Mon portrait historique et philosophique Lcsm Oeuvres posthumes ...

C y v a r d \ 2007-11-25
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Quand l'homme se fait méchant il n'a que le bonheur de l'enthousiasme et de la
rage ; quand il ne se fait que bête ou matière il reste dans l'apparence et n'a
réellement ni peine ni plaisir ; quand il se fait spirituel il a réellement beaucoup
de plaisir ; mais ce n'est que quand il se fait divin qu'il connaît la paix vivante et
le bonheur complet. J’ai parcouru, quoiqu'en passant, tous ces degrés, aussi ne
puis-je être en doute sur celui de tous qui mérite la préférence.
493
Les gens du torrent qui ne connaissent que la conversation de l'externe ont été
quelquefois choqués de mon silence. L'un d'eux surtout qui en raison de son
état ecclésiastique est plus enfoncé que les autres dans l'ignorance et dans son
opposition à la vérité m'a fait souvent des reproches de ce que je ne parlais pas ;
premièrement si cet homme avait été juste, il aurait vu qu'il ne devait pas se
plaindre de ce que j’étais muet, puisque la seule chose dont je sache un peu
parler c'est de la vérité, et que cette vérité lui fait mal ; secondement s'il eut été
un peu moins embrouillé dans les épines du ténébreux néant de ce monde, il
aurait vu que je ne me taisais qu'afin que la conversation ne tombât point, car
dès que ceux qui parlaient tant ne disaient rien, il fallait bien qu'il y en eut qui
ne dissent rien afin de parler.
494
La Bodeau qui était femme de chambre chez la ci-devant princesse de
Montbarrey m'a donné une fois une leçon que j’ai eu tort de ne pas suivre. Elle
m'engageait à marcher, en me disant que je devrais seulement donner quelques
jours à l'actif, et que cela suffirait pour l'ouvrir et le déterminer. Je ne dois pas
oublier non plus ses services funéraires que je n’ai pas eu le courage de suivre.
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La queue de Robespierre qui a fait tant de mouvements après la mort de sa tête,
et qui ne menace de rien moins que de la déportation tous les nobles et tous les
prêtres m'a appris de nouveau ce que j’avais éprouvé déjà si souvent, c'est que
nous sommes tellement liés et appesantis par notre paresse que nous ne savons
faire un pas dans la ligne qu'à coups d'étrivières. Aussi dans l'élan que cette
circonstance m'a donné j’ai connu physiquement les deux mondes, et les deux
éternités, pourquoi en conséquence nous avions deux mains dont l'une servait à
contenir l'éternité ténébreuse, et l'autre à ouvrir l'éternité lumineuse, enfin à
quoi pouvait servir en nous la musique réelle qui a la propriété de porter la joie
partout, même dans la mort ; j’ai appris, dis-je, que tous les soins de celui qui
m'aime, tendaient à m'empêcher de poser seulement le pied sur la terre.
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