Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Sous le haut Patronnage du Commandeur des Croyants
Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu Le glorifie
Le Ministère des Habous
et des Affaires Islamiques
à organisé
un colloque sous le thème :
Les Spécificités Architecturales
des Mosquées au Maroc
le Lundi 2 Joumada II 1428 (18 Juin 2007)
à Rabat

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Sa Majest le Roi Mohammed VI que Dieu Le Glorifie

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SOMMAIRE
Allocution de Mr. Ahmed Toufiq ................................ 7
Ministre des Habous et des Affaires Islamiques (Traduction)
Allocution de Mr. El Montacir Bensaïd .......................... 9
Directeur de l’Ecole Nationale d’Architecture
Normes juridico religieuses pour la construction des mosquées ........ 13
M. Ismail alkhatib (Traduction)
Les mosquées marocaines : étude de l’organisation spatiale ........... 22
MM. A. Touri, A. Tahiri et A. Elkhammar
Le mur de la qibla et la nef axiale fonction et symbolique ............ 43
Mme Mina Lamghari
Les mosquées marocaines : tendances historiques
et contemporaines ............................................ 51
M. Derouiche Abdelaziz, Directeur des mosquées (Traduction)
La mosquée marocaine en milieu rural :
Cas de la province de Tata. ..................................... 81
M. M. Belatik et M. Atki
Les mosquées du Sud. ......................................... 105
Mme.Salima Najji
Architectures des Minarets, prototypes, évolution esthétique
à travers le monde musulman ................................... 119
M. A. Rhaddioui
La mosquée : un repère dans la ville .............................. 125
M. Hassan kharmich
Localisation des mosquées dans la trame urbaine eu égard
aux mobilités quotidiennes des usagers. ........................... 131
M. M. Achour
Equipement en mosquées : Nouvelles normes urbaines ............... 141
M. Derouiche Abdelaziz
Recommandations (Traduction) ................................... 163
Texte du message adresse à Sa Majeste Mohammed VI,
que dieu l’assiste (Traduction) .................................... 165

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Allocution du Professeur Ahmed Taoufik
Ministre des Habous et Affaires Islamiques
Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux ;
Que la prière et la paix soient avec le plus Noble des Messagers d'Allah, notre
Seigneur Sidna Mohammed, ainsi qu'avec Sa Famille et Ses Compagnons.
Messieurs les Ministres,
Honorables Oulémas,
Ingénieurs, Architectes et Enseignants Chercheurs,
Mesdames, Messieurs,
Il m'est agréable, à l'ouverture des travaux de ce colloque scientifique qui bénéficie
du Haut patronage de Sa majesté Le Roi que Dieu Le Glorifie, de vous souhaiter la
bienvenue et de vous remercier pour avoir répondu à l'invitation des organisateurs. Je
suis convaincu que votre participation donnera un caractère particulier à ce colloque qui
s'inscrit dans le cadre de «la Journée des Mosquées», dont la célébration a été lancée par
Sa Majesté Le Roi, à Marrakech, à l'occasion de la fête du «Mawlid al-Nabawi».
Mesdames et Messieurs,
L'édification des mosquées est fortement liée au culte et à la foi des musulmans.
Elle est l'expression de l'identité musulmane et de la civilisation islamique largement
répandue dans le temps et l'espace. Le Saint Coran accorde une grande importance aux
mosquées et incite à leur construction. L'injonction divine y est sans équivoque
lorsqu'Allah dit: «dans des demeures dont Allah a autorisé l'édification et que Son Nom
y soit invoqué». Pour sa part, la tradition de notre prophète insiste sur la construction
et la multiplication des mosquées dans toutes les contrées pour que celles-ci procurent
au fidèle la paix de l'âme et la tranquillité de l'esprit.
Au Maroc, comme vous le savez et depuis l'arrivée de l'Islam, la mosquée a pris une
place de choix dans le CCEur des marocains. Elle représente pour eux, à la fois un lieu
de prière, une institution d'enseignement et de formation où l'on acquiert la science et
la connaissance et un espace de convivialité, d'échange et de resserrement des liens
d'amour et d'amitié.
Allocution du Professeur Ahmed Taoufik
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Les souverains de la glorieuse dynastie alaouite ont de tout temps manifesté le plus
grand intérêt envers les mosquées, leur accordant la plus grande des attentions que ce
soit au niveau de l'édification, de l'équipement ou de l'encadrement. Suivant la
tradition de ses glorieux ancêtres, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu Le
Glorifie, n'avait pas manqué d'ordonner, dans son discours du Trône de l'année 2000
«de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de rendre à la mosquée sa mission
de lieu de prière, d'institution d'enseignement, de formation, de prédication et de
conseil et d'en faire aussi un centre où les oulémas, hommes et femmes,
entreprendraient l'encadrement des citoyens pour qu'ils soient mieux intégrés dans une
société saine, consciente et solidaire». Il avait de même ordonné, que Dieu l'Assiste,
dans son discours du vendredi 30 avril 2004 à Casablanca, prononcé à l'occasion de
l'institution des Conseils des Oulémas et la réorganisation du champ religieux, la
révision et la refonte de la législation relative aux lieux de culte afin qu'elle soit en
phase avec les normes architecturales et permette la pratique religieuse dans un climat
de quiétude.
Comment nos mosquées peuvent-elles donc être des centres de formation culturelle
et d'orientation religieuse et humanitaire, jouant pleinement leur rôle? Comment
adapter l'architecture marocaine au développement de la vie et des besoins spirituels
des fidèles qui fréquentent les mosquées tout en lui préservant son âme et son
authenticité et en faisant en sorte, dans le même temps, qu'elle accompagne les
nouveautés qui apparaissent dans les domaines de la construction et de l'architecture?
Ce sont là quelques unes des questions auxquelles tenteront de répondre les diverses
communications de ce colloque que je souhaite voir enrichi par vos interventions, vos
remarques et vos propositions.
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Mesdames et Messieurs,
Si l'on se penche sur l'architecture de nos mosquées, nous remarquerons que nous
nous trouvons face à un patrimoine précieux, qui a su garder sa personnalité et sa
spécificité et qui a su réussir son développement, en résistant à travers les âges, à tout
ce qui, dans les courants culturels et idéologiques extérieurs auxquels il était exposé,
pouvait l'altérer; il sut rester solidement ancré dans son originalité, perpétuant pour les
générations successives les glorieux apports de nos ancêtres et l'éclat de la civilisation
qu'ils ont légué.
Le modèle marocain utilisa des formes et des éléments architecturaux qui lui
donnèrent une originalité singulière sans qu'il vienne à perdre les caractéristiques de
l'architecture islamique. Architectes et artistes développèrent par la suite le modèle par
des innovations produites dans diverses directions. Il m'est donc agréable, à cette
occasion, d'inviter les chercheurs marocains à réserver aux mosquées la part qui doit
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être la leur dans leurs études, leurs analyses et leurs recherches, afin qu'ils découvrent
et qu'ils fassent connaître le patrimoine architectural si riche que renferme notre pays.
Mesdames et Messieurs,
L'édification des lieux de culte, comme vous savez, compte parmi les services
fondamentaux et urgents que réclament les citoyens dans tout nouveau lotissement,
toute extension urbaine ou tout complexe d'habitation. La non obtention de cette
demande ou le retard à la concrétiser pousse les citoyens à créer des oratoires souvent
dépourvus de toute condition adéquate de sécurité et d'encadrement, sans que l'on
omette les problèmes que peuvent entrainer certains de ces cas et qui nécessitent la
conjugaison des efforts afin d'en extirper les racines et en éradiquer les causes.
Pour remédier à de telles situations et éviter que de semblables ne se produisent à
l'avenir, le Ministère a mis en place, en collaboration avec le Ministère délégué auprès
du Premier Ministre chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme, des normes nouvelles pour
la production de mosquées, et ce, dans le souci de répondre aux besoins des habitants
des nouvelles zones urbaines en oratoires et en grandes mosquées, respectant les
conditions de réalisation et garantissant la présence de toutes les composantes d'un lieu
de culte. Ceci en plus des deux programmes lancés par le Ministère, le plan normal et
le plan exceptionnel, qui visent à réduire le déficit en mosquées et satisfaire les besoins
futurs.
Aussi bien, Mesdames et Messieurs, devrons nous faire de l'occasion qui nous est
offerte, un moment de réflexion et un point de départ pour mobiliser les volontés et
stimuler les énergies en vue de mettre en CEuvre les directives éclairées de Sa Majesté
le Roi Mohammed VI, Amir al-Mouminin, que Dieu Le Glorifie, concernant le
domaine.
Encore une fois je vous réitère la bienvenue et prie Dieu pour qu'II bénisse votre
rencontre et couronne vos travaux de succès et de réussite.
Que la Paix, la Miséricorde et la Bénédiction d'Allah soient avec vous.
Allocution du Professeur Ahmed Taoufik
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Allocution M. El Montacir BENSAÏD
Directeur de l’Ecole Nationale d’Architecture
MM. les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, pour commencer, en mon nom et au nom de l’école Nationale
d’Architecture, saluer l’initiative du Ministère des Affaires Islamiques pour l’organisation
de cette journée, doublement, d’une part pour nous avoir donner l’occasion de débattre
d’un sujet qui est extrêmement important aussi bien dans notre paysage urbain que dans
notre culture et notre foi : celui de la mosquée et d’autre part, de nous permettre, nous qui
sommes en amont de la formation des concepteurs de nous sensibiliser sur la nécessité,
urgente, de donner une enveloppe, un visage spécifiquement ou typiquement marocain à
nos édifices religieux. Cela dit, la mosquée a une double dimension : Elle est d’abord le
centre spirituel vers lequel nous nous dirigeons pour trouver le calme, la sérénité et le
recueillement, nécessaires à la pratique de nos croyances, loin des nuisances et des bruits
de la ville. Cette dimension spirituelle en fait un bâtiment qui ne peut, en aucun cas, être
anodine ou comparable à un tout autre bâtiment que l’architecte conçoit. La 2ème
dimension de cet édifice est sa présence dans le paysage urbain, en tant que repère, en tant
que noyau, en tant que centre de rayonnement spirituel dont la silhouette caractéristique se
détache dans le ciel marocain. D’abord par son volume ; et deuxièmement par son
minaret, qui en fait un repère tel un phare qui dirigerait les navires. C’est pourquoi je
voudrais attirer l’attention de cette honorable assemblée sur ces caractéristiques qui
doivent être traitées avec le plus grand respect et la
Plus grande précaution. En tant que concepteur, un architecte ne peut en aucun cas
travailler, débattre, ou se pencher sur la conception d’un tel édifice sans avoir en mémoire,
d’une façon permanente, sa composante essentiellement religieuse. Donc l’exercice ne
peut se faire d’une façon classique ou routinière tel que nous le faisons pour le traitement
d’un immeuble, d’un bâtiment administratif, ou d’une villa. Il va,donc, être important,
pour nous, d’avoir un certain nombre de repères, de normes et de dimensions au niveau de
la conception, qui seront nos axes d’orientation dans l’élaboration de ce haut lieu du culte
qu’est la mosquée marocaine, dans le rite malékite, que nous pratiquons,tout en attirant
l’attention sur la nécessité pour nous tous, de garder la créativité et la liberté que doit avoir
un concepteur face au défi qui lui est lancé dans une quelconque démarche architecturale.
Allocution de M. El Montacir Bensaïd
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C’est pourquoi, aujourd’hui, à l’occasion de cette journée, tout en écoutant les débats,
en discutant des différentes composantes, des différentes problématiques des mosquées,
il m’apparaît essentiel que pour nous, en tant que formateurs, de nous retrouver, à la fin,
avec des orientations claires et pratiques, à même de nous servir de garde-fou, dans les
conceptions à venir.
Par ailleurs ces orientations ou recommandations ne doivent pas entraver la créativité
mais la guider. Mon inquiétude serait de traduire l’exercice, de la conception de la
mosquée, en un exercice purement mathématique, qui donnerait une normalisation
anodine, monotone, d’un bâtiment qui doit refléter une dimension spirituelle unique.
Nous allons, donc, écouter avec beaucoup d’attention les interventions, nous allons y
contribuer, nous allons transmettre aussi le message, dans la formation et nous avons
l’ambition, grâce au soutien du ministère des affaires islamiques et en partenariat avec lui,
d’aller plus loin et d’arriver peut être dans un temps assez court, à l’élaboration d’un
cahier de charges et d’un guide pour la conception des édifices religieux.
Nous devons nous rappeler, à tous, que l’usager principal de la mosquée est la
spiritualité et que le second en est l’homme. Comment ces deux composantes, totalement
différentes, l’une immatérielle et l’autre matérielle doivent entrer les unes avec les autres,
en symbiose, en harmonie dans un cadre qui lui est propice. Dans les églises du 14ème
siècle, du 15ème et du 16ème siècle l’acte de construire, de dessiner ou de bâtir une église
était un acte religieux en soi, c’est-à-dire que le concepteur était, lui-même,engagé
spirituellement dans le processus, pas seulement en tant que concepteur mais en tant que
croyant,que fidèle, il serait important que pour les mosquées, de hauts niveaux, de grandes
tailles, une démarche que je ne dirai pas analogue mais empreinte d’un même esprit et un
même engagement puissent accompagnés l’exercice, de façon à ce que le reflet du
bâtiment, en phase finale, soit le reflet d’une spiritualité et d’une religion qui est la notre.
Je vous souhaite beaucoup de courage, je souhaite aux intervenants de garder en tête
l’importance de la normalisation mais en même temps l’importance de la liberté dans la
conception et dans la créativité et que ces deux choses ne sont pas incompatibles. Cela a
été fait un peu partout en occident : il y a des normes pour tous les bâtiments publics, il
y a des normes pour tous les lieux de culte
Je pense que nous pouvons faire, de même, tout en gardant, en préservant, un
patrimoine architectural qui est le patrimoine, encore une fois je le dis et je le redis, qui
est le patrimoine nord- africain et qui est un patrimoine marocain, qui est un patrimoine
particulier où le minaret a une symbolique particulière, le mihrab en a une autre, le sahn,
et la dimension de la mosquée avec les matériaux qui la composent, en sont d’autres
éléments, tout aussi, spécifiques
Je vous remercie, Mesdames et Messieurs, et je vous souhaite à tous, plein de succès
lors de cette journée.
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L’ARCHITECTURE DES MOSQUÉES
Professeur Ismail Khatib
Membre du Conseil Local des Oulémas de TETOUAN
Les mosquées sont les lieux les plus aimés de Dieu, dont le Tout Puissant a autorisé
qu’elles soient édifiées et que Son Nom y soit invoqué. Quand une mosquée est bâtie et
que les prières y sont invoquées, que le coran y est récité, le Nom du Clément invoqué,
la science y est répandue ainsi que d’autres glorieux services, alors tout ceux qui ont
participé à son édifice et à la continuation des bonnes vertus pour laquelle elle a été
érigée, que ce soit par leurs ressources financières ou leurs conseils, ou par n’importe
quels autres efforts fournis dans ce sens, sont récompensés par Dieu.
Etant donné le rang élevé des mosquées et leur haute position, Dieu les a mise dans
Sa haute estime. Le Tout Puissant a dit : «Y a-t-il plus outrageant que celui qui
s’oppose à l’invocation du nom d’Allah dans Ses mosquées et qui œuvre à leurs
destructions» (Al Baqaara 114).
Dieu a dit aussi : «Seuls sont admis à fréquenter les mosquées d’Allah ceux qui
croient en lui et au jugement Ultime. (Attoubah, 18). Et le Très Haut a dit encore : Les
mosquées ont pour vocation le culte d’Allah, ne priez d’autre qu’Allah.
De nombreux textes d’ordre général ont porté sur les mosquées, comme la parole
divine : «Vous n’atteindrez pas la piété sans faire de dons charitables des biens que vous
chérissez, et quelque charité que vous faite Dieu en a connaissance. (Al omrane, 92)
Ce verset coranique invite à dépenser dans le bien, et la construction de mosquée
est sans nul doute, l’un des meilleurs moyens de faire le bien.
D’autres textes, citent les mosquées d’une façon plus explicite, tels que la parole du
Très Haut : «[Sa Lumière éclaire] des édifices érigés selon Sa permission et où Son
Nom sera invoqué ; là Allah sera glorifié, matin et soir».
Dieu a autorisé la construction et l’édification des mosquées d’une manière qui sied
à leur place et leur objectif, ainsi il en est de leur maintenance et entretien.
Dieu le Clément a instruit que l’édification de mosquées est une activité [digne] de
prophète quand Il a dit : «Et rappelle-toi lorsqu’Abraham et Ismaïl, après avoir mené
L’architecture des mosquées
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à bien la construction des assises du Temple, ont fait cette prière : Seigneur, daigne
accepter de nous ce modeste ouvrage : Tu es Celui qui entend tout et dont le savoir est
Transcendant.»
L’édification de mosquée étant un bienfait gratifiant, Abraham et Ismaïl prièrent
Dieu d’accepter leur labeur. Ainsi, toute personne, contribuant de quelques façons que
ce soit, à l’édification d’une mosquée, devrait croire qu’elle a réalisé une bonne action
qui mérite récompense, et prier Dieu de l’accepter.
Le texte coranique certifie que les bâtisseurs de mosquées sont de vrais croyants
Ainsi, Dieu a dit : «seuls sont admis à fréquenter les mosquées d’Allah ceux qui croient
en Lui et au jugement Ultime..» La fréquentation des mosquées est manifestée soit par
la présence permanente dans la mosquée, sa grande fréquentation ou par sa
construction et son entretien. Or, la fréquentation, que ce soit pour la prière ou pour la
récitation du Coran et des textes sacrés, ne peut se réaliser sans qu’il y ait eu
préalablement construction et entretien de mosquée.
Beaucoup de Hadiths du prophète, que le Salut et la Prière soient sur lui, ont porté
sur la fréquentation et l’édification de mosquées. L’un de ces Hadiths dit : «celui qui
construit une mosquée, petite ou grande soit elle, Dieu lui construira une demeure au
Paradis». De plus, l’édification de mosquée est une action gratifiante même à titre
posthume, se perpétue et rejoint le croyant jusqu’après sa mort. Le Hadith dit, dans ce
sens : «ce qui atteint le croyant de ses bonnes actions et bienfaits, même à titre outretombe,
est : une science qu’il a enseigné et diffusé, un Livre dont il a hérité, une
descendance qu’il a laissé dans le droit chemin ou une mosquée qu’il a bâti».
Vu que la mosquée occupe une place prépondérante dans la religion musulmane, le
Prophète Sidna Mohamed (P.S) s’est attelé, dès les premiers jours de l’Hégire, à la
construction de la première mosquée de l’Islam. Cette noble action, a donné le départ
au processus d’édification de multitude de mosquées partout dans le monde. Ce
processus ne s’est pas arrêté jusqu’à nos jours.
D’autre part, étant donnée que le musulman est tenu de se conformer à la légalité
islamique et à la morale religieuse, avant toute action, et vu la place prépondérante de la
mosquée dans la cité musulmane et que de nombreux textes sont venus organiser et
réglementer l’édification des mosquées, plusieurs Oulémas se sont attelés à préciser et
expliquer dans le détail tous ces différents textes.
Ainsi, non seulement, on trouve de nombreux écrits émanant des Oulémas,
expliquant et détaillant les différents textes se rapportant à la construction de mosquées,
mais aussi d’autres contenant des volets complets sur les Hadiths de Sidna Mohamed
(P.S). Parmi ces écrits on peut citer dans Sahih Moslim «le Livre des mosquées et des
lieux de culte», le volet : «de la construction des mosquées et ses obligations».
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Par ailleurs, dans «le Livre de prière» de Sahih El Boukhari, on trouve plusieurs
chapitres sur la construction de mosquées comme : «de la construction des mosquées»
et «de l’entraide dans la construction de mosquées» ou encore «Du recours aux
menuisiers et artisans pour le bois du «Minbar» et mosquée», et la section «du
bâtisseur de mosquée».
Les Fqihs et Oulémas ont, ainsi, largement étudié les orientations de la religion
musulmane traitant de la construction des mosquées. Les textes de la Doctrine
Malékites, entre autres, contiennent diverses règles et dispositions concernant le sujet.
Parmi ces textes, on peut déceler dans le Livre «Annawazel», une vision claire de se
qu’a été la construction des mosquées à l’Occident Islamique durant différentes
époques.
Enfin, pour clarifier davantage les propos en ce qui concerne l’édification et la
rénovation des mosquées, du point de vue de la loi musulmane, on va traiter le sujet
selon les sections suivantes :
L’architecture des mosquées
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SECTION I :
EMPLACEMENT DE LA MOSQUEE
Nul doute que, pour construire une mosquée, il faudrait lui choisir l’emplacement
idéal, la mosquée ayant une relation étroite avec le paysage urbanistique. Le Prophète
(P.S) a précisé le sens de ce paysage. Dans les textes de Aicha, il est dit que le prophète
a ordonné que «la mosquée soit bâtie dans les demeures et qu’elle soit nettoyée et
parfumée»
L’environnement immédiat de la mosquée doit être pris en considération, la
mosquée devrait être érigée dans un espace propre, loin de tout endroit produisant des
déchets ou saletés. Sa place devrait être au cœur des agglomérations pour qu’elle
puisse jouer son rôle de centre de rayonnement autour duquel s’aggloméreraient les
résidences et les différentes institutions et être ainsi l’objet d’intérêt du voisinage.
Les Oulémas ont insisté sur la salubrité de la mosquée et de celle de son
environnement.
Cheikh Al Wazzani, dans son Livre «Al miyar El Jadid», citant la réponse de
Cheikh Ben Nacer sur la possibilité d’accomplir la prière dans une mosquée dans
laquelle s’infiltre des poussières entrainées par les vents, a rapporté qu’il faut clore, si
possible, les issues d’où proviennent ces poussières, autrement, si l’endroit comporte
des impuretés mêlées à ces poussières. La prière ne serait valable que sur un linge
propre.
A priori, l’une des précautions à prendre pour la construction d’une mosquée est le
choix du site adéquat afin d’éviter de clore les issues. Le site devrait être, aussi, loin
de toute source de pollution, les salles d’eau devraient être en dehors de la mosquée
comme stipulé dans le Hadith du prophète (P.S) : «Il est conseillé de tenir loin de vos
mosquée vos jeunes enfants, vos différents, vos aliénés, vos commerces, et de ne pas
hausser vos voix, de ne pas poser de limites ni brandir vos sabres et de prévoir les
salles d’eau aux entrées».
La doctrine Malékite institut, comme stipulé dans «Miyar Al Wanchiri (p. 422, v. 8),
recommande de mettre les salles d’eau à l’extérieur des mosquées.
Par ailleurs, les musulmans se sont évertués dans l’art de construction des
mosquées, espaces aimés par Dieu, ont montré un intérêt particulier pour leur
édification. Pour cela, ils ont fourni de larges moyens et de grands efforts.. La Dynastie
Alaouite, particulièrement, a, dans ce sens de tout temps, le mérite dans l’édification,
la maintenance de mosquées, ainsi que la prise en charge des personnes qui s’en
occupent.
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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L’architecte musulman, sans dévier de la structure générale du model établi par le
Prophète, a tenu compte de tous les détails dans le design de mosquées. Il a fait usage
de coupoles pour les toitures, a fait preuve d’innovation en ce qui concerne les
volumes, les formes et l’ornement des arcades et des voutes, et s’est intéressé
spécialement aux façades et aux entrées.
Les chercheurs en matière d’architecture de mosquées dénombrent sept types
architecturaux de mosquées, parmi lesquels on trouve, en premier lieu, le modèle
marocain. Ce dernier se distingue principalement par sa valorisation des oratoires et
l’approfondissement de son intérieur jusqu’à la forme quadrilatère ou presque, tout en
valorisant le «Sahn». Les caractéristiques du modèle marocain, s’approchent
considérablement de l’architecture de la mosquée du Prophète que la Prière et le Salut
soient sur Lui.
L’architecture des mosquées
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SECTION II :
PRECEPTES DES CONSTRUCTIONS DES MOSQUEES
Le Prophète (P.S) a établi les règles générales relatives au design et l’édification des
mosquées, quand il a planifié et construit la mosquée de «QIBAA» et la mosquée de
Médine. L’Imam Bokhari, dans son Livre «Sahib», a cité que d’après une information
provenant de NAFII, Abdellah a dit que la mosquée du Prophète a été, de son vivant,
construite de briques, les toitures de palmes et les piliers de bois de palmier. Alors que
ABOU BAKR, compagnon du prophète, n’y a rien ajouté, OMAR IBN KHATTAB,
autre compagnon du prophète, l’a reconstruite selon les mêmes procédés que du temps
du prophète. Tandis que le compagnon OTHMANE l’a modifié en y ajoutant d’autres
matériaux : les murs ont été construites de pierres taillées et de plâtres, les toitures
remplacées par du bois précieux provenant de l’Inde (saj)»
Si la structure générale de la mosquée établie par le prophète a été maintenue par
Ses Compagnons et ceux qui leur ont succédé, son architecture a beaucoup évolué
depuis l’ère du Calife OTHMANE. L’architecture de la mosquée s’est inspirée de
l’environnement qui l’entoure, que ce soit par la forme quadrilatère ou par les
matériaux utilisés. Les modifications et autres élargissements apportés durant l’ère
d’OTHOMANE s’expliquent par la disponibilité des ressources financières suites aux
conquêtes. Ainsi, la mosquée du Prophète a été élargie, les matériaux améliorés, et
même, depuis l’époque de AL WALID BEN ABDELMALEK IBN MARWANE lors
du règne des derniers Compagnons, ornementée. Cependant, certains Oulémas ont
récusé tout ornement de mosquées en s’appuyant sur des paroles de prophètes
prohibant de tels actes, alors que d’autres les ont autorisé à condition que le but
escompté soit de rehausser et ennoblir la mosquée. Dans ce sens, IBN MOUNIR a dit
dans son Livre «FATH EL BARI» : «si les gens bâtissent leurs demeures et les
embellissent, la mosquée en est plus digne afin de lui éviter la mésestimation.
Enfin, les caractéristiques architecturales des mosquées sont restées immuables de
par leurs significations et philosophies et de par les exigences d’être des espaces de
culte et de sciences.
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SECTION III :
LES ELEMENTS ARCHITECTURAUX FONDAMENTAUX
Les styles architecturaux, ont varié malgré qu’ils aient tous gardé le cachet de
l’architecture Islamique. Jusqu’au quatrième siècle, la majorité de mosquées, y compris
celles marocaines, comportèrent un «Sahn» (Patio) non couvert cerné de deux ou trois côtés
de pavillons tout en élargissant le pavillon de la Qibla et celui qui lui fait face.
Les architectes musulmans ont tenu à prendre en considération, dans leur design de la
mosquée, les orientations du Prophètes (P.S) et surtout celle consistant à valoriser le
premier rang, telle cette orientation rapportée par ABI HOUREIRA citant le prophète : «Si
les gens savaient l’importance de l’appel et du premier rang, ils se seraient rués vers la
première rangée». Le premier rang est l’élément essentiel définissant les plans des
mosquées sous sa forme longitudinale avec un axe principal parallèle à l’orientation du mur
de la Qibla conformément au Hadith du prophète. Les autres rangées viennent en
complémentarité selon le prolongement de la première.
L’architecte musulman a aussi, pris en compte l’orientation du prophète : «Si le passant
entre les rangées savait ce qu’il lui en coûtait, il se serait figé 40 fois au lieu de le faire». Pour
cela, le designer a placé les portes de la mosquée selon des normes architecturales ne
permettant pas le passage entre les rangées. C’est pour cette raison que la plupart des entrées
se situent soit à l’arrière, soit sur les côtés.
Le nombre élevé de poutres est aussi un facteur qui divise les rangées, obstrue la vue de
l’orateur, alors qu’il est conseillé d’être en face de celui-ci. Toutes ces contraintes ont
poussé le designer à éviter au maximum la mise en place de poutre. Dans les textes du
«Miyar Al Jadid», il est rapporté qu’il y avait plusieurs mosquées d’Andalousie dépourvues
de toitures afin d’éviter toute poutre.
Le «Minbar» l’oratoire prend une place prépondérante dans l’architecture des
mosquées, on le trouve mobile dans certains cas, fixe dans d’autres. Les oratoires mobiles
sont connus dans l’Occident Islamique, tandis que les mosquées d’Orient utilisent souvent
des balcons en guise d’oratoire. Le Maroc, Quand à lui, a conservé le modèle de l’oratoire
du prophète sous sa forme générale, avec des escaliers, le tout casé dans une niche du côté
droit du Mihrab. Quand à l’oratoire mobile, il constitue une solution importante pour la
visibilité de la première rangée. L’industrie marocaine des oratoires a progressé durant
l’époque des Almoahad, l’exemple en est l’oratoire de la mosquée Al Koutoubia qui date
de l’époque suscitée.
L’architecture des mosquées
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Si dans toute architecture l’orientation est un critère très important et dépend de
plusieurs paramètres, l’orientation des mosquées, quand à elle, ne peut dépendre de certains
de ces paramètres puisqu’elle est régie par la parole divine qui dit : «Orientes toi vers la
Mosquée Sacrée, et où que vous soyez, orientez-vous vers Lui». L’orientation vers la Qibla
est une condition de validité de la prière et, par conséquent, l’architecte de la mosquée doit
s’assurer avant tout de la direction de la Qibla pour que l’oratoire soit orienté exactement
vers elle.
L’oratoire est devenu une partie primordiale dans l’architecture des mosquées. Il
n’existait pas du temps du prophète, ni durant celui des Califes. Le premier qui le créa fût
OMAR BEN ABDELAZIZ. Par la suite, l’oratoire prit beaucoup d’ampleur de la part des
designers et architectes des mosquées, à tel point que certains oratoires sont devenus
célèbres et caractéristiques de leurs créateurs ou de leurs époques.
Comme il a porté son intérêt sur l’oratoire, l’architecte s’est intéressé aussi à la partie en
face de cet oratoire en créant une coupole couvrant cette partie importante de la mosquée
qui englobe le «Minbar» et la chambre de l’orateur. La coupole fit son entrée dans les
mosquées, avec beaucoup de variétés dans sa géométrie et ses ornements, durant la fin du
premier siècle, et est devenue partie essentielle.
Nul doute que le Sahn (patio) de la mosquée est considérée comme un élément
fondamental dans la mosquée, puisque il y en avait un, non couvert, dans la mosquée du
prophète. L’architecte musulman est resté fidèle à cette tradition car on a rarement trouvé
une mosquée, grande ou petite soit-elle, sans Sahn correspondant à sa taille. Le Sahn est
sources de lumière et d’air pour les autres parties de la mosquée. Comme il est espace
supplémentaire pour les croyants quand il n’y en a plus dans les parties couvertes. Le sahn
est généralement doté de fontaines à partir desquelles coule de l’eau douce utilisée pour la
salubrité et donnant au Sahn une touche de beauté comme c’est le cas dans la mosquée Al
Qaraouyine.
20
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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SECTION IV :
LES ELEMENTS ARCHITECTURAUX
COMPLEMENTAIRES
En plus des éléments fondamentaux de la mosquée, d’autres éléments ont été
introduits et sont devenus partie intégrante de la mosquée.
En premier lieu, on trouve le minaret qui fut introduit, comme il est dit, par
MOAWIYA BEN ABI SOUFIANE dans la mosquée de Damas. Alors que OMAR
BEN ABDELAZIZ fut le premier à l’inclure dans la mosquée du prophète, en
construisant un minaret dans chacun des quatre coins, mesurant soixante «DIRAA»
(Bras) de longueur et huit «DIRAA» (Bras) de largeur.
Les designers ont donné plusieurs formes aux minarets, ronde, carré ou hexagonale.
Les géométries des minarets ont aussi varié selon les époques ainsi que les ornements
et les parures. Certains minarets ont atteint un niveau inégalé de beauté de par leurs
architectures et leurs ornements. Les minarets, au Maroc, se sont caractérisés par leur
forme carrée, cette forme qui fut prise, comme on croit, du modèle du premier minaret
à partir duquel BILAL appelait à la prière, à l’aube de l’Islam.
SAMHOUDI a cité dans son ouvrage «Wafae Al Wafae» : «Dans la demeure de
Abdellah Ben Omar» se trouvait une esplanade orientée vers la Qibla d’où Bilal
appelait à la prière en y accédant à l’aide d’escaliers en paille. Cette esplanade était
carrée.»
Sans aucun doute, les premiers minarets étaient carrés ressemblant à celui de la
mosquée du Prince des Croyants Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu le
glorifie et guide ses pas. Sa Majesté qui suit les traces de ses glorieux ancêtres, que
Dieu lui confère le triomphe et la victoire. Que Dieu comble Sa Majesté en la personne
de S.A.R le Prince Héritier Moulay El Hassan, S.A.R le Prince Moulay Rachid et
l’ensemble de l’illustre famille Chérifienne.
Que Dieu agrée l’action de quiconque a contribué dans la construction d’une
mosquée, a participé à sa préservation. Dieu est omni-audient et exauce les prières de
Ses serviteurs.
Louanges à Dieu Souverain et Maitre des Mondes.
L’architecture des mosquées
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ANNEXES
1. MOSLIM, livre des Moquées et lieux de culte, chapitre : Des bienfaits de la
construction de mosquées, Tarmoudi Hadith 318.
2. Tarmoudi (Jamâa)- Hadith 819
3. Par Ahmed, preuve à l'appui et par Abou Daoud
4. Tome 1, page 69
5. Sahih AL BOUKHARI - Hadith 446
6. En expliquant le Hadith 446
7. AL BOUKHARI
8. Par AL BOUKHARI- Hadith 510, et MOSLIM – Hadith 507
9. 1:537
10. ASSAMHOUDI – Wafâa Al Wafa, 1:370
11. Precedent 1:526
12. Wafâa Al Wafa 1:530
22
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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APERÇU SUR L'ORGANISATION SPATIALE
DES MOQUÉES MAROCAINES
Introduction
Abdalaziz TOURI
Ahmed S. ETTAHIRI
& Abdallatif EL KHAMMAR
Les mosquées marocaines ne sont pas bâties suivant la même ordonnance architecturale.
Elles présentent, au cours des siècles et selon les tendances régionales, des plans divers.
Ceux-ci varient également en fonction de la superficie du terrain à construire, de son
implantation dans le tissu urbain et de sa disposition topographique. Néanmoins, les
éléments constitutifs du plan restent presque les mêmes dans la plupart des grandes
mosquées, et leur schéma-type se compose des masses architecturales suivantes : une
salle de prière à nefs et à travées, une salle pour la remise du minbar, une chambre pour
l’imam, une cour à ciel ouvert bordée ou non de galeries, un minaret, une salle
d’ablutions-latrines. Ces édifices peuvent contenir d’autres annexes : une chambre
funéraire, bayt al-gnâyz, pouvant prendre des dimensions importantes et porter alors le
nom de Gami’ al-Gana’iz (mosquée des morts) une chambre pour le muwaqqit, une autre
pour le muezzin, une bibliothèque, une madrasa et une fontaine.
1- Des mosquées monumentales et deux écoles
architecturales
Nos connaissances sur les mosquées datant des premiers temps de l’Islam au Maroc
restent limitées en raison de l’indigence des indications textuelles et de l’insuffisance
des données archéologiques.
Les informations textuelles dont on dispose sont majoritairement rapportées par le
géographe andalou Abû ‘Ubayd al-Bakrî (5e /11e siècle). Elles sont sommaires et
portent principalement sur certaines mosquées de villes assez importantes comme
celles d’Asila, d’al-Basra, de Jrâwa Maknâsa et de Fès.
A Asila, Abû ‘Ubayd al-Bakrî fait état de la présence d’une grande mosquée. Il
signale que celle-ci fut l’œuvre du gouverneur idrisside d’al-Basra et Tanger al-Qâsim,
fils d’Idrîs II 1 . Cette grande mosquée se trouve à l’intérieur de l’enceinte de la ville qui
1 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Description de l’Afrique Septentrionale, texte arabe, Paris, 1965, p. 124.
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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se creuse de cinq portes 2 et abrite un souk hebdomadaire très prospère. Al-Bakrî
précise, en outre, que cet édifice religieux comporte cinq nefs et se situe à proximité
de la mer dont les vagues atteignent les murs pendant les périodes de tempête 3 . Les
dires d’al-Bakr? concernant l’édifice sont entièrement reprises et confirmées, quatre
siècles plus tard, par le géographe arabe Ibn ‘Abd al-Mun‘im al-Himyarî dans son
Rawd al-Mi‘târ 4 .
La grande mosquée d’al-Basra
Abû ‘Ubayd al-Bakrî qualifie al-Basra 5 de madîna et note que celle-ci est
circonscrite dans une enceinte bâtie en pierre et terre (tûb) et percée de dix portes. Il
écrit que la ville dispose d’une grande mosquée qui renferme sept nefs 6 . Toutefois,
l’auteur ne fournit aucun détail historique sur l’édifice et se contente de signaler que
celui-ci se dresse à proximité de deux hammams.
La grande mosquée de Jrâwa Maknâsa
Dans sa description de Jrâwa Maknâsa 7 , Abû ‘Ubayd al-Bakrî souligne l’existence
d’une grande mosquée dans cette localité, la décrit très sommairement, et note que ce
jâmi‘ se compose de cinq nefs dont les arcs sont supportés par des colonnes en pierre 8 .
Il qualifie Jrâwa Maknâsa de madîna et signale que celle-ci fut fondée en 259 H./ 872
J.C. par l’émir idrisside Abû al-‘Aych ‘Îsâ Ibn Idrîs Ibn Muhammad Ibn Sulaymân Ibn
‘Abdallâh Ibn Hassan. Outre le Jâmi‘, la ville renfermait cinq hammams qui étaient
implantés à l’intérieur d’une enceinte en briques (tûb) 9 .
Les mosquées primitives de Fès :
Les indications relatives aux grandes mosquées de Fès concernent quatre édifices,
à savoir jâmi‘ al-Achyâkh, Jâmi‘ al-Churafâ’, Jâmi‘ al-Qarawiyîn et Jâmi’ al-Andalus.
2 Ibn Hawqal souligne dans sa configuration de la terre (S?rat al-Ard) que cette enceinte est bâtie en pierre et
suspendue au sommet d’une falaise qui s’étend de l’Océan au continent du Maghreb, cf. A. Siraj (1995), L’image
de la Tingitane, l’historiographie arabe médiévale et l’antiquité nord-africaine, Collection de l’Ecole Française de
Rome, n° 209, Rome, p. 80.
3 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Op. cit…, p. 111.
4 Muhammad Ibn ‘Abd al-Mun’im Al-Himyarî, Al-Rawd al-mi’târ fî khabar al-aqtâr, Dâr al-’ilm li al-tibâ’a, Liban,
1975, p. 42.
5 Al-Charîf al-Idrîsî situe la ville d’Al-Basra à moins d’une étape, à dos de monture, de Tuchummuch et note que
celle-ci est une ville moyenne, pourvue d’un rempart peu solide et autour de laquelle existent des villages et des
fermes où l’on cultive du blé et autres céréales, cf. Al-Idr?s?, Le Ma?rib au 12e siècle de l’hégire …, p. 168-169.
Pour plus de détails sur cette ville, cf. Jean Léon l’Africain, Description de l’Afrique…, p. 259.
6 Abû ‘Ubayd Al-Bakrî, Op. cit…, p. 110.
7 Selon Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la localité de Jrâwa Maknâsa se situe à l’est de Fès sur l’itinéraire reliant Fès à
Kairouan, cf. Ibid., p. 142.
8 Ibid. p. 142
9 Ibid. p. 142
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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• La mosquée d’al-Achyâkh :
Si l’on en croit Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la mosquée d’al-Achyâkh fut construite par
le prince Idrîs II (187-213 H./803-829 J.C.) dans la cité ancienne des Andalous à Fès.
L’auteur ne précise pas la date exacte du commencement des travaux de construction
du jâmi‘, mais nous apprend, par contre, que le noyau primitif de cette cité fut fondé
par le même prince vers 192 H./807 J.C. 10 . L’édifice aurait été élevé dans la même
année que la fondation du noyau primitif du quartier des Andalous: il renfermait six
nefs transversales au mur de qibla, qui se dirigent de l’est vers l’ouest, et il possède un
grand sahn qui fut planté d’arbres et était alimenté en eau par la seguia de Masmûda 11 .
Les récits d’Ibn Abî Zar‘ al-Fâsî et de ‘Alî al-Jaznâ’î au VIIIe/XIVe siècle concordent
bien avec le témoignage d’Abû ‘Ubayd al-Bakrî sur la date de fondation de jâmi‘ al-
Achyâkh. Les deux auteurs relatent, en outre, que celui-ci abrita la prière et la khutba
du vendredi tout au long de l’époque idrisside. Toutefois, l’édifice perdit beaucoup de
son importance historique et devint au début du IVe/IXe siècle un simple masjid de
quartier sous les Zénètes. Ce fut l’émir chiite Hâmid Ibn Hamadân al-Hamadânî,
gouverneur de Fès pour le compte du prince fatimide ‘Ubayd Allâh al-Chî‘î, qui décida
de cesser la célébration de la prière du vendredi dans cette mosquée vers 321 H./ 933
J.C., et transféra la khutba à la mosquée des Andalous 12 .
• La mosquée d’al-Churafâ’ :
Selon le témoignage d’Abû ‘Ubayd al-Bakrî, la mosquée d’al-Churafâ’ fut fondée
par le prince Idrîs II dans la cité ancienne des Kairouanais à Fès (‘adwat al-Qarawiyîn).
Comme pour celle de la rive des Andalous, l’auteur ne précise pas la date exacte de
l’édification de cette mosquée idrisside, mais rapporte que les travaux de construction
de la cité de la rive gauche commencèrent vers l’année 193 H./ 808 J.C., c’est-à-dire
un an après la fondation de l’ancien quartier des Andalous (‘Adwat al-Andalus) 13 .
L’édifice aurait été bâti dès les débuts de ces travaux et pourrait, par conséquent, dater
de 193 H./ 808 J.C. Abû ‘Ubayd Al-Bakrî nous apprend également que cet ancien jâmi‘
renfermait trois nefs transversales allant de l’est à l’ouest, et disposait d’un sahn de
grandes proportions qui était planté d’arbres d’oliviers et bordé de galeries. Les dires
d’al-Bakrî furent corroborées, trois siècles plus tard, par Ibn Abî Zar‘ al-Fâsî dans son
Rawd al-Qirtâs et ‘Alî al-Jaznâ’î dans son Zahrat al-âs. Les deux historiens de Fès
10 Abû ‘Ubayd al-Bakrî, Op. cit., (texte arabe), p. 115-116.
11 Ibid., p. 116.
12 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Al-Anîs al-mutrib birawd al-qirtâs fî mulûk Al-Maghrib wa târîkh madînat Fâs, Dâr al-
Mansûr li al-tibâ’a wa al-wirâqa, Rabat, 1972-1973, p. 54-55 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Zahrat al-âs fî binâ’ madînat Fâs,
Imprimerie Royale, Rabat, 1991, p. 45 et 92.
13 Abû ‘Ubayd al-Bakrî, Desription..., texte arabe, p. 115-116.
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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rapportent, en outre, que l’édifice gardait la fonction de grande mosquée (masjid jâmi‘)
et abritait la prière et la khutba du vendredi durant toute l’époque idrisside 14 .
Sous les Zénètes, la grande mosquée d’al-Churafâ’devint trop étroite pour contenir
le nombre sans cesse en augmentation des fidèles. Pour cette raison, racontent les
chroniqueurs, le chiite Hâmid Ibn Hamadân al-Hamadânî, le gouverneur du prince
fatimide ‘Ubayd Allâh al-Chî‘î, décida de ne plus organiser la prière et la khutba du
vendredi dans ce jâmi‘ vers 321 H./933 J.C. Le jâmi‘ al-Churafâ’ devint donc une
simple mosquée de quartier et sa khutba fut transférée à la nouvelle mosquée de la
Qarawiyîn 15 .
• Les mosquées de la Qarawiyîn et d’al-Andalus à Fès :
Les mosquées d’al-Qarawiyîn et d’al-Andalus sont l’œuvre de deux sœurs, Fâtima
al-Fihriya pour la première, et Maryam al-Fihriya pour la seconde. Les travaux de
construction de la Qarawiyîn furent entamés au mois de ramadan de l’année 245 H./
859 J.C. Ceux de la mosquée d’al-Andalus n’ont débuté qu’un an plus tard. Le
bâtiment dont les matériaux de construction furent extraits du sol même du terrain,
comptait à l’époque 150 empans de l’est à l’ouest. Il va d’ailleurs constituer le noyau
primitif de la célèbre mosquée al-Qarawiyîn. L’oratoire dessine un quadrilatère
régulier, plus large que profond dont la salle de prière renfermait quatre nefs parallèles
au mur de la qibla. Sous les Zénètes, l’édifice subit des travaux d’agrandissement sur
ordre de l’émir Ahmad Ibn Abî al-Sa‘îd (345 H./956 J.C.) pour le compte du calife
omeiyyade de Cordoue, ‘Abd al-Rahmân al-Nâsir. Sa superficie fut presque doublée
en profondeur comme en largeur. Les quatre nefs furent prolongées de quatre travées
à l’ouest et de cinq travées à l’est. Trois autres nefs furent ajoutées sur l’emplacement
de la cour et du minaret de la mosquée de fatima (245H/859 J.C.), en suivant le modèle
de la mosquée primitive. Au XIIe siècle, l’émir almoravide Alî Ibn Yûsuf fit agrandir
la mosquée zénète en direction de la qibla de trois nefs transversales, respectant ainsi
la disposition du plan primitif de l’édifice.
La mosquée de la Qarawiyyîn se caractérise ainsi par la présence de nefs parallèles au
mur de la qibla, à l’image de sa contemporaine, la mosquée des Andalous, érigée sur
l’autre rive et œuvre de Maryam al-Fihriya (sœur de Fâtima) (Fig. 1). La salle de prière
de cette dernière mosquée est plus large que profonde. Elle se compose de sept nefs
parallèles au mur de la qibla, recoupées au centre par une nef médiane à sept travées qui
sont délimitées par des piliers à quatre dosserets. Précédant la salle de prière, le sahn
dessine un plan trapézoïdal. Il est doté d’une vasque d’ablutions qui se trouve dans le
14 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Al-Anîs, p 54 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Zahrat al-As..., p. 25 et 46.
15 Ibn Abî Zar’ al-Fâsî, Op. Cit., p. 55 ; ‘Alî Al-Jaznâ’î, Op. Cit., p. 46.
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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même axe de symétrie que la nef axiale et le mihrab à plan pentagonal de la salle de
prière. Ses côtés est et ouest sont bordés par deux galeries à multiples nefs.
Bâtie à l’époque du calife almohade al-Nâsir, la salle d’ablutions-latrines se trouve
à l’extérieur du bâtiment. Elle constitue ainsi une entité isolée par rapport aux autres
masses architecturales de la mosquée. De forme sensiblement rectangulaire, la cour de
cette dâr al-wudû’ est pourvue au centre d’un bassin rectangulaire occupant une grande
surface, et entourée de plusieurs latrines.
1-1 La première école : les salles de prière à nefs transversales
(parallèles au mur de la qibla) :
Les mosquées monumentales des villes impériales, et plus particulièrement celles des
dynasties idrisside, almoravide et almohade, ont été longuement décrites et analysées. Les
deux célèbres mosquées de Fès, al-Qarawiyîn et al-Andalus, ont fait l’objet de plusieurs
études et monographies menées par H. Terrasse 16 et par L. Golvin 17 . Le premier
consacre, avec H. Basset, une étude aux « sanctuaires et forteresses almohades » dont
les premiers résultats ont été publiés dans les premiers volumes de Hespéris avant de
paraître dans un ouvrage abondamment illustré 18 . En 1971, H. Terrasse récidive et
publie une monographie entièrement consacrée à la grande mosquée de Taza 19 . B.
Maslow établit, au début des années 30 du siècle dernier, un inventaire des mosquées
de Fès et du Nord du Maroc 20 . A la même époque, J. Caillé, dans une thèse consacrée
à la ville de Rabat, étudie toutes les mosquées de la ville depuis sa fondation jusqu’au
protectorat français 21 . A partir de 1980, suivront d’autres travaux sous forme de thèses
académiques : la première est consacrée aux oratoires de quartier de la ville de Fès 22 ,
la seconde aux mosquées de Moulay Slimane 23 et la dernière à celles de la ville de
Meknès 24 .
De ces recherches consacrées à l’analyse des plans et des masses architecturales et
décoratives des grandes mosquées marocaines, se dégagent deux grandes écoles
16 H. Terrasse, la mosquée al-Qaraouiyine à Fès, Archéologie méditerranéenne, III, C. Clincksieck, Paris, 1968 ; H.
Terrasse, La mosquée des Andalous à Fès, éditions d’art et d’histoire, Paris, 1942.
17 L. Golvin, Essai sur l’architecture religieuse musulmane, 4 tomes, éditions Klincksieck, Paris, tome 4, 1979.
18 H. Basset & H. Terrasse, Sanctuaires et forteresses almohades, coll. Hesperis, I.H.E.M., Larose éditeur, Paris,
1932.
19 H. Terrasse, «la grande mosquée de Taza», les éditions d'art et d'histoire, Paris, 1971.
20 B. Maslow, Les mosquées de Fès et du Nord du Maroc, les éditions d'art et d'histoire, Paris, 1937.
21 J. Caillé, La ville de Rabat jusqu'au protectorat français, Paris, 1949.
22 A. Touri, Les oratoires de quartier à Fès: essai d'une typologie, thèse de doctorat de 3ème cycle, université de
Paris-Sorbonne (Paris IV), 1980.
23 M. Mghari, Les mosquées de Moulay Slimane, thèse de doctorat de 3ème cycle, université de Paris-Sorbonne
(Paris IV), 1986.
24 A. El khammar, Mosquées et oratoires de Meknès (IX-XVIII siècles) : Géographie religieuse, architecture et
problème de la qibla, Thèse de doctorat nouveau régime, Université Lumière-Lyon II, 2005
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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architecturales: la première a adopté une salle de prière à nefs transversales ou parallèles au
mur de la qibla et la seconde s’est développée en optant pour une disposition
perpendiculaire (longitudinale) au mur de la qibla.
Par leurs formes, les mosquées de la Qarawiyîn et d’al-Andalus à Fès s’inspirent
des grandes mosquées omeyyades de l’Orient, notamment celle de Damas (Fig. 1).
Elles sont les seuls édifices religieux qui nous renseignent sur l’architecture et le décor
des premiers siècles de l’Islam au Maroc. On a donc tout lieu de croire que les nefs
transversales faisaient école dans les mosquées primitives du Maroc.
Cette organisation spatiale est adoptée, par la suite, par plusieurs mosquées
médiévales et post-médiévales du Maroc. Citons, entre autres, les mosquées de
Meknès à travers toutes les époques historiques (la mosquée almoravide d’al-Najjârîn,
la grande mosquée almohade (al-jâmi‘ al-Kabîr), la mosquée mérinide de Tûta, les
grandes mosquées alaouites d’al-Zaytûna et d’al-Rwâ, pour ne citer que les plus
célèbres d’entre ces mosquées), les mosquées mérinides d’al-Zhar à Fès et de la
nécropole de Chella, et les mosquées alaouites d’al-Rsîf et de Bâb al-Gîsa à Fès, et de
Mûlây Slîmân à Rabat.
1-2 La seconde école : les salles de prière à nefs longitudinales :
A côté de cette école architecturale qui perpétue le souvenir lointain de la grande
mosquée de Damas existe une autre tendance : celle de la salle de prière hypostyle à
nefs perpendiculaires au mur de la qibla. Cette ordonnance s’apparente à celle de la
mosquée d’al-Aqsâ à Jérusalem et semble arriver au Maroc à travers les mosquées de
l’Ifriqiya et d’al-Andalus, notamment la grande mosquée de Kairouan et la grande
mosquée de Cordoue. Elle se manifeste dans le plus grand nombre des mosquées
almohades et dans quelques mosquées mérinides et saâdiennes.
• La tendance almohade :
La grande mosquée de Tinmal :
Placée chronologiquement après la Kutubiya primitive, la grande mosquée de
Tinmal fut édifiée par le calife ‘Abd al-Mûmin vers 1153 J.C (Fig. 2). Cette mosquée,
plus large que profonde, renferme une salle de prière à neuf nefs longitudinales et une
cour barlongue, de petites dimensions, délimitée par deux galeries que forme le
prolongement des deux nefs extrêmes de chaque côté de la salle de prière. Le
“transept” de la qibla est recouvert par trois coupoles. Cette nef transversale détermine
avec la nef axiale un plan en T et, avec les nefs extrêmes, un dispositif en forme de U.
Tout souligne dans ce plan l’importance du mur de la qibla et du mihrab. Celui-ci
devient le centre de toute l’ordonnance architecturale et décorative. La hiérarchie du
décor almohade met en valeur le mihrab et ses abords.
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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L’entrée à cette mosquée se fait par sept portes. La porte principale, percée dans le mur
nord, se trouve dans le même axe de symétrie que la nef centrale et le mihrab. Précédées
par des porches en saillie, les six autres portes sont symétriquement creusées dans
l’épaisseur des murs latéraux. Le minaret est exceptionnellement de forme rectangulaire.
Il est implanté en arrière du mihrab et fait donc saillie sur le mur de la qibla.
La mosquée de la Kutubiya
En 541 H./1147 J.C., ‘Abd al-Mûmin commença les travaux de construction de la
mosquée de la Kutubiya de Marrakech. Peu d’années après sa fondation, cette première
mosquée fut détruite et remplacée par la Kutubiya actuelle (553 H./1158 J.C.). Les
raisons d’un tel acte sont loin d’être clairs, mais pourraient s’expliquer par la mauvaise
orientation du mihrab par rapport à l’axe de la Ka‘ba. Or, les maîtres-maçons n’ont pas
réussi à corriger cette erreur, et l’ont même aggravée en orientant vers le Sud le mihrab
de cinq degré de plus que ne l’était le mihrab de la Kutubiya primitive.
Quoi qu’il en soit, la Kutubiya actuelle, de forme trapézoïdale, se compose
principalement d’une salle de prière plus large que profonde, précédée d’une cour
barlongue bordée de deux galeries à quatre nefs. La salle de prière compte dix-sept
nefs perpendiculaires au mur de la qibla, dont celle du centre est plus large que les nefs
latérales. Couvert par cinq coupoles, le “transept” de la qibla est de même largeur que
la nef médiane. L’entrée à la mosquée se fait par huit portes latérales, creusées dans les
murs est et ouest, qui font vis-à-vis. Le minaret est de forme carrée et se dresse dans
l’angle nord-est de la mosquée comme c’est le cas des mosquées almoravides
algériennes et de la mosquée almohade de Taza.
La mosquée de Hassan
Fondée par le calife Abû Yûsuf Ya‘qûb en 1191 J.C., la mosquée de Hassan est
considérée comme le plus grand bâtiment de l’Occident musulman médiéval et l’un
des plus grands en terre d’Islam (185 mètres de longueur sur 140 mètres de largeur).
Sa superficie atteint presque 25 000 m 2 . elle est circonscrite dans une enceinte
flanquée de contreforts et percée de 14 portes qui y donnent accès.
La salle de prière épouse une forme sensiblement carrée et comporte 21 nefs
longitudinales et 3 nefs transversales longeant le mur de la qibla, interrompues au
centre par une nef médiane (Fig. 4). La nef centrale et les deux nefs extrêmes sont
beaucoup plus larges que les autres. Cette salle est munie de deux cours latérales
symétriques de forme barlongue qui se déploient sur la largeur de trois nefs et sur la
longueur de huit travées. Ils sont certainement aménagés dans le but d’assurer
davantage d’éclairage et de ventilation à l’édifice, et évoquent, par leur ordonnance, le
souvenir de la mosquée fatimide de Mahdiya. Les sahns multiples sont donc un des
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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caractères distinctifs des mosquées de la fin du 12e siècle : on les retrouve également
dans la mosquée de la Qasba almohade à Marrakech (Fig. 3) et dans la grande mosquée
de Ya’qûb al-Mansûr à Salé.
Le sahn principal, de forme barlongue, s’étend sur la largeur de 11 nefs et sur la
largeur de cinq travées. La nef médiane sert d’axe de symétrie pour cette cour qui est
bordée par deux galeries latérales. Au centre du mur nord et en face du mihrab se
dresse le minaret qui rappelle, par cet emplacement, les minarets de la grande mosquée
de Kairouan et de la mosquée de la Qarawiyîn (mosquée primitive) à Fès et la mosquée
almoravide de Tlemcen.
Par leur organisation spatiale, ces salles de prière des mosquées almohades se
rattachent aux traditions maghrébines et andalouses des périodes antérieures. Elles
reproduisent quelques éléments caractéristiques des mosquées almoravides d’Algérie
(Nédroma, Tlemcen et Alger). Les nefs sont dirigées perpendiculairement au mur de la
qibla et s’inspirent ainsi, par cette disposition, des mosquées tunisiennes de Kairouan,
Zaytûna et Sfax, et des mosquées andalouses de Cordoue et Madînat al-Zahrâ’.
En revanche, ces mosquées se distinguent de leurs antécédentes par plusieurs points
originaux. D’une symétrie frappante, elles sont marquées par un plan en T qui s’obtient
par la rencontre de la nef axiale et la nef transversale longeant le mur de la qibla. Les
deux nefs, responsables de ce dispositif, sont beaucoup plus larges et décorées que les
autres. Le mihrab sert, par conséquent, de point central et d’axe de symétrie du plan en
T et de l’édifice tout entier. Une telle disposition met en valeur l’importance de la nef de
la qibla qui se signale également par la présence de plusieurs coupoles, l’une devant le
mihrab et les autres étant disposées de part et d’autre de la coupole centrale. Les maîtres
maçons almohades adoptèrent ce système dans le but de rehausser le mur de la qibla. La
présence de trois ou cinq coupoles au chevet ne détermine pas le plan des mosquées
almohades ; elles ne sont qu’un embellissement. Leur construction ne soulève aucun
problème architectonique. Leur décor de plâtre léger, accroché à une armature de briques
et de bois, n’exerce presque aucune poussée sur les murs qui les supportent. Coupoles,
nefs majeures, ne sont pas à vrai dire des éléments architecturaux.
Un autre trait distinctif de ces mosquées almohades est la multiplication et la
disposition symétrique des portes latérales qui se font vis-à-vis et sont précédées par
des avants-corps proéminents.
Quant aux organes de support, les Almohades firent recours aux piliers,
généralement de brique, pour la retombée des arcs. Seule la mosquée de Hassan à
Rabat nous offre un exemple probant de l’emploi de colonnes à tambours de pierre.
L’utilisation de la pierre dans cet édifice pourrait s’expliquer par la proximité de Rabat
des carrières de Salé. Dans les autres mosquées, la colonne de marbre est réservée aux
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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parties qui occupent une place de choix dans l’architecture de ces édifices, en
particulier le mihrab. Les piliers almohades sont caractérisés par les colonnettes
engagées qui se disposent suivant le sens et le nombre d’arcs qu’elles supportent. Leur
forme varie suivant leur emplacement dans le bâtiment. Ils affectent des formes carrées
ou rectangulaires dans les nefs latérales et se compliquent dans les parties qui sont
mises en valeurs : la nef médiane, la nef transversale de la qibla, la “galerie-nartex”
marquant la transition entre la salle de prière et le sahn. On note l’emploi de piliers à
un dosseret en forme de T, de piliers à deux dosserets à plan cruciforme et de piliers à
décrochements multiples.
Dans les arcades de ses mosquées, aux grands arcs de ses portes, aux baies de ses
minarets, l’art almohade emploie presque toujours l’arc brisé outrepassé. A l’oratoire
de la Kutubiya, les arcades des nefs ont, avec une absolue pureté de lignes, autant de
largeur que d’élan. Ils sont disposés suivant une exacte et expressive hiérarchie : dans
les nefs communes, des arcs lisses ; sous les coupoles et à l’entrée des nefs qui y
conduisent, des arcs floraux à lambrequins ; entre le transept et les nefs communes ou
dans le prolongement de la limite du sahn, des arcs lobés simples ou tréflés.
• La tendance mérinide :
La tradition des nefs longitudinales (perpendiculaires) s’observent également dans
plusieurs mosquées mérinides, comme celles de Fâs Jdîd et d’al-Hamrâ à Fès et de
Jami’ al-Kbir à Rabat (Fig.5).
La grande mosquée de Fâs Jdîd :
Dans l’état actuel de nos connaissances, la première mosquée édifiée par le
pouvoir mérinide est celle de Fâs Jdîd (Fig.6). Les chantiers de construction de ce
jâmi‘ commencèrent, d’après l’auteur de la Dhakhîra al-Sâniya, au mois de
Chawwâl de l’année 674 H/1275 J.C. et furent terminés au mois de ramadan de l’année
677 H./1278 J.C.
D’une régularité remarquable, cette mosquée s’inscrit dans un rectangle de 53m de
profondeur sur 33m de large. La salle de prière embrasse une forme presque carrée et
compte sept nefs longitudinales dont la nef centrale forme avec la “nef-transept” de la
qibla un plan en T. Deux coupoles s’élèvent dans l’axe de cette salle, l’une devant le
mihrab et l’autre à la limite de la “galerie-nartex”, dispositif qui nous rappelle la
grande mosquée de Kairouan. Plus large que profonde, la cour est encadrée par des
galeries et pourvue au centre d’un bassin d’ablutions. Dans ce sahn, la qibla est
indiquée par une échancrure pratiquée dans le seuil d’accès à la salle de prière. Le
minaret se dresse dans l’angle nord-ouest de l’édifice. A ces masses architecturales
s’ajoute une salle funéraire (jâma‘ al-janâ’iz), située derrière le mur de la qibla.
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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La mosquée al-Hamrâ :
Dans la même ville de Fâs Jdîd, le sultan Abû al-Hasan (1331H-1351 AP.J.C.) fonda
la mosquée d’al-Hamrâ, dont le plan d’ensemble est presque identique à ceux de la
grande mosquée et des deux mosquées mérinides de Tlemcen, à savoir celles d’al-
Ubbâd et de Sîdî al-Halwî. De dimensions réduites, cette mosquée se déploie selon un
rectangle plus profond que large, et se compose essentiellement d’une salle de prière,
d’une cour, d’un minaret et d’une salle funéraire. La salle de prière, légèrement plus
large que profonde, compte cinq nefs longitudinales presque de même largeur qui
débouchent sur la travée-nef de la qibla. De part et d’autre du mihrab, s’ouvrent la
chambre de l’imam et la salle du minbar. En arrière de la partie sud-est de la qibla se
dresse une salle destinée à la réception des cercueils des morts. Devant le mihrab s’élève
une coupole dont l’emplacement évoque le souvenir des mosquées almoravides.
Précédant la salle de prière, la cour affecte une forme un peu plus large que profonde,
munie au centre d’une vasque d’ablutions et encadrée par des galeries qui ne sont que
le prolongement des nefs extrêmes. Dans le même axe que le mihrab, une cavité
polygonale est entaillée dans le seuil d’accès à la salle de prière, orientant vers la qibla
les fidèles accomplissant leur prière dans le sahn. Le minaret, à plan polygonal, occupe
l’angle nord-ouest du bâtiment, comme c’est le cas à la grande mosquée de Fâs Jdîd.
Les mosquées mérinides sont ainsi caractérisées par plusieurs traits distinctifs. Elles
sont, tout d’abord, le plus souvent beaucoup plus exigües que les mosquées fondées
par le pouvoir almohade. Les dimensions très réduites des mosquées datant de cette
époque s’expliquent peut-être par le budget limité consacré par l’Etat mérinide dont la
politique visait, en premier lieu, à édifier des madrasas dans la plupart des villes
marocaines. Contrairement aux mosquées almoravides et almohades, les mosquées
mérinides dessinent majoritairement des rectangles plus profonds que larges. Le sahn
n’affecte pas la forme d’un rectangle plus large que profond, mais s’inscrit dans un
quadrilatère presque carré. Les galeries qui l’encadrent sont formées par le
prolongement des deux nefs extrêmes de la salle de prière, et non pas par des nefs
multiples comme c’était le cas pour les mosquées almohades. D’autre part, l’accès à
ces édifices religieux se fait par le biais d’un nombre limité de portes qui sont, le plus
souvent, dissymétriques, à l’encontre des mosquées almohades. Les coupoles couvrant
“la nef-transept” des mosquées almohades se réduisent à une seule coupole installée
devant le mihrab dans les mosquées mérinides.
L’architecture des minarets mérinides ne va pas sans présenter des analogies avec
celle des minarets almohades. Le minaret de la Qasba de Marrakech est d’ailleurs celui
qui servira le plus certainement de modèle aux architectes des XIII et XIVe siècles.
Tout l’effort des artistes mérinides porta sur la décoration du minaret, et plus
particulièrement sur les jeux qu’introduit le zellige polychromé.
32
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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• La tendance saâdienne :
Partout au Maroc, les Saâdiens ont bâti un nombre considérable de mosquées.
Marrakech, leur capitale, garde encore les traces de deux grands édifices religieux
datant de cette période post-médiévale, à savoir la mosquée de Bâb Dukkâla et la
mosquée d’al-Muwâsîn. L’étude de ces deux monuments est susceptible d’éclairer
certaines des spécificités architecturales des mosquées saâdiennes.
La mosquée de Bâb Dukkâla :
Elle fut construite en 965 H./1557 J.C. par Lalla Mas’ûda, mère d’Ahmad al-
Mansûr (Fig. 7). La salle de prière compte sept nefs dirigées en profondeur et
constituées de quatre travées, plus deux nefs dirigées transversalement : l’une suivant
le mur de la qibla et l’autre longeant la façade sur la cour. Elles sont séparées par de
lourds piliers décorés de colonnes engagées, supportant des arcs monumentaux. Ici les
traditions almohades sont très visibles. Le transept a trois coupoles à l’image de la
mosquée almohade de Tinmal (Fig. 2) : une médiane au-dessus du mihrab et deux
latérales dans les angles.
Le sahn, à peu près carrée, est encadré de galeries simples. L’angle nord-est de cette
cour est occupé par le minaret dont le décor rappelle, une fois encore, celui du minaret
de la mosquée almohade de la Qasba à Marrakech (Fig. 3).
Si la proportion carrée de la cour s’affirme comme un legs de l’architecture des
mosquées mérinides, la multiplicité des coupoles et leur distribution sont le
développement plus ou moins logique du thème almohade, très vivace encore à
Marrakech.
La répartition des divers genres d’arcs contribue à enrichir les points importants de
la mosquée. Tandis que les nefs ne sont bordées que par de simples arcs en fer à cheval,
la coupole précédant le mihrab est portée par des arcs à muqarnas. Les tambours des
autres coupoles sont encadrés par des arcs bordés de petits lobes dans la partie
inférieure, de muqarnas au-dessus. Là encore la tradition almohade se manifeste
fortement.
La mosquée al-Muwâsîn :
D’après al-Ifrânî, la mosquée al-Muwâsîn fut construite par le sultan Mûlây
‘Abdallâh sur l’ensemble d’un ancien quartier juif entre 970 et 980 H./1562-1573 J.C.
Elle est de proportions plus amples que celle de Bâb Dukkâla, mais elle est plus simple
de plan (Fig. 8). L’oratoire se compose de sept nefs longitudinales qui aboutissent à
une nef transversale de la qibla dont les plafonds sont pareillement jalonnés de trois
coupoles ; la nef axiale étant un peu plus large que les autres. Un riche plafond de bois
va de la coupole du mihrab jusqu’à la ‘anza épigraphique. La nef-travée du mihrab a
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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le même beau plafond de bois, mais elle se termine à chaque extrémité par une
nouvelle coupole. Les nefs latérales se prolongent de chaque côté de la cour en une
galerie. Le mihrab est une copie de celui de la mosquée de la Qasba. C’est le même
dessin général, la même disposition des riches chapiteaux et leur même nombre, les
mêmes caractères coufiques des inscriptions, les mêmes ouvertures de part et d’autre
de la retombée des arcs. La tradition almohade se rencontre aussi dans les plafonds qui
témoignent encore d’une habileté incontestable et constituent la plus belle des réussites
du sanctuaire. La cour est carrée. Le minaret se décroche en saillie sur la façade à
l’angle nord-ouest.
En fait, les deux mosquées de Bâb Dukkâla et de Muwâsîn s’inspirent, par leur
disposition architecturale et leur ordonnance décorative, des mosquées almohades,
notamment celles de la Qasba à Marrakech, de la grande mosquée à Taza et de celle de
Tinmal : le plan en T, la répartition des coupoles sur la nef de la qibla, le décor du
mihrab et du minaret. En revanche, les deux bâtiments offrent des particularités. La
salle de prière a diminué de profondeur au profit du sahn qui prend à cette époque des
proportions beaucoup plus importantes que celles des sahn-s médiévaux. Cette
tendance deviendra trop apparente dans les mosquées alaouites comme à la mosquée
al-Rwa à Meknès (Fig. 9), la mosquée al-Rsif à Fès, les mosquées de Moulay Slimane
(Fig. 10) et d’al-Sunna à Rabat. Le nombre des nefs se réduit et oscille entre deux et
quatre nefs. Celles-ci sont parallèles au mur de la qibla, une disposition qui marque un
retour au plans anciens, ceux de la mosquée du Prophète à Médine, de la mosquée
omeyyade à Damas et des deux mosquées al-Karawiyin et al-Andalus à Fès. La nef
axiale perd la majesté dont elle a hérité depuis des siècles. Les sahn-s des mosquées
saâdiennes et alaouites, contrairement à ceux des mosquées médiévales qui restent de
proportions moins importantes, se développent et perpétuent, par leurs dimensions
grandioses, le souvenir lointain des grands sahn-s des mosquées de l’Orient musulman
médiéval. Leur superficie s’est agrandie au détriment de celle de la salle de prière dans
les mosquées chérifiennes, et plus particulièrement à partir du XVIIIe siècle. Les
exemples les plus éloquents à cet égard sont représentés par la mosquée de Ben Yûsuf
à Essaouira, la grande mosquée de Tétouan (œuvres du sultan alaouite Mûlây Slîmân),
et notamment par la mosquée alaouite d’al-Rwâ à Meknès (époque du sultan Sîdî
Muhammad Ibn ‘Abdallâh) dont le sahn occupe environ les deux tiers de la superficie
totale de l’édifice.
2 - Eléments pour une mosquée marocaine-type
Quelle que soit la disposition des nefs, celles-ci sont couvertes, dans la quasitotalité
des mosquées marocaines, de toits en bâtière. Au mur du fond de la salle de
prière, se creuse le mihrab qui indique la direction de la ka‘ba, et prend, dans la
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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majorité des cas, la forme d’une niche à section polygonale. Le mihrab occupe
généralement le centre du mur de la qibla, et se trouve dans le même axe de symétrie
que la porte médiane de la salle de prière.
De part et d’autre du mihrab s’ouvrent habituellement deux salles, l’une est destinée
à la remise du minbar tandis que l’autre est réservée à l’imam. Une pièce est aménagée
derrière le mur de la qibla pour recevoir les cercueils des morts (bayt al-mawtâ ou
jâmi‘ al-gnâyz). Cet espace prend parfois la forme d’un véritable oratoire à nefs et
travées, comme c’est le cas dans quelques mosquées de Fès (la Qarawiyîn, al-Andalus
et al-Gîsa… etc.).
La salle de prière des mosquées se caractérise, en outre, par la présence de la
maqsûra, un enclos spécial réservé au souverain et son entourage, situé aux alentours
du mihrab. Elle prend la forme d’une loge délimitée par des cloisons en bois sculpté
ou peint. La partie centrale de cet enclos est percée d’une porte s’ouvrant directement
sur le mihrab.
La salle de prière de la quasi-totalité des grandes mosquées marocaines est précédée
d’un sahn à ciel ouvert qui occupe une place de choix dans l’architecture de ces
édifices religieux en raison du climat ensoleillé du Maroc. Le sol est légèrement
surbaissé par rapport à celui de la salle de prière dans le but de faciliter l’écoulement
des eaux pluviales. Il est pavé de carreaux de terre cuite (le zellij). Le centre en est doté
d’une vasque, le plus souvent en marbre, qui sert aux ablutions des fidèles. Celle-ci se
trouve généralement dans le même axe de symétrie que le mihrab, la nef axiale et la
porte principale de la mosquée. Les cours des mosquées antérieures aux mérinides
dessinent un rectangle plus large que profond, et sont bordées par des galeries
couvertes composées de nefs multiples. Celles des mosquées mérinides affectent
généralement une forme presque carrée, et les galeries qui encadrent le sahn sont
formées par le prolongement des deux nefs extrêmes de la salle de prière, et non pas
par des nefs multiples comme c’était le cas pour les mosquées almohades. A cette
époque, on constate l’emploi fréquent de ‘anza-s en bois qui s’accompagnent le plus
souvent d’une cavité polygonale ou circulaire taillée dans le seuil séparant le sahn de
la salle de prière. Ces échancrures servent de mihrabs secondaires vers lesquels les
fidèles faisant leurs prières dans la cour doivent se diriger.
Le minaret se trouve généralement à côté du sahn, et son emplacement diffère d’une
mosquée à une autre. Dans les mosquées almohades de Taza et de la Kutubiyya, il
occupe l’angle nord-est de la mosquée à l’image des mosquées almoravides
algériennes (Nédroma, Tlemcen et Alger). Dans la mosquée de la première Qarawiyyîn
à Fès et dans la mosquée de Hassan à Rabat, le minaret se dresse au centre du mur
nord, dans le même axe où se trouve le mihrab, comme c’est le cas de la grande
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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mosquée de Kairouan. Dans les mosquées mérinides de Fâs Jdîd, d’al-Hamrâ et d’Abû
al-Hasan, le minaret est implanté dans l’angle nord-ouest. A la mosquée almohade de
Tinmel, l’emplacement du minaret demeure original : il se dresse derrière le mur de la
qibla.
Certaines grandes mosquées sont pourvues d’une chambre pour le muwaqqit qui
s’élève sur la terrasse et se trouve le plus souvent accolée au minaret. Elle servait de
logement pour le muwaqqit, et abritait jadis des horloges, des astrolabes et des sabliers.
C’est une pièce très simple par son architecture : elle est carrée ou rectangulaire, et
couverte soit par une terrasse, soit par un toit en pente (barchla). Cette pièce n’est
apparue dans l’architecture des mosquées marocaines qu’à l’époque mérinide, car la
tâche du muwaqqit pendant la période antérieure était déléguée au muezzin de la
grande mosquée de la ville qui devait avoir des connaissances élémentaires en
astronomie. Celle de la Qarawiyîn paraît être la plus ancienne au Maroc ; si l’on en
croit l’auteur de la Zahrât al-âs, elle fut ajoutée à l’édifice vers 685 H./1286 J.C., à la
fin du règne du sultan mérinide Abû Yûsuf Ya‘qûb.
La salle d’ablutions-latrines (dâr al-wudû’) des grandes mosquées marocaines se
présente comme un bâtiment indépendant, implanté - pour une bonne partie d’édificesà
l’extérieur du jâmi‘, comme à la Qarawiyîn, à al-Andalus à Fès, à la grande mosquée
de Meknès, à jami’ Lakbir à Rabat et à la mosquée Mouassine à Marrakech, pour ne
citer que quelques exemples des plus célèbres. Les plus grandes d’entre ces salles
d’ablutions comportent une cour, le plus souvent de forme rectangulaire, occupée au
centre par un bassin et entourée par un ensemble de latrines.
Les mosquées post-médiévales se caractérisent, en outre, par la présence d’autres
annexes, formant ainsi des complexes : une madrasa, une bibliothèque, une école
coranique (msîd), une fontaine publique, un abreuvoir pour les bêtes, et parfois un
hammam.
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Conclusion :
Le présent travail a tenté de donner un aperçu sur l’organisation spatiale des
mosquées marocaines. Il ne peut avoir la prétention d’être exhaustif puisque nous ne
disposons pas encore d’études couvrant toutes les régions du pays et toutes les
réalisations des dynasties marocaines. Il s’est proposé d’étudier l’organisation spatiale
des mosquées marocaines au fil du temps selon une approche historico-archéologique
et a tenté de combler -dans la mesure du possible- un vide documentaire, dû à
l’insuffisance, voire la rareté des études de synthèse sur ces édifices religieux. Les
conclusions auxquelles nous sommes parvenus ne sont pas définitives et devraient
donc être complétées et nuancées par des recherches ultérieures. L’intérêt de notre
travail réside dans le fait qu’il fournit des éléments de réponse à certaines
interrogations et ouvre, en outre, de nouvelles pistes de recherches qui devraient porter
un éclairage particulier sur les mosquées anté et post-almohades (surtout saâdiennes)
et s’intéresser aux mosquées des petites villes et des régions rurales et lointaines. De
telles investigations permettront sans aucun doute d’approfondir nos connaissances
des espaces religieux encore insuffisamment connus, de dégager, bien évidemment,
une typologie quasi-complète des édifices en question et de relever leurs spécificités
architecturales et décoratives.
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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Fig. 1- Fès : Mosquée al-Karawiyin
Fig. 2- Mosquée de Tinmal
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Fig. 3- Marrakech : Mosquée al-Qasba
Fig. 4- Rabat : Mosquée Hassan
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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Fig. 5- Rabat : al-Jami' al-Kbir
Fig. 6- Fès Jdid : al-Jami' al-Kbir
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Fig. 7- Marrakech : Jami' Bab Doukkala
Fig. 8- Marrakech : Jami' al-Mouassine
Aperçu sur l’organisation spatiale des moquées marocaines
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Fig. 9- Meknès : Jami' al-Rwa
Fig. 10- Rabat : Jami' Moulay Slimane
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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LE MUR DE LA QIBLA ET LA NEF AXIALE
FONCTION ET SYMBOLIQUE
Introduction
Professeur Mina El Mghari
S.G. du Comité National Marocain de l’Education,
la Culture et les Sciences
Les mosquées 1 ont toujours représenté une partie intégrante du tissu urbain au Maroc 2 .
Lieux de réunion des fidèles, elles ont été de tout temps les édifices les plus importants
de la cité musulmane. Lieux dédiés à Dieu, elles sont de ce fait les bâtiments auxquels
on accorde le plus d’égards.
Selon les époques et les aires géographiques, l’architecture et le décor des
mosquées répondent à des styles spécifiques. Ils obéissent à des critères qui, dès le
VIIIe siècle, caractérisent l’ornementation islamique : goût du décor tapissant, de la
symétrie, de la stylisation et parfois de la couleur.
Le plan architectural de base d’une mosquée comporte une cour que prolonge une salle
de prière allongée, divisée en nefs disposées dans le sens de la largeur. L’orientation vers
la Mecque, qui diffère selon les époques 3 , est marquée par le mihrab qui se situe
généralement au centre du mur qibla. Les zones particulièrement mises en valeur sont le
mihrab 4 , parfois tout le mur-qibla et la nef centrale menant au Mihrab. La richesse
décorative des monuments dénote une immense force créatrice, qui puise dans des sources
multiples 5 . Nous allons à partir d’exemples de mosquées rappeler les caractéristiques de
ces zones particulièrement mises en valeur et essayer d’en approcher la symbolique.
1 PEDERSON «Masgid» in Encyclopédie de l’Islam. T.VI . Paris, 1991 pp. 629-695.
2 Sur quelques importants exemples de mosquées au Maroc cf:
- Boris MASLOW, Les mosquées de Fès et du Nord du Maroc
- Lucien GOLVIN, Essai sur l’architecture religieuse musulmane. T.IV l’art hispano - musulman. Série
Archéologie Méditerranéenne, n°V. Ed. Klincksieck. Paris, 1979.
3 Une excellente étude démontre les différentes orientations des mosquées marocaines cf:
Michael BONNINE, “ The sacred direction and city structure a preliminary analysis of the Islamic cities of
Morocco.” In “Muqarnas” 7,1990, p. 51 & map, p. 53.
4 Les spécialistes ont vainement tenté de retrouver et d’interpréter l’étymologie du mot mihrâb (pluriel mahârib).
Parfois le mot est rapproché de la racine arabe trilitère h.b.r. qui donne le sens de colère ou de lutte. La littérature
préislamique attribue au mihrâb divers sens : niche, rentrant, chambre, endroit le plus élevé et le plus important
dans un palais ou dans une chambre, ou encore espace séparant deux colonnes ou lieu de sépulture. Ces trois
derniers sens se sont maintenus au début de l’ère islamique.
5 Papadopoulo A., l’Islam et l’art musulman, Mazenod, 1976. (Magnifiques planches de mihrâb).
Introduction
43

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Etymologie d’un mot :
Le mot «mosquée» 6 , en arabe masjid, peut définir un simple oratoire (un masjid de
quartier, par exemple), mais aussi la grande mosquée, où toute la communauté des
croyants se réunit pour la prière liée à la khotba, et aussi à des actes politiques ou
militaires.
Masjid, en langue arabe, veut dire littéralement «le lieu où l'on se prosterne» et
désigne tout aussi bien le simple oratoire privé que la grande mosquée.
Caractéristiques de la mosquée
Il est difficile de dresser un portrait-type du monument le plus caractéristique de
l'islam, car les mosquées présentent dans leur ensemble une très grande diversité
architecturale.
Le premier masjid, exemplaire à plus d'un titre, a été celui que le Prophète
Muhammad avait fait aménager chez lui à Médine. Il était constitué d'une salle de
prière, couverte par une terrasse elle-même soutenue par des troncs de palmiers. Audelà
de la salle de prière s'étendait une vaste cour. Cet édifice, dont l'agencement a
servi de modèle aux mosquées ultérieures, avait avant tout pour fonction de permettre
à la communauté de se retrouver, une vocation que le terme conservera jusqu'à
aujourd'hui.
Dans les premiers temps de l'Islam, les territoires sacrés de la Mecque et d’Al Qods
sont désignés comme : al-masjid al –harâm et, al-masjid al-aqsa (al haram al-sharîf).
Et avec l'extension de la nouvelle religion, à partir de VIIe siècle, de très nombreux
masjid ont été édifiés en terre d’Islam.
La grande mosquée, al-masjid al-Jami’ s'est imposée comme le lieu où l'on célèbre
officiellement la prière du vendredi, précédée par le sermon (khotba) de l'imam. Pour
accueillir un maximum de fidèles, de nombreux édifices ont dû être étendus ou
modifiés au cours de leur existence.
Particularités architecturales des mosquées marocaines
Les mosquées historiques ont joué un rôle primordial dans la perpétuation des
particularités architecturales et artistiques 7 .
Des origines de l'islam au XVIe siècle, l'organisation spatiale de la grande mosquée
a considérablement évolué. Dès le VIIe siècle, le masjid comme simple oratoire privé,
6 TOURI Abdelaziz, Les oratoires de quartier à Fès. Essai d’une typologie. Thèse dactylographiée sous la direction
de Janine SOURDEL-THOMINE. Paris IV, 1980.
7 Joudia HASSAR-BENSLIMANE, Christian EWERT, Abdelaziz TOURI &J.Peter WISSHAK, «Tinmal 1981,
fouilles de la mosquée almohade» in : BAM.T. XIV, 1981-1982.,p.277-330.
44
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 45
et le masjid al-jami, sont clairement distingués. Le premier, l’oratoire de quartier, est
surtout un lieu de prière, tandis que le second est l'édifice public par excellence, le seul
à réunir un maximum de fidèles pour la prière commune.
Mais, outre un lieu de prière, la grande mosquée masjid al-jami est aussi un pôle
important du pouvoir temporel, car le prône qui précède la prière s'achève par la
mention du calife ou sultan pour lequel les fidèles présents demandent la grâce divine.
Le politique et le religieux y sont donc indissolublement liés.
La mosquée est sans doute le monument qui a donné naissance aux œuvres les plus
grandioses que la civilisation islamique ait léguées. En Occident musulman, Les
«grandes mosquées» de Kairouan, Cordoue, Marrakech, Séville et Rabat(Hassan) en
sont une belle illustration.
La grande mosquée de Cordoue, un puzzle complexe, juxtapose six périodes de
construction avant que Charles Quint ne la transforme en cathédrale.
Le plan de la salle de prière de la mosquée de Cordoue est celui d'une basilique 8 -
une nef axiale élargie entre deux groupes de cinq vaisseaux - achevée jadis par son
mihrâb. Cette caractéristique architecturale vient du monde antique, via l’exemple de
Damas au début du VIIe siècle.
Abd al-Rahman 1er, en élevant cette première mosquée de Cordoue avait ainsi
marqué son rôle d'émir. Parallèlement, une esthétique nouvelle était née, le modèle de
la mosquée de l’Occident musulman a été établi. Quatre coupoles nervées marquent
l’espace (maqsûra) réservé au calife.
Ce modèle est repris par les dynasties almoravide puis almohade au Maroc :
L’almoravide ‘Ali b. Yusuf d’abord, construit à Marrakech une grande mosquée sur
le modèle de Cordoue. Cette grande mosquée est détruite plus tard par les almohades
qui ont élevé à sa place la grande mosquée koutoubiyya. La Koutoubiyya est le
monument religieux le plus célèbre de Marrakech. Elle se distingue par son plan
innovateur qui donne une importance capitale au mur de la qibla.
Retenons seulement dans cet édifice deux éléments importants : le plan en «T» et
la maqsûra mécanique qui a marqué l’imaginaire des auteurs de la période 9 .La nef
centrale, plus large que les autres, est ponctuée de dômes. Elle se joint au large
vaisseau longeant le mur qibla qui est marqué également par cinq coupoles faites
d’encorbellements successifs de «muqarnas».Cet agencement était apparu à Kairouan
en 836 de l’ère chrétienne 10 .
8 SAUVAGET, Jean, La mosquée Ommeyade de Médine, Edition Van Oest, 1947.
9 Al Murrakuchi, Al hullal al mushiyya.,p.120.
10 Voir Schéma en annexe.
Introduction
45

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 46
Source : Brigitte Hintzen-Bohlen, Art et Architecture : Andalousie, Cologne, 1999. p.443
Les astuces liant architecture et politique prouvent que l’art monumental était
devenu un langage et, par là, un moyen au service du pouvoir.
Selon un auteur de l'époque 11 , c'est à la grande mosquée qu'avait lieu la cérémonie
de remise des étendards.
Au-delà de son aspect monumental et de ses dimensions imposantes, la grande
mosquée présente quelques caractéristiques essentielles que l'on retrouve fréquemment
dans les édifices d’époques ultérieures
La Mosquée au temps de Hassan II
D’importants monuments sont édifiés durant le règne de feu Hassan II. Ils
s'inscrivent dans la tradition des monuments religieux, dans les étapes de leur histoire,
dans la recherche de l'art architectural, en le portant au sommet de sa gloire, en le
renouvelant, en l'adaptant aux moyens qui lui permettent de s'émanciper de l'empreinte
des villes d'un autre âge.
La disposition des nefs dirigées en profondeur, perpendi-culaires au mur de la
Qibla, disposition dite "basilicale" qu'avait déjà adoptée les mosquées du XII ème siècle,
se perpétuera dans les mosquées de cette période. Avec le règne de feu Hassan II, naît
au Maroc une profusion de projet novateur qui permet de retrouver, les ambitions des
plus grands bâtisseurs.
11 Ibn Hayyan.
46
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 47
Les mosquées de cette période
marquent indéniablement la continuité
d'un art ancestral renouvelé et portent le
signe d'innovations dues non seulement à
des raisons techniques mais aussi à la
féconde exploration de nouvelles
possibilités esthétiques.
A cet état, nous relevons comme
innovations et particula-rités de cette
période, les galeries extérieures et les
sahns couverts de dômes mécaniques.
C’est la vocation double de la grande
mosquée qui explique la variété formelle
des espaces et caractéristiques
architecturales.
A cet égard on a déjà beaucoup écrit
sur la structure d'une mosquée typique.
Mais en y découvrant le rôle primordial
d'une nef médiane élargie, surélevée, tout particulièrement ornée, qui dominait, on saisit
les rapports de l'édifice ainsi conçu avec les salles d'audience palatine, de formule
également basicale, que les souverains omeyyades avaient rencontrées dans les
traditions antérieures pour abriter tout cérémonial aulique: ce fut en s'efforçant d'imiter
de telles constructions qu'ils finirent par ajouter à la mosquée si simple, voulue jadis par
le Prophète, la note d'édifice souverain qu'elle n'allait ensuite plus jamais perdre.
L’axe central, autour duquel s'ordonna son évolution ultérieure, de manière à
accueillir le déploiement des cortèges souverains et non plus seulement les rangées de
fidèles s'alignant pour la Prière face à la direction de la Mekke mais cet axe fut complété
de la présence d'un mihrab, réplique réduite de l'abside palatine, et celle d'un minbar
servant à l'origine de trône encore plus que de chaire: c'était là que le calife se tenait
lorsqu'il s'agissait d'accomplir l'acte le plus solennel de son règne, la réception du
serment d'allégeance prêté par les membres éminents de la communauté; c'était là encore
que lui-même ou son représentant prenaient la parole pour ces allocutions politiques ou
religieuses où s'affirmait la destination essentielle des mosquée à khotba. C’est ce qui
explique que les mosquées à khotba étaient des monuments d'abord urbains, bâtis au
nombre d'un seul par localité, variant de surface selon l'importance de l'agglomération
dont ils devaient pouvoir accueillir toute la population mâle musulmane.
Un évident recours à des habitudes plus anciennes avait permis l'équilibre savant du
Introduction
47

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 48
Source :Golvin lucien, L’architecture
48
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
plan rayonnant de la mosquée, de son
élévation non moins savante à partir de
calculs et de constructions géométriques
reconstituables, l'organisation enfin de
son décor amorçant une recherche qui
n'allait cesser de s'amplifier. Ce sont les
premiers exemples, les grandes mosquées
(Damas ou de Médine) qui tracèrent un
programme architectural, qui s’est
perpétué sous forme de grande mosquée
dans le reste du monde islamique et que
nous venons d'évoquer.
Source : Atelier Histoire d’architecture Islamique Encadré par M. El Mghari. ESAI, Rabat, 2004
Plan de la Koutoubia

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 49
L’Art de l’islam, Unesco/Flammarion, 1990
- Hintzen-Bohlen Brigitte, Art et Architecture : Andalousie,Cologne,1999
- BLOOM Jonathan, Minaret, symbol of Islam, Published by Oxford university Press for
the Board of the Faculty of Oriental Studies, 1989.
- BOONINE, Michael, «The Sacred Direction and City Structure : A Preliminary Analysis
of the Islamic Cities of Morocco», Muqarnas, 7, 1990, p. 50-72.
- EL MGHARI-BAIDA, Mina, Les mosquées à Khotba de Moulay Slimane 1792-1822,
Thèse de 3ème Cycle, sous la direction de J.SOURDEL-THOMINE, Paris IV, Paris-
Sorbonne, 1987 (inédite).
- FRISHMAN, M., & KHAN, H.-U. (eds.), The Mosque : History, Architectural
development and Regional Diversity, London, Thames and Hudson, 1994.
- GOLVIN, Lucien, Essai sur l’architecture religieuse musulmane. T.IV, l’art
hispano–musulman, série Archéologie Méditerranéenne, Ed. Klincksieck, Paris, 1979.
- Irwin Robert, Le monde islamique, Flammarion, 1997.
- LUCCIONI Joseph, Les fondations pieuses «Habous au Maroc» depuis les origines
jusqu’à 1956, imprimerie royale, Rabat.
- MASLOW, Boris, Les mosquées de Fès et du Nord du Maroc, Publications de l’Institut
des Hautes Etudes Marocaines, T. XXX, Paris, 1937.
- Papadopoulo A., l’Islam et l’art musulman, Mazenod, 1976. (magnifiques planches de
mihrâb).
- PEDERSON, «Masgid», E.I., T. VI, Paris, 1991, p. 629-695.
- SAUVAGET, Jean, La mosquée Ommeyade de Médine, Edition Van Oest, 1947.
- TERRASSE, Henri, «La mosquée al Qaraouiyin à Fès», Archéologie Méditerranéenne,
III, Paris, Klincksieck, 1968.
- TOURI, Abdelaziz, «L’oratoire de Quartier», Fès Méditerranéenne entre légende et
histoire, un carrefour de l’Orient à l’apogée d’un rêve, Autrement, Série Mémoire, n°.
13, Février 1992, p. 100-108.
- TOURI, Abdelaziz, Les oratoires de quartier à Fès. Essai d’une typologie. Thèse
dactylographiée sous la direction de Janine SOURDEL-THOMINE, Paris IV, 1980.
- TRIKI, Hamid, HASSAR-BENSLIMANE, Joudia, TOURI, Abdelaziz, Tinmel, l’épopée
almohade, fondation ONA, 1992, 263p.
Introduction
49

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50
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Préambule :
LES TENDANCES DE L’ARCHITECTURE
DES MOSQUÉES MAROCAINES
Abdelaziz DEROUICHE
Directeur des mosquées
Ministère des Habous et des Affaires Islamiques
Dieu a révelé dans sourate annoûr : (la lumière) Allah a permis que ses lumi res se
perp tuent dans des difices lev s sa gloire et que, matin et soir son nom soit voqu
et glorifi .
Les mosquées sont les maisons de dieu, elles sont les plus vénérées à Dieu. Le
prophète Sidna Mohamed a dit : les terres les plus ch res Dieu sont les mosqu es .
L'histoire révèle que okba ben Nafea lorsqu'il est parvenu au Maroc lors de sa
conquête, il a bâti une mosquée à Dràa et une autre à Souss.
Certes, tout conquérant parvenu au Maroc ultérieurement se voue pour ériger des
mosquées, cette tradition a été suivi à la trace par les conquérants en vocation du
prophète Sidna Mohamed.
Par exemple : Moussa ben Noussaîr qui a bâti une mosquée dans la tribu de Beni
Hassaine à l'ouest de chefchaoun, elle a subsisté jusqu'à présent, elle est connue sous
le nom de la mosquée des anges, Tarek ben Ziad a érigé une mosquée des nobles
(Chourafa) qui en porte le nom.
Les Rois qui se sont succédés au Royaume se sont penchées sur les mosquées. Ils
ont également bâti tout autour des écoles et des universités, de tel que toute ruelle est
munie d'une ou plusieurs mosquées.
Les mosquées embellissent nos cités et nos villages et donnent un charme naturel et
une beauté spirituelle, les Marocains y ont fourni tout leur savoir artistique eu égard de
leur place, leur génie y a prévalu également.
L'architecture des mosquées dans notre pays est un riche patrimoine et un long
registre dans le quel s'épanouit la diversité des formes d'expression et de beauté. La
beauté de la foi et celle de la pensée architecturale.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
51

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Cependant, L'évolution technique accélérée, dans une époque changeante, met en
péril ces acquis, si la tendance de l'architecture future reste l'adoption, la reproduction
et l'importation de styles nouveaux, et l'hybridation des modèles sans aucune identité.
Le présent exposé relate une bibliographie sur les tendances de l'organisation
spatiale des mosquées marocaines à travers l'histoire et les tendances de l'architecture
contemporaine.
I- Organisation spaciale des mosquées à travers l'histoire
L'architecture des mosquées à été influencée par des circonstances et facteurs
différents, elle a pris plusieurs tendances dont :
52
• La tendance Arabe ou le régime prophétique que les oumayades et les Abyssides
ont fait évoluer ;
• Le style Marocain avec des apports andalus qui est préalablement issu de la
tendance arabe ;
• La tendance perse ou le régime à dômes ;
• La tendance Ottomane ou le schéma Basilique.
Ces tendances ont été clairement influencées par l'environnement, l'espace et le
temps. Chaque tendance a pris un caractère particulier.
Le style marocain s'est basé sur le modèle prophétique bâti à Médine. A l'origine,
la mosquée du prophète, que la prière et le salut soient sur lui, est une parcelle de terre
dégagée, couverte de caillasses et cernée d'un mûr composé de brique d'argile,
entourée sur l'un de ses côtés par neuf salles consacrées aux épouses du prophète. La
mosquée est dotée d'un toit orienté vers le nord, lorsque la «qibla» était orientée vers
Bayt Al Kodsse. Une autre toiture a vu le jour, le long du mur sud, lorsqu'il y a eu le
changement de la «Qibla» vers la Mecque ;
Les larges auvents couvert de feuilles de palmier enduites d'argile et soutenu par des
troncs de palmiers prodigeaient de l'ombre.
La mosquée a connu des élargissements (sous le règne d'Omar Ben Khatab,
Othmane Ben Affane, que la paix soit sur eux), elle a pris une forme architecturale
spécifique consistant en une cours (sahn) découverte entourée de quatre galeries dont la
plus grande galerie est celle dressée vers la «Qibla», ce qui a ultérieurement influencé
la conception des plans des mosquées dans tout le monde islamique de façon générale
et le Maroc en particulier ;
Le Régime du prophète s'est démarqué par son extension horizontale et par le
régime des salles hypostyles et les galeries qui cernent le sahn, ainsi que par son
échelle humaine.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Les mosquées des conquêtes Islamiques au Maroc se sont caractérisées par les
mêmes spécificités mais ont évolué rapidement pour atteindre une grande splendeur
architecturale.
Cet art spécifiquement marocain avec des apports andalus se distingue, entre autre,
par les particularités suivantes :
• L'ordonnancement de l'oratoire qui se constitue des nefs transversales ou
longitudinales au mur de qibla ;
• Le sahn ou la cour à ciel ouvert ;
• L'hypostyle avec une multiplication des piliers ou des poteaux ;
• Les toits inclinés ;
• Les minarets concue sous forme de tour quadrilatère ou octogonale;
• L'utilisation fréquente des arcs lambrequin ou fer à cheval;
• La décoration des murs par les stucs sculptés et zelliges traditionnels ;
• La mise en relief de la nef axiale qui dans certains cas est plus large et plus haute ;
• Un nombre limité de coupoles dans la nef axiale ou la travée transversale du
Mihrab;
• L'intégration de la mosquée dans le tissu urbain ;
• Clôture de de l'espace mosquée par l'intérieur;
• L'échelle (ou standart) humaine ;
• Intégration de la dimension environnementale par la plantation de certains sahns.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
53

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54
Mosquée et .............
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Duran Coban
1.1- Plans et masses des mosquées sous le règne des Idrissides et des Zénatis
1- Les premières mosquées à Fès ont été conçues selon les traditions de modèles
orientaux précoces, munis de nefs dressées de l'est vers l'ouest;
2- L'oratoire est plus large que profond ;
3- L'architecture Idrisside dans la mosquée «Qarawiyîn», la mosquée «Al-andalus» et
la mosquée antique de «Chellah» est reconnue par ces nefs dressées parallèles au
mur de la qibla ;
4- L'architecture des Idrissides a fait usage de l'arc dit «Fer de cheval» ;
5- Le sahn est plus petit que son équivalent d'orient, en concordance avec
l'environnement, la situation géographique et les conditions climatiques. Au Maroc,
la saison hivernale étant en général plus longue, les intempéries plus grandes et les

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températures plus basses, le sahn se devait d'être plus petit pour une plus grande
tiédeur des lieux.
6- Les piliers et les éléments porteurs des arcs des oratoires sont moins longs, pour la
même raison qui est de garantir plus de chaleur et d'établir l'équilibre nécessaire
entres les différents éléments architecturaux ;
7- La première forme des minarets a été conçue sous forme de tour quadrilatère
surmontée du l'anternon ou «azri» au balcon du minaret ou «Afrak». Les plus
connues sont celles des Zenatis :
• Minaret de la mosquée «Qarawiyîn» ;
• Minaret de la mosquée Al-andalus ;
• Minaret de la mosquée antique de Chellah;
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
55

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 56
56
...............
...............
.......... de la mosqué Qarawiyîn
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Minaret de la mosqué Qarawiyîn

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1.2- Plans et masses des mosquées sous le règne des Almoravides
1- Des mosquées amples et riches, avec des éléments porteurs des arcs en briques, ou
en argile couvert d'enduit (apparues au Maroc et en Algérie);
2- L'oratoire est plus large que profond comme on le voit dans la mosquée Qarawiyîn ;
3- Henry terrasse pense que les mosquées Almoravides étaient munies de nefs
perpendiculaires au mur de la qibla ;
4/ La nef axiale, qui est la nef du «Mihrab», était, dans les mosquées des Almoravides
plus spacieuse et d'une plus grande capacité par rapport aux autres nefs, selon une
tradition immuable ;
5- La travée du Mihrab s'élargit parfois jusqu'à atteindre la portée de la nef axiale. Ce
phénomène résultant du fait de la rencontre de la nef centrale avec la travée du
mihrab, est devenu une exigence architecturale à la mosquée «Qarawiyîn» lorsque
les Aghalibas s'apprêtaient à ériger la coupole du mihrab sur la base d'une superficie
carrée ;
6- Le plan des mosquée des Almoravides ne s'est pas caractérisé par la régularité et la
symétrie ;
7- Ressemblance dans la construction. Les chercheurs se référent dans cette question
à la création marocaine qui consiste en l'utilisation de piliers unifiés porteurs des
arcs des mosquées de vendredi ;
8- Etroitesse des dimensions du sahn par rapport aux oratoires chez les Almoravides
surtout dans la «Qarawiyîn» ;
9- Le sahn dessine un plan généralement carrée lorsque l'oratoire était plus large que
profond. Ses cotés nord, est et ouest sont bordés par des galeries à une ou multiples
nefs (Mosquée Almoravide de Tlemcen) ;
10- Les Almoravides ont construit les arcs de leurs mosquées de façon perpendiculaire
et en même temps parallèle au mur de la qibla ;
11- Les arcs des Almoravides dans le «Mihrab» étaient sans exception de type plein
cintre ;
12- Les arcs les oratoires des mosquées d'Almoravides sont diversifiés on peut en citer :
• Le plein cintre outrepassé ;
• L'arc à feston ;
• L'arc brisé par le haut, et outrepassé reflétant ainsi l'influence orientale appelée
arcs Makhmousse ;
• Les Almoravides ont connu les arcs dits Brisé Simple qui n'outrepasse pas le demi
cercle et l'ont utilisé dans les ouvertures, les portes et les passages étroits.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
57

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13- Les toitures sont des charpentes pyramidales couvertes de l'extérieur de tuiles
vertes étanches aux eaux pluviales ;
14- La charpente intérieure, appelée dans l'artisanat marocain «berchla», est composée
de volige «Warka» surhaussait les solives «Gayeza» ;
15- Les mosquées des Almoravides ont connu le régime de la mosquée des morts
derrière le mur de la qibla suivant une pratique Andalou comme pensait Boris
Maslon ;
16- Les stalactites, dit «Mkarnas» est une création pittoresque des Almoravides tant au
Maroc qu'en Algérie ;
17- Les Almoravides ont excellés dans les ornements des coupoles de «Mihrab» par
utilisation des feuilles d'or, pierre d'azur et différentes peintures. Ils ont fait usage
de couleurs, du rouge vif, du bleu clair et du violet foncé en excellant dans les styles
de sculpture, et la distribution des lumières et des ombres ;
18- Un élément nouveau apparaît dans l'architecture Marocaine dit «élément
serpentiforme». Sa première apparition s'est manifestée dans les portes des
mosquées des morts annexées à la mosquée des Qarawiyîn pour des raisons
architecturales dont celle de servir de porteurs des racines des arcs ;
19- Existence de deux coupoles limitant la nef du Mihrab par le nord et le sud.
58
............
Plan Mosquée Quarawiyne - Fès
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
............
...........................

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.............
Plan Mosquée Kalâa Beni Hammad
Plan Grande Mosquée à Alger...........
............. ............. ..............................
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
59

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60
1.3- Les plans et masses des mosquées sous le règne des Almohades
1- Contrairement à celui des Almoravides, le plan des mosquées des Almohade se
caractérise par la régularité et la symétrie parfaite ;
2- L'élargissement du sahn comme c'est le cas de la mosquée «Tinmel»
(Abdelmounem Ben Ali en 548 de l'Hégire), et la mosquée de Taza Almohade
(Abdelmoumen Ben Ali). Dans certains cas spécifiques, on trouve plus d'un sahn,
tel le cas des mosquées «Kasba» à Marrakech, «Hassan» à Rabat et les sahns
latéraux de la Grande mosquée de Salé ;
3- Réalisation de la symétrie et de la similitude dans les plans des cours et des Salles
de prière par la mise de tout les annexes à l'extérieur de la mosquée ;
4- La salle de prière est plus large que profonde chez les Almohades, selon les
premières pratiques Islamiques ;
5- Elargissement de la nef et de la travée du Mihrab, qui a été nécessaire pour la
construction d'une coupole au devant du «Mihrab» ;
6- Existence de trois on cinq coupoles sur la travée du «Mihrab» devant le mur de la
qibla ;
7- de part et d'autre des «Mihrab» des Almoravides apparairent deux portières
latérales l'une réservée au minbar, l'autre à l'Imam ;
8- Les plans des mosquées ont été enrichis par de nouvelles organisations de l'espace
comme c'est le cas de la mosquée de Hassan à Rabat et la répartition de ses cours
internes autour de la salle de prière et l'étrange répartition des cours à la mosquée
du Kasba à Marrakech ;
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 61
9- Les oratoires se distinguent par une multitude de piliers rectangulaires sur les
quelles se collent des moitiés de colonne pour porter les arcs de la mosquée ;
10- Les arcs des Almohades étaient perpendiculaire au mur de la qibla pour donner plus
de lumière à l'oratoire ;
11- Les arcs étaient, toujours, du genre outrepassé brisé, appelé également le fer de
cheval brisé, à l'intérieur des oratoires, dans les grandes portières et les arcades des
minarets. Les arcs des mosquées prennent aussi la forme de festons tel qu'on peut
le remarquer à «Tinmel» d'un autre côté, les Almohades faisaient usage des arcs
brisés non Outrepassés pour les portières et les passages étroits. On trouve souvent
des arcs à stalactites cernant les deux côtés du Mihrab comme c'est le cas dans la
mosquée Koutoubia à Marrakech. Les Amohades ont perpétué l'arc lisse. Les arcs
des Almohades étaient hautement placés comparées à celles des mérinides qui
viendront ultérieurement.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
61

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62
1.4- Plans et masses des mosquées sous le règne des Mérinides
1- Les mosquées Mérinides sont reconnues par l'étroitesse de leur taille et l'exiguïté de
leur superficie en comparaison à l'ampleur de celles des Almohades ;
2- Les Mérinides ont porté un grand intérêt à la nef axiale du Mihrab, qui est la nef
axiale étant donné ses ornements et ses deux coupoles, la première placée aux
auvents du Mihrab, la seconde placée à son extrémité sur la façade donnant au sahn;
Les salles de prière étaient plus profonde que large ;
3- L'intérêt, des Mérinides, était orienté, contrairement aux Almohades, vers la nef du
Mihrab qui concentre tout leur prestigieux ornements. Ils ont construit sur cette nef
axiale même, deux coupoles orientées vers la qibla. La première coupole est placée
au devant du Mihrab, la seconde à l'extrémité de la nef axiale du côté du Sahn ;
4- Placement d'un Mihrab supplémentaire (Anza), à l'entrée de la nef centrale ;
5- Le sahn a acquis une meilleure étendue et les annexes ont été placées à l'intérieur
avec un nombre réduit de portes ;
6- Les mosquées Mérinides ont tous un point commun, celui des piliers construits avec
de la brique ;
7- Les annexes des mosquées des Mérinides se trouvaient à l'interieur, la salle
d'ablution est placé soigneusement dans un endroit donnant sur la façade nord prés
de l'entrée principale, les logements des Muezzins et des personnes qui s'occupent
des mosquées, sont placés parmi les cloisons de l'oratoire et les passages qui
l'entourent. Sur les toitures, pratiquement au pied du minaret, se trouve la chambre
du «Mouakit» ;
8- Le fer de cheval, était une pratique courante dans les arcs des mosquées Mérinides,
cependant le plein cintre outrepassé est utilisée pour l'exécution des grands arcades
ou l'entre-nu des piliers porteurs est plus grand.
A été aussi utilisé l'arc du fer de cheval brisé dans les portes ornementées tel que
c'est le cas à Chellah ;
9- Les arcs étaient des premières mosquées mérinides étaient perpendiculaire au mur
de la quibla ;
10- Les édifices des Mérinides étaient de superficie réduites de petite taille, il s'est
avéré alors nécessaire d'y remédier au moyen d'ornement architecturaux qui
revêtent l'ensemble des terrasses, des colonnes, des arcs et des toitures. Une variété
et une richesse de couleur a été acquise mettant en harmonie de tout les éléments et
les unités ornementales d'où émane les couleurs bleue, grise, verte et noire.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
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Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
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1.5- Plans et masses des mosquées sous le règne des Saadistes
1- Les Saadistes ont commencé par prendre soin de la réfection, l'élargissement et la
rénovation de plusieurs monuments architecturaux religieux et historiques. Ainsi, la
mosquée koutoubia a repris son élégance, sa vivacité, la mosquée «Qaraouiyin» a
regagné sa place et ses annexes et dépendances se sont multipliées ;
2- D'autres établissements ont été construites pour renforcer l'épanouissement spirituel;
Le nombre de mosquées rurales a augmenté à Souss ;
3- Les «Zaouia» ont évolué pour devenir des agglomérations humaines se développant
en un villages ou cités ;
4- Le plan général des mosquées «Saadistes» nous rappelle celui des mosquées
«Mérinides» du fait de la profondeur des oratoires dépassant la (ligne à garder) ;
5- Les arcs des mosquées sont perpendiculaire au mur du mihrab ;
6- L'oratoire se compose de nefs perpendiculaires au mur de la qibla et comprend
également des travées. La travée transversale du mihrab arrête les arcs
perpendiculaires des nefs et comprend des coupoles ;
7- Le sahn dessine un carré et est entouré de galeries à nef unique, par l'est, l'ouest et
le nord ;
8- Le minaret rentre dans le design rectangulaire général de la mosquée ;
9- Les arcs sont si diversifiés qu'on les trouve sous la forme de fer à cheval, de
stalactites porteuses de la coupole du Mihrab, et sous forme d'arc à feston lobées
qui portent les autres coupoles ;
10- Les Saadistes, ont ajouté deux pavillons dans le sahn de la «Qarwiyine» à Fès, qui
rappellent la cour des lions de l'Alhambra à Granada.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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1.6- Plans et masses des mosquées sous le règne des Alaouites
1- Retour aux premières sources dans l'organisation spatiale des mosquées Alaouites
dont le premier noyau a été mis en place par les Chérifiens Idrissides ;
2- Des oratoires sont plus large que profonds comme c'est le cas de la mosquée du
Sunna (1199 de hégire, 1785), la mosquée Moulay Souleymane en 1812, la
mosquée de Sidi-Fateh en 1270 de l'hégire (1854) et dans la mosquée Nakhla en
1815 ;
3- Le nombre réduit de nefs à l'intérieur de la salle de prière : deux ou trois nefs
seulement ;
4- Les arcs sont parallèles au mur de la qibla ;
5- La nef du Mihrab ne se distingue pas par son ampleurs des autre nefs de la
mosquées ;
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
67

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68
Il est à signaler, également que les Mihrabs de cet ensemble de mosquées Alaouites,
sans exception, ont été construit sous la forme de plan à angles ;
6- Des piliers étaient utilisés pour porter les arcs (autre que les colonnes) à la mosquée
«Sunna», Moulay Slimane et la mosquée «Gazarine» ;
7- Le Sahn est dépourvu de galeries dans la mosquée «Sunna» «Atiya», La mosquée
«Nakhla» et Sidi Fatteh ;
8- Présence d'un ensemble de salles sur l'un des côtés du Sahn Consacrées comme
drottoirs aux étudiants «Toulbas» qu'on remarque dans les mosquées Alaouites à
Fès ;
9- La conservation de la pratique générale, en ce qui concerne le choix de
l'emplacement du minaret à l'instar de la mosquée «Sunna» qui occupe le coin nord
du plan de la mosquée dans l'angle du Sahn, la mosquée Zaouia Nassirite et la
mosquée Nakhla ont fait usage de la même pratique Alaouite ;
10- Une autre caractéristique spécifique, à la mosquées «Mouline» et les mosquées
«Alssina, Nakhla et Sidi Fatteh, à titre d'exemple, la face de l'oratoire donne sur le
sahn à la mosquée Mouline par trois arcs seulement, tandis que le reste de la face
est barré par la construction d'un mur qui sépare l'oratoire et le sahn sur les deux
côtés des arcs ;
L'idée de la séparation est expliquée par le souhait de créer une atmosphère de
sérénité dans la salle de prière malgré la présence des chambres des étudiants
«Toulba».
11- Consolidation des constructions et fortification en vue de résister à la charge des
toitures.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 69
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
69
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 70
70
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 71
II- Les tendances de l'architecture des mosquées
contemporaines
De ce qui a précédé, on peut voir que l'architecture des mosquées à travers l'histoire,
avait en général une tendance unique qui a réussi à satisfaire les besoins selon les
circonstances générales et spécifiques relatives à chaque environnement.
A l'heure actuelle, l'architecture des mosquées se confronte à plusieurs tendances
qui peuvent être différentes de celles rencontrées à travers l'histoire.
La présente partie de l'exposé relate quelques exemples cités par les spécialistes
en la matière pour clarifier leur influence sur l'architecture des mosquées
contemporaines.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
71
¢ªDOj ±ºπb ßObÍ ≠U¢` °d°U◊ «∞H∑` ¢ªDOj §U±l ≤ªKW °d°U◊ «∞H∑`

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 72
2.1/ La tendance traditionnelle locale : se caractérise par l'utilisation de
matériaux naturels issus du milieu local (Argile, pierres, bois…) et l'utilisation
également de procédés locaux hérités des anciennes générations et polies par
l'expérience de l'homme à travers les siècles et les âges, tout en conservant les formes,
les éléments traditionnels, des termes du patrimoine local (arcs, coupoles, toitures,
toits, carrelets, auvents…) La construction proprement dite est faite par des artisans
locaux.
Les pionniers de cette tendance classique ont tenu à garantir toutes les exigences
vivrières de l'homme par les moyens propres sans avoir recours à la nouvelle
technologie et le renouveau selon les exigences de l'époque.
72
2.2 Tendance traditionnelle amélioré
Cette tendance se caractérise, comme la précédente, par l'utilisation de composants
architecturaux traditionnels, par la reprise des formes et éléments hérités du passé
(Forme des portes, des minarets, auvents et carrelets ….), avec une expression parfois
très simple orientée vers le présent. Ainsi il en est des procédés de construction et leurs
styles traditionnels (murs porteurs, coupoles, toitures et arcs ….) se basant sur l'énergie
humaine et l'habilité des artisans.
Cette tendance diffère, comparée à la première, uniquement par l'introduction des
améliorations en ce qui concerne les matériaux issus du milieu naturel et local (comme
l'ajout de quelques ciments dans le mélange d'argile pour une plus grande résistance ou
l'usage de briques creuses cuites par les nouveaux procédés pour réduire les poids des
toits et toitures construits selon la forme et la dimension traditionnelles) et ce, sans
modifier le fond des apparences architecturales ou de la dimension humaine.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 73
Tout cela pour exprimer la personnalité locale et permettre la continuité
civilisationnelle.
2.3/ La tendance conservatrice
Cette tendance se caractérise par l'utilisation des styles et éléments architecturaux
simplifiés de l'architecture islamique (arcs, coupoles, stalactites, ornements, piliers …)
sans tenir compte des anciens matériaux et modes de construction. Cette tendance
prône de tirer profit de l'application des nouveaux modes et produits ce qui donne une
souplesse et facilité plus grande à l'architecture des constructions de différentes tailles
et d'utilisations variées.
De cette façon est née une architecture contemporaine par les matériaux et les
modes de construction, mais traditionnelle par son style.
2.4/ La tendance néo-classique
Cette tendance est représentée par l'utilisation des nouveaux matériaux et styles
récents de construction, et par l'utilisation des éléments d'architecture Islamique
traditionnel tout en les simplifiant et les employés dans des formes nouvelles et des
styles perfectionnés montrant une certaine créativité et renouveau.
Cette tendance d'architecture n'est pas
qualifiée de «conservatrice» par ce qu'elle est
novatrice, ni de «Moderniste» puis qu'elle
diffère de par les termes de l'architecture
contemporaine.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
73

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74
2.5/ Tendance vers le contemporain
Jadis, l'architecture Islamique était le résultat d'œuvres manuels reposant sur la
rencontre entre la construction (l'architecture) et l'artisan, et était régie par les
traditions issues de la foi.
L'architecture est devenue actuellement, le résultat d'une machine imposant des
bases esthétiques.
Dans les pays Islamiques, les modes et méthodes de construction se devaient de
rattraper et se mettre au diapason avec l'expansion urbaine. Ce qui a accéléré la
propagation des nouvelles technologiques occidentales en vue de réaliser la célérité et
la performance.
Ceci a eu une grande influence sur l'architecture de la mosquée, puisqu'on assiste à
une naissance de plusieurs tendances vers le contemporain :
• Tendance contemporaine avec appartenance historique.
• Tendance ultra-contemporaine.
• Tendance symbolique.
A- Tendance ultra-contemporaine
Cette tendance reflète l'architecture contemporaine, et est manifeste par l'utilisation
de matériaux, a procédés modernes techniques modernes traduisant l'essence et la
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 75
nature de l'époque actuelle. Ont été introduites les formes géométriques abstraites
(Cube, cylindre et cône) et les lignes aérodynamiques et les nouvelles théories
artistiques et esthétiques.
En conséquence, cette tendance ne traduit pas la personnalité architecturale
historique ou locale dans l'édification, mais plutôt un effort de création et de simplicité,
plus que dans les tendances précédentes.
B- Tendance contemporaine avec l'appartenance historique
Cette tendance du modernisme prend en considération tout les progrès en matière
des nouveaux matériaux, des modes récentes de construction et des nouvelles
technologies, mais tient aussi compte de l'appartenance historique qui apparaît dans
l'utilisation de certains aspects, éléments et formes historiques musulmans.
C- Tendance symbolique
Les constructions et leurs intérieurs, englobent des éléments particuliers liés à
l'usage du bâtiment et touchant à son objectif. Ces éléments deviennent des symboles
synonymes de la nature de l'édifice et son authenticité.
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
75

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76
D- Tendance hybrique
Elle comprend un ensemble non cohérents d'éléments architecturaux appartenant à
des styles différents tels que : les toits, les coupoles, les arcs, les minarets ornementaux
avec l'utilisation dense d'ornements. Ces mosquées ont souvent des proportions et des
rapports manquant d'unité et d'ordre.
Cette tendance s'est répandue dans quelques pays du golfe, au Pakistan, et dans
certains pays du monde Islamique tels que, la Malaisie, le Philippine, mais on n'en
trouve pas au Maroc.
On peut dire, après cet exposé, que l'architecture contemporaine des mosquées
présente une diversité de tendance. Il n'y a plus de tendance prépondérante dans l'esprit
des architectes.
Ce meeting scientifique premier, en son genre, sera une occasion pour relancer les
études relatives aux spécificités architecturales des mosquées marocains et pour faire
connaître ce riche patrimoine architecturale en vue de sa conservation. C'est aussi une
occasion pour connaître son destin et sa philosophie qui permettent d'expliquer les
fondements capables de garantir la continuité à la personnalité et à l'unicité du style
marocain et de consolider la capacité de reconcilier entre l'unité établie durant des
siècles et la diversité qui est un aspect de créativité dans l'unité.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Références en arabe
Références en français
- Georges Marcais (1954) «L'architecture musulmane d'occident».
- Terrasse H. (1968) «La mosquée Al - Qaraouiyin à Fes»
- El Khammar A. (2005), «Mosquées et oratoires de meknès (IXe - XVIIIe siècles)
géographie religieuse, architecture et problème de la qibla» thèse de Doctorat
d'histoire et d'archéologie mediévales.
- Basset H. et Terrasse H. (1932), «Sanctuaires et forteresses almohades».
- Dogan K. (1974), «Muslim religious archtecture».
Parti I, the mosque and the early development.
- Holod R. and Uddin Khan H. (1950) «The mosque and the moderne world».
Les tendances de l’architecture des mosquées dans le Royaume du Maroc
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77
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1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 78
78
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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L’ARCHITECTURE DES MOSQUÉES RURALES
DANS LA RÉGION DE TATA
Introduction
L’architecture religieuse est un aspect majeur du
patrimoine architectural de la province de Tata.
Que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif, elle
est d’une richesse étonnante. Les travaux menés
dans la zone entre 2003 et 2007 par une équipe
d’archéologues de la Direction du patrimoine
culturel 1 , ont permis le recensement et l’étude d’un
nombre considérable d’édifices historiques de ce
genre présentant des caractéristiques architecturales
et décoratives qui permettent de dégager un
style particulier à cette région. En effet, dans cette
zone, l’enquête de terrain nous a livré 101 oratoires
ayant une valeur sur le plan historique et dévoilant
des traits architecturaux originaux.
Pr. Mohamed BELATIK*
Pr. Mustapha ATKI**
Mosquée de Tichekji
A l’instar de tous les édifices de culte musulman, les mosquées 2 de la province de
Tata sont composées de tous les éléments habituels : on retrouve d’abord, la salle des
prières qui représente le noyau de l’édifice où sont accomplis les rituels de la prière,
puis la salle des ablutions dotée de latrines. Le minaret étant un élément rare, on trouve
* Division de l’inventaire et de la documentation du patrimoine, Direction du patrimoine culturel, Rabat
** Direction régionale de la Culture, Région Guelmim-Semara
1 Ce programme d’inventaire topographique a été initié par la Division de l’inventaire et de la documentation du
patrimoine en collaboration avec la Délégation provinciale de la culture à Tata selon le programme suivant :
2003 : les communes d’Akka, La Kasba deSidi Abdellah ben Mbarek, Touzounine et Aït Ouabelli,
2004 : Les communes de Fam El Hisn et Tamanarte
2005 : Les communes de Foum Zguid, Tlit et Allougoum
2006 : Les communes de Tata, Oum Lguerdane, Addis et Tagmout
2007 : Les communes de Tissinte, Akka Ighane, Ben Yaakoub, Aguinane, Isafene, Tizeght et Tiguezmirte
2 En Tamazight la mosquée est connue sous le nom de Timzguida (pl : Timzguidiwine)
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
79

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 80
enfin un certain nombre de structures annexes telles Akherbich qui est une salle
disposant d’un foyer où est chauffée l’eau pour les fidèles, un puits ou une metfiya
(citerne de stockage des eaux), une chambre réservée à l’hébergement de l’imam qui
est dans la plus part des cas, étranger au village et dans certains cas, on note l’existence
du msid (école coranique) qui jouxte souvent la mosquée et où le fqih est chargé de la
mission d’enseignement des imehdarene.
Dans cet article il serait question de
présenter les résultats préliminaires de
cette opération d’inventaire et des
éléments de synthèses sur l’architecture
religieuse de Tata traitée selon une
approche comparative. Il ne s’agit pas
d’aborder des questions d’ordre chronologiques,
mais plus des problématiques
relatives à l’ordonnancement et à la
Timzguida Aguejgal
typologie de ces mosquées. L’analyse
concernera les différentes composantes spatiales, architecturales et décoratives de ces
édifices selon la classification adoptée généralement par les études architecturales et
archéologiques. Mais avant d’approcher ces questions dans le détail, il importe de
situer ce patrimoine religieux dans le cadre physique et dans le contexte historique où
il a vu le jour et où il s’est développé.
Aspects physiques et repères historiques de Tata :
La province de Tata fait partie des régions subsahariennes du Maroc. Son territoire
s’étend du versant sud de l’anti-Atlas jusqu’à la vallée du Drâa.
Le relief de la province est composé en général des massifs de l’Anti-Atlas, de
l’Ouarkziz et du Bani, de la Hamada de Drâa ainsi que des vastes plaines caillouteuses
connues sous le nom de Regs. La région présente une homogénéité physique avec un
paysage oasien dans les endroits où le potentiel hydrique est facilement exploitable et
un autre désertique dans les zones sahariennes et rocailleuses.
80
Paysage de Nssour (Foum Zguid)
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 81
Vue cette position géographique, Tata
bénéficie d’un climat continental saharien
où la température varie entre 50° durant l’été
et moins de 0° en hiver. La moyenne des
précipitations enregistrées ne dépasse guère
les 100 mm par an. Et mis à part les
quelques chutes hivernales sporadiques, les
ressources hydriques de la région sont
essentiellement dues aux eaux d’infiltrations
Palmeraie d'Aguinana
provenant des pluies des montagnes de
l’Anti-Atlas et qui sont déversées dans l’oued Drâa. Ces eaux rechargent les nappes
phréatiques, alimentent les sources et les Khettaras et profitent positivement à
l’irrigation des oasis.
Sur les plans historique et archéologique, les prospections menées dans la région
ont permis la découverte de plusieurs indices archéologiques remontant au
paléolithique dont notamment des sites de plein air, riches en outillage lithique. Par
ailleurs, la province a connu depuis ces périodes lointaines un peuplement intense
matérialisé par les dalles gravées qui composent les quelques 120 sites rupestres
découverts à nos jours, dans les différentes zones de la province. Les centaines de
tumuli préislamiques parsemant tout le territoire, apportent un indice supplémentaire
sur une présence humaine forte et ininterrompue de l’homme dans ces contrés.
Gravure rupestre de Kasbah d'Allougoum
Les sites archéologiques et les monuments d’époques historiques se comptent par
centaines : greniers collectifs (igoudar), tours de guet, maisons, villages fortifiés,
mosquées, zaouïas et koubbas se rencontrent pratiquement dans toutes les oasis, le
long des itinéraires et même dans les coins les plus isolés, témoignant ainsi de la
densité du peuplement qu’a connu la région depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours.
En effet, la région occupait une position stratégique et bénéficiait d’un rôle très
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
81

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 82
important dans le réseau du commerce
caravanier qui reliait le Maroc aux pays de
l’Afrique subsaharienne et la cité minière de
Tamdoult, le village historique de Jbaïr, la
forteresse de Tagadirt Ouguellid et le village
ruiné de Tghit ainsi que plusieurs autres sites
sont là pour témoigner de ce rôle
prépondérant qu’a joué la région le long de
l’histoire médiévale.
I. La salle des prières et ses composantes
1. La salle des prières
La salle des prières connue en tamazighte sous le nom de
lmeqsourt, représente le noyau de base de la mosquée, C’est
au sein d’elle que sont exercés les rituels de la prière qui est
l’un des piliers de l’Islam. Les salles de ces mosquées rurales
sont généralement de petites dimensions. Ceci s’explique par
le nombre limité des populations masculines de ces
communautés villageoises. Pour mieux apprécier les
dimensions de ces édifices religieux, nous nous attelons dans
ce qui suit à présenter quelques mesures les concernant.
Ainsi, le plus vaste oratoire de la province qui se trouve dans
le village historique d’Aguerd dans la
commune de Tamanarte, fait 16.80 mètres de
profondeur sur 23 mètres de largeur et le
plus petit parmi les édifices recensés est
celui de Talilt dans la kasbah d’Alougoum
qui ne fait que 6.45 de profondeur sur 8.60m
de large ainsi que celui de Fiferd dans la
commune d’Aguinane qui dispose d’un plan
presque carré mesurant 8 m de côté.
Ces oratoires adoptent des plans divers oscillant entre le rectangle et le carré, mais
ils présentant le plus souvent des déformations au niveau de certains côtés en raison de
la topographie accidentée du site. Ces anomalies de plan rares au niveau des murs nord
et sud ne sont fréquentes qu’au niveau des façades est et ouest, ce qui ne porte pas
atteinte à l’ordonnancement des nefs parallèles au mur de la qibla.
82
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Cité caravanière de Tamdoult
Mosquée
d'Amtzguine (Tlit)
Mosquée d'Ighir à Tamanart

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 83
Au niveau de la disposition interne, ces
mosquées rurales présentent de grandes
similitudes entre elles. En effet, elles sont
subdivisées en plusieurs nefs parallèles au
mur de la qibla dont le nombre varie en
fonction de la grandeur de l’édifice et dont
l’agencement rappelle les premières
mosquées marocaines d’époque idrisside et
tardivement certaines mosquées alaouites.
Mosquée d'Oum Hnech (Foum Zguid)
Cette tradition ancienne s’est développée et s’est maintenue surtout à Fès. Mais
l’arrivée des Almohades a crée une rupture avec ce mode d’organisation des salles des
prières en Occident musulman pour voir naître les célèbres mosquées à nefs
perpendiculaires au mur de la qibla où la nef axiale occupe une place de choix et forme
avec la travée de la qibla le fameux dispositif en T qu’on retrouve bien illustré à la
Koutoubiya de Marrakech et par la suite dans la quasi-totalité des mosquées mérinides,
saadiennes et alaouites.
Le nombre des nefs composant les salles de culte, varie en fonction de l’importance
des édifices. Il est de deux pour les oratoires les plus humbles tels que ceux de Jbaïr et
d’Aygou et de six à sept nefs pour les plus vastes qui se trouvent respectivement à
Amtzguine (commune de Tlit) et à Aguerd (commune de Tamanarte).
Les nefs sont délimitées par des rangées d’arcades composées d’une succession
d’arcs plein cintre ou brisés reposant sur des piliers carrés, rectangulaires, circulaires
ou octogonaux, dont la hauteur varie d’une mosquée à l’autre, mais les toitures se
situent d’une manière générale à une hauteur de quatre et six mètres.
Le mur de la qibla est percé de plusieurs niches dont notamment celle du mihrab et
du minbar. L’accès à la salle des prières se fait soit directement par une porte desservie
par un couloir menant vers la porte principale du complexe religieux ou par une petite
porte de communication souvent latérale et mitoyenne avec la salle d’ablutions.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
83

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La lecture des dispositions des nefs en rapport avec les
matériaux et les techniques de construction mis en œuvre,
nous permet de déceler deux phases évolutives dans le
processus d’élaboration des plans de ces mosquées :
84
• La phase initiale se caractérise par un ordonnancement
primitif de la salle qui se présente sous forme de deux à
trois chambres plus larges que profondes ne
communiquant entre elles que par des ouvertures
simples à linteaux donnant la forme d’un arc à
encorbellements reposant sur des
piliers rectangulaires massifs et
couvertes de charpentes
traditionnelles dans le style local.
Dans cette catégorie un cas typique
mérite d’être souligné c’est la
mosquée d’Aygou, dans la commune
Tigezmirt, qui s’inscrit dans le même
plan sauf que les deux nefs sont
séparées par un mur percé de deux
petites ouvertures ce qui donne plus
l’allure d’un espace sombre et fermé. Cet oratoire présente la particularité d’être
couvert par des voutes en berceaux réalisées en maçonnerie de pierre.
Mosquée d'Aguerd (Tamanart)
Mosquée Tizegui ida Oubaloul
(Tizrght)
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Mosquée d'Aygou
Tigzmirt
Timzguida Serb (Tlit)
• La seconde phase est marquée par
l’apparition de l’arc sous différentes formes
mais surtout de l’arc plein cintre présentant
parfois une brisure et souvent une
imperfection dans l’exécution ainsi que des
rangées d’arcades pour soulever la charpente
et donner à la salle des prières ce caractère
d’ouverture indispensable pour un lieu de
culte et de communion.
Dans cette disposition un cas particulier
fait l’exception à la tradition et mérite d’être
souligné. Il s’agit de la mosquée Tichekji à
Issafene où le plan à nefs parallèles au mur
de la qibla est respecté mais avec
l’introduction d’un certain nombre

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 85
d’innovations qui en font un plan
original. Ainsi l’ordonnancement
des arcades nous permettent de
déceler un plan cruciforme ce qui
est à notre connaissance, un plan
unique de son genre dans
l’architecture religieuse de l’Islam
en général et celle du Maroc en
particulier.
Malgré leur modestie, les salles
des prières sont d’une beauté sobre
Plan de la mosquée de Tichekji
et discrète contenue dans la
silhouette des arcades et la forêt de piliers multiformes qui se dressent au milieu et
surtout dans les belles charpentes de bois qui les couronnent.
2. Les courettes et les puits de lumière et d’aération
Que ce soit au Maroc ou ailleurs, la
cour à ciel ouvert ou le sahn occupe une
place prépondérante dans l’architecture
des mosquées. A Tata et en raison du
climat désertique sévère de la région
marqué essentiellement par la chaleur
torride de l’été qui est le plus souvent
accompagnée de tempêtes de vents et par
un froid glacial l’hiver, ces oratoires sont
Mosquée Aït Kine (Tagmout)
presque fermés sur l’extérieur. On y
accède le plus souvent par des allées couvertes qui permettent de réduire les effets
néfastes de ces aléas climatiques. De ce fait, les cours spacieuses, organes
indispensables pour l’éclairage, l’aération d’une mosquée et pour l’achèvement ou le
renouvellement des ablutions rituelles pour les fidèles sont quasi inexistantes. Elles
sont substituées par des courettes qui jouent plus le rôle de puits de lumière et
d’aération. Ces espaces réduits qui ont des formes carrées ou rectangulaires, ne
dépassent par dans les meilleurs cas quatre mètres de côté. L’exemple le plus
significatif se trouve dans la mosquée d’Aït Kine à Tagmout qui représente l’unique
exemple de sahn au sein de la salle des prières avec celui de la mosquée d’Aguerd qui
est sous forme d’un espace découvert à l’entrée de la salle et qui permet la
communication entre les différentes composantes de la mosquée. Ils se présentent sous
forme de cours à ciel ouvert de forme presque carrée. A part ces deux cas, le reste des
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
85

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 86
bâtiments présente un à deux puits de lumière et d’aération d’environ 2 m de côté et
couverts de petites charpentes supportées par des piliers d’angles et se situant à un
niveau plus haut par rapport aux toitures de la mosquée pour permettre l’infiltration de
l’air et de la lumière à travers des fenêtres rectangulaires. Les façades de ces espaces
d’éclairage et d’aération sont parfois ornées de frises décoratives en relief réalisées en
stuc ou en plâtre et de corniches exécutées en dalles de pierre plates et en longrines de
bois disposées sous forme de rangées de consoles. Le décor géométrique simple est
amplifié par celui des charpentes traditionnelles savamment réalisées en bois peint
dans le style local.
3. Le muret en face du mihrab
Cette structure qui se dresse curieusement au fonds de la salle des prières et qui se
présente sous forme d’un muret reliant les deux piliers à côté du Mihrab et barrant par
conséquent, l’ouverture de la travée axiale menant vers cette niche, se trouve dans la
quasi-totalité des édifices recensés. Il s’agit d’un mur dont l’épaisseur est plus ou
moins égale à celle des piliers sur lesquels il s’appuie, avec une hauteur ne dépassant
pas les 70 cm. Il est construit dans les mêmes matériaux que les éléments porteurs de
la mosquée qui sont soit la brique de terre crue ou la maçonnerie de pierre jointe par
un mortier de terre.
Cette structure spécifique à cette région et inhabituelle dans les mosquées
marocaines en générale, a pour fonction la délimitation de l’espace bordant le mihrab
86
Timzguida Aguerd Timzguida Amadagh Timzguida Iserghine
Timzguida Aneghrif Timzguida
Timzguida Aït Kine (Oum Lguerdane) Mosquée de Tichekji Ljamaa Aguerd
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 87
qui représente le cœur de la mosquée et ce en vue de créer un espace de communion,
où un nombre restreint de fidèles se réunissent pour la lecture du coran exploitant ainsi
le muret pour s’y adosser. Une autre fonction qui est venue s’ajouter par la suite à la
première est que cette banquette est devenue une étagère de rangement des Corans et
d’autres outils liturgiques tels les chapelets et les galets qui servent aux ablutions
spécifiques connues sous le nom de tayamoum.
4. Le Mihrab
Le mihrab est la niche destinée à indiquer aux fidèles la direction de la qibla. Les
niches de mihrabs des mosquées inventoriées sont généralement, d’une composition
simple affectant le plan des mihrabs à pans coupés. Elles varient entre la forme semicirculaire,
pentagonale et hexagonale. La niche est souvent couverte d’une coupolette
simple ou côtelée.
Timzguida Tighremt Mosquée Zawiat Mawas Timzguida Agadir n
(Alougoum) (Tlit) Tissint
Les entrées des mihrabs sont généralement alignées avec le mur de la façade de la
qibla sauf dans de rares cas où il est en en saillie par rapport à ce mur.
Les façades des mihrabs étudiés permettent de dégager un style de composition qui
a été suivi par presque tous les maîtres artisans et qui a constitué une tradition dans
l’architecture des mosquées de la région. Ce sont généralement des façades simples
dont les traits principaux sont l’ouverture de la niche qui se fait en arc plein cintre ou
brisé parfois circonscrit d’une voussure en arc polylobé, festonné ou à lambrequin. Cet
arc de petite dimension s’inscrit dans un cadre rectangulaire enduit de chaux ou de
plâtre, dont les écoinçons sont lisses. Le tout est englobé dans un ou plusieurs grands
cadres rectangulaires bordés de moulurations et coiffés d’une série de petites niches
aveugles ou ajourées, défoncés dans le mur et dont le nombre est le plus souvent trois.
Une sorte de corniche faite de bandes moulurées, couvre le tout et se rapproche parfois
de la forme d’un petit auvent coiffé d’une rangée de tuiles.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
87

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 88
Certaines façades de mihrab, bien qu’elles s’inscrivent par leurs traits principaux
dans le même style de composition, rompent complètement avec la simplicité qui
caractérise la majorité de ces niches. C’est ainsi que nous assistons dans certains
mihrabs tels que ceux de Fiferd (Aguinane) Imi n Tatelt (Ben Yaakoub) et Tiskmodine
(Akka Ighane) à une profusion d’un décor polychrome à dominance géométrique et
florale. Ce décor couvrant et peint sur enduit, présente dans certains cas des
inscriptions commémorant la date de construction ou de rénovation. Parfois c’est un
décor en stuc sculpté fait d’une combinaison d’éléments géométriques et floraux.
5. La salle de prière des femmes
A Tata ces salles annexes n’existaient pas à l’origine, ce
qui prouve que les femmes, par tradition, ne se rendaient pas
à la mosquée pour les prières communes. Pour leur
permettre d’accomplir cet acte, elles sont maintenant
admises à assister à la prière, séparément des hommes dans
des endroits spéciaux qui leur sont réservés, et ce
conformément aux principes de la loi musulmane. Les salles
actuelles situées dans la partie arrière des mosquées ne sont
que des aménagements récents. Les gens procèdent
généralement à murer la dernière arcade pour isoler une partie de la nef arrière qui est
affectée en salle des prières pour les femmes. Dans d’autres cas, comme à Anghrife
(commune Oum Elguerdane) et à Aït Harbil (commune Tamanarte) notamment, on a
consacré des mosquées entières pour les femmes parce qu’elles sont devenues trop
étroites pour accueillir un nombre croissant d’hommes.
6. Le mihrab et la salle de prière d’été
La anza est un panneau en bois destiné, à l’instar du mihrab, à indiquer l’orientation
de la qibla pour les fidèles qui font leurs prières dans le sahn, surtout pendant la saison
88
Mosqu2e de Fiferd Timzguida Imi n Tatelt Timzguida Tisekmodine
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Mosquée Lkesba
(Issafene)

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 89
estivale. D’habitude ce mobilier, placé face à la cour de la mosquée, à l’entrée de la
salle de prière, s’accompagne d’une entaille qui est aménagé sur le seuil reliant le sahn
à la nef axiale et épouse la même forme que la niche du mihrab.
A Tata, ce dispositif n’existe pas et c’est la terrasse de la mosquée qui joue ce rôle
surtout l’été pendant les deux dernières prières du soir. Peu d’aménagements sont
généralement prévus pour donner à la terrasse cette fonction : d’abord un mur de
clôture pour une question de sécurité des fidèles et un mihrab qui n’est en réalité qu’un
rehaussement de celui du niveau bas.
Mosquée Aït Kine (Tagmout)
II. La salle d’ablutions et ses annexes
1. La salle d’ablutions et les latrines
Mosquée Lkesba
(Issafene)
Du fait que le rituel de purification est un acte obligatoire pour la validité des
prières quotidiennes, la salle d’ablutions et les latrines sont des annexes quasiindispensables
dans l’architecture des mosquées. A Tata, elles sont désignées par deux
vocables : mida et dar al wdou et on les retrouve dans la totalité des mosquées
recensées.
La salle d’ablutions et les latrines sont des locaux d’une importance majeure, ceci
est prouvé par l’intérêt architectural qui leur est accordé et par la place et la superficie
qu’elles occupent au sein de la mosquée. En effet, elles se présentent comme des
bâtiments indépendants, isolés des salles des prières et prennent des dispositions
variées :
• Dans la première catégorie qui est la plus dominante, le plan de cette salle est très
simple. Il se réduit à une grande chambre rectangulaire dotée sur un ou deux de
ses côtés, de latrines, tandis que le reste de l’espace est pourvu de banquettes sur
lesquelles les gens s’installent pour achever leurs rituels.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
89

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 90
90
• Dans la seconde, cette salle est de plan plus ou moins carré et comporte une
courette de même forme, occupée au centre par un bassin ou un puits et entourée
de banquettes et par un ensemble de latrines de petites dimensions. Isolés du lieu
de culte, ces locaux prennent différentes positions par rapport aux salles des
prières, ils se situent soit en arrière de ces salles soit dans ses deux côtés latéraux.
Les exemples les plus significatifs se trouvent dans les mosquées d’Aguerd et
d’Ighir à Tamanarte
Mosquée d'Ighir à Tamanarte
• La troisième catégorie est de plan plus élaboré. Elle représente une phase plus
évoluée du plan de la deuxième catégorie et rappelle par sa disposition ainsi que
par ses techniques de construction et de couverture les midas des grandes
mosquées urbaines. Il s’agit d’un pavillon carré central couvert d’une coupole et
qui s’ouvre des quatre cotés par des arcs. Ces ouvertures donnent sur une galerie
qui se développe tout autour de ce noyau. Elle est couverte de voûtes en berceaux
qui se joignent dans les coins par des voûtes d’arrête ou de simples charpentes en
bois. Sur une ou deux des façades internes sont percées des petites portes qui
donnent accès aux latrines. Parmi les exemples représentatifs de cette catégorie on
note la mosquée d’Adekhs à Aguinane et celle d’Agadir n Tissint.
• La quatrième disposition est la plus
remarquable sur le plan architectural et
la plus étonnante par la position
qu’occupent les locaux d’ablutions au
sein de la mosquée. Dans cet ordre, la
salle est de plan rectangulaire avec des
dimensions très importantes atteignant
parfois et dépassant même ceux de
l’oratoire comme est le cas à Imi Timzguida Oum Lahnech
Ougadir (commune de Fam Lhissne). La salle est traversée en longueur par des
arcs élevés qui servent d’arcs de décharge supportant les toitures. L’une de ses
façades internes est occupée par une série de latrines tandis que dans l’autre côté
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 91
est aménagé le puits qui alimente la
mosquée en eau. Au milieu coure une
rigole de collecte et d’évacuation des
eaux usées. Les cas représentatifs de ce
mode d’ordonnancement ne sont pas
nombreux. Quatre exemples ont été
identifiés à Fam Lhissn, à Tlit et à
Alougoum. Deux d’entre eux prennent
une position normale au nord de la Timzguida Tighremt
mosquée, alors que les deux autres occupent curieusement la façade externe sud
et se trouvent par cette situation accolées au mur de la qibla et incorporant au sein
d’elles la niche du mihrab et celle du minbar.
Mosquée d'Oum Lhnech Mosquée d'Amtzguine Mosquée de Tighremt
2. Autres structures annexes
2.1. Akherbich :
C’est un local contigu à la salle d’ablutions où l’eau est chauffée pour les besoins
de purification du corps avant d’entamer la prière. Le bâtiment affecte la forme d’un
carré ou d’un rectangle au centre duquel est aménagé le foyer à un niveau plus bas par
Mosquée d'Ighir Mosquée d'Aningue (Akka Ighane)
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
91

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 92
rapport au sol et qui prend une forme carrée ou circulaire. Juste au dessus est
suspendue tafedna ou anas, grand récipient en cuivre attaché aux poutres de la
charpente et doté d’une grande louche dont se servent les fidèles désireux de se
purifier, pour puiser l’eau chaude. Dans l’un des coins de cette pièce sont stockés des
tas de bois. De nos jours la plupart de ces locaux ne sont plus fonctionnels et le système
de chauffage traditionnel est presque partout remplacé par un autre plus moderne à gaz.
92
2.2. Le puits :
Pour assurer l’alimentation de la mosquée en eau
suffisante, les membres de la communauté procèdent le plus
souvent au creusement d’un puits aux alentours de la mosquée
et de préférence tout près des lieux consacrés aux ablutions. Le
puisage de l’eau se fait de la façon la plus simple par le biais
d’un seau tiré à la main ou à l’aide d’une poulie.
2.3. La citerne (metfiya)
A défaut d’une source d’approvisionnement en eau, les gens ont recours à
l’aménagement de grandes citernes où sont stockées de
grandes quantités d’eaux. Ces dernières proviennent
soit des pluies collectées au niveau des terrasses et
conduites à l’aide de canalisations, soit au moyen de
seguias qui acheminent l’eau depuis les sources.
Mosquée Lkesba
Ces structures hydrauliques creusées profondément
dans le sol, sont de forme rectangulaire et sont
parfois pourvues de petits bassins de décantation. Elles sont couvertes soit de dalles
traditionnelles ou de voutes en berceau maçonnées en pierre.
2.4. Le bassin
C’est une structure hydraulique découverte sise à
l’intérieur de la salle des ablutions mais qui n’existe pas
dans toutes les mosquées. Elle est remplie d’eau froide
dont peuvent se servir les fidèles pour les besoins de
purification du corps. Elle est alimentée soit à partir du
puit et de la citerne qui se trouvent juste à côté ou
directement par le biais d’un seguia quant la mosquée se
situe à un niveau plus bas du douar.
Ce bassin généralement de dimensions réduites, est de forme rectangulaire ou carrée.
Il est aménagé à un niveau plus bas du sol. Sa maçonnerie est couverte d’une couche
imperméable réalisée en mortier de chaux.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Mosquée d'Aït Taleb
Mosquée d'Amtzguine

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 93
III. Les masses architecturales :
1. Les minarets
Le minaret localement connu sous le nom de tassoumaat, est une masse
architecturale destinée à l’appel des fidèles pour les cinq prières du jour.
Dans les oratoires historiques de Tata, les minarets sont rares. Les quelques
spécimens inventoriés lors des travaux de terrain ne dépassent pas quatre : on trouve
la fameuse tour tronquée de la Kasba de sidi Abdellah ben Mbarek, celle de Rehala et
sa voisine de douar Zaouia qui se trouvent toutes non loin d’Akka et enfin celle
d’Aguerd à Tamanarte.
Minaret d'al kasbah (Akka)
Cette rareté peut s’expliquer par le non besoin d’avoir recours à ces tours pour
l’appel à la prière en raison de l’exiguïté de l’espace des villages et de la faible hauteur
des bâtiments environnants, ce qui permet au muezzin de faire appel à la prière sans
risque de ne pas être entendu par les habitants des différents coins de la localité.
Les quatre minarets recensés sont de style maroco-andalous et s’inscrivent par
conséquent dans la tradition des minarets marocains. De plans carrés ils se composent
de la tour proprement dit qui est surmontée d’un lanternon. L’accès au sommet du
minaret se fait par le biais d’un escalier qui se développe autour d’un pilier central
massif réalisé en solide maçonnerie de pierre.
Les deux minarets d’Akka sont construits en en brique de terre cuite jointes par un
mortier riche en chaux, celui de Douar Zaouïa en brique de terre crue alors que celui
d’Aguerd est exclusivement réalisé en maçonnerie de pierre.
2. Les façades et les portes d’entrées
Mosquée de Rehala
(région d'Akka)
En l’absence des minarets, les mosquées se distinguent et se reconnaissent au sein
des douars par leurs façades principales et leurs portes d’entrées qui sont généralement
d’une allure monumentale et conçues dans de grandes proportions et de très belles
compositions architecturales et décoratives.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
93

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 94
Au niveau des portes on note une grande variété
de styles bien qu’elles s’inspirent toutes du modèle
de la porte urbaine marocaine. Il s’agit en général
de structures monumentales érigées sur des
hauteurs dépassant parfois les six mètres. L’accès
se fait généralement par des ouvertures en arcs
Mosquée Aït Taleb (Allougoum)
plein cintre ou des ouvertures à linteaux,
circonscrits de voussures de mêmes formes ou polylobés et à lambrequins. Ils sont tous
inscrits dans des cadres rectangulaires et surmontés de frises composées de niches
aveugles, d’arcatures de types variés et d’éléments architectoniques en relief à caractère
décoratif, soit taillés dans la pierre ou exécutés en stuc ou en mortier de chaux. Le tout
est coiffé de corniches à bandeaux moulurées ou de cadres remplis de motifs
géométriques recticurvilgnes communément connus sous le nom de ktef w derj que
couvrent en fin de compte des charpentes ou des auvents de formes diverses (consoles
de bois avec arases de pierre ou maçonnerie en saillie, rangées de tuiles vertes…)
Pour ce qui est des façades principales, la plupart d’entre elles sont réalisées dans
une belle maçonnerie de pierre parfois taillée. Certaines sont de proportions
remarquables comme celle de Tighremt à Alougoum qui présente au milieu des
rangées d’arcatures que coiffe une corniche de pierre supportée par des consoles
taillées dans le même matériau.
3. Les coupoles et les voûtes
Beaucoup plus utilisés dans l’architecture funéraire (koubba et zaouïa) et les
ouvrages hydrauliques (citernes et metfiyas), les coupoles et les voûtes sont des masses
architecturales d’usage rare dans l’architecture des mosquées de la région. Cinq
édifices seulement parmi ceux recensées disposent de ce type de couvertures qu’on ne
trouve que dans les salles d’ablutions, sauf dans l’unique cas précédemment signalé de
la mosquée d’Aygou (commune Tigzmirt) où les nefs sont couvertes de voûtes en
berceaux et aussi dans l’exceptionnelle mosquée de Tichekji dont le centre de la salle
des prières est couvert d’une coupolette atypique.
94
Timezguida Adekhs Timzguida Tazart Timzguida
Mosquée d'Aguejgal (Aguinane) (Oum Lguerdane) Tisekmodine
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 95
Les coupoles ont des formes variées
allant de l’octogonale à l’ovoïde en passant
par la forme circulaire. Elles reposent toutes
sur des bases carrées ou rectangulaires et le
passage vers la forme de coupole se fait à
partir de la base par le biais de trompes en
niches ou par le moyen de traverses en bois
qui coupent les quatre angles pour permettre
cette transition. Ces masses architecturales
sont toutes construites en maçonnerie de
pierres jointes par un mortier richement dosé
en chaux et protégée par une couche d’enduit à base de ce liant.
La forme de voûtes la plus
dominante est celle en berceaux qui
couvre les galeries entourant les coupoles
des salles d’ablutions et exceptionnellement
les nefs de la mosquée
d’Aygou. Ces couvertures sont
bâties en maçonnerie de pierre liée
par un mortier de chaux et enduites
aussi d’un crépi à base de chaux.
4. Les charpentes traditionnelles
Coupole de la salle d'ablutions
(Mosquée de Tissint)
Mosquée d'Adekhs
Salle d'ablutions
de Tghit (Tissint)
Mosquée d'Adekhs Salle d'ablutions de Tghit
Si les charpentes jouent un rôle primordial en tant que structures porteuses des toits
des mosquées, elles contribuent fortement en outre, à l’ornementation de ces espaces où
règne la simplicité conformément aux principes rigoureux de la religion musulmane.
Bien qu’elles s’inscrivent dans un style connu localement sous le nom de Tataoui, ces
ossatures en bois présentent une grande variété que ce soit au niveau des formes, des
dispositions des éléments en bois ou sur le plan de la décoration qui leur est appliquée.
La charpente traditionnelle de style local est généralement faite dans plusieurs essences
de bois mais le palmier reste très dominant. Elle se compose des éléments suivants :
• Les poutres (lqendert) qui sont de grandes longrines en bois qui supportent de
grandes charges. Ici ce sont les troncs de palmiers entiers aiguisés qui jouent ce rôle.
• Les solives (tasatourt) qui sont des sortes de chevrons qui comblent le vide entre
les poutres. Elles sont obtenues à travers le découpage longitudinal des troncs en
plusieurs éléments.
• Le voligeage est généralement fait de petits rondins de laurier rose, de fragments
de bois de palmiers ou de roseaux.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
95

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 96
Concernant les formes attribuées par les maîtres artisans à ces couvertures, elles
sont variables. Cependant la forme rectangulaire de charpente allongée qui épouse le
plan des nefs est la plus caractéristique. Celle de la mosquée de Tichekji déroge à la
règle et l’on trouve des charpentes carrées et d’autre en forme de U longeant le mur de
clôture et circonscrivant la moitié de l’oratoire.
Concernant leurs techniques d’exécution, on note deux procédés majeurs au sein
desquels se trouvent plusieurs variantes :
96
Timzguida
Mosquée
Timzguida Tighremt Mosquée d'Aygou
Aït Wareh d'Assa (Tagmout)
• Le premier qui est le plus dominant se caractérise par des solives entre lesquels
s’enchevêtrent d’une belle manière des voliges en bois de laurier, des bûches
taillées de palmier sous plusieurs formes ou des tiges de roseaux. Le tout est peint
de couleurs où dominent l’ocre, le noir, le jaune et le blanc, ce qui offre une
décoration sous forme de tapis géométriques polychromes.
• Le second style qui est rare et qu’on ne trouve que dans quelques oratoires,
notamment à Timzguida afella sise à douar Assa (Tagmout) et surtout dans la
mosquée Tichekji (Issafene). Dans ce modèle le voligeage est sous forme de
planches de bois que portent des solives de bois massifs et équarries en vue de
leur donner des formes géométriques carrées ou rectangulaires. Les deux
éléments sont couverts de motifs géométriques, floraux et parfois épigraphiques
gravés ou peints.
Le type de charpente Mosquée d'Afouzar
le plus dominant Mosquée de Fiferd (Ben Yaakoub)
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 97
Pour assurer leur imperméabilité surtout pendant les saisons pluviales, ces plafonds
de bois sont couverts de couches de tout-venant et de terre argileuse. Ces dernières sont
arrosées et damées puis recouvertes d’une autre chape de terre présentant une grande
quantité de minerais qui une fois sèche et solidifiée, offre une toiture étanche.
IV. Le mobilier des oratoires
1. Le mobilier liturgique
Mosquée d'Agmour
(Ben Yaakoub) Mosquée d'Aygou
Il se compose essentiellement des minbars qui représentent le
mobilier indispensable pour les mosquées où a lieu la prière du
vendredi. Cette dernière se tenait jadis, dans la quasi-totalité des
mosquées recensées.
Le minbar est une chaire élevée et mobile à partir de laquelle
l’imam s’adresse aux fidèles et prononce le prêche du vendredi.
Elle est habituellement rangé dans un réduit aménagé dans le
mur de la qibla, et n’apparaît dans la salle de prière que ce jour.
Mosquée Aït Wareh
Peu de minbars ont échappé au trafic illicite des objets
d’art très actif dans la région. Le nombre de ce genre de
mobilier très prisé par les collectionneurs et les trafiquants
n’est aujourd’hui que de cinq, tous réalisés dans un style
simple et présentant une décoration qui s’inspire du
registre artistique local qu’on découvre dans les portes en
bois. En effet, on note sur les deux faces latérales et sur le Mosquée Aït Kine
sommet de l’ouvrage la profusion d’un décor géométrique
et floral polychrome et peint dont le tracé directeur est visible sur bois. En outre certains
d’entre eux portent des inscriptions réalisées dans un style cursif (naskhi maghribi)
commémorant généralement le premier jour de sa mise en service dans la mosquée.
Conformément à la tradition marocaine, les minbars des oratoires de Tata sont tous
transportables et faits en bois massif.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
97

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 98
2. Les portes en bois
Outre leurs fonctions évidentes
d’éléments de clôture et de fermeture
de ces espaces sacrées qui sont les
mosquées, les portes en bois ouvragé et
peint concourent aussi à leur Mosquée Lkesba Timzguida Timqit (issafene)
embellissement par une combinaison
de décor géométrique et floral dessiné, peint ou gravé. Ces motifs décoratifs s’inspirent
du répertoire artistique dans lequel puisent les artisans du sud marocain qui s’étend
depuis le Haut Atlas jusqu’aux piémonts sud-est de l’Anti-Atlas.
Malheureusement ces ventaux en bois richement décorés constituent des pièces
d’art très convoitées par les collectionneurs, ce qui fait que peu d’oratoires conservent
encore leurs portes d’origine.
V. Les matériaux et les techniques de construction et de
décoration
Dans cette région semi désertique du sud-est marocain qui procure aux maîtres
maçons, artisans et décorateurs un large choix au niveau des matériaux nécessaires et
adaptés à la construction locale, l’usage est si hétérogène qu’on ne peut rattacher ces
architectures seulement à la terre ou à la pierre et à tel point que d’un douar à l’autre
le matériau de base et les techniques de construction mises en œuvre changent ou
coexistent au sein d’un même édifice.
Ce constat est valable pour l’architecture des mosquées historiques étudiées où l’on
remarque dans le système constructif l’usage des matériaux et des techniques suivants
:
98
• Le pisé ou la tabiya qui obéit aux mêmes principes de cette tradition architecturale
et de ce savoir-faire très enracinés dans le sud marocain. C’est un mélange de terre
creusée sur les lieux du chantier, arrosée puis damée dans un coffrage de bois
ayant les dimensions d’un pan de mur. Les banchés se succèdent ensuite et
s’alternent jusqu’à l’érection de la structure de la bâtisse. La tabiya est surtout
utilisée dans les murs de clôture de certains édifices. Pour éviter les effets néfastes
des eaux de ruissellements et ceux des remontées capillaires, les constructeurs de
murs en pisé recourent fréquemment, à la mise en place de soubassements solides
en maçonnerie de pierre.
• La pierre est utilisée sous plusieurs formes et calibres bien que le moellon brut ou
dégrossi est le plus courant chez les constructeurs des murs et des arcs qui en font
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 99
de la maçonnerie jointe avec un
mortier de terre ou de chaux et ou les
lits sont disposés horizontalement.
Parfois la pierre est noyée dans le
béton de chaux surtout quand il
s’agit d’ériger des voûtes ou des
coupoles. On trouve également la
Mosquée
Aït Taleb
pierre calcaire ou schisteuse plate utilisée sous forme d’arases ou de dalles
soigneusement superposées avec ou sans mortier pour constituer des parements
de murs ou des corniches coiffant les édifices et les masses architecturales. La
pierre de taille n’intervient que rarement dans les façades ou dans les chaînages
d’angles des édifices.
• La brique de terre crue : Ce matériau réalisé
localement avec de la terre arrosée et malaxée à la
paille puis damée dans des gabarits fabriqués en bois
à cet effet. La brique est séchée avant d’être utilisée
dans la maçonnerie où elle est liée avec un mortier
de terre. Ce matériau est surtout utilisé dans
l’érection des arcs et des piliers ainsi que des murs de cloison.
• La brique de terre cuite : Elle est d’un usage très
limité. Les deux seuls édifices témoins de son
utilisation sont le minaret de la Kasba de Sidi
Abdellah ben Mbarek et celui de Rehala dans la
région d’Akka. C’est un matériau très solide et bien
cuit qui une fois incorporé à un liant de chaux, offre
une masse architecturale homogène et très solide.
Mosquée de Mawas
Minaret d'al Kasbah
construit en brique cuite
• Le bois est un matériau d’une très grande valeur
architecturale. Il est utilisé dans la construction des
mosquées. Outre son large usage dans la fabrication
des charpentes traditionnelles, il est utilisé comme
élément de support. Ainsi il sert de linteau au dessus
des ouvertures et de poutre porteuse de charges à la
place des piliers. Il est aussi
Timzguida Timqit (Issafene)
employé sous forme de
sommiers supportant les
départs des arcs et amortissant
la charge provoquée par le
poids des arcades et des
Timzguida imzguida Illigh Illigh Mosquée Mosquée Tichekji Tichekji
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
99

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 100
100
dalles. On fabrique également avec ce matériau des consoles et des auvents qui
abritent les portes principales. Le bois est utilisé par les constructeurs des
mosquées dans une technique ingénieuse de stabilisation de la structure et des
arcades de la bâtisse par l’ancrage d’une série de longrines entre les rangées
d’arcades.
Le décor des mosquées, malgré la simplicité des matériaux mis en œuvre, puise ses
sources d’inspiration dans le riche répertoire artistique du sud marocain. Ainsi, outre
les charpentes traditionnelles en bois savamment enchevêtrés et richement peints et
décorés qui ornent les salles des prières, l’essentiel du décor est fait d’éléments
géométriques et floraux tracés et/ou peints en ocre sur enduit, gravés sur les ventaux
des portes et les panneaux des minbars en bois ou exécutés en plâtre et en stuc sur les
façades principales et les registres des mihrab.
D’autres composantes du décor sont faites d’éléments architectoniques en pierre ou
en bois taillés (consoles, corniches, frises …) ou en maçonnerie. On trouve aussi des
compositions décoratives en brique de terre cuite à l’image des motifs recticurvilignes
qui ornent les façades du minaret d’Akka.
Conclusion
Ce travail d’inventaire a démontré que nos connaissances sur le patrimoine
architectural religieux du monde rural marocain sont faibles et que ce patrimoine
souvent qualifié de mineur, recèle des chefs d’œuvre incomparables et un savoir faire
de valeur inestimable qui méritent toute l’attention de la part des chercheurs et des
spécialistes.
Les premières analyses comparatives entre les bâtiments religieux étudiés montrent
que ces oratoires ruraux présentent des éléments et des traits communs qu’on retrouve
dans l’architecture locale et qui perpétuent une tradition architecturale islamique très
ancienne au Maroc. Elles font ressortir des dispositions et des compositions
architecturales et décoratives remarquables.
Il s’agit généralement de simples petites mosquées, souvent dépourvus de décors
mais présentant parfois une belle parure surtout au niveau du mihrab, des toitures et
des façades d’entrée. Ces oratoires sont tous dotés de nefs parallèles au mur de la qibla
et de rangées d’arcades composées d’arcs plein cintre parfois brisés reposant sur des
piliers de formes variées. Une disposition qui nous rappelle celle des premières
mosquées marocaines, notamment celles de Fès. La tradition locale est omniprésente
surtout au niveau des techniques et des matériaux de construction mis en œuvre
(arcades en briques de terre crue, murs en pisé, charpente de style Tataoui…) mais
surtout par l’intégration d’un certain nombre d’éléments originaux tel le muret reliant
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 101
les deux piliers faisant face à la niche du mihrab. Cependant le caractère le plus
frappant reste l’importance accordée aux salles d’ablutions qui sont parfois de
dimensions très importantes et occupent des positions curieuses au sein des mosquées.
Des dispositions qui s’avèrent typiques à cette région de Tata à moins que l’extension
du champ de la recherche vers les régions environnantes, notamment vers les provinces
de Guelmim, Zagora et Chtouka Aït Baha, ne prouve le contraire. A quelques
exceptions près, on note dans la quasi-totalité de ces oratoires ruraux l’absence de
minarets et de cours. Ces dernières sont remplacées par de petites courettes qui font le
plus souvent office de puits de lumières et d’aération.
Bien qu’elles prennent la forme de petits oratoires, la majorité de ces lieux de culte
ruraux jouaient le rôle de mosquées à khotba (à prône) où se tenaient la prière et le
prêche du vendredi. Certains ont cessé de jouer ce rôle en raison de l’absence de nos
jours, dans les douars, de l’effectif minimal de fidèles fixé à 12 et exigé par la charia
pour que cette prière puisse avoir lieu.
La majorité d’entre eux sont toujours fonctionnels alors que certains sont en état
d’abandon et ont cédé la place à des édifices modernes qui rompent complètement
avec une tradition architecturale séculaire. Ce phénomène ne fait pas l’unanimité des
habitants des douars dont certains refusent de prier dans ces nouveaux oratoires.
Toutefois, malgré cet attachement jaloux des autochtones à ces anciennes structures
villageoises traditionnelles, on note un délaissement et une négligence qui font que
plusieurs oratoires finissent par se réduire en décombres. Ceci sans oublier l’état du
mobilier (portes, charpentes, minbars…) qui est proie au vandalisme et un trafic illicite
systématique qui ne cesse de s’amplifier dans la région.
Ce patrimoine culturel et cultuel en partie vivant nous interpelle tous aujourd’hui,
surtout que cette tradition architecturale bien ancrée dans l’histoire qui tire ses
caractères des origines de l’architecture religieuse au Maroc et qui porte la marque de
la spécificité locale, se trouve aujourd’hui menacée de disparition en raison de
plusieurs facteurs. Ce constat alarmant incite tous les acteurs locaux et les
départements concernés (Ministère de la culture, Ministère des Habous et des affaires
islamiques…) à conjuguer leurs efforts afin de réfléchir sur les modalités de
sauvegarde, de préservation et de transmission de ce patrimoine architectural et de ce
savoir-faire ancestral aux générations futures ainsi que sur les possibilités qui s’offrent
en vu de les mettre en valeur et de les exploiter de manière rationnelle dans le
développement d’un tourisme culturel durable.
L'architecture des mosquées rurales dans la région de Tata
101

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:46 Page 102
Bibliographie :
- Golvin Lucien, Essai sur l’architecture musulmane, Tome 4, Archéologie
Méditerranéenne V, Editions Klincksieck, Paris, 1979.
- Marçais George, L’architecture musulmane d’Occident, Arts et métiers graphiques,
Paris, 1954.
- Mohamed Belatik, Mustapha Atki et Mostapha Nami, Rapports des missions
d’inventaire du patrimoine culturel dans la province de Tata (2003-04-05-06-07),
Centre d’inventaire et de documentation du patrimoine, Ministère de la culture.
102
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 103
UN PATRIMOINE SACRÉ EN PÉRIL :
LES PETITS ORATOIRES, MOSQUÉES ET ZAWYAS
DU SUD MAROCAIN
Proposition d’une méthode d’intervention
1
Salima Naji,
architecte DPLG & anthropologue EHESS
Dans Qsar Chorfa (Rissani) la mosquée
originelle, pourtant très vaste et très
belle a été simplement détruite pour être
refaite en une vulgaire salle en ciment
peint sans ornementation. Le petit
minaret pyramidal, a cédé la place à un
prétentieux minaret de 14 m imitant
ceux de Casablanca, qui défigure
l’édifice.
Les mosquées en milieu rural, et plus particulièrement dans le Sud marocain, ne sont
pas de simples lieux de culte. Les lieux saints sont porteurs de pratiques et de
spécificités architecturales liées à la culture immatérielle et intangible qu’il importe de
préserver. Or actuellement, l’acte de restauration est souvent animé d’une volonté
nouvelle de niveler, d’uniformiser et au final de détruire l’identité locale au nom de la
modernisation des lieux de culte.
Dans ce Qsar de la région de Rissani (Légende photographie 1) la mosquée
originelle, pourtant très vaste et très belle, dotée d’un impressionnante salle hypostyle,
a été détruite pour être reconstruite sous la forme d’une simple salle en ciment, mal
éclairée, mal ventilée, effaçant toute la majesté du lieu de culte originel. Le très beau
mihrab originel et le puits de lumière central n’ont hélas pas été conservés. Enfin, le
petit minaret pyramidal, a cédé la place à une prétentieuse tour de 14 m imitant certains
minarets de Casablanca, pour satisfaire l’orgueil des commanditaires sans respecter
Un patrimoine sacré en péril ...
103

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 104
l’échelle du lieu. Cette mosquée est représentative d’un mouvement qui est
actuellement constaté un peu partout dans le Royaume : une frénésie agite de généreux
donateurs pour «moderniser» des édifices parfois multiséculaires. A chaque fois, la
même ignorance de la qualité architecturale de ces édifices et de leur valeur historique,
accompagnent ces hâtives rénovations. Il suffit pourtant de sensibiliser aux spécificités
architecturales des mosquées régionales pour éviter ces navrantes destructions. Il faut
réfléchir à ce que signifie «moderniser un édifice sacré». L’utilisation de nouveaux
matériaux et de formes exogènes non maîtrisées se traduit, trop souvent, par une perte
de confort, d’hygiène, de mémoire et bien sûr de spiritualité.
Constat premier : des destructions hâtives
Et parce qu’il est devenu urgent de sauver des édifices remarquables (Zawya,
massajîd et darih awliya) souvent ultimes témoignages d’une longue et riche histoire
religieuse, nous proposons une méthode de restauration adaptée à ces édifices et
respectueuse du patrimoine spirituel. Restaurer est différent de rénover : lorsque l’on
restaure, on restitue l’édifice dans ses formes et ses procédés originels ; lorsque l’on
rénove, on ne conserve souvent qu’une partie du gabarit et l’on malmène l’édifice qui
perd toute spécificité : formes et mémoires contenues dans les vieux murs est
définitivement effacée.
Outre le fait que restaurer permet de conserver des lieux uniques, d’un grand intérêt
architectural et culturel, représentatif d’une diversité culturelle dans l’unité d’une
religion, il est également important de prendre conscience du fait que conserver les
formes héritées du passé permet aussi de conserver une mémoire des lieux qui nous
rappelle combien l’architecture islamique du Sud est le fruit d’une histoire
multiséculaire. Les mosquées neuves qui sont édifiées sur des mosquées anciennes
104
2
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Zawya de Sidi Wagag (Fondation :
au XIe siècle miladiya, Aglou près de
Tiznit) avant et après la destruction,
elle est reconstruite selon un archétype
urbain en béton qui retire toute
historicité au lieu. Le lieu n’a cessé de
s’étendre pendant près de dix-siècles,
jusqu’à être, en 1983, simplement
détruit pour une rénovation qui ne
respecte aucune spécificité locale au
point que l’on se demande s’il s’agit du
même lieu. La coupole est la même,
mais le minaret est défiguré.

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 105
sont surtout des mosquées qui effacent l’empreinte de l’Islam dans sa durée et son
historicité. Les petites mosquées de village ont souvent été les premières victimes de ce
«modernisme», mais également les plus prestigieuses Zawyas comme celle d’Assa
(Fondation : au XIIe siècle miladiya), ou celle de Sidi Wagag (Fondation : au XIe siècle
miladiya, Aglou près de Tiznit) qui ont été rasées puis reconstruites selon un archétype
urbain en béton qui retire toute historicité aux lieux. Ces rénovations et non restaurations
effacent irrémédiablement les marques d’usage que les siècles ont imprimé en elles. Le
devoir de mémoire et le respect aux générations précédentes ne devraient-ils pas être plus
forts encore pour un édifice sacré que pour un édifice profane ?
L’empreinte de l’Islam sur la durée
Le cénotaphe de Sidi Abdelkader ben Mohamed [photographie 3, à gauche] qui se
dresse à la frontière entre le Maroc et l’Algérie correspond à la limite jamais franchie par
l’Empire Ottoman sur la limite Sud-Est du Sultanat du Royaume. La lutte des Figuiguis
contre les armées ottomanes au XVI e siècle, c’est-à-dire l’attachement de la population à
des lieux emblématiques qui subsument sa résistance vient incarner une identité locale,
voire nationale. Avec ce lieu saint, haut-lieu architectural et lieu emblématique, nous
comprenons que ces lieux historiques incarnent aussi l’historicité de l’Islam. Ces lieux
sacrés sont des lieux de mémoire à travers lesquels la population locale maintient des
pratiques et des discours qui sont des composantes de son identité et du lien social.
Restons à Figuig et observons la mosquée Kbir et son fameux minaret octogonal qui est
toujours associé à la tradition racontant de la fixation des premiers nomades ayant
découvert l’oasis. La mémoire de la sédentarisation et de la mise en valeur des eaux
d’irrigation est liée à l’édification d’une mosquée. Tous les habitants rappellent que le
minaret fut édifiée grâce aux bois des tentes dont ils n’auraient dès lors plus eu l’usage. Et
à chaque marche lors de l’ascension, ils commentent la forme des bois qu’ils comparent
aux structures des tentes. Le minaret est par conséquent un marquage mémoriel : il fait
référence à une communauté ancrée dans la umma, depuis des temps lointains et glorieux.
A l’instar du Nord, on pourrait multiplier les exemples (méridionaux, Ma El Aynîn et
Smara, Sidi Ahmed Ou Moussa et Illigh, Moulay Brahim du Tamanart, etc.) autour de la
figure d’une personnalité, et autour de la construction d’un lieu saint, s’érigent ainsi les
contours d’une spécificité marocaine.
3
Deux marquages mémoriels à Figuig
: Sidi Abdelkader, symbole de la
limite matérielle entre l’Empire
Ottoman et le Sultanat de Fès, et le
minaret octogonal, symbole des
origines du groupe.
Un patrimoine sacré en péril ...
105

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 106
Tous ces édifices sacrés dans le monde rural témoignent de la force des enceintes
sacrées nourricières : les zawyas se dressent comme des vaisseaux de pierre ou de terre
entre les franges présahariennes desséchées et les petites vallées prospères des
montagnes, : Assa, Illigh du Tazewalt, Imi n’Tatelt (Fondation : au XVI e siècle
miladiya), Tamegrout, Smara ou encore Timgilcht, vont incarner une spécificité locale,
marocaine. Dans ces zawyas, sur la longue durée, le pèlerin, le voyageur comme le
fugitif est accueilli, nourri ; par les représentants de ces zawyas, les conflits y sont
résolus. Un lieu saint est donc un morceau d’histoire mais aussi, pour les populations,
un morceau de mémoire. Cette mémoire se vit par des pratiques propres, ancrées dans
le lieu et sur lesquelles toute restauration doit s’appuyer. Or, actuellement, on remarque
que les rénovations des lieux sacrés tendent à transformer les usages cultuels
traditionnels et à réadapter les lieux en tenant rarement compte des plans originaux.
Pourtant, les espaces portent toujours en eux des usages. Ces usages, multiples,
riches, expriment une foi sincère (niya) qui font la force de l’Islam du Maroc. En
effaçant les lieux, en transformant les espaces, on efface aussi les usages et les
traditions attachées aux lieux.
L’argument de l’extension moderniste n’est pas recevable
Ceci est trop souvent négligée par des communautés pressées de faire œuvre de
bienfaisance en effaçant la mémoire des pratiques au nom également d’une orthodoxie
rigide oublieuse des hommes et de leur histoire. Les lieux sacrés hérités d’économie de
pénurie dans des pays de la faim et de la soif, sont souvent considérés du fait de leurs
matériaux (terre et pierre) et de leurs dimensions (parfois modestes) comme le produit
d’archaïsmes. Les nouvelles communautés de croyants veulent effacer ce passé pour
montrer leur richesse actuelle et la débauche de moyens financiers devient la plus grande
preuve de leur foi. Si cela trouve son sens pour la construction de lieux nouveaux, pour
les lieux anciens en revanche, trop souvent cela s’apparente à une mutilation, une
destruction partielle ou totale, qui correspond à une atteinte à la culture locale.
Aujourd’hui, les besoins en nouveaux espaces d’accueil ou de prière dans un
contexte de croissance démographique doivent se concrétiser par des mosquées de
qualité qui font la part belle à la création dans le contexte socio-culturel marocain et
selon l’héritage local spécifique d’une région donnée. Cependant ces nouveaux
besoins ne doivent pas se faire CONTRE les espaces anciens. Il ne faut pas détruire le
patrimoine au nom de besoins nouveaux qui peuvent se concrétiser dans les quartiers
d’extension récente des villes ou villages. La nouvelle mode ou le pis-aller de
préserver les mosquées anciennes pour les femmes doit nous alerter : cela ne doit pas
être un premier niveau de mépris à l’égard des espaces anciens qui les fera tôt ou tard
106
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 107
sombrer dans l’abandon, c’est-à-dire la sûre extinction de ces lieux. La conservation
de la mosquée ancienne pour les femmes doit s’accompagner d’un entretien
respectueux du bâti.
L’argument de moderniser ces espaces revient souvent dans la bouche des usagers
qui ressentent une certaine honte de leurs espaces sacrés qu’ils jugent peu prestigieux
comparés aux mosquées du Nord ou du Machreq vues à travers les chaînes de
télévision satellittaires. Souvent, on découvre une mosquée flanquée d’un nouveau
minaret et dont la salle de prière a été remodelée par de maladroits maçons utilisant
sans maîtrise un béton grossier. Les espaces sombres, peu aérés, sont souvent humides
et entraînent rapidement des pathologies dans les murs et des difficultés pour les
doyens de faire leurs prières dans de tels espaces (rhumatismes, douleurs aux genoux
des suites de l’humidité). Beaucoup de personnes âgés déclarent, à l’usage, préférer la
’attiqa à la nouvelle mosquée. Les procédés constructifs en pierre et la terre, certes
fragilisés par le manque d’entretien 1 restent cependant les mieux adaptés au climat de
ces régions, froides l’hiver et chaudes l’été.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Car les extensions se font souvent sans appel à un architecte et souvent ne tiennent
pas compte de l’avis d’une communauté mais du généreux donateur, souvent expatrié
en ville ou en Europe, occupé plus de prestige que de fidélité à l’histoire des lieux.
Beaucoup trop de personnes de bonne volonté croient bien faire en rénovant (sans
restaurer) et ne savent pas qu’ainsi elles effacent leur mémoire, en détruisant leur
principaux lieux de mémoire. Il faut essayer de convaincre les œuvres de bienfaisance
de prendre l’avis de personnes compétentes pour tirer des leçons de Sidi Wagag ou
d’autres lieux détruits - car il y a hélas actuellement, inflation destructive pour
«remettre en état» les mosquées. Sans que cette volonté positive ne cesse, il faut
essayer de l’entourer de guides, l’accompagner, et sensibiliser les communautés. Pour
les villes, cela est facilité par le fait que les agences urbaines délivrent gratuitement
assistance.
En terme d’architectoniques et de formes produites, les photographies attestent que
l’utilisation du procédé de béton de ciment peu maîtrisé mais incarnant la modernité se
traduit par l’arrivée de formes exogènes urbaines appauvries. L’action de création
comme l’action de restauration doit se traduire par une mise à niveau qui s’appuie sur
les formes locales et les procédés locaux.
1 L’évolution contemporaine individualiste développe une attitude neuve face aux biens collectifs jadis pris en
charge par la communauté. De fait, l’entretien des lieux collectifs (greniers collectifs, les chemins, parfois l’eau,
les lieux religieux) devient problématique et est source de litiges.
Un patrimoine sacré en péril ...
107

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 108
L’équipement de la modernité peut, en terme de confort, être amélioré sans détruire
les formes existantes. La modernisation des chaudrons de l’akherbich traditionnel
modernisé en une savante tuyauterie dans la petite mosquée d’Amtoudi par Haj Brahim
Driouch dans les années 1970 en est un bon exemple. On peut réfléchir à améliorer les
conditions des ablutions sans détruire la salle aux ablutions traditionnelle.
L’opposition modernité et archaïsme
Qu’est-ce que la modernité ? Pour les usagers des mosquées c’est participer à son
époque, être porté par des courants holistes (participer à une umma de plus en plus
grande, du panislamisme incarné notamment par les chaînes télévisées paraboliques) :
être moderne 2 revient souvent, pour beaucoup, à intégrer ce mouvement d’un islam
moderniste qui s’incarne dans des gadgets technologiques et dans des formes
extérieures. Etre moderne se traduit par le refus du pisé et de la pierre comme procédé
constructif.
Moderne, c’est vivre avec son temps et se projeter dans l’avenir ce qui implique de
s’appuyer sur sa mémoire, de le revendiquer et de vivre sa modernité sereinement. Il
n’y a pas de contradiction entre aller prier dans une mosquée vénérable de quelques
siècles et le faire dans une mosquée neuve.
Il est intéressant de constater que pour l’espace de prestige que représente la
mosquée, il soit trop souvent choisi de :
108
• détruire en reconstruisant par-dessus ;
• de choisir des matériaux de mauvaise qualité, mis en œuvre par défaut ou de
façon peu professionnelle ;
• de faire un choix démagogique qui vient lutter contre un passé dont on a honte.
Une expérience récente de restitution
A Assa, nous avons, en tant qu’architecte, mené deux restaurations qui s’appuient
sur une démarche de restitution fidèle, réalisées à faible coût et en partenariat avec la
population locale. Les actions de restauration sont inscrites dans la réhabilitation totale
du Ksar de 7 hectares. Ces deux mosquées très ruinées n’avaient pas encore été rasées
2 Pour restaurer la Qasba qui se trouve en face du tombeau de Moulay Ali Chérif, à Rissani, le groupe El Omrane
et le Ministère de l’Habitat ont procédé à des enquêtes individuelles des habitants du lieu à restaurer sur leurs
envies et besoins. Evidemment cette enquête a montré que ces habitants désiraient de vivre dans une modernité
rêvée, celle de la ville. Aucune réflexion n’a été menée pour réfléchir à améliorer les modes d’habiter particuliers
à ces régions. Une vulgaire transposition, par défaut, des équipements des villes s’est faite jour foncièrement
inadaptée et criante de vulgarité. Pourtant, il existait des modèles : les restaurations réfléchies menées dans les
années 1970 par le PAM dans certains qsours voisins proposaient une réadaptation des formes anciennes qui
aujourd’hui a perduré jusqu’à aujourd’hui en sauvant un site historique.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 109
et reconstruites en ciment. Une fois la restauration largement avancée permettant de
montrer le bâtiment en phase d’achèvement, de nombreux habitants curieux sont venus
visités le chantier. Les autres lignages du Ksar sont alors venus nous demander de
procéder sans tarder à la restauration des autres mosquées dont Timzgida Idaw Mellil
et même de reprendre la façade de la zawya-mère, toutes rasées et reconstruites en
ciment. Cette demande, mémorielle et symbolique, trouve son ancrage dans le besoin
des communautés de retrouver le prestige d’antan par des formes anciennes certes,
mais certainement pas archaïques car reconnues à l’échelle nationale et internationale
comme porteuses d’une identité et d’une culture spécifique.
Lors des actions premières de restauration du Ksar, la démarche archéologique de
restitution doublée du contrôle des doyens locaux, a été choisie. Les premiers travaux
de restauration qui ont été entrepris reposent donc sur des bases scientifiques solides
qui privilégient les traces anciennes et l’authenticité au spectaculaire. Il a été choisi la
prudence et non la précipitation de façon à connaître les spécificités urbanistiques,
spatiales, d’ambiance, les procédés et les typologies des espaces locaux avant de
commencer à les protéger 3 . De même, une grande attention a été accordée aux qualités
esthétiques des différents éléments composant le Ksar d’Assa et qui lui donnent une
atmosphère et une ambiance particulières. La relation entre les édifices au sein du Ksar
qui les contient est elle aussi constamment questionnée.
Chaque mosquée possède en effet sa typologie particulière issue de diverses mises
en œuvre, du programme et d’une époque. Il faut y être très attentif. Nous avons trouvé
à Assa, une grande cohérence qu’il ne faudrait fragiliser lors de la restauration en ne la
4
Exemples flagrants du patrimoine sacré d’Assa : détériorations et de destructions doublées d’adjonctions
parasites et transformations abusives ou dépourvues de sensibilité qui portent atteinte à son authenticité.
3 Cf. l’ensemble des Etudes préliminaires portant sur la Requalification du Qsar d’Assa commanditée par le Maître
d’ouvrage : Agence Pour le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume, mai 2006.
Un patrimoine sacré en péril ...
109

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 110
comprenant pas et en introduisant des formes exogènes. C’est pour cela que conscients
de la fragilité de ces sites, les hauts responsables internationaux insistent sur une
protection active «contre toutes détériorations, en particulier contre celles qui résultent
d’un usage inapproprié, d’adjonctions parasites et de transformations abusives ou
dépourvues de sensibilité qui porteront atteinte à son authenticité ainsi que celles dues
à toutes formes de pollution 4 ».
110
Notre démarche est la même que celle appliquée dans les autres espaces du Ksar 5 :
Lors des phases de restauration, nous procédons toujours selon la même méthode :
1. retrouver le plan originel, le restituer avec les doyens s’il le faut. En comprendre les
étapes d’évolution. Identifier les besoins actuels. Historique/confrontation
2. identifier la(es) bon(s) procédé(s) à utiliser avec les maalmines,
3. déterminer les désordres et pathologies du bâtiment,
4. restituer si possible le plan initial dans les règles de l’art. Hypothèses et maquette.
Essais grandeur nature.
Recommandations et protocoles de restaurations
Fort de notre expérience à Assa, nous sommes en mesure de pouvoir donner comme
premières recommandations la méthode que nous avons scrupuleusement appliquée à
Assa :
1. Ne jamais détruire
2. Ne pas construire sur une mosquée ancienne mais construire à côté ou plus loin
3. Recenser les mosquées anciennes avec des dates de fondation attestant l’importance
historique du lieu. Dresser un historique sans occulter les traditions orales et les pratiques
locales. Rechercher tous les écrits possibles.
4. Dresser un état des lieux sous forme de plans, y compris des plans de détails de points
caractéristiques. Etablir un relevé photographique complet, des façades et des détails.
Retrouver les formes originelles (entretiens avec les doyens, recherches de photographies plus
ou moins anciennes, maquettes, comparaison avec d’autres sites comparables).
4 «Définitions» internationales données par les Recommandations concernant la sauvegarde des ensembles
historiques ou traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine (UNESCO, 1976).
5 Depuis plus d’une vingtaine d’année, le Qsar d’Assa s’est progressivement vidé de ses habitants. Seules six
maisons sont encore quotidiennement occupées. Le départ de la majeure partie des habitants traditionnels a
engendré une dynamique de désaffection et de délabrement. Sans être remplacées, les populations ont quitté le
Qsar pour bénéficier des commodités de la ville nouvelle qui dispose de l’ensemble des boutiques (aucune
épicerie dans le Qsar) et de l’accessibilité par automobile, des écoles et des administrations. La nouvelle ville
tourne le dos au Qsar édifié sur le rocher de la rive droite : la nouvelle extension s’est éloignée de l’Oued,
aujourd’hui encombrée des «gens du qsar», venus élever, sur la rive gauche, un habitat autoconstruit en terre puis
en béton de ciment. Un nouveau mode constructif urbain d’origine exogène a été importé dans les nouveaux
quartiers, morcelés en avenues et lotissements et symbolisant l’accession à une nouvelle vie, elle fait figure
localement de progrès et d’avancée technologique.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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5. Fixer des priorités (pour établir des phases de restauration du plus abîmé au mieux conservé
ou pour sauver en priorité les éléments caractéristiques fragilisés).
6. Sensibiliser et expliquer la démarche de restitution eu égard à l’historicité de l’islam en ce
lieu. Transmettre l’idée que l’ancienne mosquée est un témoin de l’histoire, veiller à ne pas
l’abîmer.
7. Restaurer selon les plans originaux, en faisant appel aux doyens locaux et aux artisans locaux
pour satisfaire cette contrainte. Restaurer et restituer impliquent donc l’utilisation des
procédés locaux et l’intervention des maalmines locaux.
8. Améliorer les procédés en cas de nécessité (étanchéité) en respectant toujours la compatibilité
des matériaux (la chaux et non le ciment pour le bâtit en terre) pour prévenir toute pathologie
exogène aux procédés locaux.
Cette méthode très respectueuse est d’autant plus probante que le coût de
restauration en milieu rural est moindre que dans une cité et qu’il est donc moins cher
de restaurer avec les procédés locaux que de faire venir des matériaux exogènes et de
les mettre en œuvre 6 . Il est vrai cependant que la restitution est plus longue et moins
facile à mettre en œuvre ; cependant, placée entre les mains des doyens d’une
communauté, elle permet de resserrer le lien social tout en donnant une très grande
fierté à ceux qui la mettent en œuvre.
Nous pouvons également ajouter que cette action a été connue dans toute la région
au point que ce modèle, compris de tous, est en train de se diffuser. Les habitants
d’Assa sont heureux de recevoir des délégations de personnes désireuses de s’informer
en rencontrant tous les acteurs de cette expérience.
Conclusion
En conclusion, il apparaît que, sans revenir à l’éternel débat entre le qâdim et le jadîd
(ou la querelle des anciens et des modernes), il est ici démontré comment il est simple et
peu onéreux de restaurer les mosquées du Sud marocain. Ces deux exemples prouvent
que des actions de restauration comme de réhabilitation peuvent associer l’identité
locale, la mémoire, l’histoire et les besoins actuels des communautés.
Cependant, à l’échelle du royaume, seule une action commune interministérielle
entre le Ministère des Habous et celui de la Culture peut durablement inverser la
tendance qui est à la destruction du patrimoine architectural sacré. L’action de
sensibilisation qui s’appuie sur des propositions concrètes en montrant des modèles
réalisés peut ensuite être associée à la force du cadre réglementaire.
6 La mosquée de Sîdi El Wali, dont il ne restait qu’un pan de mur et le mihrab, a nécessité, pour être restituée à
l’identique, moins de 200 journées-hommes de travail pour des matériaux locaux disponibles sur place (pierre
gratuite, transport à assurer), bois de palme et chaux à acheter. Un coût dérisoire inférieur au tiers de ce que cela
aurait coûté en béton de ciment armé ou en parpaings pour un résultat très apprécié localement.
Un patrimoine sacré en péril ...
111

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Puissent ces exemples se diffuser dans le Sud marocain qui recèle d’un patrimoine
mineur de grand intérêt comme d’architectures sacrées majeures.
Nous avons choisi six autres lieux emblématiques et merveilleusement respectueux
du local pour illustrer l’idée que nous devons à tout prix éviter les destructions qui se
multiplient actuellement partout.
112
5
6
7
Le palmier transperce le plafond, Zawya Sidi
L’arbi El Houarri.
La mosquée de Goulmima rénovée à la manière
fassia (tuiles vertes et jamour de cuivre) alors
qu'elle figurait parmi les plus belles mosquées à
piliers octogonaux de la région.
La mosquée de Tarfaya redessinée, flanquée de tuiles
vertes et de créneaux exogènes. L'intérieur très
sombre ne respecte pas le plan initial et menace de
devenir un lieu insalubre (humidité et obscurité, pas
de ventilation).
La Zawya de 8 siècles d’Assa rasée puis remplacée
par une mosquée neuve en son emplacement.
Là-encore tuiles vernissées, minaret et rose exogènes.
8 9
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
Travées de la Mosquée d’Ouled
Driss (Bas-Dra)

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10
La Zawya d'Imi n'Tatelt et les aumônes de Tayfa n'Ibril,
le patrimoine immatériel de la zawya.
Le mihrab de la mosquée-oratoire de Tagadirt Tizourgan, Idaw Gnidif,
Ayt Baha, restaurée dans les règles de l'art par les propriétaires.
11
Un patrimoine sacré en péril ...
113

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114
12
Avant Après
Mosquée Sidi El Wali, étapes de la restauration dans les règles
de l'art. Ruinée au trois quart, elle est restituée à l'identique
grâce aux nombreux témoignages des doyens locaux.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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13
La mosquée Timzgida ufella avant puis pendant la restauration. Accolée aux remparts
désormais restaurés, elle est progressivement restituée à partir des bases des fondations
corroborée des témoignages locaux et d'un écrit colonial (O. du Puigaudeau).
Un patrimoine sacré en péril ...
115

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 116
Bibliographie indicative :
1951. Drague, Georges [Spillman], Esquisse d’histoire religieuse du Maroc. Paris, J. Peyronnet.
1981. Eickelman, Dale F., Moroccan Islam, tradition and society in a Pilgrimage Center, 1976
University of Texas Press.
2001. El-Alaoui, Nargys. Le soleil, la lune et la fiancée végétale. Essai d’anthropologie des rituels.
Aix-en-Provence, Edisud.
1988. Hammoudi, Abdellah. La victime et ses masques, essai sur le sacrifice et la mascarade au
Maghreb, Paris, Seuil.
2003. Hell, Bertrand. Le tourbillon des génies (Au Maroc avec les Gnawa). Paris, Flammarion.
1981. Jamous, Raymond. Honneur & Baraka (Les structures traditionnelles dans le Rif, Paris,
Cambridge, Maisons des Sciences de l’Hommes et Cambridge University Press.
2000. Kenssoussi, Jaafar (dir.). Sagesse et splendeur des arts islamiques, hommage à Titus
Burckhardt, (5ème Session des Mawsimiyât, mai 1999), Marrakech, El Qobba Zarqa (édition
bilingue).
2002. Moussaoui, Abderahmane. Espace et sacré au Sahara. Ksours et oasis du Sud-Ouest algérien,
Paris, CNRS.
1987. Mezzine, Larbi. Le Tafilalt (Contribution à l’Histoire du Maroc aux XVII et XVIIIe siècles),
Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat,
2001. Naji, Salima. Art et architectures berbères (Vallées présahariennes), Aix-en-Provence, Edisud.
2003. Naji, Salima. Portes du Sud marocain, Aix-en-Provence, Edisud.
2006. Naji, Salima. Greniers de l’Atlas, patrimoines du Sud marocain, Aix-en-Provence, Edisud.
2006. Naji, Salima pour l’Agence Pour le Développement Economique et Social des Provinces du
Sud du Royaume. Etudes préliminaires portant sur la Requalification du Qsar d’Assa, une
réhabilitation au service des habitants,
Cahier A : Rapport de présentation et prescriptions, Plaquette des intentions ; Cahier B : Etat des lieux
et pré-diagnostic, Cahier C : Sources ; Cahier D : Catalogue raisonné du vocabulaire
architectural d’Assa et Cahier de prescriptions et recommandations spécifiques au Ksar
d’Assa ; Cahier E : Note de recommandations relative à l’Esquisse du schéma
d’assainissement du Ksar sauvegardé. Plans, cartes et autres documents iconographiques.
2007. Naji, Salima. «Le triangle et la fibule. Espaces féminins à Imi n’Tatelt, Anti-Atlas» in
Femmes d’Orient, Femmes d’Occident : Espaces, mythes et symboles, Paris, L’Harmattan,
pp. 79-98.
1977. Pascon, Paul. Le Haouz de Marrakech, (2 tomes) Coédition C.U.R.S. et I.N.A., Rabat,
C.N.R.S., Paris.
1984. Pascon, Paul (dir.). La maison d’Iligh et l’histoire sociale du Tazerwalt, Rabat, SMER.
1922. Lévi-Provençal, Evariste. Les historiens des Chorfa. Paris, Maisonneuve et Larose.
1990. Rachik, Hassan. Sacré et sacrifice dans le Haut-Atlas marocain, Afrique-Orient, Casablanca.
1976. Unesco. Recommandations concernant la sauvegarde des ensembles historiques ou
traditionnels et leur rôle dans la vie contemporaine.
116
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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LE MINARET
Origine et variété esthétique
Azzedine RHADDIOUI
Plasticien, Enseignant à l’Ecole Nationale
d’Architecture
Avant d’entamer une étude exhaustive sur le Minaret qui va pratiquement évoluer à
travers les siècles selon les régions, un aperçu sur son origine s’avère nécessaire pour
mieux saisir la répartition spatiale de chacun des éléments qui compose la mosquée.
D’abord, la mosquée que l’on appelle masjid signifiant se prosterner est toujours
réservée à des lieux de culte particulièrement sacrés, à l’image de la Kaaba, de la
coupole du Rocher (Qoubbat as-Sakhra) et de la maison du Prophète Mohammad
(PSL), devenue ultérieurement la Mosquée de Médine:
• Ce type de maison a été déterminé par la cour à ciel ouvert entourée d’une
enceinte de briques crues et à l’intérieure de l’enceinte existaient diverses
chambres des épouses du Prophète (PSL);
• Un portique fait de troncs de palmier, couvert de feuilles de palmes et de terre
faisait office d’une première salle de prière, en direction de Masjid Al Aqsa (la
Mosquée la plus éloigné qui se trouve à Jérusalem);
• Un second portique, sensiblement plus grand, notifie enfin la direction définitive
pour les prières, orienté sud vers la Kaaba. Le type de la mosquée à cour,
largement dominant dans le monde arabe fut crée.
Les plus anciens exemples attestés, et non conservés, de ce schéma agrandi sont les
mosquées de Basra (665) et de Koufa (670) en Irak. Toutefois ces premières
réalisations ont été dépourvues du Mihrab, du Minaret et du Minbar à plusieurs
marches. Seule la direction du mur de la qibla était obligatoire.
C’est seulement sous les Omeyyades, que l’on ajoutait après le minaret, une niche
creusée dans le mur (mihrab) qui accentue la nef centrale, plus haute et plus large que
les autres travées parallèles au mur de la direction. Le minbar a été accolé à droite du
mihrab et construit en dur qui remplace le siège bas et modeste à deux degrés dont le
Prophète (PSL) utilisait en face d’une assistance des fidèles. A savoir que ce type de
LE MINARET - Origine et variété esthétique
117

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petit minbar est encore préservé dans de nombreuses mosquées, lors des réunions
autour d’un faquih ou d’un intervenant extérieur pour les besoins d’un cours religieux.
Plus tard, l’époque Omeyyade sera caractérisée par le minaret unique, sur plan
carré, trapu et massif. À de rares exceptions près, il est encastré dans le mur d’enceinte,
avec une prédilection pour le côté nord de la cour, par exemple dans la mosquée de
Basra, en Syrie, ou encore dans la mosquée Sidi Oqba à Kairouan.
Le sujet spécifique de notre intervention est le Minaret qui est sans nul doute l’un
des éléments incontournables de la mosquée qui ont le plus marqué les cités arabes. Il
a été le repère visuel permettant aux étrangers de se diriger vers le centre des
agglomérations.
Le minaret a conservé son identité spécifique, celle du haut duquel est lancé l’appel
à la prière quotidienne. Cependant, du point de vue esthétique une variante régionale
lui donne un cachet particulier : Le minaret d’Orient musulman est différent de celui
de l’Occident musulman. Plusieurs types de minarets peuvent coexister. L’aspect
formel, l’utilisation de certains matériaux, les éléments du décor ou l’épigraphie nous
donne autant de renseignements qu’une empreinte digitale : Une région peut être ainsi
déterminée.
Il est à savoir que le minaret trouve d’abord son origine dans la Kaaba, au dessus
de laquelle, BILAL le compagnon du Prophète a déclamé les louanges à Dieu
Omniprésent. Comme il a été souligné précédemment, la tradition veut que l’appel à
la prière soit lancé à haute voix, à partir d’une hauteur élevée ou dégagée et être visible
et identifié de loin.
L’influence du Minaret central de la grande mosquée de Damas fut déterminante :
de forme parallélépipédique et prenant l’appellation “Minaret Issa” en hommage aux
chrétiens qui ont voulu partagé leur lieu de culte, dès le début de la présence
musulmane.
Ensuite, c’est à la mosquée Zakariya à Halab où a été conçu le prototype du minaret
maghrébin qui est aussi de forme parallélépipédique mais de hauteur élancée.
Nous pouvons citer aussi les minarets des Grandes Mosquées de Kairouan, de la
Zatouna à Tunis, de la Koutoubia à Marrakech, de Hassan à Rabat, de la Giralda de
Séville, de Mansourah non loin de Tlemcen, qui sont parmi d’autres plus spécifique au
Maroc tant par le choix des matériaux que du décor.
Si l’objectif est de proposer un recueil panoramique des minarets au Maroc, à travers
les villes et les régions, nous pouvons déjà montrer les spécificités particulières et aider
les urbanistes, les architectes à plus de créations sans pour autant trahir notre
patrimoine. Il a été souvent établi que sans les contraintes formelles point d’innovation.
118
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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L’étude du minaret du Maroc pour sa réhabilitation peut être divisée en trois
phases :
• Une partie exhaustive devra s’attachera à l’historique et aux prototypes des
minarets ;
• Une seconde partie devra faire l’inventaire des minarets les plus déterminants et
enrichie d’une large documentation;
• Une troisième partie sera relative à une définition générale de quelques concepts
plastiques dont le but est d’orienter les créateurs à plus d’apports et de variétés
pour ne pas tomber dans le piège d’une répétition lassante qui ne peut que
scléroser notre héritage artistique et le savoir faire de nos maîtres artisans.
Ce sont là, quelques critères qui puissent aider à mieux saisir les spécificités du
minaret en général et celui de notre région en particulier.
Cette réflexion, espérons le, sera l’occasion de susciter un large débat et l’envie de
mener des recherches plus approfondies.
LE MINARET - Origine et variété esthétique
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120
1 2
4 5
6 7 1- Minaret Al Arousse “Issa” (Damas)
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
2- Minaret de l’Est (Damas)
3
3- Minaret de Zakariya, façe Sud
(Halab)
4- Minaret Kaïrouan (Tunisie)
5- Minaret de Samarra (Irak)
6- Minaret Al Karawiyine (Fès)
7- Minaret Ibn Touloun (Le Caire)

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8
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13
14 15
9 10
11
8- Minaret Koutoubiya
(Marrakech)
9, 10, 11 - Minaret Hassan
(Rabat)
12- Partie basse du minaret
Mansourah (Près de
Tlèmcen)
13- Minaret Grande mosquée
(Tlèmcen)
14- Minaret de la Mosquée du
Chah (Ispahan)
15- Minaret Soulaïmanyé
(Istamboul)
LE MINARET - Origine et variété esthétique
121

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122
16
19
17 18
20 21
22 23 24
16- L’un des minarets du Taj Mahal (Agra)
17- Mosquée de Lahore
18- Minaret de la Grande Mosquée (Rabat)
19- Minaret de la mosqée My. El Mekki (Rabat)
20- Minaret de la mosquée Al Irfane (Rabat)
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
21- Minaret de la mosquée Badr (Rabat)
22- Minaret de la Grande Lalla Soukaïna (Rabat)
23- Minaret de la mosqée Outaïba (Rabat)
24- Minaret de la mosquée Ryad (Rabat)

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LA MOSQUEE,
un repère dans la ville
Hassan KHARMICH
Enseignant Chercheur à l’Ecole Nationale d’Architecture,
Rabat
L’objet de cette communication est la définition de la place de la mosquée dans le
contexte urbain marocain. Nous proposons comme point de départ de reconstituer le
rôle de la mosquée dans l’organisation socio-culturelle et spatiale de la ville
traditionnelle pour s’acheminer vers le nouveau statut de cette institution cultuelle dans
la ville d’aujourd’hui.
A la quête de cette véritable signification de la mosquée dans la ville, on tentera de
rechercher si la place qu’occupe la mosquée dans la ville actuelle et son rôle
structurant l’espace et la société sont en continuité ou en rupture avec le modèle
traditionnel ou si l’on assiste à l’émergence de nouveaux modèles de références plus
marqués par la «neutralité» de la mosquée dans le tissu urbain ?
1- La mosquée dans la ville traditionnelle
- La mosquée, un témoin de la production de la citadinité musulmane
De tout temps, l’unité éminente de la ville doit sa sauvegarde à la Grande Mosquée,
vers laquelle tout conflue, et de laquelle tout reflue, comme si elle était un cœur.
Dans la cité traditionnelle, anti-coloniale, la mosquée représentait une composante
spatiale essentielle qui organisait et déterminait les mouvements des croyants. Les
déplacements se faisaient en direction des mosquées de résidence ou vers celles à
proximité du lieu de travail, plusieurs fois par jour et une fois par semaine le vendredi
vers la mosquée à khütba.
Les fidèles avaient l’occasion de se rencontrer à l’heure de la prière. Ces lieux
moment, étant propice à l’échange, à la consultation, à la concertation. La mosquée à
prône du vendredi rassemblait les habitants de plusieurs quartiers ou de la totalité de
la ville, donnant lieu à une maximisation de l’interaction sociale et à
l’accomplissement de la vie communautaire.
La Mosquée, un repère dans la ville
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En plus de son rôle de cristallisation de la foi, la mosquée fut réconfortée par
d’autres attributions. Elle faisait office également de siège de gouvernement politique,
de commandement militaire, de tribunal, de pôle de médiatisation de l’information et
de concertation avec la population. C’était un lieu privilégié où les décisions, les
informations et les savoirs se diffuseraient et où la politique et le religieux
s’enchevêtraient étroitement.
124
- La mosquée, un structurant spatial
Tout en étant un haut lieu de la foi, de la spiritualité et de la maximisation des
interactions sociales, la mosquée participait amplement dans la structuration de l’espace.
A partir de la grande mosquée, toute la configuration du tissu urbain et son agencement,
prenaient sens et signification. La conception urbanistique de la cité, dans son ensemble,
exprimait «la réalité d’un idéal citadin islamique et de ses lieux privilégiés» 1 .
Médina de Rabat Les Oudaya à Rabat
En effet, c’est à partir de la grande mosquée, en tant que point névralgique dans la
cité, que toutes les activités de production et de services se structuraient suivant une
hiérarchie spatiale «où l’on voyait volontiers l’expression d’une valorisation
préférentielle de certaines professions nobles, en rapport plus ou moins étroit avec le
culte» 2 . Les souks et les métiers les plus propres et les plus nobles occupaient
Médina de Rabat
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
La mosquée
un point névralgique
dans la cité
La mosquée
un pivot d'organisation
fonctionnelle
1 Saïd Mouline : La ville et la maison arabo-musulmanes, in B.E.S.M, n° 147-148, 1981, (pp. 1-13).
2 Xavier De Planhol : Forces économiques et composantes culturelles dans les structures commerciales des villes
islamiques, un Espace Géographique, n°4, 1980, (pp 315-322).

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 125
l’entourage immédiat de la grande mosquée, tandis que les activités les plus
salissantes, les plus bruyantes et les malodorantes étaient reléguées à la périphérie.
C’est aussi en proximité étroite de la grande mosquée que se regroupaient les formes
les plus hautes de l’étude et du savoir en l’occurrence les médersas, les résidences
d’étudiants, la grande bibliothèque et les librairies. Ces fondations à caractère culturel
constituaient, avec la grande mosquée, une sorte d’université permettant l’acquisition
des sciences religieuses, de la grammaire, de la rhétorique et de la logique.
Il paraît ainsi, que la place du sacré dans l’espace est centrale. Elle est le pivot d’une
organisation spatiale harmonieuse qui, à partir de la mosquée, se subdivise du centre à
la périphérie, en bâtisses consacrées au commerce, à l’artisanat, aux habitations, aux
équipements collectifs,…
L’emprunte du sacré est manifeste dans la localisation de la grande mosquée, qui
constitue le centre spirituel de la cité : enclos sacré, situé au cœur de la ville, à partir
duquel l’ensemble du réseau urbain prend toute sa signification. Autour d’elle on
trouve de multiples activités artisanales et commerciales, groupées en marchés
spécialisés pour la production ou la vente d’une même variété de marchandises
Cœur de la cité, la mosquée est aussi une unité qui définit l’organisation spatiale de
la ville. En effet, la construction d’un nouveau quartier est définie par la portée de voix
du muzzein qui du haut de son minaret, prononce quotidiennement les cinq appels à la
prière. La répartition du tissu urbain se trouve en quelque sorte ponctuée par cette
portée de voix du muzzein, qui oscillait entre 65 et 80 mètres 3 .
Le fait également que les
mosquées soient implantées
en croisement des voies et
organisées autour des quelques
places dotées souvent de
fontaines, d’arbres…leur
attribue une image de repère
urbain.
En somme, la représentation de l’espace et de ses fonctions dans la ville obéissait à
une stricte hiérarchie de valeur : tout s’organisait en fonction de la proximité ou de
l’éloignement de la mosquée : localisation des activités de production ou d’échange,
variation des prix des biens immobiliers, articulation des rapports sociaux et de
voisinage.
3 Mohammed Sijjilmassi : Fès : cité de l’art et du savoir, 1991.
Une répartition régulière
des mosquées dans la
médina de Meknès
La Mosquée, un repère dans la ville
125

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 126
2- La mosquée dans la ville moderne
126
- La mosquée, un équipement dans la ville
Autrefois, la mosquée occupait une place centrale dans la vie urbaine, elle devient,
aujourd’hui, un simple lieu de culte, déconnectée des problèmes de la société, et un
simple équipement, moins structurant l’espace. La hiérarchie des espaces dans la ville
obéit dorénavant à l’influence d’autres facteurs structurant : réseau de mobilité et de
déplacement, activités modernes de production et d’échange, administration politique,
nouveaux centres de pouvoir et de décision, etc.
Les effets de l’urbanisation rapide qu’a connue la ville marocaine ont joué dans le
même sens. La pénétration de l’économie moderne a provoqué le déplacement des
centres d’activités et d’échange de la médina où tout s’organisait à partir de la grande
mosquée en fonction d’une hiérarchie de valeur, vers la ville coloniale où tout
s’agençait de part et d’autre des grands boulevards, pour s’acheminer vers une
organisation diffuse à partir de certaines polarités secondaires, situées en périphérie et
spécialisées dans des segments d’activités.
Désormais, ce n’est plus la mosquée avec son minaret et ses cinq appels à la prière
qui régulent les rythmes urbains et déterminent les rapports entre composantes
spatiales, c’est plutôt Marjane, Aswak Assalam, le Mega Mall, Mac Donald’s, etc. qui
deviennent les repères et les identifiants tant spatial que social. Ces formes de la
modernisation de l’espace et de la société, ont entraîné des changements profonds des
comportements et des attitudes de caractère religieux qui sont en même temps les
fondements de la vie matérielle dans la ville.
Mosquée à Plaisance - Meknès Mosquée à Bellevue - Meknès
Ainsi, l’évolution de la société urbaine et l’organisation de son espace se réfèrent
plus à des normes urbaines plus fonctionnalistes, plus rentières et où le profane
l’emporte, assez souvent, sur le sacré et où la logique de la modernisation prime sur
l’organisation traditionnelle communautaire. Aujourd’hui, même si la mosquée
continue à meubler l’espace urbain et à drainer un nombre considérable de fidèles
surtout le vendredi, pendant le Ramadan et lors fêtes religieuses, elle ne matérialise
plus cette instance à partir de laquelle toute la ville prend sens et signification.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
La mosquée
un vecteur d'animation
et de mixité sociale

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Ceci dit, dans certains cas, la construction d’une mosquée au milieu de certains
quartiers hétérogène en terme de typo-morphologie et de contenu social, peut rendre
ces lieux de culte des pôles d’animation, de sociabilité, de mixité et de brassage social.
La mosquée Anouar - Meknès la mosquée Belleaire - Meknès
La mosquée un
catalyseur d'intégration
urbaine et sociale
Par ailleurs, dans les centralités modernes émergentes, la mosquée cohabite
parfaitement avec des édifices dédiés aux nouvelles technologies de l’information et
de communication, à la franchise de distribution et de services, etc.
Cette compétitivité territoriale, où tradition et contemporanéité se chevauchent et
interagissent, détermine largement la nouvelle identité de l’espace urbain marocain. Et
par le même truchement définit la place de la mosquée dans le nouveau contexte urbain
et dans la nouvelle cartographie des équipements collectifs.
De fait, la mosquée est confrontée à de nouveaux défis spatio-temporels,
l’inscrivant dans une échelle plus planétaire que locale. Elle doit traduire par son rôle,
son architecture, sa forme son adhésion à la nouvelle ère du temps. Une ère qui renvoie
à la fois à l’authenticité de la pratique et à la contemporanéité des préoccupations
socioculturelles et politiques.
Cohabitation de deux repères : un centre d'appel à proximité de la mosquée Badr à l'Agdal à Rabat
La Mosquée, un repère dans la ville
127

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128
- Vers une reconquête de la mosquée
L’attention particulière octroyée à la mosquée en tant qu’institution d’encadrement
social et de symbole de la prééminence de l’Islam, a donnée lieu à la multiplication de
la construction de mosquées tout en veillant à leur embellissement, pour y attirer la
foule. La symbolique étatique représentée par «des mosquées imposantes, dotées
parfois d’esplanades, coïncide dans ce cas avec la volonté de rassemblement de la
communauté» 4 : car la prière dans une mosquée est d’autant plus sanctifiante que celleci
permet de réunir le maximum de fidèles.
L’équipement des mosquées en paraboles diffusant des émissions religieuses,
l’usage des mosquées comme lieu de lutte contre l’analphabétisme sont, entre autres,
des mesures qui peuvent restituer à la mosquée toute sa vocation sociale et culturelle
et toute son importance dans la ville.
Par ailleurs, l’architecture, l’agencement des espaces de la mosquée, l’esthétique,
l’ornementation, la volumétrie et les gabaries, le choix des matériaux, l’intégration des
nouvelles technologies de construction, sont également des aspects à considérer d’une
manière systémique pour une reconquête de ce haut lieu de la foi et de lui redonner
toute la place qui lui revient dans notre contexte marocain.
En dernier, l’intégration de la mosquée dans son contexte temporel, social et
culturel est, aujourd’hui, plus qu’une nécessité, c’est une urgence. La ville et la vie
dans la ville marocaine n’auront de sens et de signification que si on restitue à la
mosquée son rôle en tant que repère spatial et identifiant social et qu’on synchronise
les normes urbaines et architecturales et les prescriptions religieuses.
4 Mohamed Naciri : La mosquée, un enjeu dans la ville, in Lamalif n°192, 1987, (pp. 48-52).
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
La mosquée
et son minaret : identifiant
et repère dans la ville

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EDIFICATION DES MOSQUÉES EN RAPPORT
AVEC LES NOUVELLES EXIGENCES DE LA
MOBILITÉ DES USAGERS
INTRODUCTION :
Mohammed Achour
Architecte, urbaniste,
professeur d’architecture, E N A.
Il est sans conteste que la nature de la mobilité des habitants dans la ville a été
profondément affectée par les changements survenus depuis une quinzaine d’années
dans la société globale. Ces changements concernent en premier les moyens de
transport et de communication, les infrastructures routières et aussi les systèmes de
déplacement. Par conséquent, les pratiques spatiales des habitants s’adaptent
aujourd’hui à ces évolutions, ce qui se traduit par de nouvelles tendances de la mobilité
qui ont à leur tour un impact direct sur la ville et ses composantes.
A l’évidence, cela impose un renouvellement et une mise à jour des normes
d’édification de tous les éléments constitutifs de la ville, notamment les lieux de culte
et précisément les mosquées.
Dès lors, nous proposons dans cette communication de mettre en lumière l’impact
des nouvelles tendances de la mobilité des habitants sur la localisation des mosquées
dans la trame urbaine ainsi que les nouvelles logiques qu’elles imposent dans
l’organisation de ces lieux de culte.
A cette fin, nous allons analyser, à travers des cas concrets de mosquées situées à
Rabat, le rapport de la localisation des mosquées et organisation eu égard aux
nouvelles mobilités des usagers, à leurs besoins en déplacements et à leurs possibilités
de se rendre d’un lieu de la ville à un autre.
En effet, les pratiques spatiales des habitants s’adaptent aux évolutions récentes des
moyens de déplacement, notamment aux taux d’équipement en automobile des
ménages et au développement des infrastructures routières. De ce fait, les distances
parcourues ont sensiblement augmenté et les lieux fréquentés sont devenus de plus en
La Mosquée, un repère dans la ville
129

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 130
plus éloignés du lieu de résidence. Ceci, à l’évidence augmente l’intensité des flux
dans la ville et y rend la mobilité quotidienne plus accrue.
La démocratisation de l’usage de l’automobile, permet aujourd’hui la réalisation de
trajets plus longs sur des durées plus courtes, ce qui encourage et stimule les
déplacements des habitants entre différents lieux de la ville.
Dans le même sens, la vitesse des transports devenue plus performante encourage
les gens à aller plus loin et avoir une préférence pour l’espace. Tel appétit augmente
les distances parcourues et aussi les espaces de stationnements.
Par ailleurs, nous constatons aujourd’hui une détérioration des mécanismes d’identité,
d’appartenance et de communauté sous l’influence des possibilités de déplacement.
La notion d’appartenance à un quartier et la notion de voisinage, qui s’appuyaient
sur la proximité physique, tendent à disparaître. Du fait, Les relations sociales sont de
moins en moins corrélées avec la proximité et nécessitent des déplacements de plus,
alors qu’auparavant les gens qui avaient des relations sociales, des intérêts et des
enjeux communs voisinaient dans le même lieu de la ville.
La notion d’équipement de proximité (mosquée du quartier, boulangerie du
quartier, etc.) a disparu elle aussi. Alors qu’auparavant les gens cherchaient le pain
dans la boulangerie du quartier et priaient dans la mosquée de la rue, aujourd’hui du
moment où les moyens de transports permettent le déplacement facile, les gens
choisissent leur boulangerie ou leur mosquée en fonction de l’accessibilité facile, en
fonction de la voie de liaison rapide, ou encore en fonction du stationnement aisé. Les
usagers choisissent aussi leurs mosquées en fonction de la capacité d’accueil et non
plus la contiguïté.
CONSTAT :
En effet, comme on peut le constater, sous l’effet de ces évolutions, Les gens ne
fréquentent plus la mosquée du quartier ou la plus proche, mais plutôt la mosquée la
plus accessible facilement en voiture, c’est à dire celles limitrophes aux voies rapides.
Car du moment où l’on prend sa voiture, les gens préfèrent emprunter les voies faciles
et non encombrées même si la mosquée est plus éloignée que celle du quartier où l’on
habite si cette dernière est localisée dans un endroit difficilement accessible ou une
trame viaire étroite.
Nous constatons aussi, que les mosquées les plus convoitées, surtout pendant le
mois du Ramadan, sont les mosquées dotées de parkings de stationnement pour les
voitures ou du moins celles situées dans une zone dont la trame viaire permet le
stationnement facile.
130
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 131
D’autre part, vue que les gens peuvent se déplacer facilement grâce aux moyens de
transport, ils convoitent les mosquées qui disposent de cours (SAHN) permettant
l’extension de la capacité d’accueil de la salle de prière, ou celles qui disposent d’une
galerie extérieure couverte ou semi couverte pouvant servir de lieu de prière extérieur
mais protégé des intempéries et à l’abri des nuisances de la rue, dans le cas de la
saturation de la salle de prière. Les usagers préfèrent aussi les mosquées dotées
d’esplanade extérieure minérale située à l’avant de la salle de prière de façon à servir
d’extension de celle-ci.
Nous constatons aussi que les mosquées qui sont dotées de jardins extérieurs ou de
pelouses sont préférées à celles qui n’ont aucune extension possible et sont par
conséquent plus convoitées que d’autres.
Tout cela, évidemment est causé par les possibilités de se déplacer facilement, grâce
aux moyens de transport individuels, et aussi collectifs (transport en commun) grâce
aux infrastructures routières, grâce à l’évolution de la vitesse de déplacement devenue
performante. Bref à cause des nouvelles tendances de la mobilité des usagers.
Par conséquent, l’édification des mosquées doit tenir compte de ces évolutions afin
de répondre aux nouvelles exigences des usagers.
ETUDE DE CAS :
Nous prenons pour illustrer ces constats trois exemples exemplatifs pouvant servir
de référence dans la normalisation des mosquées afin de les mettre en adéquation avec
les pratiques de la mobilité des usagers.
Les affirmations tirées de ces trois exemples émanent des résultats d’une enquête
faite auprès des usagers des mosquées dans le cadre d’une étude domiciliée à l’ENA
et qui traite dans un de ses volets du rapport entre le temps des usagers et les
caractéristiques des équipements socio- publics (entre autre les mosquées).
Pour ce faire, nous avons soumi un questionnaire à un échantillon d’usagers des
mosquées. La question principale était : quels sont les facteurs de facilitation que vous
ressentez à la fréquentation des mosquées dont vous faites usage ?
Les facteurs qui en ressortent et qui sont en rapport étroit avec la mobilité des
usagers peuvent être regroupés dans les trois indicateurs de facilitation à la
fréquentation des mosquées suivants : 1) l’accessibilité (rapport à la voirie) 2) le
stationnement (parcage de la voiture) 3) l’extension de la capacité d’accueil (le
SAHN et l’esplanade).
La Mosquée, un repère dans la ville
131

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 132
LA MOSQUEE ASSOUNNA (Rabat)
Le premier exemple est celui de la mosquée ASSOUNNA construite et achevée
en 1785, puis refaite plusieurs fois. Située à l’extrémité nord de l’avenue des Touarga,
elle s’élève actuellement entre les bâtiments de l’office des phosphates et le collège My
youssef.
Cette mosquée est fréquentée d’une manière spectaculaire les jours du vendredi
ainsi que pendant les mois du ramadan. En effet, les gens y viennent même de quartiers
très loin (grâce justement, à ces moyens de transports et cette nouvelle culture de la
mobilité) et ce, pour les raisons suivantes :
Tout d’abord pour des raisons d’accessibilité. Cette mosquée est située dans un
endroit stratégique de la ville daignant plusieurs voies rapides et localisée près de
plusieurs dessertes en transports collectifs. L’accessibilité y est facile en voiture sans
être obligé d’entrer dans des voies secondaires de distribution du quartier (existence de
voiries de liaison rapide). La mosquée est édifiée en île et les voitures peuvent tourner
autour d’une manière fluide et très facile.
Deuxièmement le stationnement. La mosquée ASSOUNNA est entourée de voies
larges permettant le stationnement facile même si elle n’est pas dotée d’une aire de
stationnement particulière.
Aussi, l’existence à proximité de la mosquée ASSOUNNA de parkings de
stationnement de certains équipements voisins (par exemple, lycée Moulay Youssef, le
ministère des PTT, etc.) permet le stationnement facile au moment des prières.
132
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 133
Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. La mosquée ASSOUNNA est
dotée d’une esplanade extérieure bien située par rapport à la salle de prière (à l’avant).
Cette esplanade minérale en partie augmente la capacité d’accueil de la mosquée ce qui
encourage les gens de venir de très loin.
Cependant, cette esplanade n’est séparée des voies de circulation par aucune limite
de protection ni aucune transition la protégeant de l’automobile quand elle sert
d’espace de prière (qui doit être en principe calme et paisible).
Aussi, la mosquée ASSOUNNA, dispose d’une immense cour (SAHN) rectangulaire
et plus large que profonde, située en avant de la salle de prière qui permet le
prolongement de celle ci ainsi que l’extension de la capacité d’accueil de la mosquée.
Ce SAHN est entouré d’une galerie et de trois porches d’entrée pouvant servir d’espace
de prière protégé des intempéries en plus du SAHN à ciel ouvert. Alors que nous
constatons l’absence du SAHN dans la plupart des nouvelles mosquées contemporaines.
LA MOSQUEE LALA SOUKAYNA (Rabat)
Le deuxième exemple est celui de la mosquée LALA SOUKAYNA. Construite en
1988, cette mosquée se situe sur un terrain très dégagé au bord d’un tissu résidentiel
de villas à basse densité, entre le quartier Agdal et le quartier Hay Riad.
Elle se présente dans le paysage urbain en tant qu’événement repère dans la voie
rapide de liaison entre Hay Riad et le centre ville. Son accessibilité est très aisée. Elle
s’entoure de jardins et un grand parking pour les voitures.
Cette mosquée est fréquentée et préférée par les usagers d’une manière prodigieuse
le jour du vendredi pour les raisons suivantes :
La Mosquée, un repère dans la ville
133

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 134
Premièrement pour les raisons d’accessibilité facile. Le fait qu’elle soit langée par
une avenue principale, une voie pendulaire importante fait d’elle une mosquée très
fréquentée, très convoitée et très connue au niveau de la ville car facile d’accessibilité
sans entrer dans le tissu du quartier.
Deuxièmement le stationnement. Les dimensions de son parking (malgré les
problèmes pratiques d’accès (sens unique, sens interdit, etc.) et la possibilité de
stationner facilement tout autour le long de l’avenue qui la longe, encourage les gens
à la fréquenter. Les fidèles y viennent de tous les quartiers de la zone, alors qu’il y a
d’autres mosquées dans les environs.
Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. Par ailleurs, si la mosquée
LALA SOUKAYNA est dotée d’un SAHN très petit, elle dispose par contre d’un
porche de l’entrée principale et d’une galerie d’arcades sous forme d’enceinte à
l’intérieur de laquelle sont aménagés de petit riads. Ce porche et cette enceinte
occupent le rôle de boudoir autour de l’édifice et d’isolation visuelle vis-à-vis de
l’extérieur, comme ils servent aussi de prolongement de la salle de prière des trois
cotés derrière le “Mihrab”.
Les jardins autour (végétal : pelouse et minéral : esplanade dallée) font que la
capacité d’accueil de cette mosquée est aisément extensible et très encourageante. C’est
ce qui explique sa fréquentation les jours du vendredi et pendant le mois de ramadan.
134
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 135
LA MOSQUEE de la CGI à Hay Riad (Rabat)
Le troisième exemple c’est celui de la mosquée de la CGI située à Hay Riad à
proximité de l’avenue Annakhil connue par le mail central.
Depuis l’achèvement de sa construction en 2002, cette mosquée est préférée par les
habitants de Hay Riad, par ceux qui y travaillent mais aussi par d’autres usagers qui
viennent d’autres quartiers voisins, par exemple Guich des Oudaya .En effet, elle est
très fréquentée alors qu’il y a d’autres mosquées dans la zone, par exemple : la
mosquée SAYF, la mosquée ARRIDOUANE, la mosquée KARRAKCHOU. Les
raisons de ce «succès» sont :
Premièrement l’accessibilité facile. Cette mosquée est connectée à la double voie
de l’avenue Annakhil (voie de liaison rapide) d’une manière facile grâce aux deux
connexions perpendiculaires, ce qui encourage les gens à la fréquenter alors que dans
le même quartier il y a deux autres mosquées, la mosquée ARRIDOUANNE et la
mosquée KARRAKCHOU, mais qui sont noyées dans le tissu des villas et par
conséquent difficilement accessibles, à cause de l’étroitesse des rues qui les entourent.
Deuxièmement le stationnement abondant. Cette mosquée est dotée d’un parking
et de places de stationnement facile tout autour, alors que la mosquée ARRIDOUANE
est située dans un tissu dense et une trame serrée qui ne permet pas le parcage facile. En
effet, grâce à sa localisation près d’un jardin et d’un ministère, la mosquée de la CGI
offre une commodité en terme de parkings qui la rend attractive pour les usagers
motorisés, qui sont de plus en plus pressés et cherchent de plus en plus le parcage facile.
La Mosquée, un repère dans la ville
135

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 136
Troisièmement l’extension de la capacité d’accueil. En effet, même si la mosquée
de la CGI de Hay Riad ne dispose pas de SAHN, elle est entourée des trois cotés d’une
galerie plus large que celle de LALA SOUKAYNA, ce qui permet l’extension de la
salle de prière à l’abri des intempéries même quand il pleut ou quand il fait très chaud.
Cette donnée constitue à elle seule une motivation pour les fidèles le jour du
vendredi et rend la mosquée attractive, drainant ainsi une tranche d’usagers non
forcément locale mais de plus en plus nomade et excentrée.
Cette mosquée présente aussi une autre motivation importante pour les usagers :
elle est dotée d’un jardin et d’une esplanade extérieurs entourés d’un mur de clôture,
qui servent le vendredi et pendant le ramadan de prolongement de la salle de prière. Le
fait qu’elle soit entourée par un mur de clôture, dissocie cette esplanade de l’espace
public de circulation piétonne et carrossable et lui procure de la quiétude et de la
sérénité.
CONCLUSION :
Au regard de ces nouvelles exigences, les normes d’édification des mosquées
doivent être plus soucieux de leur environnement dans son rapport à la mobilité des
usagers.
Alors que les déterminants de leur localisation se ramenaient en la proximité des
centres de quartiers ou l’insertion dans les quartiers, aujourd’hui, l’accessibilité aux
principaux axes routiers (autoroutes, rocades, échangeurs, Etc.), et les conditions de
stationnement, sont devenues des déterminants dans le choix de localisation de ces
lieux de culte.
Les infrastructures de transports (support de la mobilité) doivent désormais être
considérées comme l’un des principaux éléments structurants de la distribution spatiale
de ces lieux dans la ville. L’accessibilité (possibilité d’atteindre ou de quitter un lieu
donné facilement et rapidement) est devenue un critère important de localisation des
mosquées.
136
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 137
Les besoins d’accès aux usagers de plus en plus motorisés, font que ces lieux
doivent être situés et localisés de manière à offrir la commodité en termes d’accès de
la voiture, des moyens de transport publics et de stationnement. Cherchant la bonne
desserte, ils doivent se détacher des contraintes liées aux centres villes, tel que les
encombrements et les difficultés d’accessibilité.
En plus, les mosquées doivent viser aujourd’hui, une tranche d’usagers non
forcement locale, mais de plus en plus nomade et constamment mobile. Ceci remet en
question le critère classique d’équipement de quartier et de mosquée de quartier pour
devenir les équipements et les mosquées de la ville.
Ainsi la localisation de ces lieux de culte doit désormais s’acheminer, sous l’effet
de la mobilité des usagers, vers un décentrement par rapport au cœur des quartiers. Les
endroits de prédilection sont les carrefours des grands flux pendulaires, les grands axes
autoroutiers ou les usagers motorisés peuvent s’offrir une accessibilité aisée et un
stationnement facile.
D’autre part, face à cette nouvelle culture de la mobilité et cette facilité de se
déplacer, les normes d’édification des mosquées (pour être en commodité avec les
exigences du moment) doivent prévoir l’extension facile de la salle de prière et par
conséquent de la capacité d’accueil de la mosquée. Le retour au SAHN (car nous
constatons la disparition du SAHN dans les nouvelles mosquées) en est une solution,
mais d’autres formules du prolongement de la salle de prière peuvent être retenues.
Comme on a pu le constater précédemment, l’extension peut se faire par des espaces
tournés vers l’intérieur, mais aussi extravertis permettant l’étalement à l’extérieur tout
en restant à l’abri des nuisances urbaines : le porche d’entrée, la galerie extérieure,
l’esplanade ou le jardin entouré de mur de clôture.
C’étaient là quelques-uns des principaux faits dégagés par notre analyse de la
mosquée eu égard aux nouvelles tendances de la mobilité des usagers, simple
introduction à cet univers particulier qu’est l’édification de ces lieux de culte.
In fine, nous pouvons dire que les signes d’une nouvelle stratégie en matière
d’édification des mosquées sont présents. Notre espoir est que ces éléments suscitent
des réflexions et stimulent des recherches ultérieures.
La Mosquée, un repère dans la ville
137

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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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I- Introduction :
EQUIPEMENT EN MOSQUÉES :
NOUVELLES NORMES URBAINES
M. Abdelaziz Derouiche
Directeur des Mosquées
Ministère des Habous et des Affaires Islamiques
Depuis des années, les normes urbaines en matière d’équipement en mosquées
n’avaient pas changé et peu a été fait pour les changer.
Or, la logique arithmétique de ces normes mises de l’avant par les planificateurs
urbaines n’avait pas facilité un développement normal du réseau des mosquées en
plusieurs zones urbaines.
En effet, en matière d’infrastructure religieuse, malgré les progrès réalisés, la
situation reste préoccupante. En témoignent l’insuffisance des mosquées dans
plusieurs périmètres urbaines et la multiplication des lieux de prières de quartiers à la
place des moquées structurées.
❚ Quels types d’aménagements urbains faciliteraient donc la mosquée ?
❚ Comment faire pour que ces aménagements urbains permettent la satisfaction des
besoins des populations en équipements cultuels ?
❚ Les efforts et le financement seront-ils réellement orientés vers un développement
normal des infrastructures religieuses ?
A cet effet, Le département chargé des Habous et des Affaires Islamiques a procédé
depuis 2003, à des investigations et études qui visent de :
• Produire une série d’analyses quantitatives en vue d’établir un diagnostic, aussi
précis que possible, de la situation des équipements cultuels au niveau de quelques
entités urbaines.
• Mettre en évidence des différents niveaux de dessertes des populations, ainsi que
des déséquilibres et des déficits qui en découlent.
• Elaborer de nouvelles normes urbaines en matière d’équipements cultuels en
étroite concertation avec la direction de l’urbanisme.
Il faut noter que malheureusement, nous ne disposons pas de toutes les données
et les outils pour opérer une analyse minutieuse des différents aspects des mosquées. En
effet, les techniques et les méthodes statistiques sur les mosquées ne sont pas encore
bien développées.
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
139

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 140
Néanmoins, la présente communication propose d’abord la présentation des
résultats préliminaires des ébauches des investigations et études sur les mosquées du
grand Casablanca, puis donne un aperçu des principales tendances de la nouvelle grille
normative en matière d’équipement en mosquée.
II - Indicateurs socio-spatiaux :
L’évaluation de la situation au niveau national et au niveau de la région du grand
Casablanca fait ressortir quelques indicateurs socio-spatiaux sur les mosquées.
2.1/ les indicateurs démographiques :
140
• Evolution de la population 1994/2004
Année Effectif Variation
1994 26.073.717
2004 29.891.708
• Taux moyen d’accroissement de la population = 1,4%.
• Volume de variation en tenue d’effectif = 417.764 habitants/an.
• Taux d’urbanisation élevé = 51,4%.
• Structure de l’armature urbaine nationale en pleine mutation par le dynamisme qui
caractérise de nombreuses :
▲ Petites et moyennes villes.
▲ Nouvelles villes.
▲ Bores péri- urbains.
• Agglomérations d’habitation rurale en plein développement.
2.2/ les indicateurs d’évaluations des niveaux de dotations des régions
en équipement cultuel :
Les régions Oued Eddahab-Lagouira, Laayoune-Boujdour, le grand Casablanca et
Rabat-Sala-Zemmour-Zaer ont un ou deux mosquées pour 5.000 habitants.
Les régions qui ont entre 3 à 7 mosquées, pour 5000 habitants, sont : Guelmim-Es-
Semara, Chaouia-Ouardigha, Orientale, Meknès-Tafilalet, fès-Boulemane.
Les régions où le nombre des mosquées, pour 5000 habitants, est supérieur à 7
mosquées sont : Souss Massa-Draa, Gharb Chrarda Beni-Hsen, Marrakech-Tensift-
Alhaouz, Doukkala-Abda, Tadla-Azilal, Taza-Alhoceima-Taounate, Tanger-Tetouan.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
3.817.991

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 141
Ces différences régionales réelles et importantes, nous incitent, dans le futur, à
chercher les principaux paramètres explicatifs de cette variabilité.
Aussi, la région du grand Casablanca nous interpelle t-elle non seulement par son poids
démographiques mais aussi et particulièrement par son déficit en équipement cultuel.
R. Oued Dahab
Lagouira
Situation des équipements cultuels
au niveau régional
R. Laâyoune
Smara
R. Goulmim Smara
R. Doukkala
Abda
R. Grand
Casablanca
R. Marrakech
Tansift El-Haouz
R. Rabat Salé
Zemmour
Zaër
R. Tanger
Tétouan
R. Gharb Chrarda
Beni Hsen
R. Chaouia
Wardigha
R. Tadla
Azilal
R. Souss Massa
Darâa
R. Taza Hoceima
Taounate
R. Fès
Boulman
R. Meknès
Tafilalet
Nombre des mosquées pour
5000 habitants
1 - 2
3 - 4
5 - 6
7 - 8
9 - 10
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
R. de l’Est
141

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 142
2.3/ les indicateurs spatiaux :
L’analyse spatiale des mosquées de la grande Casablanca a fait appel à des
polygones de theissen :
L’aire géographique de chaque mosquée ou sa zone de service (S) est définie par un
polygone de Theissen formé par les médianes correspondantes.
La zone d’influence d’une mosquée peut être aussi matérialisée par un cercle de
même surface que celle de son polygone de theissen.
Son rayon R= √ — S/π, dénomé ici rayon de service, correspond à la distance
maximale que parcours un prieur pour accéder à la mosquée.
L’application du principe des polygones de theissen à la répartition géographique
des mosquées de vendredi et des cinq prières du grand Casablanca aboutit à la
configuration matérialisée dans la carte N°1.
L’interprétation cartographique des niveaux des desserts des populations en
mosquées fait donc ressortir trois zones principales :
• Zone de répartition, normale des mosquées avec des rayons de service variant
entre 200 et 400 m. (Carte n° 2)
• Zone de déficits en infrastructures religieuses avec des rayons de service qui
avoisinent 600 m. (Carte n° 3)
142
Médiane (BC)’
Mosquée A
B
Médiane (AB)’
Aire géographique ou zone
de service de la mosquée A
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
B
A
C
C
Soient A, B et C trois mosquées
voisines réparties aléatoirement.
R
A
Médiane (AC)’
Zone d’influence
de la mosquée A,
de rayon R

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 143
• Zone d’absence d’équipements cultuels structurés dont les rayons de service des
mosquées sont supérieurs à 1000 m. (Carte n° 4)
Depuis la période coloniale, la ville de Casablanca a bénéficié des infrastructures
urbanistiques liées essentiellement à la fonction de capital. La fonction cultuelle
constituait un enjeu extérieur au développement économique, social et urbain, et
L’impact liée à ce mode de planification urbaine est l’insuffisance des lieux de culte de
qualité et accessible dans plusieurs quartiers de la ville.
Le manque et l’insuffisance des mosquées dans plusieurs zones urbaines se sont
traduits par la multiplication des salles de prières.
En effet, la région du grand Casablanca qui totalise à elle seule environ 50% du
nombre de salle de prière dans notre pays. Cette multiplication reste donc un
phénomène spécifique à cette région, et les conclusions de l’analyse spatiale de ses
mosquées ne peuvent être extrapolés à d’autre région.
Ce phénomène est facilement appréhendé par l’intégration des salles de prières dans
l’analyse par les polygones de theissen.
D’après les cartes N° 5 et 6, l’implantation des salles de prières a conduit à un net
rétrécissement des zones de manque ou d’insuffisance de mosquées. Par conséquent,
Les équipements en mosquées s’avèrent comme une demande incompressible. où en
absence de mosquées les populations construisent des salles temporaires de prières.
Nonobstant, d’après la carte N°6 quelques zones d’absence de mosquées subsistent
et ne semblent pas être envahies par des salles de prières.
L’hypothèse de l’incompressibilité de la demande en mosquées est-il affecté par
cette dernière observation ? La recherche profonde par la comparaison de la carte des
mosquées (avec salle de prière) et la carte des zones ouvertes à l’aménagement a
dévoilé que les zones reliquats de manque des mosquées correspondent à des zones
nouvellement ouvertes à l’aménagement. (Carte N° 7).
Ce constat montre aussi que l’approche méthodologique de l’analyse spatiale des
mosquées par les polygones de theissen est un modèle fiable.
L’autre question qui se pose pour les salles de prières est de savoir si leur présence
est corrélée au taux de pauvreté et aux types d’habitat.
Dans la carte N°9, les sales de prières sont corrélées avec la ceinture de pauvreté
qui entoure Casablanca, mais cette corrélation n’est pas vérifiée par tout.
La carte N°10 montre que les salles de prière se multipliaient essentiellement dans
les zones d’habitat de type social ou sommaire. Par contre, les quartiers d’habitat
modernes accusent des déficits importants en infrastructures religieuses.
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
143

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 144
144
Carte N°1 :
Zones de service des mosquées de vendredi et des cinq prières du grand Casablanca
Rayon de la zone de service
des mosquées
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 145
Carte N°2 :
Zones de répartition normale des mosquées
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
145

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146
Carte N°3 :
Zones d’insuffisance de mosquées
Rayon de la zone de service
des mosquées
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Carte N°4 :
Zones d’absence de mosquées
Rayon de la zone de service
des mosquées
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
147

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148
Carte N° 5 :
Zones de service des mosquées et des salles de prières
Zone reliquats d'absence
de mosquées
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Carte N° 6 :
L’infrastructure des mosquées avec et sans salles de prières
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
149

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150
Carte N° 7 :
Superposition de la carte des mosquées et la carte des zones ouvertes à l’aménagement
Superposition parfaite de zones
d’absence des mosquées et des
zones ouvertes à l’aménagement
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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Carte N° 8 :
La présence de salles de prière est-elle corrélée au taux de pauvreté ?
Il n’existe pas de corrélation significative.
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
(Source HCP)
151

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152
Carte N° 9 :
La présence de salles de prière est-elle corrélée au types d’habitats ?
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc
les salles de prière se multipliaient essentiellement dans les zones d’habitat
de type social ou sommaire.

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 153
2.4/ Indicateurs de dispersion
Les données relatives aux différents paramètres de mesure (surface de la mosquée,
son rayon d’influence, la prise en charge de la gestion) ont fait l’objet d’une analyse
descriptive pour la tendance centrale et de dispersion afin d’estimer et de décrire les
performances des différentes séries.
- Comment varie la Surface des mosquées ?
surface des mosquées
Minimum Maximum Moyenne Ecart type
25 6.500 380 732
La surface moyenne des mosquées est de 400 m2 , mais elle dénote une très grande
variabilité (Ecart type = 732 m).
Répartition du nombre des mosquées par classe de superficie
Surface de la mosquée Effectif Pourcentage Pourcentage cumulé
Moins de 50 m 2 288 32% 32%
50 à 100 m 2 172 19% 51%
100 à 150 m 2 95 11% 62%
150 à 200 m 2 58 6% 68%
200 à 300 m 2 50 6% 74%
300 à 500 m 2 62 7% 81%
500 à 1000 m 2 86 10% 90%
1000 m 2 et plus 89 10% 100%
Total 900 100%
On constate que 51% des mosquées ont des surfaces moins de 100 m 2 .
Répartition de surface des mosquées selon le type
Surface de la
mosquée
Mosquées Prises en charge par salle de prière Total
Les habous Les bienfaiteurs
Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif
1 à 50 m2 3 1% 15 5% 270 94% 288
50 à 100 m2 4 2% 36 21% 132 77% 172
100 à 150 m2 4 4% 37 39% 54 57% 95
150 à 200 m2 2 3% 30 52% 26 45% 58
200 à 300 m2 4 8% 24 48% 22 44% 50
300 à 500 m2 21 34% 34 55% 7 11% 62
500 à 1000 m2 44 51% 37 43% 5 6% 86
1000 m2 et plus 57 64% 32 36% 0 0% 89
Total 139 15% 245 27% 516 57% 900
La surface des mosquées est un paramètre qui varie considérablement en fonction
de l’agent qui prend en charge sa gestion.
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
153

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 154
Ces valeurs moyennes semblent refléter les dimensions optimales dans une
répartition normale des mosquées. Les études initiées par la direction des mosquées a
permis de prendre en compte ces dimensions nouvelles dans la planification urbaine en
terme de notion de temps et de mobilité.
On constate que pour les mosquées qui ont une surface moins que 50 m 2 , 94% des
mosquées sont des salles de prière prises en charge par les bienfaiteurs. Ainsi, la
dernière ligne du tableau indique que dans les mosquées qui ont une surface de 1000 m 2
et plus, 64 % sont des mosquées prises en charge par le ministère des Habous et des
Affaires Islamiques et que 36 % sont des mosquées prises en charge par les bienfaiteurs.
154
- Comment varie le rayon des zones d’influence des mosquées ?
L’étude statistique descriptive et de dispersion de la série des rayons de la zone de
service des mosquées montre ce qui suit :
Minimum Maximum Moyenne Ecart type
Rayon de service
44 3.292 298 274
Le rayon moyen de l’aire géographique de l’ensemble des mosquées est de 300
mètres. Pour les mosquées de vendredi le rayon moyen est de 600 mètres.
Distribution de rayon de service selon la classe de superficie
Rayon de service Fréquence Pour cent Pourcentage cumulé
moins de 100m 117 13% 13%
100 à 200m 246 27% 40%
200 à 300m 210 23% 64%
300 à 400m 123 14% 77%
400 à 500m 95 11% 88%
500 à 600m 42 5% 93%
600m et plus 67 7% 100%
Total 900 100%
On constate alors que plus de 64% des mosquées au grand Casablanca ont un rayon
d’influence moins de 300m, et que 36% des mosquées ont un rayon d’influence
strictement supérieur à 300m.
Répartition de rayon de theissen selon le type des lieux du culte
Rayon de service les mosquées Les salles de prières Total
Effectif % ligne Effectif % ligne Effectif
1 à 100m 24 21% 93 79% 117
100 à 200m 73 30% 173 70% 246
200 à 300m 108 51% 102 49% 210
300 à 400m 62 50% 61 50% 123
400 à 500m 53 56% 42 44% 95
500 à 600m 26 62% 16 38% 42
600m et plus 38 57% 29 43% 67
Total 384 43% 516 57% 900
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 155
On constate que pour les zones géographiques qui ont un rayon de servitude moins
de 100m, 79% des lieux du culte sont des salles de prière. Et pour les zones
géographiques qui ont un rayon de service entre 100m et 200m, 70% sont des salles de
prière. Et pour le rayon de service entre 200m et 600m, on trouve que les salles de
prière présentent moins de 50% des lieux du culte. Ainsi, la dernière ligne du tableau
indique que les zones géographiques qui ont un rayon de theissen de 600m et plus,
57% des lieux du culte sont des mosquées.
2.5/ les indicateurs socio-spatiaux :
On cherche à trouver, par l’analyse en composantes multiples ACM, des relations
entre les variables suivantes :
• Surface de la mosquée.
• Rayon d’influence de la mosquée.
• Agent qui prend en charge sa gestion.
La figure suivante nous donne une typologie plane des modalités de réponses
relatives aux trois variables précédents.
• Groupe 1 (Mosquées prise en
charge par le MHAI) :
- Surface >100 m 2
- Rayon d’influence > 200 m 2
• Groupe 2 (Mosquées prise en
charge par les bienfaiteurs) :
- Surface >100 m 2
- Rayon d’influence > 200 m 2
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
155

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 156
Les contributions de l’axe 1 et 2 peuvent résumer le fait que les salles de prières et
les mosquées prises en charges par les bienfaiteurs sont caractérisées par des petites
surfaces variant entre 1 et 100 m 2 et des zones géographiques ayant un rayon de service
moins de 200m. Par contre les mosquées prises en charges par le ministère des habous
et des affaires islamiques sont caractérisées par une surface plus grande qui dépassent
500m 2 et un rayon d’influence de 200m et plus.
Ainsi, les informations obtenues à partir de l’ACM infirme la dispersion et
l’hétérogénéité qui caractérise la construction des mosquées.
Nonobstant une réalité semble se dégagé, plus la surface de la mosquée est grande
plus son rayon d’influence est grand.
Autrement dit, pour une zone déterminée, la construction d’une petite mosquée qui
ne répond pas aux besoins spatiaux de sa population va se traduire inéluctablement par
la construction d’autres petites mosquées dans la même zone. Ce comportement
conduit à un surcoût des investissements de base pour la construction et l’équipement
de ces mosquées, et la multiplication des charges fixes de gestions d’un nombre élevé
de mosquées.
- Quelle est cette relation entre le rayon d’influence de la mosquée et sa
taille ?
On effectue une régression multiple des séries de données collectées afin de
déterminer la relation mathématique entre la variable expliquée (rayon
d’influence) et les variables explicatives (densité de la population et surface de la
mosquée).
Les résultats des régressions multiples par des équations de régression et les divers
coefficients y afférents :
Pour les mosquées prises en charge par le ministère :
156
❚ Ln(rayon)=1,97+0,30 ln(population)+0,15 ln(surface de la mosquée); R 2 = 0,68.
C’est une relation croissante qui confirme que plus la surface de la mosquée est
grande plus sa zone d’influence et plus grande.
Pour les mosquées prises en charge par les bienfaiteurs :
❚ La surface est presque constante (243 mètre carré) quelque soit les valeurs des
deux autres variables. Les bienfaiteurs semblent construire des petites et
moyennes mosquées quelques soit la densité de la population de la zone
desservie.
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 157
Pour les salles de prières prises en charge intégralement par les
bienfaiteurs :
❚ Ln(rayon)=2,56+0,3 ln(population)+0,02 ln(surface de la mosquée) ; R 2 = 0,48.
Cette régression multiple traduit les tendances, croissance du rayon du service de la
salle de prière en fonction de sa surface.
III. Normes urbaines en matière d’équipement cultuel
3.1. Principales caractéristiques des équipements cultuels
Contrairement aux autres équipements collectifs, les équipements cultuels se
distinguent, entre autres, par les caractéristiques principales suivantes :
• Statut juridique particulier : les mosquées et leurs dépendances sont par nature
Habous public.
- Tous les édifices de culte musulman sont constitués Habous au profit de la
communauté musulmane et ne pourront faire l’objet d’une appropriation
privative.
- Leur gestion et leur fonctionnement sont assurés par le ministère des Habous et
des Affaires islamiques dans les conditions fixées par les règlements en vigueur.
• Besoin incompressible :
- Le déficit en lieux de culte musulman s’exprime souvent par l’édification de
salles de prières ou autres lieux de cultes.
- La programmation des mosquées de surfaces exiguës s’exprime par la
multiplication, dans le même quartier, de nouvelles petites mosquées.
• Financement multiple : Le financement de la construction des mosquées s’opère
par plusieurs agents :
- Etat.
- Habous.
- Bienfaiteurs.
3.2. Limites des anciennes normes urbaines
Type d’équipement
Nombre d’habitants
Par équipement
Surface en m 2
Mosquée de quartier 5.000 1.000
Mosquée de vendredi 15.000 3.000
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
157

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 158
L’application partielle ou arithmétique de ses normes s’est traduite dans certains cas
par :
• Une insuffisance d’équipements cultuels dans plusieurs zones ouvertes à
l’aménagement.
• Des surfaces attribuées aux mosquées, souvent exiguës, ne prennent pas en
compte la densité réelle de populations.
• Une répartition spatiale irrégulière.
• Une mauvaise localisation.
3.3. Nouvelles normes urbaines en matière d’équipements cultuels
158
La nouvelle base normative en matière d’équipements cultuels vise :
• La création des espaces mieux nantis en mosquées.
• La garantie d’un meilleur accès des populations aux équipements cultuels (en
termes de distance de marche et de temps)
• L’optimisation de l’utilisation du foncier urbain.
Population cible :
Une part importante de la tranche d’âge supérieure à 15 ans.
Localisation :
Les mosquées devront être localisées à l’intérieur de la zone présentant la
concentration de population la plus importante du quartier ou du douar.
Accessibilité :
1/ Mosquées de quartier : devraient être accessible à pieds pour la population cible
à une distance de 300 m.
2/ Mosquées de vendredi : devraient être accessible à pieds pour la population cible
à une distance de 600 m.
3/ Mossala ELAID : un espace mossala couvrant une zone suffisamment grande au
niveau de chaque préfecture ou province ou même à proximité des grands
groupements d’habitations. L’espace ainsi réservé pourrait toutefois avoir un
caractère pluridisciplinaire ou modulatoire.
Surface du terrain :
Les terrains réservés aux équipements cultuels doivent renfermer en plus des
espaces de prière plusieurs dépendances nécessaires à savoir :
• Minaret ;
• Patio ;
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 159
• Logements Imam et Muazzen ;
• Ecole coranique ;
• Locaux de commerces et d’habitations de location pour générer des revenus
suffisants pour couvrir les charges de fonctionnement de la mosquée.
1/ Mosquées de vendredi : La superficie varie selon la densité moyenne de la
population à l’intérieur de l’aire géographique de la mosquée. (zone d’influence)
Formule
SV = 29 x D
2/ Mosquées de quartiers : La superficie varie selon la densité de la population de
l’aire géographique de la mosquée ;
Formule
SQ = 3.6 x D
Normes architecturales :
Hypothèses retenues
Z : Zone d'influence de la mosquée :
Z = 1.200m x 1.200m= 144 Ha
D : Densité moyenne de la population dans le quartier
(habitant / hectare)
Pt : Population totale dans la zone = Z x D
PM : Population cible = 20% Pt = 1/5 x Z x D
Surface unitaire nécessaire = 1 m 2 / prieur
SV : Surface à attribuer à la mosquée de vendredi :
SV = 1/5 x Z x D = 29 x D
Hypothèses retenues
Z : Zone de servitude de la mosquée :
Z = 600m x 600m= 36 Ha
D : Densité moyenne de la population dans le quartier
(habitant / hectare)
Pt : Population totale dans la zone = Z x D
PM : Population cible = 10% Pt = 1/10 x Z x D
Surface unitaire nécessaire = 1 m2 / prieur
SQ : Surface à attribuer à la mosquée de quartier :
SQ = 1/10 x Z x D = 3.6 x D
- Forme régulière de la parcelle.
- La longueur de la parcelle la plus perpendiculaire possible à la direction de la «kibla».
- Surface minimale requise est de 200 m 2 quelque soit la densité de populations.
- Parking.
- Aménagement extérieur.
- Intégration de la mosquée dans le tissu urbain.
- Programmation des mosquées de vendredi comme équipement structurant des
quartiers.
- Préservation du cachet architectural de notre pays.
Equipement en mosquées : nouvelles normes urbaines
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Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

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RECOMMANDATIONS
Les recommandations suivantes ont émané de ce colloque :
1- Collecter et recueillir les normes juridiques pour la construction des mosquées dans
un manuel exhaustif comprenant les dispositions des mosquées, les fatwas et les
jurisprudences.
2- Intégrer des questions se rapportant aux mosquées dans la planification
urbanistique, l’aménagement de places consacrées aux rites islamiques dans la
planification urbaine, et l’encouragement des promoteurs immobiliers et autres
opérateurs à contribuer volontairement à la construction et à l’équipement des
mosquées.
3- Inviter les chercheurs marocains à redoubler d’efforts afin d’établir des études, des
descriptions, et analyses pour faire connaître l’importance et les caractéristiques de
notre patrimoine culturel architectural et religieux, et contribuer à sa préservation.
4- Préserver le modèle marocain authentique dans l’architecture des mosquées.
5- Respecter l’architecture locale dans la construction des mosquées.
6- Préserver les sites religieux et historiques situés dans les villes et les campagnes.
7- Promouvoir la tenue de colloques thématiques sur les mosquées.
8- Elaborer un lexique sur l’architecture des mosquées au Maroc.
9- Etablir un plan exhaustif sur l’architecture des mosquées comprenant les bases
théoriques scientifiques et techniques et les démarches pratiques en impliquant les
spécialistes, les chercheurs, les établissements, les instituts et les universités.
10- Constituer une commission représentant le Ministère des Habous et des Affaires
Islamiques et ses partenaires spécialisés dans le thème de ce colloque en vue
d’établir un guide de référence sur l’architecture des mosquées qui sera le thème
du prochain colloque prévu avant la fin de cette année après son adoption.
La Mosquée, un repère dans la ville
161

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 162
162
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 163
Texte du message adresse à Sa Majeste Mohammed VI,
que dieu l’assiste, à l’occasion de l’organisation
du colloque sur :
«LES SPECIFICITES ARCHITECTURALES
DES MOSQUEES DU ROYAUME DU MAROC»
Au nom d Allah, le Cl ment et le Mis ricordieux.
Que la Pri re et la Paix soient avec le Dernier des Messagers d Allah.
Sa Majest , Amir Al Mouminine, Mohammed VI, Que Dieu perp tue
votre tr ne, Vous assiste et Vous garde pour Votre peuple d vou . Que
la Paix, la B n diction et la Cl mence d Allah soient avec Vous.
A l occasion de la cl ture des travaux du colloque scientifique consacr
aux Sp cificit s architecturales des mosqu es du Royaume du Maroc ,
organis Rabat, le lundi 2 Joumada II, 1428 de l H gire, correspondant
au 18 juin 2007, sous le Haut patronage de Votre Majest , le serviteur de
Votre Majest ch rifienne, Votre Ministre aux Habous et aux Affaires
islamiques, a l honneur, en son nom et au nom des participants ce
colloque, et apr s le renouvellement de notre loyalisme et de notre fid lit ,
de pr senter votre Majest l expression de notre gratitude et de notre
reconnaissance pour avoir permis l organisation de cette rencontre
scientifique, la premi re du genre dans notre pays et de l avoir entour e de
votre sollicitude, Ce qui a eu un impact agr able sur les participants et a
couronn ses travaux de succ s.
Majest ,
Ce colloque, organis dans le cadre de la c l bration de la journ e des
mosqu es , dont vous avez donn le coup d envoi Marrakech, le jour de
l anniversaire de la naissance du proph te (Mouloud), a connu la
participation d une pl iade d Oul mas, de chercheurs marocains et de gens
qui s int ressent ce domaine. Ils ont pr sent un ensemble de travaux
s rieux et des recherches novatrices dans le domaine. Ces travaux ont mis
Les Spécificités Architecturales des Mosquées du Royaume du Maroc
163

1ExposésMassajidFr5 5/03/08 23:47 Page 164
en vidence des aspects importants de l histoire des mosqu es, en faisant
ressortir les fondements, les sp cificit s architecturales et les
caract ristiques uniques des d corations des mosqu es du Royaume.
164
Majest ,
Les grandes r alisations sous Votre r gne, dans le domaine de la
construction des Maisons de Dieu, et Votre sollicitude continue, pour ceux
qui s en occupent, ainsi que tous ces chantiers ouverts dans toutes les
r gions du Maroc pour l dification de minarets et de mihrabs o r gnera
la parole de Dieu, sont des actions qui viennent consolider le grand difice
religieux qu a commenc Votre P re, Qu Allah soit satisfait de Lui, et dont
la Mosqu e Hassan II constitue le meilleur exemple de gloire.
Que Dieu Vous garde, Majest , comme il garde le Saint Coran et Vous
pr serve comme refuge pour cette nation attach e la dynastie alaouite, de
mani re ce que Vous lui r g n riez sa religion et que Vous la conduisiez
sur le chemin de la grandeur et de la gloire. Que Dieu Vous comble en la
personne de Son Altesse Royale le Prince H ritier Moulay Hassan et qu il
pr serve son Altesse royale, le Prince Moulay Rachid, ainsi que tous les
membres de Votre illustre famille royale. Allah entend et r pond l appel
de ceux qui le prient.
Fait à Rabat le lundi 2 joumada II, 1428 correspondant au 18 juin 2007
Le Ministre de Votre Majesté aux Habous et aux affaires islamiques
Ahmed TAOUFIQ
Les Spécificités Architecturales des Mosquées au Maroc