Cahier n°25 - cesat - Ministère de la Défense

Éditorial
Cahiers du CESAT n° 25
Octobre 2011
Par le Général de corps d’armée Philippe HOUBRON,
Directeur adjoint de la stratégie et Chef du service d’architecture des systèmes de forces,
à la Direction générale pour l’armement
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Vous êtes désormais à la veille de votre seconde partie de carrière qui, pour la majorité d’entre vous, se déroulera en
administration centrale. Vous appartenez à une génération où tous, ou presque, auront connu une expérience en opérations.
Vous êtes donc certainement plus aguerris sur ce plan que vos «grands anciens», pour lesquels le contexte géostratégique
était très différent et qui, pour la plupart, excepté ceux appartenant à certaines unités, n’ont pas eu ces opportunités.
Dans les années qui viennent, vous allez, pour beaucoup d’entre vous, servir dans des organismes de plus en plus
«interarmisés» ou «civilianisés», dans des directions du ministère qui ne seront pas spécifiquement militaires (à connotation
financière, juridique, stratégique, politico-militaire, capacitaire…). Futurs diplômés ou brevetés, vous allez être bien sûr au
contact de vos homologues des autres armées, mais également d’experts de haut niveau, de hauts fonctionnaires, d’ingénieurs
qui seront souvent vos pairs, parfois vos chefs. Même blanchis sous le harnois de l’expérience opérationnelle, il vous faudra
faire preuve d’emblée, puis tout au long de votre carrière, d’intelligence de situation et de sens politique.
Dans un environnement de plus en plus contraint, complexe, resserré, où la nature des acteurs évolue, où le niveau de prise de
décisions est de plus en plus élevé, où les informations circulent toujours plus vite, ces deux qualités étroitement liées me
semblent indispensables. Rien que de très banal, pour une fonction d’officier d’état-major classique, me diront certains!! Oui,
c’est vrai, mais l’environnement général ayant changé, ces qualités revêtent désormais une importance toute particulière. Les
évolutions décrites ci-dessus, amplifiées par les réalités économique, sociale, et environnementale, dont il faut tenir compte
dans la majeure partie des domaines, donnent aux travaux d’état-major une dimension politique plus ou moins importante, mais
bien réelle. Aujourd’hui, plus que dans le passé, de nombreuses décisions prises à haut niveau ont des répercussions qui vont
bien au-delà du ministère de la Défense. Ainsi, les commandants de base de défense se voient assigner un rôle d’acteur
économique de premier plan; les aspects relatifs à la coopération internationale sont prégnants et sont suivis, la plupart du
temps, au plus haut niveau de l’État; le développement durable est devenu une préoccupation permanente; les choix en matière
d’équipements peuvent avoir des conséquences socio-économiques profondes.
Comment acquérir ce sens politique et cette intelligence de situation, puis en faire preuve? En premier lieu, profiter bien sûr des
périodes d’enseignement supérieur, lire un minimum de publications à caractère stratégique, prendre connaissance des
interventions officielles des hautes autorités de l’État en matière de défense et de sécurité, pour bien comprendre
l’environnement national et international dans lequel évolue l’outil militaire. Ensuite, en état-major, se placer au bon niveau de la
réflexion, identifier le but politique, ne pas hésiter pour cela à se faire préciser «l’effet final recherché», ne pas craindre de
demander avis et conseils. Sinon, le risque est grand de produire un travail, certes de qualité sur le plan technique et
rédactionnel, mais déconnecté des réelles préoccupations des décideurs et qui, au pire, ne sera pas lu et sera ainsi inutile.
Un ultime conseil: efforcez-vous tout simplement d’être un «honnête officier», résolument ouvert sur le monde extérieur et ses
problématiques économique, sociale, et géostratégique. Et pour ceux qui connaîtront encore les opérations comme officier
supérieur, rappelez-vous que c’est le domaine où il convient le plus de se poser la question du but politique poursuivi!
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