strong> sa fille à coups<br />

<strong>de</strong> fusil à pompe. Il est grossièrement interrompu<br />

par une fuite <strong>de</strong> pétrole. “<strong>Le</strong> forage<br />

c’est un art, c’est pas fait pour les tapettes”<br />

s’exclame Bruce <strong>de</strong>vant le scientifique qui<br />

trouve plus intelligent <strong>de</strong> former 10 foreurs<br />

au métier d’astronaute (en 17 jours, 2 heures,<br />

37 minutes, 10 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>) que l’inverse.<br />

Alors Bruce constitue son équipe,<br />

tous <strong><strong>de</strong>s</strong> foreurs comme leurs pères (pas <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tapettes). Il y a un qui va voir son fils qu’il a<br />

pas vu <strong>de</strong>puis 10 <strong>ans</strong>. Son ex-femme le vire et<br />

dit au gniard : “C’est un représentant”. Ensuite<br />

le Prési<strong>de</strong>nt fait un discours au mon<strong>de</strong>.<br />

“<strong>Le</strong> sort <strong>de</strong> la Terre repose sur les épaules <strong>de</strong><br />

10 personnes (pas <strong><strong>de</strong>s</strong> tapettes), d<strong>ans</strong> la Bible<br />

on appelle ça Armageddon.” À ce moment-là<br />

les colombes s’envolent et les indiens prient<br />

<strong>de</strong>vant le Taj Mahal. <strong>Le</strong> gniard voit son père<br />

à la télé : “Maman, y a le représentant à la<br />

télé !” La mère, la larme à l’oeil et la voix vibrante<br />

dit : “Ce n’est pas un représentant,<br />

c’est ton père”. <strong>Le</strong>s spectateurs d<strong>ans</strong> la salle<br />

pleurent à chau<strong><strong>de</strong>s</strong> larmes.<br />

In Bruce we trust<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Miyazaki mais c’est qui ?<br />

Si ce nom <strong>de</strong> Miyazaki ne vous évoque rien, il n’en est probablement pas <strong>de</strong> même en ce qui concerne ses œuvres.<br />

Retour sur la carrière du créateur du Voyage <strong>de</strong> Chihiro et <strong>de</strong> Princesse Mononoké.<br />

Depuis la sortie <strong>de</strong> son <strong>de</strong>rnier<br />

film, <strong>Le</strong> Voyage <strong>de</strong> Chihiro, Hayao Miyazaki est<br />

connu du grand public en France. Pourtant il<br />

n’en est pas à son premier succès, ses <strong>de</strong>rnières<br />

œuvres en date étaient Princesse Mononoké,<br />

Pareo Rosso et Mon Voisin Totoro. Mais ces films<br />

nous sont parvenus avec quelques années <strong>de</strong><br />

retard <strong>de</strong>puis le Japon. En effet, même si sa<br />

consécration d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal est<br />

assez récente, surtout <strong>de</strong>puis son Ours d’Or<br />

au festival <strong>de</strong> Berlin pour <strong>Le</strong> Voyage <strong>de</strong> Chihiro,<br />

Miyazaki travaille <strong>de</strong>puis longtemps d<strong>ans</strong> le<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux navettes X35, <strong>de</strong>rniers<br />

prototypes <strong>de</strong> la NASA développés par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

GMD juste pour les besoins du film en cinq<br />

minutes, s’envolent pour faire exploser le<br />

caillou (<strong>de</strong> la taille du Texas). Elles doivent<br />

se ravitailler sur la station MIR. <strong>Le</strong> Russe est<br />

bourré à la vodka et fait sauter la station, c’est<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’animation et du manga et il est<br />

considéré comme une véritable célébrité au<br />

Japon.<br />

Ses débuts<br />

Issu d’une famille <strong>de</strong> fabricants<br />

d’avions, Miyazaki découvre l’animation vers<br />

17 <strong>ans</strong> et cinq <strong>ans</strong> plus tard, il entre à Toei<br />

Animation, sanctuaire national du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin animé<br />

dont sont issus entre autre Dragon Bali et<br />

<strong>Le</strong>s chevaliers du Zodiaque. Il n’est alors qu’un<br />

Sauvez Willis !<br />

<strong>Le</strong>s films catastrophes n’ont malheureusement pas été inventés à<br />

l’arrivée <strong>de</strong> 2012. Souvenez-vous en 98, un certain Armageddon...<br />

normal, c’était pas <strong>de</strong> la fabrication américaine,<br />

<strong>de</strong> toute façon elle était vieille. Ça manque<br />

<strong>de</strong> filles, celle <strong>de</strong> Bruce tremble pour son<br />

fiancé.<br />

L’atterrissage sur l’astéroï<strong>de</strong> est une<br />

catastrophe : la navette du fiancé s’écrase<br />

mais celui-ci en réchappe, la fille <strong>de</strong> Bruce<br />

tremble toujours. <strong>Le</strong> forage est plus dur à<br />

faire que prévu (normal, il reste <strong>de</strong>ux heures<br />

<strong>de</strong> film) ; le trou doit faire <strong>25</strong>0m. À 248 m, la<br />

Terre n’est toujours pas sauvée. À la NASA,<br />

les militaires prennent le pouvoir et veulent<br />

faire exploser la bombe avant que les <strong>25</strong>0m<br />

soient atteints.<br />

Bruce se fâche, “je creuserai ce trou,<br />

le forage est un art, on est pas <strong><strong>de</strong>s</strong> tapettes”.<br />

Forcément, les militaires obéissent. Toutes les<br />

cinq minutes toutes les emmer<strong><strong>de</strong>s</strong> possibles<br />

sur un astéroï<strong>de</strong> leur tombent <strong><strong>de</strong>s</strong>sus : tremblement<br />

<strong>de</strong> terre, poches <strong>de</strong> gaz, chutes <strong>de</strong><br />

cailloux sur le trou, pénurie <strong>de</strong> PQ, re-tremblement<br />

<strong>de</strong> terre, <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Paris. La<br />

fiancée tremble.<br />

My God je vais mourir<br />

<strong>Le</strong> mécanisme <strong>de</strong> déclenchement à<br />

distance <strong>de</strong> la bombe ne veut plus fonctionner,<br />

Bruce se sacrifie pour que sa fille soit<br />

heureuse. Au moment <strong>de</strong> faire exploser, recatastrophes<br />

: re-tremblement <strong>de</strong> terre, re-poches<br />

<strong>de</strong> gaz, re-chutes <strong>de</strong> cailloux sur le trou,<br />

re-pénurie <strong>de</strong> PQ, re-retremblement <strong>de</strong> terre,<br />

re-<strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Paris. La fiancée re-tremble.<br />

Et la fusée ne veut pas démarrer à cause d’un<br />

problème <strong>de</strong> starter. <strong>Le</strong> Russe qui a survécu<br />

s’énerve et tape sur la machine en gueulant:<br />

“Saloperie <strong>de</strong> matériel ma<strong>de</strong> in Taïwan”. La<br />

fusée démarre, la fiancée pleure son père.<br />

Bruce appuie sur le bouton à la <strong>de</strong>rnière<br />

secon<strong>de</strong>, la Terre est sauvée et le Prési<strong>de</strong>nt<br />

peut refaire un discours (le même qu’au<br />

début) <strong>de</strong>vant la photo <strong>de</strong> Kennedy. <strong>Le</strong>s enfants<br />

du mon<strong>de</strong> sont heureux et jouent avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> navettes américaines en modèle réduit.<br />

La fille <strong>de</strong> Bruce se marie avec son fiancé et<br />

ils ont plein <strong>de</strong> petits foreurs, pas <strong><strong>de</strong>s</strong> tapettes.<br />

L’Amérique est une nation <strong>de</strong> héros.<br />

Filmé à grand coups d’effets spéciaux,<br />

ce film démontre une fois <strong>de</strong> plus<br />

qu’en 1998, pour faire vendre, il vaut mieux<br />

que ce soit stupi<strong>de</strong> et con que vouloir faire du<br />

spirituel...<br />

ALKA ET FREDO<br />

50<br />

N°71 - Oct. 98<br />

“ouvrier” du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin. Mais à 30 <strong>ans</strong>, déçu par<br />

la standardisation <strong><strong>de</strong>s</strong> productions et suite à<br />

une confrontation avec la direction, il quitte<br />

son travail. Il s’en suit une série <strong>de</strong> participations<br />

à <strong>de</strong> nombreuses séries télé animées.<br />

Bien que peu glorifiants, ces emplois successifs<br />

lui apprennent le métier <strong>de</strong> réalisateur et,<br />

à 38 <strong>ans</strong>, il signe son premier long métrage<br />

<strong>Le</strong> Château <strong>de</strong> Cagliostro qui se démarque <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autres productions japonaises par son absence<br />

<strong>de</strong> décors intergalactiques et <strong>de</strong> superhéros.<br />

Enfin libre...<br />

Il est remarqué par un studio américain<br />

qui l’embauche pour la coproduction <strong>de</strong><br />

Nemo. Mais manquant <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvre,<br />

il démissionne et se lance d<strong>ans</strong> le manga<br />

avec l’écriture <strong><strong>de</strong>s</strong> sept volumes <strong>de</strong> Nausicaä,<br />

La Vallée du Vent qui est sa première véritable<br />

création originale. Il abor<strong>de</strong> les thèmes qui<br />

seront l’essence même <strong>de</strong> ses films : la vie, le<br />

pacifisme et la nature. Il en tire un film sorti<br />

en 1984, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> son éditeur, qui va<br />

<strong>de</strong>venir son mécène et lui <strong>of</strong>frir <strong>de</strong> créer son<br />

studio : le studio Ghibli. Peu à peu, la maison<br />

s’agrandit pour atteindre aujourd’hui 150<br />

personnes. Nombre d’auteurs <strong>de</strong> fameuses<br />

animations japonaises sont issues du studio.<br />

Isao Takahata, créateur du Tombeau <strong><strong>de</strong>s</strong> Lucioles,<br />

travaille toujours à Ghibli. De même,<br />

Mamoru Oshii, auteur <strong>de</strong> Ghost in the Shell<br />

et Avalon a longtemps été un élève <strong>de</strong> Miyazaki.<br />

Ses films cultes<br />

C’est avec Mon Voisin Totoro que la<br />

reconnaissance nippone arrive. <strong>Le</strong>s paysages<br />

y sont sublimes et le Japon plus verdoyant<br />

que jamais. Avec <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> spectateurs,<br />

le film <strong>de</strong>vient un véritable phénomène<br />

<strong>de</strong> société. Miyazaki est malgré lui assimilé<br />

à un écolo, image qu’il porte toujours. Avec<br />

Pareo Rosso, il s’éloigne un peu <strong>de</strong> cette féerie<br />

et s’adresse plus directement à un public<br />

adulte avec son message pacifiste. Princesse<br />

Mononoké s’inscrit quant à lui d<strong>ans</strong> le Japon<br />

médiéval, avec la présence <strong>de</strong> dieux animaux<br />

bienveillants ou maléfiques. On y comprend<br />

le désir <strong>de</strong> Miyazaki <strong>de</strong> voir les hommes vivre<br />

et agir avec respect <strong>de</strong> la nature et non pas à<br />

ses dépends.<br />

D<strong>ans</strong> sa <strong>de</strong>rnière création, <strong>Le</strong> Voyage<br />

<strong>de</strong> Chihiro, la beauté <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins et <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages<br />

est soulignée par la musique <strong>de</strong> Joe<br />

Hisaishi, qui est le compositeur <strong><strong>de</strong>s</strong> ban<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

originales <strong>de</strong> tous ses films <strong>de</strong>puis <strong>Le</strong> Château<br />

d<strong>ans</strong> le Ciel.<br />

Un dieu au Japon<br />

N°90 - Juin 2002<br />

Plus <strong>de</strong> 20 millions <strong>de</strong> Japonais ont<br />

vu <strong>Le</strong> Voyage <strong>de</strong> Chihiro, ce qui en fait le premier<br />

du box-<strong>of</strong>fice <strong>de</strong> l’histoire du cinéma au<br />

Japon. Malgré tous ces succès, Miyazaki a su<br />

gar<strong>de</strong>r son imagination intacte et recréer, à<br />

chaque film, un nouveau mon<strong>de</strong>. Miyazaki<br />

est qualifié d’universel tant par les spectateurs<br />

que par ses pairs tels Akira Kurosawa qui lui<br />

a dit d<strong>ans</strong> une lettre : “Votre sens du naturel,<br />

votre simplicité, ne cessent <strong>de</strong> m’émouvoir”.<br />

o


L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Contraintes et ingéniosité ne sont pas s<strong>ans</strong> lien, la secon<strong>de</strong> permettant<br />

souvent <strong>de</strong> s’affranchir <strong><strong>de</strong>s</strong> premières. Selon les époques, l’Insa<br />

aura aidé au développement <strong>de</strong> l’ingéniosité <strong>de</strong> ses élèves, avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> s’affranchir<br />

<strong>de</strong> certains interdits. Petit tour <strong>de</strong> scènes <strong>de</strong> vie, véritables reflets<br />

<strong>de</strong> la société.<br />

Ju<strong>de</strong>x, personnage télévisuel, était un espion en peignoir qui<br />

surveillait les couples. Ju<strong>de</strong>x était aussi le surnom attribué à l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

premiers directeurs <strong>de</strong> l’Insa, appellation donnée à juste titre, ce <strong>de</strong>rnier<br />

surveillait lui-aussi les couples <strong>de</strong>hors, n’hésitant pas à envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> courriers<br />

aux parents : “on a surpris votre fille avec un garçon”. L’époque<br />

était bien plus restrictive, les garçons n’avaient pas le droit <strong>de</strong> se rendre<br />

à l’étage <strong><strong>de</strong>s</strong> filles en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires autorisées en journée. Et viceversa.<br />

Aujourd’hui, même pour votre copine <strong>de</strong> primaire, vos parents<br />

n’ont jamais rien su, alors imaginez à plus <strong>de</strong> 18 <strong>ans</strong>, il est bien heureux<br />

qu’Alain Storck ait lui-même mieux à faire <strong>de</strong> ses nuits que se planquer<br />

<strong>de</strong>rrière un buisson, à guetter les entrées-sorties du bâtiment A. Ju<strong>de</strong>x<br />

justifiait son action par un sentiment <strong>de</strong> responsabilité envers les parents,<br />

à une époque où la majorité était encore à 21 <strong>ans</strong>, les parents auraient pu<br />

poursuivre le directeur en cas <strong>de</strong> problème.<br />

On l’aura compris, pour parvenir à ses fins, il fallait faire preuve<br />

d’ingéniosité. Heureusement, la faille existait, c’était la sécurité, les portes<br />

“mal verrouillées” permettaient les infiltrations nocturnes. D’ailleurs<br />

la salle d’exposition <strong><strong>de</strong>s</strong> Humas dotée <strong>de</strong> canapés semblait facilement<br />

accessible, et ce à toute heure <strong>de</strong> la nuit. Cette pério<strong>de</strong> d’interdits prendra<br />

fin en 1968. La gran<strong>de</strong> grève avait, entre autres, débuté à Nanterre par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> revendications sur l’accès aux chambres <strong><strong>de</strong>s</strong> filles.<br />

Du temps où ni le téléphone portable ni Internet n’existaient,<br />

on fréquentait les cabines téléphonique <strong>de</strong> manière plus assidue. Si les<br />

téléphones <strong>de</strong> Condorcet permettaient <strong>de</strong> truan<strong>de</strong>r facilement les PTT,<br />

Humeurs<br />

il fallait s’y rendre, ce qui pour n’importe quel étudiant un tant soit peu<br />

fainéant fait <strong>of</strong>fice d’expédition Arctique. L’un d’eux, un peu plus débrouillard<br />

que les autres et tout aussi fainéant, était parvenu à se raccor<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong>puis le sous-sol <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce au standard <strong>de</strong> l’Insa, lui <strong>of</strong>frant<br />

le téléphone gratis <strong>de</strong>puis sa chambre. Devant certaines factures inexpliquées,<br />

la direction finit par le soupçonner et déci<strong>de</strong> d’aller vérifier. Averti<br />

<strong>de</strong> l’arrivée imminente du directeur d<strong>ans</strong> sa chambre, l’étudiant a tout<br />

juste le temps <strong>de</strong> démonter ses installations. Une fois le directeur sur<br />

place, seules <strong><strong>de</strong>s</strong> traces au niveau <strong>de</strong> l’ancien raccor<strong>de</strong>ment persistent,<br />

l’étudiant prétend la corrosion naturelle, le directeur, ancien chimiste,<br />

argumente le contraire. Finalement, il ne se fera jamais pincer.<br />

Chimie, justement. Un étudiant du bâtiment H, praticien en<br />

<strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> labos, avait synthétisé un produit chimique qu’il entreposait<br />

d<strong>ans</strong> le frigidaire <strong>de</strong> la turne. D<strong>ans</strong> sa turne vit son énième coturne, un<br />

peu plus résistant ou inconscient que les précé<strong>de</strong>nts, tous partis, effrayés<br />

par un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie atypique du colocataire chimiste (plantations, élevage<br />

<strong>de</strong> serpents, etc). Ce nouveau coturne, intrigué par la substance, la sort<br />

du frigo n’ayant aucune idée <strong>de</strong> sa sensibilité à la chaleur, ni même <strong>de</strong><br />

son caractère explosif. L’explosion fit perdre un doigt au malheureux coturne,<br />

qui fut également le <strong>de</strong>rnier, l’administration abandonnant l’idée<br />

<strong>de</strong> faire vivre le chimiste mordu <strong>de</strong> reptiles en colocation.<br />

Pour terminer, une règle <strong>de</strong> bon sens. Avant sa première rénovation<br />

d<strong>ans</strong> les années 1970, le bâtiment C est fait <strong>de</strong> cloison en bois. <strong>Le</strong>s<br />

cloisons en bois n’aiment pas l’eau et elle-même ne fait pas bon ménage<br />

avec une installation électrique non reliée à la terre. Ainsi, <strong>de</strong> nombreuses<br />

histoires rapportent <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières s’allumant seules par faux contact,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> frigos envoyant <strong><strong>de</strong>s</strong> pêches pour peu que l’on fasse masse ou encore<br />

la possibilité d’éclairer sa lampe <strong>de</strong> bureau à l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> fenêtres métalliques.


Humeur<br />

<strong>Le</strong> décalé<br />

Pas <strong>de</strong> chance, lui, il a attaqué la<br />

soirée un peu trop tôt et arrive sur place<br />

avec un verre d’avance. C’est rien, un verre,<br />

il a prévu d’en enquiller pas mal d’autres<br />

sur son élan… Au début tout va bien, il est<br />

super joyeux, parle à tout le mon<strong>de</strong>, se sent<br />

drôle, sociable à tel point que les gens lui<br />

paraissent mous. Il sert <strong><strong>de</strong>s</strong> canons à tout le<br />

mon<strong>de</strong>, essaye <strong>de</strong> mettre l’ambiance. Et là<br />

c’est le drame, prise <strong>de</strong> conscience difficile :<br />

il est bourré. Il le sait, il le sent… Tous ceux<br />

qui ont assisté à ce spectacle vous le diront,<br />

c’est moche. Ça fait penser à la minute <strong>de</strong> lucidité<br />

d’un mala<strong>de</strong> d’Alzheimer, d’un coup<br />

il le sait, pour lui la soirée est finie. Il tente<br />

<strong>de</strong> rester digne et <strong>de</strong> participer aux conversations<br />

comme si <strong>de</strong> rien n’était, mais se trahit<br />

en permanence : il rigole à contre temps,<br />

parle trop fort, trébuche s<strong>ans</strong> raison… Il<br />

tente <strong><strong>de</strong>s</strong> manœuvres : passage <strong>de</strong> tête sous<br />

l’eau, petite promena<strong>de</strong> à l’air frais (“je vais<br />

acheter <strong><strong>de</strong>s</strong> clopes”), jusqu’à l’ultime café<br />

noir avec du gros sel qui lui colle la gerbe en<br />

prime. Et cette saleté <strong>de</strong> verre d’avance il va<br />

la trainer toute la soirée, déambulant comme<br />

un damné, cherchant quelqu’un à qui parler.<br />

En général il s’écroule après un bref coït sur<br />

le babyfoot.<br />

<strong>Le</strong> tueur<br />

Pour lui la soirée a commencé dès<br />

8h du matin, préparation tant physique que<br />

morale parce que le mental c’est primordial.<br />

Ce soir, il fourre. Petit-déjeuner léger, fruits et<br />

muesli, suivi d’une longue séance <strong>de</strong> musculation<br />

qui lui fait la silhouette métrosexuelle<br />

à la mo<strong>de</strong> : un gros biceps tout mou sur un<br />

long bras fin et <strong><strong>de</strong>s</strong> épaules rachitiques. La<br />

classe. D<strong>ans</strong> l’après-midi il fait les boutiques,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Clarks moches à 200 € et le petit polo<br />

Ralph Lauren rose qui va bien pour mouler<br />

ses pectoraux pointus. D<strong>ans</strong> la soirée il se<br />

prépare, trois tonnes <strong>de</strong> gel et assez <strong>de</strong> déo<br />

pour tuer un petit rhinocéros. Arrivé en soirée,<br />

il boit directement une Smirn<strong>of</strong>f Ice et<br />

est le premier sur le dancefloor. Toute la nuit<br />

il cherche une nana avec <strong><strong>de</strong>s</strong> standards baissant<br />

au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> heures. En général il termine<br />

la soirée avec une grosse moche morte bourrée<br />

à l’arrière <strong>de</strong> sa polo ou se faisant meuler<br />

la gueule par le rugbyman <strong>de</strong> service pour<br />

avoir un peu trop collé sa meuf.<br />

L’occasionnel<br />

Lui ne fait jamais la fête, il ne boit<br />

pas, ne sort pas… Rien <strong>de</strong> bien grave après<br />

tout puisqu’il a d’autres passions. Il est notamment<br />

responsable du pôle photocopieu-<br />

Je suis un gros lourd<br />

Au plus pr<strong>of</strong>ond <strong>de</strong> chaque élève ingénieur sommeille un lourd. Il suffit <strong>de</strong> bien peu <strong>de</strong> choses, <strong>de</strong> quelques<br />

bières, pour qu’il s’éveille et sème la terreur d<strong>ans</strong> la plus classe <strong><strong>de</strong>s</strong> soirées.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

se du bureau <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves <strong>de</strong> son école d’ingénieur,<br />

un poste qui fera bien sur son CV<br />

quand il sera amené à passer un entretien.<br />

Plutôt discret, il ne se sent pas super à l’aise<br />

en public. Pourtant ce soir il se lâche : c’est<br />

la soirée jumelée avec l’école d’infirmières<br />

préparée avec soin pour tenter <strong>de</strong>, pour une<br />

fois, faire passer le taux <strong>de</strong> nana au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> 5%. Dès son entrée d<strong>ans</strong> la boîte, il va<br />

vers l’open bar et goûte à la vodka caramel. Il<br />

commence à avoir chaud, il se sent bien, surpuissant<br />

: ce soir, il est le roi <strong>de</strong> la fête. Il va<br />

déchirer le dancefloor avec ses potes du club<br />

robotique, ils font la chenille et chantent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ch<strong>ans</strong>ons paillar<strong><strong>de</strong>s</strong>. “Chope chope chope !”.<br />

Il se sent pousser <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes et se rapproche<br />

du banc <strong>de</strong> trois nanas qui tentent <strong>de</strong> se tenir<br />

à l’écart <strong><strong>de</strong>s</strong> 79 mecs morts <strong>de</strong> faim qui les<br />

zieutent <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> la soirée. Elles<br />

Comme chacun le sait, il ne faut pas<br />

vivre pour boire mais boire pour vivre. Qui<br />

ne s’est pas retrouvé un jour d<strong>ans</strong> l’une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

situations suivantes. Après 2 ou 3 litres <strong>de</strong><br />

Kro, vous adressez un vague clin d’œil enjôleur<br />

à toutes les personnes que vous croisez<br />

et qui vous sourient quand même, mi-amusées<br />

mi-franchement navrées, pour enfin<br />

leur asséner un rassurant “Je gèèèèèrrrrre”<br />

en leur mettant une main au cul. Refroidi<br />

par le manque <strong>de</strong> chaleur et d’entrain <strong>de</strong> vos<br />

ami(e)s du même sexe vous envisagez sérieusement<br />

la drague <strong>de</strong> votre co-TP. Résultat<br />

: cinq heures consécutives d’acharnement<br />

ponctuées par vos propositions “Il reste <strong>de</strong><br />

la Sangria, t’en veux encore ?” s<strong>ans</strong> manquer<br />

<strong>de</strong> revenir sur le vrai leitmotiv: “Au fait c’est<br />

quoi déjà ton prénom ?”. De toute façon c’est<br />

mort, vous le savez.<br />

<strong>Le</strong> succès aurait été certainement<br />

au ren<strong>de</strong>z-vous si seulement votre pote célibataire<br />

n’avait pas pris son pied à sautiller<br />

en rond autour <strong>de</strong> vous <strong>de</strong>ux en martelant<br />

d’encourageants mais maladroits “chope,<br />

chope, chope !”. En vous promenant parmi<br />

les convives qu’ont l’air vachement en phase<br />

avec vous, vous saisissez au vol quelques<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> déclarations [NDPs : <strong>de</strong> celles qu’on<br />

oublie trop souvent mais que nous avons<br />

consciencieusement recueillies ici] comme :<br />

“mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> !”, “l’alcool, c’est une<br />

putain <strong>de</strong> saloperie ; faut boire <strong>de</strong> l’huile<br />

avant <strong>de</strong> se bourrer la gueule, ça fait un film<br />

plastique“, “les CDP 2001, vous êtes formidables<br />

!”, “le surréalisme nous invite à laisser<br />

libre cours à nos pulsions souterraines.<br />

52<br />

n’ont pas l’air assurées, genre la main d<strong>ans</strong><br />

le sac à main, prêtes à sortir le taser. “Salut tu<br />

veux d<strong>ans</strong>er”.<br />

Paf quatre litres <strong>de</strong> salive marron<br />

(rapport à la vodka caramel) partent avec<br />

la phrase. La nana, gentille mais pas assistante<br />

sociale non plus, le rembarre poliment<br />

tout en cherchant <strong><strong>de</strong>s</strong> kleenex d<strong>ans</strong> son sac à<br />

main. Blessé mais pas encore mort, notre ami<br />

l’occasionnel continue sa quête spirituelle<br />

au fond <strong>de</strong> la sangria. Pour lui la soirée est<br />

bientôt terminée, tout juste le temps <strong>de</strong> tenter<br />

d’embrasser sa co-TP à qui il n’a jamais<br />

réussi à parler en la regardant d<strong>ans</strong> les yeux<br />

et voilà qu’il pose une grosse plaque liqui<strong>de</strong><br />

d<strong>ans</strong> les escaliers qui mènent aux toilettes. Il<br />

se fait vi<strong>de</strong>r proprement et claque 30€ pour<br />

rentrer en taxi.<br />

Fred<br />

T’inquiète, je gèèère !<br />

N°99 - Avril 2004<br />

A ceux d’entre nous qui ont déjà ressenti l’envie <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> nom et <strong>de</strong><br />

partir immédiatement pour l’Australie après une soirée trop arrosée.<br />

J’enc..erais bien la strip-teaseuse.”<br />

N°116 - Octobre 2007<br />

Enfin, arrive toujours ce moment<br />

redouté où vous vous retrouvez tout seul au<br />

zinc, <strong>de</strong>rrière vos sept gobelets vi<strong><strong>de</strong>s</strong>, jetant<br />

par-ci, par-là, <strong><strong>de</strong>s</strong> regards <strong>de</strong> chien battu,<br />

vous <strong>de</strong>mandant vaguement quand vos<br />

ami(e)s sont partis et à quel moment vous<br />

avez cessé <strong>de</strong> les écouter pour vous concentrer<br />

sur la GCU callipyge d’à côté.<br />

À ce point <strong>de</strong> non-retour <strong>de</strong> la soirée,<br />

les issues ne sont pas très nombreuses.<br />

En général, vous vous retrouvez d<strong>ans</strong> un lit<br />

souillé par les rejections d’une nuit qui restera<br />

d<strong>ans</strong> les annales. Festivum cacatum, cacatum<br />

fouettat [NDPS : Caca <strong>de</strong> fête, caca qui<br />

fouette]. <strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, dressons le constat<br />

<strong>de</strong> l’aventure. Si vous êtes plutôt un mec,<br />

dorénavant en amphi, peut-être répondrezvous<br />

au sobriquet d’After Eight (on vous explique<br />

gentiment que vous avez été récupéré<br />

par l’ambulance <strong>de</strong>vant la K-Fêt parce que<br />

vous aviez dépassé les 8 grammes à l’éthylomètre.)<br />

Si vous êtes plutôt une fille, on vous<br />

racontera peut-être que vous vous êtes retrouvée<br />

[comme une amie pourtant <strong>de</strong> bonne<br />

fréquentation] d<strong>ans</strong> les toilettes à <strong>de</strong>ux<br />

heures du mat’ à baver sur votre pull maculé<br />

<strong>de</strong> vomi qui s’était mélangé aux défécations<br />

causées par une diarrhée marécageuse plutôt<br />

égayée par un reste <strong>de</strong> ragnagnas douloureux.<br />

D<strong>ans</strong> les <strong>de</strong>ux cas, aussi bien, vous<br />

ne vous en souvenez plus. Peu importe la vie<br />

continue ; vous avez évité le pire : noyer son<br />

chagrin d<strong>ans</strong> la sobriété.<br />

<strong>Le</strong>s Puceaux


Guerre <strong><strong>de</strong>s</strong> sexes : épiso<strong>de</strong> 1<br />

C’est le printemps, et il est temps<br />

<strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> choses importantes. Mais<br />

non, pas à chia<strong>de</strong>r ces foutus modules, non,<br />

il faut qu’on se trouve une autre motivation<br />

pour rester ici : dégoter <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vrais, <strong><strong>de</strong>s</strong> mûrs. Mais voilà, après maintes<br />

recherches, observations, j’en suis arrivée à<br />

cette conclusion : j’aurais peut-être dû aller<br />

en Sup’, là où les internats foisonnent <strong>de</strong> matheux<br />

qui n’ont pas eu le temps <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> filles <strong>de</strong>puis plusieurs semaines, si ce<br />

n’est le poster d’une nana peu habillée mis<br />

en face <strong>de</strong> leur lit. Au moins, eux, ils sont<br />

sociables et empressés quand ils prennent<br />

<strong>de</strong>ux minutes. Enfin bref, pour toutes celles<br />

qui cherchent encore, celles qui croient avoir<br />

trouvé et ceux qui veulent savoir <strong>de</strong> quoi ils<br />

souffrent, voici résumé un abécédaire <strong>de</strong> remarques<br />

plus ou moins générales.<br />

- Adultes - Ca y est, ils croient<br />

l’être, parce qu’ils ne sont plus obligés <strong>de</strong><br />

cacher leurs bouteilles ou leurs clopes. Mais<br />

alors, quand on voit l’éclat <strong>de</strong> leur chambre,<br />

on ne peut s’empêcher <strong>de</strong> leur faire remarquer<br />

qu’on est adulte quand on sait balayer<br />

et passer la serpillère ...<br />

- Bon coup - en voie <strong>de</strong> disparition,<br />

espèce protégée. Si vous en recueillez un<br />

d<strong>ans</strong> votre turne, faites-le savoir au plus tôt<br />

au BdE qui tr<strong>ans</strong>mettra.<br />

- Comiques - Oui, si on aime les<br />

blagues Carambar.<br />

- Dégoûtés <strong><strong>de</strong>s</strong> filles - Il y en a<br />

<strong>de</strong>ux espèces : ceux qui le sont parce qu’ils se<br />

sont fait larguer par leur copine qui a préféré<br />

quelqu’un <strong>de</strong> plus disponible, et ceux qui refusent<br />

tout contact avec une Insalienne sous<br />

prétexte qu’ils ont une copine chez eux ... les<br />

aveugles.<br />

- Exhibitionnistes - Il y en a<br />

(ouvrez l’œil) qui se trimbalent en caleçon<br />

d<strong>ans</strong> les couloirs certains soirs... et ça n’est<br />

pas désagréable après une dure journée.<br />

Mais il y a aussi ceux qui se font <strong><strong>de</strong>s</strong> filles au<br />

premier du A, fenêtre ouverte, juste <strong>de</strong>vant<br />

les cabines ...<br />

- Fidèles - Race hypothétique, les<br />

expérimentations à longue échéance démontrent<br />

la théorie <strong>de</strong> leur existence.<br />

- Glan<strong>de</strong>urs - La plupart font semblant<br />

et sont <strong>de</strong> gros stressés <strong>de</strong> la chia<strong>de</strong>, en<br />

fait.<br />

- Habiles - Apparemment, les<br />

séances <strong>de</strong> TP sont les seuls lieux où ils en<br />

font parfois la preuve.<br />

- If - Si tu es maso, si tu as ton co<strong>de</strong><br />

internet et que tu supportes l’o<strong>de</strong>ur insalubre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> salles d’if, vas-y, fonce. Sinon, dis-toi<br />

qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée.<br />

- Joueurs - <strong>Le</strong>s jeudi après-midi,<br />

quand ils ne chia<strong>de</strong>nt pas, ils préfèrent aller<br />

faire un foot ou un basket avec leurs petits<br />

camara<strong><strong>de</strong>s</strong> plutôt que venir nous ai<strong>de</strong>r à faire<br />

<strong>de</strong> l’exercice. Très chiants et persuadés qu’ils<br />

<strong>Le</strong> mâle contre-attaque<br />

N°80 - Juin 2000<br />

Aux lecteurs masculins ce poème s’adresse<br />

Que celles qui le lisent ne se vexent pas trop vite :<br />

Mes propos seront vrais, et s<strong>ans</strong> aucune tendresse<br />

Je dresserai d’elles le portrait qu’elles méritent.<br />

Il n’était pas trop tard pour que l’on vous prévienne :<br />

Un Insalien sur dix épouse une insalienne !<br />

L’Insa est une école d’ingé, composée <strong>de</strong> garçons<br />

En gran<strong>de</strong> majorité, c’est vrai, c’est un peu con<br />

<strong>Le</strong> sexe faible est rare, il prend <strong>de</strong> la valeur<br />

Et c’est cette pénurie qui fait notre malheur.<br />

Nous voyons moult garçons en manque d’affection<br />

Faire une cour s<strong>ans</strong> relâche, à toutes, même aux pires thons !<br />

<strong>Le</strong>squelles n’en reviennent pas : <strong>de</strong>puis la maternelle<br />

<strong>Le</strong>s quolibets fusaient (les gamins sont cruels)<br />

Jusqu’aux années lycée, on s’était foutu d’elles.<br />

L’Insalienne plaît. C’est tout nouveau pour elle !<br />

Elle était Cunégon<strong>de</strong>, elle est la belle Hélène<br />

<strong>Le</strong>s Pâris sont nombreux, se battent avec fureur<br />

Pour sortir avec elle<br />

Ne fut-ce que pour une heure !<br />

<strong>Le</strong>s conquêtes s’enchaînent, et tant pis pour tous ceux<br />

Qui se retrouvent largués, n’ayant plus que leurs yeux<br />

Pour pleurer.<br />

Oubliés !<br />

À part les vertueuses, ou les vraiment très moches<br />

Peu, plus d’une semaine, restent célibataires<br />

L’injustice est flagrante, d’alarme je sonne la cloche<br />

Au nom <strong><strong>de</strong>s</strong> délaissés (pas moi !) qui ont souffert.<br />

Des solutions existent, ne soyez pas amers<br />

- Pour les plus radicaux, la couleur arc en ciel<br />

Peut faire quelques a<strong>de</strong>ptes ; elle ne me convient guère.<br />

Plaquez votre Insalienne, ne vous souciez plus d’elle ;<br />

Allez donc à la fac oublier vos ennuis<br />

<strong>Le</strong>s filles y sont très biens, vous en serez surpris !<br />

o<br />

53<br />

Humeur<br />

N°59 - Avril 96<br />

Voici un petit dictionnaire à l’usage <strong><strong>de</strong>s</strong> Insaliennes qui souhaiteraient trouver l’âme sœur parmi la pléthore <strong>de</strong><br />

mâles, pas toujours sains <strong>de</strong> corps et d’esprit, qui s’<strong>of</strong>fre à elles au détour <strong><strong>de</strong>s</strong> couloirs <strong>de</strong> notre école.<br />

vont nous subjuguer en nous annonçant le<br />

len<strong>de</strong>main leurs prouesses, en se plaignant<br />

<strong>de</strong> leurs courbatures ...<br />

- Kangourou - Espèce en pleine<br />

recru<strong><strong>de</strong>s</strong>cence qui saute n’importe quoi. Ca<br />

peut dépanner.<br />

- <strong>Le</strong>nts - S’ils sont capables <strong>de</strong> faire<br />

cinq intégrales triples à la minute, ils mettent<br />

plusieurs mois avant d’oser adresser la parole<br />

aux splendi<strong><strong>de</strong>s</strong> filles <strong>de</strong> leur classe ou <strong>de</strong><br />

leur couloir. Et si on fait la moindre tentative,<br />

on est rejetée d<strong>ans</strong> le sac <strong><strong>de</strong>s</strong> filles faciles,<br />

allumeuses et accessoirement salopes.<br />

- Néan<strong>de</strong>rtalien - Pas rasé, les<br />

cheveux au vent ou plaqués par la graisse,<br />

ils arpentent désespérément les couloirs en<br />

attendant qu’une place se libère en If pour<br />

jouer au morpion.<br />

- Obsédés - Quand on les fait boire,<br />

ils commencent à avoir <strong>de</strong> la suite d<strong>ans</strong><br />

les idées, mais quand il s’agit <strong>de</strong> passer à l’action<br />

...<br />

- Pachy<strong>de</strong>rmes - Ils ont la télé d<strong>ans</strong><br />

leur chambre, et, canette d<strong>ans</strong> une main, télécomman<strong>de</strong><br />

d<strong>ans</strong> l’autre, ils matent incessamment<br />

toutes les manifestations sportives,<br />

du film X au combat <strong>de</strong> sumo.<br />

- Quelconques - Je<strong>ans</strong>, blouson,<br />

petite sacoche, gentils, mais alors ... qu’est-ce<br />

qu’on peut se faire chier avec eux!<br />

- Rebelles - Hard-rock à fond d<strong>ans</strong><br />

les turnes, ils ont vraiment l’impression d’en<br />

jeter un max ... Ne nous faisons pas avoir.<br />

- Sangsue - Alias le pauvre mec qui<br />

ne vous lâche plus les basques <strong>de</strong>puis qu’il<br />

vous a rencontrée au week-end d’intégration<br />

et qui vient squatter s<strong>ans</strong> prévenir, les<br />

dimanches soir, quand l’idée <strong>de</strong> la semaine à<br />

venir vous met du baume au coeur ... A jeter<br />

s<strong>ans</strong> vergogne !<br />

- Taxeurs - Ceux qui viennent régulièrement<br />

vous emprunter du sucre, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

œufs ... et qui n’ont jamais l’idée <strong>de</strong> vous inviter<br />

à leurs chouilles.<br />

- Usants - Psychologiquement, pas<br />

au lit.<br />

- Voraces - Ceux qui réussissent à<br />

aller chercher trois fois un plat au petit restau,<br />

je dis chapeau.<br />

- Whisky-men - Ils adorent se<br />

bourrer la gueule, cela fait in, ils font <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

concours à celui qui s’en enfile le plus, et ont<br />

ainsi l’éphémère impression d’être <strong>de</strong> vrais<br />

mecs qui en ont. Et le len<strong>de</strong>main, ils nous<br />

font une grosse indigestion, les pauvres petits.<br />

- Xénophobe - Apparemment, il y<br />

a trop <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> en première année, autant<br />

virer ceux-là, ça fera le ménage.<br />

- Yé-yé - Ambiance Katmandou<br />

d<strong>ans</strong> certaines turnes ... Ceci dit, ils sont très<br />

cool, très peace entre <strong>de</strong>ux pétards ou <strong>de</strong>ux<br />

beuveries’.<br />

- Zêlés - <strong>Le</strong>s chiadus finis existent.<br />

Hélas, l’amour ne s’apprend pas d<strong>ans</strong> les<br />

bouquins ...<br />

Bref, même si la population est à<br />

majorité composée <strong>de</strong> mecs, le choix n’est<br />

pas <strong>de</strong> première qualité. Alors désolée, mon<br />

copain a beau être en Sup’, je préfère autant<br />

le gar<strong>de</strong>r, il est quand même moins chiant.<br />

Une Ex-Bizuthe Qui Préfère Ne Pas Se<br />

Nommer<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Humeur<br />

Un après midi <strong>de</strong> glan<strong>de</strong>, d<strong>ans</strong><br />

une tentative <strong>de</strong> m’ouvrir sur le mon<strong>de</strong>, je<br />

feuillette donc nonchalamment quelques<br />

numéros <strong>de</strong> Courrier International. Je tombe<br />

sur un dossier traitant <strong>de</strong> l’euthanasie (CI. n°<br />

547), et là, je commence à me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si<br />

l’on ne vivrait pas d<strong>ans</strong> un pays <strong>de</strong> réacs’.<br />

La France en retard<br />

Je savais déjà que la France avait<br />

du mal à engager le débat sur le sujet, et que<br />

d’autres pays, plus libéraux sur ce plan-là<br />

avaient passé le pas (légalisation <strong>de</strong> l’euthanasie<br />

aux Pays-Bas le 10 avril 2001, première<br />

en Europe). Mais j’ai découvert que la France<br />

est l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> rares pays en Europe, à être fermé<br />

à toute tolérance à ce sujet : en effet, même si<br />

seuls les Pays-Bas ont autorisé l’euthanasie<br />

proprement dite, nombre d’autres pays (Allemagne,<br />

Suisse, Espagne, Royaume-Uni,<br />

Danemark... ) tolèrent soit l’ai<strong>de</strong> au suici<strong>de</strong><br />

(c’est le mala<strong>de</strong> qui accomplit l’acte mais on<br />

lui fournit ce qu’il faut), soit la reconnaissance<br />

du testament <strong>de</strong> vie (un écrit où le mala<strong>de</strong><br />

refuse l’acharnement thérapeutique).<br />

Cet article me fait repenser à la réticence<br />

qu’ont les institutions françaises (et<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Réac’s ici, débiles ailleurs<br />

En France, les mentalités avancent plus vite que les lois, ailleurs en Europe c’est l’inverse, et pendant ce temps<br />

certains puritains américains achèvent leur dégénérescence. De quoi nous plaignons-nous ?<br />

Cela commence avec l’archevêque<br />

<strong>de</strong> Récife, au Brésil, qui excommunie une<br />

fillette <strong>de</strong> 9 <strong>ans</strong> violée par son beau père, parce<br />

qu’elle a osé avorter. Après tout, “le viol<br />

est moins grave que l’avortement”, n’est-ce<br />

pas ? Entre-temps l’excommunication a été<br />

annulée et l’archevêque désavoué. Moindre<br />

mal. Cela continue avec le journal du Vati-<br />

can qui explique que que le XXème XXème siècle a été<br />

marqué par l’avènement l’avènement <strong>de</strong><br />

la machine à laver, véritable<br />

libératrice <strong>de</strong> la femme occi<strong>de</strong>ntale.<br />

Voilà un bon<br />

aperçu <strong>de</strong> l’idée que que se se<br />

fait l’Église l’Église du rôle <strong>de</strong><br />

la femme. On ne s’en étonne étonne<br />

même plus. Cela Cela continue<br />

avec le Pape en en visite visite en en Afrique<br />

qui affirme délibérément que le<br />

préservatif préservatif “augmente” le problème du<br />

SIDA. Passons donc sous silence les les<br />

97% d’efficacité <strong>de</strong> la capote et<br />

prônons donc l’abstinence,<br />

c’est vrai ça marche<br />

encore mieux. Cela finit<br />

par... Non, cela ne finit<br />

pas. Que <strong>de</strong> bêtises en si<br />

peu <strong>de</strong> temps !<br />

Et moi qui croyais naïvement que<br />

la religion était avant tout une conviction<br />

partagée, un ensemble <strong>de</strong> symboles fédérateurs,<br />

vecteurs d’espoir et <strong>de</strong> pardon. Quel<br />

imbécile ! J’ai fait du catéchisme d<strong>ans</strong> ma<br />

jeunesse, néanmoins <strong>de</strong>puis longtemps je<br />

ne crois plus. Ai-je un jour cru ? <strong>Le</strong> message<br />

<strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> censé être véhiculé<br />

est tellement perverti par rapport à l’idée<br />

les opinions <strong><strong>de</strong>s</strong> Français également) à évoluer<br />

et à engager un débat ou au moins une<br />

réflexion sérieuse sur certains thèmes encore<br />

tabous : je citerai entre autres la légalisation,<br />

ou du moins, la dépénalisation du cannabis<br />

(sujet estudiantin par excellence), mais également<br />

la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> homosexuels.<br />

En fait ce qui choque le plus d<strong>ans</strong> notre société,<br />

c’est le décalage entre les pratiques et<br />

les règles en vigueur, et également, l’écart<br />

entre les évolutions que réussissent (ou tentent)<br />

nos voisins immédiats en Europe et les<br />

lois française. La France serait-elle décalée ?<br />

Rassurons-nous, Chirac s’est mis au web<br />

pour que nous autres, ses petits citoyens<br />

préférés, puissions participer au débat sur<br />

la construction <strong>de</strong> l’Europe : fédération ? Fédération<br />

d’Etats-Nations ? J’en passe et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

meilleures.<br />

Désespoir et espoir<br />

Alors peut-être ne suis-je, finalement,<br />

qu’une mauvaise langue, qui voit<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> écarts entre la politique française et sa<br />

société alors qu’il n’y a pas lieu <strong>de</strong> se faire<br />

<strong>de</strong> souci... Je continue à tourner les pages <strong>de</strong><br />

mon journal, et retrouve le sourire : en effet,<br />

originelle, qu’il perd toute consistance. Il<br />

est incompatible avec une religion qui provoque<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> guerres, une religion qui déchire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> familles, une religion qui prône la mort<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> infidèles. <strong>Le</strong>s textes sacrés sont parfois<br />

réinterprétés <strong>de</strong> façon à servir <strong><strong>de</strong>s</strong> causes politiques<br />

ou encore personnelles. Toutes ces<br />

raisons me permettent <strong>de</strong> douter <strong>de</strong> la reli-<br />

gion contemporaine. contemporaine. Des siècles <strong>de</strong> sociétés<br />

humaines sont passés par là et ont suffi<br />

à corrompre l’élan initial.<br />

Un tort encore plus grand est le<br />

manque <strong>de</strong> remise en question et<br />

d’adaptation. <strong>Le</strong>s gran<strong><strong>de</strong>s</strong> religions<br />

dominantes n’ont pas su<br />

passer le pas <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité<br />

et restent<br />

assises sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

convictions<br />

antédiluviennes.<br />

L’image LL’image <strong>de</strong><br />

l’église en France est<br />

totalement déconnectée<br />

du mon<strong>de</strong> du XXIème siècle. De<br />

fait les gens ne se reconnaissent plus d<strong>ans</strong> ces<br />

valeurs d’autrefois. Dieu n’est plus le refuge<br />

privilégié pour les problèmes d’aujourd’hui.<br />

Dieu n’a plus la cote. Tant <strong>de</strong> différences entre<br />

la position <strong>of</strong>ficielle <strong>de</strong> l’église et la vie<br />

réelle. La contraception et la position <strong>de</strong> la<br />

femme ne sont que les exemples les plus<br />

faciles à trouver. Un message inadapté, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

actes que même la morale réprouve, un mes-<br />

54<br />

N°85 - Mai 2001<br />

la Suè<strong>de</strong> s’inquiète, elle va <strong>de</strong>voir arrêter sa<br />

politique <strong>de</strong> prohibition pour cause <strong>de</strong> mise<br />

aux normes européennes et d’ouverture <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

frontières, tandis que les américains continuent<br />

<strong>de</strong> nous faire rire.<br />

On évoque quelques pages plus<br />

loin un mouvement qui prône l’interdiction<br />

pure et simple <strong>de</strong> l’allaitement au sein <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

nourrissons. Je ne résiste pas à la tentation<br />

<strong>de</strong> vous livrer texto, ce que ces gens pensent<br />

<strong>de</strong> l’acte : “ce rituel primitif est une violation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> droits civils <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants. Il s’agit d’une relation<br />

incestueuse avec la mère, qui entraîne<br />

la déca<strong>de</strong>nce morale. La femme éprouve du<br />

plaisir durant cette expérience érotique <strong>de</strong><br />

type oral, qu’elle impose, dès sa naissance, à<br />

son enfant innocent. Cette attitu<strong>de</strong> condamnable<br />

fait découvrir à l’enfant une relation<br />

sexuelle interdite, qui génère par la suite <strong>de</strong><br />

la promiscuité.”<br />

Ah, ma douce France, cher pays <strong>de</strong><br />

mon enfance, puisses-tu, encore longtemps,<br />

allaiter tes enfants avec les seins <strong>de</strong> tes femmes<br />

et les éduquer pour qu’ils aient un minimum<br />

<strong>de</strong> discernement et d’ouverture d’esprit,<br />

même s’ils sont, pour certains, quelque<br />

peu réacs’ ou décalés.<br />

Pop<br />

Dieu est amour, Benoît est amer N°124 - Avril 2009<br />

Début 2009, Benoît XVI pète la forme, il se répend en bévues et boulettes qui choquent une bonne partie <strong>de</strong> la<br />

population, et jusque d<strong>ans</strong> les paroisses, les ouailles critiquent leur pape. Toutes les ouailles ? Non...<br />

sage qui ne tient plus <strong>de</strong>bout. La religion<br />

peut-elle survivre à notre mon<strong>de</strong> ? <strong>Le</strong>s religions<br />

telles que nous les connaissons sont là<br />

<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 1500 <strong>ans</strong>. <strong>Le</strong>s croyances sont<br />

apparues avec les premiers hommes. Pourquoi<br />

disparaîtraient-elles maintenant ? Peutêtre<br />

finiront-elles par se métamorphoser afin<br />

<strong>de</strong> mieux accepter la mixité et s’adapter aux<br />

évolutions <strong>de</strong> notre société technologique.<br />

J.E.<br />

Crucifix<br />

Cet article a donné lieu à <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges<br />

longs et animés avec les “Insaliens mais<br />

catholiques quand même” pour finalement<br />

aboutir à un droit <strong>de</strong> réponse intitulé en<br />

latin “In cruce figaris” soit “Va te faire<br />

crucifier”. L’auteur concluait ainsi : “le<br />

Vatican <strong>de</strong>vrait faire <strong><strong>de</strong>s</strong> progrès en matière<br />

<strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> marketing,<br />

car son message passe très mal. Je trouve<br />

que c’est au contraire ce qui la rend crédible.<br />

En effet, les réactions virulentes<br />

qu’ont suscitées les <strong>de</strong>rnières déclarations<br />

du Pape montrent qu’il n’agit pas d<strong>ans</strong> son<br />

intérêt. Alors, d<strong>ans</strong> l’intérêt <strong>de</strong> qui agit-il ?<br />

Benoît XVI est un humaniste, sa mission est<br />

<strong>de</strong> conduire les hommes vers Dieu, en étant<br />

le témoin <strong>de</strong> son Évangile. Il agit d<strong>ans</strong> l’intérêt<br />

<strong>de</strong> l’Humanité. C’est pour cela que Benoît<br />

XVI a ma confiance. L’Eglise ne vit pas hors<br />

du temps. La preuve est vivante : plus d’un<br />

milliard d’hommes et <strong>de</strong> femmes choisissent<br />

chaque jour le Christ comme modèle pour<br />

mieux aimer Dieu et leur prochain”.<br />

o


Sos pub N°100 - Juin 2004<br />

Drame urbain à Villeurbanne. C’est<br />

une vision macabre, quasi apocalyptique qui<br />

s’<strong>of</strong>fre à quiconque traverse notre charmante<br />

bourga<strong>de</strong>. Où sont passées nos chères publicités<br />

qui nous ouvraient, en quatre par trois,<br />

les portes du mon<strong>de</strong> merveilleux <strong>de</strong> la vertueuse<br />

consommation et du bonheur matériel<br />

? Sous le prétexte mesquin et égoïste <strong>de</strong><br />

refuser le massacre esthétique <strong>de</strong> notre belle<br />

cité, une poignée <strong>de</strong> dangereux terroristes<br />

n’a pas hésité à défigurer irrémédiablement<br />

les panneaux publicitaires du quartier. <strong>Le</strong>ur<br />

credo, “la pub nous lobotomise”, macule<br />

désormais toutes les affiches. C’est la propriété<br />

privée que l’on remet en cause ! Pire,<br />

la société <strong>de</strong> consommation, qui a fait la<br />

gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> notre civilisation, est directement<br />

et vicieusement attaquée ! La vérité est<br />

terrible à affronter. Mais à ce rythme là, les<br />

gens n’auront bientôt plus envie d’acheter<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> choses dont ils n’ont pas besoin…<br />

Culture Pub<br />

Plus sérieusement, il est clair que<br />

cette mouvance “anti-pub” fait <strong>de</strong> plus en<br />

plus d’émules. Si ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> militants parisiens<br />

d’extrême-gauche qui en sont à l’origine,<br />

les activistes sont désormais <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens<br />

<strong>de</strong> tous âges et <strong>de</strong> toutes tendances. <strong>Le</strong>ur<br />

constat est simple : la publicité est <strong>de</strong> plus<br />

en plus présente d<strong>ans</strong> les lieux publiques (à<br />

<strong>Lyon</strong>, certains bus <strong><strong>de</strong>s</strong> TCL arborent parfois<br />

une décoration complète à la gloire d’un<br />

produit). Deux problèmes se posent alors :<br />

tout d’abord la publicité a un coût et c’est le<br />

consommateur qui le supporte. La part <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

budgets publicitaires ne cesse d’augmenter,<br />

et, que vous regardiez ou non la télé, c’est<br />

vous qui payez les pubs qui passent sur TF1<br />

en faisant vos courses. D’autre part, on peut<br />

s’étonner que la voie publique soit recouverte<br />

<strong>de</strong> telles annonces. A priori, la pub est<br />

une façon pour le consommateur d’accé<strong>de</strong>r<br />

à un bien gratuitement ou, en tout cas, pour<br />

un moindre coût. Pourtant, et jusqu’à preuve<br />

du contraire, marcher d<strong>ans</strong> la rue n’a jamais<br />

été payant et on peut légitimement se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

s’il est normal que <strong><strong>de</strong>s</strong> annonceurs<br />

qui louent <strong><strong>de</strong>s</strong> emplacements d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés<br />

privées nous imposent cette réclame.<br />

Et puis, d<strong>ans</strong> une ville déjà bien esquintée<br />

comme celle <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>, le paysage se passerait<br />

bien <strong>de</strong> la lai<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> la stupidité <strong>de</strong> certains<br />

panneaux.<br />

La riposte<br />

Face au développement <strong>de</strong> cette<br />

mouvance, la réponse est pour l’instant<br />

strictement judiciaire. En mars <strong>de</strong>rnier, le<br />

premier procès <strong><strong>de</strong>s</strong> “anti-pub” a eu lieu. La<br />

RATP a ainsi porté plainte contre 62 militants,<br />

soupçonnés d’avoir détérioré les publicités<br />

qui jonchent les murs du métro. Celle-ci<br />

réclamait la somme d’un million d’euros -<br />

une misère - à titre <strong>de</strong> dommages et intérêts.<br />

Neuf <strong><strong>de</strong>s</strong> accusés ont été condamnés à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

amen<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> quelques centaines d’euros, ce<br />

qui peut être considéré comme un jugement<br />

équilibré. La justice n’a donc pas réellement<br />

établi <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce et le débat <strong>de</strong>meure.<br />

Reste que la cause <strong><strong>de</strong>s</strong> “anti-pub” se développe<br />

désormais au niveau européen et il est<br />

très probable que tout cela ne soit que le début<br />

d’une nouvelle forme d’activisme.<br />

Fred<br />

20 et 21 juillet 2001, Gênes. Incroyable<br />

mobilisation citoyenne (Deux à trois cent<br />

mille personnes selon les sources). Sous cette<br />

pression les médias ont, pour la première<br />

fois, tenté <strong>de</strong> dissocier les minorités <strong>de</strong> casseurs<br />

et l’immense majorité <strong>de</strong> pacifiques<br />

venus protester contre cette mondialisation<br />

non régulée, contre la pensée unique.<br />

Et puis le drame eut lieu : un mort<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> blessés, pour la simple<br />

et mauvaise raison d’avoir mis le doigt sur<br />

ce qui dérange. Bien sûr, certains tentèrent<br />

<strong>de</strong> criminaliser cette contestation mais à ce<br />

jour les arguments ne manquent pas. Ne pas<br />

appliquer les revendications <strong><strong>de</strong>s</strong> manifestants<br />

serait en fin <strong>de</strong> compte démocratique.<br />

Par contre, comment ne pas les écouter ?<br />

Qui peut nier que les inégalités s’éten<strong>de</strong>nt<br />

et que le système actuel ne pr<strong>of</strong>ite qu’à une<br />

poignée d’individus ? Cette tragédie permit<br />

<strong>de</strong> se poser enfin la question <strong>de</strong> savoir si une<br />

réunion entre 8 personnes qui préten<strong>de</strong>nt diriger<br />

pour 6 milliards d’autres a encore une<br />

légitimité.<br />

Réveil en catastrophe<br />

Mardi 11 septembre, NYC et<br />

Washington. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> est terrorisé. Pourtant,<br />

avec toute la compassion que nous<br />

pouvons témoigner au peuple américain,<br />

peut-on encore ignorer que les Etats-Unis<br />

ne sont pas innocents ? Là aussi tout fut mis<br />

à plat, le système <strong>de</strong> sécurité nationale et<br />

la politique internationale américaine. Car<br />

s’il est évi<strong>de</strong>nt que, <strong>de</strong>puis 1940, les USA<br />

n’agissent que d<strong>ans</strong> leur propre intérêt, cette<br />

attaque contre les symboles du capitalisme<br />

a permis d’ouvrir les yeux sur leur tentative<br />

<strong>de</strong> renforcer leur position hégémonique, tenir<br />

les rênes d’un mon<strong>de</strong> unipolaire économiquement,<br />

politiquement et militairement.<br />

Après la catastrophe l’opinion générale semble<br />

enfin entendre les cris <strong><strong>de</strong>s</strong> Afgh<strong>ans</strong> qui<br />

résonnent pourtant <strong>de</strong>puis longtemps. <strong>Le</strong>s<br />

ONG en place sont aujourd’hui écœurées<br />

par la tournure <strong><strong>de</strong>s</strong> choses. En une semaine<br />

la communauté internationale a trouvé les<br />

fonds qu’ils réclament <strong>de</strong>puis dix <strong>ans</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

55<br />

Humeur<br />

Occi<strong>de</strong>ntal, écoute moi !<br />

N°86 - Oct. 2001<br />

Nous fermons paisiblement les yeux sur la misère du mon<strong>de</strong>, pourquoi<br />

sommes-nous donc si surpris lorsqu’elle vient frapper à notre porte ?<br />

dirigeants ont-ils retrouvé leur humanisme<br />

pour venir enfin à l’ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Afgh<strong>ans</strong> ou<br />

sont-ils simplement gênés par le regard <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

médias qui les poussent à intervenir ?<br />

Comment contrôler notre époque<br />

tant dépassée par les événements ? En<br />

effet les dirigeants ne peuvent à eux seuls<br />

tout maîtriser et parallèlement, face à cette<br />

carence, nombre d’associations se créent <strong>de</strong>puis<br />

trente <strong>ans</strong> pour agir. Ces ONG gèrent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> conflits, <strong><strong>de</strong>s</strong> désastres humanitaires,<br />

s’assurent du respect <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’homme,<br />

tentent <strong>de</strong> prévenir les catastrophes écologiques,<br />

etc. Malheureusement, rares sont les<br />

personnes qui les écoutent, et les gouvernements<br />

continuent à déci<strong>de</strong>r selon les intérêts<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> multinationales. <strong>Le</strong>s événements <strong>de</strong> Gênes<br />

et <strong>de</strong> New-York confortent l’idée d’élargir<br />

les pouvoirs <strong>de</strong> ces organisations.<br />

La rumeur gron<strong>de</strong><br />

<strong>Le</strong>s récents événements <strong>de</strong> Toulouse<br />

ont révélé que nombre <strong>de</strong> militants<br />

se battaient pour délocaliser l’usine AZF.<br />

Aujourd’hui, ils sont écoutés et certaines<br />

mairies découvrent d’autres usines hors normes.<br />

Mais encore une fois la catastrophe s’est<br />

déjà produite. Ces mêmes organisations ne<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas une réduction <strong><strong>de</strong>s</strong> inégalités<br />

pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons seulement morales mais<br />

parce qu’il y a un réel danger. Jusqu’à présent<br />

la globalisation a été à sens unique mais<br />

restons luci<strong><strong>de</strong>s</strong>, condamner <strong><strong>de</strong>s</strong> gens à vivre<br />

d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions intolérables ne peut<br />

avoir pour conséquence qu’une rébellion à<br />

moyen terme <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ceux qui n’ont<br />

plus rien à perdre.<br />

Nous avons aujourd’hui tellement<br />

d’outils pour savoir. Ne fermons pas les yeux<br />

sur ces problèmes écologiques, économiques<br />

et humanitaires, ne nous préoccupons pas<br />

d’eux seulement lorsqu’ils sont à l’actualité<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> médias. <strong>Le</strong> 11 septembre n’a pas été tragique<br />

qu’à New-York; trente cinq mille enfants<br />

sont morts <strong>de</strong> faim ce jour là <strong>de</strong> par le<br />

mon<strong>de</strong> s<strong>ans</strong> avoir droit à leur minute <strong>de</strong> silence.<br />

Pierre-Jean<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Humeur<br />

Qu’est-ce qu’un rebelle<br />

aujourd’hui ? <strong>Le</strong>s oreilles pleines <strong>de</strong> Ska, un<br />

Eastpak kaki marqué d’un courageux “NO<br />

WAR” au dos, il est toujours prêt à soutenir<br />

Bové ou à gueuler contre le FMI. D<strong>ans</strong> sa<br />

turne, entre Che Guevara et Bob Marley, il<br />

a écrit “<strong>de</strong>ath to Babylon” (ça sonne bien et<br />

c’est facile à retenir). S<strong>ans</strong> pitié : il est prêt à<br />

bouffer du facho, du curé ou du patron ! Bien<br />

qu’il soit persuadé que Karl Marx est un film<br />

<strong>de</strong> Tim Burton, il attend le Grand Soir avec<br />

impatience et détermination : résolu à aller<br />

jusqu’au bout. <strong>Le</strong> tableau est sombre, mais<br />

ce n’est rien comparé à celui que je pourrais<br />

dresser <strong>de</strong> la jeunesse amorphe, celle dont la<br />

conscience politique avoisine le zéro absolu.<br />

Et puis, si vous ne vous reconnaissez pas<br />

d<strong>ans</strong> ce portrait, moi si. Comme beaucoup,<br />

j’enchaîne volontiers les lieux communs sur<br />

le capitalisme en buvant une Jeanlain dégueulasse…<br />

Ce n’est pas le procès <strong>de</strong> la rébellion<br />

estudiantine que je fais ici, plutôt un<br />

rappel <strong>de</strong> ce qui l’attend.<br />

No future<br />

L’Insalien jugé par ses pairs... N°100 - Juin 2004<br />

Qui n’est jamais <strong><strong>de</strong>s</strong>cendu d<strong>ans</strong> la rue pour sécher <strong><strong>de</strong>s</strong> cours au lycée ? Qui n’a jamais écrit “NO WAR” ou conservé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> Ska-P sur une table ? Retour sur ce qui reste <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> révolte pour notre génération.<br />

Et oui, souvenez-vous : vous êtes<br />

élève-ingénieur. A plus ou moins long terme<br />

vous serez un membre actif <strong>de</strong> la société que<br />

vous avez tant critiquée… Un bref regard<br />

sur les statistiques : un ingénieur Insa peut<br />

en moyenne compter sur un salaire annuel<br />

<strong>de</strong> 33 000 €, soit 2.5 fois le SMIC. Vous pouvez<br />

toujours vous dire que c’est le prix <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

responsabilités et <strong>de</strong> la longueur <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Répétez-le cent fois, vous allez bien finir par<br />

y croire… Hypocrisie donc, après 5 <strong>ans</strong> passés<br />

à vomir sur le mon<strong>de</strong> que nous connaissons,<br />

vous <strong>de</strong>venez le garant <strong>de</strong> sa pérennité.<br />

D’ici quelques décennies, vous ferez probablement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> stages <strong>de</strong> “management” ou <strong>de</strong><br />

“coaching” pour apprendre à “dépasser vos<br />

doutes” et à avoir un “meilleur ren<strong>de</strong>ment”.<br />

Et puis, il faut bien bouffer. Alors, quand on<br />

vous parlera <strong>de</strong> prime d’intéressement, vous<br />

serrerez les <strong>de</strong>nts en pensant à vos gosses…<br />

Retour sur terre<br />

Alors bien sûr, on peut toujours se<br />

dire que, pour nous, ça va être différent. Que<br />

l’on va changer le système <strong>de</strong> l’intérieur, introduire<br />

humanisme, respect et équité d<strong>ans</strong><br />

le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise. On peut aussi<br />

choisir <strong>de</strong> se blaser, d’arrêter <strong>de</strong> penser aux<br />

autres, c’est tellement plus simple... Pourquoi<br />

ne pas déci<strong>de</strong>r, comme le type qui anime les<br />

conférences <strong>de</strong> “sociologie industrielle” (lanière<br />

E – PC1), d’habiter sur une péniche<br />

pour ne pas payer d’impôts ? Bien sûr, on<br />

ne finira pas tous comme ce garçon-là. Mais<br />

préparez-vous tout <strong>de</strong> même à oublier vos<br />

rêves <strong>de</strong> révolutions car les “petits bourgeois<br />

réactionnaires”, ce seront bientôt nous.<br />

Comment parler <strong>de</strong> la révolte étudiante<br />

s<strong>ans</strong> dire un mot <strong>de</strong> 68 ? Rappelons<br />

que les étudiants, aux côtés <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers, ont<br />

été les artis<strong>ans</strong> <strong>de</strong> ce mouvement. La phrase<br />

vez toujours vous dire que c’est le prix <strong><strong>de</strong>s</strong> été les artis<strong>ans</strong> <strong>de</strong> ce mouvement. La phrase<br />

56<br />

culte <strong>de</strong> l’époque : “soyez réalistes : exigez<br />

l’impossible” paraît bien obsolète aux jeunes<br />

adultes que nous sommes. Je suis assez<br />

sceptique sur la réaction que nous aurions<br />

d<strong>ans</strong> les mêmes conditions… On ne va tout<br />

<strong>de</strong> même pas changer une société à laquelle<br />

on a mis 5 <strong>ans</strong> à s’intégrer… De nos jours,<br />

on ne fait que parler. On ne manque pas<br />

d’opinions, mais les idées se font rares. La<br />

“révolte” n’est plus qu’un style, et on peut<br />

dire qu’être rebelle est plus que jamais une<br />

preuve <strong>de</strong> conformisme.<br />

Fred<br />

Amorphes<br />

N°12 - Déc. 86<br />

Faut-il que les Insaliens soient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bœufs pour n’être capables <strong>de</strong> se mobiliser<br />

que pour défendre leurs bars. Il y a d<strong>ans</strong> le<br />

mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> événements plus atroces, provoqués<br />

sciemment par <strong><strong>de</strong>s</strong> “glands” personnages<br />

bien placés, <strong>de</strong> tous bords politiques.<br />

Chaque jour, <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong><br />

dollars sont dépensés pour alimenter les armées<br />

toujours plus gloutonnes <strong>de</strong> tous les<br />

pays ; chaque année <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> personnes meurent (<strong>de</strong> faim, <strong>de</strong> soif, d’assassinat,<br />

<strong>de</strong> folie ...) ou disparaissent, et c’est<br />

pour “<strong><strong>de</strong>s</strong> bars, <strong><strong>de</strong>s</strong> boums, <strong><strong>de</strong>s</strong> concerts”<br />

qu’ “on” nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> “réagir” .<br />

Non, je ne prétends pas que l’on<br />

puisse s’élever chaque jour contre toute la<br />

misère du mon<strong>de</strong>, mais gaspiller cette énergie<br />

pour sauvegar<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> bars (qui<br />

d’ailleurs n’en valent pas beaucoup<br />

la peine tels qu’ils sont, à mon avis),<br />

là, non ! Et qu’on ne me dise pas que<br />

si l’on est incapable <strong>de</strong> s’élever contre<br />

les bars on ne le sera pas non plus<br />

pour <strong>de</strong> “gran<strong><strong>de</strong>s</strong>” causes, car c’est<br />

en perdant son énergie, sa capacité<br />

à réagir, à s’opposer d<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> causes<br />

stériles et ridicules qu’on n’a plus<br />

celle nécessaire à agir pour celles<br />

qui en valent vraiment la peine ; car<br />

c’est en se gargarisant <strong>de</strong> manifestations<br />

inutiles qu’on se donne bonne<br />

conscience, que l’on se convainc du<br />

fait qu’on est actif, vivant. Et pourtant<br />

il ne faudra pas longtemps pour<br />

que nous (ou nos enfants) soyons<br />

radioactifs, ou morts. Ce type <strong>de</strong><br />

manifestation n’est ni plus ni moins<br />

que <strong>de</strong> l’auto-démagogie, ou alors un<br />

rituel à la mémoire <strong>de</strong> la réputation<br />

révolutionnaire (qui est aujourd’hui<br />

très loin d’être justifiée,) <strong><strong>de</strong>s</strong> milieux<br />

étudiants, ou encore plus bêtement,<br />

mais moins hypocritement une manière<br />

<strong>de</strong> faire sauter les cours s<strong>ans</strong><br />

risque <strong>de</strong> mauvaise conscience... au<br />

choix. Toujours est-il que si nous<br />

disposons <strong>de</strong> cette énergie-là, il serait<br />

grand temps <strong>de</strong> l’utiliser à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

actions utiles. Bien sûr, maintenant,<br />

plus personne n’a cette énergie, n’estce<br />

pas ?<br />

P.S. : <strong>Le</strong>s bars, bien revus et organisés,<br />

ne me gêneraient pas, je n’ai<br />

donc rien contre le fait même <strong>de</strong> leur<br />

“réhabilitation”, c’est la manière <strong>de</strong><br />

la vouloir qui me choque.<br />

Jean-Clau<strong>de</strong>


Ami Insalien, le constat est amer<br />

mais inévitable, tu ne brilles pas en société...<br />

À la moindre discussion culturelle, tu atteins<br />

très vite tes limites. Lorsqu’un débat sur le<br />

meilleur écrivain russe éclate, tu te sens bien<br />

seul et quand le nom Tchekhov est finalement<br />

lâché, tu te roules en position fœtale<br />

d<strong>ans</strong> un coin et tu sanglotes. Bref, tu es inculte.<br />

Dur. Mais ressaisis-toi, ne sombre pas<br />

d<strong>ans</strong> la névrose : pose cette lame <strong>de</strong> rasoir et<br />

écoute les quelques conseils qu’un parfait<br />

PC Mou N°36 - Oct. 91<br />

Non pas du Parti Communiste et<br />

d’Action Directe, je veux vous entretenir du<br />

1er cycle et <strong>de</strong> l’admission directe. Entré par<br />

la petite porte, j’ai toujours été frappé par<br />

une différence rapi<strong>de</strong>ment constatée : on<br />

rencontre un grand nombre d’AD parmi les<br />

élus, d<strong>ans</strong> les clubs et parmi leurs membres<br />

actifs alors qu’ils, ne représentent que 10 %<br />

<strong>de</strong> la promotion. Parce qu’ils viennent <strong>de</strong><br />

l’extérieur, qu’ils n’ont pas “la Doua” écrit<br />

en filigrane, qu’ils ont le sang neuf, ils sont<br />

les premiers à rire <strong><strong>de</strong>s</strong> petites histoires insalo-insaliennes<br />

(oui oui, je veux parler <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bruits, rumeurs, ragots et autres méchancetés<br />

dignes du débilitant “ici Paris”), à rire <strong>de</strong><br />

la manière dont les <strong>de</strong>uxième années choisissent<br />

leurs départements (choix = fonction<br />

[nombre <strong>de</strong> DS, machines à café, copains, copines,<br />

mouvements du troupeau, rumeurs])<br />

les premiers, encore, à dénoncer la passivité<br />

ambiante et l’isolationnisme <strong>de</strong> maison <strong>de</strong><br />

retraite, (je vous rappelle qu’on n’a qu’une<br />

fois vingt <strong>ans</strong>), à déplorer votre accueil<br />

inexistant, voire volontairement froid (on<br />

pourrait en rire tellement vous avez l’air dérangé<br />

quand on arrive, une vraie pucelle qui<br />

refuse <strong>de</strong> se faire peloter au cinéma...) et à<br />

s’apercevoir que vous n’êtes même pas polis<br />

(Bonjour !).<br />

Mais bougez-vous le cul, que diable<br />

! Il est impensable qu’une école d’ingénieurs<br />

aussi importante soit aussi peu active.<br />

La K-Fêt est l’exemple du misérabilisme d<strong>ans</strong><br />

lequel nous pourrions patauger, le Forum<br />

Insa Organisation, les 24 Heures, la TTI, Arc<br />

en Ciel, représentent ce dont nous sommes<br />

capables. Bougez-vous le cul pour répondre<br />

d<strong>ans</strong> le prochain Insatiable au connard d’AD<br />

qui est en train <strong>de</strong> vous fustiger. Pour décrire<br />

l’Insa, j’avais pensé à un pâturage pas bien<br />

fermé (le campus), <strong>de</strong>d<strong>ans</strong> un troupeau avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> bœufs (vous), <strong><strong>de</strong>s</strong> taureaux (nous), et<br />

quelques charolaises (elles). Drôle, non?<br />

Henri Isaak<br />

crétin a glané au fil <strong>de</strong> sa pathétique existence.<br />

Ton entourage<br />

Règle numéro un : fréquente <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gens encore plus idiots que toi. Je sais, parfois<br />

c’est dur. D<strong>ans</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> cas extrêmes comme<br />

le mien, il faut au moins intégrer L’Insatiable<br />

ou pratiquer un sport à haut niveau. Bien<br />

sûr, les gens plus intelligents t’attirent davantage<br />

mais évite la confrontation directe.<br />

Fais en sorte d’être vu en train <strong>de</strong> fasciner ta<br />

troupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurés par ta connaissance<br />

encyclopédique <strong>de</strong> la poésie lettonne (ou<br />

<strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Chevalier et Laspales). Tu te<br />

feras ainsi progressivement une place parmi<br />

les grands et tu apprendras d’autant<br />

plus vite à avoir l’air cultivé. Tu risques<br />

bien <strong>de</strong> te sentir stupi<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> un premier<br />

temps mais petit à petit (et en appliquant<br />

mes autres conseils) tu as toutes les chances<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir à ton tour le dominant <strong>de</strong> ta<br />

meute.<br />

Ta culture<br />

Règle numéro <strong>de</strong>ux : oublie<br />

la spécialisation, vise l’universalité, rien<br />

<strong>de</strong> moins. Fais le tour <strong>de</strong> tous les sujets<br />

à la mo<strong>de</strong> et apprends <strong>de</strong>ux trois phrases<br />

passe partout. À quoi bon lire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

livres ou aller à la Fac ? <strong>Le</strong>s classiques<br />

“moi je pense que le bouddhisme c’est<br />

pas une religion mais plus une philosophie<br />

<strong>de</strong> la vie, quoi.” ou encore “nan mais attends...<br />

Andy Warhol c’était trop un génie<br />

incompris !” suffisent amplement à éblouir<br />

ton auditoire. Bon, tu ne connais rien au<br />

Bouddhisme et tu crois qu’Andy Warhol<br />

est le fondateur d’IKEA. Ce n’est pas grave,<br />

reste vague et ton auditoire prendra tes lieux<br />

communs pour <strong><strong>de</strong>s</strong> réflexions à la portée infinie.<br />

D<strong>ans</strong> le domaine <strong>de</strong> la littérature, opte<br />

pour la culture papillote. Inutile d’acheter<br />

toute la pléia<strong>de</strong>, contente toi d’un paquet <strong>de</strong><br />

Révillon et apprends les citations par cœur.<br />

Tu pourras ainsi briller sur ton forum Internet<br />

dédié au Paintball (ou à Patrick Fiori) en<br />

mettant comme signature “il y a <strong>de</strong>ux choses<br />

infinies : l’univers et la bêtise humaine, pour<br />

l’univers je ne suis pas encore sûr”. D<strong>ans</strong> un<br />

autre style, le Confucius marche tout aussi<br />

bien. C’est court, facile à comprendre et tout<br />

le mon<strong>de</strong> est d’accord. Pense à changer régulièrement<br />

pour que tes amis idiots pensent<br />

que tu lis plein <strong>de</strong> livres.<br />

57<br />

Ta science<br />

Bon, en tant qu’Insalien tu es<br />

censé t’y connaître alors mets le paquet.<br />

Laisse tomber les développements limités<br />

et autres intégrations par parties, ça saoule<br />

tout le mon<strong>de</strong>. Lance-toi directement d<strong>ans</strong><br />

la relativité et la mécanique quantique. Tu<br />

comprends rien ? C’est pas grave, les autres<br />

non plus. Apprend le principe d’incertitu<strong>de</strong><br />

d’Heisenberg et recrache le tel quel à table.<br />

Si l’un <strong>de</strong> tes convives fait mine <strong>de</strong> comprendre,<br />

blin<strong>de</strong> ton regard d’un bon gros mépris<br />

paternaliste (comme si tu allais lui annoncer<br />

que la petite souris n’existait pas) et crucifie<br />

le d’un “ouaip, enfin, c’est un peu plus compliqué<br />

que ça”. Tu peux à la limite pouffer,<br />

mais tu risques d’en prendre une.<br />

Tes limites<br />

Humeur<br />

... condamné pour stupidité grégaire<br />

N°108 - Fév. 2006<br />

L’Insalien n’est jamais aussi sévère que lorsqu’il s’attaque à ses pairs. En vingt cinq <strong>ans</strong> <strong>de</strong> journal, tous les<br />

travers <strong>de</strong> l’étudiant lambda ont été caricaturés... Sauf peut être celui d’être trop critique à son propre égard.<br />

Voila, tu es désormais un abruti<br />

éclairé, tout comme moi. La nanocouche<br />

<strong>de</strong> culture qui sépare le mon<strong>de</strong> extérieur<br />

<strong>de</strong> l’abîme qui t’habite, <strong>de</strong>vrait te permettre<br />

d’atteindre les plus hautes sphères <strong>de</strong> notre<br />

société. Souviens toi tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> la règle<br />

<strong>de</strong> base, <strong>de</strong> l’axiome élémentaire que tout<br />

bon idiot se doit <strong>de</strong> respecter et s<strong>ans</strong> lequel<br />

tout mon système s’effondre. Ne perds jamais<br />

une occasion <strong>de</strong> la fermer : une parole<br />

<strong>de</strong> trop suffit à détruire <strong><strong>de</strong>s</strong> années d’effort<br />

pour paraître normalement doué. Je sais,<br />

c’est une clause très restrictive, mais je n’ai<br />

jamais dit qu’être idiot est un choix <strong>de</strong> vie<br />

facile.<br />

Fred<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Humeur<br />

Et ouaip, jeune, jusqu’ici c’était<br />

chaud pour toi d’être <strong>de</strong> droite… Tu rentrais<br />

pas en boite avec ton gilet, tes Méphisto<br />

carrées et ta mèche à la Giscard pour cacher<br />

ta calvitie précoce. Niveau meuf, c’était un<br />

peu tendu <strong>de</strong> serrer avec tous ces gauchistes<br />

locksés qui la ramenaient tout le temps<br />

avec leurs ch<strong>ans</strong>ons révolutionnaires et leur<br />

débar<strong>de</strong>ur Che Guevara à 40 €. Mais tout ça<br />

c’est fini. Jeune <strong>de</strong> droite, aujourd’hui, tu as<br />

la classe, tu te les tapes toutes et tu craches<br />

sur ces pouilleux trotskistes.<br />

Révolution conservatrice<br />

Sous les pavés, l’asphalte<br />

Alors qu’une poignée <strong>de</strong> rétrogra<strong><strong>de</strong>s</strong> s’échinent à bloquer leur fac d<strong>ans</strong> une dérisoire tentative <strong>de</strong> s’opposer à la<br />

mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> notre pays, la nouvelle jeunesse prend son envol.<br />

Déjà que cet été t’envoyais du<br />

steack à la plage, tes tongs UMP aux pieds,<br />

ta coupe <strong>de</strong> surfeur et tes abdos <strong>de</strong> sportif,<br />

te baladant une bouteille <strong>de</strong> Coca Light à la<br />

main. Tu faisais plaisir à voir, jouant au beach<br />

volley tout en prêchant la dérégularisation,<br />

l’impunité zéro et dissertant sur l’importance<br />

du suivi <strong><strong>de</strong>s</strong> montants compensatoires<br />

d<strong>ans</strong> la politique monétaire européenne.<br />

Fini Manu Chao, Bob Marley et les Têtes<br />

Rai<strong><strong>de</strong>s</strong>, maintenant, pour chopper, tu chantes<br />

du David Limon (“trop <strong>de</strong> taxes trop <strong>de</strong><br />

doooooons ohooooooooh” “je rêve que mon<br />

pays France reprenne vie, que le Mouvement<br />

Populaire nous redonne l’aaaaaveeeenir”).<br />

En plus, la meuf <strong>de</strong> droite, c’est sain, y’a pas<br />

<strong>de</strong> poils, pas <strong>de</strong> maladies… Pas comme ces<br />

petites babosses aux cheveux gras que tu<br />

pistais avant d’être encarté. A l’UMP on peut<br />

même baiser s<strong>ans</strong> capote ! Au pire tu risques<br />

<strong>de</strong> l’engrosser mais on s’en fout, elle pourra<br />

toujours le faire sauter. Et ouaip, à l’UMP on<br />

n’est même plus cathos ! On va bien au JMJ<br />

mais c’est plus pour l’ambiance tu vois.<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Mais alors <strong>de</strong>puis la rentrée, c’est<br />

la fête, on sent que Nico est passé par là pour<br />

libérer les énergies. L’apathie et la morosité<br />

c’est du passé, place à l’émulation et à la frénésie<br />

! À la conquête du marché chinois dès<br />

8h du matin, t’attaques par un petit footing <strong>de</strong><br />

14 km, un bol <strong>de</strong> thé vert commerce équitable<br />

et une réunion à l’antenne locale <strong>de</strong> l’UMP<br />

pour discuter <strong>de</strong> la situation <strong><strong>de</strong>s</strong> banlieues.<br />

Mais attention, l’heure est à l’ouverture, terminés<br />

les carc<strong>ans</strong> et les oeillères, d’ailleurs<br />

tu as un ami centriste et ton épicier est socialiste.<br />

Finie également la passivité face à la<br />

racaille gauchiste qui bloque ta fac, ni une ni<br />

<strong>de</strong>ux tu remontes ton jean taille basse et tu<br />

escala<strong><strong>de</strong>s</strong> les grilles pour forcer le barrage.<br />

Bon évi<strong>de</strong>mment ton pr<strong>of</strong> n’est pas là vu que<br />

lui il fait grève, mais c’est pour le geste républicain<br />

enfin ! Et quand finalement arrive<br />

la maréchaussée pour donner une leçon <strong>de</strong><br />

démocratie à coups <strong>de</strong> tonfa d<strong>ans</strong> la gueule<br />

à ces feignasses communistes, tu entonnes<br />

courageusement un “allez les bleus, allez les<br />

bleus, alleeeeeeez”. Ah ce qu’on peut se marrer<br />

à l’UMP quand même ! Sarkozy l’a dit,<br />

fini le culte <strong>de</strong> 68, “sous les pavés l’béton”,<br />

les baby-boomers ont ruiné la France, il est<br />

temps <strong>de</strong> recycler ces vieux idéalistes en hôtesses<br />

d’accueil chez Wallmart.<br />

La droite 2.0<br />

Mais c’est pas tout ! Bienvenue<br />

d<strong>ans</strong> le troisième millénaire, la droite décomplexée<br />

c’est aussi la révolution numérique,<br />

la déferlante <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux médias, tout<br />

ça. Oubliez , c’est dépassé,<br />

en 2007, l’UMP a lancé sa gran<strong>de</strong> campagne<br />

qui déchire l’Internet multimédia en<br />

58<br />

N°118 - Fév. 2008<br />

<strong>de</strong>ux : les blogs <strong>de</strong> l’UMP (). Tada ! Et ouaip les gars, on va déconner<br />

en 2008, finis les “c ma pot priscilia je l ador<br />

tro tro lol” maintenant ça va être “on pay tro<br />

dimpo les fonctionèr c tous dé fénian :(”. Et<br />

ouaip coco, faut simplifier le message, union<br />

pour un mouvement POPULAIRE qu’on t’a<br />

dit. On va débatre tous ensembles, on va résoudre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes et ça va être trop cool !<br />

Fini les costards, les safranes et les articles<br />

chiants d<strong>ans</strong> le figaro, maintenant la droite<br />

c’est polo Lacoste ou cravate Titi et Grominet,<br />

Mégane coupée et un petit message sur<br />

ton blog <strong>de</strong> mer<strong>de</strong> !<br />

Amis droitiers, décomplexez ! Faîtes-vous<br />

plaisir, aujourd’hui on vous aime !<br />

Ouvrez donc une start-up <strong>de</strong> vente sur Internet<br />

<strong>de</strong> tasses à café qui changent <strong>de</strong> couleur<br />

selon la température. Ca sert à rien ? On s’en<br />

fout ! Ca marche pas, personne en veut <strong>de</strong><br />

ta mer<strong>de</strong> ? Pas grave, tu pourras toujours<br />

faire pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> management d<strong>ans</strong> une école<br />

d’ingénieurs et enseigner ton expérience <strong>de</strong><br />

l’échec à tout un tas <strong>de</strong> petits péteux d<strong>ans</strong> ton<br />

genre.<br />

Fred<br />

Chiraquie N°55 - Mai 95<br />

20 heures, le résultat est tombé,<br />

nous sommes entrés en chiraquie. A voir<br />

la joie <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes habillés Weston et Chanel,<br />

notre nouveau prési<strong>de</strong>nt représente un<br />

immense espoir. “Enfin le changement, la<br />

France <strong>de</strong>bout” hurlaient-ils en chœur, place<br />

<strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong>. Il reste à voir si l’espoir <strong>de</strong><br />

la jeunesse dorée touchera la majorité <strong>de</strong> la<br />

population : laissons agir le gouvernement,<br />

regardons faire Chichi. Ses supporters clament<br />

qu’il a changé, qu’il a oublié sa politique<br />

libérale <strong>de</strong> 86, qu’il a découvert le social<br />

après avoir expulsé <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> la<br />

capitale, qu’il exprime le désir d’une France<br />

pour tous. Soit, donnons-lui le temps <strong>de</strong> s’exprimer,<br />

mais attention à ne pas croquer le<br />

fruit défendu, la France ne lui pardonnerait<br />

pas.<br />

Je ne vais pas revenir sur le premier<br />

tour synonyme d’avertissement à toute<br />

la classe politique, les politologues et les<br />

sociologues ont analysé ce vote <strong>de</strong> long en<br />

large. J’aurai seulement une pensée très forte<br />

pour cet homme mort à cause <strong>de</strong> sa couleur<br />

<strong>de</strong> peau. Il a eu le malheur <strong>de</strong> rencontrer la<br />

connerie, la haine sur un quai <strong>de</strong> Seine. <strong>Le</strong><br />

plus abject reste les déclarations <strong>de</strong> ce monstre<br />

borgne : “un malheureux inci<strong>de</strong>nt”, “Ce<br />

ne serait pas arrivé si Brahim Bouarram<br />

avait su nager”. Porcherie ! Il n’a même pas<br />

la décence <strong>de</strong> respecter un mort. Il l’insulte<br />

alors que son cadavre est encore chaud. Ses<br />

hommes <strong>de</strong> main ont commencé le ménage,<br />

si ce n’est pas le charter, ce sera la Seine. [... ]<br />

Un brin <strong>de</strong> muguet jeté d<strong>ans</strong> la Seine n’y<br />

changera rien, la société peut condamner,<br />

mais elle doit agir. Plus <strong>de</strong> belles phrases, <strong>de</strong><br />

déclarations à l’emporte-pièce, <strong><strong>de</strong>s</strong> actions !<br />

Il n’y a pas 15 % <strong>de</strong> fachos en France, mais ils<br />

sont 15 % à avoir voté pour un homme qui a<br />

laissé <strong>de</strong>ux morts d<strong>ans</strong> son sillage.<br />

Rebew


T’es laid réalité<br />

En ce début <strong>de</strong> millénaire, un nouvel objet télévisuel mal i<strong>de</strong>ntifié fit son<br />

apparition sur nos écr<strong>ans</strong>. Il était alors l’objet <strong>de</strong> toutes les curiosités.<br />

Il y a ceux qui regar<strong>de</strong>nt et qui en<br />

parlent tout le temps. Il y a ceux qui ne regar<strong>de</strong>nt<br />

pas et qui en parlent tout le temps.<br />

Et puis il y a ceux qui subissent, pas <strong>de</strong> télé,<br />

pas d’ordinateur, ou autre chose à faire et<br />

qui se sentent très en <strong>de</strong>hors du coup. Bon,<br />

il serait peut-être mieux que L’Insatiable essaie<br />

<strong>de</strong> parler d’autre chose que <strong>de</strong> L<strong>of</strong>t Story<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> inondations d<strong>ans</strong> la Somme, mais je<br />

crois que je ne vais pas pouvoir y couper.<br />

Donc, <strong>de</strong>puis trois semaines, on ne se dit<br />

plus: “Salut ! Ça va ?” (avec plus ou moins<br />

d’enthousiasme) mais: “T’as vu, Kenza et<br />

Aziz ont chopé ‘?” Et en écrivant ceci, je sens<br />

déjà que je retar<strong>de</strong> d’un bon tramway.<br />

Quel est l’intérêt <strong>de</strong> faire une émission<br />

télé <strong>de</strong> voyeurisme? Aucun, mais, me<br />

direz-vous, il fallait bien que notre “exception<br />

française” finisse par y venir. Quand<br />

même, est-ce que vous pensez sérieusement<br />

que mon intimité a moins d’intérêt que celle<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> stéréotypes sélectionnés pour l’émission<br />

? Franchement, il faut bien avouer que<br />

l’ensemble est plutôt ennuyeux, cinq minutes<br />

quotidiennes suffisent déjà bien à résumer<br />

les complots ourdis par chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> participants<br />

pour éliminer les autres. D’ailleurs<br />

c’est bien simple, <strong>de</strong>puis que l’émission a<br />

débuté, j’ai commencé à retrouver un certain<br />

attrait aux documentaires animaliers, <strong>de</strong> la<br />

vie passionnante <strong><strong>de</strong>s</strong> gnous broutant d<strong>ans</strong> la<br />

savane, à celle non moins exaltante <strong><strong>de</strong>s</strong> impalas<br />

luttant pour leur survie en chassant le<br />

guépard, à moins que ce ne soit le contraire.<br />

<strong>Le</strong>s f<strong>ans</strong> le savent bien, le meilleur <strong>de</strong> L<strong>of</strong>t<br />

Story, ce n’est pas M6 mais les forums <strong>de</strong> discussion,<br />

les actions pour tenter <strong>de</strong> libérer les<br />

poules prisonnières du l<strong>of</strong>t, les sites <strong><strong>de</strong>s</strong> f<strong>ans</strong><br />

<strong>de</strong> Steevyyyy et bien sûr tout un florilège <strong>de</strong><br />

citations.<br />

Abordons donc le sujet <strong>de</strong> façon<br />

positive et tentons d’améliorer le concept.<br />

Première proposition morbi<strong>de</strong> mais néanmoins<br />

d’actualité : Aussaresses Story ou un<br />

nouveau regard sur la torture, premier défi<br />

tout trouvé, JeD en tant que DJ doit mixer<br />

les autres candidats sur la gégène. Deuxième<br />

proposition toujours en rapport avec l’actualité<br />

: L<strong>of</strong>t Abbeville ou à la redécouverte du<br />

mon<strong>de</strong> du silence, un peu plus technique,<br />

les candidats sont séquestrés d<strong>ans</strong> une maison<br />

en zone inondable (un aquarium, quoi).<br />

Chaque jour, l’eau monte un peu et il faut<br />

s’organiser pour ne se pas se noyer. <strong>Le</strong>s baleines<br />

ont toutes leurs chances. Troisième<br />

proposition que j’appellerais <strong>Le</strong> Silence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

L<strong>of</strong>teurs ou l’asile mis à nu. Ce serait une<br />

simple variation du concept <strong>de</strong> départ : on<br />

ne sélectionne que <strong><strong>de</strong>s</strong> psychotiques. Pas besoin<br />

<strong>de</strong> voter pour l’élimination, on attend<br />

qu’ils s’entretuent. On le voit, il suffirait <strong>de</strong><br />

peu pour pimenter l’émission. En attendant,<br />

je dois faire semblant <strong>de</strong> m’y intéresser pour<br />

ne pas paraître asocial et complètement attardé.<br />

En conclusion, je dirais que la télé<br />

peut s’éteindre alors qu’il est beaucoup plus<br />

difficile <strong>de</strong> couper la connerie.<br />

o<br />

59<br />

N°85 - Juin 2001<br />

Starr ac’ N°88 - Fév. 2002<br />

Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> millénaires <strong>de</strong> ça, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dieux très puissants, très beaux, très forts,<br />

et surtout très talentueux, les Starrs furent<br />

condamnés par le titan Snaubh à vivre sur<br />

le mont Sho Byz et à ne plus le quitter sous<br />

peine <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> simples mortels.<br />

<strong>Le</strong>s Starrs se reproduisant entre<br />

eux <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles d<strong>ans</strong> la joie et l’allégresse,<br />

mirent au mon<strong>de</strong> les tares congénitales<br />

les plus infâmes que la Terre ait eu à<br />

supporter Pour pallier à cette catastrophe,<br />

les dieux eurent une idée révolutionnaire :<br />

organiser un grand tournoi parmi les humains<br />

pour ensuite Starrifier les vainqueurs<br />

qui en apportant leur sang neuf, renouvelleraient<br />

la race Starr.<br />

<strong>Le</strong> tournoi eut lieu, une poignée<br />

d’élus fut Starrifiée. Tournoi après tournoi,<br />

poignée d’élus après poignée d’élus, le<br />

mont Sho Byz fut bientôt surpeuplé. <strong>Le</strong> titan<br />

Snaubh, fort irrité par la situation, décréta<br />

qu’il n’était plus <strong>de</strong> bon ton <strong>de</strong> vivre sur le<br />

mont Sho Byz. <strong>Le</strong>s Starrs laissèrent donc leur<br />

mont chéri à ces féroces humains mugissant<br />

d<strong>ans</strong> nos campagnes, assoiffés d’amour <strong>de</strong><br />

gloire et <strong>de</strong> beauté, et s’installèrent sur le<br />

mont Djet Seth. Pour apaiser les humains, ils<br />

leur accordèrent le droit à un quart d’heure<br />

<strong>de</strong> gloire et <strong>de</strong> célébrité par personne et ceci<br />

quel que soit son sexe, sa couleur et sa télévision...<br />

euh, religion. Humains et Starrs trouvèrent<br />

ce partage équitable et le titan Snaubh<br />

dit que cela était juste et bon, et <strong>de</strong>puis ces<br />

temps, toute cette faune vit en parfaite symbiose,<br />

les humains se nourrissant <strong>de</strong> la crasse<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Starrs et les Starrs du goût prononcé <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

humains pour la crasse divine. Ainsi soit-il.<br />

Berber<br />

Humeur<br />

POTINS<br />

De l’absentéisme<br />

Oyez, oyez, pour faire du japonais<br />

à l’Insa <strong>de</strong> Toulouse, il suffit <strong>de</strong><br />

donner un chèque <strong>de</strong> 500 balles au pr<strong>of</strong><br />

en début d’année, qui se chargera <strong>de</strong><br />

l’encaisser au bout <strong>de</strong> 3 absences injustifiées.<br />

Si un seul pr<strong>of</strong> à l’Insa <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong><br />

se permet <strong>de</strong> réutiliser cette pratique<br />

éhontée, L’Insatiable le détruira : à bon<br />

enten<strong>de</strong>ur, salut.<br />

Quant à la technique qui<br />

consiste à s’enfermer d<strong>ans</strong> la salle <strong>de</strong><br />

cours à 8h05 pour se débarrasser <strong><strong>de</strong>s</strong> retardataires,<br />

elle est à l’essai chez les IFs<br />

(ô combien ponctuels) et semble... enfin...<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes subsistent, quoi !<br />

Noyer le poisson<br />

<strong>Le</strong> soir du 1 er avril, les attractions<br />

principales ne se situaient pas à<br />

la K-Fêt mais plutôt au bâtiment G où<br />

on pouvait assister au spectacle d’un<br />

bizuth passablement bourré assis d<strong>ans</strong><br />

un lavabo avec un parapluie pour se<br />

protéger du robinet.<br />

Une expérience scientifique ?<br />

D<strong>ans</strong> le doute<br />

Peu avant les 24 Heures, un<br />

magicien qui faisait son show à la K-Fêt<br />

affirme d<strong>ans</strong> l’un <strong>de</strong> ses numéros qu’un<br />

billet <strong>de</strong> 100 F, eh ben ça résiste au feu,<br />

si, si ! D<strong>ans</strong> le public, un insalien soucieux<br />

<strong>de</strong> vérifier la chose, a, d<strong>ans</strong> son<br />

coin, fait le test sur son propre billet. Et<br />

que croyez-vous qu’il advint ?<br />

Délires hygiéniques<br />

M. le Directeur <strong><strong>de</strong>s</strong> Rési<strong>de</strong>nces<br />

a <strong>de</strong>rnièrement fait remarquer aux<br />

habitants du A que, aux erreurs <strong>de</strong> mesures<br />

près, il fournissait 10 m <strong>de</strong> papiertoilette<br />

par jour et par élève et enjoint<br />

ceux qui trouveraient cette longueur<br />

insuffisante <strong>de</strong> s’adresser au régisseur<br />

<strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce. Merci <strong>de</strong> votre bonté et<br />

<strong>de</strong> votre délicatesse M. Arenillas...<br />

Match <strong>de</strong> barrage<br />

N’ayant pas obtenu <strong><strong>de</strong>s</strong> notes<br />

suffisantes et malgré son très bon classement,<br />

un GEN s’est vu convoqué à<br />

un rattrapage <strong>de</strong> sport pour septembre<br />

prochain.<br />

Il a ainsi tout l’été pour s’entraîner<br />

<strong>de</strong> pied ferme et... rattrapper<br />

Guerre De Mécanos<br />

De M.H., pr<strong>of</strong> en GMD :”Vous<br />

pouvez amener au DS tous les documents<br />

que vous voulez, même un quatrième<br />

année, quoiqu’il ne servira pas<br />

à grand chose. Mais surtout n’amenez<br />

pas un pr<strong>of</strong> <strong>de</strong> GMC, ils n’y comprennent<br />

rien et sont incapables <strong>de</strong> faire le<br />

moindre exo !”<br />

Et pourtant ils ont bel et bien<br />

le même diplôme...<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Pages 8<br />

à faire<br />

important<br />

important<br />

Lèche-culs<br />

Lèche-culs<br />

Lèche-culs<br />

Trappeurs<br />

et caribous Emmer<strong>de</strong>urs<br />

Emmer<strong>de</strong>urs<br />

Fajitas, tacos et<br />

chapeaux rigolos<br />

L’Insatiable<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

:o) :o)<br />

@++<br />

Salu John S. McCain III, c<br />

John S. McCain II, je voulé<br />

savoir si tu pouvé passé<br />

cherché John S. McCain V a<br />

lecole, John S. McCain IV a<br />

un anpecheman :(<br />

@++ ton papa qui te


61<br />

Pages 8<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Humeur<br />

Monsieur le directeur... Toilettes<br />

N°35 - Mai 91 N°69 - Avril 98<br />

Fraîchement arrivé à la tête <strong>de</strong> l’école, Joël Rochat suggère la mise en<br />

place d’une nouvelle contribution aux frais <strong>de</strong> scolarité. <strong>Le</strong>ttre ouverte.<br />

Ainsi, à peine atterri d<strong>ans</strong> le fauteuil<br />

<strong>de</strong> Directeur <strong>de</strong> l’Insa, tu commences à<br />

semer la pagaille au sein <strong>de</strong> nos confortables<br />

habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. C’est très bien et très prometteur.<br />

Néanmoins, parmi la multitu<strong>de</strong> d’événements<br />

en projet pour ton futur règne, il y<br />

en a un qui m’a littéralement abasourdi : la<br />

Contribution Spécifique Etudiante d’Amélioration<br />

(CESA). Damned ! Tu voudrais<br />

nous faire payer 5000 F par an afin <strong>de</strong> remettre<br />

le campus sur pieds ! Aussi, je t’adresse<br />

mes réflexions par l’intermédiaire <strong>de</strong> cette<br />

tribune, d<strong>ans</strong> l’espoir qu’une majorité d’Insaliens<br />

et d’Insaliennes s’élèveront contre ce<br />

projet scandaleux.<br />

La CESA améliorerait la qualité<br />

<strong>de</strong> l’enseignement. A quoi bon payer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> pr<strong>of</strong>s en plus s’ils n’ont toujours pas la<br />

formation pédagogique <strong>de</strong> base (qui fait à<br />

certains cruellement défaut). Je pense qu’il<br />

faudrait plutôt revoir leur formation, ceci<br />

relevant du porte monnaie <strong>de</strong> l’Education<br />

Nationale et non <strong>de</strong> ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants.<br />

La CESA responsabiliserait les<br />

élèves-ingénieurs <strong>de</strong> l’Insa : ce serait un<br />

gage <strong>de</strong> qualité. Penses-tu sincèrement que<br />

payer 5000 F nous sensibiliserait plus à la<br />

vie du campus ?! Seule une extrême minorité<br />

d’étudiants se balla<strong>de</strong> sur le campus en<br />

ayant constamment à l’esprit les sacrifices<br />

financiers auxquels ils ont procédé pour être<br />

ici. Tu considères, et c’est dommage, que seul<br />

le fric nous fait marcher, et nous poussera à<br />

participer activement à la vie du campus ...<br />

Nous ne sommes pas <strong><strong>de</strong>s</strong> machines à sous !<br />

La CESA serait un gage <strong>de</strong> solidarité<br />

envers les autres étudiants (facs, BTS).<br />

(<strong>Le</strong>s ajouts en gras proviennent d’une partie<br />

<strong>de</strong> la rédaction, J.P. n’en est nullement<br />

responsable)<br />

Je m’insurge contre ces gens qui<br />

critiquent et insultent systématiquement les<br />

groupes ou clubs un peu spéciaux <strong>de</strong> l’Insa :<br />

je pense à l’ETIC ou au groupe ICHTHUS<br />

(nous aussi) Pourquoi tant <strong>de</strong> hargne contre<br />

eux ? Que vous ont-ils fait ? Cela vous gênet-il<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves-ingénieurs portent le costume<br />

à un ou <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> <strong>de</strong> l’entrée d<strong>ans</strong> la vie<br />

active ? (oui) C’est leur droit, non ? (oui) Ou<br />

peut-être préférez-vous ceux qui tapissent<br />

les ascenseurs frais repeints ? (non, mais il<br />

y a un juste milieu) Ah oui, ils sont sûrement<br />

bien mieux ceux-là c’est certain ! (déjà<br />

répondu) Et ne parlons pas <strong><strong>de</strong>s</strong> ICHTHUSsiens,<br />

n’est-ce pas ? (cette fois-ci ce n’est pas<br />

nous qui avons amené le sujet) Ces gens qui<br />

embêtent tout le mon<strong>de</strong> le jeudi soir ! (m’en<br />

fout je suis externe) Et puis ce qu’ils sont<br />

ringards <strong>de</strong> croire en Dieu ! Mais avez-vous<br />

essayé <strong>de</strong> les connaître ? (non) Savez-vous ce<br />

qu’ils font ? (oui) Ca ne risque pas puisque<br />

vous les rejetez systématiquement !<br />

Savez-vous qu’ils sont différents<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> autres (cf Alien) parce que le Christ<br />

est au centre <strong>de</strong> leur vie. Ils connaissent la<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

Je me sens solidaire <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves <strong>de</strong> fac, <strong>de</strong><br />

BTS, et c’est pourquoi je refuse d’être traité<br />

différemment d’eux. Même si plus tard les<br />

conjonctures économiques nous pousseront<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> parcours (et <strong><strong>de</strong>s</strong> rémunérations) très<br />

différents, nous sommes tous pour l’instant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étudiants du public et <strong>de</strong>vons subir les<br />

mêmes contraintes.<br />

La CESA serait financée en partie<br />

par les stages, ou la famille <strong>de</strong> l’étudiant, ou<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> prêts bancaires. Pense un peu à tous<br />

les étudiants qui sont venus à l’Insa en se<br />

saignant aux quatre veines ... Et je ne parle<br />

pas <strong>de</strong> ceux qui ont déjà un prêt ! Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

si la CESA leur apportera plus que ce<br />

qu’elle leur coûtera en sacrifices ... Et en ce<br />

qui concerne les stages, il y a une telle disparité<br />

<strong>de</strong> rémunération... Tant pis pour ceux<br />

qui n’auraient pas trouvé un “bon” stage!<br />

Tu voudrais peut-être que l’Insa<br />

représente un poids financier, où les futurs<br />

bizuths viendraient investir pour une formation<br />

meilleure que d<strong>ans</strong> les écoles voisines.<br />

Mais nous, nous ne voulons pas être le centre<br />

<strong>de</strong> spéculations monétaires entre l’Etat et ton<br />

Administration. Nous voudrions représenter<br />

un pôle Intellectuel où les mots solidarité<br />

et dynamisme remplaceraient argent et<br />

concurrence. Ne nous abaissons pas à imiter<br />

les règles <strong>de</strong> la vie active d<strong>ans</strong> laquelle nous<br />

plongerons un jour, mais forgeons plutôt, et<br />

ce jusqu’à la <strong>de</strong>rnière année d’étu<strong>de</strong>, un esprit<br />

dynamique et généreux, qui puisse apporter<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> idées neuves à la société actuelle,<br />

plutôt que d’en imiter les vices et les répéter<br />

<strong>de</strong> génération en génération.<br />

Laurent<br />

Ethique catholiqueN°35<br />

- Mai 89<br />

Quand certains montent au créneau pour défendre leur association fétiche,<br />

on imagine déjà tout le bureau courant <strong>de</strong>rrière pour les faire taire<br />

générosité, la sympathie (l’obstination) et<br />

sont attentifs aux autres. Ils seraient même<br />

prêts à vous ai<strong>de</strong>r, vous qui les rejetez. Ils<br />

ne connaissent ni la jalousie, ni l’hypocrisie<br />

(ils ont encore beaucoup à apprendre). Et je<br />

vous assure que c’est magnifique <strong>de</strong> compter<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> gens comme eux quand vous avez <strong>de</strong><br />

gros problèmes. Essayez donc <strong>de</strong> les connaître<br />

avant <strong>de</strong> les critiquer ! (non) Etes-vous allés<br />

à la fête <strong>de</strong> Pâques à Puvis <strong>de</strong> Chavanne ?<br />

(non) Savez-vous que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> gens bourrés<br />

(pause) d’humour ? <strong>Le</strong> spectacle était<br />

vraiment super (hachement bien <strong>de</strong>h !). Ils<br />

lancent le message <strong>de</strong> l’évangile à travers (la<br />

gueule) <strong><strong>de</strong>s</strong> chants et <strong><strong>de</strong>s</strong> sketchs <strong>de</strong> qualité.<br />

Pourquoi n’essayez vous pas une fois au<br />

moins ? (pas plus) Allez voir leur spectacle,<br />

je vous assure que vous ne serez pas déçus.<br />

Et cela vous remettra, peut-être, les idées en<br />

place (je préfère me secouer la tête). Discutez<br />

avec eux, je compte sur vous, hein ?<br />

(non)<br />

J.P.<br />

(Dernière Note <strong>de</strong> la Rédaction: nous<br />

connaissons l’auteur, c’est pourquoi nous<br />

nous sommes exceptionnellement permis<br />

<strong>de</strong> donner notre interprétation personnelle<br />

du texte. Nous faisons appel à son sens <strong>de</strong><br />

l’humour)<br />

62<br />

Lorsque je lis d<strong>ans</strong> vos colonnes<br />

que le régisseur ne met pas <strong>de</strong> papier toilette,<br />

je bondis <strong>de</strong> colère. Explications : avec<br />

le papier, on momifie les voitures. D<strong>ans</strong> les<br />

sanitaires, on déroule tout le rouleau et on<br />

met le tout d<strong>ans</strong> les cuvettes, tout ça assorti<br />

<strong>de</strong> méga vomissures. A noter que j’ai fait<br />

constater les faits par un élève <strong>de</strong> la chambre<br />

B 520 (NdIR: les personnes concernées ont<br />

démenti formellement; à moins que ce ne<br />

soit D 520... ).<br />

Je compte sur votre impartialité<br />

pour que ce droit <strong>de</strong> réponse figure d<strong>ans</strong> votre<br />

journal. En ce qui me concerne, je mets<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rouleaux <strong>de</strong> 1 000 m d<strong>ans</strong> 12 WC, ceci<br />

pour un étage, cela fait 12 km pour 80 élèves.<br />

Si on change le papier sur 20 jours, cela fait 7<br />

m par jour et par élève, comme je prends <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

marges, je le change tous les 15 jours et on<br />

arrive à 10 m par étudiant. Tant <strong>de</strong> gaspillage<br />

aboutira un jour à ce que chacun achète<br />

son papier.<br />

M. Bouniard


Partir, c’est mourir un peu<br />

Une dure année à l’Insa vient <strong>de</strong><br />

s’écouler, les partiels ont eu raison <strong>de</strong> vous...<br />

Vous venez d’enchaîner <strong>de</strong>ux mois <strong>de</strong> stage<br />

d<strong>ans</strong> une usine d’équarrissage <strong>de</strong> poneys<br />

pour lesquels vous avez été rémunéré 60€<br />

en tickets restaurants. Votre santé mentale<br />

vacille, vous êtes au bord du gouffre. Une<br />

seule solution ; <strong><strong>de</strong>s</strong> vacances !<br />

De multiples opportunités s’<strong>of</strong>frent<br />

à vous : pour partir avec vos potes<br />

d<strong>ans</strong> un camping à Biarritz, allez au II. Si<br />

votre petite amie vous manque, filez la rejoindre<br />

en IV ! Accompagner <strong><strong>de</strong>s</strong> gosses en<br />

colonie vous tente ? Direction VII. Pour finir,<br />

votre charmante co-TP hollandaise vous<br />

propose <strong>de</strong> l’accompagner en X pour faire<br />

du stop.<br />

- I - La plage est parfaite ! Une gigantesque<br />

étendue d’un sable doux comme<br />

<strong>de</strong> la soie qu’embrasse une on<strong>de</strong> azure qui<br />

se mêle, au loin, à la pureté <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux… Vous<br />

tombez à genoux et ne pouvez contenir une<br />

larme <strong>de</strong> bonheur <strong>de</strong>vant tant <strong>de</strong> perfection.<br />

Vous jetez tous vos habits, jurant <strong>de</strong> ne faire<br />

qu’un avec la plage et <strong>de</strong> faire l’amour à<br />

l’océan. Vous courez comme un dément, vos<br />

pas d<strong>ans</strong> le sable chaud sont autant <strong>de</strong> vagues<br />

<strong>de</strong> bonheur pur. Vos yeux mi-clos par le<br />

plaisir ne vous permettent pas <strong>de</strong> distinguer<br />

le râteau dissimulé d<strong>ans</strong> le sable par un bambin.<br />

<strong>Le</strong> choc est violent : vous chutez lour<strong>de</strong>ment.<br />

Vous atten<strong>de</strong>z l’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> secours<br />

en vous vidant <strong>de</strong> votre sang pendant que le<br />

petit Billy vous jette du sable d<strong>ans</strong> les yeux.<br />

Direction l’hôpital en IX.<br />

- II - Vous arrivez au camping<br />

après 14 heures <strong>de</strong> route, à 6 d<strong>ans</strong> une<br />

Twingo (s<strong>ans</strong> compter “Tinki-Winki”, le<br />

Bouvier Bernois <strong>de</strong> votre pote Thibault,<br />

qui, tassé d<strong>ans</strong> le c<strong>of</strong>fre, a réussi à vomir 7<br />

fois sur votre sac). <strong>Le</strong> paysage vous déçoit<br />

un peu : un incendie a récemment ravagé<br />

la forêt <strong>de</strong> pins qui entourait le domaine.<br />

Pour monter la tente, filez en III, pour aller<br />

d’abord faire un saut à la plage, c’est en I<br />

que ça se passe.<br />

- III - Seul face à votre tente<br />

igloo décathlon, vous ne vacillez pas. Vous<br />

connaissez votre adversaire, vous savez <strong>de</strong><br />

quoi il est capable. D’autres, meilleurs que<br />

vous, ont déjà échoué. Mais vous, vous avez<br />

la rage : vous n’êtes plus l’étudiant équilibré<br />

que vos amis connaissent, vous n’êtes plus<br />

civilisé, vous n’êtes même plus un homme…<br />

Vous n’êtes plus qu’une force, pure et brute,<br />

tendue vers un seul but : planter cette saloperie<br />

<strong>de</strong> sardine ! Vous vous éclatez la main<br />

avec un parpaing en tentant <strong>de</strong> taper sur le<br />

piquet, filez à l’hôpital en IX. Au contraire,<br />

c’est la réussite ? Allez donc à la plage en I.<br />

- IV - <strong>Le</strong> charmant petit village<br />

<strong>de</strong> Mareuil-sur-Lay-Dissais regroupe à lui<br />

tout seul tout le charme vendéen : un marais,<br />

une plaine et un bocage. Vous êtes aux<br />

anges. Et ce n’est pas la violente grêle ou la<br />

gastroentérite <strong>de</strong> votre petite amie qui va<br />

vous faire changer d’avis. Vu la météo, vous<br />

passez vos journées avec votre belle famille.<br />

Après avoir perdu dix-sept fois au Trivial<br />

Poursuit contre votre beau-frère <strong>de</strong> sept <strong>ans</strong><br />

et avoir bu <strong><strong>de</strong>s</strong> litres <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> vie maison<br />

du grand-père (celle avec la tête <strong>de</strong> serpent<br />

d<strong>ans</strong> la bouteille dont on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment<br />

elle a pu passer par le goulot), vous<br />

vous déci<strong>de</strong>z à sortir du domaine familial.<br />

Pour aller vous promener, direction VI. Pour<br />

fuir à tout jamais cette terre désolée, faites<br />

du stop en VIII.<br />

- V - Ca n’était pas bien dur finalement…<br />

Votre choix n’était pas si mauvais !<br />

Après tout, il n’aura pas fallu plus <strong>de</strong> 20 heures<br />

pour qu’un passant, attiré par vos hurlements,<br />

vienne vous détacher du platane<br />

auquel vous aviez été scotché. <strong>Le</strong> plus difficile<br />

sera peut être <strong>de</strong> faire partir le cirage qui<br />

recouvre désormais vos organes génitaux.<br />

Mais, vous assumez votre choix, vous avez<br />

eu raison d’être ferme. Il faut savoir se faire<br />

respecter, après tout : ces jeunes ont besoin<br />

<strong>de</strong> limites. FIN<br />

- VI - Cela fait bientôt quatre heures<br />

que vous êtes là, un pied coincé d<strong>ans</strong> un<br />

piège à ours. Vous ne cherchez pas à vous libérer,<br />

<strong>de</strong> toutes façons votre cheville est cassée.<br />

Vous n’appelez pas à l’ai<strong>de</strong> : il faudrait<br />

être fou ou royaliste pour s’aventurer par un<br />

temps pareil d<strong>ans</strong> un marais Vendéen : parfois,<br />

la mort est meilleure. Vous n’avez plus<br />

qu’une balle d<strong>ans</strong> votre chargeur et vous savez<br />

qu’à un moment ou un autre, les loups<br />

reviendront. Vous pouvez déjà distinguer<br />

leurs hurlements au loin. Vous êtes résigné :<br />

mourir dévoré par une meute <strong>de</strong> loups, c’est<br />

un peu comme s’endormir d<strong>ans</strong> un mixer<br />

géant. Il y a pire. FIN<br />

- VII - Ah les colonies <strong>de</strong> vacances…<strong>Le</strong>s<br />

gosses qui courent partout… De la<br />

joie, du bonheur ! Bien sûr, la fermeture <strong>de</strong><br />

la piscine par les services sanitaires pourrait<br />

en décourager plus d’un… mais vous savez<br />

comment vous y prendre avec les adolescents<br />

! Vous leur proposez donc <strong>de</strong> jouer à<br />

l’activité favorite <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes d’aujourd’hui :<br />

la clef <strong>de</strong> St-Georges. Au bout <strong>de</strong> trois heures<br />

trépidantes <strong>de</strong> franche rigola<strong>de</strong>, vous<br />

constatez avec horreur que trois <strong>de</strong> vos protégés<br />

ont disparu. Vous partez à leur recherche<br />

et les retrouvez rapi<strong>de</strong>ment, hilares, en<br />

train <strong>de</strong> fumer <strong><strong>de</strong>s</strong> cigarettes qui vous font<br />

piquer le nez. Si vous déci<strong>de</strong>z <strong>de</strong> jouer les<br />

pédagogues éclairés et d’user <strong>de</strong> psychologie,<br />

allez en XI. Si la manière forte vous<br />

paraît plus adaptée, confisquez leur leurs<br />

cigarettes en V.<br />

- VIII - Vous vous retrouvez seul<br />

d<strong>ans</strong> un camion avec un barbu super sympa<br />

mais à l’haleine discutable. Vous ne saisissez<br />

pas bien ses intentions. Il faut dire que vous<br />

ne comprenez rien à l’allemand. Après <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

heures <strong>de</strong> route vous débarquez en Bretagne<br />

; visiblement, vous et votre ami Günther,<br />

êtes là pour participer au nettoyage d’une<br />

plage après une marée noire. Plein d’entrain,<br />

vous commencez à nettoyer un rocher. <strong>Le</strong><br />

travail est difficile mais très gratifiant. Tous<br />

les soirs, sous la tente communale, vous participez<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> débats sur la décroissance économique<br />

et vous visionnez <strong><strong>de</strong>s</strong> cassettes du<br />

commandant Cousteau sur la reproduction<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> calamars. Malheureusement, après plu-<br />

63<br />

Humeur<br />

N°110 - Juin 2006<br />

Alain Satiable vous propose une petite aventure en attendant les vacances... Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons purement statistiques,<br />

vous êtes <strong>de</strong> sexe masculin et hétérosexuel. Inutile <strong>de</strong> discuter, c’est comme ça.<br />

sieurs semaines <strong>de</strong> pur bonheur, vous êtes<br />

atteint par la peste bubonique, maladie très<br />

courante en ces lieux à l’hygiène limitée. Votre<br />

ami barbu tentera bien <strong>de</strong> vous soigner<br />

par imposition <strong><strong>de</strong>s</strong> mains, mais s<strong>ans</strong> succès.<br />

Vous mourrez quelques jours plus tard d<strong>ans</strong><br />

d’atroces souffrances. FIN<br />

-IX - Il ne vous faut que 1h30 pour<br />

atteindre l’hôpital. Vous avez alors perdu la<br />

moitié <strong>de</strong> votre sang et vous vous trouvez <strong>de</strong><br />

fait d<strong>ans</strong> un état d’euphorie fort agréable qui<br />

vous pousse à chanter Kumbaya à l’infirmière<br />

<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Elle vous prend pour un toxicomane<br />

en manque, venu voler <strong>de</strong> la morphine<br />

et appelle la sécurité. Faute <strong>de</strong> soin, vous<br />

décé<strong>de</strong>z d<strong>ans</strong> une poubelle avoisinante en<br />

moins <strong>de</strong> vingt minutes. FIN<br />

- X - Ah, le stop ! La liberté, l’aventure…<br />

Avec votre amie Femke, vous faîtes<br />

la connaissance d’un groupe <strong>de</strong> musiciens<br />

allemands sur une aire d’autoroute. Partis<br />

pour faire la tournée <strong>de</strong> l’Europe, ils vous<br />

proposent <strong>de</strong> les accompagner. Pour suivre<br />

la belle Femke, partie <strong>de</strong>vant avec un joueur<br />

<strong>de</strong> banjo, montez d<strong>ans</strong> le camion en VIII. Si<br />

les dreadlocks ne vous rassurent pas, rejoignez<br />

plutôt votre petite amie en Vendée, en<br />

IV.<br />

- XI - Après une longue discussion<br />

avec les jeunes, vous parvenez à leur<br />

faire réaliser les dangers <strong>de</strong> la drogue. Une<br />

fois <strong>de</strong> plus, vous constatez qu’un dialogue<br />

serein mène systématiquement à une issue<br />

heureuse. Très fier d’avoir réussi à établir la<br />

communication avec les jeunes, vous rentrez<br />

d<strong>ans</strong> votre bungalow pour dormir. Vous<br />

serez réveillé au petit matin par la gendarmerie<br />

: l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> jeunes a porté plainte contre<br />

vous pour attouchements sexuels. Ses camara<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ont confirmé ses dires et vos collègues<br />

ont fait part <strong>de</strong> leurs soupçons sur votre possible<br />

addiction au crack. Vous finissez vos<br />

vacances au frais et jurez <strong>de</strong> crever tous les<br />

chiards du mon<strong>de</strong> dès que vous aurez purgé<br />

vos dix <strong>ans</strong> <strong>de</strong> prison. FIN<br />

Fred<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -


Humeur<br />

Une grosse envie <strong>de</strong> bien-êtreN°120<br />

- Juin 2008<br />

D<strong>ans</strong> tout l’occi<strong>de</strong>nt bedonnant, un même mal progresse au galop, l’obésité. L’Insatiable explore ici une piste<br />

d’explication inédite : et si le riche grossissait à force <strong>de</strong> mauvaise conscience ?<br />

Que Dieu bénisse les obèses ! Il<br />

est grand temps <strong>de</strong> déclarer la guerre à la<br />

guerre à l’obésité.<br />

Qu’est-ce que ce charabia me didirez-vous ? Serais-je en pleine crise <strong>de</strong> folie<br />

caractérisée ? Non, non, je vous assure. J’ai<br />

encore toute ma tête…Mais, c’est le mon<strong>de</strong><br />

qui a perdu la raison et qui marche sur la<br />

tête. Je m’explique…<br />

Nouvelles déprimantes<br />

Faisons ensemble un petit tour<br />

d’horizon <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles du mon<strong>de</strong>.<br />

Pas forcément aujourd’hui, ni même<br />

<strong>de</strong>main. N’importe quel jour <strong>de</strong> l’année<br />

peut convenir à l’exercice. Mais,<br />

pour se donner une idée, prenons<br />

l’actualité récente. Barack Obama a <strong>de</strong><br />

fortes chances <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir le premier<br />

candidat noir à la prési<strong>de</strong>ntielle aux<br />

États-Unis. Serait-ce une bonne nouvelle<br />

? Oui, à première vue, ça pourrait<br />

paraître rassurant en ce qui concerne<br />

l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> la démocratie améri-<br />

caine. Mais, plusieurs points viennent<br />

remettre en cause un tel optimisme. <strong>Le</strong><br />

niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> débats <strong>de</strong> la campagne démocrate,<br />

les attaques, l’omniprésence <strong><strong>de</strong>s</strong> lobbys, la<br />

possible future élection d’un républicain <strong>de</strong><br />

la trempe <strong>de</strong> Mc Cain après les 2 mandats<br />

catastrophiques <strong>de</strong> Bush junior, tout cela ne<br />

contribue pas à nous rassurer. La terre tremble<br />

en Chine… et chinois et tibétains sont<br />

loin d’être réconciliés. Un cataclysme ravage<br />

liers <strong>de</strong> morts… Ces chiffres autour <strong>de</strong><br />

la Birmanie et la junte se permet <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r<br />

tous ces drames sont tellement énormes<br />

l’arrivée <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> humanitaire par fierté ou<br />

qu’il nous est impossible <strong>de</strong> nous rendre<br />

par défi. A l’arrivée, <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines <strong>de</strong> mil- compte consciemment <strong>de</strong> l’étendue du<br />

<strong>Le</strong> sein droit <strong>de</strong> Janet<br />

N°98 - Fév. 2005<br />

Délicieux décorticage <strong><strong>de</strong>s</strong> abhérations <strong>de</strong> la législation américaine. On<br />

pourrait presque trouver un peu <strong>de</strong> poésie d<strong>ans</strong> toutes ces fantaisies.<br />

<strong>Le</strong> week-end <strong>de</strong>rnier, au cours du<br />

superbowl l’Amérique a retenu son souffle<br />

alors que Justin Timberlake arrachait le top<br />

affriolant <strong>de</strong> Janet Jackson, découvrant son<br />

sein droit flasque et pendouillant dont le téton<br />

était caché par un piercing étoilé. Provocation<br />

orchestrée ou aléa hasar<strong>de</strong>ux? Là n’est<br />

pas la question. Ce non-évènement a quand<br />

même le mérite <strong>de</strong> nous révéler l’absurdité<br />

d’une société américaine néo-réactionnaire.<br />

Encore une fois l’Amérique n’a<br />

pas assumé ses contradictions lorsque la<br />

NBC censure immédiatement un spectacle<br />

qui ne choque personne mais qui va à l’encontre<br />

d’un puritanisme hypocrite, imbu <strong>de</strong><br />

ses valeurs rétrogra<strong><strong>de</strong>s</strong>. Pire encore, la paranoïa<br />

sécuritaire qui sévit aux Etats-Unis<br />

nous amène à <strong><strong>de</strong>s</strong> situations guignolesques<br />

comme l’épiso<strong>de</strong> vécu par Frank Moulet, un<br />

étudiant <strong>de</strong> 27 <strong>ans</strong> originaire <strong>de</strong> Châteaurenard<br />

qui s’est vu arrêté il y a <strong>de</strong>ux semaines<br />

pour avoir déclaré qu’il n’était pas en train<br />

<strong>de</strong> préparer une bombe lorsque l’hôtesse lui<br />

<strong>de</strong>mandait <strong><strong>de</strong>s</strong> explications sur sa longueur<br />

aux toilettes.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> entier apprenait ensuite<br />

éberlué que prononcer le mot “bombe” était<br />

interdit d<strong>ans</strong> un avion américain. Malheu-<br />

L’Insatiable<br />

- BEST OF -<br />

reusement, les lois insensées sont monnaie<br />

courante au pays fer <strong>de</strong> lance du mon<strong>de</strong> libre.<br />

Ainsi, en Indiana par exemple, la<br />

fellation est interdite, loi d’autant plus stupi<strong>de</strong><br />

que l’on ne peut mesurer la circonférence<br />

du sexe masculin avec précision, la valeur <strong>de</strong><br />

Pi étant fixée par décret à 3,2. D<strong>ans</strong> le Delaware,<br />

ça ne pose pas vraiment problème<br />

puisqu’on ne peut pas pisser au bord <strong>de</strong> la<br />

route. Heureusement, comme la vie est bien<br />

faite, à Tucson, Arizona, les femmes n’ont<br />

pas le droit <strong>de</strong> porter <strong><strong>de</strong>s</strong> pantalons, elles<br />

peuvent donc se laisser aller librement et en<br />

toute discrétion sur le bas-côté.<br />

Néanmoins, point d’échappatoire<br />

pour les grosses cochonnes, la sodomie<br />

est interdite d<strong>ans</strong> les états du Nord-Ouest.<br />

Quand on sait que l’alcool et l’accès au bar<br />

sont proscrits pour les moins <strong>de</strong> 21 <strong>ans</strong>, on se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien ce qu’elles vont pouvoir faire<br />

jusque là. Elles ont d’autant plus la vie dure<br />

qu’elles n’ont pas le droit d’avoir plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux go<strong><strong>de</strong>s</strong> à la maison, toujours en Arizona.<br />

Enfin, une loi légitime, à Elkhart, Texas, les<br />

barbiers n’ont pas le droit <strong>de</strong> menacer les enfants<br />

<strong>de</strong> leur couper les oreilles.<br />

<strong>Le</strong>s puceaux sauvages<br />

64<br />

malheur<br />

individuel associé à <strong>de</strong><br />

tels évènements.<br />

Lorsqu’on arrive à avoir<br />

<strong>de</strong> telles considérations, gé-<br />

néralement, 2 attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> s’<strong>of</strong><br />

frent<br />

à nous : la dépression grave<br />

ou l’attitu<strong>de</strong> la plus parfaitement<br />

blasée. Étant donné que chaque<br />

individu possè<strong>de</strong> intrinsèque-<br />

ment un important réflexe <strong>de</strong><br />

survie, la première attitu<strong>de</strong> est<br />

souvent souvent évitée.<br />

<strong>Le</strong> système et l’homme<br />

Donc, la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> gens se for-<br />

gent<br />

une carapace à l’épreuve<br />

<strong>de</strong><br />

ces “petits malheurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

autres” et en viennent à<br />

considérer que c’est d<strong>ans</strong><br />

la nature <strong>de</strong> l’homme<br />

d’être mauvais. Ou, qu’au<br />

moins, le malheur est une<br />

chose inévitable pour les<br />

autres et qu’on a déjà assez<br />

<strong>de</strong> mal à l’éviter pour soimême<br />

pour aller se soucier<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong><strong>de</strong>s</strong> autres.<br />

D’autant que, généralement,<br />

tous<br />

ces évènements semblent<br />

échapper<br />

complètement à no-<br />

tre<br />

contrôle ou même à notre<br />

compréhension.<br />

Et pourtant, I<br />

will<br />

survive !<br />

Et<br />

oui, grâce à l’égocen-<br />

trisme<br />

inhérent à notre condition<br />

humaine,<br />

il nous est possible <strong>de</strong><br />

traverser toutes ces épreuves s<strong>ans</strong><br />

perdre notre équilibre émotionnel. <strong>Le</strong>quel<br />

se nourrit <strong>de</strong> plaisirs simples et naturels. <strong>Le</strong><br />

premier d’entre eux : manger.<br />

De blédine et d’eau fraîche<br />

<strong>Le</strong>s troubles alimentaires sont en<br />

effet le reflet <strong>de</strong> nos compensations émotionnelles<br />

(notamment chez les sujets féminins).<br />

Parmi les faits les plus significatifs, citons la<br />

Blédine.<br />

Initialement <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné aux enfants<br />

dès 6 mois, ce mélange <strong>de</strong> céréales infantiles<br />

fait un ravage chez les jeunes femmes en<br />

manque cruel d’affection. Un bol <strong>de</strong> Blédine,<br />

c’est un retour vers la dépendance caractérisant<br />

l’état végétatif du nourrisson. Déculpabilisant,<br />

cette mixture n’apporte que 381 Kcal<br />

aux 100g, et est enrichie en 8 vitamines et fer.<br />

<strong>Le</strong>s crises compulsives se traduisent par une<br />

consommation effrénée dudit produit, rapportant<br />

d<strong>ans</strong> les cas les plus graves une addiction<br />

s<strong>ans</strong> limite.<br />

Enfin, n’ayons pas peur <strong>de</strong> la Blédine,<br />

à l’heure où se développent les alicaments,<br />

il ne s’agit que d’une ai<strong>de</strong> psychologique<br />

totalement légale et rappelons-le<br />

enrichie en fer.<br />

Voilà donc l’apologie <strong>de</strong> la nourriture,<br />

apaisant nos angoisses existentielles.<br />

Bénissons-donc ceux qui à travers leur alimentation<br />

parviennent à trouver le bien-être<br />

absolu, aux dépens <strong>de</strong> leur IMC.<br />

Souhaitons-leur tout le bonheur<br />

du mon<strong>de</strong> !<br />

Cloum


L’Insatiable<br />

Remerciements<br />

Alain S. tient à remercier ses généreux mécènes<br />

pour leur soutien déterminant d<strong>ans</strong> la réalisation<br />

<strong>de</strong> ce numéro exceptionnel. Tout d’abord,<br />

merci à l’AII, Association <strong><strong>de</strong>s</strong> Ingénieurs Insa, qui<br />

nous permet <strong>de</strong> toucher la totalité du public insalien,<br />

du jeune bizuth boutonneux potentiellement<br />

renvoyé à la fin <strong>de</strong> l’année probatoire, au diplômé<br />

d’âge mûr tout juste en état <strong>de</strong> nous lire. D<strong>ans</strong> le<br />

même registre tr<strong>ans</strong>générationnel, merci à la Direction<br />

<strong>de</strong> la Communication (la fameuse DirCom) <strong>de</strong><br />

nous permettre d’<strong>of</strong>frir cette bible à nos nouveaux<br />

diplômés afin d’occuper leurs longs mois <strong>de</strong> recherche<br />

d’emploi. Enfin, merci à la toute nouvelle<br />

fondation Insa <strong>de</strong> nous éviter la réalisation <strong>de</strong> la<br />

quatrième <strong>de</strong> couverture.<br />

Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces prosaïques considérations financières,<br />

un grand merci à Francis Maupas, grand<br />

gourou <strong>de</strong> la mythologie insalienne, qui a permis<br />

<strong>de</strong> nous replonger d<strong>ans</strong> l’histoire agitée <strong>de</strong> notre<br />

école. Merci beaucoup à Sylvie Beaulieu et Jean-<br />

Michel Porcin <strong>de</strong> la Direction <strong><strong>de</strong>s</strong> Ressources pour<br />

leur soutien décisif.<br />

Liste <strong><strong>de</strong>s</strong> larbins<br />

Best Of <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>25</strong> <strong>ans</strong>,<br />

Encore là pour longtemps...<br />

Alice et Dorian, chasseurs d’articles et <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins,<br />

éplucheurs d’archives et autres menus travaux.<br />

Alban, biographe <strong>of</strong>ficiel d’Alain Satiable.<br />

Fanny <strong><strong>de</strong>s</strong>sinatrice <strong>de</strong> Une et mangeuse <strong>de</strong> Tuc.<br />

Elsa, Fred, Margaux, Sylvain et Yoann, metteurs<br />

en page endurants, lumpenproletariat <strong>de</strong> la rédaction.<br />

<strong>Le</strong>urs familles et anciens amis se souviendront <strong>de</strong> leur<br />

sacrifice pour toujours.<br />

Raph’, grand gourou, instigateur, tortionnaire, maître<br />

spirituel insomniaque et ayatollah <strong>de</strong> la rédaction.<br />

À sa vie sociale disparue, la patrie reconnaissante...<br />

Merci à tous les anciens membres <strong>de</strong><br />

L’Insatiable dont nous publions aujourd’hui le<br />

travail, nous jouant totalement <strong>de</strong> la législation<br />

sur les droits d’auteur. Bien sûr, une pensée émue<br />

pour tous les rédacteurs et autres <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateurs <strong>de</strong><br />

L’Insatiable n’ayant pas été retenus d<strong>ans</strong> ce recueil<br />

(contacter directement Fred pour d’éventuelles réclamations).<br />

Merci à tous les Insaliens, qui, d<strong>ans</strong> la queue<br />

du grand resto, subissent <strong>de</strong>puis <strong>25</strong> générations<br />

nos ineptes publications et nos incompréhensibles<br />

pages 8. Merci à l’hexanome H4N1 qui a évité le<br />

redoublement du directeur <strong>de</strong> la publication.<br />

Enfin, merci à toutes ces personnes nous ayant<br />

beaucoup aidé mais pas suffisamment pour apparaître<br />

<strong>de</strong> façon nominative d<strong>ans</strong> cette rubrique<br />

parce que quand même, faut pas déconner.<br />

D<strong>ans</strong> le cas improbable où vous seriez arrivé<br />

à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> remerciements, envoyez un e-mail<br />

à , si vous êtes tiré au<br />

sort - et c’est probable - vous gagnerez peut-être un<br />

ca<strong>de</strong>au merveilleux. Règlement complet disponible<br />

chez Ludovic, un pote à moi.<br />

La Rédaction<br />

Page 3.indd 1 07/12/2009 06:01:03


A U D E L À D E L A S C I E N C E<br />

<strong>Le</strong> Mécénat Scientifi que<br />

et Technologique<br />

<strong>de</strong> l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong><br />

La création <strong>de</strong> la Fondation <strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> a pour objectif d’accompagner le développement <strong>de</strong><br />

l’école et propose aux entreprises un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> coopération.<br />

- Ambition : La Fondation a pour objectif <strong>de</strong> lever 15 millions d’euros en 5 <strong>ans</strong>, avec<br />

sa première campagne <strong>de</strong> développement baptisée « Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Science ».<br />

- Synergie : La Fondation réunit et mobilise les entreprises mécènes, le réseau <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 30 000 ingénieurs, les enseignants-chercheurs et collaborateurs autour <strong>de</strong> cette<br />

première campagne.<br />

- Coopération : Grâce au statut <strong>de</strong> Fondation Partenariale, les entreprises peuvent<br />

accé<strong>de</strong>r au statut <strong>de</strong> membres fondateurs, acteurs <strong>de</strong> l’essor <strong>de</strong> l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>.<br />

- Développement : La Fondation mène <strong><strong>de</strong>s</strong> actions <strong>de</strong> soutien au développement<br />

<strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong>. Nos « partenaires et mécènes » s’inscrivent d<strong>ans</strong> ce partage<br />

d’image.<br />

La première campagne <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong><br />

Aux côtés <strong>de</strong> la Fondation, en soutenant sa première campagne <strong>de</strong> développement, Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

Science, vous vous inscrivez d<strong>ans</strong> une démarche pérenne valorisant la notoriété et le rayonnement<br />

<strong>de</strong> l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> d<strong>ans</strong> une dimension sociétale, <strong>de</strong> recherche et d’innovation.<br />

Ensemble,<br />

développons l’<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> !<br />

Contact :<br />

Tél : + 33 (0)4 72 43 74 10<br />

Email : fondation@insa-lyon.fr<br />

http://www.insa-lyon.fr/<br />

<strong>INSA</strong> <strong>de</strong> <strong>Lyon</strong> - 12/09 - © C. Morel

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