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CENTRE D'HISTOIRE DU TRAVAIL
Ateliers et Chantiers de Nantes
2bis boulevard Léon-Bureau - 44200 Nantes
Tel : 02 40 08 22 04 – contact@cht-nantes.org
www.cht-nantes.org
BULLETIN N° 31, MARS 2012
SOMMAIRE
Rapport d’activité
Du côté des archives
Focus
La photographie au cœur
du projet du CHT
« Le Grand Espoir, campagnes
années 60 » : une exposition de
l’Ecomusée du pays de Rennes
Le CHT fait des émules :
un CHT pour le Midi-Pyrénées ?
Projets 2012
Hommages
Bibliothèque
Affiche (années 1930)
(Archives CHT, coll. Hirschfeld)
C e n t r e d ' a r c h i v e s - B i b l i o t h è q u e - E d i t e u r
Association loi 1901 - SIRET : 322 258 971 00025 - Ouverture au public le lundi de 13 h 30 à 17 h 30 et du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h et de 13h30 à 17 h30

Affiche du spectacle « Vivant » de la compagnie l’Oiseau naïf
dont la représentation fut l’un des temps forts de l’anniversaire
du Centre d’histoire du travail

Le Le mot mot du du président
président
Commençons ce petit mot par un flash back sur l’année 2011 qui a eu pour nous une saveur et une importance
particulières puisque nous fêtions nos trente ans d’existence au service de l’histoire du mouvement social. Sans
avoir déplacé des foules « éléphantesques », la programmation économiquement sage que nous avions
concoctée a suscité un vif intérêt. Les moments de rencontre avec Gérard Mordillat et son œuvre ont permis une
riche réflexion sur les liens entre le mouvement social et la création artistique. La diversité des formes artistiques
proposées (théâtre, cinéma, littérature) nous a permis de toucher un public assez large. Notre exposition
Fragments d’histoire sociale a été, de son côté, très appréciée. Hébergée pendant trois mois dans les locaux de
nos amis de la MHT (merci à eux), elle a pu être visitée par plusieurs centaines de personnes. Nous avons même
eu l’extrême honneur d’accueillir un comité d’entreprise dunkerquois par un bel après-midi d’octobre. Produite en
double exemplaire, elle continue de tourner dans les régions nantaise et nazairienne…
Continuons par le présent. Il y a des années qui commencent mieux que d’autres et, pour le CHT, 2012 fait
assurément partie de celles-ci. Depuis plusieurs années, nous puisions dans nos (modestes) réserves afin
d’équilibrer nos comptes et payer les trois salariés, nombre minimal pour un bon fonctionnement de la structure.
Or, après cette longue phase dépressionnaire, une éclaircie arrive. Notre anticyclone financier prend la forme
d’une convention triennale avec le Conseil régional portant sur un montant annuel de 20 000 €. Qu’il en soit
remercié ainsi que toutes les autres collectivités territoriales qui ont maintenu, voire augmenté, leurs subventions.
Nous osons y voir la reconnaissance de notre travail et de notre engagement pour une meilleure compréhension
de l’histoire du mouvement social en Loire-Atlantique et ailleurs.
Enfin, abordons le futur… et un futur prometteur. Nous n’avons pas moins de quatre projets éditoriaux validés
par notre conseil d’orientation et qui se concrétiseront logiquement cette année et l’année prochaine. Encore plus
aujourd’hui qu’hier, valoriser nos fonds d’archives comme donner la parole aux militants nous apparaît
nécessaire, « d’utilité publique » pourrait-on dire. Nous envisageons également de relancer notre partenariat avec
nos collègues universitaires pour la tenue de colloques annuels et autres manifestations, en ayant toujours
comme ligne de conduite de ne pas rester confinés dans l’entre-soi ; autrement dit, nous nous efforcerons d’y
associer acteurs et militants. Les pourparlers avec les laboratoires de sociologie et d’anglais sont en bonne voie
et nous espérons pouvoir aboutir en 2013.
Je ne saurais conclure sans une pensée pour la petite Jeanne et sa maman Manuella, notre archiviste
préférée. Nous souhaitons à la nouvelle terrienne une longue vie et beaucoup de courage et d’abnégation s’il lui
prenait l’envie dans quelques années de rendre le monde meilleur et moins inégal. Comme dirait l’autre, y’a du
boulot !
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Yannick Drouet, président

Rapport apport d’activité d’activité, d’activité d’activité ,
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Rapport Rapport d’activité d’activité
d’activité
Les 30 ans du CHT
En 2001, pour les 20 ans du CHT, nous avions réalisé un
documentaire, trois expositions et festoyé joyeusement dans la
salle d’exposition de la Maison des Hommes et des techniques.
Lorsque le bureau de l’association et les salariés se sont penchés
dès le premier semestre 2010 sur la forme que pourraient prendre
« les 30 ans », les idées ont fusé dans tous les sens. Mais très vite,
la dure réalité du relevé de compte a douché nos espoirs de
Biennale de l’histoire sociale, de spectacle de rue sur la grève
générale, de voyage interplanétaire à la découverte des luttes,
d’exposition 3D sensorielle ou de l’édification de 30 statues de
syndicalistes méconnus de la Loire-Atlantique.
Conscients de la fragilité de notre situation financière, nous avons
décidé début 2011 de ne réaliser que ce que nous étions sûrs de
pouvoir payer avec notre budget « normal », sans compter au
départ sur d’éventuelles subventions qui semblaient alors difficiles
à obtenir. Le classique bulletin annuel du centre a donc été pour
son trentième numéro largement ouvert aux témoignages (anciens
présidents, secrétaires d’union départementale syndicale,
déposants d’archives, partenaires institutionnels, auteurs édités).
Les bonnes ventes du dernier livre de Peter Dontzow, Un militant,
trois poules, nous ont permis de financer la conception et
l’impression d’une exposition « classique », dénommée après de
longs débats Fragments d’histoire sociale – La Loire-Atlantique en
luttes. Réalisée en deux jeux afin de tourner dans l’ensemble du
département, elle a été tout d’abord exposée à Saint-Nazaire grâce
au soutien du Centre de culture populaire, à Couëron en juin, avant
de prendre place, de septembre à décembre, dans la salle
d’exposition de la Maison des Hommes et des techniques.
Les réponses aux demandes de subventions se faisant attendre,
nous avons décidé de resserrer le moment fort des 30 ans sur la fin
septembre et de le centrer sur l’œuvre de l’écrivain et cinéaste
Gérard Mordillat. Celui-ci a très vite donné son accord pour
participer aux différentes initiatives prévues, ce dont nous le
remercions chaleureusement. Afin de partager les risques et de
croiser des réseaux proches, nous avons multiplié les partenariats.
Le CHT s’est ainsi associé à l’Atelier mécanique pour permettre la
représentation de la pièce Vivant par la Compagnie L’Oiseau naïf le
16 septembre à la Salle Paul Fort. Il a proposé un cycle Mordillat au
Cinématographe du 29 septembre au 2 octobre. Et enfin, il a
organisé une table ronde avec la librairie Vent d’Ouest et
Alternantes FM le 1 er octobre à la Maison des Hommes et des
techniques. Point d’orgue des festivités, le repas convivial du
1 er octobre a été commandé au restaurant solidaire associatif
Interludes, dont le CHT a publié l’histoire en son temps.
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La date des réjouissances approchant, nous avons
finalement reçu des réponses positives à nos demandes
de subventions. Mais il n’était pas raisonnable pour nous
de modifier le programme et nous avons choisi d’affecter
une partie de ces subventions à la réalisation de projets
initialement prévus dans le cadre des 30 ans (tels l’édition
du livre de Robert Gautier sur les coopératives de
consommation ainsi que la numérisation de quelques
titres de presse syndicale ancienne) mais que nous
avions reportés sur l’exercice 2013 afin de nous assurer
de leur faisabilité financière.
Au-delà du bilan financier positif et des bons chiffres de
fréquentation de nos différentes initiatives (sauf pour la
projection des huit épisodes des Vivants et des Morts),
les « 30 ans du CHT » ont un petit goût d’inachevé car
nous aurions pu faire plus ou différemment, si nous
avions eu des réponses plus rapides à nos demandes de
soutien financier.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car il nous reste de
l’énergie pour préparer d’autres commémorations en
2013 : celle des 180 ans de la fondation de l’Association
typographique de Nantes et, en juin, de l’imposante
Marche de la faim qui mena en 1933 les chômeurs de
Saint-Nazaire à Nantes !
Ronan Viaud

Les 30 ans en quelques flashes
Le 15 septembre 2011
Yannick Guin, l’un des cofondateurs du
Centre d’histoire du travail,
lors de l’inauguration de l’exposition
Fragments d’histoire sociale
Le 1 er octobre 2011
Le journaliste Michel Sourget anime
la table ronde aux côtés d’Anne
Mathieu (universitaire), Jérôme
Baron et Gérard Mordillat
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Le 30 septembre 2011
Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste,
répond aux questions de Jérôme Baron,
président du Cinématographe, à l’issue
de la projection de son film
Vive la Sociale !

Du côté des Editions du CHT
Partenariats
Peter Dontzow se plaît à raconter à qui veut bien l’écouter que son premier ouvrage,
La Citouche, a enrichi le CHT pour dix ans ! En effet, ce témoignage drôle et
émouvant sur quelques figures de la Cité navale de Couëron a connu un grand
succès lors de sa sortie, nous imposant un retirage express… qui s’avéra
malheureusement insuffisant pour satisfaire la demande !
Lorsqu’il nous proposa l’édition de son dernier écrit, il nous apparût évident qu’il
fallait saisir l’occasion de « remettre sur le marché » son premier best-seller.
Au printemps dernier, nous avons donc offert aux lecteurs, en format poche, Un
militant, trois poules et La Citouche.
Dans Un militant, trois poules, Peter nous parle de sa jeunesse agitée, celle d’un
jeune prolétaire porté sur la bouteille, celle d’un jeune voyou plus bête que méchant
qui connaîtra la paille humide des geôles de la république ; il parle évidemment de
ses débuts timides de syndicaliste dans la territoriale et de sa nomination au poste
de secrétaire à l’organisation au sein de l’Union départementale CGT. Il parle aussi
(avec ses poules !) du syndicalisme d’hier et d’aujourd’hui. Il le fait, comme
d’habitude, avec humour (et l’humour peut être vache !), grognant, vitupérant…
Ceux qui le connaissent savent à quel point le bonhomme est à fleur de peau et qu’il
a l’injustice en horreur.
Pour l’heure, autour de 900 exemplaires de ce livre ont trouvé acquéreur !
« Liberté, sécurité, servilité »
(28 e forum documentaire d’intervention sociale)
Le forum documentaire proposé depuis près de trente ans par l’association Visages
(association dont le Centre d’histoire du travail est membre depuis plus d’une décennie)
est un outil qui donne à voir, à penser et à débattre en questionnant les politiques
sociales et les dispositifs institutionnels, en les resituant dans leur contexte idéologique
d’élaboration. Il ne peut le faire qu’à la condition que des documentaristes tournent leur
caméra vers les gens de peu. La floraison de documentaires « sociaux » (et de grande
qualité) souligne à quel point notre société est en crise et en recherche d’alternatives.
Initialement destiné aux étudiants en travail social, le forum Visages enregistre depuis
quelques années une hausse de la participation d’un public non-étudiant. Il cesse d’être
perçu comme « le forum des travailleurs sociaux à destination des travailleurs
sociaux », mais bien plutôt comme un espace de réflexions et de débats sur l’évolution
de la société contemporaine.
La thématique 2011, au titre volontiers provocateur, n’a pas démenti ce constat. Le
Centre d’histoire du travail y a présenté deux documentaires : Radio Lorraine Cœur
d’acier : la parole libérée (Isabelle Cadière, 2009) et La tôle et la peau (Claude Hirsch,
2010), présentés comme suit dans la plaquette du forum : « Ouvriers et gens de peu ne
parlent pas : ils “grognent”, et il revient aux gens-qui-savent de traduire la “grogne
sociale” en mots convenables. À rebours, ces deux documentaires donnent la parole
aux sans-voix de nos démocraties. Isabelle Cadière nous fait revivre la courte et
étonnante histoire d’une radio aussi libre qu’illégale, devenue en 1978 un véritable
forum de discussion sur la société contemporaine. De son côté, Claude Hirsch filme
des ouvriers et ouvrières se réappropriant des récits littéraires portant sur la condition
ouvrière. »
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Les dockers et leur statut
Depuis plusieurs années maintenant, les salariés du CHT sont impliqués dans le projet de recherche GeCOPe
(Gouvernance et communauté portuaire d’Europe), projet pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales, rassemblant
aussi bien des géographes que des juristes, des économistes que des sociologues, et donc, des historiens.
Manuella Noyer et Christophe Patillon ont mené pour le compte de GeCOPe une recherche sur une lutte qui a marqué
l’histoire sociale récente de notre département : celle des dockers nantais et nazairiens confrontés à la remise en cause de
leur statut singulier en 1991-1992. Leur travail a reposé sur une demi-douzaine d’entretiens avec des syndicalistes et la
consultation des archives conservées par le Grand Port maritime de Nantes–Saint-Nazaire. Ils en ont profité pour faire le
récolement des archives du syndicat CGT des Ports et docks nantais, fonds d’autant plus important que les archives des
dockers CGT ont été détruites en 1992.
Ce travail de recherche a donné lieu à la rédaction de deux articles. Le premier a paru en 2011 dans la revue Place publique
(« Les derniers hommes libres ») ; le second, intitulé La fin d’un monde ? Les dockers de Loire-Atlantique et la réforme de
1992, a été accepté par la revue scientifique Vingtième Siècle, et prendra place dans un numéro à venir.
« Pour ne plus perdre sa vie en la gagnant ! »
L’APPSTMP a sollicité le CHT pour qu’il prenne en charge la réalisation technique de la publication des actes de cette rencontre.
Ces Actes ont paru au lendemain du décès de Jean-Luc. Ils marquent une première étape dans le combat mené par ces salariés et
retraités pour que les travailleurs ne perdent plus leur vie en la gagnant.
Interventions
Le CHT bat la campagne
Le 26 septembre 2011, Jean-Luc Chagnolleau, ancien secrétaire général
du syndicat CGT des dockers de Nantes, nous quittait, victime du cancer.
Quelques mois auparavant, malgré la douleur, il avait animé une
rencontre-débat sur les maladies professionnelles en milieu portuaire. Ce
24 mars-là, des dizaines de dockers et agents d’exploitation venus de tout
l’hexagone se sont rassemblés à Nantes pour écouter médecins, juristes,
sociologues leur parler de ces cancers qui font des ravages dans la
communauté des dockers. Ils y étaient venus à l’invitation de l’Association
pour la protection de la santé au travail des métiers portuaires (APPSTMP
44). Jean-Luc avait la certitude que son cancer avait un lien direct avec
son activité sur les quais nantais. Il avait monté cette association parce
qu’il ne supportait plus que les dockers « meurent en silence », parce qu’il
fallait que la santé au travail, sur les quais ou ailleurs, deviennent une
priorité.
Brochure disponible (10 € port compris) auprès du CHT ou de l’association
(APPSTMP 44, 118 rue du Mortier-Vannerie 44120 Vertou ; association.ppsmp@gmail.com)
Depuis près de vingt ans, le troisième week-end d’août nous entraîne dans le nord de la Loire-
Atlantique, du côté de Treffieux et de son étang de Gruellau. C’est en ce lieu que l’association
Echanges et solidarité 44 organise sa traditionnelle et très attendue Fête de la solidarité qui
permet au public de rencontrer nombre de militants associatifs, principalement investis dans des
associations à caractère humanitaire en lien avec des pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique
latine.
L’un des temps forts de cette manifestation populaire est le débat qui ouvre la journée du
dimanche. Y participent traditionnellement des paysans nicaraguayens puisque Echanges et
solidarité 44 (et ses 4 000 adhérents !) a développé depuis trente ans avec ce pays des relations
fortes qui passent notamment par l’envoi de matériel agricole. Initiative qui a donné lieu à la
publication d’un ouvrage en 2009.
Le thème du débat 2011 concernait le travail et son évolution. Les organisateurs ont souhaité que
le CHT y contribue aux côtés d’Annie Touranchet, ancien médecin du travail, et de deux paysans
nicaraguayens. Christophe Patillon est donc intervenu et y a présenté une « brève histoire du
salariat de l’émergence des premières fabriques à nos jours ».
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Cap sur Rezé
En septembre, nous avons tenu une table de presse durant les traditionnelles Régates de Trentemoult.
Le premier week-end d’octobre, les bords de Sèvre se sont animés avec la désormais traditionnelle Fête du quai Léon-
Sécher. Cette fête nous tient particulièrement à cœur car la renaissance de ce quartier doit beaucoup aux liens qui se sont
développés dès les années 1990 entre les habitants, souvent nouvellement installés sur les quais, et nous. Nous avions
alors présenté une exposition de photos anciennes du quartier. De cette exposition est née une courte brochure et l’idée
d’une fête annuelle… qui en est aujourd’hui à sa seizième édition. L’institutionnalisation et la professionnalisation de ce
rendez-vous annuel n’a pas entraîné une mise en retrait des habitants dans son fonctionnement au cours des années.
Aujourd’hui comme hier, ils sont toujours aussi nombreux à s’y investir et à la faire vivre.
Le quai Léon-Sécher (Cliché : mairie de Rezé)
Le CHT au pays de l’ardoise
En décembre, nous avons pris le chemin de Bécon-les-Granits, commune du Maine-et-Loire qui a vécu longtemps de
l’extraction d’ardoises. Nous étions invités à participer au salon du livre de la commune. Si les ventes ne furent guère
conséquentes (nous n’avons publié qu’un seul ouvrage sur le Maine-et-Loire : la biographie de l’anarchiste angevin François
Bonnaud), ce salon nous a permis cependant de nous faire connaître au-delà des frontières de la Loire-Atlantique.
Les Journées du Centre nantais de sociologie
Nous avons été invités par les sociologues Marie Cartier et Jean-Noël Retière à participer au séminaire annuel du Centre
nantais de sociologie qui s’est tenu à l’auberge des CLAJ, à Pénestin, les 24 et 25 juin 2011. Il s’agit entre autre pour ce
laboratoire de la faculté de sociologie de l’Université de Nantes, dont le CHT est aujourd’hui très proche, de permettre à ses
membres de présenter l’état d’avancement de leurs recherches.
Nous avons participé à un atelier, intitulé Comment parler du travail ? Art et sciences sociales, aux côtés notamment de
Sylvain Rossignol, auteur de Notre usine est un roman (La Découverte, 2008). Notre contribution portait sur « le recours à la
photographie dans l’analyse du travail ». Nous avons pu faire part aux chercheurs présents d’un certain nombre de nos
réflexions sur cette question, soulignant particulièrement la singularité des photos réalisées par les salariés eux-mêmes, sur
leur lieu de travail, en situation de travail. Nous avons rappelé que ces photos permettaient, comme très peu d’autres
documents, d’interroger le rapport des ouvriers, photographes amateurs, avec leur travail.
Nous avons insisté sur le fait que lorsque ces photographies sont accessibles aux chercheurs (ce qui n’est pas toujours le
cas), ceux-ci ne leur portent pas forcément un grand intérêt, préférant faire reposer leurs travaux sur leurs propres clichés ou
à partir de corpus produits par des photographes renommés, comme Capa ou Cartier-Bresson.
Culture et monde du travail
À l’occasion de ses 50 ans, le Centre de culture populaire (CCP) de Saint-Nazaire a
été invité par la Maison des hommes et des techniques, le 25 novembre dernier, à
présenter ses productions au public nantais. Le CHT a été convié à participer à un
débat sur le thème Culture et monde du travail. Nous avons présenté l’action du
Centre comme étant un lieu de préservation et de valorisation des cultures liées au
monde du travail, et insisté sur l’idée qu’il fallait que les travailleurs soient
eux-mêmes producteurs d’une représentation de cet univers.
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Du Du côté côté côté des des archives archives
archives
Nous disposons depuis décembre 2010 d’une nouvelle salle d’archives qui nous a permis de rapatrier dans nos locaux tous
les fonds d’archives en souffrance jusqu’alors conservés dans un local à quelques encablures. Aujourd’hui, il nous faut trouver le temps
de classer ces fonds. Manuella Noyer a entamé depuis plusieurs mois le classement des volumineuses archives de l’Union
départementale CFDT. Fabrice Descamps, qui la remplace pour le premier trimestre 2012, s’est attaqué à celui de la CNASTI Saint-
Nazaire dont le volume raisonnable rendait possible la gestion en un trimestre. Christophe Patillon a classé quelques compléments à
des fonds déjà classés. L’un de nos bénévoles, Maurice Michelet, s’est attelé au classement des archives du syndicat CGT Aéro
Bouguenais (il s’agit en fait d’un complément conséquent à un fonds versé il y a une décennie). Serge Doussin, notre second bénévole,
poursuit le classement des archives du secrétariat de l’UD CGT (période années 1980 à 2007 ; ce qui viendra compléter le fonds déjà
disponible. Quant à Peter Dontzow, notre troisième bénévole, il travaille d’arrache-pied, sous la férule de Xavier Nerrière, à l’inventaire
du fonds photographique de l’ancienne journaliste de Ouest-France, Hélène Cayeux.
Les fonds d’archives classés et inventoriés
SECTEUR « PAYSANS »
Syndicalisme paysan
Association nationale paysan travailleur (ANPT) – Bourrigaud René – CFDT Chambre d’agriculture – Confédération
nationale des syndicats de travailleurs-paysans (CNSTP) – FDSEA de Loire-Atlantique – Fédération nationale des syndicats
paysans (FNSP) – Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de l’Ouest (FRSEAO) – Lambert Bernard –
Maisonneuve Louis – Maresca Sylvain – Paysans-Travailleurs 44
Fonds essentiellem ent constitués de revues et livres
AFIP – Bodiguel Maryvonne – Bourrigaud Marie-Anne – Hervé M. – Pineau Pierre
Autres archives paysannes
Couronné Henri (Mutualité agricole) – Coupures de presse – MRJC 44 (JAC/JACF et du MRJC) – Sigaut François – Thareau
Bernard
SECTEUR « SYNDICALISME OUVRIER, ENSEIGNANT ET ÉTUDIANT »
CFDT
Briant Raymond (Indret) – CFDT Aérospatiale – CFDT Agroalimentaire Loire-Atlantique – CFDT Chambre de commerce de
Nantes – CFDT Indret – CFDT Métallurgie Nantes et région – CFDT Société européenne de brasserie – CFDT Union mines
Métaux 44 – Fèvre Béatrice (documents de sa thèse) – Ollive Élisabeth et Ernest (Aérospatiale) – Le Madec François
(Aérospatiale) – Louet Raymond (Aérospatiale) – UL CFDT Nantes (Chantelle) – URI CFDT
CGT
Bernard Claude (Cheminot) – CGT Batignolles – CGT Dubigeon-Normandie – CGT Nantaise des Fonderies – CGT SEMM-
SOTRIMEC – Collectif commerce CGT de Nantes – Cottin Jacques (Tréfimétaux) – FILPAC CGT Loire-Atlantique – Guiraud
Robert (PTT) – Preneau François (PTT) – Syndicat des marins CGT – Syndicat des officiers marine marchande CGT – Tacet
Michel (PTT) – Tribut Marie-Jeanne (PTT) – UD CGT 44 (Archives et bibliothèque) – UL CGT Nantes – USTM CGT Loire-
Atlantique – Syndicat du livre CGT – CGT AFADLA – Syndicat CGT Chantelle
CGT-FO
CGT-FO Basse-Indre – CGT-FO Indret – Le Ravalec Michel – Malnoé Paul – UD CGT-FO
Enseignants
Cachet Claude – Herblot Philippe – Hesse Philippe-Jean – Menet Claude – Omnès Jacques – Poperen Maurice
Étudiants
ASJ/ASE – UNEF (archives de Jacques Sauvageot) – UNEF-ID de Nantes – Université de Nantes
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Entreprises
Crémet Henri (Pontgibaud) – Dusnasio Charles (Saunier-Duval) – Cheviré (Centrale électrique) – Interlude (restaurant) –
Ménard M. (Entreprise Garnier) – Wiel Philippe (LIP)
Autres archives
Autour d’elles (Chantelle) – Brandy Jean-Pierre (PTT) – Botella Louis (CGT-FO, CISL, CES) – Hazo Bernard (Trignac) –
Hougard Jean (abondancisme) – Pennaneac’h Jean (Charte du travail) – Redouté M. (Creusot-Loire, abondancisme)
SECTEUR « POLITIQUE ET DIVERS »
Anarchism e
Bonnaud François – Cannone Jean-Charles – Faucier Nicolas – Hamon Augustin – Le Boulicault M. – Maillard Roger –
Szechter Philippe
Maoïsm e
Billoux Robert – Le Lièvre M. – Loiret M. – Martin Monique – Pinson Daniel – Pinson Jean-Claude – Rouzière Danièle –
Soubourou Bernard –
PCF
Bergerat Alain – Guiraud Robert – Haudebourg Guy – Kervarec Michel – Omnès Jacques – Poperen Jean
PSU
Brisset Alain – Guiffan Jean – Lambert Yves – Nectoux Bernard – Mabilat Jean-Jacques – Poperen Jean – PSU (Archives
nationales)
Socialisme
Broodcoorens Emile – Brunellière Charles – Candar Gilles – Courville Luce – Payen Roger – Poperen Jean – Tanguy-
Prigent – Viau M. – Fédération de Loire-Atlantique du Parti socialiste
Trotskysme
Herblot Philippe – LCR – Le Nir Jean-Pierre – Leroy M./Judas F. – Prager Rodolphe – Preneau François
Mai 1968
Mai 1968 (archives propres du CHT) – Queffelec
Divers extrêm e-gauche
Birault Georges – Bourrigaud René – Daniel Patrice – Drevet Patrick (situationnisme) – Peyron Jean-Louis – Parti
communiste international (revues) – Sauvageot Jacques – Spartacus (brochures) – Thoraval Bernard
Autres archives
ANEA (Association nantaise d’échanges avec l’Algérie) – ANEAC (Association nantaise pour l’équipement, l’aménagement
et la construction) – Association Peuple et culture 44 – ARAC 44 (Association républicaine des anciens combattants) –
Bruneau Annick (antinucléaire) – Chiche 44 (écologie) – Centre culture Nantes-Espéranto – De Kérimel (artisanat) – Entente
communautaire (coopératives) – GASPROM-ASTI (immigration) – Gonin Marie-Françoise (féminisme et écologie) – La Tribune
(archives du journal)
Fonds essentiellem ent constitués de revues et livres
Badaud Jean-Noël – Besson M. – Boisriveau M. – Bonnel M. – Blanchard Marc – Choquet Yves – Creuzen J. – Daniel Jean
– Dubigeon (Bibliothèque du CE) – Geslin Claude – Grocq Alain – Jegouze M. – Lalos – Leneveu Claude – Ménard/Cosson
– Pageaud M. – Philippot Jean – Poperen Maurice – Nugues Paul – Sorin M. – Vie Nouvelle (La) – Zbikowski Eugene
SECTEUR « ECONOMIE SOCIALE »
Entente communautaire (coopératives) – Hirschfeld André (coopératives) – Lasserre Georges – Fédération nationale des
coopératives de consommation
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Les fonds d’archives non classés
Archives syndicales
Archives des Unions départementale et locale CFDT et des syndicats CFDT santé-sociaux, SILAC, STEP, SGEN,
transports, INTERCO, soit près de 1 500 boîtes d’archives.
Archives de l’Union locale et du syndicat de la métallurgie CGT de Saint-Nazaire, environ 250 boîtes archives ;
Archives du syndicat CGT Alcatel Lucent France, environ 50 boîtes ;
Archives du syndicat CGT (FILPAC) de l’Imprimerie de Basse-Indre, environ 60 boîtes ;
Archives du syndicat CGT de l’Aérospatiale Bouguenais (complément) ;
Archives du syndicat CGT (FILPAC) de l’Imprimerie de Basse-Indre, environ 60 boîtes ;
Archives du syndicat CGT des cheminots de Nantes ;
Archives de Gilbert Declercq (syndicalisme des retraités CFDT. Nous y ajouterons des dossiers personnels retrouvés dans les
archives de l’URI CFDT) ;
Archives d’Anne Mathieu (UNEF-ID) ;
Archives de M. Carrier (UNEF-ID, PS-MJS) ;
Archives de Hélène Lambert (syndicalisme Infirmières) ;
Archives de Robert Bigaud (CFDT) ;
Archives de Claude Padioleau (CFDT) ;
Archives de Christian Favreau (CGT PTT) ;
Archives de Louis Flahaut (tracts politiques et syndicaux) ;
Archives du syndicat CFDT Mainguy (Vertou), environ dix boîtes
Archives de Patrick Elicot (PTT, trotskysme) ;
Autres archives
Archives de M. Hamon (antinucléaire) ;
Archives de l’AFODIP ;
Archives du CNASTI de Saint-Nazaire (immigration) ;
Archives d’Alain Croix (PCF, section Vieux-Doulon) ;
Archives de Louis Le Bail ;
Archives de Médard Lebot ;
Archives d’Emile Lesturgeon ;
Archives de Loïc Le Gac ;
Archives de M. Ménard ;
Archives de M. Müller ;
Archives de Pierre Poudat (logement)
Archives de Hervé Poulain ;
Archives du GRTP ;
Archives de Marie-Louise Goergen (documentation relative au Maitron des cheminots) ;
Archives de l’Association européenne des citoyens (AEC) – section de Nantes ;
Archives de Carlos Fernandez (syndicaliste CGT cheminot) ;
Archives de l’ASAVPA
Fonds photos contenues dans les archives de l’union syndicale de la métallurgie CGT 44, de l’UD CFDT 44, de la CNSTP,
du journal La Tribune, un fonds de clichés sur l’Algérie coloniale au début du vingtième siècle…
Dépôts complémentaires
Annick Bruneau (antinucléaire), Jean-Pierre Le Nir, Philippe Herblot, Alain Bergerat, René Bourrigaud, Robert Billoux,
Claude Menet, François Sigaut, Jean-Noël Badaud, ARAC, Jean-Pierre Le Crom, Claude Padioleau, Jacques Omnès, Maurice
Foucher, Antoine Lalos, Jean-Claude Pinson, Eugene Zbibowski, Confédération paysanne,... (et sans doute quelques autres,
perdus sur un rayonnage quelconque…).
Fréquentation du CHT
Volume des boîtes d’archives consultées durant l’année 2011
81 (janvier) ; 46 (février) ; 85 (mars) ; 35 (avril) ; 49 (mai) ; 30 (juin) ; 17 (juillet) ; 14 (août) ; 50 (septembre) ; 39 (octobre) ;
52 (novembre) ; 18 (décembre) = 516 boîtes
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Recherches effectuées au CHT en 2011
Travaux universitaires
Les archives du monde du travail (Master 1 Histoire/Archives)
Fonds consultés : Bulletins du CHT
L’autonomie politique en France de la fin des années 1970 à la
fin des années 1990 (Master Histoire)
Fonds consultés : Périodiques du Centre de documentation
anarchiste
Les risques au travail et environnementaux à la DCNS d’Indret
(Master Sociologie)
Fonds consultés : CGT Indret, bibliothèque
Etude sur la disparition des syndicats ouvriers coiffeurs (Master
Sociologie)
Fonds consultés : UD CGT-FO 44, Botella, CGT-Commerce,
UD CGT 44, UL CGT Nantes
Les groupements agricoles féminins (Master 1 Sociologie)
Fonds consultés : Fonds paysans
La constitution des labels bios et leur justification idéologique
Fonds consultés : Nectoux, Confédération paysanne 44,
MRJC 44, CNSTP, PSU
Le mouvement anti-nucléaire en Europe [Thèse Histoire]
Recherches personnelles, militantes, professionnelles
Association typographique de Nantes (1833)
Fonds consultés : Bibliothèque, CGT du livre 44
Site de la Verrière à La Chapelle-sur-Erdre (Forge Gaudin)
Fonds consultés : Bibliothèque
Les luttes antinucléaires (Le Pellerin)
Fonds consultés : Bruneau
La Manufacture des tabacs de Nantes
Fonds consultés : Bibliothèque
Germain Delabusche
Fonds consultés : Périodiques du Centre de documentation
anarchiste
La CFTC à Saint-Nazaire
Fonds consultés : CFDT Métaux
Anarchisme et problématiques énergétiques
Fonds consultés : Périodiques du Centre de documentation
anarchiste
François Juvin, communiste mort en déportation
Fonds consultés : Bibliothèque
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Fonds consultés : Périodiques
L’entretien professionnel : les relations sociales en entreprise
(CNAM)
Fonds consultés : Bibliothèque
Extrême gauche française des années 1960 et 1970
Fonds consultés : Pinson, Leroy/Judas
Le patrimoine industriel et la mémoire ouvrière dans
l’aménagement urbain : Le travail dans la « ville créative »
(Thèse de doctorat en études théâtrales)
Fonds consultés : Bibliothèque
Les politiques d’intégration des migrants : villes de Nantes,
Lyon et Bordeaux (Thèse Sciences politiques)
Fonds consultés : Preneau
L’émergence de la « Gauche paysanne » dans le Finistère,
1968-1981 (Master 2 Histoire)
Fonds consultés : ANPT
Les actions syndicales face à la fermeture des entreprises et
aux licenciements (Recherche post-doctorale)
Fonds consultés : CFDT Métaux, UD CGT, Mai 68
Robert Cruau, postier et résistant
Fonds consultés : LCR
La presse anarchiste individualiste
Fonds consultés : Périodiques du Centre de documentation
anarchiste
E. Peisson, instituteur libertaire vendéen et romancier
Fonds consultés : Poperen, périodiques
Les lois foncières, années 1970-1980
Fonds consultés : FNSP, Thareau, CNSTP, Confédération
paysanne 44
La Maison maternelle de Gâtines à Issé
Fonds consultés : CHTD et UD CGT
Centenaire de l’UL CGT 44
Fonds consultés : Bibliothèque
Le sport en Loire-Atlantique
Fonds consultés : Bibliothèque, Le Neveu, MRJC
Bombardements de septembre 1943 à Nantes
Fonds consultés : Société européenne de brasseries

La photographie au cœur du projet du CHT
Dans le numéro de septembre-octobre 2011 de la revue Place
publique, Alain Croix signe un article consacré aux ressources
photographiques disponibles dans le département, trop souvent
inexploitées ou mal connues. Il consacre en particulier un long
passage à la photothèque du CHT, estimant entre autres que
nous faisons preuve d’une « démarche de professionnel avec
des moyens d’amateurs » pour gérer les quelques « 50 000 »
vues conservées. Au-delà de la bienveillance d’Alain Croix à
notre égard, ses propos sont surtout un encouragement à
poursuivre notre travail.
Ouvriers des ACB de Nantes en déplacement à Rouen en 1951
(Coll. Bouillant)
À la même période, Lurent Huron, au nom de l’association
Entreprise et patrimoine industriel et des éditions Mémo, nous
propose de réaliser (initialement avec Alain Croix) un ouvrage
consacré aux photos du monde du travail en Loire-Atlantique
pour la collection Carnet d’usines. Nous avons accepté de
relever le défi, mais en limitant la recherche au seul fonds du
CHT.
Quels types de photos trouve-t-on dans nos rayonnages
d’archives ? Comment y sont-elles entrées ? Quelles sont les
caractéristiques d’un fonds photos constitué par une
organisation syndicale ? Quelles relations entre les photos
d’amateurs et celles des professionnels ? Quel sens acquièrent
collectivement toutes ces photos ainsi rassemblées dans un
même ensemble ? Telles sont les questions que nous avons
décidé de nous poser dans le cadre de ce projet.
Pour commencer ce travail nous avons décidé de regarder la
place qui est accordée à la photographie dans les bulletins du
12
Focus Focus
Focus
Centre depuis sa création. Car ces publications, avec le mot du
(ou de la) président(e), et en faisant le point sur les projets en
cours ou les nouvelles entrées d’archives, constituent en
quelque sorte la voix du Centre. Et la question est abordée dès
le premier numéro (septembre-décembre 1981) qui mentionne
le dépôt par la FDSEA du fonds photos du journal Le Paysan
nantais. À l’occasion d’un versement complémentaire, nous
apprenons en 1986 que ces illustrations « représentent plus de
30 années de vie syndicale et professionnelle de l’agriculture du
département », et qu’il « a été comptabilisé 6489 photos sur ce
thème, auxquelles il faut ajouter environ 5000 photos sur les
questions techniques agricoles et l’actualité générale. » Il s’agit
encore aujourd’hui d’un des ensembles les plus volumineux et
riches conservés dans nos murs. Dans le deuxième numéro,
nous apprenons qu’il a été constitué un « important fonds de
documentation audiovisuelle » au sein duquel figurent « 1 600
clichés [qui] ont été effectués à partir d’une collection de cartes
postales sur la ville durant la première moitié du 20 e siècle. » Il
s’agit probablement de la constitution de ce que nous appelons
aujourd’hui le fonds « Bristol », un ensemble de reproductions
sur négatifs 24/36 répertoriées sur des fiches cartonnées. La
photographie s’est donc tout de suite imposée comme un
élément important pour le CDMOT.
Le premier bulletin aborde une autre question qui deviendra
récurrente : pour exister, le CDMOT-CHT a besoin de s’exhiber.
Il a besoin de réaliser des expositions et de publier des
ouvrages pour se faire connaitre du grand public, mais aussi
pour compléter ses subventions. Dès 1981-1982, nos
prédécesseurs (Daniel Sicard, Jean-Pierre Le Crom et René
Bourrigaud) réalisent une exposition consacrée aux lancements
de navires. En 1984, la réalisation de l’exposition La Naissance
du syndicalisme et la Loi de 1884 permet de rassembler « plus
d’un millier de clichés de photos, dessins et documents
concernant le mouvement ouvrier de 1871 à 1910 » et que
« tous ces clichés sont stockés au Centre sous forme de
négatifs ». Ce type de projet est toujours l’occasion de collecter
de nouvelles illustrations et d’enrichir les fonds du Centre.

Le roquio Pont-Rousseau sur le bras de la Madeleine
dans les années 1950 (Coll. Turbé)
Le bulletin d’octobre 1983 publie une présentation synthétique
de l’ensemble des fonds d’archives (papiers) conservés. Les
rédacteurs promettent qu’il en sera fait autant dans un prochain
numéro pour « la bibliothèque, la photothèque et la
vidéothèque ». Mais ces synthèses ne viendront pas : trop de
travail, trop compliqué ou trop anecdotique ? Nous nous
attendions à une telle « rupture » puisque 1983 est l’année de
départ de Daniel Sicard qui a joué un rôle moteur dans la
constitution de notre fonds iconographique. Mais il n’en est rien
puisqu’année après année, les bulletins continuent d’énumérer
les collectes réalisées au fil des projets ou des anniversaires,
ceux du Front populaire ou de Mai 68.
En 1989, Philippe-Jean Hesse, alors président, explique que
« le syndicalisme est, par nature, peu créateur d’objets, sinon
de drapeaux et de bannière (…) Par contre, les photographies,
dispersées en de nombreux lieux, ont fait apparaitre une
véritable richesse ». En d’autres termes les photos sont souvent
les seules traces matérielles des luttes sociales. Cette phrase
légitime à elle seule le travail que nous souhaitons mener
aujourd’hui. Elle montre d’autre part que l’équipe du Centre est
consciente du statut spécifique de la photographie en matière
d’histoire sociale et qu’elle ne la réduit pas seulement à un rôle
d’illustration, de faire-valoir d’un propos. La photo est à la fois
porteuse de sens et source d’informations.
S’il y a une « rupture » dans la place accordée à la photo, elle
se situe plutôt dans les années 1992 ou 1993, après le départ
de Jean-Pierre Le Crom puis de René Bourrigaud. A partir du
bulletin n°13 (janvier 1993) les photos disparaissent des
13
préoccupations du Centre pour ne revenir qu’en 1995, mais
seulement dans le cadre de collectes auprès d’habitants des
quartiers populaires menées en partenariat avec les services
municipaux. L’équipe du CDMOT, devenu CHT, sollicitée par
des collectivités publiques, n’est donc plus à l’initiative de ces
projets, comme elle le fût dans le passé en travaillant par
exemple sur le quartier des Batignolles. En fait à la lecture nous
percevons comme un « trou d’air » dans l’activité de
l’association et, comme un symbole de ce flottement, le CHT n’a
pas gardé trace de ses bulletins pour les années 1994 et
1996… Pire, à partir de 1995, ou peut-être 1994, ils ne sont plus
numérotés. La numérotation réapparait sur l’exemplaire de 1998
avec le numéro… 17. Dès lors, soit il s’agit d’une erreur, soit il
n’y a vraiment pas eu de bulletin en 1994, année du
déménagement, mais aussi de la publication du livre sur
Chantenay, sans doute le plus grand succès éditorial du Centre,
qui fût également l’occasion d’une importante « moisson »
iconographique.
Le CHT reprend l’initiative en matière photographique en 1998
avec la réalisation d’une importante exposition sur Mai 68. Et,
en 1999, le bulletin annonce le classement en cours du fonds
photo de l’UD CGT : c’est la première fois depuis la collection
du Paysan nantais qu’il est fait référence au classement d’un
fonds photo. Le « trou d’air » est passé, l’équipe se renforce,
passant de deux (depuis le départ de Jean-Luc Souchet en
1997) à quatre salariés et les bulletins sont plus épais. La
photographie revient systématiquement, il est même fait état
des demandes d’illustrations adressées aux CHT et des articles
expliquent nos méthodes de travail. En 2007, comme pour les
fonds d’archives papier, nous énumérons les fonds photos en
attente de classement. En 2009 nous publions Marre d’être
sages, un livre qui a germé dans l’esprit de son auteure,
Dominique Loiseau, au contact entre autres du fonds photo du
CHT.
Force est donc de constater que, hormis durant une éclipse au
milieu des années 1990, personne, au sein du CHT, ne
conteste à la photographie son intérêt pour l’histoire sociale et
son efficacité en matière de transmission de la mémoire des
luttes.
Xavier Nerrière

Valorisation de la richesse iconographique du CHT
« Le Grand Espoir, campagnes années 60 »
Nous avons demandé à Alison Clarke, conservatrice, de nous présenter la nouvelle exposition de l’Ecomusée du pays de Rennes
qui met largement en valeur les collections iconographiques du CHT.
L'Écomusée du pays de Rennes, situé aux portes sud de
Rennes, occupe une ancienne grande ferme où une exposition
permanente de 1 000m 2 raconte l'histoire agricole de la com-
mune en la replaçant dans le contexte de l'histoire sociale et
économique locale. Les espaces autour de la ferme abritent les
races rustiques de la Bretagne, un patrimoine vivant menacé de
disparition. Le parcours à travers champs présente des plantes
cultivées et des vergers cidricoles, pour illustrer le patrimoine
végétal régional.
A l’occasion de la
publication d’un
numéro spécial de la
revue 303 sur Le
temps des vacances
(N°118-2011), nous
avons rédigé un
article consacré aux
vacances populaires
intitulé Instantanés
de liberté.
Dans cette exposition, le public peut ainsi découvrir que les Nantaises
travaillent depuis toujours, tant dans le commerce que dans
l’industrie, que le premier lycée accessible aux jeunes filles
(Guist’hau) n’a ouvert ses portes qu’en 1882, que la formation
professionnelle des jeunes Nantaises est prise en charge depuis
1869, que les femmes occupèrent très vite par la suite des postes de
direction dans les collèges et les lycées…et bien d’autres choses !
Les questions contemporaines sont aussi largement abordées à
travers des documents, des témoignages filmés et des portraits
photographiques, montrant toute la dimension actuelle d’un tel sujet.
Le CHT a été sollicité pour coorganiser le 10 mars une table ronde
intitulée : « Syndicalisme au féminin : une histoire à écrire ».
Chaque année, l'Écomusée propose une exposition temporaire
réalisée par l'équipe scientifique. La dernière en date, Le Grand
Espoir, campagnes années 60, est la seconde à occuper la
Synonyme de repos, d’un emploi du temps suspendu, d’émancipation et
de liberté retrouvée, les vacances sont une parenthèse attendue,
espérée sinon rêvée. Elles ont aussi une histoire, associée au
développement du tourisme et des loisirs, qui suit pas à pas celle de
notre société industrielle. Ce hors série porte un regard rétrospectif sur
l’histoire culturelle des vacances depuis 1830. Il est construit sur de
grandes thématiques liées à l’urbanisme et à l’architecture de la
villégiature, à l’invention de nouvelles pratiques, à l’usage de nouveaux
modes de représentation et de diffusion.
Cette livraison est aussi une invitation à partir, par l’image, à la
(re)découverte du territoire régional.
14
Pour réaliser cette
exposition,
l’équipe du musée
d’histoire de
Nantes s’est
appuyée sur notre
fonds
iconographique.
On peut la visiter
jusqu’au 13 mai
2012
nouvelle salle d'exposition (340 m 2 ) ouverte depuis avril 2010.
Inaugurée le 8 décembre dernier, elle est présentée jusqu'au
26 août 2012. Fruit de trois années de préparation, l'exposition
évoque les grandes mutations qui se généralisent dans les
fermes bretonnes au cours des années 60.
Car dès le milieu des années 50, les campagnes vont entamer
une véritable révolution culturelle, économique, technique et
sociale. Les changements seront plus radicaux et plus rapides
qu'ailleurs. En une courte décennie, la Bretagne surprendra le
pays en passant d'une agriculture de subsistance, en
polyculture-élevage, à une agriculture de plus en plus
productive, à la faveur d'une rationalisation des méthodes et

pratiques. Le « paysan » deviendra « exploitant agricole ». En
même temps, sa famille vivra une émancipation sociale
profonde et connaîtra « le progrès ».
Exposition ouverte
jusqu’au 26 août 2012
Contact :
Ecomusée du pays
de Rennes
La Bintinais
Route de Châtillon-sur-
Seiche
35200 Rennes
02 99 51 38 15
www.ecomusee-rennesmetropole.fr
La métamorphose de ces années décisives est née d'une
volonté collective double : celle des agriculteurs d'accéder à des
conditions de vie meilleures ; celle des hommes politiques, de
nourrir la population et de freiner l'exode rural des Bretons en
créant de l'emploi.
Le Grand Espoir met en évidence les dynamiques humaines au
cœur des changements, notamment une capacité des hommes
à agir collectivement (apprise par beaucoup dans le creuset
formateur de la JAC) au sein des syndicats, des actions de
formation, des coopératives, dans l'agriculture de groupe, dans
des organismes mutualistes, des CUMA. Des entreprises du
domaine privé sont aussi des actrices du développement de
l'industrie agroalimentaire.
Ce « virage » agricole fonde les systèmes agricoles et
agroalimentaires actuellement en place, qui sont fortement
remis en question aujourd'hui. Le moment semblait opportun
pour rappeler les réalités historiques qui les ont engendrés, de
faire prendre conscience de l'ampleur des transformations, et de
faire réfléchir aux enjeux économiques, environnementaux,
sociaux et énergétiques auxquels il faut faire face aujourd'hui. Si
la volonté collective de changer le cours des choses a pu
produire ses effets dans les années 60, ça vaut la peine
d'imaginer un nouvel essor collectif. Les jeunes agriculteurs
expérimentent déjà de nouvelles voies : c'est le propos du film
réalisé pour conclure l'exposition, à la suite d'un bilan des
acquis et des limites du « modèle agricole breton ».
15
Pour un sujet aussi vaste, il est impossible de tout dire et de
tout montrer. La synthèse est nécessaire, des choix prioritaires
doivent se faire, ne serait-ce que parce que le visiteur ne lira
pas tout ce que l'on écrit. S'agissant d'une exposition, les
messages passent aussi par des objets. Il faut faire avec les
340 m 2 de la salle, alors que nous imaginons déjà de grosses
machines agricoles…
Parmi les choix difficiles, la période chronologique, l'aire
géographique et le titre : tous sont débattus et modifiés au cours
de la réflexion. De même, on ne pourra accorder beaucoup de
place à la nuance ou l'exception, au risque de laisser l'illusion
d'un mouvement unifié et souriant, sans oppositions ni heurts.
En revanche, il est plus aisé de décider de partir de l'expérience
vécue des acteurs de l'époque, pour garder une dimension
humaine. Pas question de verser dans la technique, plutôt
s'appuyer sur des images comme principal vecteur de
sensibilité. Deuxième choix « évident » : faire le lien entre la
situation des années 1960, avec ses enjeux politiques forts, et
la situation actuelle, avec des enjeux tout aussi cruciaux.
Coll. Confédération paysanne 44
À partir de ces orientations, tout reste à faire. Première étape
d'une série (les étapes pouvant se chevaucher) : produire un
synopsis. Il faut collecter l'information, trier et organiser les
idées et les messages à faire passer. Un noyau de trois
personnes y travaille : le directeur, la conservatrice chargée de
piloter le projet, le conseiller scientifique. Deux assistantes
gagneront le noyau dur plus tard : elles mèneront les enquêtes
et chercheront images et objets. En parallèle, il faut rencontrer
des spécialistes et connaisseurs, dont les agriculteurs acteurs
de la période. Leurs paroles, photos et objets trouveront place
dans les textes, les scénographies et la brochure de
l'exposition.

L'image doit occuper une place centrale en raison de son
authenticité et de sa proximité du visiteur. Recherches faites,
les ressources en film sont au moins aussi riches que les
photos. Visionner, sélectionner, minuter, faire copier et monter
les extraits de films se révèlent très chronophages ! Plus de 100
films sont visionnés. L'écomusée fait appel à ses propres
collections et aux particuliers, mais surtout au Centre d'histoire
du travail et à la photothèque du Ministère de l'Agriculture, pour
la photo. En film, il a recours à la Cinémathèque de Bretagne à
Brest, à la cinémathèque du Ministère et à l'INA.
Un réseau conséquent de partenaires s'organise, composé de
particuliers (témoins et prêteurs) comme d'institutions (musées,
archives). Le conseiller scientifique joue un rôle majeur :
synopsis, textes, choix et montage de films, réalisation du film
de conclusion. Un groupe de travail valide le synopsis.
Le travail avec le muséographe commence, c'est le temps pour
imaginer et dessiner, le temps d'astuces et de trouvailles. On
« case », mais on élimine aussi… Le visiteur cheminera dans
cinq espaces thématiques jalonnés par des objets très divers et
de nombreux postes audiovisuels. Une grande cimaise
curviligne définira ces cinq parties de formes irrégulières dont
une cour centrale ouverte, évocatrice d'une cour de ferme. Des
couleurs fortes et chaleureuses, des éclairages étudiés, le
graphisme rappelleront les codes esthétiques des années 60.
16
Collaborer avec le graphiste, consulter le spécialiste de
l'audiovisuel, l'éclairagiste, le monteur de films et le régisseur
technique qui suit le montage… Préparer la communication, la
programmation culturelle et les activités pour des groupes
scolaires… Voici quelques-uns des volets qui composent le
travail de réalisation de cette exposition. Au final, les visiteurs
viennent en nombre, réagissant avec émotion, proposant des
compléments et des critiques. Nous connaissons leurs racines
rurales. Une agricultrice et ancienne syndicaliste nous a dit que
contre son attente, elle a trouvé « une âme paysanne » dans
l'exposition, un beau compliment. En effet, certains craignaient
d'y trouver surtout des critiques. Nous recherchions une analyse
équilibrée, sans jugement, ni apologie, dans le but de favoriser
la connaissance et la discussion. C'est pourquoi l'exposition
s'accompagne d'un cycle de conférences-débats et de
projections de films.
Jeunes ruraux participant à un concours de labours vers 1960
Coll. Confédération paysanne 44
Alison Clarke
Conservatrice chargée de l'exposition
Écomusée du pays de Rennes

Le CHT fait des émules
Régulièrement, des historiens, des militants franchissent notre porte et découvrent avec étonnement et envie le CHT, son histoire,
son fonctionnement, son projet et la place qu’il occupe dans l’univers culturel de la Loire-Atlantique. Et bien souvent, ils nous
confient que dans leur ville ou leur département, le passé ouvrier disparaît sans laisser de grandes traces ni provoquer de drames.
Ce constat fut partagé par Guillaume de Gracia, chercheur en sciences politiques, spécialiste des mouvements sociaux en
Argentine, invité par le CHT à l’occasion d’’un cycle cinéma sur le néolibéralisme en 2009. En septembre 2011, accompagné de
Valentin Cionini, chercheur en anthropologie et histoire, il s’est lancé dans un projet ambitieux : la création d’un Centre d’histoire du
travail en Midi-Pyrénées. Nous leur avons demandé de nous présenter leur démarche.
Nous sommes partis d'un double constat :
- d’une part, l’absence de tout centre à vocation similaire (à
savoir, associatif bien que subventionné et généraliste 1 ) entre la
région parisienne et… Barcelone, mis à part le centre « Autour
du 1 er mai » de Tulle, adhérent du CODHOS mais spécialisé sur
le patrimoine vidéo ;
- d’autre part, la réelle richesse de la région de ce point de vue.
Les Midi-Pyrénées bénéficient en effet d’un illégitime préjugé de
non-industrialisation du fait de l’absence de grand centre
industrieux (à l’instar d’un Nantes, Port-de-Bouc ou Nancy) sur
son territoire. Pourtant, il existe une myriade d’unités de
production plus ou moins grandes qui se sont installées dans la
région, lui garantissant une diversité de productions assez
exceptionnelle : ganterie, mégisserie, usines textiles, usine de
tabac, forges diverses, aéronautique…
Ce patrimoine n’est pourtant pas mis en valeur, notamment, et à
notre sens, du fait de l’absence d’un centre spécifique dont la
vocation première serait sa valorisation. Aujourd’hui, toute
personne (chercheurs, étudiants, syndicalistes…) intéressée par
l’étude ou la consultation d’archives doit donc se rendre d’un
bout à l’autre de la région la plus grande de France.
Ce constat fait, nous avons donc envoyé une première lettre
aux syndicats et organisations politiques destinée à prendre
contact avec elles. Un certain nombre nous ont répondu
positivement et nous ont permis de rencontrer des personnalités
importantes, au niveau régional, du point de vue de
l’avancement de notre projet. Il faut remercier ici le syndicat
Force Ouvrière de la Haute-Garonne, et notamment son
responsable des archives, George Portales, qui nous ont permis
de rencontrer le directeur des Archives départementales de la
Haute-Garonne ainsi que l'ancien président de l'Université du
Mirail.
1 En revanche, il existe l’IRSH de la CGT, le Centre d’histoire
sociale de la CRAM, divers centres municipaux à l’instar du
centre d’archives de Carmaux, etc.
17
Ce qui ressort jusqu’à présent de nos différentes rencontres,
c’est premièrement, que nous sommes soutenus d’un point de
vue intellectuel dans notre démarche 2 – reste, cela dit, à
formaliser ce soutien. Bien évidemment (nous en étions
pleinement conscients), le bât blesse d’un point de vue financier
ou, plus exactement, les personnes que nous avons rencon-
trées restent pour le moins dubitatives sur notre capacité à
« lever des fonds » pour créer un tel centre. Cependant, nous
avons quelques idées en tête et nous sommes très loin de nous
arrêter à ces (sages) questionnements : nous n’avons, en effet,
pour l’instant sollicité personne de ce point de vue…
Notre recherche de fonds susceptibles d'être versés à ce
nouveau CHT est un aspect important du travail préliminaire
que nous effectuons en ce moment. Fonds de militants et de
militantes de la région, mais aussi archives de militants
républicains espagnols en déshérence, commencent à
constituer des archives à même de représenter de sérieux
atouts pour continuer notre travail. Par ailleurs, nous pouvons
d’ores et déjà compter sur un fonds privé, celui de Pierre-
Philippe Rey qui, bien que non spécifiquement dédié au travail
dans les Midi-Pyrénées, nous a témoigné sa confiance, qu’il en
soit ici remercié.
En un mot, le travail avance, lentement certes, mais il avance.
Si tout va bien, les recherches de financements pourront
commencer dès la rentrée scolaire prochaine. Donc, amis qui
nous lisez et qui voulez participer à cette aventure, n'hésitez
pas à nous contacter : cht.midipyrenees@gmail.com .
Valentin Cionini et Guillaume de Gracia
2 Et nous devons sans doute ce soutien, en grand partie à
l’existence du CHT de Nantes qui marque un précédent
évidemment durable et crédible aux yeux de tous les
interlocuteurs que nous avons rencontrés jusqu’à présent.

Du côté des éditions du CHT
Coopérative couëronnaise au début
du 20 e siècle (Coll. Ménard)
Projets Projets 2012
2012
Histoire des coopératives de consommation
Ainsi débute le livre de Robert Gautier, auteur en 2003 d’une thèse sur Le mouvement coopératif de consommation dans l'Ouest
(Bretagne, Pays-de-Loire) des origines au congrès de Fougères (1925). Depuis plusieurs années, nous avions le projet d’offrir aux
lecteurs un travail de synthèse sur le vaste mouvement coopératif de consommation de la Loire-Atlantique. C’est chose faite
aujourd’hui. Grâce au soutien financier de Nantes-métropole, nous sommes en mesure d’éditer cet ouvrage enrichi d’une abondante
iconographie pour une bonne part inédite. Il est entre les mains de notre maquettiste-typographe et devrait gagner les ateliers d’une
imprimerie coopérative (cela va de soi) vers la mi-avril pour une sortie en mai-juin prochain.
Manifestation de soutien aux licenciés
le 29 décembre 1979
Coll. Tessier
« C’est au dix-neuvième siècle, à l’heure du libéralisme triomphant, que naissent les
coopératives ouvrières de consommation. C’est également une époque où le budget
ouvrier est au 3/5 e consacré à l’alimentation de la famille, et les salaires réduits au
minimum vital.
Quelques ouvriers vont alors se lancer dans une aventure ambitieuse : construire un
mode d’approvisionnement autonome et original afin d’échapper à l’emprise du commerce
qui vend cher des produits qui ne sont pas toujours de bonne qualité. Ils s’inspirent pour
cela des idées avancées par quelques socialistes utopiques, notamment celles
développées par Charles Fourier (1772-1837) et par le Gallois Robert Owen (1771-1858).
Bien modestement, les premiers sociétaires mettent ainsi en commun leurs économies
pour former le capital social de la coopérative et louer un local afin d’établir un magasin
d’épicerie ou une boulangerie. C’est l’aspect immédiat, matériel, que se donnent ces
coopérateurs qui ont compris la nécessité d’éliminer les intermédiaires entre producteurs
et consommateurs. Mais ils ont également un autre objectif : transformer la société
capitaliste et tenter de résoudre la question sociale ! »
Luttes sociales dans l’aéronautique nazairienne
Le 27 novembre 1979, la tension est forte dans l’aéronautique nazairienne. Des
salariés de la SNIAS, appuyés par les deux principaux syndicats de l’entreprise
(CGT et CFDT), se mobilisent contre la politique industrielle et salariale de la
Direction et dénoncent sa volonté de faire régner l’ordre dans les ateliers au
mépris de la dignité humaine. Les forces de l’ordre interviennent et, sous la
bronca, évacuent le directeur et quelques cadres jusqu’alors retenus dans leurs
bureaux par les grévistes exigeant l’ouverture de négociations. Le lendemain, le
directeur apparaît sur les écrans de FR3. Il arbore un cocard et se dit victime de la
violence de certains ouvriers. Un mois plus tard, la direction chasse des ateliers
sept militants de la CGT pour de soi-disant violences. Des militants qui, bien
qu’innocentés par la Justice, seront laissés durant de très longues années à
l’extérieur de l’entreprise.
C’est cette histoire que nous racontent cinq anciens militants CGT de l’entreprise, aidés à la rédaction par Christophe Patillon.
Histoire qui sera publiée par nos soins en septembre 2012 sous le titre : Debout et libres – La CGT et l’aéronautique nazairienne
(1923-2010). Il comprendra quatre chapitres. Le premier, « Jalons pour une histoire à écrire (1933-1967) », relate brièvement
l’histoire de l’entreprise et des conflits sociaux qui l’ont secouée. Le second, « Du souffle de mai au retour du bâton (1968-1979) »,
s’intéresse à la façon dont le patronat a mis en place un système coercitif extrêmement efficace afin de s’assurer la soumission de
tous les cadres à sa politique de répression antisyndicale ; suivent « Le coup de grâce (1979-1981) » et « Le combat de la
réintégration (1981-2009) ». Vous y trouverez également une dizaine de témoignages et de nombreuses annexes.
Ce livre a reçu le soutien financier du syndicat CGT d’Airbus-France Montoir-de-Bretagne. Qu’il en soit remercié.
18

Partenariats
Sociologie et classe ouvrière : le CENS et le CHT invitent Michel Pialoux et Christian Corouge
En compagnie de Stéphane Beaud, Michel Pialoux nous avait offert en
1999 un remarquable ouvrage de sociologie ouvrière : Retour sur la
condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard
(Fayard, 1999).
En 2011, grâce aux éditions Agone, il nous propose Résister à la chaîne –
Dialogue entre un ouvrier de Peugeot et un sociologue. Cet ouvrage
rassemble des entretiens enregistrés au début des années 1980 entre le
sociologue et Christian Corouge, ouvrier et syndicaliste chez Peugeot-
Sochaux. Ce texte prend la forme d’un long dialogue sur le travail à la
chaîne, l’entraide dans les ateliers et la vie quotidienne des familles
ouvrières. À partir de l’histoire singulière d’un ouvrier, devenu porte-parole
de son atelier sans jamais le quitter, sont ainsi abordées les difficultés de la
constitution d’une résistance syndicale.
Nos amis du Centre nantais de sociologie ont eu la judicieuse idée de les
inviter à Nantes, et ont sollicité le Centre d’histoire du travail pour les
épauler dans cette tâche.
Le jeudi 26 avril, Michel Pialoux et Christian Corouge seront les invités du
CHT et du Centre de culture populaire de Saint-Nazaire pour une
conférence publique qui se tiendra à 20h30 à l’Agora. Le lendemain aprèsmidi,
ils prendront place à 15h dans la salle de conférence du bâtiment de
la Censive. Le soir, ils seront enfin présents pour débattre avec le public
après la projection, au Cinématographe (12 bis rue des Carmélites à
Nantes) d’un documentaire non encore défini à l’heure où ces lignes sont
écrites.
Le genre dans tous ses éclats (29 e forum documentaire d’intervention sociale)
Chaque année, au printemps et d’ordinaire début mars, articles de presse et
reportages télévisuels s’enchaînent. Ils nous rappellent que les femmes
n’eurent le droit de vote qu’en 1944, le droit à la contraception (sans
autorisation parentale) et à l’avortement en 1947-1975. Ils soulignent
l’évolution des mœurs, les luttes collectives des années 1960 et 1970 et
concluent quand-même que du chemin reste encore à faire pour qu’enfin
règne en ce royaume démocratique l’égalité entre les deux sexes. Les plus
audacieux pointeront le fait que les Centres d’IVG souffrent d’un manque de
moyens et de personnel pour accomplir pleinement leur mission, que
l’éducation à la sexualité a grandement déserté les écoles, collèges et lycées,
que les planning familiaux sont soumis à des pressions budgétaires telles
que leur survie tient lieu de l’exploit. En défense, l’Etat souligne qu’il a mené
une campagne d’information sur la contraception, qu’il a demandé aux
partenaires sociaux de tout faire pour que cette égalité entre dans les faits au
plus vite et qu’elle est au cœur de sa préoccupation.
Nanti de ce constat le forum du film documentaire Visages a intitulé sa
29 e édition : Le genre dans tous ses éclats. À cette occasion, le Centre
d’histoire du travail y présentera deux documentaires. D’égal à
égales (Corinne Mélis et Christophe Cordier, 2010) donnent la parole à des
femmes immigrées, abonnées aux travaux pénibles et dévalorisées, qui se
syndiquent, militent et donnent de la voix. Dans L’ordre des mots (Cynthia et
Mélissa Arra, 2007), la caméra se pose sur ces hommes dans un corps de
femme, et ces femmes dans un corps d’homme qui refusent que l’on parle en
leur nom et se mobilisent. Par leurs combats, ils nous rappellent que
l’engagement est une condition de l’émancipation.
19

Rezé et son patrimoine industriel
Si Rezé ne fut pas, comme Chantenay, un lieu de prédilection pour les
industriels nantais désireux d’y implanter leurs activités, il n’en demeure pas
moins que son sol accueillit quelques entreprises non négligeables, notamment
dans le secteur du cuir (Tanneries Suser et de la Rousselière).
En publiant en 2002 leur Pont-Rousseau en Rezé – Histoire d’un quartier et de
sa ville, Xavier Nerrière et Christophe Patillon avaient consacré un fort chapitre
à la présence industrielle et commerciale de ce quartier, poumon économique
de la ville.
La ville de Rezé, qui souhaite proposer aux férus d’histoire locale des brochures
thématiques sur son histoire, a sollicité le CHT pour qu’en lien étroit avec son
service d’Archives municipales, il propose un ensemble de textes présentant
quelques-unes des entreprises qui marquèrent de leur empreinte l’univers
rezéen. La chose n’est guère aisée car les archives sont rares ou parcellaires,
mais si d’aventure ces documents pouvaient générer des dépôts de documents
(papier à entête, iconographie…), voire pousser un étudiant à entamer une
recherche approfondie sur ce domaine, alors, la mission aura été remplie !
GeCOPe : une seconde mission
Manuella Noyer et Christophe Patillon ont de nouveau été sollicités par GeCOPe pour poursuivre leur travail sur les dockers
de Loire-Atlantique. Ils souhaiteraient « sonder » la gouvernance portuaire locale en étudiant notamment les relations
professionnelles entre dockers, manutentionnaires et autorités portuaires en 1993, 2002-2003 (disparition d’Atlantique
Services Manutention, entreprise à capitaux dockers et manutentionnaires gérant la main d’œuvre sur le port de Saint-
Nazaire) et 2008-2010 (réforme touchant les grutiers). Le projet est d’autant plus ambitieux que l’accès à certaines sources
leur est pour l’heure difficile…
Ils se sont cependant engagés à participer à l’ouvrage collectif de GeCOPe qui devrait voir le jour cette année, notamment
en livrant un article intitulé « 1993, l’an 01 pour la communauté portuaire de Nantes–Saint-Nazaire » et en coordonnant le
chapitre « Conflictualité portuaire et médiation ».
Saint-Herblain et la mémoire des « Chantelle »
Occupation de Chantelle en décembre 1981
(Coll. UD CGT 44. Cliché Hélène Cayeux)
Participation au Dictionnaire de Nantes
Le CHT a été sollicité par la mairie de Saint-Herblain pour intégrer un
groupe de travail préparant les Journées du patrimoine 2013.
À la différence d’autres communes de l’agglomération nantaise (Couëron,
La Montagne…), le patrimoine herblinois au sens classique est pauvre, la
commune ayant été très longtemps un espace dédié au maraîchage et à
l’habitat. Le développement d’une zone industrielle et commerciale
importante lui apporta quelques entreprises, notamment Chantelle,
usine textile dont l’histoire fut riche de conflits sociaux
qui ont marqué la mémoire locale. À travers l’histoire de cette entreprise,
la mairie a donc décidé de s’intéresser à son « patrimoine social ».
Quelle forme prendra ce travail autour de Chantelle ? Il est trop tôt
pour le dire, mais l’idée d’un webdocumentaire (site internet mêlant
archives audiovisuelles, sonores et papiers, iconographie…) est sur les
rails. Le projet est ambitieux, mais « les filles de Chantelle » qui firent
preuve de tant de courage, méritent que l’on conte leurs combats.
Deux salariés du CHT (Xavier Nerrière et Christophe Patillon) ont été sollicités par l’équipe engagée dans la réalisation d’un
dictionnaire de Nantes afin qu’ils lui fournissent quelques notices en lien avec l’histoire sociale locale.
Celles-ci concernent à la fois des syndicalistes (Gilbert Declercq et Marcel Guihéneuf pour la CFDT, Georges Prampart pour
la CGT ; il reviendra à Ronan Viaud, membre du bureau du CHT, de rédiger une notice sur Alexandre Hébert de la CGT-FO),
des lieux emblématiques (la Bourse du travail, l’usine des Batignolles) et une doctrine qui a marqué notablement les
premiers temps de la CGT (l’anarcho-syndicalisme).
20
Papier à entête d’une célèbre entreprise rezéenne
(Coll. Hervé)

Édition des colloques 2009 et 2010
Manifestation paysanne à Redon en 1967
Coll. Confédération paysanne 44
Manifestation pacifiste dans les années 1930
Coll. Tharreau-Bonnaud
Cet ouvrage réunit des analyses scientifiques et des témoignages de militants
ouvriers, des approches globales à l’échelle régionale (Bretagne,
Pays de la Loire, Pays basque, Asturies) et des études microsectorielles
par branches ou entreprises. Il souligne que, face aux difficultés,
le monde ouvrier n’est pas resté inactif et qu’il a tenté de mettre en œuvre des
stratégies de lutte susceptibles d’enrayer le processus de désindustrialisation.
En s’intéressant autant aux acteurs collectifs qu’aux formes d’expression
développées par les mouvements sociaux, ce livre interroge l’existence
d’identités propres, notamment en matière de culture politique.
Mais aussi…
Disponible en librairie et au CHT au prix de 16 €
De 2007 et 2010, à l’initiative de Laurent Jalabert (Université de Nantes et
CRHIA), le CHT fut associé très étroitement à la mise au point
de quatre colloques d’histoire politique et sociale.
Les deux premiers (2007 et 2008) avaient pour thème : « Mouvements
ouvriers et crise industrielle des années 1950 à nos jours » et les actes en
furent publiés par les Presses universitaires de Rennes
en octobre 2010 (voir ci-dessous).
Bien qu’il ait quitté les rivages de l’Atlantique pour les montagnes
pyrénéennes, devenant professeur d’histoire contemporaine à
l’Université de Pau, Laurent Jalabert n’a pas abandonné l’espoir de voir de
nouveau les PUR prendre en charge l’édition des colloques 2009
(Mouvements paysans, Politique agricole commune et mondialisation
dans les régions de l’Arc atlantique) et 2010 (Mouvements sociaux
et société civile face aux conflits militaires des années 1950 à nos jours).
Les actes de ces colloques comprendront les communications ainsi que
de forts dossiers documentaires puisés dans les archives du CHT.
Pour l’heure, avec la foi du charbonnier, Laurent Jalabert s’efforce
de rassembler les différentes contributions, autrement dit de tirer
les oreilles des retardataires. Nous pouvons légitimement espérer
qu’en 2012, les Actes du colloque sur les paysans seront
enfin disponibles dans les bonnes librairies…
Projet ESCALES
En mars 2011, Véronique Daubas-Letourneux, sociologue à l’Université de Nantes et adhérente du Centre d’histoire du
travail participait à la rencontre sur les maladies professionnelles en milieu portuaire organisée par l’APPSTMP 44. Son
intervention, « Les cancers liés au travail : enjeux de connaissance et démarches de recherche-action », soulignait la
nécessité de doter les travailleurs d’outils sur lesquels se reposer pour faire reconnaître par les autorités compétentes la
nature professionnelle de leur maladie. Dans la foulée de ce travail, Véronique Daubas-Letourneux a initié un projet de
recherche-action intitulé : Enjeux de santé au travail et cancers : les expositions à supprimer dans les métiers portuaires
(ESCALES), dans lequel elle aimerait associer le Centre d’histoire du travail.
À l’heure où ces lignes sont écrites, ce projet, qui a le soutien plein et entier de la Maison des sciences de l’Homme Ange-
Guépin, n’est pas encore budgétairement ficelé. Il va sans dire que nous souhaitons qu’il le soit au plus vite.
21

Revoir notre exposition Fragments d’histoire sociale
En réalisant l’exposition Fragments d’histoire sociale, nous n’avions pas seulement en vue le trentième anniversaire du CHT.
Dans notre esprit, cette exposition relatant trente moments de l’histoire sociale de notre département devait « survivre » à
2011. C’est le cas. Après s’être installée à Couëron et Nantes, elle a pris ses aises à la Médiathèque de La Montagne en
janvier, à la mairie de Rezé (février-mars) et devrait tourner encore dans l’agglomération nantaise cette année.
Le Centre de culture populaire, à qui nous avons remis le second exemplaire de l’exposition, continue à la proposer aux
communes et aux comités d’entreprise de la région nazairienne.
Comprenant seize panneaux édités sur bâche (donc aisément transportables), elle peut prendre place dans des espaces
réduits. N’hésitez pas à nous proposer de l’accueillir !
En préparation pour 2013…
Pour accompagner l’exposition, nous avons édité un catalogue reprenant chaque
panneau auquel nous avons joint un texte complémentaire et
quelques références bibliographiques ou archivistiques.
(prix libre)
auprès de nous.
La fragilité financière du CHT impose une grande vigilance quant aux projets dans lesquels il peut s’engager. Il a ainsi été décidé
que les prochaines publications n’aboutiraient qu’à la condition d’être en grande partie financées avant leur sortie publique.
Nos projets pour 2012 illustrent bien cette exigence. Le livre sur les coopératives de consommation a reçu un soutien important de
Nantes-Métropole puisqu’il couvre la moitié de la somme à engager. Dans le cas du récit sur l’aéronautique nazairienne, c’est le
syndicat CGT d’Airbus France Montoir-de-Bretagne lui-même qui a décidé d’avancer les fonds nécessaires à la publication. Le CHT
lui reversa 80% des sommes dégagées par les ventes jusqu’à hauteur du remboursement de la vente.
En tenant compte de ces contraintes, le conseil d’orientation du CHT a
validé deux projets d’édition pour l’année 2013. Le premier, écrit par
notre ami René Bourrigaud, traitera d’une lutte assez méconnue : celle
des vignerons-complanteurs du pays du Muscadet à la fin du 19 e siècle.
Menacés d’être chassés de leurs terres par leurs propriétaires du fait de
la crise du phylloxéra, ils trouveront appui auprès de la Bourse du travail
de Nantes pour défendre leurs droits. Le second, dû à la plume de Jean-
Charles Cozic, ancien journaliste, sera une chronique de l’année 1833
dans la Cité des Ducs, année qui vît la naissance de l’Association
typographique de Nantes dont le CHT conserve les archives.
À gauche
(Cliché René Bourrigaud)
À droite
Règlement de l’association
typographique de Nantes
adopté en assemblée
générale le 26 mai 1833
(Coll. Syndicat CGT
du livre de Nantes)
22

Jean-Luc Chagnolleau
Le 30 septembre 2011 au cimetière-parc de Nantes, on a
incinéré un homme. Il s’appelait Jean-Luc, il était docker. C’est
rugueux un docker, c’est costaud, c’est dur au mal. Mais le
cancer, il s’en fout. Jean-Luc est mort. Il allait sur ses 56 ans.
Depuis quatre ans il se battait comme tant d’autres contre cette
foutue maladie qui débarque sans crier gare, vous ronge, vous
mine la santé comme le moral. Mais il était fort Jean-Luc, solide,
combatif. Même si le cancer, il s’en fout. Soutenu par ses
proches, Jean-Luc a essayé de lui faire la peau à ce fichu
crabe. Il aurait aimé le prendre par le colbac et le balancer loin
des quais, dans les remous du fleuve. Car Jean-Luc ne voulait
pas de notre pitié, de notre compassion. Il voulait se battre, et il
s’est battu jusqu’au bout. Jusqu’au bout de ses forces. Il s’est
battu pour lui, son épouse, ses mômes. Il s’est battu aussi pour
ses potes, ses camarades. Car le docker a beau être fort,
costaud, dur au mal, teigneux même, il meurt, et plus souvent
qu’à son tour, de ce foutu cancer. Fatalité disent les uns,
conséquence d’une vie dissolue affirment d’autres. Parce que
c’est censé boire jusqu’à la lie un docker, et fumer clope sur
clope. Et se battre, et gueuler et griller sa vie sans souci du
lendemain. Images d’Épinal.
Le docker n’est ni un ange ni un démon. Ce n’est qu’un homme
qui bosse sur les quais, qui charge et décharge ; et c’est cela
qui le tue. Le docker le sait : il peut mourir ou s’estropier, en
fond de cale, victime d’une bille de bois qui se détache. Le
docker le sait : il peut mourir à cause de cette putain d’amiante
qu’il a déchargée sans masque pendant des années. Le docker
apprend à savoir maintenant qu’il peut mourir à force d’inhaler
les fongicides, les pesticides et autres saloperies chimiques qui
sont répandus allègrement dans les conteneurs à marchandise,
sur les billes de bois exotique. La chimie, ça tue les rats, les
nuisibles, et ça tue des dockers. Jean-Luc a voulu comprendre
si c’était la fatalité qui s’était emparée de son corps. Avec
d’autres, il a mené son enquête et il s’est aperçu rapidement
que la fatalité avait jeté massivement son dévolu sur les gars
des quais de Nantes et Saint-Nazaire. Et sur ceux de Marseille-
Fos. Et sur ceux d’ailleurs, sans nul doute. Avec d’autres, il a
23
Homma Hommages
Homma ges
monté une association (APPSTMP) pour que les dockers et
travailleurs portuaires cessent de perdre leur vie en la gagnant,
pour obliger les patrons et les décideurs des ports à engager
une réelle politique de prévention des risques professionnels.
Jean-Luc est mort, mais les autres sont là.
En mars dernier, lors d’une rencontre sur les maladies
professionnelles en milieu portuaire, rencontre que Jean-Luc a
portée malgré la maladie, un vieux docker marseillais a déclaré :
« Il n’y a pas un mètre linéaire sur le port de Marseille qui ne
nous rappelle la mort d’un ami, d’un frère ou d’un camarade. On
pensait avoir touché l’horreur, mais nous avions tort. Dans tous
les ports, chaque année, on perd des camarades. Aujourd’hui,
j’ai une pensée pour les jeunes parce qu’il ne faut pas qu’ils
subissent cela. J’aimerais te remercier Jean-Luc, parce qu’il y a
une chose que je ne supportais pas : que l’on meure en silence.
Aujourd’hui, on se meurt, mais on le crie à tout le monde. »
Jean-Luc est mort mais il sait qu’on continuera à se battre parce
qu’on le lui doit et parce qu’on le doit à tous ceux qui se refusent
à tirer leur révérence dans l’anonymat.
Robert Bigaud, une grande figure de la CFDT et du syndicalisme nazairien.
Robert Bigaud est décédé en juillet dernier. La CFDT
nazairienne a perdu là un militant qui aura marqué durablement
la vie syndicale des chantiers navals de Saint-Nazaire et audelà,
celle de toute la métallurgie nazairienne entre 1954 et
1985.
Mouleur aux fonderies de Saint-Nazaire, il devient en 1954, à
seulement 23 ans, le responsable de la section syndicale
CFTC. Il intègre les Chantiers de l’Atlantique en 1956 comme
soudeur. Délégué du personnel en 1957, il est élu secrétaire de
la section syndicale en 1962 et représentant au comité central
Christophe Patillon
d’entreprise. Il vit avec intensité la période des accords
d’entreprise qui, à partir de 1956, améliorent grandement les
garanties collectives des salariés. Robert croyait à la politique
contractuelle, mais aussi au rapport de force et à l’unité
d’action pour imposer les nécessaires compromis. Pour lui,
l’action syndicale devait gagner sa légitimité dans l’entreprise,
mais il refusa toujours de la cantonner à ce seul niveau.
Président du syndicat des ouvriers de la métallurgie
nazairienne, il apportera son expérience et son sens de
l’organisation à de nombreuses sections d’entreprises. Membre

du conseil de l’UD (1959-1981), il est un acteur des grandes
manifestations interprofessionnelles des années 1960 et 1970
pour l’emploi et le développement économique. Il siège au
conseil confédéral (1962-1966) où il participe à la réflexion et
aux décisions qui préparèrent la grande mutation aboutissant
en 1964 à l’évolution de la CFTC en CFDT.
Homme de terrain, Robert était aussi un passionné d’économie
et d’histoire. Son expérience et ses connaissances nationale et
internationale de la situation économique et sociale de
Marcel Guihéneuf
Coll. UD CFDT 44
24
l’industrie navale, l’amèneront à siéger à la branche navale de
la Fédération de la métallurgie. Il participera alors activement,
avec Marcel Guihéneuf, à toutes les rencontres avec les
patrons de la navale nationale et européenne.
En 1985, alors que la crise frappe durement le transport
maritime et la construction navale, Robert quitte la vie
professionnelle et les Chantiers de l’Atlantique, cette entreprise
à laquelle il était si profondément attaché. En 1990, il devient
conseiller CFDT des salariés isolés, intervenant notamment
auprès de ceux victimes de licenciement. Il le restera jusqu’en
2005.
Avec la somme d’expériences qu’il avait accumulées et sa
fabuleuse mémoire, il fut un des principaux rédacteurs de
l’ouvrage collectif Un printemps sur l’estuaire, édité par le CHT
en 2005.
Nous saluons sa mémoire et son militantisme, son attachement
à la CFDT et à ses valeurs, les combats qu’il a menés sans
relâche.
Louis Morice
Début 1999, je suis arrivé depuis seulement quelques mois au Centre d'histoire du
travail quand, avec Xavier Nerrière, nous nous voyons confier la tâche de réaliser une
série d'entretiens avec Marcel Guihéneuf. L'objectif est de publier un ouvrage dans
lequel cette personnalité marquante du syndicalisme de la Loire-Atlantique raconterait
« son parcours personnel, les luttes d'hier et ses convictions de toujours ». Je ne
connais alors quasiment rien du personnage, sauf qu'il est natif et habitant de Couëron,
cité de la Basse-Loire où j'ai passé mon enfance et qu'il a travaillé et milité
syndicalement près de 40 ans à Dubigeon.
Nous prenons donc rendez-vous avec lui, en ayant au préalable glané quelques
éléments sur l'histoire de la construction navale nantaise et les luttes sociales
marquantes qu'a connues Marcel. Il nous reçoit dans sa maison familiale de la rue
Henri-Gautier dans laquelle il vit depuis le milieu des années 1930. Il est à la fois
intéressé par notre proposition et réticent car il est déjà malade et craint de ne pas être
assez vaillant.
Nous allons peu à peu découvrir ce fils de l'école libre qui, après son certificat d'étude,
est inscrit par ses parents aux cours complémentaires des forges de Basse-Indre et
réussit le concours d'entrée en apprentissage à Dubigeon où il devient chaudronnier.
Nous allons aussi découvrir, qu'après les deux heures que dure chaque entretien, nous
ne pouvons partir avant d'avoir terminé le paquet de gâteaux et la bouteille de vin…
Durant tout l'hiver 1999-2000, nous faisons quasiment toutes les semaines l'aller-retour de la Prairie-au-Duc, où Marcel Guihéneuf a
terminé sa vie professionnelle, à Couëron, son port d'attache. Nous le suivons pas à pas, de ses années à la JOC à la Libération à
ses responsabilités à la tête de la branche navale de la Fédération de la métallurgie CFDT, en passant par son élection comme
secrétaire du Comité d'entreprise de Dubigeon en 1953, les mouvements sociaux de 1955 et 1968, la fusion des chantiers navals
nantais et le regroupement sur la Prairie-au-duc, la longue grève de 1977. Notre livre de chevet est alors devenu le livre blanc sur
« L'industrie française de la construction navale » publié en 1960.
À partir de tous ces entretiens, le CHT a édité en 2000 un livre intitulé Marcel Guihéneuf le « p'tit pape » de la navale. Dix ans plus
tard, je regarde ce qui a été ma première expérience de « passeur de mémoire syndicale » avec un peu d'émotion. Merci encore à
Marcel de nous avoir ouvert les portes de sa maison et son histoire. Et pour finir, à l'heure où certains veulent en finir avec les corps
intermédiaires, laissons le dernier mot au « p'tit pape » : «Toute démocratie qui ne repose pas sur des corps intermédiaires n'est pas
une démocratie. Mais il faut que le syndicalisme prenne les moyens d'être le relais des aspirations des salariés. Pour moi, la
véritable démocratie, c'est lorsque les gars peuvent s'exprimer ».
Ronan Viaud

Bibliothèque
25
Nouvelles Nouvelles acquisitions acquisitions 2010 et et 2011
ALEXINSKY, Grégoire, La Russie et l'Europe, Paris, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1917, 360 p.
ALGAN, Alya, Le temps de la Résistance, Arles, Actes Sud, 2008, 379 p.
AMELINE, Patrick, La Chevrolière sous la Révolution, Haute-Goulaine, Ed. Opéra, 2010, 179 p.
AMOSSE, Thomas, Les relations sociales en entreprise - Un portrait à partir des enquêtes "Relations professionnelles et
négociations d'entreprise" (réponse 1992-1993, 1998-1999 et 2004-2005), Paris, Ed. La Découverte, Recherches, 2008, 451 p.
Anamnèse, (Revue), Henri Desroche - Colloque (09/2007), Paris, L'Harmattan, 2008, 286 p.
ANDOLFATTO, Dominique, Toujours moins ! - Déclin du syndicalisme à la française, Paris, Gallimard, Le débat, 2009, 221 p.
ANTOINE, Régis, La culture communiste en France (1920-2000), Pantin, Le Temps des cerises, 2010, 225 p.
APPAY, Béatrice, Restructurations, précarisation, valeurs, Toulouse, Octares Ed., Le travail en débats, 2009, 504 p.
Archives municipales de Nantes, De la Contrie à la Durantière, Nantes, Ville de Nantes, 2011, 76 p.
Archives municipales de Nantes, Des Dervallières à Procé, Nantes, Ville de Nantes, 2009, 44 p.
ARON, Raymond, L'âge des empires et l'avenir de la France, Paris, Ed. Défense de la France, 1946, 370 p.
ARON, Raymond, Trois essais sur l'âge industriel, Paris, Plon, Preuves, 1966, 240 p.
ARRAES, Miguel, Le Brésil, le pouvoir et le peuple, Paris, Maspéro, Cahiers libres, 1969, 260 p.
ASTARIAN, Bruno, Luttes de classes dans la Chine des réformes (1978-2009), la Bussière, Acratie, 2009, 176 p.
ATTARD-MARANINCHI, Marie-Françoise, Le Panier, village corse à Marseille, Paris, Autrement, Français d'ailleurs, peuple d'ici,
1997, 157 p.
AUBERT, Paul, La frustration de l'intellectuel libéral - Espagne, 1898-1939, Arles, Ed. Sulliver, Archéologie de la modernité, 2010,
378 p.
AUGAGNEUR, Victor, Erreurs et brutalités coloniales - suivi du "Français tel que le parlent nos tirailleurs sénégalais" / "Manuel
élémentaire à l'usage des officiers et sous-officiers appelés à commander des indigènes coloniaux, Paris, Les Nuits Rouges, 2010,
254 p.
AUNOBLE, Eric, "Le communisme, tout de suite !" - Le mouvement des Communes en Ikraine soviétique (1919-1920), Paris, Les
Nuits Rouges, 2008, 286 p.
AYME, Jean-Jacques, Jeunesses socialistes 1944-1948 - Socialisme contre social-démocratie, Nantes, Amalthée, 2008, 510 p.
BANAT-BERGER, Françoise, L'archivage numérique à long terme - Les débuts de la maturité ?, Paris, La Documentation Française,
Manuels et guides pratiques, 2009, 284 p.
BARRALIS, Roger, Au coeur des luttes des années soixante : les étudiants du PSU - Une utopie porteuse d'avenir, 2010, 413 p.
BARRERA, Manuel, Syndicats et Etat dans le Chili contemporain, UNRISD (ONU), Centre d'études sociales, 1985, 166 p.
BARRET, François, Historia del trabajo - [Histoire du travail], Buenos Aires, Editorial universitaria de Buenos Aires, 1961, 181 p.
BAUBY, Pierre, L'Etat-stratège - Le retour de l'Etat, Paris, Ed. Ouvrières, Portes ouvertes, 1991, 238 p.
BAUDELOT, Christian, L'élitisme républicain - L'école française à l'épreuve des comparaisons internationales, Paris, Seuil, La
République des idées, 2009, 120 p.
BENOT, Yves, L'autre Italie, 1968-1976 - Problèmes de la dictature du prolétariat, Paris, Ed. Maspero, Cahiers libres, 1977, 319 p.
BENSOUSSAN, David, Combats pour une Bretagne catholique et rurale - Les droites bretonnes dans l'entre-deux-guerres, Paris,
Fayard, Nouvelles études contemporaines, 2006, 658 p.
BERGERE, Marc, L'épuration économique en France à la Libération, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Histoire, 2008,
343 p.
BERNOUX, Philippe, Un travail à soi, Paris, Privat, Réflexion faite, 1981, 252 p.
BEROUD, Sophie, Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives ?, Paris, La Dispute, 2009, .
BERREBI-HOFFMANN, Isabelle, Politiques de l'intime - Des utopies sociales d'hier aux mondes du travail d'aujourd'hui, Paris, Ed.
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