Docteur Jacques LOISY - Creahi d'Aquitaine
Docteur Jacques LOISY - Creahi d'Aquitaine
Docteur Jacques LOISY - Creahi d'Aquitaine
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
AQUITHEMES<br />
La perception des troubles du<br />
comportement est très subjective, dans<br />
l’interaction avec l’environnement<br />
socioculturel, ainsi que du seuil de<br />
tolérance individuel de l’adulte.<br />
Prenons l’exemple classique : faire des<br />
bruits avec sa bouche, roter, à la fin d’un<br />
repas est des plus malséant chez nous ;<br />
c’est un signe de satisfaction et de<br />
remerciement apprécié dans d’autres<br />
cultures. Le devin attaché à TRIMALCION,<br />
dans le SATYRICON de FELLINI, interprète<br />
le phénomène dans un sens favorable…<br />
Tel enfant considéré comme<br />
« insupportable » dans une classe, sera<br />
bien accepté dans telle autre.<br />
Tout ceci est bien connu et n’a rien<br />
d’original.<br />
Le rapport de l’IGAS relève que « l’enfant,<br />
objet de la mesure (de placement) devient<br />
insaisissable et prend des formes<br />
changeantes avec la nature même de<br />
l’observateur : il est tour à tour perturbé et<br />
perturbant, malade, mauvais élève ou<br />
méchant, victime souvent et parfois<br />
délinquant », ce qui explique en partie les<br />
filières d’orientation.<br />
Il nous paraît évident de considérer<br />
d’abord et avant tout le comportement, et<br />
ses troubles, comme un message émis par<br />
l’enfant : comprenne qui pourra,<br />
comprenne qui voudra…, dans un contexte<br />
qui module la manifestation et le sens.<br />
« Les actes antisociaux ne sont que l’écho<br />
d’un cri de révolte intérieur de celui dont la<br />
demande n’est pas entendue » (C. Linard –<br />
Vidaud – Ance juin 1994).<br />
En un mot, de considérer les troubles du<br />
comportement comme un symptôme, à<br />
comprendre dans une démarche clinique.<br />
Ce qui n’est pas synonyme de<br />
médicalisation ou de pathologisation, mais<br />
méthodologie d’observation et prise en<br />
compte de l’enfant et de son entourage<br />
dans une démarche de compréhension<br />
globale. Le trouble du comportement n’est<br />
pas, a priori, pathologique, mais il peut être<br />
le signe d’une éventuelle pathologie.<br />
Il s’agit d’observer des signes, le plus<br />
objectivement possible : le comportement<br />
50<br />
Le Nouveau Mascaret n° 58 – 4 ième Trimestre<br />
est le premier (à côté des signes<br />
physiques, de laboratoire, de radiologie,<br />
etc., si nécessaire). Ces signes,<br />
symptômes, s’associent en syndromes, qui<br />
évoquent un dysfonctionnement, un mal<br />
physique ou psychique.<br />
A titre analogique, le déficit moteur d’un<br />
membre est d’abord un symptôme, d’une<br />
lésion, musculaire, osseuse, neurologique,<br />
ou d’une manifestation hystérique, avant<br />
d’être envisagé comme une déficience.<br />
Dans le domaine physique, et plus encore<br />
dans le domaine psychique, l’histoire,<br />
l’anamnèse est fondamentale. Ainsi que les<br />
relations avec l’environnement familial,<br />
social. La conceptualisation, la<br />
« clarification » de WOOD insiste à juste<br />
titre sur les interactions réciproques entre<br />
le sujet et son environnement. La<br />
CLASSIFICATION FRANCAISE DES<br />
TROUBLES MENTAUX DE L’ENFANT ET DE<br />
L’ ADOLESCENT (CFTMEA), dans son axe 2,<br />
donne sa juste place à l’histoire du sujet,<br />
tant organique qu’évènementielle, et à son<br />
environnement, sans que ces éléments<br />
soient considérés forcément comme la<br />
cause des troubles. Toute cette démarche<br />
pour poser un diagnostic en terme de<br />
structure, diagnostic révisable à tout<br />
moment en fonction de l’évolution.<br />
Les classifications médicales<br />
Le rapport de l’IGAS, s’intéressant aux<br />
classifications médicales ne retient que la<br />
CIM 10 et la CFTMEA , comme reconnues<br />
par l’administration, la CFTMEA donnant la<br />
possibilité de transcription dans la CIM 10.<br />
La CIM 10 a les faveurs de certaines<br />
administrations, ce qui est souvent fonction<br />
des régions et des responsables. Est-ce le<br />
prestige du sigle « international » ?<br />
Les praticiens français utilisent<br />
majoritairement la CFTMEA, considérant<br />
que la CIM 10 est mal adaptée à la<br />
pathologie des enfants et adolescents<br />
(P. BAILLY - SALIN et S. LADRET,<br />
Information Psychiatrique 9/1987). La<br />
CIM 10 est très infiltrée de