Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
2. A la «Une»<br />
A la «Une»<br />
Comme annoncé dans l’éditorial, nous consacrerons notre «Une» de ce mois-ci à la Malterie Notté.<br />
La malterie Notté ou cette inconnue aux pieds d’argile…<br />
Comme les moments son étranges… Pendant 30 ans, j’ai vécu à quelques mètres de la malterie<br />
de la rue des Quatre Fils Aymon, la malterie Notté, la malterie de Charles Notté, dit Charlie ; j’y<br />
rencontrais aussi Jeanine. Souvent je suis descendu à la malterie, longtemps je ne l’ai vue que<br />
comme un monstre mystérieux, aux entrailles sombres et inconnues… Pendant des années, elle<br />
a été le départ pour moi de bien nombreuses promenades, empruntant la « ruelle de la Malterie »,<br />
je débouchais sur un univers qui me faisait m’évader vers la nature immédiate en ville, sur les<br />
vestiges d’une histoire… Et puis, ce matin du dimanche 3 avril où, devenu un habitant du XXIe<br />
siècle, j’ouvre mon ordinateur et je découvre un message de ma sœur « Tu as vu pour la malterie ?<br />
C’est dommage… ». Et là, subitement, en quelques millièmes de secondes, des idées traversent<br />
mon esprit : « quoi ? Elle a été vendue ? On va la démolir ? Une absurdité de plus à <strong>Lessines</strong> ? Et<br />
si c’était autre chose ? Il y a eut un accident, elle a brûlé ? » Une rapide recherche via Google et<br />
immédiatement la nouvelle tombe…<br />
Ce dimanche 3 avril, c’est le jour de ma visite-conférence à l’hôpital Notre-Dame à la Rose. Pour<br />
moi qui, désor<strong>mai</strong>s, habite à Denée, là où un jour de la du XIXe siècle, des moines sont venus<br />
fonder une abbaye, celle de Maredsous, j’arrive à <strong>Lessines</strong> et ma première visite est pour ce<br />
grand corps meurtri qu’est la malterie depuis le 2 avril au soir… Je n’ai ja<strong>mai</strong>s apprécié les<br />
bâtiments incendiés et là, j’en ai les larmes aux yeux : encore une fois, le patrimoine de ma ville<br />
est altéré… Bien des gens se promènent autour du bâtiment, beaucoup avec leur appareil photo<br />
ou leur caméscope… Que viennent-ils prendre là ? Sont-ils réellement attristés de ce qui vient de<br />
se passer… ou viennent-ils, sagement et inconsciemment, comme beaucoup d’hommes ou de<br />
femmes d’aujourd’hui, profiter d’une certaine téléréalité ?<br />
Parce qu’elle a été incendiée, la malterie de <strong>Lessines</strong>, la malterie Notté est devenue le centre<br />
d’intérêt… Pour combien de temps ? Pendant trop longtemps, elle est demeurée ignorée, ce<br />
n’était que ce grand bâtiment industriel d’une époque révolue qui était là, que l’on voyait <strong>mai</strong>s que<br />
l’on ne connaissait pas. On la voyait et surtout on voyait ses trois fameuses tourailles peu à peu<br />
s’abîmer… Mais personne – ou peu – ne réagissait. Certains, comme moi, rêvait d’en faire un lieu<br />
de culture, d’autres peut-être, du logement… Après tout, pourquoi pas ?<br />
Mais voilà, suite au dernier évènement autour d’elle, la question se pose réellement : que va<br />
devenir ce patrimoine ? Et, au-delà, « qui » est ce patrimoine ? C’est à ce moment que l’on<br />
découvre que cette malterie a été et pourtant demeure bien inconnue…<br />
Les <strong>mai</strong>gres livres d’histoire de la Ville de <strong>Lessines</strong> n’en révèlent rien, Guignies, Lesneucq… Rien,<br />
du moins, rien de répertorié dans une éventuelle table des matières. Pour les avoir auscultés des<br />
centaines de fois, lus des dizaines de fois in extenso, ces deux ouvrages ne me laissent aucun<br />
souvenir de malterie…<br />
Alors, je prends aussi bêtement mon Petit Robert car, dimanche dernier, lors de ma visiteconférence<br />
de l’hôpital, des touristes étrangers, au courant des faits, m’ont posé bien des