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L'élevage, la viande : le désastre - One Voice

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Comment un être sensib<strong>le</strong><br />

devient de <strong>la</strong> <strong>viande</strong><br />

“Même é<strong>le</strong>vés dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions,<br />

<strong>le</strong>s animaux destinés à <strong>la</strong> consommation humaine<br />

finissent toujours par souffrir à un moment ou<br />

à un autre de <strong>le</strong>ur existence (...) La Commission<br />

recommande <strong>la</strong> suppression [aux Etats-Unis]<br />

d’ici dix ans de tout système d’é<strong>le</strong>vage intensif<br />

entravant <strong>le</strong>s animaux dans <strong>le</strong>urs mouvements<br />

ou <strong>le</strong>s empêchant de se comporter norma<strong>le</strong>ment.”<br />

The Pew Commission, Meat on the Tab<strong>le</strong>:<br />

Industrial Farm Animal Production in America, 2008<br />

Depuis une trentaine d’années, un grand nombre de<br />

recherches sur <strong>le</strong> bien-être et <strong>le</strong> comportement des<br />

animaux ont été réalisées. Il est aujourd’hui admis que<br />

<strong>le</strong>s animaux d’é<strong>le</strong>vage sont des êtres sensib<strong>le</strong>s, et des<br />

recherches ont permis d’établir <strong>la</strong> réalité des sensations<br />

des animaux, notamment des tests de préférence, des<br />

tests de motivation et des recherches sur <strong>la</strong> communication<br />

des animaux. Les chercheurs qui ont étudié<br />

<strong>le</strong> comportement des animaux d’é<strong>le</strong>vage ont fait des<br />

découvertes surprenantes, en particulier <strong>le</strong>s capacités<br />

cognitives remarquab<strong>le</strong>s des pou<strong>le</strong>ts, <strong>le</strong> fait qu’une vache<br />

puisse garder rancune pendant des mois ou même<br />

des années et <strong>la</strong> capacité d’un mouton non seu<strong>le</strong>ment<br />

de se rappe<strong>le</strong>r 50 visages de ses congénères mais aussi<br />

de reconnaître l’un d’eux après un an de séparation.<br />

Donald Broom, professeur ès sciences anima<strong>le</strong>s et bienêtre<br />

animal à l’Université de Cambridge, montre avec<br />

quel entrain <strong>le</strong>s vaches résolvent des problèmes intel<strong>le</strong>ctuels.<br />

Dans une étude, <strong>le</strong>s vaches devaient trouver <strong>le</strong><br />

moyen d’ouvrir une porte pour obtenir de <strong>la</strong> nourriture.<br />

en même temps, un é<strong>le</strong>ctroencéphalographe permettait<br />

de mesurer <strong>le</strong>urs ondes cérébra<strong>le</strong>s : “Leurs ondes<br />

cérébra<strong>le</strong>s ont montré <strong>le</strong>ur enjouement, <strong>le</strong>ur rythme<br />

cardiaque s’est accéléré et certaines ont même fait des<br />

sauts. Nous avons appelé ce moment <strong>le</strong>ur « eureka ».”<br />

Des observations scientifiques récentes de Michael<br />

Mendl, professeur ès sciences anima<strong>le</strong>s et éthologie<br />

anima<strong>le</strong> et d’elizabeth Paul, de l’Université de Bristol,<br />

montrent que certaines espèces anima<strong>le</strong>s ont <strong>la</strong> notion<br />

du temps, et notamment qu’el<strong>le</strong>s ont “une expérience<br />

du passé assimi<strong>la</strong>b<strong>le</strong> au souvenir et des représentations<br />

cognitives de l’avenir.” Les auteurs concluent cependant<br />

que lorsque cette faculté est absente, ce<strong>la</strong> ‘n’empêche<br />

nul<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s animaux d’éprouver un certain nombre<br />

d’effets de <strong>le</strong>ur environnement, y compris du passé, en<br />

termes d’état émotionnel.”<br />

À propos des “capacités cognitives et innovations<br />

culturel<strong>le</strong>s remarquab<strong>le</strong>s” du modeste pou<strong>le</strong>t, Christine<br />

Nicol, professeur au Département de sciences vétérinaires<br />

de l’Université de Bristol, déc<strong>la</strong>re : “Notre problème<br />

est d’apprendre aux autres que tout animal que nous<br />

pouvons manger ou utiliser est un individu comp<strong>le</strong>xe et<br />

de corriger en conséquence nos habitudes en matière<br />

d’é<strong>le</strong>vage.”<br />

Cependant, aucun correctif, si important soit-il, ne saurait<br />

changer <strong>le</strong> destin des animaux d’é<strong>le</strong>vage, tant que<br />

<strong>le</strong>s abattoirs continueront d’exister. Malgré <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<br />

censée protéger <strong>le</strong>ur bien-être, ces êtres sensib<strong>le</strong>s sont<br />

tués, écorchés et dépecés dans un temps extrêmement<br />

court derrière <strong>le</strong>s murs des abattoirs, commodément hors<br />

de <strong>la</strong> vue du public, et deviennent de simp<strong>le</strong>s produits<br />

alimentaires. Ils peuvent souffrir comme ils peuvent ne<br />

pas souffrir, physiquement et psychologiquement. L’avis<br />

des experts du Panel scientifique sur <strong>la</strong> santé anima<strong>le</strong> et<br />

<strong>le</strong> bien-être animal de <strong>la</strong> Commission européenne est<br />

peu rassurant : “Il n’existe pas de méthode idéa<strong>le</strong> pour<br />

étourdir et pour tuer <strong>le</strong>s animaux d’é<strong>le</strong>vage, que ce soit<br />

dans <strong>le</strong> cadre de l’abattage commercial ou du contrô<strong>le</strong><br />

des ma<strong>la</strong>dies.”<br />

L’abattage conventionnel, qui consiste à étourdir <strong>le</strong>s<br />

animaux avant de <strong>le</strong>s égorger et de <strong>le</strong>s saigner, peut<br />

permettre d’éviter ou de réduire <strong>la</strong> souffrance et <strong>le</strong><br />

stress, lorsqu’il est pratiqué correctement, mais bien<br />

trop d’exemp<strong>le</strong>s montrent que ce n’est pas <strong>le</strong> cas. en<br />

2007, l’inspection par <strong>la</strong> Commission européenne de<br />

cinq abattoirs français a permis de constater que <strong>le</strong>s animaux<br />

souffraient et qu’aucun de ces établissements ne<br />

respectait <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion européenne. Plus précisément,<br />

<strong>le</strong>s pou<strong>le</strong>ts n’étaient pas étourdis de façon efficace, <strong>le</strong>s<br />

vo<strong>la</strong>il<strong>le</strong>s n’étaient pas protégées contre <strong>le</strong>s chocs é<strong>le</strong>ctriques<br />

avant l’étourdissement, <strong>le</strong>s bovins et <strong>le</strong>s <strong>la</strong>pins<br />

subissaient un stress, des dou<strong>le</strong>urs et des souffrances qui<br />

auraient dû <strong>le</strong>ur être épargnés, et des animaux étaient<br />

transportés malgré des b<strong>le</strong>ssures graves.<br />

<strong>One</strong> <strong>Voice</strong> - OCTOBRe 2008<br />

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