Télécharger le dossier artistique - Théâtre de l'Entresort
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Comment avez-vous traité <strong>le</strong>s différences d’âges <strong>de</strong>s personnages dans la<br />
pièce, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux générations (père / mère et enfants) ?<br />
Parfois <strong>le</strong>s fi ls sont <strong>le</strong>s pères <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur père, et parfois on voit <strong>de</strong>s mères <strong>de</strong> quarante<br />
ans qui paraissent presque <strong>le</strong> même âge que <strong>le</strong>ur fi l<strong>le</strong> <strong>de</strong> vingt ans, ce qui<br />
pourrait plutôt laisser croire qu’el<strong>le</strong>s sont sœurs. Cette question <strong>de</strong> la génération<br />
commence véritab<strong>le</strong>ment à vo<strong>le</strong>r en éclats, avec cette notion d’apparence. C’était<br />
important qu’ils portent <strong>de</strong>s perruques, comme on porte un costume. C’était important<br />
qu’ils se sentent changés, qu’ils ressentent ce processus <strong>de</strong> transformation<br />
chaque soir lorsqu’ils montent sur <strong>le</strong> plateau. C’est vraiment une histoire d’artifi<br />
cialité qui sert aussi à mettre cette gaucherie en place. Il y a une sorte <strong>de</strong> trop <strong>de</strong><br />
soi-même ou <strong>de</strong> pas assez <strong>de</strong> soi, qui est primordial.<br />
Cet éclatement <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> dans la pièce est pour moi essentiel.<br />
Pel<strong>le</strong>t est clairement un héritier d’Ibsen, dans sa manière <strong>de</strong> donner à la<br />
femme la tâche <strong>de</strong> partir, <strong>de</strong> s’émanciper. On pourrait dire que Christophe<br />
Pel<strong>le</strong>t est un féministe et en même temps, <strong>le</strong>s femmes ont un côté terrifi ant<br />
chez lui, el<strong>le</strong>s sont d’un égoïsme, d’une toute puissance effroyab<strong>le</strong>.<br />
Il a raison <strong>de</strong> décrire ça, Christophe, car la femme a un rapport au chantage<br />
qui est absolument monstrueux et qui, à mon avis, est intimement lié à la question<br />
<strong>de</strong> la maternité : cette manière qu’ont <strong>le</strong>s femmes <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un corps, cette impression<br />
d’enfant d’être transparent aux yeux <strong>de</strong> sa mère. De cette possession, <strong>de</strong><br />
cette accaparement du corps <strong>de</strong> l’enfant, décou<strong>le</strong> un chantage affectif, qui fait <strong>le</strong><br />
pouvoir <strong>de</strong> la mère. Cette force <strong>le</strong>ur donne aussi la possibilité d’une émancipation,<br />
<strong>le</strong>s femmes chez Pel<strong>le</strong>t sont dominantes.<br />
Il y a chez Christophe, un remaniement <strong>de</strong> la fab<strong>le</strong>, <strong>de</strong> la narration au théâtre,<br />
dans un registre tragique.<br />
Il met en scène <strong>de</strong>s fi gures (la mère, <strong>le</strong> fi ls, <strong>le</strong> copain, <strong>le</strong> père, la petite amie…).<br />
Les personnages ne sont pas historicisés dans <strong>le</strong> sens où l’on n’a pas d’explications<br />
sur <strong>le</strong>ur passé. Sont exposés là <strong>le</strong>s nœuds relationnels entre <strong>le</strong>s êtres. L’homme, la<br />
femme, pris dans <strong>le</strong>ur condition et qui doivent déterminer quel<strong>le</strong> vie ils peuvent<br />
vivre, quel<strong>le</strong> vie ils veu<strong>le</strong>nt vivre.<br />
C’est vrai que c’est mélodramatique, je ne savais pas utiliser ces mots-là<br />
avant…<br />
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EN DÉLICATESSE / <strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Entresort