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Sur les traces des Gauchos : Zellidja 1 voyage.

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<strong>Sur</strong> <strong>les</strong> <strong>traces</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>Gauchos</strong> : <strong>Zellidja</strong> 1 er<br />

<strong>voyage</strong>.<br />

Clémentine Maréchal


Prologue :<br />

« <strong>Zellidja</strong>, bourse de <strong>voyage</strong> 16/20 ans. »<br />

Mais qu’est ce que c’est que ce truc là ? Oh, ça doit sans doute encore être un truc<br />

<strong>les</strong> séjours linguistiques…<br />

C’est ce que je me suis dit en croisant, pour la première fois, l’affiche à l’entrée de la<br />

bibliothèque de mon lycée.<br />

Et pourtant, quelque chose, une force sans doute, m’a traînée jusque dans cette<br />

salle, le 6 janvier 2005, lors de la réunion <strong>des</strong> bourses zellidja, justement !<br />

Scotchée à ma chaise, la bouche, <strong>les</strong> yeux et <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> gran<strong>des</strong> ouvertes pendant<br />

toute la réunion, pas de doute, c’était pour moi, la chance de ma vie, tout<br />

simplement…<br />

J’ai passé tout le reste de la journée à faire <strong>des</strong> recherches sur l’Argentine et <strong>les</strong><br />

chevaux. De toute façon, je savais que si je montais un projet, c’était là-bas !<br />

Et voilà comment mon projet fut réalisé et que moi, gamine de tout juste 17 ans me<br />

retrouva, huit mois plus tard sur le sol argentin ayant pour objectif de rencontrer <strong>les</strong><br />

<strong>Gauchos</strong>, ces cow-boys argentins <strong>des</strong> plaines, et de partout ailleurs….<br />

Partir ? Mais pourquoi ?<br />

Partir, c’est se détacher de ce qui nous entoure, c’est oublier nos opinions toutes<br />

fondées, c’est remettre en questions certaines choses que l’on croyait certaines.<br />

Puis, c’est aussi la curiosité, l’envie de découvrir… J’avais (et j’ai encore !!!) tant de<br />

choses à apprendre de la vie…<br />

Voyager seul, c’est également se découvrir, faire face à soi même et seulement à soi<br />

même dans <strong>les</strong> moments diffici<strong>les</strong>…Se découvrir physiquement et spirituellement,<br />

apprendre à se laisser guider par ses sens, et ne plus se poser pleins de questions.<br />

C’est apprendre à vivre, oui c’est ça, apprendre à vivre…<br />

« Et quand tu veux vraiment quelque chose, alors tout l’univers<br />

conspire à te permettre de réaliser ton désir »<br />

Paulo Cohelo : « L’Alchimiste »<br />

Voilà mon carnet de route, celui qui a tout traversé avec moi, celui à qui j’ai tout<br />

confié. Il fut sans doute la chose la plus précieuse que je trimbalais avec moi durant<br />

cette aventure…<br />

Il est monté à cheval avec moi, a dormi dans <strong>les</strong> lits grouillant d’insectes à mes<br />

côtés, puis, il était là, à chaque instant, comme un ami, dès que j’avais besoin de<br />

parler…


Ce récit raconte tout ce que j’aie vécu pendant un mois. Des péripéties aux moments<br />

d’émotions intenses et bien souvent in<strong>des</strong>criptib<strong>les</strong> ; j’ai pris plaisir à l’écrire et il reste<br />

pour moi le symbole de la plus belle expérience autant humaine que spirituelle qui ne<br />

me sois jamais arrivé…<br />

« Et c’est maintenant que je<br />

trouve le courage de<br />

franchir un cap, de m’offrir à<br />

l’aventure, d’en apprendre<br />

un peu plus sur <strong>les</strong><br />

autres…et sur moi-<br />

même… »


Merci à Gringo…<br />

et à tous ceux qui ont su me<br />

faire confiance<br />

Mercredi 3 août :<br />

7h35 (heure française) : Ça y’est, je suis seule, je suis dans l’avion qui va<br />

m’emmener à Madrid avant de prendre celui qui me mènera à Buenos-Aires...<br />

Je suis seule et pourtant je ne ressens pas la solitude…je crois que l’émotion du<br />

départ est trop forte, que la peur n’est plus rien à côté de la motivation, de l’envie, de<br />

la joie et de l’excitation…<br />

Laissez-moi vous raconter ma montée dans ce premier avion…<br />

Les aux-revoirs ne furent pas tant diffici<strong>les</strong> contrairement à ce que je pensais. Je suis<br />

prête, l’envie est plus forte.<br />

Je passe la douane après un dernier bisou. J’ai le cœur un peu serré et une grosse<br />

boule dans le ventre. Angoisse, excitation…<br />

Et voilà !!!Déjà <strong>les</strong> ennuis ! On me prend mon tatout ! « A la <strong>des</strong>truction ! » Me dit la<br />

gentille hôtesse. Mais il n’est pas dangereux mon tatout, c’est bien pratique pour la<br />

randonnée, <strong>les</strong> <strong>voyage</strong>s, l’aventure…


En fait, un tatout c’est juste une cuillère, une fourchette, un couteau, un ouvre boîte<br />

et un tire-bouchon ! Grrr ! Et on me l’enlève !!!!!Remarque je ne suis pas très<br />

maligne, j’avais qu’à prévoir ! D’ailleurs ce n’est pas ce qui ôte le sourire de mes<br />

lèvres au moment où j’embraque…oui j’embarque ! Je monte dans l’avion ! Je<br />

réalise (un peu) que je m’en vais, que ce moment tant voulu, tant désiré est arrivé…<br />

Je marche, mes pas se font de plus en plus rapi<strong>des</strong>, mon sourire de plus en plus en<br />

grand.<br />

AAAAAh ! Enfin ! J’entre seule dans l’avion…pour l’Argentine !!! Je passe le pas,<br />

j’entre dans l’avion, je n’ai plus peur de rien…ça y’est c’est parti ! Je l’ai voulu, je l’ai<br />

eu !<br />

Merci <strong>Zellidja</strong> !Merci <strong>Zellidja</strong> ! Merci <strong>Zellidja</strong> ! J’oublie tout, ne pense plus à rien. Je<br />

n’en suis plus capable. Je suis tout simplement la fille la plus heureuse de cette<br />

planète ! Tous mes doutes et questionnements me paraissent superficiels. Je vais<br />

décoller, quitter la France.<br />

Le moteur de l’avion ronronne de plus en plus fort, tout comme mon cœur d’ailleurs !<br />

On avance, on commence à rouler…on va prendre de la vitesse !<br />

Nous voilà sur la piste de décollage, je suis à côté d’un hublot. J’entends la vidéo qui<br />

parle en espagnol, je ne comprends rien ! De toute façon même le français j’ai du<br />

mal à le comprendre à ce stade ! Le soleil m’éblouit, j’attends avec impatiente le<br />

décollage. J’ai l’impression que l’avion se reflète en moi, qu’il a la même force…<br />

Bon ! Le décollage ! Le décollage ! Le décollage !<br />

Histoire que je sois dans le ciel ! On s’arrête, ça y’est on est dans <strong>les</strong> starting-blocks !<br />

aaaaaaaaaaaaaaah ça y’est !!!!! Wahou !!!C’est excellent ! Et encore plus dans ces<br />

circonstances j’imagine ! Je sens l’aventure, l’inconnu rentrer en moi. Je profite du<br />

vol…<br />

Je vous raconte tout à l’aéroport de Madrid (3heures d’attente toute seule…)<br />

Là, je vais regarder, profiter…j’aurais jamais pensé ressentir cette ivresse… et<br />

pourtant ! J’ai l’impression de vivre là, et ça fait seulement quinze minutes que je suis<br />

partie ! Je m’accorde une petite pause ! A dans deux heures mes amis !<br />

11h35 (toujours heure française).<br />

Et bien, loupé ! Pendant ce vol qui fut certes de courte durée, je n’ai ni pensé, ni<br />

regardé, ni profité du beau paysage qui s’offrait à moi ! Cependant j’ai rencontré et<br />

discuté pendant <strong>les</strong> deux heures de vol et <strong>les</strong> trois qui suivirent (l’attente pour le vol<br />

de Buenos-Aires).<br />

C’est fou comme le « hasard » fait bien <strong>les</strong> choses !<br />

Donc : je regarde à travers le hublot, ferme vaguement <strong>les</strong> yeux puis <strong>les</strong> rouvres<br />

rapidement.


Le jeune homme à côté de moi sort de son sac un livre « Harry Potter », c’est le 6 ème<br />

tome en anglais. Il me regarde avec un grand sourire…puis voilà c’est parti ! On fait<br />

connaissance, j’ai à faire à un costaricien d’origine qui vient passer <strong>des</strong> vacances làbas<br />

comme tout <strong>les</strong> ans, avec sa famille. Il vient d’avoir son bac donc nous avons<br />

pas mal de sujets à partager. Tout va bien pour moi, je lui parle de <strong>Zellidja</strong>, il en<br />

même entendu parler !<br />

Et heureusement qu’il est là car <strong>Sur</strong>prise à l’aéroport de Madrid ! On doit traverser<br />

l’aéroport en bus et celui-ci nous dépose au terminal mais lequel ? Vous le savez<br />

vous ? Il est vrai que j’aurais pu me débrouiller pour trouver mon chemin mais bon je<br />

trouve sa compagnie et celle de sa mère fort agréable !<br />

Nous prenons un petit dej’ sympa dans l’aéroport de Madrid car Iberia n’a pas voulu<br />

nous servir un petit dej’ dans l’avion, à moins que l’on paye ! (Comme si le billet<br />

d’avion n’était pas assez cher !)<br />

A la table de la cafétéria, nous parlons du Costa Rica, surtout avec sa mère. Il est<br />

déjà presque 11h, on s’assoit sur <strong>les</strong> fauteuils de la salle d’embarquement du côté<br />

Costa Rica. Et oui ! Nos deux sal<strong>les</strong> d’embarquements sont à côté, j’ai pas mal de<br />

chance déjà ! Et voilà que je me retrouve à écouter du rap d’une oreille (musique que<br />

je déteste), regarder un jeu vidéo d’un œil (je ne supporte pas <strong>les</strong> jeux vidéos, en<br />

plus je suis nulle !), et à manger <strong>des</strong> chips d’une main (je ne raffole pas <strong>des</strong> chips<br />

non plus !)Et pourtant, ce moment est merveilleux. Le goût de la vie change !<br />

Même le fait de leur dire au revoir me fait un petit pincement au cœur…et pourtant je<br />

sais que je risque d’en avoir <strong>des</strong> rencontres !<br />

Puis le petit « on s’reverra » de Victor m’a, je l’avoue un peu touchée ! Le pire c’est<br />

qu’ils prennent l’avion du retour le même jour que moi ! Ah ! Les coïncidences !<br />

Pour le moment tout se déroule pour le mieux. Je gravis <strong>les</strong> marches de l’avion qui<br />

m’emmènera à Buenos-Aires ! Je vais d’émotions en émotions. Je me retrouve entre<br />

deux argentins, je présume. Ils se demandent tous ce que j’écris et surtout pourquoi<br />

j’écris autant !<br />

Je suis vraiment détendue même si la question idiote : « Suis-je dans le bon<br />

avion ? » apparaît dans un coin de ma tête ! J’attends comme il y a quelques heures,<br />

avec impatience le décollage. L’avion est beaucoup plus grand et je suis en plein<br />

milieu du milieu ! D’ailleurs, ce n’est pas très pratique pour aller aux toilettes et pour<br />

prendre <strong>des</strong> photos à travers le hublot.<br />

J’espère qu’ils vont nous servir notre repas du midi car je n’ai pas l’intention de<br />

dépenser <strong>des</strong> sous pour me nourrir aujourd’hui ! Déjà que je pars pas avec <strong>des</strong><br />

millions ! Bon, j’arrête ! De toute façon, je suis hyper zen !<br />

ola la ! Tout le monde parle espagnol…c’est là que je me dis « Ah c’est pas de bol<br />

d’être tombée sur une prof qui venait accompagnée de sa bouteille de whisky, ses<br />

tongs et son paréo en cour ! » Il est vrai que je n’aurais sans doute pas du en profiter<br />

pour ne rien faire durant mes deux premières années d’espagnol.


Je me dis qu’il va falloir que j’ose parler, prendre <strong>des</strong> initiatives, car en français, c’est<br />

simple d’engager la conversation, en espagnol( quand on est pas très douée), ça l’ai<br />

moins .Mais, ça viendra, ça viendra.<br />

L’avion ne veut pas se décider à décoller ! Que vais-je ressentir cette fois ? Parce<br />

que cette fois, c’est la bonne ! Il va directement en Argentine ! Je ne sais pas si je<br />

réalise vraiment que je suis enfin dans l’avion ! Si, Si je réalise …enfin…NON, je<br />

réalise pas !!!!L’autre choc c’est de me dire que je ne vais pas pouvoir communiquer<br />

avec ceux que j’aime pendant un mois. Ça a un côté excitant car on se coupe du<br />

monde mais j’aurais sans doute <strong>des</strong> moments de cafards.<br />

Je <strong>les</strong> revois encore partir en me tournant le dos, me quitter <strong>les</strong> larmes aux yeux. Ça<br />

fait un peu mal sur le coup mais je ne veux plus y penser pour le moment…c’est mon<br />

<strong>voyage</strong> et c’est à moi, toute seule, de faire mes preuves, de ramener <strong>des</strong> choses, de<br />

faire partager. J’ai une mission, une quête que je suis loin d’oublier.<br />

L’avion n’est toujours pas décidé à s’envoler, il est pourtant 12h07 (heure française).<br />

Ah ! Voilà quelqu’un qui parle ! Ce qu’il dit ? Bonne question ! En tout cas, je trouve<br />

que l’avion est plus sympa que le premier, plus grand (normal il doit traverser<br />

l’océan…)<br />

Ah ! Une hôtesse parle et je comprends ! Il faut dire que <strong>les</strong> phrases toutes faîtes, je<br />

commence à <strong>les</strong> connaître ! Apparemment 11h50 de vol ! Ça paraît peut-être long<br />

d’un côté et de l’autre, pas assez…<br />

Le désir monte de plus en plus et…plus on désire quelque chose, plus c’est bien<br />

quand on l’obtient ! Puis, c’est aussi excitant d’avoir du temps à voler, ça paraît<br />

encore plus loin, encore plus fou…Alala moi et ma philosophie à deux bal<strong>les</strong> !<br />

Voilà, on nous file <strong>les</strong> consignes de sécurité…rien de bien passionnant…c’est quand<br />

qu’on décolle ? Vite, Vite, Vite ! Je ne peux plus attendre ! Il commence à faire<br />

tourner le moteur (c’est comme tout à l’heure sauf que l’avion s’envole jusqu’à<br />

BUENOS AIRES , oui en ARGENTINE ! ça fait sept mois que j’attends ce moment,<br />

sept mois que je me demande s’il va arriver et là, j’y suis !<br />

L’avion bouge, l’avion va décoller pour Buenos Aires, pour l’Argentine !<br />

AHHHH, il tourne, il se place sur la piste. J’ai tellement attendu ce moment que j’ai<br />

du mal à y croire et c’est pourtant bien vrai ! Oui, le <strong>voyage</strong>, en lui-même, avait<br />

commencé depuis un bout de temps déjà (dans ma tête surtout).<br />

C’est fou comme <strong>les</strong> choses se font pour que tout se passe simplement,<br />

logiquement, dans l’ordre <strong>des</strong> choses ! C’est fou ! Si l’on arrive à percevoir quelques<br />

signes, on peut se rendre compte que tout est lié et que rien n’est laissé au hasard !<br />

L’aventure a commencé il y a seulement quelques heures et à partir du moment où<br />

j’ai été toute seule, je me suis dit « ça y’est, t’es toute seule, toute seule dans tes<br />

galères, toute seule pour un mois…toute seule sans connaître personne… » et c’est<br />

là que dix minutes plus tard, je parlais avec un garçon comme si on se connaissait<br />

depuis longtemps ! Mais ça commence là, l’aventure, le <strong>voyage</strong>, <strong>les</strong> rencontres…et<br />

malgré tout, je suis vidée de toute certitude…


L’avion se dirige lentement vers sa piste. Est-ce que ce sera plus fort qu’au premier<br />

décollage ? Réponse dans quelques minutes…<br />

Je règle ma montre à l’heure argentine, voilà, à présent il est 7h24 du matin ! A cette<br />

heure là, en France, je venais tout juste de quitter deux personnes très importantes<br />

pour moi…puis mon tatout s’envolait à la <strong>des</strong>truction ! Il était quand même bien<br />

pratique ce petit outil !<br />

Il se fait désirer ce décollage ! Ah ! L’avion s’arrête, c’est bon signe ! Ça me rappelle<br />

le premier décollage, il va prendre de la vitesse! (Vous voyez comme j’apprends<br />

vite.) Désolée, j’en profite pour faire de l’humour mais c’est juste un peu nerveux, ça<br />

fait presque 48 heures que je n’ai pas dormi, et pourtant je n’ai pas la moindre envie<br />

de dormir !<br />

Ça y’est, c’est vraiment partit pour le décollage là…un décollage qui s’est d’ailleurs<br />

fait bien désiré ! Ça a intérêt d’être le meilleur ! Aaaaaaaaaaah ! VAMOS ! C’est<br />

parti ! Mon cœur sourit, explose de joie, d’excitation même…<br />

Je peux le dire là : « Argentine, me voilà !!! »<br />

Je sens l’adrénaline monter en moi comme l’air passe au-<strong>des</strong>sous de cet avion et ça<br />

me donne une sensation magique, plus que magique, in<strong>des</strong>criptible ! Ce n’est qu’un<br />

décollage ! Il dérègle tous mes sens.<br />

Je n’entends plus correctement, je tremble un peu et mes yeux tentent de percevoir<br />

à droite et à gauche quelques miettes de ce magnifique moment à travers le hublot.<br />

On monte au <strong>des</strong>sus <strong>des</strong> nuages…<br />

Adios l’Europe, la France ! A moi l’Argentine ! Plus que quelques heures et j’y suis !<br />

8h10 (heure argentine).<br />

Comment décrire ma joie, mon excitation ? En tout cas, j’ai l’air de l’exprimer plutôt<br />

bien. D’ailleurs, mes deux voisins ont du la remarquer vu la longueur <strong>des</strong> sourires<br />

que je leur fait.<br />

Je sens que ce petit cahier de « brouillon » va être mon meilleur ami, mon confident<br />

durant cette aventure…mais en fait c’est à vous que je parle, que je raconte tout ça !<br />

Remarque c’est plutôt agréable car je sais que vous êtes passé par là, que vous<br />

avez sans doute ressenti <strong>des</strong> choses similaires.<br />

Mon cœur est comblé et mon esprit est malgré tout un peu préoccupé par <strong>des</strong><br />

questions du genre : « Léandro va-t-il être à l’aéroport ? » Je sens que oui...j’espère<br />

que oui !<br />

Grrrrr, mon stylo fuit ! Et je viens de me rendre compte d’une chose qui était<br />

inévitable ! J’ai oublié ma brosse à dents ! Je rigole intérieurement…<br />

J’avoue, j’aurais pu oublier quelque chose de plus important comme le passeport ou<br />

le billet d’avion mais non. C’est comme toujours, la brosse à dents ! Ça me fait plus<br />

rire qu’autre chose, je me reconnais bien car (petite anecdote) quand j’étais petite et<br />

que j’allais passer le week end chez <strong>des</strong> amies, je faisais exprès d’oublier ma brosse


à dents, je détestais me laver <strong>les</strong> dents. Enfin là, je le jure je l’ai pas fait<br />

exprès !!!D’ailleurs il va falloir que je m’en trouve une autre.<br />

Il y a <strong>des</strong> tâches noires partout sur mon carnet de route car mon stylo noir fuit. J’en ai<br />

partout sur <strong>les</strong> doigts. Je vais encore devoir escalader <strong>les</strong> gens pour atterrir<br />

jusqu’aux toilettes afin de me laver <strong>les</strong> mains.<br />

10h35 (toujours heure argentine.)<br />

Il faut croire qu’une bonne étoile règne au <strong>des</strong>sus de ma tête (pour l’instant il est 13h<br />

(heure française) et une jeune femme vient à m’aborder (elle était assise près de<br />

moi) : « Tu es française ? » me dit elle doucement. Et voilà, c’est repartit à papoter.<br />

J’ai de la chance, on doit être trois français dans l’avion !<br />

J’apprends donc que cette jeune fille a vingt-quatre ans. Elle vient s’asseoir à côté de<br />

moi et nous parlons, elle surtout.<br />

Puis, arrive le repas ! (Finalement on ne doit pas payer, ouf !) On m’avait dit que la<br />

nourriture avec Ibéria, c’était vraiment pas bon, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de<br />

la grande cuisine mais c’est largement mangeable.<br />

Nous voilà donc repartit dans de gran<strong>des</strong> discussion. Elle me parle de ses passions<br />

et ça me fait du bien d’écouter. De mon côté, je commence à réaliser. Je me dis que<br />

ça risque quand même d’être dur, pas toujours rose. Qu’il va falloir s’accrocher, être<br />

forte. J’ai toujours une petite boule dans le ventre.<br />

Il faudrait que je dorme pour être en forme <strong>les</strong> jours à venir. Bonne nuit ! (il est 15h40<br />

heure française.)<br />

14h25(heure argentine).<br />

Encore environ 5heures de vol. ça se fait long finalement ! En plus, je ne suis pas<br />

patiente. L’anxiété, l’excitation monte de plus en plus en moi et malgré tout j’ai un<br />

peu peur…<br />

Finalement le temps du vol passe de plus en plus vite. Je continue à discuter avec<br />

Audrey. Elle est un peu l’inverse de moi : citadine, un besoin fou de se sentir belle.<br />

On ne manque cependant pas de sujets de conversations quoique sur la fin, pour ne<br />

pas mentir, elle me parle mais mon esprit est ailleurs.<br />

Il est 18h, ils nous servent à manger…encore ! L’attente se fait longue mais nous<br />

avons de l’avance.<br />

A 18h30, l’avion commence à entrer sur le territoire argentin. Mon cœur se serre et je<br />

ne sais par quelle force j’arrive à rester zen !<br />

19h : On atterrit.<br />

Audrey a un coup de blues, et c’est moi qui me retrouve à la consoler…mon sourire<br />

va bientôt atteindre mes yeux ! Il fait nuit à Buenos Aires, <strong>les</strong> lumières sont<br />

magiques…


Je passe <strong>les</strong> douanes sans problèmes. Je crois qu’ils n’ont pas réalisé qu’en fait<br />

j’étais mineure. Remarque tant mieux, ça m’évite de sortir <strong>les</strong> autorisations de sortie<br />

de territoire.<br />

Je récupère mon gros sac à dos de 20kg, pas de problème non plus, puis là c’est<br />

fantastique ! Les gens avec <strong>les</strong> panneaux, <strong>les</strong> amoureux qui se retrouvent.<br />

Je regarde de tous <strong>les</strong> côtés. Léandro où es tu ?<br />

Il est 19h50, il ne va pas tarder, de toute façon je suis zen.<br />

Bon, d’accord, je veux bien avouer que j’ai quelques doutes ! Normal, je suis en<br />

<strong>voyage</strong> !<br />

Les minutes passent, l’oncle d’Audrey vient la chercher, elle s’en va et je me retrouve<br />

seule dans cet aéroport !<br />

J’attends…Je commence à me demander ce que je vais faire si il ne vient pas. Et<br />

pourtant je reste persuadée qu’il va venir ! En plus, je n’ai même pas de pesos, je<br />

n’ai que 200euros sur moi que j’étais censé changer demain ! Je ne sais pas du tout<br />

mais pas du tout où aller !<br />

Ce n’est même pas du stress que je ressens malgré que mes doigts tremblent un<br />

peu, mais c’est un sentiment bizarre, je ne saurais le décrire car je suis sûre qu’il<br />

viendra, alors j’attends, je fais le tour, j’essaie de ne pas paniquer…<br />

20h30, Un jeune homme vient vers moi et moi « LEANDRO !!! », comme si je le<br />

connaissais depuis toujours.<br />

Il me dit qu’il est désolé. Je suis sacrément rassurée ! Ouf ! De péripéties en<br />

péripéties, ça continue mais là on fait plutôt dans le comique.<br />

On sort donc de l’aéroport, rerentre, ressort car on ne savait pas quel bus il fallait<br />

prendre. Puis, il me dit qu’on va manger chez <strong>des</strong> amis français à lui. Il me dit : « Il<br />

faut que tu dises que tu es la cousine de Guillaume, ma copine est très jalouse ! » Je<br />

me suis mise à rire de bon coeur et il ne m’a pas cessé de répéter : « Tu n’oublieras<br />

pas, hein ? »<br />

De toute façon, je n’ai pas eu besoin de ne pas l’oublier car…rien ne se passe<br />

comme prévu …<br />

On arrive donc, après quarante minutes dans le bus, quinze minutes de marche<br />

(avec un sac de 20 kg sur le dos), dix minutes de taxi devant l’appartement <strong>des</strong> amis.<br />

On sonne, on re-sonne…personne.<br />

Ce n’est pas grave, on va passer à l’appartement où je dors pour poser le sac à dos<br />

et on repasse faire un tour par là.<br />

Buenos Aires me fait penser à un mixte entre New York et Quito : palmiers, rues<br />

cra<strong>des</strong> et grands panneaux « Coca Cola, Mac do, cyber café à tous <strong>les</strong> coins de<br />

rues. »<br />

Une demi-heure de marche (en titubant sous le poids du sac à dos) plus tard, nous<br />

arrivons devant « le Panthéon argentin » que je n’arrive réussi à photographier. J’ai<br />

beau me reculer, monter en hauteur, lever l’appareil le plus haut possible (pour mes


petits bras), je n’en vois pas le bout. Bref, pour la <strong>des</strong>cription, en gros c’est une<br />

immense tige blanche.<br />

Nous continuons de marcher. « Ce n’est pas loin, t’inquiète. » Me dit Léandro.<br />

Quinze minutes plus tard, nous arrivons devant l’appartement, chouette !<br />

Sauf que… « Mince, je n’ai pas mes clés, el<strong>les</strong> sont resté chez moi… »<br />

Mon sourire ne s’estompe pas, puis en plus, il me laisse gentiment quelques pièces<br />

pour que je puisse avertir de mon arrivée à Buenos Aires dans un cyber pendant que<br />

lui est parti chercher <strong>les</strong> clés.<br />

Je peux donc envoyer quelques mails, histoire de rassurer la famille et parler avec<br />

<strong>les</strong> derniers habituels veilleurs. (En France, il est 4h30 du matin).<br />

Une heure plus tard revoilà Léandro.<br />

Il est minuit et je commence à être un peu (beaucoup) fatiguée !<br />

On retourne donc, toujours en marchant, à l’appartement qu’il me fait visiter.<br />

Il me laisse ensuite <strong>les</strong> clés et vient me chercher demain à 9h30 !<br />

Voilà ! Je suis à nouveau toute seule.<br />

Je prends une douche…quel bonheur ! Et même si c’est pas le grand luxe et que<br />

c’est un peu crade, ça fait du bien !<br />

Je n’ai toujours pas de brosse à dents alors, devinez avec quoi je frotte mes dents ?<br />

Et bien, <strong>des</strong> cotons tiges ! Vous imaginez bien que je ne mets pas de dentifrice<br />

<strong>des</strong>sus !<br />

Me voilà dans le lit, il doit être 1h30, je suis bien : heureuse, fatiguée mais heureuse !<br />

Je pense à demain : Casa de cambio, coup de fil à Madariagua et si tout se passe<br />

bien, départ pour de la gare Retiro pour Madariagua, village Gaucho.<br />

Tout cela prévu il y a …2heures ! Je n’ai aucun contact mais je le sens bien ! De<br />

toute façon, je ne me vois pas rester plus longtemps à Buenos Aires, ce n’est pas ma<br />

place ici, ce n’est pas le bon cadre. Et puis, j’ai l’impression d’entendre un appel de<br />

là-bas, ou bien un pressentiment, tout simplement. Je m’y fie, nous verrons bien.<br />

Pour le moment, tout m’a réjouie et s’est bien passé, il n’y a pas de raison.<br />

<strong>Sur</strong> ce, je vais m’envoler au pays <strong>des</strong> rêves pour quelques courtes heures certes<br />

mais bien uti<strong>les</strong> quand même. Buenas Noche !<br />

Jeudi 4 août :


9h00 : La nuit est, je pense, la partie la plus angoissante de la journée. Cela dit, je<br />

m’endors quand même comme un bébé à une heure et demi du matin.<br />

Par contre, il est cinq heures du matin et mon ventre est serré, mon esprit occupé, je<br />

tremble un petit peu. « Comment vais-je faire ? » Une tonne de question trotte dans<br />

ma tête, je doute de mes capacités. Je me lève, essaie de me rendormir…en vain !<br />

8h, encore une heure de sommeil.<br />

Tant pis, j’abandonne le lit et me lève.<br />

Je me passe un coup sur la figure, m’habille, me fait un café et j’ai d’ailleurs du mal à<br />

trouver comment faire pour allumer le gaz. Je craque au moins dix allumettes mais<br />

du coup, je le savoure mon café !<br />

Je n’arrête pas de m’imaginer pleins de situations alors je me dis que vu que rien de<br />

ce que l’on s’imagine n’arrive, j’imagine <strong>les</strong> situations <strong>les</strong> pires…<br />

C’est vrai que j’ai un peu peur : je vais quitter mon (presque) seul contact et je vais<br />

devoir faire usage de mon sourire et de mon espagnol très…approfondi.<br />

Je suis cependant impatiente de me retrouver dans la pampa, au cœur de mon<br />

projet.<br />

Je pense que c’est la ville qui me fait un peu peur. C’est immense, plein de bruit,<br />

plein de monde. C’est aussi pour cela que je ne reste pas, puis pour tout dire, je sens<br />

bien qu’ici je ne tirerai rien de concret pour mon projet.<br />

Je sens qu’il y a quelque chose vers Madariagua. Par contre, je n’ai rien de concret<br />

pour après, j’aviserais…c’est vraiment l’inconnu, l’aventure !!! C’est génial !<br />

.<br />

Il faut tout d’abord que je change mon argent, qu’on appelle Madariagua. Je ne sais<br />

pas si je vais passer au consulat. Je ne pense pas que cela soit utile, ça fera juste<br />

plaisir à ma mère.<br />

9h35. Léandro vient me chercher, je décide finalement de laisser mon sac à dos<br />

dans le petit studio où j’ai passé la nuit le temps que l’on aille dans une casa de<br />

cambio.<br />

Nous partons donc. On rentre tout d’abord dans un centre de téléphone. C’est fou ici,<br />

il y a un centre de téléphone et un cyber tous <strong>les</strong> trente mètres.<br />

On téléphone donc à Ana Rosa, personne que j’avais très, très, très vaguement<br />

prévenue de mon <strong>voyage</strong>. Il faut croire que l’étoile brille toujours au-<strong>des</strong>sus de ma<br />

tête. Cette Ana Rosa me paraît super sympa et vient même me chercher à la gare<br />

routière de Madariagua, lorsque j’arrive, ce soir vers 18h30 je crois.<br />

Je suis donc rassurée, heureuse. Je ne calcule pas trop ce qu’il m’arrive, et encore<br />

moins ce qu’il va m’arriver.<br />

On file vers la banque, je change 195 euros et ça me fait 667$Ar. Nous prenons<br />

ensuite un bus pour aller à la gare Retiro pour acheter le billet pour Madariagua. Il<br />

part à 13h30. Je <strong>voyage</strong> de jour mais tant pis, je n’ai rien à faire à Buenos Aires.


Il y a vraiment <strong>des</strong> gens géniaux sur cette terre. Je l’avais senti en plus, que ce<br />

Léandro m’aiderait. Mais quand on vit <strong>les</strong> choses, c’est encore plus fort ! Il m’a<br />

emmené partout, guidé dans Buenos Aires et puis il a contacté Ana Rosa pour moi !<br />

Nous prenons le taxi pour retourner à l’appartement pour que je puisse récupérer<br />

mon gros sac à dos. On se quitte assez vite, je me retrouve dans le taxi pour la gare<br />

routière. J’ai un pincement au cœur, j’aurais voulu le remercier autrement que juste<br />

un simple : « Gracias » balancé à travers la vitre d’un taxi.<br />

Me voilà donc dans le taxi. Ça me rappelle l’Equateur, même si j’étais petite, il y a<br />

quelques souvenirs qui restent, sauf que là, je suis seule !<br />

J’en ai finalement pour 12$Ar soit environ 4euros. Ce n’est pas vraiment cher.<br />

Là encore, quelque chose de typique <strong>des</strong> pays du sud : il me dépose et un monsieur<br />

en blouse bleu et un ventre assez imposant, se jette sur mon sac à dos placé à<br />

l’avant du véhicule, il a l’air complice avec le chauffeur de taxi. Il m’amène donc mon<br />

sac sur le trottoir, je lui dis merci avec un grand sourire : « Il y a vraiment <strong>des</strong> gens<br />

sympa ici. » Sauf que, à peine j’ai mis le sac sur mon dos il me crie un « hého ! » en<br />

me tendant la main. Je m’en doutais. Je lui donne donc une pièce de 50 centavos et<br />

entre dans la gare Retiro.<br />

J’ai déjà vu la gare une fois alors malgré qu’elle soit relativement grande, je me<br />

repère facilement. D’ailleurs, cela m’étonne connaissant mon sens de l’orientation.<br />

J’ai donc pas mal de temps car il n’est que midi et le bus part à 13h30.<br />

Je m’installe donc à une table d’un petit « resto » dans la gare, histoire de manger un<br />

petit truc avant de prendre la route. Je commande un sandwich « queso » sans<br />

savoir réellement ce que c’est, puis de l’eau aussi car j’ai soif ! Le tout m’a coûté<br />

2.50euros et sans l’eau j’en aurais eu pour 1 euro !<br />

13h20, je me retrouve dans le bus pour Madariagua.<br />

Là encore, je donne une pièce au bagagiste qui fait un gros effort pour déposer mon<br />

sac à dos dans la soute.<br />

Je suis contente de quitter Buenos Aires car je rentre à présent dans le vif dans mon<br />

projet…Les <strong>Gauchos</strong>.<br />

D’ailleurs, je veux voir le paysage changer, je migre donc côté fenêtre.<br />

C’est vrai que l’Argentine paraît relativement moderne mais je peux quand même<br />

distinguer <strong>des</strong> <strong>traces</strong> latines. Il y a <strong>des</strong> choses qui ne trompent pas : Les femmes qui<br />

allaitent leur petit dans la rue, <strong>les</strong> petits pains briochés, puis l’ambiance ! Oui, cet<br />

esprit bien différent.<br />

Puis, l’odeur aussi, <strong>les</strong> odeurs ça rappelle <strong>des</strong> choses. Elle est particulière l’odeur<br />

<strong>des</strong> capita<strong>les</strong> d’Amérique Latine ! J’en suis sûre !<br />

Le trajet en bus coûte environ 7.50 euros. Je pense que c’est <strong>les</strong> transports qui vont<br />

me revenir le plus cher finalement. Et pourtant, je n’ai pas pris la première classe<br />

pour le bus ! Mais je m’en fiche, puis j’ai pas à me plaindre, c’est assez confortable !


Ça me fait du bien de me poser, je réalise un peu, je prends le temps d’observer,<br />

d’ouvrir <strong>les</strong> yeux à travers la vitre. J’ai hâte de m’enfoncer dans la pampa.<br />

Oh ! Je remarque un cheval, en plein milieu d’un terrain de foot !<br />

Ce sont en fait, d’après ce que je vois, <strong>des</strong> chevaux attachés avec <strong>des</strong> chaînes dans<br />

une sorte de champs entourés de tas d’ordures tout autour. C’est sale, c’est vrai. Là<br />

encore, typique…<br />

En fait, je crois que j’ai quatre heures de route. En fait c’est assez bizarre car sur le<br />

billet c’est marqué arrivée à 17h30 et Ana Rosa m’a affirmé que j’arrivais à 18h30.<br />

Nous verrons bien. Pour être franche, ça ne m’inquiète pas le moins du monde!<br />

Tout d’abord, en <strong>voyage</strong>, on n’est plus sûr de rien. Toutes nos certitu<strong>des</strong> nous<br />

abandonnent.<br />

On a beau se dire que c’est obligé que ça se passe comme cela, que c’est logique,<br />

on est tellement surpris à chaque instant que je ne suis plus capable d’affirmer quoi<br />

que ce soit !<br />

Waw ! Un Auchan ! Je rêve ! Même à Buenos Aires, on peut faire <strong>des</strong> courses à<br />

Auchan ! Je savais que Coca cola et Mac do c’était international mais Auchan !<br />

Bientôt je vais croiser une halle aux vêtements et un truffaud !<br />

J’ai <strong>des</strong> montées d’adrénaline par moment et mon sourire géant s’affiche sur mon<br />

visage.<br />

Je crois que c’est quand je réalise que je suis ici, en Argentine, que pour l’instant<br />

tout va bien !<br />

J’aime bien <strong>les</strong> trajets en bus moi. <strong>Sur</strong>tout lorsque l’on est tout seul. J’ai remarqué<br />

que dans le bus il n’y a l’air d’avoir que <strong>des</strong> argentins. Tant mieux, j’aime pas <strong>les</strong><br />

touristes !<br />

Nous arrivons quelque part, c’est un peu le bazard.<br />

Ah ! Un vendeur de bonbons ! Amérique latine oblige !<br />

Celui là a un tee shirt Che Guevara.<br />

Ah, tiens voilà un voisin, je vous laisse, je vais essayer de comprendre quelques<br />

mots de ce qu’il me dit.<br />

C’est long le bus, mais je regarde à travers la vitre et plus je ne vois QUE <strong>des</strong><br />

chevaux et <strong>des</strong> vaches donc j’en conclue que je ne me suis pas trompée d’endroit !<br />

Pendant cinq heures de routes, je ne vois que ça !<br />

Je pense à pas mal de choses durant ce trajet de 6 heures de bus. J’imagine toutes<br />

<strong>les</strong> situations possib<strong>les</strong> et imaginab<strong>les</strong> et pourtant je suis très loin de savoir ce qu’il<br />

va m’arriver…<br />

« MADARIAGUA » annonce le chauffeur de bus.<br />

Je <strong>des</strong>cends donc et à peine je récupère mon gros sac, qu’une femme s’approche de<br />

moi, me demande si je suis bien Clémentine et elle me prend dans ses bras.<br />

Tout de suite, je me sens rassurée et heureuse…<br />

Elle me présente son fils : Mathias et elle m’explique donc qu’elle est Ana Rosa, la<br />

directrice de l’office du tourisme, de cette petite ville nommée Madariagua. En plus,<br />

Madariagua, c’est Le village Gaucho !


On monte donc dans la voiture d’Ana Rosa pour finalement aller à son appartement.<br />

Youpi ! On m’a trouvé un porteur de sac, je ne sais pas s’il se débrouille mieux que<br />

moi avec ce foutu sac mais il le fait avec plaisir et puis même si je voudrais porter<br />

mon sac toute seule, je crois qu’on m’en empêcherait…Ici <strong>les</strong> gens sont<br />

vraiment…accueillants, gentils…ça change, ça fait du bien !<br />

Nous arrivons donc devant la porte de l’appartement. Et là, sortent <strong>les</strong> commères de<br />

l’immeuble. Ana Rosa leur explique brièvement qui je suis et pourquoi je suis là et je<br />

me retrouve dans <strong>les</strong> bras de trois vieil<strong>les</strong> dames adorab<strong>les</strong> ! Je ne contrôle plus<br />

rien ! C’est magique !<br />

J’entre donc dans l’appartement, et pendant qu’Ana Rosa prépare gentiment le café,<br />

je me retrouve à écouter ce Mathias jouer de la guitare en chantant.<br />

Il a 20 ans, vit au Brésil et si j’ai bien compris ce qu’il m’a dit il est ici, à Madariagua,<br />

pour faire la fête.Je pense que c’est plus pour voir sa mère et ses amis car<br />

Madariagua ce n’est pas très grand !<br />

D’ailleurs, lorsque dans la voiture je dis que je suis arrivée hier en Argentine, on me<br />

prend pour une folle ! « Quoi ? C’est pas possible ! Elle vient d’arriver de France et<br />

elle ce retrouve dans ce petit village complètement perdu ! »<br />

Petit village, certes, mais village Gaucho !<br />

Le pire c’est quand je prends le café. Je dis que je souhaite travailler avec <strong>les</strong><br />

gauchos, vivre avec eux. Tous deux me disent que c’est très dur, que c’est très sale<br />

et humide en plus. J’explique un peu plus en détail ce que je cherche et pourquoi j’ai<br />

choisi <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>.<br />

Puis je montre mon papier <strong>Zellidja</strong>, elle à l’air de comprendre de mieux en mieux ce<br />

que je recherche, elle à l’air un peu impressionnée mais est tout de même prête à<br />

m’aider.<br />

Je suis rassurée lorsqu’elle me dit qu’il existe bien une relation spéciale entre le<br />

Gaucho et son cheval.<br />

Elle réfléchit pour me trouver un Campo pour découvrir un peu la vie <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>.<br />

Elle veut appeler la télévision ou la radio pour passer une annonce, si j’ai bien<br />

compris. Mathias semble assez choqué et me demande si je suis d’accord…<br />

Je réponds que « oui, autant mettre toutes <strong>les</strong> chances de mon côté ».<br />

Puis, finalement, elle se souvient qu’elle a une amie dont le mari travaille comme<br />

Peone dans l’estancia.<br />

Nous allons donc à l’office du tourisme pour lui téléphoner. L’office du tourisme, c’est<br />

une petite pièce avec <strong>des</strong> photos de <strong>Gauchos</strong> partout, elle me donne pleins de<br />

prospectus concernant <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> et la fête <strong>des</strong> Gaucho de Madariagua.<br />

Puis, elle appelle donc Rafa qui répond qu’il n’y a aucun problème, qu’il passe me<br />

prendre à l’hôtel.<br />

Pour l’hôtel, Ana Rosa me propose deux solutions : la première un hôtel avec salle<br />

de bain dans la chambre et petit dej’ compris, il y en a pour 21$Ar.<br />

La deuxième solution, un hôtel où <strong>les</strong> toilettes sont extérieures, où il n’y a pas de<br />

petit dej, et cela coûte à peine 3euros. J’hésite, mais lorsqu’elle me dit que <strong>les</strong> gens<br />

de ce 2 ème hôtel sont très, très gentils et que en plus, quelques <strong>Gauchos</strong> y dorment<br />

lorsqu’ils sont de passage à Madariagua, je n’hésite plus…et j’ai bien raison !


On part donc pour l’hôtel et je me retrouve dans la voiture d’Ana qui est parti<br />

chercher quelque chose à son appartement, avec Mathias qui me parle de Jésus, il<br />

me dit qu’il l’a même touché (là, j’avoue que je me suis quand même demandé si<br />

j’avais bien compris ce qu’il racontait !) Puis il me dit qu’il suffit d’ouvrir son cœur.<br />

Je me retrouve donc à débattre de Jésus en espagnol avec un jeune homme très,<br />

très croyant ! (Et qui chante drôlement bien !)<br />

Nous arrivons donc à l’hôtel, il est 19h30, on entre avec Mathias et Ana Rosa dans<br />

une petite salle où il fait beaucoup plus chaud que dehors.<br />

Oui c’est l’hiver ! Et à Madariagua, il fait plutôt froid !<br />

Ana explique ce que je fais là, pourquoi je suis là, ils ont tous l’air impressionnés !<br />

Il y a donc, dans cette petite pièce, <strong>les</strong> deux sœurs qui tiennent l’hôtel, et puis<br />

quelques autres personnes que l’on me présente vaguement.<br />

On me fait goûter mon premier maté que je savoure avec joie ! Et évidemment je<br />

trouve le maté très, très, très bon !<br />

Je me retrouve donc, dans cette pièce avec ces deux vieil<strong>les</strong> femmes, Ana et<br />

Mathias et une autre jeune femme. Nous commençons à discuter et…PAM plus<br />

d’électricité ! C’est l’orage ! D’ailleurs, <strong>les</strong> éclairs sont différents ici, ils sont blancs !<br />

Cette panne d’électricité nous rapproche. Je continue donc à boire mon premier<br />

maté dans l’obscurité la plus totale ! Tout le monde à l’air un peu surpris par ma<br />

démarche et encore plus par le fait je souhaite « vivre » avec <strong>les</strong> gauchos.<br />

C’est magique de se sentir accueillie ainsi !<br />

L’électricité revient et on me dit que l’homme qui entre dans la pièce est un<br />

« Gaucho ».<br />

Je sens qu’il est distant, un peu méfiant quand on lui explique qui je suis.<br />

Je ne sais pas du tout combien de temps je vais rester à Madariagua, mais j’ai le<br />

sentiment de ne pas m’être trompée de <strong>des</strong>tination.<br />

On parle donc un petit peu avec ce Gaucho.<br />

Lorsque l’on me dit de le prendre en photo, ce Gaucho, il s’en va vite ! On m’avait<br />

prévenu que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> détestent être pris en photo. Mais de toute façon, je crois<br />

que lorsque je prendrais un Gaucho en photo, ce sera un Gaucho avec qui j’aurais<br />

vécu <strong>des</strong> choses.<br />

Il est environ 20h30, Ana et Mathias s’en vont.<br />

Là encore j’ai un petit pincement au cœur, puis Ana me prend dans ses bras pour<br />

me dire au revoir. Mais de toute façon, je sais qu’elle, je la reverrai !<br />

Les gens ici sont magiques : ils ne te connaissent pas, tu es étrangère et ils se plient<br />

en quatre pour que tu puisse arriver à tes fins !<br />

Avant de partir, je haïssais <strong>les</strong> gens, je ne supportais plus <strong>les</strong> Hommes !<br />

Là, je me rends compte qu’il y a encore <strong>des</strong> gens humains, <strong>des</strong> gens généreux. Qu’il<br />

y a toujours une flamme d’espoir dans le cœur de certains.<br />

Je suis donc assise aux côtés de ces deux vieil<strong>les</strong> dames. El<strong>les</strong> me posent quelques<br />

questions sur la France, sur ma famille.


Quelques minutes plus tard, arrive Carolina et ses deux petits : Delphina et Juan.<br />

Carolina c’est ma grande sœur de la soirée !<br />

Je suis vraiment surprise par l’intérêt, par l’amitié…ça dépasse tout ce que j’ai pu<br />

imaginer ! Et pourtant, ce ne sont que <strong>des</strong> petits riens !<br />

Elle a l’air enjouée lorsqu’elle me rencontre. Puis, elle me propose de venir avec elle<br />

chercher à manger. Me voilà donc dehors avec Carolina qui me prend par le bras, sa<br />

petite Delphina et le chien.<br />

On retourne donc à l’hôtel, dans cette petite pièce bien chaleureuse et on s’installe<br />

pour manger mes premières « empanadas » et plus classique, de la pizza.<br />

En tout cas, je ne sais pas si c’est le fait de <strong>les</strong> manger en bonne compagnie mais<br />

<strong>les</strong> « empanadas », j’adore ça !<br />

Je continue donc à discuter avec Carolina, elle me raconte qu’elle élève ces deux<br />

petits bouts toute seule. Elle me demande, moi, ce que je fais, si j’ai <strong>des</strong> frères et<br />

sœurs.<br />

Il y a vraiment quelque chose en elle qui brille ! Quelque chose de magique, quelque<br />

chose qui me réchauffe le cœur.<br />

En plus de ça, ça me fait un bien fou de voir <strong>des</strong> enfants, surtout la petite Delphina !<br />

Elle est adorable !<br />

Il est 22h45 quand je vais dans ma chambre ! Il fait plus froid dis donc ! Mais, j’ai<br />

vécu en deux jours déjà beaucoup, beaucoup de moments inoubliab<strong>les</strong> ! <strong>Sur</strong>tout côté<br />

humain !<br />

Et ça m’impressionne ! Et cet hôtel ! C’est génial, je trouve ! Je me sens vraiment<br />

comme dans une famille !<br />

Il n’y a pas d’eau chaude, pas de chauffage dans <strong>les</strong> chambres, pas de douches,<br />

c’est crade et pourtant…c’est magique ! Les gens sont magiques ! De toute façon,<br />

j’imagine que c’est souvent comme ça dans <strong>les</strong> endroits <strong>les</strong> moins chers… c’est sans<br />

doute plus facile de faire <strong>des</strong> rencontres.<br />

<strong>Sur</strong> ce, je vous laisse, je suis un peu fatiguée, et mon esprit a quelques petites<br />

choses à assimiler… Bonne nuit !


Vendredi 5 août :<br />

7h20 : Marta frappe à la porte.<br />

C’est dur mais…pas tant que ça ! « Qu’est ce qui m’attends ? »<br />

Je me lève, enfile cinq épaisseurs de pulls, une paire de collant, un pantalon, <strong>les</strong><br />

chaussures et VAMOS !<br />

J’arrive dans cette même petite pièce. On me sert un café et on me propose trois<br />

sortes de gâteaux typiquement argentins.<br />

Moi, je trouve ça bien pour un hôtel sans petit déjeuner ! En plus de cela, Carolina<br />

s’est levée exprès pour prendre son petit dej’ avec moi.<br />

Je suis heureuse, émerveillée…<br />

Marta et Carolina<br />

8h00 ! Rafa, le Peone de San Matéo l’estancia arrive.<br />

Il est grand, à <strong>les</strong> cheveux longs, il est plutôt beau ! Même très beau !<br />

C’est un peu dur de quitter Carolina après <strong>les</strong> moments de bonheur qu’elle m’a<br />

apporté hier soir.<br />

Je monte donc, après avoir déposé mon sac à l’arrière, dans le 4*4 de Rafa.<br />

J’ai quelques appréhensions car j’ai l’impression que tout ce que j’ai lu en France<br />

sur <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> n’a plus grand-chose à voir avec la réalité d’ici.<br />

Je pose donc <strong>des</strong> tonnes de questions à Rafa sur le chemin.<br />

Et même avec mon espagnol limité, j’arrive à comprendre quelques trucs.<br />

D’ailleurs, c’est très difficile d’écrire en français car <strong>les</strong> mots viennent directement en<br />

espagnol dans mon esprit.


Nous pouvons donc en déduire que, même en français, je serais contrainte d’utiliser<br />

un vocabulaire très limité !<br />

Je lui demande comment se présente l’estancia, si il y a du tourisme (ma plus grande<br />

frayeur). Il me répond qu’il n’y a jamais personne qui pose <strong>les</strong> pieds à San Matéo<br />

excepté le duegno du campo et <strong>les</strong> trois <strong>Gauchos</strong> qui travaillent et vivent à l’intérieur.<br />

Je suis donc rassurée ! J’apprends <strong>des</strong> choses avec mes tonnes de questions !<br />

Puis je n’y vais pas par quatre chemins. Je dis clairement (mais gentiment) que je<br />

souhaite travailler avec <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> dans le campo, puis, je dis aussi que j’aimerais<br />

dormir avec eux.<br />

Il me regarde bizarrement un court instant, puis, il m’explique que pour dormir avec<br />

<strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> c’est compliqué car le Gaucho est une personne aimable mais distante<br />

et surtout qu’il vit dans le froid et sans lumière ni eau. Mais il me dit que l’on peut<br />

toujours demander.<br />

Il m’explique qui sont <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> qui vivent dans l’estancia.<br />

Quelques minutes plus tard, sur la route, à gauche, je vois écrit « San Matéo ».<br />

Nous tournons donc à gauche et c’est partit pour cinq minutes de glissa<strong>des</strong> pour<br />

atteindre le cœur du campo. Oui, il pleut aussi en Argentine !<br />

Le chemin est donc très gadoueux et le 4*4 prend de drô<strong>les</strong> de trajectoires.<br />

Rafa parle même au 4*4 pour lui dire de ce calmer !<br />

Moi, je rigole de bon cœur !<br />

Je <strong>des</strong>cends de la voiture, je suis impressionnée.<br />

Je vois <strong>des</strong> chevaux et <strong>des</strong> vaches. Je suis un peu émue…tout me paraît simple !<br />

Rafa me demande ce que je veux faire en premier. Je réponds illico « rencontrer <strong>les</strong><br />

gauchos ».<br />

On avance donc vers une partie de l’estancia et je distingue un homme, il est avec<br />

<strong>les</strong> vaches.<br />

Mon cœur bat très fort. Je suis tout prêt d’un Gaucho !<br />

Rafa lui explique vaguement qui je suis.<br />

Il me regarde bizarrement, je souris.<br />

Il vient, me fais la bise pour me saluer mais paraît tout de même distant.<br />

On dirait qu’il se sent gêné.<br />

Je me dis que ça va être dur de ce faire accepter, puis d’un côté, je suis rassurée…<br />

Le Gaucho est un employé et travaille dans une estancia mais n’est pas envahie par<br />

le tourisme. C’est ce que je n’avais pas compris avant de partir…<br />

Nous nous rendons, tous <strong>les</strong> trois, dans une sorte de grange où dort un vieux<br />

tracteur. Rafa s’en va chercher la camionnette pour recharger <strong>les</strong> batteries du vieux<br />

tracteur. C’est impressionnant comment ils manipulent <strong>les</strong> fils électriques mais ça<br />

marche !


Rafa me dit que l’on va prendre un café dans sa petite maison le temps que Carlos<br />

(le Gaucho) nourrissent <strong>les</strong> bêtes.<br />

Je passe donc le seuil de la porte de sa petite maison, je m’attendais, d’après ce<br />

que j’avais lu en France, à ce que ce soit une maison de grand luxe.<br />

Et bien, je me suis encore trompée et heureuse en plus !<br />

Il n’y a ni lumière, ni chauffage ! L’intérieur est cependant bien tranquille.<br />

Il me fait un café puis nous nous mettons à discuter.<br />

Je me rends compte de pas mal de choses en discutant avec lui.<br />

Il m’apprend beaucoup de choses sur <strong>les</strong> gauchos.<br />

Tout d’abord, il me raconte que le gaucho vit en harmonie avec le temps, qu’avec un<br />

temps comme aujourd’hui (c'est-à-dire pluie et vent), il se contente de faire le<br />

minimum et qu’il reste dans sa maison à boire du maté !<br />

Les gauchos vivent en fait en plein milieu de l’estancia. Ils ont leur maison, avec<br />

juste l’essentiel (vous imaginez que l’essentiel de là-bas n’est pas le même que celui<br />

d’ici.) Ils n’ont pas d’eau, pas de lumière.<br />

Rafa m’explique aussi que le Gaucho se fit beaucoup à la nature. « C’est un peu<br />

comme si quelque chose d’extérieur décidait ce qu’ils devaient faire » me dit il.<br />

Lorsqu’il me dit cela, <strong>des</strong> frissons me parcourent le corps.<br />

Nous continuons à parler, je lui demande pourquoi il a quitté Buenos Aires pour faire<br />

ce boulot. Il me dit qu’il aime la simplicité du Gaucho, que ce sont <strong>des</strong> gens simp<strong>les</strong>,<br />

qu’ils sont humains, qu’ils sont peut-être distants mais qu’ils ne se préoccupent que<br />

de ce qu’il y a à l’intérieur de toi.<br />

Mais ça, ça se voit dans leurs yeux… et j’ai pu distinguer quelques étoi<strong>les</strong> dans <strong>les</strong><br />

yeux de Carlos.<br />

10h30, environ. Il pleut à flot.<br />

Carlos n’a toujours pas fini de nourrir <strong>les</strong> bêtes et Rafa commence à me parler de<br />

Salta, il m’affirme que c’est un endroit avec une tradition Gaucha très forte, que c’est<br />

un autre type de gaucho, et surtout que ce serait intéressant que je le découvre.<br />

Nous verrons bien.<br />

La première question qui me vient à l’esprit : « C’est touristique ? » Il m’explique que<br />

la ville de Salta en elle-même est touristique mais que <strong>les</strong> villages aux alentours c’est<br />

la même chose, personne n’y pose <strong>les</strong> pieds…<br />

La petite ambiguïté c’est que Salta se trouve à 2300km d’ici ! Soit à 30heures de<br />

bus. Je verrais bien, je me laisse guider par mes intuitions…et je vis le moment<br />

présent.<br />

Pour l’instant je suis là, et je découvre. Mais j’avoue que l’idée de Salta ne me<br />

déplait pas car si je suis mon itinéraire, je risque de voir toujours un peu la même<br />

chose.<br />

Il est 11h et Carlos a fini.<br />

Nous le rejoignons, puis nous voilà dans le lieu où il mange le midi.<br />

Il y a une sorte de four, on met du bois dedans pour faire le feu. Puis j’essaie de<br />

décrocher quelques mots de la bouche de Carlos.<br />

Rrrrr c’est là que je regrette d’avoir dormi pendant la plupart de mes cours<br />

d’espagnol !<br />

Je ne comprends pas grand-chose.


On se retrouve quelques minutes plus tard dans la petite maison de Rafa qui se met<br />

à faire la cuisine. Je demande si il veut de l’aide et je me retrouve à éplucher <strong>les</strong><br />

patates dans la pénombre. Je me sens un peu bête car c’est une activité que je n’ai<br />

pas l’habitude de pratiquer, du coup, je ne suis pas très douée.<br />

Donc, après avoir mis environ une demi heure à éplucher trois pommes de terres, je<br />

me retrouve assise en face de Carlos, le Gaucho.<br />

Il a enlevé son grand habit bleu. Il porte maintenant un pull déchiré, avec un espèce<br />

de marcel par-<strong>des</strong>sus, un pantalon puis un chapeau avec lequel il s’essuie quand il a<br />

transpiré où quand il est sale, puis évidemment, le couteau, le grand couteau.<br />

Mais évidemment, j’observe tout cela de mes petits yeux, il ne m’a pas fait la visite<br />

guidée.<br />

J’essaie d’engager la conversation. Je pose la question qui me tient le plus à cœur.<br />

Je lui parle <strong>des</strong> chevaux, je lui demande pour lui, ce que c’est qu’un cheval !<br />

Il me répond, le plus simplement du monde : « Mon ami ».<br />

Et je repère dans ses yeux quelque chose de spécial. Je lui demande aussi<br />

comment il se sent lorsqu’il est sur son cheval et là, un grand sourire se <strong>des</strong>sine sur<br />

son visage, c’est la première fois que je le vois sourire.<br />

Il marmonne quelque chose que j’ai du mal à comprendre alors je demande<br />

simplement « Libre ? » et il me répond d’un « oui » très affirmatif avec toujours ce<br />

sourire et cette flamme dans <strong>les</strong> yeux.<br />

Pas besoin d’être devin pour voir qu’il existe bien une relation très spéciale entre le<br />

Gaucho et son cheval. Ça se sent, ça se voit dans ses yeux.<br />

Il est 13h et rafa a terminé la cuisine : bœuf et pommes de terres. Evidemment le<br />

bœuf, c’est celui du campo.<br />

C’est mon premier morceau de bœuf argentin ! Je le partage avec un Gaucho et le<br />

Peone du campo.<br />

Rafa est en fait censé être le « patron » <strong>des</strong> trois gauchos du campo.<br />

Cependant je suis incapable d’appeler Rafa, un patron.<br />

Il fait le même travail que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>. Il <strong>les</strong> respecte, <strong>les</strong> admire même. Rafa c’est<br />

aussi un homme simple qui connaît <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>.


Au <strong>des</strong>sus : Rafa.<br />

C’est ça qui me surprend, et ça me rend heureuse.<br />

En <strong>des</strong>sert, Rafa sort un pot d’un placard.<br />

C’est du « Dulce de Leche ».<br />

Je ne pensais pas que quelque chose de meilleur que le chocolat existait, et bien si !<br />

D’ailleurs, il n’est pas question que je rentre en France sans une cargaison entière<br />

de dulce de Leche.<br />

On mange ça avec <strong>des</strong> petits gateaux qui ressemble à <strong>des</strong> cookies sans le chocolat.<br />

Il pleut à flot. On s’asseoit sur <strong>des</strong> fauteuils, tous <strong>les</strong> trois, on parle.<br />

Je montre à Carlos à quel point je suis intéressée, je lui dis que je sais monter à<br />

cheval.<br />

Et lorsque Rafa me dis que c’est très dur le travail dans le campo de ce temps là, je<br />

lui réponds que je m’en fiche ! Que je ne suis pas venu ici pour le confort mais pour<br />

rencontrer <strong>des</strong> gens et en l’occurrence <strong>des</strong> gauchos.<br />

Il me sourit, je crois qu’il me comprend.<br />

Il est 15h et Carlos veut s’en aller nourrir <strong>les</strong> bêtes tout seul.<br />

Sauf que…On ne lâche pas une Clémentine comme ça !<br />

Je demande si je peux aller nourrir <strong>les</strong> bêtes, moi aussi.<br />

Carlos et rafa me répondent qu’il fait froid, que ça va être dur. Je dis que ce n’est pas<br />

grave, que je m’en fiche.<br />

Alors, finalement Rafa aussi m’accompagne.


On commence par recharger <strong>les</strong> batteries du tracteur, voilà c’est fait !<br />

Je serais bien monté sur le tracteur, mais il n’y a qu’une seule place et je ne vois<br />

pas aller sur <strong>les</strong> genoux de Carlos.<br />

Du coup, Rafa et moi, on va voir <strong>les</strong> bêtes en camionnette.<br />

On <strong>des</strong>cend et wah le look que j’aie ! Rafa m’a prêté un grand manteau en cuir, c’est<br />

excellent !<br />

On marche dans la boue. Aïe mes chaussures de marches toute neuves tournent au<br />

marron. On soulève la bâche qui recouvre la nourriture <strong>des</strong> vaches et c’est partit !<br />

Il faut tout d’abord mettre <strong>les</strong> grains de céréa<strong>les</strong> dans un seau et ensuite aller <strong>les</strong><br />

mettre dans la mangeoire.<br />

Ce n’est pas bien compliqué, ça demande un peu de force c’est tout. J’essaie de<br />

faire de mon mieux. Je n’ose même pas regarder dans quel état je suis. Mes<br />

cheveux sont couverts de grains de maïs et de son, mes gants c’est la même chose<br />

et mon pantalon est plein de boue jusqu’au genoux ! J’ai pas pensé à la paire de<br />

bottes et mes chaussures sont recouvertes de bouts ! Je ne <strong>les</strong> distingue même<br />

plus !<br />

Moi après avoir nourri <strong>les</strong> vaches.<br />

On continue, on continue ! Jusqu’à temps que la remorque soit vide. Ça y’est ! Ouf !<br />

je suis dans un état !<br />

On repart en camionnette jusqu’à la grange.<br />

On arrive à une porte qu’il faut ouvrir et Rafa <strong>des</strong>cend de la voiture. Il semble avoir<br />

du mal à combattre contre le vent. Je saute donc moi aussi de la voiture pour aller


l’aider. Finalement, à deux, on est plus fort que le vent et nous arrivons à ouvrir cette<br />

fichu porte !<br />

On arrive à la grange, on décharge d’autres sachets de nourriture. Et la remarque de<br />

Carlos me fait plutôt plaisir. « Elle est forte ! » héhé !<br />

Il doit être cinq heures lorsque nous disons au revoir à Carlos.<br />

En fait, il ne peut pas m’accueillir chez lui, il dit qu’il n’y a que deux chambres et<br />

qu’il vit avec ses parents.<br />

Je pense aussi que c’est car il faut du temps…<br />

Nous arrivons dans la petite maison du campo de Rafa et là je peux prendre une<br />

petite douche pour me décrasser un peu.<br />

J’ai une chance folle, il y a même de l’eau chaude ! Ça fait du bien !!!!<br />

Vu l’état de mon pantalon, je décide de le laver à la main. Evidemment, douée<br />

comme je suis, je mets trois tonnes de produit et passe trois heures à le rincer !<br />

Il doit être 17h30 quand nous repartons pour Madariagua.<br />

Dans la voiture, c’est un peu plus calme qu’à l’aller. Je crois que la fatigue y est pour<br />

beaucoup.Je pense à ma journée, à ce que j’ai vécu. Je ne suis pas déçue malgré<br />

que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> ne sont pas tout à fait comme je l’imaginais. C’est ça aussi ! Il faut<br />

bien être un peu surpris !<br />

Nous arrivons chez Rafa à Madariagua.<br />

Je fais la connaissance de Male, sa femme et de ces 4 petits bouts de choux : Ines,<br />

Augustina, Bellisario et Juanpie.<br />

J’ai un petit coup de blues. Je ne sais même pas pourquoi, je pense que c’est la<br />

fatigue.<br />

Male me parle de Salta, encore !<br />

Il n’y a aucun problème et pourtant je ne me sens vraiment pas très bien. En plus, je<br />

ne comprends pas très bien ce qu’elle raconte.<br />

Et, je repense au sourire de Carlos lorsque je lui ai parlé <strong>des</strong> chevaux et ça va tout<br />

de suite mieux.<br />

Puis, Male se propose de m’accompagner à un cyber pour que je puisse envoyer<br />

<strong>des</strong> mails. C’est drôle, depuis le début de mon <strong>voyage</strong>, <strong>les</strong> seuls moments où je me<br />

suis retrouvée toute seule c’est dans le taxi, dans le bus et la nuit dans ma chambre<br />

d’hôtel !<br />

J’envoie donc quelques mails en informant la famille qu’il est possible que je parte à<br />

Salta dans peu de temps.<br />

De retour chez Male et Rafa, le téléphone sonne et c’est Ana Rosa qui téléphone.<br />

Elle me dit que si je veux, demain je peux aller dans un « grand campo » voir la<br />

préparation <strong>des</strong> chevaux pour la fête de dimanche.<br />

En fait, dimanche, <strong>des</strong> « <strong>Gauchos</strong> » car <strong>les</strong> gauchos <strong>des</strong> fêtes ne sont pas vraiment<br />

<strong>les</strong> même que ceux qui travaillent et vivent dans le campo, présentent <strong>des</strong> chevaux<br />

qui ne sont pas encore débourrés, ils sont entre 2 et 5 ans environ.<br />

Ils ont ensuite jusqu’à octobre pour <strong>les</strong> débourrer et en octobre ils se retrouvent tous<br />

pour prouver, montrer qu’ils ont bien débourrés <strong>les</strong> chevaux. Et demain, ils attrapent<br />

<strong>les</strong> « potros » c'est-à-dire <strong>les</strong> chevaux non débourrés pour <strong>les</strong> présenter le dimanche.


Cependant, je veux quand même revoir Carlos à San Matéo et Rafa m’a promis que<br />

lundi j’y retournerais car c’est ça qui m’intéresse le plus.<br />

Les enfants sont adorab<strong>les</strong>, surtout la petite Ines, avec son sourire.<br />

Il est 22h quand j’entends Male qui dit « Vamos ». Je n’ai pas très bien compris où<br />

est-ce que l’on va alors je lui demande. Elle me répond que l’on va manger une<br />

« parilla » dans un restaurant. Ça me faire rire, en plein milieu de l’Argentine dans un<br />

village paumée, <strong>des</strong> gens que je connais à peine m’invite au restaurant !!!!<br />

Je ne cherche même plus à comprendre. Je me retrouve donc, dans le 4*4 à côté<br />

de la petite Ines et de son sourire magique.<br />

Ils sont simp<strong>les</strong>. Quoique, ça se sent que Male à besoin de plus de confort.<br />

En fait ils ont une maison à Madariagua et elle et ses enfants ne viennent pas dormir<br />

au campo l’hiver car il fait trop froid, puis c’est plus pratique pour l’école.<br />

Au restaurant, on me fait goûter la parilla de « Chorizo », pendant que Male prend un<br />

Assado .<br />

C’est excellent ! C’est autre chose que la bonne côte de bœuf de chez le boucher !<br />

Et ici, ça ne vaut presque rien.<br />

Il est 23h lorsque l’on sort du restaurant, ils me ramènent à l’hôtel et je me retrouve<br />

encore une fois avec ces 2 vieil<strong>les</strong> dames à parler un peu, à raconter ma journée.<br />

El<strong>les</strong> sont un peu comme <strong>des</strong> mamans qui demandent à leurs enfants de leur<br />

raconter leur journée.<br />

Je suis bien fatiguée de ma journée et j’ai hâte de retourner à San Matéo.<br />

A vrai dire même si je sais que c’est intéressant de découvrir une autre forme de<br />

Gaucho, je ne pense qu’à Carlos et San Matéo…<br />

Je me bats avec la porte pour entrer dans ma chambre, puis, je me mets à écrire.<br />

Je repense à tout ça, je ne sais d’ailleurs pas trop quoi penser.<br />

Pour le moment, <strong>les</strong> gens ont tous été à mes côtés, je ne me suis vraiment jamais<br />

retrouvée toute seule. Je sais qu’il faut que j’insiste pour aller vraiment « découvrir »<br />

<strong>les</strong> gauchos. C’est seulement le troisième jour de mon <strong>voyage</strong> et je sais que je vais<br />

encore en voir beaucoup mais j’ai envie de tout vivre à fond.<br />

Je ne sais même pas quelle heure il est car j’ai oublié ma montre ainsi que mon<br />

pantalon à San Matéo.<br />

Je m’endors, plutôt contente mais je me demande ce qui m’attend demain. Et une<br />

phrase de Rafa me revient à l’esprit : « Un homme peut être vêtis du parfait<br />

« uniforme Gaucho » et ne pas en être un, par contre un homme qui porte cela en<br />

lui, qui à le sang Gaucho ne porte pas toujours l’habit. »<br />

Ce que je trouve assez exceptionnel chez quelques <strong>Gauchos</strong> comme Carlos, c’est<br />

qu’ils pourraient avoir la possibilité de vivre autrement, avec plus de confort mais ils<br />

choisissent de vivre avec seulement l’essentiel. Il échange le confort contre une<br />

certaine forme de liberté, contre un essentiel qui leur permet de vivre simplement,<br />

tranquillement, loin du bruit et de la ville…Je trouve ça beau.<br />

Je m’endors donc, la tête pleine de questions. Au milieu de la nuit, me vient soudain<br />

une envie pressante d’aller aux toilettes. Il caille ! Je me lève, enfile mes chaussures<br />

et je commence à essayer d’ouvrir la porte. En vain !<br />

J’essaye encore mais cette fichue porte ne veut pas s’ouvrir !


Je me bats avec elle pendant dix minutes mais je réussi enfin à l’ouvrir ! Ouf !<br />

C’est vrai que lorsque l’on regarde l’endroit où je dors et où je me lave, ça peut<br />

paraître un peu miteux mais je n’y fais même pas attention.<br />

Samedi 6 août :<br />

Quelle journée bizarre ! A vrai dire, je suis un peu perdue. Mais <strong>les</strong> sentiments après,<br />

d’abord, je raconte :<br />

Il doit être 9h30, Pédro vient me chercher vers 11h, je vais aller prendre un thé avec<br />

ces deux gentil<strong>les</strong> dames. J’arrive donc dans cette fameuse petite salle que je<br />

commence à connaître. Martha me sert un café puis j’ai envie de faire plaisir. Alors,<br />

je sors mes crêpes bretonnes que j’ai ramenées pour…<strong>des</strong> occasions du genre celle<br />

là. Je leur propose donc deux de mes crêpes, el<strong>les</strong> n’osent pas <strong>les</strong> goûter tout de<br />

suite mais une fois que j’en mange une avec du dulce de leche el<strong>les</strong> s’y mettent<br />

el<strong>les</strong> aussi !<br />

Il est 10h, il reste une heure avant que Pédro vienne me chercher, je vais donc me<br />

balader dans Madariagua. Puis, je tombe sur un centre internet, du coup j’envoie<br />

quelques mails, j’essaie d’en envoyer un à mon délégué régional pour lui raconter<br />

mes premières aventures puis là encore pour rassurer la famille.<br />

Je rentre donc à l’hôtel et Pédro est déjà là. Je monte dans sa voiture sans savoir<br />

exactement où je vais.<br />

J’arrive, quelques minutes plus tard devant une impressionnante bâtisse.<br />

Un jeune homme se propose de porter mon sac et Pédro s’en va en me laissant<br />

entre <strong>les</strong> mains de ce jeune homme.<br />

Récapitulons : Je ne sais pas du tout avec qui je suis et eux ne savent pas non plus<br />

qui je suis (jusque là ça va). Je n’ai aucune idée de comment je rentre à Madariagua<br />

ce soir (si je rentre). En fait tout va bien, je me fais du souci pour rien…


Il y a <strong>des</strong> tonnes de chevaux ici.<br />

Le jeune homme s’appelle Nico et la première chose que je vois, c’est un homme en<br />

train de couper la crinière d’un cheval (qu’il va sans doute présenter demain), qui a<br />

<strong>les</strong> deux pattes arrière liées (sans doute pour éviter qu’il bouge.)<br />

J’avais bien compris en fait, la fête qu’il y a demain c’est la présentation de tous <strong>les</strong><br />

« potros ». Ceux qui <strong>les</strong> présentent (<strong>Gauchos</strong> et faux <strong>Gauchos</strong> surtout) ont jusqu’à<br />

fin octobre pour <strong>les</strong> dresser.<br />

En gros, c’est une sorte de compétition. Le matériel et <strong>les</strong> chevaux est bien différent<br />

que dans nos écuries françaises.<br />

Quelques minutes plus tard, je me retrouve à cheval avec Nico et son frère Juan de<br />

16 ans. On fait le tour du campo.<br />

Je discute un peu avec Nico, on parle <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>. Il me dit que « c’est impossible<br />

de vivre comme eux. » Je lui explique ce que je suis venue faire là et que je veux<br />

vraiment vivre et découvrir la vie d’un vrai Gaucho. Lui me répond que sa famille vit<br />

comme <strong>les</strong> gauchos, qu’ils font <strong>les</strong> mêmes choses mais qu’ils n’en sont pas. Ça me<br />

rassure un peu qu’ils fassent la différence.<br />

Ça me fait du bien d’être à cheval, je regarde autour de moi. C’est magnifique.<br />

Nous arrivons dans un champ et Juan tente d’attraper un cheval qui se laisse plus ou<br />

moins faire.<br />

Ils me demandent si je veux aller plus vite. Je réponds d’un « oui » sans vraiment<br />

trop avoir compris la question.<br />

Mon cheval galope plus vite que <strong>les</strong> autres, du coup, je ne sais pas trop où aller et je<br />

ne fais que de me retourner pour savoir quelle direction m’indiquent Nico et Juan.<br />

On arrive à cinq mètres de la porte et wahhhh freinage sur place !<br />

En fait, ici, le matériel <strong>des</strong> chevaux dépend de la discipline. Nico m’explique que<br />

chez lui, il y a <strong>des</strong> chevaux de campo, <strong>des</strong> chevaux de sport par exemple polo et <strong>les</strong><br />

potros, <strong>les</strong> chevaux non dressés.<br />

Je me sens bizarre. Je n’imaginais pas ça du tout comme ça. Mais c’est ce que sont<br />

devenus une partie <strong>des</strong> estancias situées à côté de la ville.<br />

Nous arrivons au galop au lieu de départ. On <strong>des</strong>cend et on ne me laisse pas<br />

<strong>des</strong>seller mon cheval.<br />

Ensuite, Nico m’emmène dans une grande salle avec une grande cheminée où l’on<br />

me propose un maté avec une « tortilla », je crois, une pâtisserie de là-bas.<br />

Nico se met à faire griller d’énormes bouts de « carne » et aussi du « chorizo » dans<br />

la cheminée.<br />

Et voilà quatre autres garçons qui se pointent. Ils ont tous entre 16 et 25 ans environ.<br />

Je suis évidemment la seule fille.<br />

C’est peut être pas <strong>des</strong> gauchos mais ça fait bizarre tout de même.<br />

Nico n’arrête pas de me donner du chorizo ! Ils sont très aimab<strong>les</strong> mais je ne me<br />

sens pas à ma place.<br />

Je pose quelques questions à Nico, je lui demande ce que c’est exactement ici.<br />

Il me répond que ce fut une estancia mais que c’est devenu un centre pour<br />

apprendre l’équitation où sont organisées quelques fêtes.


Pendant que nous mangeons, <strong>les</strong> quatre garçons parlent beaucoup entre eux et je<br />

ne comprends pas grand-chose à ce qu’ils racontent d’ailleurs.<br />

Lorsqu’on a terminé de manger, on se retrouve dans une pièce chauffée par la<br />

cheminée à boire encore et encore ce fameux maté.<br />

Puis, quelques instants plus tard, arrivent quatre autres jeunes hommes, ils doivent<br />

avoir environ 25 ans. Il y en a trois qui montent beaucoup à cheval et un autre, un<br />

peu gros, qui a l’air un peu pommé.<br />

Nous retournons voir <strong>les</strong> chevaux et l’homme que je trouvais le plus charismatique<br />

monte sur un cheval, prend un lasso, entre dans un enclos où sont enfermés <strong>des</strong><br />

potros de 2 ans, puis il tente d’en attraper un.<br />

Il fait tourner le lasso, réussi à attraper un cheval par le cou. Celui-ci se débat, se<br />

cabre, fait <strong>des</strong> croupa<strong>des</strong>, se retourne.<br />

Le cheval est maintenant allongé dans la boue et le jeune homme continue de tirer,<br />

le cheval est épuisé, à bout de souffle. Ça me fait vraiment bizarre.<br />

Je n’arrive même pas à prendre de photo tellement je me sens mal.<br />

J’ai comme l’impression de m’être trompée. Cet homme est complètement différent<br />

de Carlos et pourtant il se dit Gaucho.<br />

C’est vrai qu’ils sont plus jeunes, qu’ils ne voient pas le cheval comme quelqu’un<br />

dont ils ont besoin mais plus un moyen de se montrer, de gagner ce genre de<br />

compétition.<br />

Ça continue, le cheval a <strong>les</strong> pattes accrochées deux par deux et ils essayent de le<br />

laver au tuyau d’arrosage. Le cheval fait <strong>des</strong> rua<strong>des</strong> pour éviter l’eau et il réussit à<br />

s’enfuir. L’homme se dépêche de sauter sur un autre cheval, de prendre son lasso et<br />

part à sa capture.<br />

C’est comme cela toute l’après midi. Toute l’après midi je vois <strong>des</strong> jeunes chevaux se<br />

débattrent <strong>des</strong> mains de ces jeunes hommes.<br />

Il doit être environ 17h, je suis perdue, j’ai envie de rentrer à Madariagua. Je ne sais<br />

plus quoi penser.<br />

Vers 17h30, Ana Rosa appelle Nico sur son portable et il me la passe.<br />

Je lui dis que demain je vais voir la fête ici (oui, je tiens quand même à voir ce que ça<br />

donne.) Elle me dit qu’elle passe me prendre à l’hôtel vers 11h demain matin.<br />

Ensuite, Nico et moi on rentre dans la pièce avec la cheminée, on partage encore un<br />

maté. Il me dit que maintenant très peu de <strong>Gauchos</strong> vivent comme avant car<br />

maintenant, ils ont accès à tout. Et pourtant, hier, Rafa me disait que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong><br />

choisissaient de ne rien avoir. Alala, je suis un peu perdue !<br />

Nous discutons de pas mal de choses. Lui me dit qu’il n’aime pas la façon dont ses<br />

copains attrapent <strong>les</strong> potros, que ce n’est pas pour lui.<br />

Et lorsque je lui pose la même question qu’à Carlos hier : « Qu’est ce que c’est pour<br />

toi, un cheval ? » Il est loin de me donner la réponse claire et simple de Carlos, il me<br />

sort une phrase très longue que j’ai un peu de mal à comprendre.


Je ne suis pas déçue finalement, je savais qu’il y avait deux types de <strong>Gauchos</strong>. Eux<br />

c’est plus une histoire de tradition. Puis, je ne suis pas si mal à parler avec ce jeune<br />

homme surtout près de la cheminée.<br />

Une voiture klaxonne. Nico me demande si je veux partir maintenant ou en même<br />

temps qu’eux. Il doit être 18h30. Et je réponds sans même savoir pourquoi que je<br />

veux rester encore un peu.<br />

Nous retournons voir <strong>les</strong> autres. J’ai un petit peu retrouver mon sourire. Ils ont<br />

presque fini de préparer <strong>les</strong> potros pour demain.<br />

Ce qui me fout le moral en l’air aussi c’est de <strong>les</strong> voir tous se déchaîner au milieu<br />

d’un mini champs pour attraper une pauvre bête. Mais il faut voir la réalité en face, ça<br />

fait partie du jeu, de la tradition. D’ailleurs, lorsque j’entre dans ce mini champ pour<br />

justement <strong>les</strong> aider un peu car ils avaient l’air d’avoir un peu de mal, on me dit de<br />

sortir car ils ont peur que je me prenne <strong>les</strong> pieds dans le lasso !<br />

Ah, je n’aime pas être frustrée.<br />

Ou encore, lorsque le vent arrache le fil où <strong>les</strong> chevaux sont attachés, que je<br />

détache un cheval pour le tenir le temps que Nico rattache la corde et que ce petit<br />

homme un peu gros, que je n’ai pas vu à cheval de l’après midi me reprenne le<br />

cheval <strong>des</strong> mains, ça me tue !!!<br />

Une fois que le fil est rattaché et <strong>les</strong> chevaux prêts pour demain, nous retournons<br />

tous dans la pièce pour prendre le dernier maté de la soirée.<br />

Là, ils m’affirment tous que le gaucho d’avant a disparu, qu’il n’existe plus, tout<br />

simplement. Que maintenant, tout le monde à la lumière, la salle de bain.<br />

Et pourtant Carlos vit sans lumière…<br />

C’est peut être une erreur de m’acharner à vouloir retourner à San Matéo et pourtant,<br />

je ne sais pas, je le sens bien. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose là-bas. Ana<br />

Rosa m’a pourtant dit qu’un autre campo veut bien m’accueillir mais….je lui dis<br />

clairement que je souhaite tout d’abord retourner à San Matéo.<br />

Un peu plus tard, une autre voiture arrive, un homme plutôt jeune <strong>des</strong>cend, le sourire<br />

aux lèvres. Il n’arrête pas de parler. Nico me dit que c’est un vrai Gaucho, qu’il vit<br />

sans lumière… mais c’est vraiment bizarre, il ne ressemble pas du tout à un Gaucho.<br />

On dirait plutôt qu’il essaye d’imiter un Gaucho.<br />

C’est marrant, tout le monde cherche à m’aider, et veut organiser mon aventure.<br />

C’est quand même MOI qui <strong>voyage</strong> !!!! Je dis ça en rigolant bien sûr car c’est aussi<br />

agréable de sentir que <strong>les</strong> gens ont de l’intérêt pour ce que tu fais et qu’ils veulent<br />

t’aider.<br />

Nous arrivons donc peu de temps après chez lui et je suis impressionnée par le<br />

nombre de gens dans la petite maison !<br />

Je dirais que si j’avais voulu, j’aurais sans doute pu dormir là ce soir mais dans<br />

l’espoir de revoir Carolina ce soir, je préfère rentrer…<br />

En plus, j’ai besoin de me retrouver un peu, je suis un peu perdue.<br />

Un vieil homme est assis sur un fauteuil. Je commence à discuter avec lui et il me dit<br />

que dans le temps, <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> vivaient sans rien mais qu’avec l’arrivée de la<br />

technologie, qu’on le veuille ou non, tout le monde en bénéficie.<br />

J’ai l’impression qu’ils ont un peu tous le même discours.


Ce vieil homme avait quelque chose ; une lueur dans <strong>les</strong> yeux.<br />

C’est bizarre ces choses que l’on ressent comme ça, d’un coup, juste en discutant un<br />

petit peu avec <strong>les</strong> gens.<br />

Il est 20h30 et Nico me demande si je veux rentrer ou rester. Je réponds que je vais<br />

rentrer. Il y a vraiment beaucoup de monde et c’est une petite maison, je ne veux pas<br />

non plus déranger.<br />

Nico me conduit donc à l’hôtel (qu’il a fini par trouver). Je le remercie pour cette<br />

journée qui s’est finalement bien terminée. Puis, c’est sympa de sa part de m’avoir<br />

accueillie comme ça !<br />

Me voilà de retour à l’hôtel. Je pose mes affaires dans cette petite chambre numéro<br />

16 avec la porte qui coince ! Je suis quand même un peu sale, et mes cheveux<br />

commencent à me gratter. Je ne préfère donc pas penser à la bonne douche que je<br />

n’aurais pas et retourne dans cette petite salle. Il y a du monde là aussi. On me<br />

propose un maté et <strong>des</strong> gâteaux avec du dulce de leche. Ça fera office de repas du<br />

soir. Je n’ai pas très faim avec tout le « chorizo » que m’a fait mangé Nico.<br />

Il est 22h. Je suis fatiguée, je dis au revoir aux deux gentil<strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> dames et saute<br />

dans le lit de la chambre à la serrure bloquée. J’ai un peu le blues après cette<br />

journée très « bizarre » mais je suis trop fatiguée pour y penser et il fait trop froid<br />

pour rester éveillée.<br />

Je suis un peu perdue, je n’ai aucune idée de ce que je vais découvrir et j’ai peur de<br />

ne pas réussir mon étude. Je ne sais pas si ça vaut le coup d’aller à Salta. C’est<br />

bizarre ! Je m’étais fixé <strong>des</strong> objectifs, et j’ai peur de ne pas <strong>les</strong> atteindre.<br />

Et pourtant, je le veux, oui, je veux <strong>les</strong> rencontrer, et surtout <strong>les</strong> découvrir ces<br />

<strong>Gauchos</strong>. Je crois que ce qui me frustre c’est que je m’étais imaginé <strong>des</strong> choses qui<br />

en réalité ne sont pas du tout comme ça…


Dimanche 7 août :<br />

Il est tôt, j’imagine, et tout comme hier, j’ai besoin de sortir de la chambre pour aller<br />

aux toilettes. Je me bats avec la porte, non pas pendant dix minutes mais pendant<br />

environ un quart d’heure ! J’ai l’habitude, je reste zen au début, puis ça m’énerve<br />

tellement que je finis par tirer <strong>des</strong>sus comme une folle et …elle s’ouvre ! Je me dis<br />

quand même : « C’est une journée qui commence bien ! » Je ne la sens pas cette<br />

journée, je ne sais pas pourquoi…<br />

Je me blottis dans le lit car j’ai encore un peu de temps avant de me lever.<br />

Il est 10h quand je pénètre dans toujours cette même pièce où l’on me sert un café<br />

avec, maintenant qu’elle me connaisse bien, <strong>des</strong> gâteaux avec du dulce de leche.<br />

Il est 11h et bizarrement mon pressentiment ne s’efface pas : je ne sens toujours pas<br />

cette journée.<br />

11h15, Ana Rosa n’est toujours pas là, ça commence à me peser sur <strong>les</strong> nerfs, déjà<br />

que je ne sens pas la journée. Au pire, je peux très bien y aller à pieds ce n’est qu’à<br />

trois kilomètres. Mais à peine ai-je eu le temps de penser cela, que la porte et<br />

s’ouvre et j’entends la voix aiguë d’Ana Rosa.<br />

Je suis un peu déçue, Mathias est parti à Mar del Plata.<br />

Ana Rosa me demande comment ça a été et est toujours aussi chaleureuse avec<br />

moi.<br />

On passe tout d’abord prendre une amie à elle et son fils Juan de 17 ans.<br />

Nous arrivons dans le campo quelques instants plus tard. Il y a du monde !!!<br />

Et beaucoup de camionnettes garées autour du terrain de présentation.<br />

Le froid pousse <strong>des</strong> cris stridents !<br />

Je <strong>les</strong> regarde et c’est impressionnant ce qu’ils font malgré tout. C’est une sorte de<br />

rodéo que je l’apprends plus tard est dénommé la « doma ». C’est ce qu’ils appellent<br />

le sport du Gaucho. Ils appellent ça comme ça car il s’agit de montrer que l’on est<br />

capable de dresser le cheval et aussi, de faire corps avec lui.<br />

Mais, là, on voit bien que le mythe s’est transformé en tradition. Les domadores en<br />

fait provoquent <strong>les</strong> chevaux avec une sorte de cravache en cuir en plus gros. Ils <strong>les</strong><br />

frappent sur l’épaule et donc ceux-ci se mettent à faire <strong>des</strong> rua<strong>des</strong> et <strong>les</strong> domadores<br />

doivent rester à cheval.


En rouge un domador<br />

Ça me fait bizarre de me dire que le <strong>Gauchos</strong> d’aujourd’hui s’exerce à ce genre de<br />

jeux.<br />

En fait, je ne sais pas trop quoi penser. J’ai l’impression que l’idée que je me faisais<br />

du « Gaucho, Gaucho » a disparu.<br />

Je marche aux côtés de Juan, un peu triste et c’est là qu’un vieil homme s’approche<br />

de moi. C’est le vieil homme d’hier, celui que j’ai rencontré chez Nico.<br />

Je suis heureuse de le voir puis la manière dont il m’approche, je ne sais pas<br />

comment expliquer, ça me fait plaisir, c’est tout !<br />

Il faut dire qu’il est facile de me reconnaître. Déjà, vu la façon dont je suis habillée<br />

(une sacré couche de pulls et surtout enrobée dans une gigantesque écharpe…)<br />

puis, une petite française de dix sept ans (à peine) ça court pas <strong>les</strong> rues à<br />

Madariagua !<br />

De voir ses petits yeux et son sourire me fait du bien ! C’est fou comme un petit rien<br />

peut changer l’humeur d’une personne !<br />

Je tente de prendre quelques photos mais ce n’est pas facile, le « grillage m’en<br />

empêche ».<br />

Je parle un peu avec Juan puis on retourne à la voiture. Ana Rosa et son amie ne<br />

sont pas sorties, el<strong>les</strong> avaient trop froid. El<strong>les</strong> proposent un maté et l’amie d’Ana<br />

Rosa veut que je lui montre le papier de <strong>Zellidja</strong>. Ana Rosa me dit ensuite qu’elle<br />

voudrait le garder pour en faire une photocopie et si j’ai bien compris, elle veut<br />

absolument me faire connaître à Madariagua.<br />

C’est dingue, je vais être plus connue à Madariagua que dans le village où j’habite !<br />

Une autre chose assez dingue c’est que pour l’instant, je vis avec 3 euros par jour,<br />

non pas parce que la vie n’est pas chère mais surtout parce que <strong>les</strong> gens sont<br />

adorab<strong>les</strong>. Cette remarque a sa place ici car Ana Rosa insiste fortement pour me<br />

payer un « chorizo pan »ainsi qu’une espèce de tarte à la confiture ce midi.<br />

Je continue de regarder la prueba en mangeant mon deuxième « chorizo pan ».<br />

En tout cas, même si ce n’est pas l’idée que je me faisais <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>, ils tiennent à<br />

cheval et c’est impressionnant à voir. C’est une manière différente de monter à<br />

cheval mais je ne sais pas, ça me fait quand même bizarre, comparé à Carlos, ce<br />

n’est pas du tout pareil !


Et on me dit pourtant que le Gaucho d’aujourd’hui, c’est ça, c’est celui qui travaille<br />

dans le campo et le dimanche va à <strong>des</strong> fêtes.<br />

Juan me propose qu’on aille se balader dans le campo, j’accepte, de toute façon la<br />

doma c’est un peu toujours la même chose et j’ai froid à rester sans bouger. Il me<br />

demande avec un magnifique accent anglais si j’ai un « boyfriend » et nous voilà à<br />

parler de choses et d’autres ! Et incroyable ! Il faut, même dans ce village paumé au<br />

cœur de l’Argentine, que je tombe sur quelqu’un qui écoute Pink Floyd, Led Zepellin<br />

et <strong>les</strong> Sex Pistols. Que bueno !<br />

Cette après-midi, je n’ai rien à faire de spécial. On m’explique que la prueba, ça va<br />

être la même chose toute la journée, je ne compte pas passer l’après midi enfermée<br />

dans ma chambre d’hôtel donc j’en conclue que je vais la passer en compagnie de<br />

jeunes argentins de mon âge. Je sais, ça n’a strictement rien à voir avec mon projet<br />

mais, ça permet de rencontrer du monde. (En plus ils écoutent du rock !)<br />

Ana Rosa nous dépose (Juan et moi) à l’hôtel, je dépose mes affaires et nous allons<br />

tout d’abord dans la maison de Juan. On prend un café, il me montre ces discs et<br />

tente quelques accords de guitare.<br />

Environ trente minutes plus tard, nous voilà partit pour rendre visite à un copain à lui<br />

qui s’appelle Nicolas. On marche pendant un quart d’heure environ, j’essaie de<br />

comprendre ce qu’il me raconte mais il parle à une vitesse ! Il me parle de drogue et<br />

de jeunes. Si je comprends bien, il voudrait que certaines drogues soient légalisées.<br />

Ça me fait vaguement penser aux jeunes d’ici.<br />

Nous arrivons chez Nico, on nous ouvre mais apparemment ce Nico est sous la<br />

douche. On continue donc de parler, surtout lycée et drogue (il y tient) ! Enfin, ce<br />

Nico arrive, je ne dirais pas que ça valait le coup d’attendre mais il a quand même<br />

<strong>des</strong> beaux yeux !<br />

Il nous fait un maté et on passe une heure à parler. Enfin, moi j’essaie de<br />

comprendre ce qu’ils me disent ! Les pauvres ! Ils doivent être blasés.<br />

Vers 17h, on va faire un tour dans le parc de Madarigua. Il y a une espèce de mini<br />

compétition de danse. Il fait froid !<br />

El<strong>les</strong> me font rire ces petites fil<strong>les</strong> à moitié déguisées qui dansent dans le froid. Il y a<br />

une sacrée ambiance !<br />

Mais j’ai quand même la tête ailleurs, je me sens perdue, je ne sais pas si je suis<br />

dans le cadre de mon étude. Puis, je réfléchie, je relativise. Après tout, je suis venue<br />

voir ce que sont devenue <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, je n’ai pas l’impression de me tromper de<br />

chemin, puis je ne suis qu’au tout début de mon <strong>voyage</strong>. Je me dis que d’autres<br />

choses m’attendre. Qu’il faut que je profite du moment présent et que j’arrête de me<br />

poser trop de questions.<br />

Après ça, nous retournons chez Nicolas. Ils mettent un cd de rock argentin. Ça fait<br />

du bien d’entendre de la musique.<br />

Voilà qu’arrive un troisième garçon qui s’en va avec Juan acheter quelque chose à<br />

manger apparemment. Me voilà donc seule avec Nicolas. On parle surtout de l’école,<br />

je lui explique comment ça marche en France.<br />

Les deux autres ne reviennent pas très longtemps après et on refait encore un maté<br />

que l’on déguste avec <strong>des</strong> petits gâteaux typiques de l’Argentine.


Il est 20h quand ils m’accompagnent dans un cyber (encore un épisode plutôt drôle).<br />

Je m’installe donc devant un ordinateur et par chance, quelqu’un que je connais est<br />

là pour parler. Il me dis que pour lui c’était la même chose lors de son premier<br />

<strong>voyage</strong>, me réconforte un peu, me dis que c’est normal d’avoir le soucis de bien<br />

faire. Mais au bout d’un quart d’heure je suis obligé d’arrêter de papoter car <strong>les</strong> trois<br />

garçons ont finit avec <strong>les</strong> ordinateurs et sont en train d’essayer de déchiffrer le<br />

français à travers l’écran de mon ordinateur, le pire, c’est qu’ils y arrivent ! J’abrège<br />

donc la conversation et me voilà de retour à l’hôtel. Mais avant de <strong>les</strong> quitter, je<br />

prends une photo de Juan et Nico, histoire de me remémorer un peu, <strong>les</strong> jeunes<br />

argentins.<br />

Quelle chaleur qu’il fait à l’intérieur de cette pièce !ça fait du bien d’être là. En plus,<br />

un homme assez vieux est assis près de moi et me parle du Gaucho, il me dit<br />

comme tout le monde, que le Gaucho a disparu à cause de l’arrivée de la<br />

technologie.<br />

Cependant, il me rassure en me disant que dans le nord (vers Salta) <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong><br />

vivent plus comme avant car c’est une tradition très différente. Je prends plaisir à<br />

discuter avec <strong>des</strong> personnes âgées.<br />

Quelques minutes plus tard, entre Carolina ! Ah ! Mon cœur s’illumine !<br />

Et cette petite Delphina se jette dans mes bras. Ça me donne de l’énergie, c’est<br />

incroyable. Carolina m’invite à manger avec elle et son amie dans sa maison. En fait,<br />

elle vit dans le même bâtiment, seulement c’est une maison à elle.<br />

Cette femme n’a rien à voir avec <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> et pourtant, je sais qu’elle restera une<br />

<strong>des</strong> plus bel<strong>les</strong> rencontres de mon <strong>voyage</strong>.<br />

On prépare <strong>des</strong> minis pizzas et <strong>des</strong> pops corn. Elle me sert une bière, la meilleure<br />

d’Argentine, me dit-elle. C’est génial ! Génial comme je suis bien, entourée de tout ce<br />

petit monde. Et surtout cette petite delphina qui se blottit dans mes bras et veut que<br />

j’aille jouer avec elle à la poupée.<br />

La petite Delphina va se coucher, je lui dis au revoir après avoir passé une demi<br />

heure à lui caresser <strong>les</strong> cheveux et quel bonheur ce fut ! Je dis aussi au revoir au<br />

petit Juan puis évidemment à Carolina que je sers très fort dans mes bras. J’ai<br />

presque <strong>les</strong> larmes aux yeux.


De gauche à droite : L’amie de carolina et sa petite fille, Juan, Carolina et Delphina<br />

(en haut.)<br />

Je prends un thé avec Martha et Anita en regardant un film pas très intelligent à la<br />

télé, et me voilà dans ma chambre à écrire ma journée. Il n’est pas loin d’une heure<br />

du matin.<br />

J’ai <strong>les</strong> doigts congelés. C’est marrant, je retrouve toujours le sourire le soir dans cet<br />

hôtel un peu miteux.


Lundi 8 août :<br />

9h30, je me lève. Cette fois, je n’ai pas fermé la porte comme ça je n’aurais pas de<br />

problème pour l’ouvrir. Je prends mon dernier petit dej’ avec ces deux femmes<br />

vraiment adorab<strong>les</strong>.<br />

10h : Ana Rosa passe me chercher.<br />

Elle me dit cache comme ça : « On va à la télé et après au journal. »<br />

Et me voilà dans le petit office du tourisme à parler en espagnol de <strong>Zellidja</strong> et de<br />

mon projet devant une caméra. Ce n’est que la télévision locale mais c’est tout de<br />

même impressionnant de se retrouver face à face avec une caméra surtout à parler<br />

espagnol ! Je n’y crois pas ! Ce soir je passe à la télé, sur la chaîne locale de<br />

Madariagua et <strong>des</strong> alentours.<br />

Et ce n’est pas fini ! Une heure plus tard, me voilà dans le bureau d’un journaliste<br />

aveugle à refaire le même topo. Je parle de mon projet, de ce que je veux trouver.<br />

Ana Rosa semble avoir compris car elle insiste sur le fait que je veuille « vivre » avec<br />

<strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> et travailler avec eux dans le campo et dans le froid.<br />

Le photographe veut même prendre une photo de moi !<br />

Récapitulons : Ce soir, tout Madariagua me voit à la télé, demain dans le journal, et<br />

qui veut sur internet ! (J’oublie de préciser que ce n’est pas seulement Madariagua<br />

mais aussi <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> alentours…) je vais devenir célèbre !<br />

Il est midi, je vais récupérer mes affaires à l’hôtel car ce midi, je suis invitée chez<br />

Male et Rafa pour manger. Après, avec Ana Rosa, avoir réussi à trouver quelle était<br />

la bonne maison, me voilà à nouveau ici. Comme ça fait du bien de revoir ces quatre<br />

petits bouts de choux.<br />

Male s’en va ramener <strong>les</strong> enfants à l’école et comme il n’y a plus de place dans la<br />

voiture, je reste là.<br />

Ana Rosa m’a donné pleins de documents sur Madariagua et sur <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> de<br />

cette région (la province de Buenos Aires). Au moins, j’aurais de quoi lire pendant<br />

mes deux jours de trajet pour aller à Salta car oui, c’est décidé j’y vais, même si ça<br />

ne vaut pas le coup, je tente. Après tout je le sens bien donc on verra bien mais je<br />

tente le coup.<br />

Il est 13h, Male revient et amène le repas sur la petite table devant la télé. Je me<br />

sens bien ici et je ne sais même pas pourquoi. On mange une tarte aux poireaux<br />

froide, c’est un peu bizarre mais c’est bon. Elle me fait aussi goûter une sorte de<br />

poulet cuisiné enfin ce n’est pas mauvais. Et en <strong>des</strong>sert, elle me propose un bout de<br />

tarte avec du « dulce de leche » <strong>des</strong>sus. C’était délicieux !<br />

Rafa revient et nous partons pour le campo. Vous ne pouvez pas imaginer à quel<br />

point je suis heureuse, là dans cette camionnette à partager un coca avec Rafa.<br />

Nous arrivons à San Matéo et je fais la rencontre <strong>des</strong> trois gauchos du campo :<br />

Carlos, que j’ai déjà vu, Coco, le père de Carlos chez qui il vit toujours car oui, même<br />

à trente-cinq ans ici, <strong>les</strong> enfants vivent encore chez leurs parents. Et enfin Ismaël, un<br />

gaucho qui déjà à première vue, m’inspire confiance…


Ils m’attrapent un cheval ; et c’est parti pour une après-midi à cheval avec trois<br />

<strong>Gauchos</strong>. En ces premiers instants, je ne peux rien dire. Je ne fais que sentir,<br />

ressentir. Ce sont <strong>des</strong> moments que j’ai tellement rêvés ! De toute façon, rien que<br />

pour ces instants ça vaut le coup de partir.<br />

Je suis à cheval avec trois hommes qui puent car ça fait longtemps (très longtemps<br />

sans doute) qu’ils ne se sont pas lavés, qui vivent sans eau et sans lumière et même<br />

quelques uns sans femmes ! Et je vis avec eux cet instant magique ! Ah c’est<br />

merveilleux !<br />

Nous nous trouvons donc au pas au milieu <strong>des</strong> plaines, c’est magnifique.<br />

Nous nous enfonçons dans le campo et là Ismaël sort son lasso, je commence à<br />

comprendre pourquoi.<br />

En fait, il y a une vache à attraper alors j’essaie de repérer laquelle c’est et je me<br />

place de sorte à <strong>les</strong> aider pour l’empêcher de s’en aller.<br />

Ils m’expliquent qu’elle vient d’accoucher mais son petit est mort.<br />

Ça me fait bizarre à regarder, ce petit veau mort là. Eux, ils voient ça tous <strong>les</strong> jours<br />

alors évidemment.<br />

Nous voilà repartit, on laisse le veau mort dans le campo, sur l’herbe… de toute<br />

façon on va pas le transporter à cheval !<br />

Quelques minutes de marches à cheval plus tard, Ismaël ressort son lasso et cette<br />

fois, la vache n’a pas encore accouché. C’est à nous de l’aider ! Tout d’abord, il faut<br />

l’attraper. Je me place de façon à se qu’elle ne s’échappe pas. Ça fait du bien de se<br />

sentir utile.<br />

Les trois gauchos <strong>des</strong>cendent et Carlos attache <strong>les</strong> pieds du veau en plongeant sa<br />

main à l’intérieur du derrière de la vache. Puis ils se mettent tous <strong>les</strong> trois à tirer très,<br />

très fort pour que le veau sorte.


En jaune : Carlos et à cheval Coco son père. Aide à l’accouchement d’une vache.<br />

Une fois que le veau est sorti, il y a du sang partout et surtout sur <strong>les</strong> mains de<br />

Carlos et Ismaël.<br />

Ils remontent à cheval. Je ne suis même pas choquée de cet accouchement<br />

assez…précaire. Je trouve ça drôle, je suis enchantée en fait !<br />

Si je comprends bien, on doit amener <strong>des</strong> vaches quelque part ! Ces vaches sont<br />

vraiment bêtes, el<strong>les</strong> vont se fourrer dans <strong>des</strong> endroits pas possib<strong>les</strong>. Il y en a une<br />

dans <strong>les</strong> broussail<strong>les</strong> et l’autre coincée entre deux champs ! On est alors obligé de<br />

<strong>les</strong> pousser à l’aide de nos chevaux et <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> ont un autre moyen : c’est la<br />

voix ! Ils poussent <strong>des</strong> cris vraiment bizarres, c’est excellent ! Je crois même<br />

comprendre ce qu’ils disent.<br />

En fait ils hurlent <strong>des</strong> :<br />

« Vaaaaaaammmmmmmooooooooos vacas<br />

VAAAAAAAMOOOOOOOOOOOOOS ».<br />

Le reste ce sont <strong>des</strong> bruitages, impossible à imiter sur papier !<br />

On continue de traverser le champ en poussant <strong>les</strong> vaches jusqu’à temps que l’on<br />

arrive dans un endroit où on <strong>les</strong> fait rentrer, c’est pour qu’el<strong>les</strong> se fassent vacciner !<br />

Ils appellent ça « la manga ».<br />

El<strong>les</strong> sont un peu réticentes.<br />

Il faut ensuite <strong>les</strong> amener encore dans un autre champ. Me revoilà, encore une fois,<br />

à pousser, à l’aide de mon cheval (et un peu de ma voix, je m’habitue !) <strong>des</strong> vaches<br />

argentines !


Carlos est rentré, je suis avec Coco et Ismaël.<br />

Les vaches rentrent là où il ne faut pas, on doit foncer dans <strong>les</strong> fils pour <strong>les</strong> faire<br />

sortir et on doit leur hurler <strong>des</strong>sus ! J’essaie d’aider, je me place aux endroits<br />

stratégiques. Heureuse de voir que ça marche, je continue, j’ai l’impression de me<br />

faire accepter peu à peu.<br />

Le soleil commence à se coucher lorsque l’on arrive au champ où <strong>les</strong> vaches doivent<br />

passer la nuit. Coco part de son côté et je continue à cheval avec Ismaël.<br />

Me voilà seule, à cheval, aux côtés d’un Gaucho, le soleil se couche.<br />

Je suis botte à botte avec lui, je commence tout juste à ressentir ce qu’ils appellent la<br />

liberté. Puis, je suis dans un état psychique bien lointain. L’émotion est intense. C’est<br />

magique !<br />

Il n’y a pas d’autres mots, je crois. J’ai tellement voulu et rêvé cela !<br />

Puis, je découvre ce que c’est que de vivre en fonction du temps, en harmonie, vivre<br />

avec l’essentiel, et rien d’autre. Je commence aussi à comprendre un peu cette<br />

relation mystique entre le Gaucho et son cheval. Toute la journée avec son cheval, il<br />

en a besoin. Il est seul avec lui, danse avec lui, ils se comprennent je crois.<br />

Mais, je ne pense à rien à cheval avec Ismaël. Je ne peux décrire ce que je ressens,<br />

c’est trop fort. J’en ai presque <strong>les</strong> larmes aux yeux.<br />

Nous arrivons chez lui, nous <strong>des</strong>cendons et attachons <strong>les</strong> chevaux près d’un arbre. Il<br />

est 18h, il fait déjà nuit.<br />

Il me fait rentrer dans sa petite maison. C’est un peu sombre, il n’y a pas de lumière.<br />

Je découvre sa femme. Elle est maigre et n’a plus qu’une seule dent. Elle a l’air<br />

malade. Elle répond quand même vaguement à mon sourire.<br />

Un sentiment très bizarre m’envahit en cet instant. Je ne sais pas ce que j’ai mais<br />

j’ai du mal à lutter contre. Je crois que je réalise qu’il y a <strong>des</strong> gens qui vivent dans<br />

<strong>des</strong> conditions de vie un peu précaire. Mais je crois que c’est son visage. Elle est<br />

livide. On dirait qu’elle n’est jamais sortie de cette maison. Je comprends aussi<br />

pourquoi tout le monde me dit que c’est « compliqué » de dormir avec eux. Ce n’est<br />

pas une tribu, ils vivent seuls et ils sont très solitaires.<br />

Ismaël me propose un maté. Cela me réjouit. Mon premier maté avec un Gaucho ! Et<br />

dans sa maison en plus !<br />

Je prends une photo d’Ismaël buvant le maté cependant, je n’ai pas la force de<br />

photographier cette dame. Je ne sais même pas ce qu’elle m’inspire. Je ne crois pas<br />

que ce soit de la pitié.<br />

Je me sens mal et pas à ma place à ses côtés. Ils vivent vraiment seuls, enfin surtout<br />

elle. Elle est toute la journée toute seule dans la maison à boire du maté.<br />

Il est adorable ce Ismaël !<br />

Arrive un autre homme dans la maison, c’est le frère de Carlos, je crois.<br />

Rafa m’avait dit que ce n’était pas vraiment un gaucho, qu’il se baladait en bicyclette<br />

et que ça le faisait rire car pour lui, il n’avait rien de gaucho.<br />

Il me propose une pâtisserie argentine un peu bizarre. On dirait <strong>des</strong> couches de pâte<br />

avec du sucre au <strong>des</strong>sus, je crois qu’ils appellent ça la patelle ou quelque chose<br />

comme ça. Ce n’est pas mauvais, juste un peu bourratif.


Rafa arrive quelques minutes plus tard et nous partageons rapidement un dernier<br />

maté, puis nous partons.<br />

Je dis au revoir et surtout un grand merci à Ismaël et à son sourire. Je ne sais pas si<br />

je le reverrais ! J’espère !<br />

Il est 19h30 et nous voilà en route chez Rafa.<br />

En fait, ils m’ont même pas proposé de dormir chez eux, ça c’est fait naturellement.<br />

Ce matin j’ai posé mon sac sans savoir où j’allais dormir cette nuit et ce soir je me<br />

retrouve dans cette maison avec quatre petits enfants merveilleux.<br />

Ines et Augustina me montre pleins de choses, el<strong>les</strong> sont adorab<strong>les</strong> ! En plus,<br />

j’apprends pleins de choses en ce qui concerne l’école là-bas.<br />

Je discute beaucoup avec Male, on parle de drogue et d’éducation en passant par la<br />

religion! Et tout ça évidemment en espagnol ! Je vous le dis, je vais devenir<br />

bilingue (si on oublie <strong>les</strong> conjugaisons.).<br />

Il est 20h30 et…je passe à la télé !!!!<br />

J’hallucine ! Je me vois en train de parler <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>, de <strong>Zellidja</strong> et de ma (chère)<br />

Bretagne sur une télévision argentine ! Je suis morte de rire ! En plus ce qui est drôle<br />

c’est qu’ils m’appellent Clémontine Marechall ! Ça doit être la façon dont je prononce<br />

mon prénom. C’est excellent ! Alala vraiment j’ai du mal à y croire ! D’ailleurs c’est<br />

pas sur que je réalise encore. Je trouve c’est un épisode plutôt drôle pour un<br />

<strong>voyage</strong> <strong>Zellidja</strong> !<br />

Quelques minutes plus tard, la petite Ines me fait lire un livre en anglais.<br />

D’ailleurs, c’est impressionant, comment à seulement huit ans, elle se débrouille en<br />

anglais.<br />

Il est 21h30 quand Male nous appelle à table. Au programme : Raviolis argentins !<br />

Ce n’est pas mauvais ! D’ailleurs, je crois que rien n’est mauvais ici, en Argentine !<br />

En <strong>des</strong>sert, on me fait goûter une sorte de pâte de fruit sur du fromage. Et c’est<br />

surtout bon parce que c’est avec eux que je le partage ! On termine de manger puis<br />

après avoir fait la vaisselle, la petite Ines me montre tous <strong>les</strong> cadeaux qu’elle a eu<br />

pour son anniversaire.<br />

Ici, l’anniversaire, ça compte beaucoup ! On fait une grande fête, on loue souvent<br />

une salle et on invite onc<strong>les</strong>, tantes et cousins ! Et ça en fait du monde car ici, le<br />

nombre d’enfants moyen par femme n’est pas de deux !<br />

Il est 23h quand <strong>les</strong> enfants vont se coucher. Il est tard pour nous ! Mais ici, l’école<br />

commence à une heure de l’après-midi donc ils font tous la grasse matinée ! Sauf<br />

que <strong>les</strong> deux petites font du hockey donc debout à 9h !<br />

El<strong>les</strong> se couchent et moi je dors dans la même chambre.<br />

Avant de dormir, je prends une bonne douche car ça fait 4jours que je n’en ai pas<br />

pris et 5 que je n’ai pas changé de vêtements. Ah ! Ça fait du bien !!!!<br />

Il doit être environ minuit et demi quand je m’endors dans ce petit lit douillet, j’ai<br />

l’impression d’être chez moi avec tous ces enfants qui sont là et cette humanité qui<br />

m’entoure.<br />

Les souvenirs de ma journée resurgissent dans ma tête, c’était merveilleux ! Cette<br />

journée fut fantastique…<br />

J’ai encore bien <strong>des</strong> choses à découvrir mais je préfère arrêter de me poser trop de<br />

questions, après tout : « le vent me portera… »


Mardi 9 août 2005 :<br />

9h ! Male vient réveiller Ines, je me lève aussi et déjeune avec la petite famille.<br />

Apparemment Rafa est parti je ne sais où ce matin. Je m’habille et décide de partir<br />

jeudi pour Salta. Il faut donc que j’aille à Pinamar pour aller chercher le billet de bus<br />

avant qu’il n’y en ait plus.<br />

A Salta, ça risque d’être une autre histoire, je ne connais personne et personne n’est<br />

informé de mon arrivée, en gros c’est la grande aventure !!!!<br />

Ce matin, je suis tranquille, je ne fais pas grand-chose, je me repose.<br />

J’espère pouvoir retourner au campo demain ! J’aurais aussi aimé revoir Ana Rosa<br />

mais je ne sais pas si ça va être possible ! Elle est très prise.<br />

Il est 11h25, je vais jeter un coup d’œil au plan de Madariagua, histoire d’éviter de<br />

me perdre en allant à Pinamar cette après-midi.<br />

Les petites reviennent du hockey ! Nous sommes dans la chambre <strong>des</strong> parents,<br />

el<strong>les</strong> se changent pour l’école. El<strong>les</strong> doivent mettre <strong>des</strong> uniformes ! Il est midi et el<strong>les</strong><br />

s’installent pour manger. Quelques minutes plus tard, Male rentre et me dit de<br />

m’asseoir et de manger, moi aussi.<br />

On mange du poisson avec <strong>des</strong> carottes et de la citrouille, je crois. C’est drôlement<br />

bon. Puis, la petite Ines dit à table : « Nous sommes sept dans la famille ! » Ah ! Ça<br />

réchauffe le cœur, c’est dingue comment <strong>des</strong> mots sortis naturellement de la bouche<br />

d’une petite fille peuvent vous réchauffer le cœur à ce point là.<br />

Je ne peux pas aller au campo cet après midi car Rafa est malade, il a une grosse<br />

grippe d’après ce que me dit Male.<br />

Il est bientôt 13h et il faut que j’aille prendre le bus pour Pinamar. Male m’emmène<br />

au terminal de Madariagua en emmenant <strong>les</strong> petites à l’école.<br />

Me voilà dans le bus et une demi heure plus tard me voilà au terminal de Pinamar.<br />

Finalement, je n’ai pas de problèmes pour me repérer, la gare est toute petite et il n’y<br />

a personne.<br />

Je vais voir à un guichet et c’est très drôle. La fille a du me voir à la télé la veille. Elle<br />

est super sympa et me dit en espagnol : « C’est toi, la française ! » Evidemment ça<br />

aide pour établir le contact !


J’en ai quand même pour 157$Ar soit environ 57 euros.<br />

En fait je pars jeudi matin de Pinamar à 8h50, je change de bus à Buenos Aires où<br />

j’attends pendant deux heures et ensuite j’en ai pour 22h de bus jusque Salta ou<br />

j’arrive donc le vendredi à 14h environ.<br />

La jeune femme est super sympa, elle m’explique bien tout comme il faut. Remarque<br />

ça n’a pas l’air très compliqué !<br />

Je lui demande si il y a internet, histoire que je donne quelques nouvel<strong>les</strong>. Elle<br />

m’indique toujours aussi gentiment où se trouve le centre. Personne n’est là pour<br />

parler, c’est pourtant l’heure où tout le monde devrait être « online » en France. Je<br />

me contente alors d’envoyer quelques mails.<br />

Il est 14h20 et je viens de louper le bus à 10 minutes près ! Je dois donc attendre<br />

15h10 pour qu’un autre bus passe.<br />

Je sors dehors pour voir si il y a moyen de se balader. Au loin, une station essence,<br />

sinon, la route ! Il n’y a pas grand-chose à faire dans une gare routière en plus.<br />

Je m’assois à la « terrasse » d’un café et je prends un café. Je pense à pas mal de<br />

choses et le temps passe finalement relativement assez vite.<br />

Il est 15h10, le bus arrive et après une demi heure, je me retrouve au terminal de bus<br />

de Madariagua. Je m’étonne car je retrouve finalement, sans aucun problème la<br />

maison de Male et Rafa. Et pourtant ! Même dans ma propre ville j’ai quelque fois<br />

quelques problèmes d’orientation !<br />

Lorsque j’arrive chez Male, elle est là. Je commence à me poser quelques questions<br />

pour Salta. Il n’y a vraiment personne. Male me donne juste un numéro de téléphone<br />

qu’il faut que j’appelle et où je dois demander un autre numéro pour que l’on puisse<br />

m’accueillir mais bizarrement, je ne le sens pas.<br />

Quelques instants plus tard, arrivent deux amies de Male. Et toutes <strong>les</strong> deux en<br />

entrant disent d’une voix enjouée : « Ah ! La francesa ! » El<strong>les</strong> ne restent pas très<br />

longtemps, juste le temps de partager un bref maté.<br />

Male s’en va à l’école pour récupérer <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> et Belisario et Martha vient dans la<br />

maison pour surveiller le petit Juan.<br />

En fait, Martha habite dans la maison voisine et elle vient ici pour s’occuper <strong>des</strong><br />

enfants quand <strong>les</strong> parents s’absente. Elle est d’une gentil<strong>les</strong>se incroyable. Elle me<br />

demande au moins quinze fois si ma famille ne me manque pas et me répète qu’elle<br />

ne pourrait pas partir comme ça en laissant sa famille derrière soi. Elle réussi<br />

presque à me mettre le moral en l’air ! (Rires)<br />

Nous parlons de pas mal d’autres choses, et c’est vrai que ce n’est pas la même<br />

culture.<br />

Ici, ils sont vraiment très attachés à leur famille.<br />

Elle me propose même de laver mon linge sale, ce qui m’arrange bien car je n’ai<br />

presque plus rien de propre. On parle beaucoup puis elle me propose un maté ainsi<br />

que du dulce de leche ! Elle me donne aussi son adresse email, ça me fait plaisir et<br />

avant qu’elle parte je prends une photo d’elle entourée <strong>des</strong> bras <strong>des</strong> deux petites.<br />

C’est dingue, en une semaine de <strong>voyage</strong>, le nombre de rencontres et de gens qui<br />

ont pu illuminer un peu plus mon <strong>voyage</strong>, chaque jour.<br />

Il est 19h quand Rafa rentre, il n’a vraiment pas l’air bien. J’espère que ce n’est pas<br />

trop grave non plus, en tout cas il part directement se coucher.


Je suis en compagnie d’Ines et de Augustina qui regardent attentivement mon cahier<br />

et se demande ce que je peux bien écrire dedans.<br />

En fait, el<strong>les</strong> sont en train de faire leurs devoirs.<br />

Je suis bien ici. C’est bizarre à quel point j’ai envie d’écrire ce que je ressens. Et<br />

pourtant, ce ne sont que <strong>des</strong> choses pas du tout intéressantes et en plus ça ne sert à<br />

rien, juste à poser mes inquiétu<strong>des</strong> sur papier.<br />

C’est vrai, j’avoue que j’ai peur là de partir, que ça me rassurerait de rester ici encore<br />

un peu de temps.<br />

Mais, il est temps pour moi de partir vers d’autres aventures, d’autres rencontres.<br />

C’est fou comme on se découvre dans un <strong>voyage</strong>. On découvre <strong>des</strong> forces à<br />

l’intérieur de nous que l’on ne pensait pas qu’el<strong>les</strong> auraient pu exister.<br />

Ça me préoccupe beaucoup de réussir cette étude mais je sais qu’il faut que je fasse<br />

comme je le sente, que j’aille où me cœur me dit d’aller. Alors, nous verrons bien,<br />

nous verrons bien.<br />

Il est bientôt 20h. Finalement, ça va être dur de quitter tout ce petit monde : ces<br />

petites fil<strong>les</strong> qui se blottissent contre moi. Augustina qui ne cesse de me dire que je<br />

vais lui manquer.<br />

Il est 20h lorsque nous mangeons, sans Rafa qui est toujours au lit. Au programme :<br />

spaghettis, c’est bon !<br />

Il y a une semaine, j’étais à Orly, j’ai l’impression que ça fait une éternité.<br />

J’ai l’impression de connaître ces gens depuis toujours. C’est comme avec <strong>les</strong><br />

<strong>Gauchos</strong>, j’avais l’impression de comprendre un peu, d’être un peu comme eux, pour<br />

un certain temps, seulement.<br />

Après mangé, je débarrasse et je fais la vaisselle avec plaisir. (Pour une fois).<br />

Je me retrouve ensuite dans la chambre <strong>des</strong> enfants à déshabiller <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> qui<br />

veulent absolument que je <strong>les</strong> mette en pyjama.<br />

C’est magique ! C’est simple mais c’est magique !<br />

Et là, me voila en train de lire une histoire à laquelle je ne comprends pas grandchose<br />

car c’est en espagnol à trois petits bouts de choux adorab<strong>les</strong>. Je suis bien ! Je<br />

ne sais pas comment <strong>les</strong> remercier…<br />

Rafa se lève enfin et mange. Il a l’air d’aller un peu mieux, je vais peut-être pouvoir<br />

aller au campo demain. Male me rassure un peu, elle me dit qu’à Salta, je risque de<br />

trouver <strong>des</strong> gens comme ici, aussi accueillants, gentils.<br />

Cependant, je doute de rencontrer <strong>des</strong> petites fil<strong>les</strong> aussi adorab<strong>les</strong>.


Augustina…<br />

Alala, cette petite Augustina va me manquer ! Ça fait pourtant seulement trois jours<br />

que je l’ai vu pour la première fois.<br />

Il est 23h et je m’allonge près de la petite Augustina et du petit Belisario.<br />

Quand je pense qu’ils m’ont accueillis chez eux alors qu’ils avaient à peine la place<br />

dans la chambre pour loger <strong>les</strong> trois petits anges !<br />

Je n’ai plus rien à écrire pour ce soir, je laisse de la place pour le bus…je prends <strong>les</strong><br />

choses comme el<strong>les</strong> viennent alors, nous verrons bien…<br />

Mercredi 10 août 2005 :<br />

8h50 ! Male me réveille.


Je pensais qu’il était au moins 10h ! Bonne surprise !<br />

Je m’habille vite fait, prends mon petit déjeuner en compagnie de Rafa et Male.<br />

Le téléphone de Rafa sonne, apparemment un accouchement se passe mal, le petit<br />

est mort et il faut faire intervenir un vétérinaire pour faire une césarienne afin d’éviter<br />

que la vache meurt. On passe donc chercher le vétérinaire en question, Herman il<br />

s’appelle, il a l’air plutôt sympa.<br />

Quelques instants plus tard, nous arrivons à San Matéo, on doit trouver <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong><br />

qui s’occupent de la vache.<br />

C’est compliqué car, c’est grand un campo !<br />

Les <strong>Gauchos</strong>, eux sont à cheval et nous en camionnette dans la boue, c’est pas<br />

facile de zigzaguer entre <strong>les</strong> mottes de terre formées par la pluie.<br />

Quelques minutes plus tard, nous <strong>les</strong> retrouvons enfin.<br />

Et là, je découvre un veau à moitié sorti du ventre de sa mère, il est mort.<br />

En fait, le vétérinaire intervient pour que la vache ne meure pas.<br />

Ils attachent en fait le veau et la vache à la camionnette. Hermann commence à<br />

tordre le veau à l’aide de ses mains pour qu’il « libère » la vache.<br />

Je me place devant la vache pour la rassurer, je lui caresse doucement la tête.<br />

Je vous assure, que même <strong>les</strong> vaches font <strong>des</strong> grimaces !<br />

Et encore, vous n’avez ni l’odeur, ni le bruit… J’ai quelques nausées et je me retiens<br />

de ne pas vomir mon petit déjeuner.<br />

Au bout de cinq minutes de tournage de veau, celui-ci sort enfin et je vois s’évacuer<br />

au moins dix litres de sang…L’odeur du sang et le bruit <strong>des</strong> intestins de la vache me<br />

retourne l’estomac.<br />

Mais ce n’est pas fini ! Hermann enfile un gant qui monte presque jusque l’épaule et<br />

enfonce celui-ci dans le derrière de la vache. Wahhhh ! Le bruit !<br />

C’est assez impressionnant quand même.<br />

Enfin, c’est terminé. La vache va devoir prendre <strong>des</strong> « antibiotiques » oui, ça c’est<br />

tout de même un peu modernisé.<br />

Je dis une dernière fois au revoir à Carlos et Ismaël, un peu triste. Les deux<br />

premiers <strong>Gauchos</strong> que j’aie rencontrés ! Ça me fait bizarre de partir.<br />

Je remonte dans la voiture et de retour à Madariga, j’ai une heure et demie avant<br />

qu’Hermann vienne me chercher pour aller faire un « tacto » à Mar Del Plata. J’en<br />

profite pour passer un peu de temps avec <strong>les</strong> petites.<br />

Il est 11h30, je suis avec Julia, la femme de ménage du matin.<br />

Ici, c’est très commun d’avoir une femme de ménage étant donné que <strong>les</strong> femmes<br />

ont plus d’enfants.<br />

C’est un peu comme avec Martha, on évoque le tout et le rien. Elle me fait goûter du<br />

bœuf pané.<br />

Ines rentre de son cours d’anglais, on se met à table et pour le <strong>des</strong>sert, je décide,<br />

pour mon dernier midi, de leur faire goûter <strong>les</strong> crêpes bretonnes. Je leur prépare ça<br />

avec un peu de dulce de Leche. Les petites adorent apparemment.<br />

Il est 13h, Hermann vient me chercher, c’est partit pour 150km en voiture pour aller<br />

jusque Mar Del Plata. On discute…normal ! Il me dit que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, en résumé, ce<br />

sont <strong>des</strong> extras terrestres.<br />

Puis, comme tout le monde, il me pose la question que je qualifierais de basique :<br />

« tienes un novio ? » en gros « t’as un copain ? »


C’est vers 14h30 que nous arrivons à Mar Del Plata, et trois gauchos nous attendent.<br />

Pendant qu’Hermann se prépare, je m’en vais discuter avec un Gaucho, Enrique, il<br />

s’appelle.<br />

Il me demande ce que je fais là, qui je suis…Il paraît impressionné par ma<br />

démarche et il me parle de bon cœur.<br />

Malgré que j’aie un peu de mal à comprendre ce qu’il raconte, ça me fait du bien.<br />

Son sourire surtout. Puis, il a ce petit cheveu sur la langue qui me fait reconnaître<br />

tout de suite que c’est bien un gaucho. (Même si je n’ai pas de mal à le remarquer<br />

sans ça).<br />

Il me dit, comme tout le monde, que le Gaucho n’est plus le même depuis l’arrivée de<br />

la technologie mais que lui, il aime encore vivre comme ça, dans le campo.<br />

Je suis contente de partager ce moment avec lui, rien que de parler, quelquefois,<br />

nous fait découvrir beaucoup.<br />

Il y a <strong>des</strong> choses qui se découvrent dans <strong>les</strong> yeux.<br />

J’ai l’occasion de prendre pas mal de photos. En fait, « el tacto », c’est le vétérinaire<br />

qui met sa main dans le derrière de la vache afin de voir si elle enceinte. Il y a donc<br />

un Gaucho qui fait entrer <strong>les</strong> vaches (Enrique.)<br />

Puis, un autre, à pied, qui ouvre et ferme la porte et enfin, un dernier qui coince la<br />

vache pour ne pas qu’elle bouge.<br />

Puis moi, je fais en sorte que <strong>les</strong> vaches aillent à l’endroit où le vétérinaire fait son<br />

travail. C’est aussi pour que je me donne l’impression de servir à quelque chose<br />

mais ça marche, <strong>les</strong> vaches suivent bien mes instructions.<br />

Il est 16h. C’est terminé.<br />

J’ai tout de suite reconnu le duegno du campo, c’est celui qui se porte bien, il est<br />

grand, n’a pas de bottes ni <strong>les</strong> traits abîmés <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> ni le couteau mythique…<br />

D’ailleurs, Hermann parle et parle avec lui pendant que je discute avec Enrique.<br />

Je jette un coup d’œil à Hermann et on peut dire qu’il est dans un sacré état.<br />

Nous revoilà dans la voiture d’Hermann. Nous sommes tous <strong>les</strong> deux bien fatigués.<br />

On parle un peu puis il propose un maté ! C’est moi qui me colle à la préparation.<br />

Yerba, eau chaude, on mélange et voilà ! Fière de la préparation de mon maté, on en<br />

boit jusqu’à Pinamar où Hermann veut me montrer l’Océan Atlantique, « le même<br />

que chez toi. »<br />

En fait, Pinamar, c’est la ville type <strong>des</strong> touristes pour l’été mais où en hiver tout est<br />

un peu mort. En plus, apparemment, d’après ce que me dit Hermann, il n’y a que <strong>des</strong><br />

gens riches qui vivent là-bas.<br />

Il est 18h quand me voilà de retour chez Male et Rafa.<br />

Male me donne le numéro d’un hôtel à Salta puis un autre numéro que je peux<br />

appeler en arrivant à Salta, et <strong>les</strong> gens au bout du fil sont censés me donner le<br />

numéro <strong>des</strong> gens qui seraient susceptible de m’accueillir.<br />

A vrai dire, je ne sens pas trop ce plan, je pense que je vais me débrouiller toute<br />

seule. Heureusement que j’ai un plan de Salta dans mon guide du routard ! Il va<br />

falloir que mon sens de l’orientation devienne efficace rapidement car il ne s’est pas<br />

tellement développé au cours de ces dix sept dernières années.


Je ressens un peu le besoin de parler alors je « m’enfuie » de la maison pendant une<br />

heure, juste le temps de trouver un peu de réconfort auprès de mes parents, ça fait<br />

longtemps que je n’ai pas parlé avec eux. Ça fait du bien.<br />

Et voilà qu’Ana Rosa se pointe ! En fait, elle vient me dire au revoir. Ah ! J’aime pas<br />

<strong>les</strong> aux revoirs. J’ai <strong>les</strong> larmes aux yeux en marchant vers la maison, je me trompe<br />

même de direction.<br />

J’arrive quand même à retrouver mon chemin facilement. C’est ma dernière soirée<br />

avec cette petite famille. C’est un peu triste, comme tous <strong>les</strong> adieux. En plus, la<br />

petite Inès est partit dormir chez une amie donc je ne la reverrai plus.<br />

Les deux petites fil<strong>les</strong> m’offrent un <strong>des</strong>sin chacune ce soir. El<strong>les</strong> ont écris <strong>des</strong> mots<br />

en espagnol. C’est extrêmement touchant, je <strong>les</strong> serre fort dans mes bras, je n’ai pas<br />

envie de <strong>les</strong> quitter…<br />

Je suis fatiguée mais je cherche à profiter encore de ces derniers instants au sein de<br />

cette petite famille.<br />

Il est environ 23h30 quand je m’endors, le cœur serré mais avec une envie folle de<br />

réussir, de faire mes preuves encore une fois. Nous verrons bien. A demain<br />

Jeudi 11 août :<br />

7h00 : Rafa me réveille.<br />

Finalement, il préfère m’emmener directement à Pinamar. Je prends mon petit dej’,<br />

je suis un peu triste, je ne parle pas beaucoup. Je repense à tout ce que j’aie vécu<br />

dans ce petit village de Madariaga.<br />

Il est 8h ! Je dis au revoir à Male qui s’est levée exprès pour ça. Je dépose<br />

discrètement un petit mot écrit sur une page de mon carnet de route et déchiré<br />

ensuite, sur le lit.<br />

J’espère que ça leur fera plaisir.<br />

Dans la voiture, nous ne prononçons pas un mot. Je pense que l’on a un peu la tête<br />

ailleurs, puis que l’on est un peu triste tout de même.<br />

D’un côté, je suis triste de partir et pourtant, d’un autre, ça me remotive, me donne<br />

un coup de peps.<br />

C’est vrai ! Je suis encore plus motivée qu’avant. (C’est dur pourtant !!!) Ça ne sera<br />

sans doute pas simple à Salta mais je sais que j’y arriverais.<br />

Il est 8h35 quand j’arrive à Pinamar, je dis au revoir à Rafa. Là encore, j’ai un gros<br />

pincement au cœur. Rafa m’a beaucoup aidé, puis il a été compréhensif !<br />

Me voilà devant la plateforme 5, je suis seule, j’attends le bus.<br />

8h51, le bus arrive ! C’est dingue à quel point <strong>les</strong> bus sont à l’heure ici. Même mon<br />

car TIV à presque toujours 10 minutes de retard, ici une, deux minutes c’est le grand<br />

maximum !<br />

Wah ! C’est la grande classe ce bus ! A l’allée j’étais dans un bus un peu pourri et j’ai<br />

payé 26$Ar pour aller moins loin. Là je pars de plus loin, dans un bus hyper classe et<br />

j’ai payé seulement 30$Ar.<br />

Les sièges sont super confortab<strong>les</strong> et en plus ils nous donne à manger ! Je suis<br />

toute seule, presque dans le bus mais le chauffeur est sympa. Voilà, c’est parti.<br />

Je dis Adieu aux bel<strong>les</strong> plaines de la Pampa, aux estancias et aux <strong>Gauchos</strong> de la<br />

province de Buenos Aires. Une autre contrée m’attend avec d’autres choses à<br />

découvrir.


C’est long le bus. Je grignote un peu, voir si ce qu’ils nous ont donné à manger est<br />

bon. J’essaie de dormir, je n’y arrive pas.<br />

Finalement, j’étais mieux dans l’autre bus, au moins c’était plus chaleureux, il y avait<br />

<strong>des</strong> gens avec qui discuter.<br />

Je me souviens que j’aie avec moi, mon vieux baladeur à cassettes. Ah ! Ça me fait<br />

plaisir d’écouter un peu Led Zepellin , Pink Floyd et Neil Young… Je garde mes<br />

écouteurs jusqu’à Buenos Aires.<br />

Je pense à tellement de choses, aux gens que j’ai rencontré : Léo, Anna Rosa puis<br />

Anita et Martha et carolina puis Rafa et toute sa petite famille, sans parler <strong>des</strong><br />

<strong>Gauchos</strong>, Carlos, Ismaël, Enrique…puis aussi Nico et Juan puis Hermann le<br />

vétérinaire.<br />

Je trouve tout ça magique… et dingue aussi ! Ils ont tous rendu mon <strong>voyage</strong> ce qu’il<br />

est.<br />

Qu’est ce qui m’attend ? Tel est la question qui me trotte dans la tête depuis<br />

quelques heures.<br />

13h15 : Me voilà à Buenos Aires, le bus est en avance. Déjà que j’avais deux heures<br />

à attendre mais en plus si le bus est en avance ! En plus, je n’aime pas trop cette<br />

ambiance dans la gare routière.<br />

Je me connecte ¼ d’heure à Internet, histoire de passer le temps.<br />

Me voilà assise devant l’écran qui annonce la plateforme du bus, il est à peine 14h !<br />

Je me demande vraiment quelle idée m’ai passé par la tête pour que j’aille me<br />

coltiner 22 heures de bus ! Je ne sais pas du tout où je vais me retrouver, je ne<br />

connais personne.<br />

Mais mon dieu je suis folle ! En plus, il doit me rester 400$Ar ce qui fait 117 euros<br />

pour <strong>les</strong> trois semaines qu’il reste, sachant qu’il faut que je garde environ 150$Ar<br />

pour rentrer à Buenos Aires. En gros, il ne me reste pas grand-chose vu que j’ai<br />

oublié le code secret de ma carte bleue. Je n’ai plus qu’à penser que si je vais me<br />

retrouver là-bas c’est que quelque chose m’y attends.<br />

Il fait chaud à Buenos Aires, il va falloir que j’enlève quelques épaisseurs. Je me<br />

retrouve encore une fois toute seule dans cette gare. Au moins, j’apprends à être<br />

patiente.<br />

Il est 14h05, plus qu’une heure quarante. En plus j’ai l’air de gêner tout le monde<br />

avec mon sac qui me grandi de 20cm et m’élargit de 50 !<br />

Bon j’arrête d’imaginer toutes <strong>les</strong> situations possib<strong>les</strong> car rien ne se passe jamais<br />

comme on l’imagine alors j’ordonne à mon cerveau de se taire.<br />

En attendant, je range un peu mon sac car il y a <strong>des</strong> sang<strong>les</strong> qui traînent un peu<br />

partout et mes pulls sont vraiment en vrac. Il n’est que 14h15…<br />

Lundi, à cette heure là, je galopais dans <strong>les</strong> plaines de la Pampa aux côtés de trois<br />

gauchos et, il y a une semaine, je montais dans le bus pour Madariaga.<br />

Comme quoi, <strong>les</strong> événements ne se passent vraiment pas comme on <strong>les</strong> prévoit.<br />

Par exemple, je n’aurais jamais imaginé passer à la télé ! Je repense aussi un peu à<br />

l’autre côté de l’océan. A ma mère qui a été géniale, qui m’a accompagnée et<br />

soutenue jusqu’au bout. Elle est merveilleuse ma mère quand même, c’est aussi un<br />

peu grâce à elle que je suis là, aujourd’hui.<br />

Plus qu’une heure vingt.


14h40, je me demande si ils nous donnent à manger avec la compagnie Chevallier.<br />

J’imagine car en 21/22 heures de bus ! Je repense en cet instant, aux <strong>des</strong>sins de ces<br />

deux petites fil<strong>les</strong>. Puis je repense aux moments où la petite Augustina se frottait<br />

contre moi en me disant que j’allais lui manquer.<br />

Je me dis que j’aie quand même beaucoup de chance. (Pour le moment). C’est vrai !<br />

Tout se passe au mieux.<br />

Je regarde encore une fois mon guide du routard. Ça à l’air sympa Salta.<br />

Je me demande ce que ça vaut le dimanche. Je dis ça car <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, le<br />

dimanche, ne travaillent pas. Ils font la fête, ou reste chez eux, dans le campo.<br />

Enfin ça se passait comme ça à Madariaga, à Salta, j’espère bien découvrir bien<br />

d’autres choses.<br />

Encore une heure à attendre ce foutu bus !<br />

Et dire qu’il y a un an, j’avais peur de changer de train entre Rennes et Annecy !<br />

Comme quoi, on évolue en un an ! C’est dingue quand même !<br />

C’est moi qui ai l’impression d’être une extra-terrestre ici ou quoi ? Tout le monde me<br />

regarde bizarrement. Ils doivent sans doute se demander ce que je fais, pourquoi<br />

j’écris tant de choses sur ce petit cahier violet.<br />

Puis, il faut dire que je ne passe pas inaperçue avec mon look et ma tête, ça ne doit<br />

pas arranger <strong>les</strong> choses. Chaussures de marche, à l’origine bleues, maintenant<br />

recouverte de boue séchée, 5 couches en hauts, dont un tee-shirt et 4 pulls enfilés<br />

<strong>les</strong> uns sur <strong>les</strong> autres. La tête fatiguée, <strong>les</strong> cheveux en bazar, pas lavés depuis lundi.<br />

J’ai aussi du mal à réaliser que tout ceux que je viens de quitter je ne <strong>les</strong> reverrais<br />

sans doute jamais…et pourtant ils ont tous illuminé une partie de ma vie en chaque<br />

instant vécu avec eux…<br />

Je réalise aussi que je m’étais quand même bien trompé sur <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, je<br />

n’imaginais vraiment pas cela comme ça…puis finalement je trouve ça génial d’être<br />

surprise à ce point, d’autant plus que je ne sais pas mais pas du tout ce qui m’attend<br />

à 2000km de cette gare routière Retiro de Buenos-Aires.<br />

Il n’est que 15h ! Encore 45minutes avant que le bus n’arrive ! C’est dingue comme<br />

j’apprends à être patiente !<br />

C’est un peu galère au niveau de mes comptes, vu que je n’ai pas le numéro de ma<br />

carte il va falloir que je me débrouille pour me faire héberger le plus possible ! Je suis<br />

vraiment trop c**** d’avoir oublié ce code ! Il n’y a que moi pour faire ça !<br />

Il est 15h40, je suis dans le bus. Et oui, ici, <strong>les</strong> bus arrivent TOUJOURS à l’heure !<br />

Lorsque que le bus s’apprête à partir mon cœur chantonne « En route pour de<br />

nouvel<strong>les</strong> aventures… » Et je me laisse porter par le doux ronronnement du bus<br />

Chevallier qui s’en va vers une autre contrée…<br />

Je suis contente de quitter la province de Buenos-Aires, quoiqu’un peu anxieuse, je<br />

l’avoue…<br />

Pas pratique d’écrire dans le bus, je vais me laisser porter par le paysage qui<br />

change…à tout à l’heure…<br />

Il est 19h40, nous sommes arrêtés à San Nicolas, la nuit est tombée et je réfléchi un<br />

peu sur mon étude…J’écoute en boucle ma musique me souvenant qu’une fois<br />

avant de partir j’avais rêvé de cette partie de l’Argentine, de la province de Tucumàn,


en jetant un coup d’œil sur la carte, je me rends compte que Salta est juste au-<br />

<strong>des</strong>sus de Tucumàn.<br />

Un sourire me vint aux lèvres et je pense très fort dans ma tête. « C’est fou ! Rien<br />

n’est laissé au hasard… ! »<br />

20h, le bus n’est toujours pas partit !<br />

Voilà que tout le monde se lève du bus. Je me décide à enlever mes écouteurs et<br />

une femme me dit en espagnol qu’il faut qu’on change de bus car celui là à un<br />

problème mécanique…j’espère juste retrouver mon sac à Salta…<br />

L’autre bus est moins classe mais vraiment pas de quoi se plaindre !!!!<br />

Ça fait quand même une heure qu’on est assis dans ce « nouveau bus » et que l’on<br />

ne bouge pas…pourtant le moteur du bus tourne…<br />

Ah ! Voilà que <strong>les</strong> questions qui hantent mon esprit reviennent, je ne suis tellement<br />

sûre de rien que ça me fait un peu peur et en même temps je sais que tout se<br />

passera….comme je ferais en sorte que ça se passe. C’est dur mais il faut<br />

s’accrocher ! De toute façon, je sais que j’en suis capable. D’ailleurs, mon stylo ne<br />

veut plus que je mette sur papier toutes ces questions idiotes, il n’écrit plus…puis<br />

nous partons enfin de San Nicolas, j’espère que mon sac n’y est pas resté !<br />

Quelques instants plus tard, je me rends compte que l’on a fait demi tour. Nous<br />

revoilà à San Nicolas ! Je me demande vraiment ce qu’il se passe.<br />

Apparemment le chauffeur avait oublié son « micro » dans le bus en panne…On<br />

l’aura vu la station de San Nicolas !<br />

Bref nous repartons finalement rapidement et quelques minutes plus tard, une dame<br />

monte dans le bus et s’installe à mes côtés. Je commence à lui expliquer ce que je<br />

fais là, à lui parler de Salta, <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> et elle me donne quelques conseils. Elle<br />

me dit de « faire attention » et de ne pas parler à n’importe qui…<br />

Il est 1h du matin, je m’endors sans penser à ce qui m’attends demain…<br />

Vendredi 16 août :


6h40 : je suis réveillée par notre arrivée à Santiago Del Estrello et la femme assise à<br />

côté de moi <strong>des</strong>cend ici, elle me dit au revoir et encore une fois de bien faire<br />

attention !<br />

Il est clair que le paysage a changé. Ce n’est pas la même chose, ça me semble plus<br />

pauvre.<br />

Au loin, je commence à apercevoir quelques montagnes…<br />

Le paysage devient de plus en plus beau au fur et à mesure que l’on avance.<br />

Il est midi ! Nous sommes à 150km de Salta, j’ai hâte qu’on arrive !<br />

En plus, je suis heureuse de voir que <strong>les</strong> chevaux n’ont pas disparus du paysage qui<br />

lui-même est devenu impressionnant (même à travers <strong>les</strong> vitres d’un bus…alors en<br />

vrai !!!!)<br />

Il est 14h15, mon ventre se serre, j’aperçois à travers la vitre, cette immense ville de<br />

Salta. Je réalise que je vais me pointer là-bas sans rien connaître, avec seulement<br />

un bref plan !<br />

Nous arrivons au terminal, je <strong>des</strong>cends <strong>les</strong> marches du bus, anxieuse mais<br />

déterminée !<br />

Un choc fait quand même son apparition : « Où suis-je ? »<br />

Je récupère mon sac.<br />

Je suis à moitié pommée dans ce terminal ! Le guide du routard précisait bien que<br />

c’était un peu galère pour s’y retrouver.<br />

Des jeunes gens m’abordent pour me proposer un hôtel, je me contente de leur<br />

demander le chemin de l’office du tourisme qu’ils m’expliquent gentiment, je <strong>les</strong><br />

remercie et je m’en vais, toujours un peu pommée, je demande à trois personnes<br />

différentes mon chemin et je trouve finalement l’avenue que je dois parcourir pour<br />

enfin atterrir à l’office du tourisme.<br />

En plus, j’ai chaud et extrêmement soif avec mon sac qui pèse presque mon poids !<br />

Tout le monde me regarde bizarrement ! Je n’ai en effet peut être pas la taille<br />

moyenne pour <strong>voyage</strong>r seule avec un sac qui fait presque ma taille mais c’est pas<br />

une raison pour que tous <strong>les</strong> touristes (car c’est surtout <strong>les</strong> touristes qui me<br />

dévisagent) me lancent <strong>des</strong> regards aussi bizarres.<br />

Je m’arrête au premier vendeur de boissons que j’aperçois et prends deux jus<br />

d’abricots.<br />

Je continue ma route vers l’office de tourisme qui n’est finalement plus très loin.<br />

Je pousse la porte de l’office de tourisme qui n’a vraiment rien à voir avec le petit<br />

local d’Anna Rosa. L’office est luxueux. Une jeune femme m’accueille, très sympa.<br />

Elle me demande ce que je veux, je pose mon sac par terre, prends mon souffle et<br />

explique tout, en espagnol, d’un trait !<br />

Je lui montre mon papier <strong>Zellidja</strong> en expliquant brièvement mais efficacement mon<br />

projet. La jeune femme, après reflexion, me conseille d’aller à Chicoana.<br />

<strong>Sur</strong> le coup, je ne comprends pas très bien le nom de la ville. Je lui demande qu’elle<br />

m’explique un peu plus en détaille ce qu’est cette ville, puis elle me dit que Chicoana<br />

est un petit village situé à 45km de Salta où, elle pense que je peux rencontrer <strong>des</strong><br />

<strong>Gauchos</strong> facilement.


Je lui demande donc comment y aller. Je prends l’option « collectivos ». Je me<br />

rends donc au « coin » où le bus jaune doit passer.<br />

Encore une fois, j’ai une chance folle !<br />

Le bus qui passe toute <strong>les</strong> heures arrive à peine 2minutes après que je me rende<br />

dans ce coin !<br />

Il est 15h15, je suis dans le bus pour Chicoana, je dois <strong>des</strong>cendre à la<br />

municipalidad ! J’avoue que je suis assez fière ! En plus, j’aime ces bus pourris, ils<br />

ont leur charme.<br />

Il est 16h15 quand le bus arrive à Chicoana et que je demande au chauffeur où est la<br />

« municipalidad » et une très gentille dame se propose de me la montrer.<br />

Je me retrouve donc en face du centre culturel, je rentre et moi qui m’attendais à me<br />

retrouver en face d’une jolie secrétaire, me voilà face à un gros bonhomme qui me<br />

reçoit.<br />

Je lui explique pourquoi je suis là, lui montre mon papier <strong>Zellidja</strong> ainsi que le journal<br />

dans lequel je suis passé à Madariagua.<br />

Après tout ça, il m’emmène dans le bureau de la secrétaire de « je ne sais plus trop<br />

quoi… » qui après avoir discuté un peu avec moi, tente de m’expliquer un truc<br />

auquel je ne comprends rien.<br />

En fait, après lui avoir fait répéter trois fois sa phrase (et pour cause, la fatigue !!!), je<br />

crois avoir compris que la « municipalidad » me paie l’hôtel dans lequel je vais rester<br />

un peu, le temps qu’ils essaient de prendre contact avec quelqu’un qui pourrait<br />

m’accueillir.<br />

Mais, ils m’ont expliqué aussi qu’il y a une fête Gaucha demain et ils peuvent<br />

m’emmener sans aucun problème.<br />

Le dimanche est un jour de fête en Argentine c’est le fameux « Dia Del Nino », et à<br />

Chicoana, c’est un événement ! La « muni » à l’air à fond dedans et donc n’a pas<br />

tellement le temps, pour l’instant, de s’occuper de mon cas…<br />

La secrétaire demande à une bonne femme de m’accompagner à l’hôtel où je vais<br />

passer au moins cette nuit.<br />

C’est juste une chambre, mais ça suffit. Quant aux douches, ce n’est pas encore<br />

aujourd’hui que je vais pouvoir me laver…<br />

Je pose toutes mes affaires et je pars faire un tour dans le village.<br />

Il est 17h, je me sens seule. J’essaie de me connecter dans un cyber mais personne<br />

n’y est, en France.<br />

Je retourne donc à l’hôtel. Je ne sais pas si c’est le fait de me retrouver seule,<br />

comme ça, sans connaître personne qui me fout un coup de blues ou bien le surplux<br />

d’émotions additionnées à la fatigue mais je ne sais pas trop quoi penser de tout ça.<br />

Je suis contente d’être ici, mais c’est dur d’être seule quand même, surtout à l’autre<br />

bout du monde ! Je ne sais même pas où je vais !<br />

OH et puis mince ! J’ai besoin d’exprimer mes émotions et après tout, ce carnet de<br />

route est là pour ça ! J’explose en sanglot parce que, malgré tout, c’est dur d’être à<br />

l’autre bout du monde à à peine 17 ans !<br />

Parce que ça ne se passe jamais comme on l’a prévu et que c’est frustrant !<br />

Parce que j’ai besoin d’une présence à mes côtés…<br />

Parce que j’ai peur de ne pas faire ce qu’il faut ! Je sais pourtant très bien que ça va<br />

aller car je n’ai aucun problème majeur, j’ai juste besoin de souffler un peu, c’est tout.


Il est 18h, je pars faire un tour à la mairie pour savoir à quelle heure on vient me<br />

chercher demain matin.<br />

On me dit qu’aux alentours de 9h, l’intendant viendra me chercher.<br />

Un homme plutôt jeune me montre où va se dérouler la fête sur une carte, puis il me<br />

donne <strong>des</strong> « prospectus » qui présente un peu <strong>les</strong> villages alentours de Chicoana.<br />

Je vais faire un tour dans Chicoana, <strong>les</strong> gens me regardent bizarrement (un peu<br />

moins qu’avec mon gros sac sur le dos…)<br />

La nuit est déjà tombée et je ne trouve pas grand-chose à faire…<br />

Je décide de retourner dans un centre Internet car je ressens vraiment le besoin de<br />

parler à quelqu’un.<br />

J’ai là encore beaucoup de chance que mes parents soient connectés à Internet !<br />

Je peux leur parler et ça me fait du bien ! Mon père me dit de ne pas « hésiter à<br />

revenir sur mes pas » ! Il est dingue ! Je n’ai pas fait tous ces Km pour rien quand<br />

même !!!!!!<br />

Ma mère, elle, me réconforte, elle est adorable !<br />

Au bout d’une heure, ça va mieux.<br />

Je sors du cyber, il est 19h30, je cherche où manger mais il n’y a rien d’ouvert.<br />

Je reconnais, dans la rue, cette petite femme qui m’a accompagné à l’hôtel tout à<br />

l’heure. Elle m’aide à trouver un restaurant, mais tout est fermé à cette heure là !<br />

Les argentins ne mangent pas avant 21h !<br />

On trouve enfin un restau, le seul ouvert à cette heure là, je suppose.<br />

D’ailleurs, je suis seule dans le restaurant, avec un clochard. Celui-ci est très maigre,<br />

il parle un charabia que je ne comprends évidemment pas et marche de long en<br />

large dans le restaurant avant de s’asseoir près de la porte.<br />

Je commande le truc le moins cher sans me soucier de ce que c’est, je suis trop<br />

fatiguée pour ça !<br />

Ils m’amènent tout d’abord du pain. Je me sens mal à manger à côté de ce vieil<br />

homme qui n’a rien et qui me dévisage depuis tout à l’heure…<br />

Le repas commence à se faire désirer surtout que je suis la seule cliente.<br />

Ah ! Voilà enfin…euh…du « bœuf » panné avec <strong>des</strong> frites.<br />

D’accord, il fallait s’y attendre. Le bœuf panné n’est pas mauvais, mais <strong>les</strong> frites ont<br />

du mal à passer. J’en mange quand même quelques-unes sans tenir compte <strong>des</strong><br />

mouches et <strong>des</strong> fourmis cramponnées <strong>des</strong>sus. Le pire c’est que ça ne me dégoûte<br />

même pas, ça me rassure presque.<br />

Je me lève avec ma coupelle de frite presque pleine et me dirige vers le vieillard pour<br />

la lui donner. Le serveur me regarde et me sourit gentiment.<br />

Je ne fais ça ni par pitié, ni par compassion. Je ne sais même pas pourquoi je le<br />

fais, sans doute parce que je trouve ça injuste. En plus, j’ai gagné sa bénédiction !<br />

Les gens ont l’air très catholiques par ici.<br />

Le serveur débarrasse ma table et me demande ce que je fais là ; je lui explique<br />

brièvement mon projet de rencontrer <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> et son sourire me fait du bien.<br />

Les gens entrent et sortent du restaurant. On dirait qu’ils appartiennent tous à ce<br />

restaurant !<br />

C’est vrai que même si ce n’est pas la classe, manger pour 1.20euros, ça va !


Le <strong>des</strong>sert, lui aussi, se fait désirer alors u bout d’une demi-heure, je demande à<br />

quelqu’un qui avait l’air de faire partie du restaurant où est passé mon <strong>des</strong>sert ! Il<br />

s’en va donc le chercher, ce fameux « postre » !<br />

Entre temps, un homme assis près de moi, me demande pourquoi je suis là,<br />

j’explique encore une fois…<br />

Et puis, ça fait du bien de parler. Le serveur m’apporte mon <strong>des</strong>sert, c’est un abricot<br />

(en boîte) avec une cuillère de Dulce de Leche. Ce n’est pas mauvais finalement.<br />

Il est 21h quand je paye la dame qui tient le restaurant.<br />

Je prends la route en direction de l’hôtel.<br />

Arrivée là-bas, je trouve deux petits bouts de choux et je leur demande où est leur<br />

maman (je voulais m’adresser à la femme qui tient l’hôtel). Je tombe sur une jeune<br />

fille à qui je demande de me réveiller demain vers 8h et elle me propose de me faire<br />

chauffer de l’eau pour prendre un thé.<br />

Ça me fait plaisir ! Je me sens beaucoup mieux, pourtant le repas ne fut pas<br />

excellent et le cadre non plus n’était pas excellent mais c’est ce retour à la simplicité<br />

qui fait du bien…puis la solitude, à long terme, ça fait du bien aussi.<br />

Puis, je ressens quelque chose de spécial par ici.<br />

Ce n’est pas du tout pareil qu’à Madariaga. Il y a un esprit qui me correspond sans<br />

doute plus. D’ailleurs, tout ça me remotive et en plus, il fait beau et plutôt assez<br />

chaud ici ! Il y a le soleil !<br />

Bref, après tout ça, je suis quand même bien fatiguée. C’est vrai, qu’en y repensant,<br />

on vit <strong>des</strong> choses quand on part seul ! C’est comme <strong>des</strong> épreuves, jamais pareil<strong>les</strong>,<br />

que l’on doit surmonter afin d’accéder un peu plus à chaque fois à notre but… et moi,<br />

j’aime <strong>les</strong> épreuves, <strong>les</strong> défis, j’aime me battre !<br />

C’est sur ces paro<strong>les</strong> que je m’endors ce soir, il n’est que 22h, mais je suis pourtant<br />

très fatiguée ! Buenas Noches !<br />

Samedi 13 août<br />

Je me réveille en sursaut. Je me demande quelle heure il est. Il ne doit pas être loin<br />

de 8h.<br />

Je jette un coup d’œil sur ma montre qui indique : 3h50. Les soucis du décalage<br />

horaire ? Non, je ne pense pas ! Je me réveille presque toutes <strong>les</strong> heures, me<br />

demandant quelle heure il est.<br />

J’ai mal au ventre en plus ! Je suis réveillée depuis un moment, quand une voix<br />

perçante frappe à la porte : « Son las ochos ».<br />

Je traîne un peu, de toute façon j’ai le temps vu que je ne peux pas me laver, je n’ai<br />

pas besoin d’une heure pour enfiler un pantalon et un pull !<br />

Je passe quand même dans la « salle de bain » et je me rends compte que mon gel<br />

douche à coulé partout dans ma trousse de toilette. Il y en a partout ! <strong>Sur</strong> la brosse à<br />

dents tombée du ciel autant que sur le côton. « La journée commence bien »<br />

marmonne-je en essuyant tant bien que mal le gel douche.<br />

Il est 8h30 quand je sors de ma chambre.<br />

Je jette un coup d’œil dans la maison derrière l’hôtel mais il n’y a personne ! Je vais<br />

voir la maison devant, il n’y a personne.<br />

Je ne sais pas trop quoi faire, j’hésite. Puis, je me dis, qu’après tout, je n’ai rien à<br />

perdre, alors je toque à la porte. Une voix féminine me demande qui c’est, je<br />

réponds brièvement « la chica francesa ».


Une jeune fille vient m’ouvrir, elle me demande ce que je veux, je lui explique<br />

l’histoire du thé, d’hier. Je me sens un peu mal à l’aise mais en vérité c’est plus pour<br />

créer <strong>des</strong> liens que pour boire un thé que j’ai frappé à cette porte. Elle me fait rentré<br />

dans sa maison !<br />

WAH ! C’est, comment dire, très bizarre !<br />

En fait, il n’ y a pas de table, pas de chaises, pas de fauteuils mais seulement <strong>des</strong><br />

engins de musculation !<br />

Je me demande vraiment pourquoi c’est comme ça.<br />

Elle me donne gentiment un thé avec de quoi manger.<br />

Il est 9h, personne n’est là.<br />

Du coup, je continue ma conversation avec Carina. J’explique pourquoi je suis là, et<br />

ma passion pour <strong>les</strong> chevaux !<br />

Il est 9h40 et toujours personne n’est venu.<br />

Ça commence à m’énerver un peu mais je reste zen !<br />

Je décide d’aller voir ce qui se passe à la mairie. Quelqu’un me dit que quelqu’un va<br />

venir me chercher devant la maison de Carina à 10h, j’y retourne donc mais à 10h15<br />

toujours personne.<br />

Ça commence sérieusement à m’énerver toute cette histoire !<br />

Qu’est ce que je suis venu me fourrer ici ?!<br />

Je retourne d’un pas ferme à la mairie et la femme d’hier « très occupée » me parle<br />

et je n’arrive même pas à comprendre tout ce qu’elle me dit.<br />

Finalement, je me retrouve assise devant la mairie, avec trois hommes, à attendre<br />

une camionnette.<br />

Il y a un caméraman qui s’appelle Javier, son « compagnon » Tico et Raul, un<br />

homme qui à l’air relativement sympa.<br />

Ils me parlent un peu mais je suis encore un peu sur <strong>les</strong> nerfs et en plus il faut<br />

encore qu’on attende la camionnette.<br />

Il est 11h lorsque celle-ci arrive. On commence à rouler sur <strong>les</strong> routes sinueuses de<br />

la montagne et le chauffeur s’amuse un peu avec son camion.<br />

Le paysage est magnifique !<br />

Il est tout juste midi lorsque nous arrivons dans ce lieu magnifique : « El Maray »,<br />

entouré de montagnes de toutes <strong>les</strong> couleurs, le soleil au rendez vous…c’est<br />

fantastique.<br />

En plus il y a <strong>des</strong> chevaux partout.<br />

En fait c’est une Santo, c’est comme si on fêtait la St Paul ou quelque chose comme<br />

ça.<br />

Ici, <strong>les</strong> gauchos jouent un rôle plus traditionnel que réel.<br />

Tous <strong>les</strong> « <strong>Gauchos</strong> » présents ici sont ceux qui cherchent à faire revivre la tradition<br />

mais ils ne vivent pas comme <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, <strong>les</strong> vrais !<br />

Tout d’abord, on laisse place à une messe. Les argentins, en plus d’être patriotique<br />

sont très croyants et surtout dans cette région.<br />

D’ ailleurs, ça me fait bizarre de me retrouver à écouter une messe.<br />

Je repense à mes grands parents qui sont, en ce moment, sur le chemin de<br />

compostelle.


Le caméraman est super sympa avec moi. Il me dit de m’asseoir à une table et de<br />

prendre une empanada, puis me serre un verre de coca.<br />

Me voilà en face d’un homme qui a un peu bu et qui commence à me parler en<br />

quechua, la langue <strong>des</strong> indiens.<br />

Evidemment, je ne comprends rien. Mais, ça me fait plaisir d’entendre du<br />

quechua…Gaucho en quechua, ça signifie orphelin…<br />

Aux côtés de cet homme un peu ivre, se trouve un jeune homme qui me dit que son<br />

compagnon de table a trop bu et qu’il parle en quechua.<br />

Javier et moi quittons la table quelques minutes plus tard, c’est l’heure de la<br />

procession ! Tout le monde défile avec <strong>des</strong> images, <strong>des</strong> symbo<strong>les</strong> de là où ils<br />

viennent. C’est assez compliqué à expliquer. Mais, en gros <strong>des</strong> enfants aux grandsmères<br />

tout le monde défile.<br />

Ensuite, place au défilé <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>. Ils sont tous revêtus de leur poncho salténéen,<br />

rouge et noir.<br />

Ils se montrent quand même très fiers. On pourrait même dire qu’ils « se la pète un<br />

peu.. » et ils ont évidemment le plus grand respect de tout le monde.<br />

Défilé <strong>Gauchos</strong>.<br />

Puis, ce paysage est merveilleux, ces montagnes rouges font régner un esprit<br />

mythique ici, je suis presque émerveillée. En plus, <strong>les</strong> gens sont sympas !<br />

14h : REPAS !


Je me sens bien, je ne sais même pas pourquoi…C’est vraiment différent de<br />

Madariaga.<br />

Tout d’abord on nous sert <strong>des</strong> assados avec <strong>des</strong> pommes de terres.<br />

L’ambiance est sympa puis la musique salténéènne vraiment chouette.<br />

Je parle un peu de mon aventure à tout le monde et l’on m’offre la bouteille de vin<br />

déguisée en Gaucho.<br />

Après l’assado, on nous sert le Locro. C’est une sorte de soupe avec <strong>des</strong> polotos à<br />

l’intérieur. C’est super bon !<br />

Ensuite, tout le monde est invité à danser. Mais c’est seulement ceux qui savent<br />

danser qui se montrent en piste.<br />

Puis, un homme me propose de goûter aux feuil<strong>les</strong> de coca.<br />

Je suis curieuse alors je teste. Je n’ai aucune idée de l’effet que c’est censé<br />

provoqué en tout cas ça me paralyse <strong>les</strong> dents !<br />

Le jeune homme de tout à l’heure se dirige vers moi et me demande de prendre une<br />

photo avec lui. (Je vous avais dit, je suis une extra terrestre ici !) Evidemment,<br />

j’accepte malgré ma joue droite enflée par <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong> de coca !


Et voilà le résultat<br />

Il est 15h30, quand je sors dehors avec ma bouteille de vin que je rapporte dans la<br />

camionnette, histoire qu’en plus de me considérer comme une extra-terrestre, on ne<br />

me prenne pas pour une ivrogne.<br />

Ricardo, le jeune homme revient vers moi et me demande si je sais monter à cheval,<br />

évidemment je réponds d’une voix plus qu’enjouée que « oui, je sais monter à<br />

cheval ! » Il court donc me chercher un cheval, et nous voilà, tous <strong>les</strong> deux, à cheval,<br />

pour une petite ballade dans <strong>les</strong> montagnes rouges d’El Maray !<br />

Il faut quand même préciser, qu’aujourd’hui, j’ai de la chance d’avoir un caméraman<br />

avec moi. Il veut me prendre en photo sur tous <strong>les</strong> ang<strong>les</strong> et avec tout le monde !<br />

Nous partons donc dans <strong>les</strong> montagnes, on esquive la route assez rapidement,<br />

histoire de se retrouver au cœur de la nature ! C’est magnifique !<br />

Il me demande mon prénom et à peine ai-je eu le temps de répondre qu’il me<br />

demande si j’ai un « NOVIO » ! Au moins je commence à le connaître ce mot en<br />

espagnol.


Ensuite, tout en continuant notre ballade, je lui explique mon projet, <strong>Zellidja</strong>, <strong>les</strong><br />

gauchos etc…<br />

Il me dit que lui, c’est un Gaucho. Alors, je lui demande si il travaille dans le campo,<br />

si il fait le travail du « gaucho ». Il me répond qu’il déteste travailler dans le campo<br />

comme ses parents le font.<br />

Lui, ce qu’il aime c’est monter à cheval.<br />

En tout cas, il a une vie plutôt « rica » !!! Il a sa voiture, un lieu où vivre à Chicoana,<br />

un portable dernier cri… alors ça me fait rire…<br />

Nous continuons notre petite promenade dans la montagne et j’ouvre la porte d’une<br />

propriété privée où apparemment on devait aller, car Ricardo semble avoir un peu de<br />

mal avec son cheval, sans doute pas encore très bien dressé.<br />

Le paysage est vraiment merveilleux ! Je ne dis plus rien, je me nourris simplement<br />

de l’énergie que dégagent ces montagnes, et <strong>les</strong> cactus !!!!<br />

Nous re<strong>des</strong>cendons, il veut m’emmener de l’autre côté, près de la route. C’est<br />

génial !<br />

Je suis à cheval, au cœur <strong>des</strong> montagnes rouges et mes yeux se remplissent<br />

d’étoi<strong>les</strong> chaque fois que mon regard s’élève vers le sommet de ces montagnes !<br />

Ricardo n’arrête pas de me parler, il a un ton bizarre, sans doute pas assez direct.<br />

Il me propose qu’on se voie demain, vu qu’il vit à Chicoana.<br />

On se dit qu’on se retrouve à 19h à la place. Il me propose aussi de m’emmener<br />

dimanche prochain dans <strong>les</strong> montagnes, ici mais vraiment tout en haut. Je n’ai<br />

aucune idée de où je serais dimanche prochain mais je dis que peut-être, pourquoi<br />

pas…<br />

Il est 17h quand on <strong>des</strong>cend de cheval.<br />

Il m’explique qu’il faut que je le regarde faire sa « doma ». J’en regarde déjà<br />

quelques uns. C’est vraiment différent d’en France ! Ici, ceux qui pratiquent la doma<br />

veulent vraiment montrer qu’ils peuvent dresser le cheval.<br />

Il faut qu’il ait le <strong>des</strong>sus mais malgré tout, je n’ai pas vraiment l’impression que c’est<br />

une question de pouvoir.<br />

Celui qui ne tombe pas, c’est celui qui ne forme qu’un avec le cheval…


Préparation de la Doma.<br />

Il est 17h45, et le chauffeur vient vers moi en me disant qu’il est temps de rentrer.<br />

Malgré que Ricardo insiste pour que je reste le regarder, je monte dans le 4*4 après<br />

qu’il m’ai répété trois fois qu’on se retrouvait à 19h à la place !<br />

Je me retrouve donc avec le chauffeur, Raul et Tico.<br />

Mais on prend aussi dans le 4*4 deux femmes et leurs enfants que l’on ne dépose<br />

pas très loin d’El Maray.<br />

On roule sur <strong>les</strong> routes de terres, c’est excellent !<br />

Nous voilà donc repartit pour Chicoana. Le paysage est toujours aussi magnifique,<br />

surtout au couché du soleil.<br />

Les montagnes rouges se transforment d’une couleur rose/orangée magnifique…<br />

On arrive à la mairie de Chicoana. Raul marche à mes côtés car il va dans la même<br />

direction que moi. Je lui demande demain, si il y a besoin d’un coup de main pour le<br />

« dia del nino ». Il me dit de venir à 10h à la mairie.<br />

J’arrive à l’hôtel, souriante et très contente de ma journée !<br />

Puis, la dame qui tient l’hôtel, la mère de Carina me dit de poser mes affaires dans<br />

leur maison.<br />

Au début, je ne comprends pas très bien ce qu’elle veut. Elle m’explique alors, que<br />

plutôt que de dormir toute seule dans une chambre, que j’aie qu’à m’installer chez<br />

el<strong>les</strong>, dans la chambre du <strong>des</strong>sus, que ce sera plus agréable pour moi !


On dirait que la chance me sourit aujourd’hui ! Emerveillée, je la remercie avec un<br />

énorme sourire et déménage donc mes affaires dans la maison, à l’étage au <strong>des</strong>sus !<br />

Elle me fait même un thé. Puis, quelques minutes plus tard, Carina rentre.<br />

Ça me fait rire de me retrouver ici, dans cette maison, au milieu de tous ces engins<br />

de muscu !<br />

Il est 19h45 et Carina m’emmène chercher sa deuxième bicyclette qu’elle à laisser<br />

au garage, à réparer.<br />

On se ballade dans Chicoana, qui m’a l’air largement plus attrayante que la veille.<br />

Il y a vraiment quelque chose ici.<br />

Tout le monde se salue…il y a quelque chose de magique !<br />

Je parle beaucoup avec Carina, de choses et d’autres. On récupère le vélo, on<br />

partage une orange et on retourne se promener dans Chicoana.<br />

Elle prend sa douche, puis vers 21h30, on retourne au cœur de Chicoana, pour aller<br />

chercher sa mère à l’église. Carina voulait lui demander si elle mangeait avec nous,<br />

apparemment, non. Donc, on repart chercher une pizza que l’on mange sur son lit<br />

devant la télé.<br />

Ce qui me fait rire c’est que si, ce matin, je n’avais pas frappé à la porte pour un<br />

fichu thé, tout cela ne serait jamais arrivé !<br />

Je trouve ça vraiment magique !<br />

Il est minuit et demi quand je monte me coucher. Je suis plus qu’heureuse,<br />

émerveillée. Je ne sais pas ce qui m’attends, mais là je crois que j’ai confiance… A<br />

demain !<br />

Dimanche 14 août :<br />

Il est 9h00 quand je me réveille, je me lève et Carina me propose de prendre une<br />

douche ! Quelle joie ! Je ne me rappelle même plus quand c’était la dernière !<br />

Evidemment, impossible de trouver ma trousse de toilette ! J’ai beau fouiller la<br />

chambre, je ne la trouve pas !<br />

Tant pis, j’ai un gel douche, ça fera l’affaire !<br />

En plus il y a de l’eau chaude, bouillante même ! En fait, le système, c’est qu’ils font<br />

chauffer l’eau qu’ils versent dans une sorte de bac et ensuite tu fais couler l’eau !<br />

Mes cheveux sont dans un état assez pitoyable mais bon, on fait avec.<br />

Je monte dans la chambre m’habiller et qu’est ce que je vois ? Ma trousse de toilette<br />

qui prône derrière mon gros sac à dos !<br />

Il est 9h30 quand je <strong>des</strong>cends et Carina m’avait préparé du thé avec du pain pour le<br />

petit déjeuner, je la remercie et vers 10h, je m’en vais en direction de la mairie.<br />

Je retrouve, le même jeune homme que l’autre fois, celui qui a l’air l’employé de<br />

Césario, en tout cas, j’ai l’impression que c’est lui qui se déchaîne le plus !<br />

Je lui demande ce que je peux faire et je me retrouve à mettre <strong>des</strong> ficel<strong>les</strong> sur <strong>des</strong><br />

ballons et à aller <strong>les</strong> accrocher sur un train à pédale.<br />

10 minutes plus tard, voilà <strong>les</strong> enfants qui s’installent dans le petit train, un clown<br />

arrive et ….il manque une personne pour faire tourner le petit train.<br />

Les gens de la muni disent « La francesa, Clementina ».<br />

Et me voila, sur un petit train, aux côtés d’un clown, en train de pédaler, en faisant le<br />

tour de Chicoana.


Le clown à coté de moi commence à hurler « Vamos fuerza ! » car on arrive dans <strong>les</strong><br />

côtes ! Par la même occasion, je visite <strong>les</strong> moindres recoins de Chicoana, c’est fort<br />

agréable. (si l’on oublie <strong>les</strong> postillons du clown ).<br />

Il est 11h30 quand nous arrivons (enfin !) au camping. Mine de rien, c’est sportif de<br />

conduire un petit train à pédale ! Voilà, c’est le lieu de la fête de l’enfant.<br />

Je retrouve Javier, le caméraman !<br />

Vers 12h20, Carina arrive en vélo, on va faire un tour sur la place car elle m’avait dit<br />

que <strong>des</strong> gens vendaient <strong>des</strong> produits régionaux, mais il n’y a finalement rien. Tant<br />

pis !<br />

Nous re<strong>des</strong>cendons au camping. On commence à papotter, puis un homme<br />

s’approche de nous, il est vaguement vêtu comme un Gaucho et me demande ce<br />

que je fais là, alors je lui explique un peu tout… Il me dit qu’il peut me faire découvrir<br />

ce que je cherche, qu’il connaît <strong>des</strong> gauchos qui vivent sans eau, ni lumière et dans<br />

le fin fond <strong>des</strong> montagnes…<br />

Il me propose de passer me chercher demain et qu’on y aille.<br />

Waw ! Et bien, finalement, cette journée aura été plutôt fructueuse concernant mon<br />

étude !<br />

Quelques minutes plus tard, javier le caméraman, accompagné d’un journaliste se<br />

dirigent vers moi en me demandant de faire une « nota » , en gros que je passe à la<br />

télé !<br />

Et rebelote ! Je suis plus à l’aise cette fois pour parler en espagnol.<br />

Puis, j’aime bien la dernière question qu’il me pose :<br />

« Qu’aimerais tu dire aux enfants qui sont là aujourd’hui ? »<br />

Je réponds d’un trait sans réfléchir que la meilleure façon de grandir, que la plus<br />

belle <strong>des</strong> expériences c’est <strong>les</strong> <strong>voyage</strong>s !<br />

Je suis toute émue de passer encore une fois sur <strong>les</strong> télés régiona<strong>les</strong> ce soir !<br />

On me dit de venir manger avec la muni et quelques autres personnes dont Nestor<br />

(l’homme qui vient me chercher demain…). On mange du riz à la bolognaise.<br />

Je discute donc avec Nestor, je lui dis que ça fait 10ans que je monte à cheval.<br />

Lui, il est prof avec <strong>les</strong> handicapés.<br />

Il me dit qu’il adore enseigner mais que ce qu’il aime par-<strong>des</strong>sus tout c’est <strong>les</strong><br />

chevaux et la montagne.<br />

Si j’ai bien compris, il vit seul, il est divorcé ou bien simplement séparé.<br />

Il me propose de monter à cheval maintenant et il me sort toute la panoplie : lasso,<br />

éperons, chapeau !<br />

En fait je pars avec un jeune de 14 ans chercher un poney pour le ramener au<br />

camping où se passe le dia del nino. Le jeune garçon s’appelle Nico, il ne parle pas<br />

trop…Il se contente simplement de répondre à ma curiosité.<br />

Nous arrivons dans le lieu où l’on doit attraper le mini poney.<br />

Nico attrape le lasso et me demande de bloquer le passage pour que le poney ne<br />

passe pas. Le poney se laisse attraper relativement facilement.<br />

Je suis bien à cheval ! Je me contente de ressentir, d’ouvrir mes yeux à ce paysage<br />

merveilleux.


Il est 15h30 environ quand on rentre, que je <strong>des</strong>cends du cheval et que je range<br />

toutes <strong>les</strong> affaires. Je remercie Nestor qui me répète « 10h demain ! » (Comme si<br />

j’allais oublier !)<br />

Je retrouve Carina qui vient d’arriver en vélo ! Ah, elle ne le lâche jamais son vélo.<br />

On partage une glace. Ça n’a rien à voir avec <strong>les</strong> glaces de St Malo mais c’est bon<br />

quand même et surtout agréable à partager !<br />

Il est 17h quand Carina et moi, on quitte le lieu de la fête. Carina veut dormir, moi<br />

c’est surtout pour boire un peu d’eau.<br />

Je bois donc un coup d’eau lorsqu’on est rentré puis je vais jeter un coup d’œil à mes<br />

e-mails avant de retourner au camping.<br />

C’est toujours <strong>des</strong> jeux pour <strong>les</strong> enfants. Ils ont l’air de bien s’amuser en tous cas ! Il<br />

y a même <strong>des</strong> danseurs boliviens et d’autres de Salta qui sont venus exprès.<br />

Il est 19h00. Il est temps que je retrouve Ricardo sur la place de Chicoana.<br />

Je dis donc au revoir à Raul en lui expliquant j’ai trouvé un campo pour demain et<br />

que je passerai peut être à la muni dans la semaine.<br />

Je ne sais pas trop si j’ai réellement envie de revoir ce Ricardo, mais je me dis que<br />

ça peut être sympa de découvrir ce que faisait <strong>les</strong> jeunes, le soir par ici…<br />

Je me pose donc sur un banc de la place, je suis un peu en avance mais à peine<br />

deux minutes plus tard, j’aperçois Ricardo qui fonce sur moi. Il m’emmène dans sa<br />

voiture !<br />

Elle est toute petite mais pour un jeune de vingt ans, c’est le luxe ici !<br />

C’est vraiment pas mon genre ce mec là !<br />

Il me demande où je veux aller, je dis que je ne sais pas trop. IL me pose une<br />

question qui me surprend un peu, il me demande si il y a <strong>des</strong> églises en France. Je<br />

réponds que oui et il m’emmène dans un petit village à côté de Chicoana : El Carril,<br />

et me fait goûter <strong>des</strong> pâtisseries argentines avant de m’emmener dans l’église pour<br />

assister à une messe ! J’hallucine !<br />

Je ne suis pas croyante et encore moins catholique et me voilà, à la messe, dans un<br />

village pommé d’Argentine !<br />

J’observe tous ces gens, à genoux en train de prier, je me dis que si <strong>les</strong> gens se<br />

rendaient compte que la foie dont ils parlent, que cette force soi-disant supérieure<br />

était en eux, que Dieu était en eux et non au <strong>des</strong>sus d’eux ; que c’est eux qui sont<br />

contrôlent leur vie, qu’ils sont maîtres de leur <strong>des</strong>tin, il y aurait sans doute moins de<br />

monde dans <strong>les</strong> églises et plus de monde à réaliser leur rêve. Enfin, ce n’est que ce<br />

que je ressens en cet instant précis, très bizarre.<br />

Il est 20h30, la messe est terminée. Ricardo me propose d’aller boire un café et nous<br />

voilà dans une station service avec deux cafés et un paquet de gâteaux sur la table.<br />

Il a un timbre de voix très bizarre, on dirait qu’il n’est pas très franc, ça fait vraiment<br />

bizarre.<br />

On quitte donc la station service assez rapidement et nous revoilà dans El Carril,<br />

dans un lieu de fête apparemment. Il me dit que c’est un festival<br />

Je fais la connaissance d’un copain à lui qui à l’air plutôt cool.


On se fait même fouiller avant d’entrer, puis on s’asseoit et Ricardo commande du<br />

coca. La musique est typique de là-bas. C’est assez marrant. Je crois que je suis la<br />

seule blanche dans cette salle…<br />

Ricardo veut que je danse avec lui ! Oula ! Déjà que je ne suis pas très douée pour<br />

danser mais là, ça va être la catastrophe.<br />

Au début, je n’accepte pas, puis après quelques verres de coca, je me laisse<br />

finalement tenter, malgré que je ne sois pas très à l’aise !<br />

Il est sympa Ricardo mais il n’y a pas vraiment de feeling entre nous, enfin de mon<br />

côté en tout cas !<br />

En tous cas, <strong>les</strong> jeunes argentins, aussi, aiment bien faire la fête !!!<br />

Et comme dirait ma prof d’espagnol, c’est <strong>des</strong> chauds lapins !<br />

Il est 1h du matin quand j’aperçois Javier le caméraman avec Tico ! Wah ! Ils sont<br />

partout ! C’est extra ! Puis Ricardo me dit qu’il y a une jeune fille de Buenos-Aires qui<br />

vient chanter ici et que c’est un événement important.<br />

Puis, comme le caméraman m’aime bien, il m’entraîne directement sur la scène aux<br />

côtés de cette jeune fille de Buenos-Aires et de ses musiciens ! C’est hallucinant<br />

! Et puis, <strong>les</strong> pogos argentins c’est sympa aussi.<br />

Alors après avoir pris quelques photos du haut de la scène, je décide d’aller, moi<br />

aussi pogotter avec <strong>les</strong> argentins !!!!!!!<br />

J’entraîne Ricardo, qui lui n’est pas très chaud au début mais qui se laisse facilement<br />

entraîner par la foule. Mais bon, il est quand même un peu saoulant !<br />

Je m’éclate dans <strong>les</strong> pogos argentins et ça fait plaisir !!!!<br />

Il est 2h du mat’ quand on monte dans la voiture de Ricardo et qu’il me prête sa<br />

veste « puma » pour pas que j’ai froid.<br />

Je lui dis de me ramener chez Carina en espérant de tout mon cœur qu’elle n’a pas<br />

fermé la porte…<br />

OUF ! La porte est ouverte !<br />

Je dis merci et au revoir à Ricardo, qui me rappelle encore une fois qu’on se voit<br />

dimanche prochain.<br />

Voila, je me retrouve dans ce petit lit sympathique, il est 3h30 du matin, j’ai de la<br />

musique plein <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> et j’ai hâte de voir ce qui m’attends demain, alors bonne<br />

nuit !<br />

Lundi 15 août :<br />

9h00 : Ah, c’est dur ! Qu’est ce qu’il m’a pris d’aller pogotter avec <strong>les</strong> argentins<br />

jusque 3h30 du matin ????<br />

Au petit dej’, je finis <strong>les</strong> « dulces » que Ricardo m’a laissé hier.<br />

Je prends une douche et à 10h à peine, j’entends : « Clementina ! » Nestor ou plutôt<br />

Gringo, vient me chercher…à cheval !<br />

Alors là, c’est extra ! Je le sens tout de suite bien !<br />

Il m’explique qu’aujourd’hui, on va chez ses parents, dans leur campo et que<br />

mercredi il pourra m’amener dans un campo dans <strong>les</strong> montagnes.<br />

Vu que je vais passer la journée à cheval, je prends simplement mon sac de 5kg, je<br />

laisse celui de 20 chez Carina.


Gringo part devant et je le rejoins sur la place quelques minutes plus tard.<br />

Mais où est il passé ? Ah ! je le vois qui arrive avec un autre cheval dans la main.<br />

Il me dit « celui là c’est le tien !<br />

Il faut qu’on achète la nourriture pour ce midi, alors direction <strong>les</strong> épiceries, on passe<br />

évidemment par l’incontournable « boucherie » où il achète <strong>des</strong> morceaux de bœuf<br />

et autres…, puis aussi du soda (car il ne boit pas trop de vin) et <strong>des</strong> feuil<strong>les</strong> de coca !<br />

Nous voilà donc avec nos deux chevaux sur la route.<br />

Nous passons tout d’abord chercher une petite jeune fille qui s’appelle Tatiana.<br />

Elle est magnifique, elle a une de ses forces dans le regard…<br />

Tati<br />

Tatie<br />

Tatie monte derrière Gringo et nous partons donc sur <strong>les</strong> chemins, à cheval.<br />

Je n’arrive pas à retenir le nom de ma jument, je sais juste que son nom se termine<br />

par coca alors je l’apelle « ma petite coca ».<br />

Elle avance moins vite que le jeune cheval de Gringo, Chapulin. Il faut dire que c’est<br />

elle qui a toutes <strong>les</strong> sacoches !<br />

Le paysage est magnifique.<br />

C’est dingue, mais rien que le fait d’être à cheval, au milieu <strong>des</strong> montagnes, j’ai<br />

l’impression d’apprendre beaucoup, de me ressourcer…<br />

Je discute beaucoup avec Gringo… Il se rapproche, je trouve, de la définition que<br />

j’avais dans la tête d’un Gaucho…malgré que tout cela ai changé, il y a certaines<br />

choses que l’on perçoit dans <strong>les</strong> yeux.


Il est environ midi quand, après avoir monté à cheval pendant près de deux heures<br />

on se pose dans un coin, en pleine nature où il n’y a rien excepté un lac et <strong>des</strong><br />

montagnes…<br />

C’est magique !<br />

Gringo épluche un bâton pour mettre à griller <strong>les</strong> morceaux de bœuf et nous on<br />

cherche du bois pour faire le feu…C’est de la pure simplicité, c’est génial.<br />

Je parle justement avec Gringo pendant que <strong>les</strong> assados ainsi que la morcilla cuisent<br />

au feu de bois.<br />

Assados, Morcilla et Chorizo sur le feu...<br />

Il m’explique qu’il a vécu comme ça pendant près de 10 ans, que pour lui, c’est ça la<br />

vie. Mais qu’il a <strong>des</strong> responsabilités avec l’école, qu’il ne peut plus vivre comme<br />

avant si il veut gagner un peu d’argent.<br />

Il m’explique que la vie a beaucoup changé, que si j’étais venu trente ans plus tôt,<br />

j’aurais vu <strong>des</strong> gauchos, <strong>des</strong> vrais, partout dans Chicoana, que maintenant, ils sont<br />

tous dans <strong>les</strong> montagnes.<br />

Je ne saurais comment le décrire ce Gringo, en tout cas, mon instinct me dit que je<br />

ne me suis pas trompée, hier, en acceptant de partir un peu avec lui.<br />

Ça y est, <strong>les</strong> assados sont cuits.<br />

C’est délicieux !ça n’a vraiment rien à voir avec la viande d’ici ! Ils doivent avoir une<br />

recette magique, c’est pas possible !<br />

En <strong>des</strong>sert, c’est fraises rincées à l’eau du fleuve avec quelques feuil<strong>les</strong> de coca,<br />

évidemment !<br />

Il est 15h et nous revoilà à cheval. Ce que je ressens est inexplicable. Il faudrait<br />

pouvoir lire dans mon cœur. Il y a vraiment quelque chose ici !<br />

Il est 16h lorsqu’on arrive chez <strong>les</strong> parents de Gringo.


On <strong>des</strong>selle <strong>les</strong> chevaux et Gringo m’apprend à manier le lasso ! Les débuts sont un<br />

peu laborieux mais finalement, je ne m’en sors pas si mal !<br />

J’ai réussi une fois à enrouler le lasso autour du poteau. J’ai encore du boulot,<br />

malgré tout pour devenir une cow boy argentine !<br />

Après cette petite initiation, Gringo me fait visiter la maison de ses parents et me<br />

présente à eux. Comparée à la maison D’Ismaël (un Gaucho que j’avais rencontré à<br />

Madariaga), leur maison est un luxe ! Eau, lumière, télé, radio…pourtant, ils ont un<br />

campo à eux avec <strong>des</strong> vaches et <strong>des</strong> taureaux.<br />

D’ailleurs, le père de Gringo ne peut plus travailler car son doigt a été cassé par un<br />

taureau.<br />

Je suis toujours un peu confuse quant à la définition d’un Gaucho…<br />

Pour moi, ils sont <strong>Gauchos</strong>, leur façon de vivre à l’écart <strong>des</strong> autres, de subvenir à<br />

presque tous leurs besoins tout seul. En même temps, je sais qu’il y a d’autres<br />

<strong>Gauchos</strong>, dans <strong>les</strong> montagnes et ça, ça me passionne encore plus !<br />

La maman de Gringo nous propose un maté que l’on prend tranquillement ensemble.<br />

Je suis, par ailleurs assaillies de questions par la mère de Gringo qui paraît<br />

impressionnée pour ne pas dire horrifiée de savoir que je suis venue ici, de France,<br />

toute seule.<br />

Je pars ensuite me promener un peu avec Tatie. Plus on discute et plus je me dis<br />

qu’elle a vraiment quelque chose, une sacrée force en elle.<br />

Elle me dit qu’elle se sent libre quand elle est ici, avec <strong>des</strong> chevaux, qu’elle a<br />

horreur <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> vil<strong>les</strong>. Ça me fait un bien fou de parler avec elle. Elle n’a que 12<br />

ans et pourtant, c’est dingue comme elle me touche.<br />

Après avoir fait un petit tour du campo, nous retournons dans la maison et Gringo me<br />

fait visiter sa petite maison à lui et me montre <strong>des</strong> photos de lui à cheval, lorsqu’il<br />

faisait <strong>des</strong> domas, mais aussi de sa grand- mère de 96 ans qui monte toujours à<br />

cheval et d’un Gaucho qui vit dans la montagne, sans rien, même pas de<br />

chaussures.<br />

Il me dit ensuite qu’il doit aller à Salta et me propose de rester là pour la nuit.<br />

Je ne sais même pas pourquoi, mais je lui demande si je peux venir avec lui à Salta.<br />

Ça doit être l’instinct qui resurgit !<br />

Il accepte et paraît enjouée de me faire rencontrer à sa sœur et à la duegna du<br />

campo de ses parents. Donc, avant que l’on parte, il me montre la maison de celle-ci.<br />

Malgré que la maison <strong>des</strong> parents de Gringo soit relativement confortable, celle de la<br />

duegna du campo est plutôt luxueuse voir, majestueuse.<br />

Quelques minutes plus tard, nous voilà donc partis pour Salta.<br />

On passe par Chicoana pour déposer Tatie chez elle. Lorsqu’elle s’en va, je me dis<br />

que j’aimerais beaucoup la revoir, elle m’a vraiment émue…<br />

On arrive 45minutes plus tard à Salta. En fait, on y va pour aller déposer une voiture<br />

chez la duegna du campo là où travaille sa sœur.<br />

D’ailleurs, ça se voit que l’on est chez quelqu’un de plus qu’aisé. L’appartement est<br />

vraiment très chic.


Je fais donc la rencontre de la sœur de Gringo qui est adorable, puis de la duegna<br />

qui voulait me voir. Elle est allongée dans son lit, elle est très vieille. Elle parle même<br />

un peu français. (C’est moi qui ai du mal à lui répondre en français !)<br />

Je demande à Gringo comment elle est avec son père parce que je me souviens<br />

d’un duegno de campo à Mar Del Plata qui n’avait pas l’air très « cool ». Puis, Rafa<br />

m’en avait parlé un peu également. Cependant, apparemment, cette duegna est très<br />

bien avec tout le monde.<br />

La sœur de Gringo me propose de rester dans sa maison (une maison à Chicoana,<br />

là où Gringo dort quand il y est.), ça me fait plaisir. Ici, <strong>les</strong> gens te font confiance<br />

alors que ça fait 2minutes que tu <strong>les</strong> connais ! Ça change !<br />

Sa sœur nous sert un petit quelque chose à manger, nous discutons un peu, puis<br />

avec Gringo, nous repartons.<br />

Gringo veut me montrer, à Salta, le héros Gaucho ! Celui que tous <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong><br />

vénère : MARTIN MIGUEL DE GUEMES !<br />

C’est en fait, le héros <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> de Salta car c’est lui qui a défendu Salta à<br />

l’arrivée <strong>des</strong> espagnols. Gringo m’explique aussi que le 17juin, le jour où il est mort ;<br />

tous <strong>les</strong> gauchos de la province de Salta, se réunissent à Salta pour défiler.<br />

Gringo à l’air en admiration ! Il veut que je prenne San Miguel en photo sous tous <strong>les</strong><br />

ang<strong>les</strong> ! (Pas très pratique de nuit !) Il me dit que « ça c’était un gaucho ! » c’est un<br />

peu comme si on disait ici « ça c’était quelqu’un ! »<br />

Donc, après avoir admiré San Martin Miguel pendant quelques minutes, nous<br />

repartons direction la cathédrale.<br />

Gringo veut prendre un taxi, mais au bout de 5minutes d’attente, je lui propose de<br />

marcher. Il me dit « ok, mais on marche vite ! »<br />

La cathédrale, elle est sur la place 9 de Junio, c’est vrai que c’est très sympa.<br />

Nous nous baladons un peu dans Salta. Il y a pas mal de rues piétonnes dans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on vend pas mal de choses. On trouve de tout, <strong>des</strong> ponchos aux petites<br />

culottes. C’est vrai que ça change <strong>des</strong> campos !<br />

Il est 23h quand on prend un remis pour rentrer sur Chicoana, puis on s’endort tous<br />

<strong>les</strong> deux dedans !<br />

Arrivés à Chicoana, Gringo me propose de manger un sandwich sur la place.<br />

Il est minuit, je suis assise sur un tabouret d’un marchand de sandwich avec qui je<br />

discute et qui est lui aussi « ex Gaucho ».<br />

On rentre ensuite à pied en passant par une épicerie car Gringo voulait acheter <strong>des</strong><br />

dulces (ça tombe bien c’est mes préférés !), <strong>des</strong> yaourt et <strong>des</strong> pommes.<br />

On arrive quelques minutes plus tard chez sa sœur. On prend tous <strong>les</strong> deux un thé et<br />

un yaourt et hop ! Au lit ! Il est tard et je commence à être un peu fatiguée.<br />

J’aurais pourtant voulu décrire mes sentiments tels que je <strong>les</strong> ressens, mais je crois<br />

qu’avec <strong>des</strong> mots, ce n’est pas très évident. <strong>Sur</strong> ce, bonne nuit !<br />

Mardi 16 août:<br />

6h20: DEBOUT!!!<br />

AHHH c’est dur!


Je me lève, enfile mon pantalon. Je vais m’asseoir aux côtés de Gringo et je bois un<br />

thé avec <strong>les</strong> quelques dulces d’hier qu’ils me proposent gentiment.<br />

Puis nous partons peu après pour son école. D’ailleurs on court pour attraper le bus<br />

et j’ai l’air bien moi, avec mon sac de 5kg sur mon épaule droite !<br />

Ça me fait rire car dans le bus, tous <strong>les</strong> profs sont devant et Gringo, quand il monte,<br />

va s’asseoir au fond et discute avec ses élèves.<br />

Si j’ai bien compris, c’est une école, où l’on apprend à monter à cheval et à travailler<br />

dans le Campo.Gringo, lui, s’occupe <strong>des</strong> enfants handicapés. Mais tous <strong>les</strong> enfants<br />

de cette école vivent dans <strong>des</strong> campo ou ont <strong>des</strong> parents plus ou moins <strong>Gauchos</strong>.<br />

Tout d’abord, en arrivant, la directrice veut me voir.<br />

Waw ! Il y a tous <strong>les</strong> profs dans la salle. La directrice me prend à part dans son<br />

bureau et je lui raconte brièvement ce que je fais et pourquoi je me retrouve ici à Villa<br />

Vista.<br />

Ensuite, José, un autre professeur me montre <strong>les</strong> plantations de légumes et sala<strong>des</strong><br />

de ses élèves. C’est fou comme il à l’air passionné par tout ça !<br />

Peu après, je retourne dans la salle de classe de Gringo et je commence à discuter<br />

avec une jeune fille de 16 ans Adrianna.<br />

Apparemment, elle est un peu handicapée mentale. En fait Gringo m’explique qu’elle<br />

à 16 ans physiquement mais que dans sa tête elle n’en a que 9.<br />

Je pars faire le tour de l’école avec elle et nous parlons. Elle me raconte d’où elle<br />

vient, ce qu’elle fait, ce qu’elle aime…<br />

Lorsque nous avons fait environ 5 fois le tour de l’école, nous retournons dans sa<br />

salle de classe et on me dit que, dans une classe, on veut me poser <strong>des</strong> questions.<br />

Et me voilà, trente secon<strong>des</strong> plus tard, dans une classe, entourée d’enfants qui se<br />

réunissent tous autour de moi et une petite m’assaillie de questions.<br />

Je discute avec eux, Gringo leur fait deviner où est la France.<br />

Les enfants doivent avoir 8/9 ans, l’âge de mon petit frère. A la fin de la discussion,<br />

c’est l’heure du maté !<br />

On me sert donc, à moi aussi, un maté mais cuisiné avec un gros morceau de pain.<br />

C’est du pain qui est lui aussi, cuisiné.<br />

Je déguste donc tout cela dans la salle de Gringo, en compagnie d’Adrianna, avec<br />

qui je continue de parler un peu et qui me propose un de ces gâteaux.<br />

Ensuite, on me montre comment <strong>les</strong> enfants font <strong>des</strong> objets en cuir comme par<br />

exemple <strong>des</strong> barrettes ou bien <strong>des</strong> portes clés.<br />

Puis, je fais la rencontre de Lisandro, un jeune de 20 ans qui me fait une barrette<br />

avec un C inscrit <strong>des</strong>sus.<br />

Je n’ai même pas le temps de discuter trop avec lui car Adrianna me propose encore<br />

une fois, d’aller faire un tour mais Gringo nous appelle, c’est l’heure de la leçon<br />

d’équitation.<br />

Je vois donc Adrianna à cheval qui n’a pas l’air très rassurée.<br />

Elle n’ose pas, elle a un peu peur, mais elle est quand même à cheval. J’essaie de<br />

l’encourager.<br />

Gringo tient le cheval en longe et donne <strong>des</strong> conseils à Adrianna pour qu’elle le fasse<br />

avancer.


Adrianna à cheval.<br />

Puis, lorsqu’Adrianna <strong>des</strong>cend, Gringo vient me voir et me remercie car c’est la<br />

première fois depuis <strong>des</strong> mois qu’Adrianna remonte à cheval.<br />

Il m’explique que d’habitude, elle reste dans la classe pendant toute la matinée, que<br />

c’est quelqu’un qui a besoin d’amitié etc. et ça me fait plaisir d’avoir pu peut être<br />

rallumer, durant quelques instants <strong>les</strong> étoi<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> yeux d’une jeune fille.<br />

Ensuite, Gringo prend le Potro. Il demande à ses élèves de monter à l’indienne et<br />

évidemment, je n’échappe pas à l’essai. C’est comme le lasso c’est à travailler. En<br />

revanche, <strong>les</strong> petits se débrouillent plutôt bien.<br />

Gringo me propose d’aller avec Lisandro chez lui pour que je voie sa maison car, me<br />

dis Gringo, c’est une maison bien « gaucha ».<br />

Me voilà donc partie avec ce jeune garçon, à cheval.<br />

On discute un peu sur le chemin malgré qu’il me paraisse un peu distant.<br />

Je découvre donc sa maison ; le sol est en terre, le toit en férail.


Maison de Lisandro<br />

Il m’explique qu’il a 12 frères et pourtant, je ne vois que deux lits, il n’y a bien sûr<br />

pas la lumière, ils s’éclairent à l’aide de la lampe de poche, il n’ y a pas d’eau non<br />

plus mais par contre il y a la télé !<br />

Puis aussi, <strong>des</strong> perroquets et <strong>des</strong> cochons.<br />

Je demande à Lisandro de ce qu’ils font de leur cochons et il me répond qu’ils <strong>les</strong><br />

mangent et donc, vivent uniquement ou presque de ce qu’ils produisent, ils travaillent<br />

pour eux et uniquement pour eux.<br />

Je parle de plus en plus avec Lisandro, il m’explique que lui, il fabrique <strong>des</strong> cor<strong>des</strong><br />

avec du cuir et me montre toutes celle qu’il a fabriqué. Il me dit que pour ramener un<br />

peu d’argent, il en vend.<br />

Nous repartons ensuite à cheval faire un tour sur le chemin. Nous parlons beaucoup<br />

plus, il a vraiment l’air passionné par sa vie ici. Il me dit qu’il aime vivre dans le<br />

campo, avec sa famille, que de toute façon, sa vie est un ici et certainement pas en<br />

ville.<br />

Puis, il se met à me parler <strong>des</strong> fruits, <strong>des</strong> oranges ! Il me dit qu’il va souvent dans <strong>les</strong><br />

montagnes, à cheval ou même à pied, que tout le monde le connaît là-bas.<br />

Il porte peut-être un tee-shirt addidas mais pour moi, il est plus Gaucho que <strong>les</strong><br />

autres jeunes de 20 ans que j’ai rencontré jusqu’ici.<br />

Nous nous arrêtons chez sa grand-mère qu’il me présente. J’explique encore une<br />

fois ce que je fais là.<br />

Sa petite maison est très conviviale puis, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas<br />

comment mais j’ai l’impression de me sentir chez moi n’importe où je vais depuis que<br />

je suis arrivée ici, à Chicoana.<br />

Lisandro me demande l’heure et oups ! Il est 12h15 ! On doit vite retourner à l’école<br />

pour aller manger.<br />

On remonte donc à cheval et nous continuons de bavarder <strong>des</strong> oranges et <strong>des</strong><br />

grands-mères.<br />

On arrive à l’école quelques minutes plus tard où nous retrouvons Gringo.<br />

Nous nous dirigeons alors tous <strong>les</strong> trois vers la cuisine.


Waw, c’est excellent ! La cuisine est en fait dehors et il y a un gros four pour le pain<br />

et une sorte de grill sur le feu pour faire cuire la nourriture. On me sert une assiette<br />

de pâtes plutôt bonne.<br />

Il est environ 13h quand nous quittons l’école, Gringo, Lisandro et moi, nous allons<br />

maintenant manger (une deuxième fois) chez ses parents !<br />

Tout d’abord on nous sert <strong>des</strong> minies-oranges, plus petites que <strong>des</strong> clémentines, ça<br />

m’intrigue alors je goûte. Puis ensuite arrive « la carne ! » Qui peut résister au bœuf<br />

argentin ?!<br />

Vers 15h, lorsque nous avons terminé de manger, on quitte tous <strong>les</strong> trois, encore une<br />

fois, la belle maison <strong>des</strong> parents de Gringo.<br />

Gringo m’explique qu’il doit marquer un potro au fer rouge.<br />

Le cheval a l’air un peu tendu mais tout va très vite.<br />

Les propriétaires du cheval nous offre une « gaseosa », c'est-à-dire une bouteille de<br />

boisson gazeuse et nous retournons au campo.<br />

Gringo propose que nous allions « lasser » <strong>les</strong> potros. C’est dingue comme ça a l’air<br />

facile quand ils le font tous <strong>les</strong> deux.<br />

Il me propose d’attraper un cheval, alors j’essaie ! mmmh, je tente au moins cinq fois<br />

avant d’arriver à seulement lui toucher la tête. Je ne perds cependant pas espoir, je<br />

réessaye malgré que mon bras droit commence à souffrir.<br />

Puis au bout de ma quinzième tentative, le cheval commence à être blasé, je crois<br />

qu’il s’est laissé attrapé, c’est limite si il a pas passé sa tête directement dans le<br />

lasso pour être débarrassé de moi !<br />

De retour à cheval, on va dans <strong>les</strong> champs pour ramener le troupeau de chevaux !<br />

Et me voilà, galopant, sur Chapulin, dans <strong>les</strong> champs ! Ah ! Comme je me sens<br />

bien ! D’ailleurs Gringo me propose, en rigolant bien sûr de ramener Chapulin en<br />

France !<br />

Il me plait tellement ce cheval ! Il est tout jeune, vaillant, à une allure rapide et une<br />

encolure musclée !<br />

Je suis tout simplement en train de tomber amoureuse….d’un cheval !<br />

J’entends Gringo au loin qui essaye de me crier quelque chose, moi, j’essaie juste de<br />

ramener <strong>les</strong> chevaux dans la direction que je pense être la bonne.<br />

Il faut dire que c’est dur de reconnaître une porte au milieu de nulle part.<br />

Je galope donc jusqu’à la porte avec <strong>les</strong> chevaux devant moi et nous arrivons donc<br />

tant bien que mal à <strong>les</strong> ramener là où on était tout à l’heure, près de la maison.<br />

Il y a deux enfants avec nous, ils ont douze et neuf ans et veulent s’entraîner avec le<br />

lasso<br />

A 9 ans, le gamin est capable de faire tourner le lasso et d’attraper un cheval<br />

comme ça ! J’avoue que ça m’impressionne, j’admire même !<br />

Il est 18h ! Il reste encore deux chevaux à ramener et Gringo s’amuse à attraper <strong>les</strong><br />

deux enfants avec son lasso en lançant son cheval au galop !<br />

Lisandro et moi, on contemple la scène, le sourire aux lèvres, <strong>des</strong> étoi<strong>les</strong> dans <strong>les</strong><br />

yeux, de la joie dans le cœur.


Vers 18h30, Gringo et moi, nous partons pour Chicoana, toujours à cheval pour que<br />

j’aille récupérer quelques affaires.<br />

<strong>Sur</strong> la route, on croise José, le professeur de ce matin, lui est en vélo.<br />

Je regarde ces montagnes qui me paraissent chaque jour de plus en plus bel<strong>les</strong>.<br />

On a beau me demander si je suis fatiguée, je suis trop heureuse pour sentir la<br />

fatigue, je crois.<br />

Je suis bien là, à cheval, aux côtés de Gringo, je n’ai même pas besoin de parler, je<br />

ressens, c’est tout !<br />

Il est 20h lorsque nous arrivons à Chicoana, on passe chercher Tatie !<br />

Je suis tellement contente de la revoir.<br />

Je passe vite fait chez Carina chercher <strong>des</strong> affaires. La salle de sport est en action,<br />

musique à fond et tout le monde en train de s’exercer ! Je prépare donc mes affaires,<br />

me lave un peu et vers 21h, Gringo repasse me chercher.<br />

Il m’emmène chez une amie à elle, une femme chilienne et ses six ou sept fil<strong>les</strong> dont<br />

une de mon âge qui est avec une amie à elle.<br />

Puis Gringo nous invite toutes <strong>les</strong> trois à aller manger une pizza.<br />

En marchant, avec <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>, je parle de tout et de rien, el<strong>les</strong> sont plutôt sympa et ça<br />

me fait du bien de me retrouver avec <strong>des</strong> gens de mon âge.<br />

Vu qu’il n’y a plus de place à l’intérieur du restaurant, on demande à la serveuse<br />

qu’elle nous mette une table dehors ! (On est en hiver…) mais il ne fait, de toute<br />

façon, même pas froid.<br />

C’est super sympa, en plus, la pizza est bonne et j’arrive plutôt bien à comprendre la<br />

conversation. Il faut dire que j’entends souvent <strong>les</strong> mêmes mots, entre <strong>les</strong> « C’est<br />

dangereux dans <strong>les</strong> montagnes » et <strong>les</strong> « Mais tu sais, il n’y a vraiment rien dans <strong>les</strong><br />

montagnes », je commence à connaître un peu le registre !<br />

D’ailleurs, demain je me lève tôt et je m’en vais avec Lisandro, à cheval dans <strong>les</strong><br />

montagnes pour aller voir un Gaucho, Florencio, qui vit seul dans <strong>les</strong> montagnes,<br />

dans un simple abri.<br />

On finit de manger la pizza vers 22h00 et je file vite fait au cyber avant que l’on<br />

retourne chez la chilienne qui me dit que je peux venir chez elle quand je veux.<br />

J’adore Chicoana, je pourrais être quatre « moi », je pourrais vivre sans problème,<br />

d’ailleurs c’est ce que me fait remarquer Gringo sur la route du retour vers Villa Vista,<br />

toujours à cheval ! « Tout le monde veut t’héberger ici, à Chicoana et toi, tu veux<br />

aller où il n’y a rien au fin fond <strong>des</strong> montagnes ! »<br />

<strong>Sur</strong> le chemin Gringo se met à chanter ! Je n’ai jamais entendu quelqu’un chanter<br />

comme ça à capella, d’une voix aussi forte, c’est excellent !<br />

Il me demande à moi de chanter et la première chanson qui me passe par la tête (ne<br />

me demandez pas pourquoi), c’est « un éléphant qui se baladait…. », Alors je le fais<br />

répéter <strong>les</strong> mots en français et j’avoue, on a bien rigolé !!!<br />

Après, c’est lui qui me fait son show et c’est nettement plus spectaculaire ! Il me<br />

chante <strong>des</strong> chansons typiques de la province de Salta et de <strong>Gauchos</strong>,<br />

évidemment !ça fait quelque chose comme ça :<br />

« Corazon porque no callas, no te cansas de llorar, no ves que me estoy muriendo,<br />

no ves que no puedo màs… »<br />

Autant dire que je ne préoccupe pas de la température extérieure de cette nuit de<br />

plein hiver mais plutôt <strong>des</strong> étoi<strong>les</strong> qui brillent au-<strong>des</strong>sus de ma tête.<br />

C’est fou comme je me sens bien, comme je me sens chez moi !


Nous parcourons la dernière ligne droite au galop, histoire d’être un peu plus vite<br />

dans notre lit ! Il faut dire que ce fut une journée un peu fatiguante mais bien<br />

remplie !<br />

Il est 00h30 quand Gringo frappe à la porte de chez ses parents qui seulement au<br />

bout de 10 minutes nous ouvre la porte.<br />

Je me retrouve dans une chambre bien tranquille, me change rapidement et me<br />

glisse dans un petit lit douillet. Je m’endors, impatiente d’être à demain…<br />

Mercredi 17 août :<br />

7h00 : debout ! Je me lève, enjouée ! Je m’habille vite, je prends un thé avec Gringo<br />

et Lisandro.<br />

Nous préparons <strong>les</strong> chevaux. Cette fois, je me retrouve sur « El Pampa ».<br />

Nous partons tous <strong>les</strong> trois, Gringo en direction de l’école, puis Lisandro et moi.<br />

On passe chez lui pour qu’ils prennent <strong>des</strong> affaires.<br />

J’ai du mal à aligner deux mots ce matin en espagnol mais ça va me passer…<br />

J’aide Lisandro à prendre quelques trucs puis nous retournons à l’école.<br />

Gringo nous rejoint et nous allons acheter à manger pour <strong>les</strong> deux jours qui suivent.<br />

Au programme : pain, eau, sardines mixées, paté de bœuf, riz, dulce de leche<br />

(inévitablement), feuil<strong>les</strong> de coca (évidemment !).<br />

Il est 10h quand nous prenons la route.<br />

J’ai un peu du mal à y croire mais je n’ y pense même pas, le paysage est<br />

magnifique. Lisandro aime être seul et nous ne parlons pas beaucoup.<br />

J’avoue que ça ne me gène pas, au contraire ; dans ces moments là, j’aime être<br />

dans mes pensées, me ressentir au milieu de tout ça, je me ressource et c’est<br />

merveilleux.<br />

On est plus très loin <strong>des</strong> montagnes ! On continue chacun à être dans nos pensées<br />

et à parcourir <strong>les</strong> fleuves <strong>des</strong>séchés, puis nous arrivons à l’intérieur <strong>des</strong> montagnes,<br />

c’est magnifique, en plus, le soleil est au rendez-vous. J<br />

e ne pensais pas que <strong>les</strong> montagnes pouvaient aider à ce point à se retrouver en<br />

harmonie avec soi même.<br />

Il est midi et on s’arrête dans un coin, tout aussi magique que <strong>les</strong> autres, pour<br />

manger.<br />

Finalement, le pâté de bœuf, ce n’est pas trop mauvais, bien que je préfère le pain<br />

mêlé au ducle de leche !<br />

Nous restons là, un petit peu, <strong>les</strong> chevaux se reposent car la route est encore<br />

longue, puis Lisandro en profite pour fabriquer un bracelet en peau de chèvre, si j’ai<br />

bien compris.


Lisandro et le cuir…<br />

Lorsqu’il a terminé le bracelet, il s’approche vers moi et me le donne.<br />

Ça me touche vraiment beaucoup surtout quand je vois avec quelle passion il fait<br />

ça.<br />

Nous remontons à cheval vers 13h, le soleil brille de plus en plus, <strong>les</strong> chevaux<br />

peinent un peu à monter <strong>les</strong> côtes et plus nous avançons, plus c’est difficile pour eux<br />

alors nous mettons pieds à terre pour <strong>les</strong> soulager et nous marchons devant eux.<br />

Ça se voit que ça fait un bout de temps que la gym est terminée ! Il va vraiment falloir<br />

que je fasse un effort avec mon endurance !<br />

Au bout d’un quart d’heure à pied qui m’a paru être plus long et plus dur que tout ce<br />

que nous avons parcouru jusqu'à présent, nous remontons à cheval et nous arrivons<br />

enfin chez ce fameux Florencio.<br />

Lisandro ouvre tout d’abord « la porte » , puis je découvre la « maison », c’est en fait<br />

un toit de paille et six poteaux.<br />

Lisandro me dit que Florencio, qui n’est pour le moment pas là, vit ici toute l’année et<br />

va quelque fois, le dimanche, voir sa famille à Rosario de Lerma, un village pas très<br />

loin d’ici. Apparemment, il a six vaches et part dans <strong>les</strong> montagnes, à pieds ou à<br />

cheval pour mettre <strong>les</strong> vaches ici ou là.<br />

Quelques minutes plus tard, Lisandro me dit de venir voir où Florencio va chercher<br />

son eau pour boire, faire à manger et se laver.<br />

Je m’attends à me trouver face à un fleuve, une source où un puit mais…lorsque<br />

nous arrivons, Lisandro me dit : « C’est là ! »<br />

Je regarde autour de moi, à droite, à gauche mais pas de fleuve ni de source et<br />

encore moins de puit en vue. Je baisse alors <strong>les</strong> yeux et me voilà en face d’une<br />

petite flaque d’eau verdâtre. Je me demande si c’est avec cette eau là que l’on va<br />

faire chauffer le riz ce soir puis finalement, je préfère oublier ma pensée.<br />

Nous remontons au « refuge », puis il me propose d’aller voir un peu plus haut si on<br />

trouve <strong>les</strong> vaches de Florencio. Il est 17h, mais malgré la fatigue, j’essaie de


m’accrocher pour arriver au sommet de cette montagne. On ne met pas tellement<br />

longtemps pour y arriver mais l’effort est intense…<br />

Puis, nous arrivons enfin en haut mais là, je m’effondre, j’en ai <strong>les</strong> larmes aux yeux<br />

tellement la vue est magnifique ! Je m’assoies dans l’herbe douce et contemple ce<br />

paysage merveilleux.<br />

J’ai l’impression de revivre ! Ces montagnes remplissent mon corps, mon cœur et<br />

mon esprit d’une énergie positive incroyable et je me sens bien, en harmonie avec<br />

moi-même.<br />

Je suis là, je ne sais pas comment ni tout à fait pourquoi mais je suis là, c’est<br />

l’essentiel…<br />

On ne parle pas beaucoup avec Lisandro, je crois que lui aussi essaye de se<br />

retrouver.<br />

On est juste là, tous <strong>les</strong> deux à contempler, se ressourcer…Je crois que je suis<br />

heureuse...<br />

Il doit être 18h30, lorsque l’on re<strong>des</strong>cend et il reste le feu à faire ! Au boulot ! On<br />

cherche <strong>des</strong> branches (pas facile quand il fait nuit noire…).<br />

On fait donc chauffer de l’eau pour le maté.


Lisandro qui fait chauffer le maté…<br />

On boit donc, tranquillement, tous <strong>les</strong> deux, un maté et je ne fais pas attention aux<br />

mouches qui flottent dans la tasse ; je crois même que ça me fait plaisir, au moins, je<br />

sais pourquoi je suis là !<br />

Loin de tout et pourtant, au cœur de l’essentiel<br />

On parle de tout, de la vie d’ici, <strong>des</strong> vil<strong>les</strong> que haies du plus profond de son être<br />

Lisandro, de sa future vie.<br />

Je lui demande si il se considère comme un Gaucho, il me répond que oui, il vit<br />

comme ça. Pour lui, c’est ça la vie, en tout cas la sienne !<br />

Quelques minutes après avoir terminé notre maté, Lisandro se remet à travailler sa<br />

peau de chèvre pendant qu’en ce moment même, j’écris ces lignes.<br />

Il revient environ une demi-heure plus tard, avec un collier qu’il me passe autour du<br />

coup. J’avoue que je ne sais pas trop quoi dire, je me sens un peu mal à l’aise, alors<br />

je le remercie, simplement…<br />

Il est maintenant environ 20h et il faut faire du feu pour faire cuire le riz (dans la<br />

flaque d’eau de tout à l’heure…), c’est repartit pour la quête <strong>des</strong> petites branches.<br />

Heureusement que Lisandro est un expert en la matière !<br />

Ensuite, on s’occupe du repas ! Je mélange <strong>les</strong> ognons et le cabillaud et Lisandro<br />

fait cuire le riz.<br />

Quelques minutes plus tard, c’est prêt !<br />

Lisandro me donne une assiette, et me dit de manger la première, qu’il mangera<br />

après.


Je lui réponds qu’il n’a qu’à manger en même temps que moi, dans la même<br />

assiette, que comme ça, il mangera chaud. Ma réflexion à l’air de le surprendre un<br />

peu, mais finalement, un sourire se <strong>des</strong>sine sur son visage et il à l’air plutôt satisfait.<br />

Il doit être aux alentours de 21h30 lorsque nous terminons de manger.<br />

On se blottit près du feu et on commence à discuter.<br />

Ces moments sont magiques !<br />

Je lui demande si il aimerait <strong>voyage</strong>r, découvrir autre chose. La première chose qu’il<br />

me répond c’est « oui mais tout seul ! »<br />

Cela se voit de toute façon qu’il aime être tout seul. Il me raconte ce qu’il fait de ses<br />

journées : Il part dans <strong>les</strong> montagnes, à pied ou à cheval voir <strong>des</strong> gens au fin fond de<br />

la montagne, comme ici. Il me dit qu’il connaît tout le monde, que c’est ici que sont<br />

ces amis.<br />

Après tout c’est vrai ! Il ne va peut être pas à l’université ou n’a pas son bac mais lui,<br />

au moins, il sait faire un feu, il sait se guider par rapport au soleil, il sait ouvrir <strong>des</strong><br />

barrières fermées etc..<br />

Peut-être que c’est ça la vie. C’est vrai, on n’a pas besoin de savoir calculer une<br />

dérivée pour vivre, par contre, on devrait tous savoir faire un feu, savoir s’orienter,<br />

savoir se débrouiller seul et ne dépendre de rien…<br />

Toutes ces remises en questions ont parcouru la soirée. Il faut dire que c’est tout de<br />

même plus facile de remettre toutes ces choses en questions à l’autre bout du<br />

monde, perchée dans <strong>les</strong> montagnes, qu’assise en face de son ordinateur…<br />

Après ces bel<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> échangées, on prépare <strong>les</strong> lits.<br />

Lisandro ne veut vraiment pas que j’aie froid ! Il me donne <strong>des</strong> bouts de plastique et<br />

on se partage <strong>les</strong> tapis <strong>des</strong> chevaux, pour avoir chaud.<br />

Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis aussi bien installée que dans mon petit lit<br />

douillet mais je n’ai même pas tellement froid, puis <strong>les</strong> chiens blottis contre moi, me<br />

tiennent chaud.<br />

J’ai un peu de mal à m’endormir à cause de mon rhume, puis je repense à tout ce<br />

que je viens de vivre.<br />

Je n’arrive pas à y croire, je contemple <strong>les</strong> étoi<strong>les</strong>, ce sont el<strong>les</strong> qui veillent sur moi ?<br />

C’est tellement magique tout ça !<br />

Jeudi 18 août :<br />

Ah !!! Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est mais j’ai vraiment besoin d’aller aux<br />

toilettes ! Tant pis pour le froid !<br />

Je me lève d’un coup, enfile mes chaussures et cours dans <strong>les</strong> montagnes.<br />

Je reviens après avoir pris le temps de contempler un peu <strong>les</strong> montagnes au levé du<br />

soleil.<br />

Je retourne ensuite me blottir dans <strong>les</strong> tapis, histoire de me reposer un petit peu<br />

avant de reprendre la route.<br />

Lisandro, qui m’a entendu me lever, se lève à son tour pour faire du feu. Il me<br />

demande si j’ai sommeil. Je lui réponds que non je suis en pleine forme mais<br />

finalement je m’endors et me réveille deux heures plus tard.<br />

Il est donc 10h30, quand je sors de mon « lit ». Je regarde autour de moi, je ne vois<br />

personne. « Où a pu donc bien passé Lisandro ? »


Je mattache vite fait <strong>les</strong> cheveux, histoire d’y voir plus clair. Je me dirige vers le<br />

l’endroit où <strong>les</strong> chevaux ont passé la nuit. J’aperçois alors Lisandro, toujours en train<br />

de travailler le cuir !<br />

Il me voit à son tour et me propose qu’on aille faire le maté ! C’est reparti !<br />

C’est plus facile de trouver du bois lorsqu’il fait jour !<br />

On fait donc le maté que l’on boit avec une tortilla de pain.<br />

Ce n’est pas pareil que notre bonne vieille baguette française mais au moins ça<br />

change !<br />

On discute encore un peu avec Lisandro. J’ai l’impresison d’avoir un grand frère en<br />

face de moi…Il m’apprend…<br />

Ensuite, on range tout, on laisse le reste de la nourriture à Florencio (que je n’aurais<br />

finalement pas rencontré.), on selle <strong>les</strong> chevaux et…VAMOS !<br />

A peine montés à cheval qu’il faut re<strong>des</strong>cendre, c’est vrai que ce n’est pas très facile<br />

pour <strong>les</strong> chevaux de <strong>des</strong>cendre comme ça dans <strong>les</strong> chemins aussi ru<strong>des</strong>.<br />

En plus, Pampa est un peu têtu et sans doute aussi réveillé que moi !<br />

Puis, ça fait un peu peur de <strong>des</strong>cendre tout ça surtout quand tu sais que t’as un<br />

cheval derrière toi ! J’ai intérêt à regarder où je mets <strong>les</strong> pieds.<br />

On arrive alors dans une très grande <strong>des</strong>cente, Lisandro me dit qu’ici, on laisse<br />

passer <strong>les</strong> chevaux devant ! « Mais comment ils vont faire ? »<br />

Il me dit qu’il connaît bien ça, qu’il a fait ça plusieurs fois.<br />

Je lui fais alors confiance et je laisse passer Pampa en lui envoyant une petite tape<br />

sur <strong>les</strong> fesses pour qu’elle comprenne qu’elle doit <strong>des</strong>cendre sans moi.<br />

On rejoint donc <strong>les</strong> chevaux un peu plus bas!<br />

Maintenant voilà <strong>les</strong> montées, toujours à pieds ! C’est dur !<br />

Lisandro me dit que je peux remonter si je veux. Je lui demande si lui il remonte, il<br />

me répond que non, il préfère laisser son cheval souffler.<br />

Alors, pas question que je remonte ! Ce n’est pas parce que c’est un peu fatiguant<br />

que je vais remonter comme ça, je marche aussi, et jusqu’au bout !<br />

Nous remontons enfin à cheval, après tous ces efforts, je crois que je vais<br />

m’endormir sur le pauvre Pampa !<br />

La <strong>des</strong>cente se fait plus rapidement que la montée et nous arrivons vite en bas !<br />

Il est 15h30 lorsque nous arrivons chez <strong>les</strong> parents de Gringo.<br />

Lisandro me dit d’aller me laver pendant qu’il s’occupe <strong>des</strong> chevaux. Mais, pas<br />

question ! J’insiste un peu pour l’aider, puis nous <strong>des</strong>sellons finalement <strong>les</strong> chevaux<br />

à deux et retournons dans la maison.<br />

Il est 16h, je passe vite fait me passer un coup sur la figure car j’ai oublié mes<br />

affaires de toilettes à l’hôtel !<br />

Lisandro m’explique ensuite comment il fait pour « tresser » son cuir, puis il m’offre<br />

encore un dernier petit morceau de peau de chèvre…je ne sais pas pourquoi mais<br />

celui là, il m’a touché plus que <strong>les</strong> autres…<br />

Il est 16h40 quand nous partons, à pieds pour prendre le bus pour Chicoana. Celui-ci<br />

est censé passer à 17h mais visiblement il a du retard.


Alors, Lisandro et moi nous continuons à parler.<br />

Il me demande si j’ai un petit copain en France et me dis : « Mais, t’aimes pas <strong>les</strong><br />

argentins ? »Ça m’a bien fait rigolé.<br />

Alors je lui retourne la question, je lui demande si lui a une petite amie. Il me répond<br />

qu’il attend d’avoir 24 ans, sa maison à lui, d’être indépendant !<br />

Il est 17h45 quand le bus arrive, je salue Lisandro en espérant le revoir, mais comme<br />

rien n’est sûr, j’ai tout de même un petit pincement au cœur en montant dans le bus.<br />

Trente minutes plus tard, me voilà à Chicoana. Je passe chez Carina histoire de<br />

prendre une douche et mettre un peu d’ordre dans mes affaires. Ensuite je <strong>des</strong>cends<br />

et Carina me propose de boire un thé, j’avoue que ça fait du bien, car il commence à<br />

faire un peu froid !<br />

Une amie à elle frappe à la porte pour faire de la « gym ».<br />

Carina me la présente et la jeune fille me dit : « Ah oui, tu es la française, tout le<br />

monde te connaît ici ! »<br />

Je crois qu’en cet instant, j’aurais voulu me faire toute petite ou même disparaître.<br />

Remarque, c’est bizarre à quel point je me sens bien ici, dans ce coin là, ce village :<br />

Chicoana !<br />

Puis tous ces gens, et je sais que ça n’est pas terminé…<br />

C’est dingue le cours <strong>des</strong> choses. Je n’aurais vraiment jamais imaginé me retrouver<br />

là !<br />

Il est 20h30 et Gringo n’est toujours pas passé.<br />

Je ne sais pas encore ce que je vais faire ce soir mais j’ai bien envie d’aller avec<br />

Gringo quitte à me lever à 6h30 demain matin pour aller répondre aux questions <strong>des</strong><br />

élèves curieux de l’ école de Villa Vista.<br />

Les pages de mon cahier sont pleines de poussières et je n’ai plus d’encre dans mon<br />

stylo. Ça tombe bien, j’entends un « huiiiiii » à la porte ! C’est Gringo, évidemment, je<br />

file, à tout à l’heure…<br />

Gringo veut tout savoir sur mon escapade avec Lisandro !<br />

Il me pose toutes <strong>les</strong> questions possib<strong>les</strong> et imaginab<strong>les</strong>.<br />

Il me dit qu’on peut partir dans <strong>les</strong> montagnes à cheval demain après midi jusque<br />

lundi soir.<br />

C’est génial ! Je suis ravie !<br />

Il me demande ce que je compte faire ce soir. « Rien de spécial », je réponds le<br />

sourire au coin <strong>des</strong> lèvres.<br />

Du coup, j’embarque mes affaire illico presto et me voilà partie avec lui !<br />

On passe chez la sœur de Gringo (là où je dors ce soir) déposer mes affaires et nous<br />

voilà repartis pour aller nourrir un cheval qui loge dans le petit parc du camping.<br />

<strong>Sur</strong> la route du route, nous marchons côte à côte et je regarde nos ombres, je me<br />

demande à quoi j’ai l’air, à vrai dire, je crois que je m’en fiche, je suis bien, je suis à<br />

ma place, je suis comme chez moi, c’est merveilleux !<br />

Nous arrivons donc sur la place et nous mangeons un sandwich au même endroit<br />

que l’autre fois. C’est vrai que l’homme est sympa en plus <strong>les</strong> sandwichs sont pas<br />

mauvais.


Après mangé, on part chez son amie la chilienne.<br />

On boit tous ensemble un maté, au milieu <strong>des</strong> six petites fil<strong>les</strong> adorab<strong>les</strong> et de leurs<br />

devoirs. El<strong>les</strong> me posent toutes pleins de questions sur mon pays.<br />

On <strong>les</strong> quitte tout de même assez rapidement. Gringo avait l’air un peu fatigué, je<br />

crois.<br />

<strong>Sur</strong> la route, Gringo me dis « Demain, tu prends Chapulin, hein ? », je n’ai rien<br />

répondu, juste un grand sourire s’est éclairci sur mon visage et mes yeux se sont<br />

illuminés.<br />

Nous rentrons donc dans la maison et direction dodo car il est 23h15 et demain c’est<br />

8h debout, on va faire faire du cheval à <strong>des</strong> enfants handicapés qui ne peuvent pas<br />

aller à l’école.<br />

Ce soir, je m’endors…heureuse tout simplement !<br />

Vendredi 19 août :<br />

8h ! Debout ! Je me lève avec joie et en plus il fait un soleil radieux dehors !<br />

J’arrive dans la cuisine et Gringo avait préparé un petit dej’, il est allé, ce matin à la<br />

boulangerie chercher <strong>des</strong> « dulces » qui voulait me faire goûter ! Des croissants<br />

délicieux en plus !<br />

Ensuite, vaisselle, je m’y colle après avoir insisté !<br />

Ensuite on part chercher le cheval Alezan d’hier, pour <strong>les</strong> deux petits handicapés.<br />

On se rend donc chez un petit garçon, il monte une fois par semaine depuis un an<br />

avec Gringo.<br />

Avec Gringo on décide d’aller au « matadero », c'est-à-dire là <strong>les</strong> gauchos viennent<br />

tuer <strong>les</strong> vaches et <strong>les</strong> « décortiquer ».<br />

Quand on arrive, l’odeur nous donne un avant goût de ce qu’il se passe.<br />

Gringo me dis de venir par là, je le suis et me voilà face à face avec deux vaches<br />

pendue par <strong>les</strong> pieds, la tête à moitié coupée, pendante sur le sol et quelques<br />

boyaux par-ci, par-là qui sortent du corps de la vache.<br />

C’est intriguant de se dire que c’est ça qui se retrouve dans nos assiettes. Le pire<br />

c’est qu’ils y vont à pleines mains ! Ici, <strong>les</strong> gants n’existent pas !<br />

Les mains plongées dans le cadavre de la vache et deux minutes plus tard, <strong>les</strong><br />

mains trempant le croissant dans le café !<br />

Nous partons assez vite car c’était <strong>les</strong> dernières vaches à découper.<br />

Nous ramenons le petit bonhomme chez lui.<br />

<strong>Sur</strong> la route, nous croisons une vieille dame qui n’a plus toute sa tête et qui<br />

commence à parler à Gringo. Elle lui demande qui je suis, et lui, il répond « C’est ma<br />

fille ! »<br />

La vieille dame commence à s’interroger et lui dis « Mais alors, la maman est<br />

blanche. » Puis Gringo commence à délirer, il invente toute une histoire sur l’origine<br />

de « ma mère » que la vieille dame croit sur parole. Nous repartons donc tous <strong>les</strong><br />

deux rigolant de notre blague plutôt réussie !<br />

Nous allons donc chercher le deuxième petit garçon.<br />

Il ne fait du cheval que depuis trois mois. En fait, il n’arrive pas à parler, mais il sait<br />

néanmoins manifester sa joie : Il crie et chante haut et fort !


Ça me donne le sourire de l’entendre crier comme ça. Je ne sais pas pourquoi mais<br />

ça réanime un peu d’espoir en moi. D’ailleurs, je me rends compte qu’il y en a<br />

toujours de l’espoir…<br />

Après avoir marché pendant environ une demi-heure nous le ramenons chez lui.<br />

Ensuite, je dois passer à la maison pour aller chercher <strong>des</strong> sous pour la nourriture,<br />

dans la montagne. Gringo me donne le cheval et la clé et me dis de le rejoindre sur<br />

la place.<br />

Je pars donc trottinant dans <strong>les</strong> rues de Chicoana.<br />

Quelques minutes plus tard, me voilà de retour à place mais : Où est Gringo ?<br />

C’est après avoir fait trois fois le tour de la place que je l’aperçois enfin.<br />

On va donc faire <strong>les</strong> courses. Chorizo, pain, légumes, fruits et inévitablement…dulce<br />

de leche !<br />

Il est midi quand <strong>les</strong> courses sont terminées et que nous retournons chez Gringo.<br />

Il me dit qu’il va m’emmener manger un œuf et <strong>des</strong> frites pour le <strong>des</strong>sert.<br />

Je me dis que j’ai sans doute mal compris et je me laisse donc emmené dans ce<br />

fameux restaurant qui est en fait le même dans lequel je me suis retrouvé vendredi<br />

soir dernier en arrivant à Chicoana.<br />

On commande donc nos plats de résistance et je prends <strong>des</strong> tomates avec du riz.<br />

C’est fou comme j’aime être avec Gringo, on parle de tout ! C’est vraiment comme un<br />

père ici, pour moi.<br />

On termine de manger et Gringo commande donc, pour le <strong>des</strong>sert « un œuf avec<br />

<strong>des</strong> frites ».<br />

Là, ça m’intrigue vraiment, d’ailleurs, lorsque je vois arriver mon <strong>des</strong>sert, j’ai un peu<br />

peur mais en fait ce n’est qu’un abricot posé sur un blanc d’œuf sucré avec <strong>des</strong><br />

pommes coupées en lamel<strong>les</strong> !<br />

On rigole pendant au moins cinq bonnes minutes à cause de ça !<br />

Puis on délire, on dit que je pourrais passer à la télé en France, lancer une nouvelle<br />

recette mondiale. Puis après, on parle de faire équipe, de lancer tout un programme<br />

de commerce autour de ça, et bien d’autres choses ! C’est moments sont magiques !<br />

C’est rien mais c’est ce qui fait tout !<br />

Nous quittons après quelques temps le restaurant et nous voilà dans le bus (toujours<br />

en si bon état…j’adore !!!!) pour Villa Vista.<br />

Au travers de la vitre, Gringo me montre sa grand-mère de 96 ans qui monte encore<br />

à cheval ! C’est dingue !<br />

Le bus nous dépose donc quelques minutes plus tard et nous marchons pendant<br />

vingts minutes pour arriver à la maison. On se pose un petit peu, puis arrivent deux<br />

enfants avec qui je m’en vais monter à cheval pour, encore une fois, ramener <strong>les</strong><br />

chevaux par ici.<br />

Me voilà donc lancée au galop dans <strong>les</strong> champs.<br />

Je connais le truc maintenant, je prends même <strong>les</strong> devants sur la fin pour faire sortir<br />

<strong>les</strong> chevaux !<br />

Gringo, lui, s’occupe d’aller chercher Chapulin, La pampa et l’Alezan pour notre<br />

randonnée !<br />

Ça m’intrigue un peu de voir trois chevaux alors que l’on est que tous <strong>les</strong> deux.


Alors je demande : « Tatie vient avec nous ? » Il me répond en rigolant qu’il faut un<br />

troisième cheval pour porter tout notre « chargement » ! Et oui ! J’avais oublié qu’on<br />

était bien chargé !<br />

Nous préparons donc nos trois chevaux et c’est vers 16h30 que nous quittons Villa<br />

Vista.<br />

Les deux enfants nous accompagnent un peu mais nous quitte rapidement.<br />

Nous passons par <strong>les</strong> fleuves asséchés.<br />

Tout va bien, je suis avec Chapulin…<br />

J’ai du mal à imaginer ce que je vais vivre là haut !<br />

Ce n’est pas facile de discuter dans <strong>les</strong> fleuves, <strong>les</strong> chevaux ne vont pas à la même<br />

vitesse et on ne voit pas grand-chose dans la nuit.<br />

C’est vers 19h30 que nous quittons <strong>les</strong> fleuves et qu’on pique une pomme dans le<br />

sac, histoire d’avoir encore un peu d’énergie pour la longue route qui reste à faire…<br />

On parle un peu plus lorsque l’on rejoint la route.<br />

La lune nous éclaire, on la cherche à chaque fois que l’on passe un tournant.<br />

On <strong>des</strong>cend de temps en temps pour soulager <strong>les</strong> chevaux.<br />

Il fait froid et Gringo, qui cherche avant tout à prendre soin de moi, me prête son<br />

magnifique poncho salténéen.<br />

Il doit être 21h30 quand Gringo me dit qu’il ne reste plus qu’une heure, alors histoire<br />

de se réchauffer on se met à chanter.<br />

Enfin surtout lui, car je lui demande ! J’adore l’entendre chanter, il a une voix qui<br />

porte tellement !<br />

Puis, je ne sais pas pourquoi, il me demande de crier, et je ne sais pas pourquoi non<br />

plus mais j’obéis et j’hurle de toutes mes forces au milieu <strong>des</strong> Montagnes, comme ça,<br />

à cheval ! C’est toute l’émotion qui ressort, ça fait du bien !<br />

Après s’être époumoné pendant quelques minutes, il me demande comment font <strong>les</strong><br />

canards en France.<br />

On passe en revue tous <strong>les</strong> animaux de la ferme et celui qui le fait plus rire c’est<br />

l’âne ! Qu’est ce qu’on a pu rigolé !<br />

D’ailleurs, je n’ai pas vu le temps passé, il est presque 23h et Gringo me dit qu’il<br />

reste encore une demi-heure.<br />

Il fait de plus en plus froid et la lune n’est plus là pour nous éclairer. Il est temps<br />

qu’on arrive sinon je vais m’endormir sur mon Chapulin !<br />

Enfin ! On voit de loin « El Puesto sanitario de Potrero de diaz » C'est-à-dire là où<br />

l’on va passer la nuit. J’essaye de donner encore un peu de mon énergie à Chapulin,<br />

j’ai l’impression d’être comme dans l’histoire sans fin, je trouve ça génial ! Courage !<br />

On arrive très bientôt !<br />

Il est 23h30 et enfin nous arrivons.<br />

On <strong>des</strong>selle <strong>les</strong> chevaux et <strong>les</strong> met à dormir dans le champ derrière l’infirmerie.<br />

Un homme, Hugo, nous ouvre, il à l’air plutôt sympa et Gringo à l’air de bien le<br />

connaître. Hugo nous offre un maté avec du pain !<br />

Et oui, ici, il a beau être 23h30, le maté passe avant le repas du soir !


Il nous donne ensuite deux morceaux de mousse pour qu’on puisse dormir dans<br />

l’entrée. Pour avoir plus chaud, comme avec Lisandro, on pose <strong>les</strong> tapis <strong>des</strong><br />

chevaux par-<strong>des</strong>sus. Cette fois je n’ai pas oublié mon duvet alors je m’enroule<br />

dedans et comme ça, je laisse <strong>les</strong> six tapis à Gringo !<br />

Je m’endors, après avoir répété cinq fois « bonne nuit » en français à Gringo…<br />

J’ai beau avoir mal partout, avoir froid, je crois que je me suis rarement sentie aussi<br />

heureuse.<br />

Samedi 20 août :<br />

8h10 ! Je sors la tête de mon duvet et la lumière du jour m’éblouit. Gringo, lui a du<br />

mal à se réveiller.<br />

J’attache mes cheveux que je ne préfère même pas regarder sinon je crois que<br />

j’aurais peur ! Je vais me passer un coup d’eau sur la figure avant de sortir dehors et<br />

de contempler le magnifique paysage qui nous entoure !<br />

Les montagnes sont magnifiques !!!!


Puesto Sanitario de Potrero De Diaz (le lendemain matin…)<br />

Ensuite, nous prenons tous <strong>les</strong> trois le petit déjeuner : Gringo, Hugo et moi.<br />

Puis nous rangeons <strong>les</strong> mousses et toutes nos affaires avant d’aller rencontrer une<br />

vieille femme qui vit comme un gaucho !<br />

Ce n’est vraiment pas loin de l’infirmerie.<br />

A peine <strong>des</strong>cendue de Chapulin, cette femme, Marcelina, s’est approchée de moi et<br />

j’ai tout de suite senti qu’il y avait quelque chose…<br />

Je ne saurais dire pourquoi, ce sont <strong>des</strong> choses qui ne s’expliquent pas !<br />

Nous ne restons pas longtemps, on lui demande juste l’hospitalité pour la nuit, qu’elle<br />

accepte volontiers, je dirais même, plus que ravie !<br />

Ensuite nous partons, à cheval, plus haut dans <strong>les</strong> montagnes, rencontrer Paulino,<br />

un petit vieil homme de 82 ans qui vit seul, sous un toit de paille, avec ses chèvres,<br />

dans la montagne.<br />

Malgré l’heure et demi de trajet, le temps passe vite.<br />

Il fait un soleil magnifique et je ne parle pas <strong>des</strong> paysages.<br />

Comme avec Lisandro, ça devient dur pour <strong>les</strong> chevaux alors nous <strong>des</strong>cendons et<br />

continuons à pieds.<br />

J’aperçois de loin la maison de Paulino, j’arrive même à l’apercevoir.<br />

Nous arrivons enfin là haut, <strong>des</strong>sellons <strong>les</strong> chevaux.<br />

En le voyant arriver, ce petit homme, me voilà complètement impressionnée mais<br />

bizarrement même pas mal à l’aise.


Il porte <strong>des</strong> vieux habits déchirés, sa peau est marquée de tâches marron et il<br />

marche pieds nus !<br />

Et il marche toute la journée comme ça dans la montagne, il n’a jamais vu un docteur<br />

de sa vie, et se porte malgré tout ça très bien pour ses 82 ans !<br />

Mais ce qui est je trouve merveilleux, c’est que c’est lui qui a décidé de s’en aller<br />

comme ça, de laisser tout tomber et de vivre là haut dans la montagne avec ses<br />

chèvres.<br />

Je découvre ensuite plus intimement sa « maison » enfin le toit de paille qui recouvre<br />

le sol ! C’est encore plus impressionnant que la « maison » de Florencio.<br />

Ensuite, on commence à faire du feu et à discuter.<br />

Contente qu’il accepte de discuter avec une étrangère, une fille en plus, je lui pose<br />

pas mal de question sur lui en tentant de comprendre ce qu’il raconte, ce qui n’est<br />

pas toujours évident !<br />

Il m’explique qu’il ne va jamais en ville que l’infirmerie et <strong>les</strong> gens du village qui est<br />

un village entièrement « Gaucho » lui donne quelquefois <strong>des</strong> vêtements ou un peu<br />

de nourriture.<br />

Gringo, lui, essaie de convaincre Paulino de venir vivre à Chicoana, qu’il sera mieux.<br />

Mais celui-ci ne veut rien savoir. Il fait non de la tête et lui répond qu’il est très bien,<br />

ici, tout seul avec ses chèvres !<br />

Je trouve ça formidable qu’il existe encore <strong>des</strong> gens complètement « en dehors » de<br />

cette société « mondialisationiste » qui gouverne le monde, remarque, c’est ce que<br />

j’étais venu chercher ici !<br />

Paulino me sert un verre d’eau et cette fois, je ne regarde même pas la couleur de<br />

l’eau, je le bois cul sec !<br />

Ensuite on installe <strong>les</strong> morceaux de bœuf sur le feu avec <strong>des</strong> aubergines.<br />

Je ne peux m’empêcher d’observer Paulino et je me rends compte que c’est<br />

vraiment une autre vie.<br />

J’ai l’impression qu’il essaie encore de vivre comme vivaient tous <strong>les</strong> gauchos avant<br />

mais que comme disent <strong>les</strong> gens d’ici, le monde a fait que ce n’est plus possible, que<br />

si l’on vit comme ça, on vit dans la misère…<br />

Il est 13h30 quand on le quitte.<br />

Il doit emmener ses chèvres dans une autre montagne et nous, je crois que l’on doit,<br />

avec Hugo, attraper une mule qui s’est échappé de son champs.<br />

<strong>Sur</strong> le chemin du retour, je discute justement <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> avec Gringo, de ceux<br />

d’avant !<br />

Il m’explique bien que Paulino est l’un <strong>des</strong> seuls qui reste encore.<br />

Il insiste aussi sur le fait que c’est compliqué, qu’on ne peut plus vivre comme avant.<br />

Il est 15h quand nous arrivons à l’infirmerie où Hugo nous propose de manger « un<br />

giso », c’est en fait une sorte de soupe qui ressemble au « locro » que j’avais goûté<br />

quelques jours auparavant.<br />

Nous remontons assez rapidement à cheval, retournons à la maison de Marcelina,<br />

en quête d’une mule !<br />

D’ailleurs cette mule nous coûte bien <strong>des</strong> soucis ! Premièrement, il faut la trouver !


Oui, car il y a plein de mu<strong>les</strong> !<br />

Je demande à Gringo quelle mule c’est et il me répond « C’est la mule qui fait « HI<br />

Han ». J’explose de rire en repensant à nos délires d’hier soir sur <strong>les</strong> bruits<br />

d’animaux de la ferme et finie par me concentrer pour essayer d’apercevoir cette<br />

mule « jaune » apparemment !<br />

Alors, je galope avec Chapulin dans <strong>les</strong> montagnes, j’essaie cependant de ne pas<br />

trop l’épuiser mais je ne vois toujours pas cette fichue mule et <strong>les</strong> autres non plus<br />

apparemment.<br />

Avec nous il y a : Hugo et son fils avec un autre garçon et aussi Juancito, le fils d’une<br />

femme handicapée qui vit avec Marcelina, puis Gringo et moi.<br />

Je ne comprends pas tellement ce qu’ils essayent de faire, ils galopent partout dans<br />

tous <strong>les</strong> sens à la recherche d’une mule invisible !<br />

En plus, j’ai mal aux fesses sur cette selle et mon jean n’est pas très adapté aux<br />

12heures de cheval par jour !<br />

On s’arrête un petit peu et Gringo me dit que la mule est là et qu’on doit courir après<br />

<strong>les</strong> autres chevaux en hurlant pour <strong>les</strong> faire partir.<br />

Je lance alors Chapulin au galop dans <strong>les</strong> fleurs et <strong>les</strong> fleuves asséchés.<br />

Les branches s’entremêlent avec mes cheveux, je vais à la vitesse du vent, je ne<br />

contrôle plus rien, je ne vois plus rien, j’essaie juste de zigzaguer pour ne pas me<br />

prendre un arbre dans la figure mais c’est surtout Chapulin qui contrôle la situation !<br />

C’est génial !!!!!!!!<br />

Après cette course folle, je relève mon chapeau et ouvre <strong>les</strong> yeux mais je ne vois pas<br />

Gringo, ni personne d’autre d’ailleurs.<br />

A gauche, une forêt, à droite, <strong>les</strong> fleuves asséchés.<br />

Mais où sont ils passés ?<br />

Je décide alors de m’enfoncer vers la gauche, dans la forêt et c’est là que je <strong>les</strong><br />

retrouve, la mule encerclée ! OUF ! Ils l’ont eu cette mule !<br />

Cependant, on voit bien qu’elle est sauvage, et c’est peut dire ! Elle ne fait que se<br />

défendre et a du sang plein le museau.


La mule enfin attrapée !<br />

Le fils d’Hugo l’attache à son cheval et nous repartons, je ne sais où !<br />

Il est déjà 17h30 !<br />

On s’arrête chez <strong>des</strong> gens car Juancito doit attraper une vache et l’emmener demain<br />

un peu plus haut pour la vendre.<br />

Pour attraper la vache, c’est encore toute une histoire.<br />

Gringo me fait rire, j’ai vraiment l’impression qu’il est heureux, que sa vie est là.<br />

Ça me fait plaisir de le voir heureux comme ça après tout ce qu’il a fait pour moi !<br />

On arrive vers 18h30 à l’infirmerie, et je suis complètement fatiguée !<br />

Je pars donc avec Juancito chez Marcelina car Gringo doit finir quelque chose avec<br />

Hugo.<br />

Marecelina me propose de m’asseoir à ses côtés et je l’aide donc à finir de trier <strong>les</strong><br />

« polotos » une sorte de haricots blancs.<br />

Ensuite, nous rentrons puis elle m’offre gentiment un maté avec <strong>des</strong> tortillas.<br />

On discute, elle me raconte sa vie, ce qu’elle fait ici, toute seule. Elle à 68 ans et une<br />

pêche incroyable !<br />

D’ailleurs elle m’impressionne et comme dirait Gringo : « C’est une vraie Gaucha ! »<br />

Elle me dit qu’elle aime travailler, ici, dans le campo, qu’elle est née encore plus<br />

haut dans <strong>les</strong> montagnes et que sa vie, elle est là !<br />

Elle vit avec son frère de 66 ans, handicapé, elle a promis à sa mère de s’en<br />

occuper et elle vit de ce qu’elle produit.<br />

C’est vraiment extraordinaire ici, <strong>les</strong> gens qui n’ont rien te donne le meilleur de ce<br />

qu’ils ont ! Moi, je suis émerveillée…<br />

Gringo arrive quelques instants plus tard, pendant que je suis près du feu qui sert<br />

également de cuisine. Mais pour le moment, il sert surtout à me réchauffer<br />

On mange empanadas faîtes maison ce soir !


On est tous autour de la table.<br />

La Marcelina aux fourneaux, elle est extra cette femme, elle m’impressionne et puis<br />

on cause et encore une fois, je me sens chez moi…<br />

Marcelina et Juancito autour de la table…<br />

Après avoir dégusté <strong>les</strong> empanadas, Gringo et moi, on sort dehors pour aller<br />

chercher du bois. Et comme hier soir, on cherche la lune pour s’éclairer.<br />

Tout comme la nuit dernière, elle est pleine alors elle nous est d’une grande aide.<br />

Je trouve ça magique de s’éclairer simplement à la lueur de la lune…<br />

23h Il commence à sa faire tard et la journée a été longue, en plus j’ai un peu mal au<br />

ventre, <strong>les</strong> empanadas sont mal passées, je crois.<br />

Ce soir je dors dans la même chambre que Gringo. Il n’arrête pas de me faire rire,<br />

en plus c’est original il mange un chewing gum avant de dormir mais ne l’enlève<br />

pas !<br />

Il se met à chanter <strong>des</strong> chansons et à essayer de dire encore une fois « Bonne<br />

nuit » en français…<br />

<strong>Sur</strong> ce Buenas Noches !<br />

Dimanche 21 août :<br />

4h30 : AAAAAAAh ! J’ai mal au ventre, j’en peux plus ! Il faut vraiment que je sorte<br />

de la chambre et que je trouve <strong>les</strong> « toilettes » !<br />

Je saute de mon lit, enfile mes chaussures sans me préoccuper si la chaussure<br />

droite est bien au pied droit et court pour ouvrir la porte.<br />

Seulement, cette fichue porte est bloquée, j’ai beau tirer, je n’arrive pas à l’ouvrir !<br />

Ahhh vite, sinon je vais vomir partout ! Ouf, j’arrive enfin à la débloquer, je cours<br />

dehors et essaie de retrouver <strong>les</strong> toilettes dans le noir !<br />

Et voilà, je termine ma « nuit » ici :


Je ne sens même plus le froid de toute façon ! Gringo qui, je l’imagine n’a pas tout<br />

compris ce qui se passe, accours près <strong>des</strong> « banos » et me demande si ça va.<br />

Il me donne ensuite une serviette et me voilà en train de me laver à 5 heures du mat’<br />

avec de l’eau gelé dans <strong>des</strong> « toilettes » qui ne sont en fait qu’un trou !<br />

Pourquoi, mais pourquoi il faut que je sois malade !???<br />

Je ne suis jamais, mais vraiment jamais malade ! D’accord, je l’avoue, je pense que<br />

<strong>les</strong> conditions d’hygiènes y sont un peu pour quelque chose mais quand même !<br />

J’aurais jamais pensé tomber malade ici !<br />

Espérons que ça passe relativement vite, de toute façon ce n’est pas ça qui va<br />

m’arrêter !<br />

Il est 6h quand je retourne dans la maison. Marcelina a gentiment accepté de me<br />

prêter quelques vêtements et Gringo me borde comme si j’étais sa fille. Et je<br />

m’endors…<br />

8h00, Gringo se lève, il me dit qu’il passe à l’infirmerie chercher un médicament pour<br />

moi et qu’il faut que je dorme encore un peu.<br />

8h30, je me lève !<br />

J’ai encore mal au ventre mais je ne compte pas passer ma journée au lit alors<br />

soignons le mal par le mal !<br />

Je me présente donc dans la cuisine (près du feu) où Marcelina me sert un thé. Je<br />

suis près du feu, je suis bien.<br />

Elle me prête même un peigne pour coiffer mes cheveux. Il faut croire qu’ils devaient<br />

VRAIMENT avoir l’air emmêlés.<br />

Gringo voulait qu’on retourne à Chicoana, il n’en n’est pas question !


Je vais pas gâcher ces quelques jours au cœur d’un milieu réellement Gaucho à<br />

cause d’une mini-gastrot !<br />

Il est 10h, Gringo revient avec le « fameux médicament » et Marcelina m’offre<br />

quelques gâteaux en guise de petit déjeuner. J’ai un peu moins mal au ventre et le<br />

soleil me remonte le moral !<br />

Je dis à Gringo qu’il n’y a pas de problèmes, que je peux monter à cheval ! Mais lui,<br />

n’a pas l’air convaincu, Hugo lui a dit que ce serait mieux que l’on retourne à<br />

Chicoana., mais je crois que Gringo me comprends car quand je « proteste », il<br />

rigole.<br />

Il me dit alors que l’on va manger ici, et qu’après on retournera voir Paulino !<br />

Du coup, je m’en vais dehors profiter du paysage et prendre quelques photos !<br />

C’est vraiment magnifique !!!!<br />

Ensuite, malgré mon mal de ventre, j’aide Gringo à ramener du bois dans la cuisine.<br />

Il est 11h, je selle Chapulin car Gringo et moi, on va chercher du vin pour ce midi !<br />

Et oui, c’est dimanche midi en Argentine aussi !<br />

Finalement, à cheval tout va bien ! De toute façon tout va bien quand je suis avec<br />

Chapulin !<br />

20 minutes plus tard, nous arrivons à l’ « épicerie », en fait c’est plus une maison<br />

dont la famille vend quelques trucs.<br />

Gringo me montre une corde faîte toute en crin de cheval et fabriquée par la<br />

personne qui habite cette maison. C’est impressionnant, elle est aussi longue qu’une<br />

corde normale mais toute faîte en crin de cheval !<br />

Puis nous repartons en direction de l’infirmerie. <strong>Sur</strong> le chemin, Gringo me dit que ce<br />

n’est pas sûr que l’on voie Paulino car il risque d’être partis avec ses chèvres dans<br />

<strong>les</strong> montagnes.<br />

Tant pis, je prends le risque. Je voudrais avoir <strong>des</strong> photos de lui ! Hier mon appareil<br />

s’est mit en vidéo tout seul, du coup toutes mes photos sont loupées !<br />

Nous rentrons vers midi, et allons chercher du bois pour faire du feu.<br />

C’est l’heure de manger !<br />

Marcelina et moi, on appelle Gringo pour qu’il vienne manger, mais on l’a perdu, on<br />

ne le trouve plus !<br />

On a beau crier « GRRRRRRRIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNGO », personne ne répond.<br />

On <strong>des</strong>cend un peu, toujours rien. On attend un peu et le voilà qui arrive, il était parti<br />

faire une petite sieste un peu plus loin.<br />

On va donc manger, pour moi c’est riz et pomme « herbida » ! C'est-à-dire une<br />

pomme trempée dans de l’eau bouillie, ce sera moins pire que l’eau du ruisseau ou<br />

de la casserole.<br />

Il est 13h30, nous avons terminé de manger, et Gringo veut se reposer un peu avant<br />

de prendre la route.<br />

Malgré ma mauvaise nuit, je reste éveillée et contemple le paysage.<br />

Je ne l’aurais jamais assez regardé ! Je m’en nourrit à chaque fois, tellement c’est<br />

magnifique et ce qui est le plus magnifique, c’est qu’il n’y a personne !<br />

Je discute aussi avec Marcelina, je la trouve vraiment géniale, elle vit de ce qu’elle a<br />

et en même temps ça se sent qu’elle serait tenter par une vie plus confortable avec<br />

la lumière et l’eau courante.


Il est 14h, Gringo se réveille et nous (re)voilà parti à la rencontre de Paulino.<br />

<strong>Sur</strong> le chemin, on discute beaucoup, il m’apprends pas mal de choses sur <strong>les</strong><br />

<strong>Gauchos</strong>, puis il me raconte ce qu’il faisait, lui quand il vivait là, chez <strong>les</strong> gens, à<br />

courir après <strong>des</strong> vaches, à cheval toute la journée.<br />

On laisse <strong>les</strong> chevaux en bas de la montagne où vit Paulino.<br />

On fait un feu pour éloigner <strong>les</strong> pumas car ce sont <strong>des</strong> animaux dangereux pour <strong>les</strong><br />

chevaux.<br />

Nous montons donc la montagne à pied. C’est dur ! Mais je commence à être<br />

habituée et à reprendre un peu d’endurance.<br />

Nous arrivons là où il habite et nous ne distinguons personne. Alors nous crions !<br />

Peut-être qu’il nous entendra, il n’est peut-être pas très loin !<br />

On va voir un peu plus loin et nous revoilà partit à crier ! « HUIIIIIIIIIIIIIIIII », mais pas<br />

de réponse.<br />

On se pose alors sur l’herbe, tous <strong>les</strong> deux. Il me raconte sa vie de Gaucho, je suis<br />

en admiration, j’écoute…<br />

Il me raconte comment il a rencontré Paulino, qu’il a vécu par ici pendant 10 ans,<br />

avec presque rien, qu’il débourrait <strong>les</strong> chevaux et qu’en échange <strong>les</strong> gens lui donnait<br />

de quoi se loger, de quoi manger et que parfois même, il le payait.<br />

J’ai vraiment de la chance d’avoir rencontré cet homme !<br />

Il est vraiment fort ce moment, où on est tout <strong>les</strong> deux, posés sur l’herbe a discuté,<br />

perché sur une montagne… Je ne saurais l’expliquer mais tout ce que je peux dire<br />

c’est que c’est magique, c’est intense…<br />

Finalement, pas de <strong>traces</strong> de Paulino, on ramène donc <strong>les</strong> patates et le vin sous son<br />

toit et nous voilà repartit <strong>des</strong>cendant <strong>les</strong> montagnes, pour aller récupérer nos<br />

chevaux.<br />

Lorsque nous sommes arrivés en bas, nous sellons nos chevaux, commençons à<br />

<strong>des</strong>cendre et voilà qu’on l’aperçoit le Paulino !<br />

Ah ! Je suis dégoûtée ! Mais d’un côté, je me dis qu’il y a <strong>des</strong> choses qui n’ont pas<br />

besoin d’être immortalisé par <strong>des</strong> photos…<br />

Il n’avait peut-être pas l’envie d’être découvert par quelques français curieux et puis,<br />

il y a <strong>des</strong> choses pour nous, seulement pour nous…puis ce moment avec Gringo fut<br />

inoubliable !<br />

<strong>Sur</strong> le chemin du retour, c’est moi qui suis devant, Gringo veut tester mon sens de<br />

l’orientation.<br />

<strong>Sur</strong> ce coup là, je fais confiance à Chapulin, mais ce sacré coquin veut me traîner à<br />

Chicoana !<br />

Non, non ! Pas encore !<br />

Lorsque nous arrivons à Potrero de Diaz, nous passons voir Hugo, mais il n’est pas<br />

là. Nous retournons donc à l’épicerie pour du fromage mais Gringo revient avec du<br />

paté et nous rentrons sous le couché du soleil !<br />

Qu’est ce que j’aime <strong>les</strong> couchés du soleil à cheval ! Je n’ai jamais vu <strong>des</strong> choses<br />

aussi bel<strong>les</strong> de toute ma vie !<br />

Nous voilà arrivés !


On <strong>des</strong>selle <strong>les</strong> chevaux, on <strong>les</strong> emmène manger un peu et on <strong>les</strong> laisse dans le<br />

champ jusque demain.<br />

Nous rentrons donc chez Marcelina qui nous prépare gentiment un thé avec <strong>des</strong><br />

gâteaux. J’ai mon poncho sur le dos, je suis dans une maison sans eau, sans<br />

lumière à <strong>des</strong> milliers de Km de chez moi et pourtant, c’est bizarre, et je ne le<br />

comprends pas mais je me sens vraiment chez moi !<br />

Je discute avec Marcelina, je l’écoute me raconter sa vie, ses yeux brillent.<br />

Ça me fait drôlement plaisir d’être acceptée comme ça par tous ces gens…<br />

Je sais que j’ai eu beaucoup de chance jusqu’à présent.<br />

Il est 22h, il n’est pas très tard mais tout le monde est un peu fatigué alors nous<br />

allons nous coucher.<br />

Gringo s’amuse à chanter <strong>des</strong> berceuses en argentin et moi en français…<br />

Gringo me dit : « On a passé beaucoup de temps ensemble, tu vas en ramener <strong>des</strong><br />

souvenirs en France… »<br />

Je lui réponds tout simplement qu’il va me manquer et nous nous endormons en<br />

continuant à chanter <strong>des</strong> berceuses l’un pour l’autre dans notre langue maternelle.<br />

Je passe une bien meilleure nuit que la dernière.<br />

Lundi 22 août :<br />

8h ! Debout, c’est l’heure !<br />

Je me lève, enfile mes chaussettes, mes chaussures.<br />

On va chercher <strong>les</strong> chevaux, on <strong>les</strong> selle. Puis on va prendre le petit dej’ !<br />

Je me condamne encore à manger du riz, histoire de ne pas retomber malade pour<br />

<strong>les</strong> quelques jours qu’il me reste à passer ici.<br />

Marcelina me dit que son fils vit à Chicoana et donc qu’il faut absolument que je<br />

l’appelle dès mon retour en France.<br />

Elle me dit qu’elle n’y va pas souvent car ce qu’elle aime, c’est la vie ici, dans la<br />

montagne, avec <strong>les</strong> vaches, <strong>les</strong> mu<strong>les</strong> et <strong>les</strong> chevaux.<br />

Avant que nous quittions Potrero de Diaz, elle m’offre <strong>des</strong> « polotos » ainsi que du<br />

« Charqui » c'est-à-dire de la viande séchée. J’imagine déjà l’odeur dans le sac…<br />

Ça me fait bizarre de quitter tout ça, ce petit village merveilleux ! J’en ai presque <strong>les</strong><br />

larmes aux yeux ! Elle est adorable cette Marcelina !<br />

Nous voilà à l’infirmerie pour récupérer El Pampa et <strong>les</strong> affaires. Nous partons<br />

rapidement car la route est longue.<br />

Nous prenons un chemin un peu plus dangereux qu’à l’allée. Je n’ose pas regarder<br />

en bas, je fais juste confiance à Chapulin.<br />

Heureusement que je n’ai pas le vertige, et surtout que j’ai 10 ans de cheval derrière<br />

moi !<br />

Vers 13h, nous arrivons dans la maison d’un Gaucho, Flores avec qui j’aimerais<br />

rester jusqu’à mardi pour aller voir comment il fait pour travailler, mais ce n’est pas<br />

gagné pour qu’il m’accueille comme ça. En plus, sa femme n’est pas là.<br />

Au début, il est un peu froid avec moi, il travaille son cuir car en saison d’hiver, il n’y<br />

a pas vraiment de travail pour <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>.


Apparemment, Flores n’est pas trop d’accord pour que je passe la nuit ici, il s’en va<br />

demain travailler toute la journée. Pour le moment, je ne préfère pas insister,<br />

j’attends de discuter un peu avec lui.<br />

Gringo s’en va à cheval demander à une femme qui vit un peu plus haut, si je peux<br />

passer la nuit chez elle.<br />

Pendant ce temps là, je reste à discuter avec Flores. Ça me fait un peu penser au<br />

début de mon <strong>voyage</strong>, lorsque je me suis retrouvée seule avec Carlos.<br />

Je lui explique pourquoi je suis là, ce qui m’attire dans le mode de vie <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>.<br />

J’ai l’impression qu’il se met un peu en confiance, il rigole un peu.<br />

Je lui pose donc quelques questions mais je suis incapable de vouvoyer ! J’espère<br />

que ça ne fait pas trop malpolie !<br />

Quand je lui demande si il a <strong>des</strong> enfants, il me répond : « Non, ça fait du bruit ! ».<br />

Il me dit aussi qu’il déteste par-<strong>des</strong>sus tout aller en ville. Ce qu’il aime dans la vie de<br />

gaucho, c’est la liberté : il travaille pour lui, pour l’essentiel…<br />

Je lui redemande avec mon plus beau sourire si je peux venir avec lui demain dans<br />

son campo mais il me répond en trouvant l’excuse que le Dueno vient demain.<br />

Je suis un peu déçue mais d’un côté je me dis qu’il me reste encore presque une<br />

semaine et que je reviendrais !<br />

Gringo revient et me dis qu’Antolina, la femme qui vit un peu plus haut est d’accord<br />

pour m’accueillir chez elle ce soir !<br />

Nous faisons cuire nos assados sur le feu de Flores et nous repartons rapidement.<br />

Je remercie tout de même Flores, et je lui dis que j’ai été très contente de le<br />

rencontrer.<br />

Il est 15h quand nous arrivons chez Antolina. Gringo ne <strong>des</strong>cend pas de cheval, il est<br />

pressé.<br />

Je n’ai aucune idée de comment je rentre demain. Gringo me dit que si il ne voit pas<br />

arriver avant 20h, il m’envoie un rémis car il n’y a pas de bus après 12h30 !<br />

Je tiens à revenir à Chicoana demain car il y a un anniversaire de l’association<br />

Gaucha de Chicoana et Gringo y participera avec sa classe et je lui ai promis que j’y<br />

serais !<br />

Antolina se présente et je me présente à elle. Je pose mes affaires dans une<br />

chambre.<br />

La maison n’est pas petite mais il n’y a toujours ni eau, ni lumière !<br />

Elle a 60 ans et vit toute seule avec ses vaches et ses chèvres. D’ailleurs, nous voilà<br />

partit pour donner du lait aux bébés chèvres qui n’ont plus de maman.<br />

C’est impressionnant comment elle <strong>les</strong> prend par le cou !<br />

Ensuite, elle ne veut plus travailler, elle veut discuter en buvant un maté à 3heures<br />

de l’après-midi ! Elle est sacrément bavarde ! Je pense que ça vient du fait qu’elle<br />

vive toute seule tout le temps, ça lui fait du bien de voir du monde.<br />

Ensuite, nous nettoyons la chambre où je vais dormir. Je me colle au balai, je ne suis<br />

pas sûre que ça serve à grand-chose vu la tonne de poussière mais ça me fait rire.<br />

Ensuite je fais le lit et voilà ! Listo !


On part ensuite se promener, elle veut me montrer un camping. On marche donc<br />

pendant une heure environ.<br />

Elle me raconte un peu sa vie, celle d’une femme qui vivait au cœur <strong>des</strong> montagnes<br />

encore plus haut et qui est venu construire sa maison ici.<br />

Elle m’explique qu’elle a vécu une vie dure mais que maintenant elle est heureuse<br />

car elle est libre ! Elle travaille quand elle veut, vit de ce qu’elle a et se rend très<br />

rarement en ville.<br />

Tout comme Marcelina, Paulino et Flores, j’admire son mode de vie, c’est ça que je<br />

suis venu chercher ici.<br />

Il est 18h30 lorsque nous rentrons. On lave et étend le linge.<br />

Et oui, c’est ça aussi la vie au quotidien ! On donne encore du lait aux chèvres puis<br />

on retourne faire du feu dans la maison.<br />

Il est 20h et je me retrouve avec un bébé chèvre blotti dans mes bras, il est trop<br />

mignon !<br />

On fait ensuite cuire la soupe et Antolina ne cesse de causer ! Une vraie comère !<br />

Elle me parle de Gringo me demande si il a une femme et de même pour la<br />

Marcelina car évidemment, par ici, tout le monde se connaît !<br />

La soupe n’est pas mauvaise malgré que je ne sache pas trop ce qu’il y a à<br />

l’intérieur. Remarque maintenant, plus rien ne m’impressionne !<br />

Il est 21h30 quand je rentre dans ma chambre, que j’enlève mes chaussures qui<br />

puent ! J’imagine que je ne dois pas sentir la rose non plus ! Ça doit faire environ une<br />

semaine que je ne suis pas passé sous la douche !<br />

Mardi 23 août :<br />

7h30 ! J’avais pourtant dit à Antolina de me réveiller dès qu’elle se levait !<br />

Tant pis, je me lève, je ne vois personne.<br />

Cependant, le paysage est magnifique, cette fois au levé du soleil !<br />

J’aperçois Antolina qui est en train de préparer le lait pour <strong>les</strong> bébés chèvres !<br />

On déjeune puis on va encore une fois donner le lait aux bébés chèvres.<br />

Il est 9h30 et nous cuisinons la soupe pour <strong>les</strong> chiens ! J’ai l’impression de ne faire<br />

que ça ! Le lait, la soupe…<br />

Ensuite on arrose <strong>les</strong> plantes avec un tuyau relié à je ne sais quoi un peu plus haut,<br />

bref, une source d’eau !<br />

Nous retournons ensuite dans la cuisine, je lui demande ce que je peux faire, elle me<br />

répond « rien » !<br />

Ah, ça m’énerve d’être là sans rien faire ! Alors je prends le balai et le passe dans<br />

toute la cuisine. Je doute que ça soit très utile mais au moins j’aurais fait quelque<br />

chose !<br />

Ensuite on fait sortir <strong>les</strong> chèvres, je lui demande si on doit <strong>les</strong> suivre comme Paulino<br />

et Florencio le font mais elle me répond que non, el<strong>les</strong> reviennent toute seule !<br />

C’est dingue comme elle me fait rire cette bonne femme !<br />

« Nous allons cuisiner » qu’elle me dit !


Et me voilà à éplucher <strong>les</strong> ognons et couper <strong>les</strong> tomates pour mettre dans une<br />

soupe.<br />

En même temps nous discutons et je sais que je dois retourner voir Flores, que je<br />

dois insister, j’ai vraiment envie de partager une journée avec lui…et je ne sais pas<br />

pourquoi, une force intérieure, un instinct me dis de m’accrocher.<br />

Il est 11h et nous cuisinons, je fais chauffer mon riz avec quelques légumes en<br />

particulier de la citrouille, car là-bas ça a beaucoup de succès !<br />

On retourne arroser <strong>les</strong> plantes et rentrer <strong>les</strong> chèvres et nous voilà à table.<br />

Ce n’est pas mauvais, il suffit juste d’oublier que ton riz a cuit avec de l’eau bien<br />

terreuse et <strong>les</strong> quelques mouches flottant dans ton assiette. Personnellement, je n’y<br />

fais même pas attention en mangeant. De toute façon, on s’adapte.<br />

Elle est marante Antolina, elle me pose quinze fois <strong>les</strong> mêmes questions.<br />

C’est vrai que malgré tout, ça ne doit pas être facile de vivre toute seule, elle le<br />

reconnaît. Malgré qu’elle aime cette vie, elle me le dit, qu’elle a fait beaucoup de<br />

sacrifices.<br />

On finit de manger puis nous « lavons » <strong>les</strong> assiettes, c'est-à-dire qu’on <strong>les</strong> passe<br />

sous l’eau déjà bien croupie !<br />

Ensuite, on prépare, encore une fois le lait pour <strong>les</strong> chèvres !<br />

Je tente de me démêler <strong>les</strong> cheveux pendant qu’ Antolina prend un thé.<br />

Je contemple donc mes cheveux avec frayeur ! Ce ne sont même plus <strong>des</strong> cheveux,<br />

on dirait vraiment <strong>des</strong> crins de cheval, pour le coup ! J’abandonne donc mon<br />

démêlage au bout de quelques minutes pour la rejoindre prendre un thé.<br />

Je lui explique que c’est vraiment important pour moi de passer une journée avec<br />

Flores, que c’est pour mon projet, qu’il faut que j’y aille.<br />

Malgré sa plus ou moins réticence du début, je crois qu’elle me comprends et elle<br />

accepte de m’y accompagner après que l’on ai donné à manger au poulets et aux<br />

chêvres.<br />

Je commence à comprendre le truc, je me place dans le « poulailler pour chèvres et<br />

<strong>les</strong> pousse vers la sortie.<br />

Il est 15h30, nous donnons donc à manger aux poulets, puis nous sortons <strong>les</strong><br />

chèvres et nous partons pour la maison de Flores qui n’est pas très loin même si à<br />

pied ça fait un petit bout.<br />

Je suis motivée à bloc ! J’y tiens !<br />

Lorsque l’on arrive, Antolina me dit qu’il n’y a personne, mais au loin, j’aperçois un<br />

homme alors je m’approche.<br />

Elle me suit donc et nous arrivons chez Flores. Effectivement, l’homme que j’avais<br />

aperçu vient à nous et me dis qu’il est le neveu de Flores.<br />

Je lui explique en gros pourquoi je suis là, Antolina traduit un peu car il est vrai que<br />

la situation est un peu ambiguë !<br />

Vu que Flores n’est pas encore là, Cesario, son neveu me propose de rester là en<br />

attendant qu’il arrive. Antolina remonte donc chez elle et me voilà chez Flores !<br />

Mais Cesario a du travail !<br />

On prend donc la pelle et nous « déblayons » le chemin où passe l’eau que l’on boit !<br />

D’ailleurs ça fait peur de voir que c’est ça que l’on retrouve dans notre maté, enfin je<br />

suis habituée et pour tout dire ça ne m’étonne même plus !


Cesario.<br />

Ensuite, voilà que Marta, la femme de Flores arrive.<br />

Me revoilà donc, avec je ne sais quel culot, expliquer ce que je fais là et pourquoi !<br />

Elle n’a pas l’air de tout comprendre, mais je crois qu’elle s’en fiche. Elle m’ouvre la<br />

porte de sa maison, me sert presque dans ses bras et m’offre un thé avec quelques<br />

petits gâteaux ! C’est vraiment adorable ! J’avoue que je n’en reviens pas ! J’ai<br />

vraiment une chance incroyable !<br />

En buvant notre thé, je lui explique plus clairement ce que je viens faire en Argentine<br />

et plus particulièrement, chez elle.<br />

Elle me dit qu’il n’y a aucun problème pour que je dorme ici, que je suis la bienvenue.<br />

Ça y’est ! Flores est rentré ! Je dois être convaincante !<br />

J’arrive donc devant lui, et, je lui dis, cache comme ça, sans réfléchir : « Me revoilà,<br />

je suis là pour te demander un service. Rester avec toi pendant une journée entière,<br />

travailler avec toi ! »<br />

Il a l’air un peu surpris, impressionné, je crois, un peu intimidé aussi. Mais, il me dit<br />

que ça dépend du temps, qu’il ne sait pas trop.<br />

En attendant, je suis contente, contente d’avoir au moins eu le courage ou plutôt le<br />

culot de lui demander ça ! Je lui dis que je comptais revenir demain soir, que j’avais<br />

vu avec Marta et qu’elle m’avait proposé de dormir là mercredi soir et que donc, si il<br />

était d’accord, j’irais avec lui jeudi !<br />

Des fois, je me dis que ça vaut le coup d’être un peu têtue, puis de vouloir prendre<br />

<strong>les</strong> devants, de temps en temps…<br />

Ensuite, nous reprenons un autre thé, cette fois, dans la cuisine, en compagnie d’un<br />

perroquet ! D’ailleurs, le perroquet, lui aussi à le droit au maté !<br />

Il est bientôt 19h et je dois retourner chez Antolina car un remis ne va pas tarder à<br />

venir me chercher ! Je remonte donc, accompagnée de Cesario car il a peur que je<br />

me perde !<br />

C’est dingue !


J’arrive enfin en haut et je suis épuisée !<br />

Je n’ai qu’une seule envie, celle de prendre une bonne douche bien chaude. Et,<br />

même si je sais que ça ne va pas être possible, encore ce soir, j’en rêve quelques<br />

instants !<br />

Antolina me sert un thé, je réfléchis à comment je vais me débrouiller pour trouver<br />

quelqu’un qui passe par « El Nogalar » demain après midi.<br />

Je suis là, devant un feu, entourée de chiens et discutant avec cette vieille femme<br />

seule et adorable avec sa radio, qui me parle d’avions écrasés, qui me dit qu’elle<br />

aurait trop peur de monter dans un avion.<br />

Puis, je pense à Flores, je me dis que je donnerais vraiment tout pour passer ne<br />

serait-ce qu’une journée en sa compagnie, à lui !<br />

Quitte à passer mon temps à insister auprès de lui, quitte à payer un remis ou à venir<br />

en stop jusqu’ici, quitte à me lever à cinq heures du matin !!!!!<br />

Ah ! Revoilà Antolina qui donne le biberon aux chèvres. Finalement, elle m’aura bien<br />

aidé, Antolina !<br />

Il me serait impossible de vivre comme elle toute l’année, aussi seule, mais d’un<br />

côté, j’admire sa « liberté », je parle au niveau de son travail. Elle n’est reliée à<br />

aucun patron, elle fait sa vie pour elle, c’est ça que j’admire.<br />

Elle me fait tellement rire avec <strong>les</strong> cris qu’elle pousse sur ce bébé chèvre qui veut<br />

juste un câlin ! Puis elle m’a raconté toute sa vie et celle de toutes <strong>les</strong> personnes<br />

qu’elle connaît, de long en large.<br />

20h !!! Le remis arrive ! Il klaxonne, je me dépêche, je salue Antolina en la remerciant<br />

pour tout ! Je lui dit un peu ce que j’ai sur le cœur, ce que j’admire chez elle, j’aurais<br />

aimé la serrer dans mes bras mais <strong>les</strong> choses se passent rarement comme on<br />

voudrait qu’el<strong>les</strong> soient, puis je m’en vais, je laisserais peut être quelques <strong>traces</strong> ici…<br />

Me voilà donc assise aux côtés du « remisario », qui est carrément sympa !<br />

Je lui explique ce que je fais là. Encore une fois : « Quoi ? 17 ans, toute seule,<br />

ici ???? ».<br />

On me l’aura dit !<br />

Je lui dis que j’ai rencontré Gringo, alors comme Antolina, il joue <strong>les</strong> commères et me<br />

parle de Gringo, puis il me dit que lui aussi a <strong>des</strong> vaches, un campo etc. mais qu’il<br />

doit gagner de l’argent, qu’il ne peut plus vivre comme avant.<br />

Le remis arrive ½ heure plus tard à Chicoana et finalement ça me fait plutôt plaisir de<br />

lui donner 20$Ar !<br />

Il me laisse sur la place, où j’aperçois Cesar, de la muni. Je lui demande si demain<br />

<strong>des</strong> camionnettes partent passent par « El Nogalar », il me répond que non, qu’il n’y<br />

a pas de bus non plus…Tant pis, j’aviserais demain !<br />

J’arrive chez Carina, la maison est en musique et tout le monde fait du sport !<br />

Je me demande où ils trouvent l’énergie ! Je n’en peux plus, moi.<br />

Je fais un peu de <strong>les</strong>sive, histoire d’avoir <strong>des</strong> sous-vêtements propres ces prochains<br />

jours.<br />

Je prends ensuite une douche rapide, l’eau n’est pas aussi chaude que dans mon<br />

« rêve » mais ça me fait un peu de bien quand même.


Je rentre dans <strong>des</strong> vêtements à moitié propres, je n’ai plus que ça de toute façon !<br />

Vive mon organisation !!!!!!<br />

Gringo arrive quelques minutes plus tard, je lui explique mes projets pour demain et<br />

après demain, il a l’air un peu surpris, et ce qui le surprend le plus, je crois, c’est que<br />

je sois allé voir Flores, toute seule !<br />

Mais, il faut dire que sa femme n’a pas cherché à comprendre, elle m’a ouvert <strong>les</strong><br />

bras sans se préoccuper de quoi que ce soit ! Gringo me dit qu’il repasse me<br />

chercher vers 23h30.<br />

Pendant ce temps, je tente de me démêler <strong>les</strong> cheveux, plus ça va et plus j’ai<br />

l’impression de ressembler à une femme <strong>des</strong> cavernes !<br />

Après ça, je passe au cyber, histoire de donner quelques nouvel<strong>les</strong> après 4jours<br />

dans <strong>les</strong> montagnes, sans eau ni électricité !<br />

J’ai encore vraiment mal au ventre, mais j’essaie d’en faire abstraction !<br />

Apparemment, en France, tout le monde s’inquiète ! Je prends donc ½ heure pour<br />

rassurer tout le monde : « Non, je ne me suis pas faite enlevée par <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> ! »<br />

Malgré mes boutons de moustiques, mes griffures d’épines et mon mal de ventre, je<br />

suis toujours en vie, je dirais même, en pleine forme !<br />

J’arrive pas à croire que Samedi je quitte Chicoana, je ne préfère même pas y<br />

penser…<br />

Il est 22h40, je suis fatiguée, je crois que je vais m’endormir avant que Gringo<br />

n’arrive ! Mon dieu, quel bazar dans cette chambre qui héberge mes affaires !<br />

23h : Huuuuuuuuuuuuuiiiiiiiiiiiii !!!<br />

Ah ! Voilà Gringo ! Je me lève en sursaut, prépare mes affaire en quatrième vitesse<br />

et nous voilà partis !<br />

J’ai toujours un mal de ventre pas possible. Gringo me prépare une pomme<br />

« herbida » mais je ne trouve pas la force de la manger.<br />

Ensuite, il prend un de mes cahiers et écrit <strong>des</strong> vers de <strong>Gauchos</strong>, écrits par <strong>des</strong><br />

ancêtres, il y bien longtemps !<br />

Il doit être environ minuit quand je m’endors dans un lit plutôt douillet, ça fait du<br />

bien !<br />

Mercredi 24 août :<br />

J’ai encore passé une sacré nuit : entre <strong>les</strong> allers retours aux toilettes, je n’ai pas vu<br />

la nuit passer !<br />

Il est 8h45 et je trouve quand même la force de me lever. Je me dis que de toute<br />

façon, on est malade seulement si on reste au lit ! J’enfile mon blouson et mes<br />

chaussures !<br />

Je passe donc chez Carina où je récupère mon appareil photo que j’avais oublié hier<br />

soir.<br />

Ensuite, je retourne sur la place et je demande à quelqu’un de la Muni si il y a <strong>des</strong><br />

bus pour « El Nogalar », il me dit que je devrais y aller en stop ! Je doute qu’il y ait<br />

beaucoup de voitures à passer par là, mais c’est la seule solution, de toute façon !<br />

Je trouve l’école où se passe la petite fête. Je croise Tatie qui me dit qu’il y a un<br />

défilé sur la place ! Je retourne donc sur la place et je vois tous <strong>les</strong> maîtres et leurs<br />

élèves ; tous plus ou moins « déguisés » en Gaucho.


C’est dingue cette tradition !<br />

Je croise Gringo et <strong>les</strong> accompagne jusqu’à l’école.<br />

On nous fait rentrer et je m’installe sur un banc, aux côtés de gens inconnus mais qui<br />

eux, ont l’air de me connaître, plus ou moins. Mon voisin de droite me demande mon<br />

prénom puis il me dit : « Tu viens de France, c’est ça ? »<br />

Ils font défiler tous <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong>, je revois ceux qui étaient là al Maray lors de mon<br />

premier samedi par ici.<br />

Ensuite, c’est au tour <strong>des</strong> éco<strong>les</strong>. Gringo passe avec ses élèves handicapés et<br />

j’applaudi de bon cœur !<br />

Les musiciens se mettent à chanter l’hymne argentin pendant que le drapeau de<br />

l’Argentine s’élève, aux côtés de celui de Salta.<br />

Le sentiment que je ressens en cet instant est in<strong>des</strong>criptible ! Je sens que quelque<br />

chose m’envahie mais je ne saurais dire ce que c’est. J’ai même du mal à retenir<br />

mes larmes !<br />

Je ne sais pas pourquoi je ressens tout ça en cet instant !<br />

Peut-être que je réalise…je n’en sais rien ! Tout ce que je sais, c’est que cette<br />

musique, je l’ai trouvé magnifique, et je l’aurais bien chanté avec eux…<br />

Puis ce drapeau ! Il est magnifique, avec un soleil à l’intérieur !<br />

Ah ! Ce moment, ce n’était rien et pourtant, je crois que je ne l’oublierais jamais !<br />

Après ce merveilleux moment, place au prêtre ! Ici, <strong>les</strong> prêtres ont un fer à cheval de<br />

gravé aux côtés de la croix sur leurs écharpes !<br />

La messe passe assez vite, je dois dire que je m’y habitue !<br />

Quelques enfants racontent ensuite, à l’aide d’un livre l’histoire du colonel Luis<br />

Burela, un héros Gaucho qui s’est battu pour l’indépendance !<br />

Puis, c’est le tour <strong>des</strong> enfants de jouer le rôle de Don Luis ! Je suis impressionnée<br />

par l’importance qu’ils accordent aux <strong>Gauchos</strong>, ils veulent vraiment que la tradition<br />

ne se perde pas !<br />

Cependant, il y a de moins en moins de <strong>Gauchos</strong>, il faut le dire, et ils le disent tous,<br />

c’est la mondialisation qui cause tout ça…<br />

On a ensuite le droit de voir toute l’équipe de foot de Chicoana au devant de la<br />

scène, puis un prix est donné aux trois meilleurs élèves de l’école.<br />

11h45 ! Voilà, c’est terminé !<br />

Je sors donc de l’école et tente de retrouver Gringo. Il est toujours avec sa petite<br />

troupe !<br />

Il me dit que nous allons maintenant manger avec tous <strong>les</strong> autres à la « casa de<br />

tradicion ».<br />

On prend donc nos places et Gringo me fait rire ! J’ai vraiment l’impression de<br />

retrouver un père en lui, où un grand frère, mais il y vraiment quelque chose de fort…<br />

D’ailleurs, il n’y a pas que moi qu’il fait rire !<br />

A peine le pain est posé sur la table que Gringo se jette <strong>des</strong>sus ; et c’est sa<br />

« collègue » qui le réprimande. Celui-ci lui répond tout simplement : « Pero, tengo<br />

ambre ! » Les élèves sont donc tous pliés en deux et moi avec !<br />

On nous sert quelque minute plus tard du « locro », sorte de soupe avec <strong>des</strong><br />

« polotos » et <strong>des</strong> tripes de bœuf, sans doute !<br />

C’est mon dernier repas avec autant de <strong>Gauchos</strong> réunis ! Je <strong>les</strong> contemple tous, il y<br />

en a qui sont <strong>Gauchos</strong> dans le sang, d’autres dans le cœur , d’autres dans la vie de


tous <strong>les</strong> jours, mais peu importe, ils sont là, ensemble et ils savent pourquoi, c’est ça<br />

aussi qui est magique…<br />

Ensuite, nous avons le droit à un discours d’une prof, très ancienne apparemment<br />

puisque Gringo fut son élève.<br />

Elle parle <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong> comme <strong>les</strong> héros de Chicoana…<br />

Cependant, au bout d’une demi heure de speech, on commence un peu à s’en<br />

lasser…D’ailleurs <strong>les</strong> deux fil<strong>les</strong> à mes côtés me lancent un sourire qui voulait dire :<br />

« Elle a pas bientôt finit !!! »<br />

Puis, elle termine et nous sautons dans une camionnette qui nous dépose sur la<br />

place où l’on attend un trafic qui va emmener <strong>les</strong> élèves à Villa Vista, et moi il me<br />

déposera sur la route d’ « El Nogalar », là où je ferai du stop !<br />

Dans le traffic, il n’y a plus de place derrière, du coup, je me retrouve coincée entre<br />

le chauffeur et le passager.<br />

Je ne vais pas dire que ce fut un <strong>voyage</strong> désagréable, au contraire, il s’est avéré que<br />

le chauffeur était un bel argentin de 27 ans et que mon voisin de droite, un tout aussi<br />

bel argentin, de 19ans.<br />

Nous avons donc pas mal discuté pendant la durée du <strong>voyage</strong>…<br />

Ils me déposent donc au tournant entre Villa Vista et la route de Cachi.<br />

Je vois Gringo qui <strong>des</strong>cend aussi, je lui demande ce qu’il fait et il me répond : « Je<br />

veux que ce soit quelqu’un de sûr qui t’amène là-bas ! »<br />

J’ai beau lui dire que je peux me débrouiller, il insiste pour rester avec moi ! Un vrai<br />

père !<br />

Il a beau être deux heure de l’après midi, il n’ y a vraiment pas grand monde qui<br />

passe par là ! En plus, il fait un froid de canard !<br />

Ah ! Voilà deux voitures, j’ai beau me mettre presque en travers de la route, rien à<br />

faire, el<strong>les</strong> ne s’arrêtent pas !<br />

Gringo m’explique que la plupart <strong>des</strong> voitures sont <strong>des</strong> 4*4 de touristes qui vont à<br />

Cachi, une ville assez touristique un peu plus haut.<br />

Une demi heure plus tard voilà une autre voiture. Mais, c’est le « remisario » d’hier<br />

soir !<br />

On lui fait <strong>des</strong> grands signes ! Tant pis, quitte à payer 10 ou 20$ Ar, au moins, j’y<br />

serais « al Nogalar ! »<br />

Le remis s’arrête donc et on lui explique exactement où je vais. Je suis carrément<br />

contente de le retrouver ! Il me parle encore de ses vaches, de son travail dans le<br />

campo etc…<br />

Il est environ 15h quand j’arrive al Nogalar où je suis accueillie par Marta et Cesario.<br />

Marta me dit de m’asseoir et m’offre quelques gâteaux, puis elle me sort toutes ses<br />

photos de défilés.<br />

En fait, ça fait seulement 8 ans qu’elle est mariée avec Flores. Avant, elle vivait<br />

seule avec ses vaches, à Potrero de Diaz.<br />

C’est dingue le sourire qu’elle a quand elle regarde ces photos, d’elle à cheval. Elle<br />

en a presque <strong>les</strong> larmes aux yeux.<br />

Elle me montre vraiment tout : Du marquage de vache aux défilés… Comme quoi, il y<br />

a quand même certains « vrais » <strong>Gauchos</strong> qui participent aux fiestas.<br />

Je crois que ça la fait rêver de revoir toutes ces photos !


Je m’en vais ensuite avec Cesario « vérifier l’eau », c'est-à-dire faire en sorte que<br />

l’eau puisse couler correctement. Ce qui est bien, avec cette eau là, c’est qu’il n’y a<br />

pas de risque de pesticide.<br />

Nous remontons assez vite là haut.<br />

Je vais voir ce que fait Marta. Apparemment elle est en train de planter <strong>des</strong> ognons.<br />

Je lui demande si je peux l’aider et me voilà plantant <strong>des</strong> « graines d’ognons » avec<br />

une main et avec l’autre, je recouvre ma « plantation » de terre. C’est bien la<br />

première fois que je me transforme en jardinière !<br />

Ensuite, je sors du potager, attrape la pelle et pendant que Marta ratisse la terre par<br />

devant, je la prends avec la pelle et la verse dans une grosse boîte de conserve que<br />

je ramène dans le potager et que je verse là où me l’indique Marta !<br />

C’est dingue : elle a plus de 60 ans et faut voir avec quelle force elle fait tout ça !<br />

Nous allons ensuite voir ce que fait Cesario, il a creusé un trou pour planter un<br />

oranger.<br />

Il faut donc ramener de la terre par ici ! C’est reparti ! C’est sportif mine de rien et<br />

plutôt divertissant finalement !<br />

Il est environ 17h30 quand Flores rentre, il me salue de loin.<br />

Je crois que comme me le disais Gringo, il a un peu peur de prendre <strong>des</strong><br />

responsabilités face à une gamine de 17 ans, qui vient même pas de son pays !<br />

Vers 18h, Cesario, Marta et moi nous nous retrouvons dans la cuisine pour prendre<br />

le maté. Eux, c’est leur repas du soir. Ils se couchent très tôt et se lèvent également<br />

très tôt.<br />

Puis, Flores arrive, je ne l’ « agresse » pas tout de suite, il faut que je sois<br />

convaincante ! J’attend donc quelques minutes puis je lui dit : « Demain, je viens<br />

avec toi ? » et lui me répond : « Non, non tu restes là, je me lève bien trop tôt ».<br />

Je lui dit que je m’en fiche, que je suis là pour ça !<br />

Ah ! C’est dur ! Mais je n’en démordrais pas ! Je suis presque en train de le supplier,<br />

il ne dit rien. Il se lève de table, va se laver puis se coucher…<br />

Je suis tellement déçue ! Je parle alors avec Marta, je lui explique à quel point c’est<br />

important pour moi. Je lui dis que même à pied, je suis prête à y aller à son campo !<br />

Elle me fait chauffer une sorte de mais délicieux que je déguste en compagnie de<br />

Cesario.<br />

Il est adorable, Cesario ! J’ai vraiment l’impression qu’il a le souci de prendre soin de<br />

moi, alors ça me réchauffe un peu le cœur…<br />

Marta se met à tricoter de la laine et moi, je repars avec Cesario, plus haut pour aller<br />

vérifier l’eau, à sa source.<br />

Il fait froid et j’essaie de ne pas me mouiller <strong>les</strong> pieds ! Tous <strong>les</strong> deux mètres, nous<br />

nous arrêtons et avec la pelle, creusons pour que l’eau passe. Environ une heure<br />

plus tard, nous revoilà en bas.<br />

Avant d’aller me coucher je dis à Marta qui tricote de bien me réveiller demain matin,<br />

même si Flores n’a pas changé d’avis…


Marta m’ouvre donc la porte d’une chambre. Je déplie la couverture du <strong>des</strong>sus du lit<br />

et j’aperçois plein de petites bestio<strong>les</strong> gesticulant sur le drap. Pour tout dire, je m’en<br />

contrefiche, je m’allonge juste sur le lit, faisant abstraction <strong>des</strong> moustiques !<br />

Jeudi 25 août :<br />

J’ai froid ! Impossible de dormir, en plus la fenêtre est ouverte ! Je n’ai aucune idée<br />

de l’heure qu’il est !<br />

Je finis quand même par m’endormir…pas pour très longtemps.<br />

5h00 ! Toc toc toc ! Déjà ! Je lance un « Vengo » et saute rapidement du lit!<br />

j’enfile mes chaussures, mon manteau, le poncho et malgré mes tentatives d’allumer<br />

la bougie d’hier soir, je me prends <strong>les</strong> pieds dans tout ce qui traîne avant de sortir<br />

dehors et de m’éclairer avec le feu de la cheminée de la cuisine d’en face.<br />

Je rejoins donc Marta qui est en train de cuisiner du riz.<br />

Je lui demande alors si je vais au campo et elle me répond que Flores est partit me<br />

chercher un cheval !<br />

Je lui sauterais dans <strong>les</strong> bras tellement je suis heureuse ! D’autant plus que je sais<br />

bien que tout ça, c’est grâce à elle !<br />

Je prends donc un thé en sa compagnie et je vois <strong>les</strong> chevaux qui arrivent. Je<br />

rejoins donc Flores, toute joyeuse ! Je l’aide à seller mon cheval, puis je retourne<br />

dans la cuisine avec Marta.<br />

Puis Flores nous rejoint pour prendre son petit dej’. Nous sommes donc prêt à partir<br />

quand Marta m’appelle et me donne une grosse doudoune ainsi qu’un bonnet pour<br />

que je n’aie pas froid. Avant de monter à cheval, je la serre fort dans mes bras et je<br />

la remercie de tout mon cœur !<br />

Je me retrouve alors quelques minutes plus tard à cheval avec sur moi, quatre<br />

épaisseurs de pulls plus une doudoune qui m’arrive aux genoux, le poncho salténéen<br />

et une cagoule noire qui prend presque tout le visage ! Ça valait vraiment la photo<br />

là !<br />

Nous voilà donc partit, il est 6h15, environ ! Il fait toujours nuit.<br />

Nous traversons tout d’abord un fleuve asséché. Lorsque je demande comment<br />

s’appellent nos montures, Flores me répond, pour le mien : Blanco, pour le sien :<br />

Mula.<br />

Effectivement, ce n’est pas très original, mais au moins c’est pratique !<br />

On passe chercher Martin, le fils de Marta qui est aussi le collègue de Flores.<br />

Voilà, c’est partit pour 1h30 de chevauchée dans <strong>les</strong> montagnes !<br />

Mes étriers sont bien trop longs et il n’y a rien pour <strong>les</strong> régler, alors, je m’accroche<br />

comme je peux, avec mes mollets !<br />

Blanco se fatigue plus vite que Mula, qui est une mule et qui a donc plus de facilitées<br />

à grimper dans <strong>les</strong> montagnes.<br />

Je suis contente de voir que Flores est de plus en plus agréable avec moi, il me<br />

sourit, me parle de plus en plus.<br />

Il doit être 8h00 quand on arrive en haut. Nous <strong>des</strong>sellons <strong>les</strong> chevaux, et Flores<br />

attache <strong>les</strong> deux pieds de Blanco ensemble.<br />

ALAMBRADAS : voilà ce qui nous attend.


Au début, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’aperçois <strong>des</strong> poteaux et du fil.<br />

Nous retendons tout d’abord <strong>les</strong> fils, j’essaie de me rendre utile malgré que je ne<br />

connaisse pas du tout ce qu’il faut faire !<br />

Nous <strong>des</strong>cendons ensuite un peu, puis il faut maintenant débroussailler pour pouvoir<br />

creuser <strong>des</strong> trous et planter <strong>des</strong> poteaux ! J’essaie donc de <strong>les</strong> aider, malgré que je<br />

ne puisse pas affirmer que je sois très douée en débroussaillage !<br />

Ensuite, il faut « viser », pour trouver l’emplacement <strong>des</strong> « poteaux » qui sont en fait,<br />

tout simplement de gros troncs d’arbres.<br />

Je <strong>les</strong> observe ! Flores a l’air très exigeant et Martin à plus l’air d’obéir à ce qu’il dit !<br />

Ils se crient <strong>des</strong> « à droite », « à gauche » pendant une heure et demie !<br />

De temps en temps, je me rends utile en tenant le bout de bois qui symbolise <strong>les</strong><br />

futurs poteaux, puis j’en profite pour prendre quelques photos, car le paysage, au<br />

cœur <strong>des</strong> montagnes, est magnifique !<br />

Je parle un peu avec Martin que je ne connais pas, il a 27 ans, mais il en fait plutôt<br />

40 ! Puis lorsqu’ils ont enfin fini de « viser », il faut creuser !<br />

Ils commencent donc à creuser aux endroits marqués, je me dirige donc vers Martin<br />

et propose mon aide qu’il accepte. Et me voilà en train de creuser un trou dans la<br />

terre avec une sorte de pieu qui pèse plus lourd que moi ! J’abandonne donc le pieu<br />

et me consacre à la pelle !<br />

Martin pioche pour que la terre devienne plus facile à sortir et moi, à l’aide de la<br />

pelle, je la sors !<br />

Au début, je n’ai pas tellement le tour de main, mais, c’est comme tout, ça vient petit<br />

à petit ! Remarque, il y a <strong>des</strong> fois où je regrette de ne pas être un homme d’1.80m et<br />

de 90kg, histoire d’être un peu plus efficace !<br />

Il est midi ! Nous avons déjà creuser 9 trous à nous 3 !<br />

Nous nous mettons donc à faire du feu, pour faire chauffer le maté.<br />

Au programme ce midi : riz froid et pâté de bœuf au citron !<br />

Ces instants sont géniaux ! Je suis là, en train de manger, au milieu <strong>des</strong> montagnes<br />

avec deux gauchos et tout me parait normal, encore une fois, je me sens comme<br />

chez moi !<br />

Nous discutons, nous rigolons ! Je suis vraiment contente car Flores me parle, il<br />

s’intéresse à moi, il me dit même qu’il admire ma démarche d’être venue jusqu’ici !<br />

Comme dirait Gringo : « Il a pris confiance ! »<br />

Flores me pose <strong>des</strong> questions sur l’école, il me raconte qu’il n’a été qu’un an à<br />

l’école et c’était une école de campo !<br />

On est vraiment bien ici, tranquille !<br />

Nous prenons ensuite un maté ! Puis c’est l’heure de la sieste pour Flores !<br />

Quant à moi, je continue de discuter avec Martin qui me dit de rester vivre ici, dans<br />

un campo !<br />

Il doit être 14h quand on se remet au bouleau ! Il nous reste environ 9 trous à<br />

creuser car il y en a 18 en tout !<br />

<strong>Sur</strong> <strong>les</strong> deux premiers, je sors la terre sans trop de problèmes mais <strong>les</strong> deux derniers<br />

sont plus problématiques ! La montagne <strong>des</strong>cend et ce n’est pas très évident de<br />

creuser un trou en bordure du vide ! En fait, il faut faire attention à ne pas être<br />

déséquilibrée par le poids de la pelle pleine de terre, c’est tout !


15h30 ! Nous avons terminé de creuser <strong>les</strong> 9 trous derniers trous !<br />

On range tout le matériel, c'est-à-dire qu’on <strong>les</strong> cache dans <strong>les</strong> broussail<strong>les</strong> ou dans<br />

la terre.<br />

On selle <strong>les</strong> mu<strong>les</strong> et mon cheval. Je récupère la doudoune, le poncho, la cagoule,<br />

le sac à dos et nous voilà repartit !<br />

Je reconnais la route de ce matin ! C’est plus facile quand il fait clair, en plus, il fait<br />

plus chaud, il y a du soleil et nous bavardons nettement plus que ce matin !<br />

Oui, je suis contente ! J’ai en quelque sorte gagner la confiance de ce gaucho qui se<br />

dit fier et réticent aux photos !<br />

Nous arrivons vers 17h chez Flores. On <strong>des</strong>selle <strong>les</strong> chevaux. Je retrouve Marta qui<br />

me prépare un thé.<br />

Puis je prends quelques dernières photos d’ici.<br />

Je continue de parler avec Marta. J’ai rarement rencontré quelqu’un comme ça…<br />

elle m’a ouvert sa porte sans même me connaître, sans même chercher à savoir qui<br />

j’étais…j’en reste émerveillée !<br />

On prend notre thé en rigolant ! Je n’ai vraiment aucune envie de partir !<br />

Marta…<br />

Il est 17h45 quand je cours pour ne pas louper le bus.<br />

Je serre très fort Marta dans mes bras, embrasse Flores et grimpe dans le bus<br />

bondé.


J’ai <strong>les</strong> larmes aux yeux en quittant « El Nogalar ». C’est presque la fin de mon<br />

<strong>voyage</strong>. Je n’ai vraiment pas envie de m’en aller, je veux rester encore, et découvrir<br />

encore…je <strong>les</strong> aime ces gens !<br />

Il est 18h15 lorsque j’arrive à Chicoana.<br />

Je passe à « l’hôtel » déposer mes affaires, file dans un cyber histoire de prévenir de<br />

la date et l’heure de mon arrivée à Paris. Non ! Je ne veux pas penser au retour !<br />

Je retourne chez Carina, qui me propose de prendre un thé. Dorita (la mère de<br />

Carina et la gérante de l’hôtel), me dit qu’un garçon, Ricardo (le jeune homme de<br />

dimanche soir dernier) est passé me chercher dimanche matin mais que je n’étais<br />

pas là ! Oups !!!!!<br />

Je l’avais complètement oublié ! Je suis un peu gênée sur le coup, mais je continue<br />

à prendre mon thé.<br />

De toute façon, c’était plus ou moins un bourgeois qui cherchait juste à draguer une<br />

petite française…il n’avait pas grand-chose de <strong>Gauchos</strong> à mes yeux.<br />

Avec Carina, on sort faire un tour dans Chicoana où l’on croise Gringo. On parle un<br />

peu et il me dit qu’il passe me chercher d’en environ une heure.<br />

On rentre vers 20h, ça me fait du bien de parler avec Carina.<br />

Puis, le sport redémarre alors je remonte dans ma chambre ou plutôt celle où loge<br />

mes affaires.<br />

Quelques instants plus tard, le téléphone sonne ! Carina monte pour me prévenir que<br />

c’est Ricardo au téléphone. Je lui fais un signe de la main qu’elle comprend<br />

parfaitement puisqu ‘elle invente un gros mensonge comme quoi je ne suis pas<br />

encore rentré.<br />

Tout ce que j’espère c’est de ne pas le croiser dans Chicoana ce soir !<br />

A la même minute, Gringo frappe à la porte. Je prends mon sac à dos, mon poncho,<br />

le chapeau et VAMOS !<br />

Gringo m’emmène manger dans ce même restau (celui <strong>des</strong> œufs et <strong>des</strong> frites en<br />

<strong>des</strong>sert). Pour ce soir, ça sera côtelette et riz. D’ailleurs, c’est délicieux !<br />

Puis, avec Gringo, on se projette. Il me dit de venir un an ici pour que j’organise <strong>des</strong><br />

balla<strong>des</strong> à cheval dans <strong>les</strong> montagnes, que comme ça <strong>les</strong> gens pourraient par<br />

exemple manger chez Antolina qui est une bonne cuisinière, dormir chez Marcelina<br />

qui a de la place chez elle…<br />

Nous continuons à parler, à s’imaginer <strong>des</strong> choses et d’autres.<br />

Il est 21h45 quand nous rentrons. Nous nous asseyons dans la cuisine, et nous<br />

parlons, de tout, pendant une heure même deux, nous discutons vraiment de tout.<br />

Que je me sens bien ! Je ne suis vraiment pas décidé à partir, et pourtant, c’est<br />

demain que je vais à Salta pour acheter mon ticket de bus pour retourner à Buenos<br />

Aires.<br />

On aurait bien discuté toute la nuit, d’ailleurs il n’est pas loin de 2heures du matin<br />

lorsque l’on rejoint nos lits.<br />

Je m’endors, en pensant à ce village mythique ! Ce village où sur la place, il y a écrit<br />

« Attention, n’accrochez pas vos chevaux sur la place ! » Ah ! Chicoana !


Vendredi 26 août :<br />

8h30 : Je me lève, je m’attends à rejoindre Gringo dans la cuisine, mais personne !<br />

Je jette un coup d’œil dehors, toujours rien.<br />

J’attends quelques minutes, puis vu que Gringo ne vient toujours pas, je décide de<br />

me rendre sur la place qui est à dix minutes à pieds.<br />

J’arrive sur la place, il n’y a toujours pas de Gringo !<br />

Mais où est il passé ?<br />

Je remonte donc en direction de la maison, et je le vois, qui arrive, face à moi, en<br />

bicyclette !<br />

En fait, il m’explique qu’il était parti téléphoner.<br />

Il me donne <strong>des</strong> sous pour que j’aille acheter du pain pour prendre le petit dej’<br />

pendant qu’il va chercher le filet et la selle du cheval sur lequel <strong>les</strong> deux petits<br />

handicapés vont monter.<br />

Gringo m’emmène ensuite chez une dame qui l’a hébergé pendant un an, à<br />

Chicoana, quand il faisait beaucoup de Domas.<br />

C’est là-bas que nous prenons notre petit déjeuner, en compagnie de cette dame,<br />

qui, me l’explique Gringo, comme la plupart <strong>des</strong> habitants de Chicoana, était<br />

auparavant « muy gaucha ».<br />

Il est 10h lorsque nous saluons cette femme et que nous partons en direction du<br />

camping, pour aller chercher le cheval.<br />

Nico, l’enfant handicapé y est déjà. Nous brossons ensemble le cheval, on le selle et<br />

le petit monte <strong>des</strong>sus.<br />

On reste dans le camping, Nico, comme la semaine dernière, nous fait part de ses<br />

cris de joie.<br />

Moi, j’admire <strong>les</strong> montagnes, je m’imbibe de toute cette énergie qu’el<strong>les</strong> dégagent,<br />

ces montagnes. Je suis à moitié triste ! C’est déjà presque finit !<br />

On passe par <strong>les</strong> fleuves <strong>des</strong>séchés pour ramener Nico, rien que ça, ça me rappelle<br />

déjà <strong>des</strong> souvenirs…<br />

Nous passons devant une école et une prof me demande si je pourrais parler de la<br />

France et de ce que je fais ici dans sa classe. Je lui explique que je m’en vais<br />

demain, alors on programme ça pour tout à l’heure, à 11heures.<br />

Nous ramenons donc Nico chez lui et l’autre enfant monte en selle.<br />

Je marche aux côtés de Gringo et d’une de ses collègues qui me fait rigoler. Elle me<br />

montre une photo de son petit enfant de trois ans, habillé en gauchos, qui sait<br />

monter à cheval et danser !<br />

Nous arrivons sur la place, je me rends à l’école et dans <strong>les</strong> classes <strong>des</strong> 4 ème grados,<br />

c'est-à-dire qu’ils ont environ dix ans.<br />

Lorsque j’arrive dans <strong>les</strong> classes, <strong>les</strong> 25 petits bouts de choux se lèvent et me disent<br />

en chœur : « Buen dia Senorita ! » ça me fait rire et je me sens tout de suite bien.<br />

Les questions fusent, ils sont curieux <strong>les</strong> petits argentins ! Ça fait plaisir à voir !<br />

Bientôt le tableau se remplie <strong>des</strong> noms de mes parents et de mes frères et sœurs,<br />

puis de<br />

«Salut= Hola » ou encore « maison=casa » etc…<br />

Je leur explique aussi le système scolaire français.


Le tableau devient donc un mixe entre <strong>les</strong> Bienvenidos et <strong>les</strong> maternelle, primaire,<br />

collège, lycée, écrits dans tous <strong>les</strong> sens. Il y a même un ZELLIDJA, écrit en gros en<br />

haut du tableau !<br />

Les enfants continuent à me poser plein de questions, ils sont adorab<strong>les</strong> !<br />

D’ailleurs, il est déjà midi et c’est l’heure d’aller manger pour <strong>les</strong> enfants, nous<br />

devons alors arrêter notre discussion. J’essaie de prendre une photo de toute cette<br />

petite troupe mais mon fichu appareil photo ne veut pas s’ouvrir ! Oh ! Je suis<br />

dégoûtée ! Tant pis, ce souvenir restera pour moi…<br />

La prof, pour me dire au revoir, me serre dans ses bras et <strong>les</strong> 25 enfants, un par un,<br />

se dirigent vers moi pour me faire chacun leur tour un bisou !<br />

C’est vraiment fantastique !<br />

Les enfants retournent à leur place, puis leur maîtresse leur dit : « Et qu’est ce qu’on<br />

dit à Clémentine, avant qu’elle ne repartes en France ? »<br />

Et, il y a ce petit garçon, au milieu de la classe, qui a dit un peu plus fort que <strong>les</strong><br />

autres : « Et que ton souhait de découvrir le monde se réalise ! » J’en aurais pleurer<br />

tellement c’était émouvant !<br />

Je quitte l’école, émue ! Je retrouve Gringo sur la place. On achète <strong>des</strong> légumes et<br />

du gaz pour ce midi.<br />

Moi à cheval, lui en vélo, je repasse devant l’école, <strong>les</strong> mains chargées de sacs de<br />

légumes et toutes <strong>les</strong> petites mains <strong>des</strong> élèves flottent dans <strong>les</strong> airs, puis <strong>les</strong> « ciao »<br />

fusent. Et moi, je suis là, au petit trot, sous le soleil, <strong>les</strong> saluant également, <strong>les</strong><br />

larmes aux yeux.<br />

Je rejoins donc Gringo chez lui. Nous voilà donc à faire la cuisine ! Je précise que<br />

c’est une activité totalement exceptionnelle pour moi qui ne sait rien faire d’autre que<br />

<strong>des</strong> pâtes ! (Et encore !)<br />

Me voilà donc à éplucher <strong>des</strong> ognons, puis une sorte de citrouille et je coupe ensuite<br />

<strong>des</strong> patates sucrées. On met le tout à cuire, il y en a pour ½ heure.<br />

En attendant, on fait cuire quelques empanadas que l’on déguste avec <strong>des</strong> tomates.<br />

Gringo lui se fait un sandwich citron/fromage !<br />

Enfin, notre bouillon de légumes est prêt, nous le dégustons avec appétit puis je fais<br />

la vaisselle pendant qu’il l’essuie.<br />

14h00 : Nous partons pour Salta. Nous faisons la sieste dans le bus qui nous y<br />

emmène. Arrivés là-bas, nous passons tout d’abord au terminal de bus pour que je<br />

puisse prendre mon ticket de bus. C’est un peu la galère pour avoir une info ici ! Il y a<br />

<strong>des</strong> comptoirs partout, en dehors du terminal, à l’intérieur. On se renseigne alors à<br />

une sorte d’accueil qui nous dit que c’est risqué de prendre un tarif économique car :<br />

« On sait quand <strong>les</strong> bus partent, mais on ne sait pas quand ils arrivent ! »<br />

Après pas mal de renseignements, je décide de prendre la compagnie la moins<br />

chère qui part dimanche midi et arrive lundi matin à 9h00 à Buenos Aires, tout en<br />

sachant que je dois être à l’aéroport à 11h00.<br />

J’avoue que je ne suis pas très rassurer quant au peu de temps que je laisse au bus<br />

pour avoir du retard sur un trajet de 2000km, mais nous verrons bien…<br />

Ensuite nous marchons environ pendant 1Km pour aller voir sa sœur.<br />

La duena n’est pas là et la sœur de Gringo a vraiment l’air exténuée !<br />

Nous ne restons pas longtemps, nous filons vers le marché artisanal.


Oui, malgré mon oubli de numéro de carte bancaire, il me reste encore un peu<br />

d’argent pour ramener quelques souvenirs à la famille !<br />

Il est environ 16h30 lorsque nous y arrivons. C’est long 2Km à pieds !<br />

Je trouve un poncho salténéen que j’achète plus pour me rappeler tous ces<br />

moments où j’étais enfouie dans celui de Gringo que pour le souci d’en avoir un.<br />

Je trouve <strong>des</strong> souvenirs pour tout le monde relativement facilement. J’achète aussi,<br />

inévitablement quelques feuil<strong>les</strong> de coca…<br />

Puis, pour faire plaisir à Gringo, je lui offre un alfajor, enfin deux, que nous<br />

partageons ensemble.<br />

Il est relativement tard lorsque nous faisons demi tour ! Je m’arrête dans une épicerie<br />

pour acheter un pot de dulce de leche, ça aussi c’est inévitable !<br />

Nous trouvons ensuite un arrêt de bus et paf, ce foutu bus nous est passé sous le<br />

nez !<br />

Je propose donc à Gringo de retourner dans le centre à pieds, histoire de ne pas<br />

attendre une demi heure le bus ici, à ne rien faire.<br />

Nous nous arrêtons dans le marché couvert, où je trouve mes derniers cadeaux…<br />

Il ne me reste plus beaucoup d’argent, j’espère ne pas avoir trop de problème à<br />

Buenos Aires lundi matin.<br />

On se décide ensuite pour trouver un remis, mais pas de chance, personne ne va à<br />

Chicoana ce soir ! Du coup, nous retournons à l’arrêt de bus.<br />

Il est 20h30. On attend un peu. Il y a au moins 5 ou 6 bus qui nous passe devant<br />

mais aucun n’est le bus jaune numero 5B à <strong>des</strong>tination de Chicoana !<br />

Enfin ! Le bus arrive ! Wah ! Il est bondé ! Je me bats pour rentrer à l’interieur du bus,<br />

surtout avec mes 50 sacs de cadeaux ! Quelle idée !<br />

Une heure après, nous voilà à Chicoana.<br />

Je pose toutes mes affaires chez Carina ! On rentre chez Gringo, on fait réchauffer<br />

la soupe, on prend un thé.<br />

Puis nous allons nous coucher, ce soir on dort dans la même chambre, car son<br />

neveu est là aussi. Alors nous discutons avec Gringo, on se dit qu’on va se manquer,<br />

je promets que je reviendrais…j’explique à quel point je l’aime, ce village !<br />

Samedi 27 août:<br />

8h00: Debout! On se lève et Gringo part chercher du pain pendant que je me lave.<br />

On se fait un bon petit déjeuner, pain beurre, presque à la bretonne !<br />

Ensuite, nous allons chercher le cheval « Alazan » que l’on emmène chez Paulito, le<br />

frère de Tatie.<br />

Je m’en vais ensuite, à cheval, avec Paulito derrière moi, à la conquête de deux<br />

autres chevaux pour que nous puissions nous rendre, tous <strong>les</strong> trois, à Villa Vista.<br />

Il me dit où aller, car j’ai beau diriger le cheval, je n’ai aucune idée de l’endroit où l’on<br />

va !<br />

On arrive au galop devant le champs, mais celui-ci est fermé et Paulito a beau<br />

crier : « Senora, Senora !!!! », personne ne répond !<br />

Nous faisons donc demi tour, cette fois, à la recherche de Gringo qui est<br />

apparemment parti chez son amie la chilienne, nous le rejoignons donc là-bas.<br />

J’entends de loin une voix qui me crie : « La Clementina ! »Je me retourne, je suis<br />

toute émue de revoir toutes ces petites bouil<strong>les</strong> !


Nous ne restons pas longtemps. D’ailleurs, Paulito est déjà repartit à cheval pendant<br />

que Gringo et moi nous marchons jusque là haut !<br />

<strong>Sur</strong> la route, nous recroisons Paulito avec <strong>les</strong> trois chevaux, puis le voilà déjà<br />

repartit chercher un filet.<br />

Quant à Gringo et moi, nous nous en allons pour Villa Vista. Nous passons par une<br />

route encore inconnue pour moi, ce n’est pas la même que d’habitude.<br />

En fait, si j’ai bien compris, nous devons passer chez <strong>des</strong> « amis » à lui pour<br />

récupérer un potro que Gringo va dresser !<br />

Je découvre donc <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> TRES riches de la province de Salta ! C’est dingue !<br />

Je fus déjà impressionnée par l’immensité de la villa, mais le pire je crois c’est de voir<br />

<strong>les</strong> jardiniers attitrés !<br />

Gringo <strong>des</strong>cend de cheval et rentre dans un champs afin d’attraper ce potro qui est<br />

lui aussi magnifique malgré sa tumeur à l’œil ! Il lui met le licol, parle un peu avec son<br />

propriétaire et nous voilà repartit !<br />

En cours de route, Gringo change de cheval ! Il monte sur le potro et ce n’est pas de<br />

la tarte ! Pendant ce temps là, je me retrouve avec son autre cheval accroché à ma<br />

selle.<br />

<strong>Sur</strong> le chemin, nous croisons Paulito qui avait eu le temps de nous rejoindre.<br />

Je regarde encore et encore ces montagnes !!! El<strong>les</strong> vont me manquer !!!!<br />

Nous arrivons vite à Villa Vista. Nous retrouvons la maman de Gringo, toujours aussi<br />

adorable et inquiète pour moi !<br />

Puis, nous préparons à manger. C’est génial ici, parce que quand on fait la cuisine,<br />

pendant que la nourriture cuit, Gringo trouve toujours quelque chose d’autre à nous<br />

faire goûter, ce qui fait que quand on se met à table, on a déjà presque plus faim !<br />

D’ailleurs, Gringo sort quelque chose du frigo qu’il met sur du pain et il me<br />

dit : « C’est du cheval ! » Je lui dis que non, ce n’est pas possible !<br />

Puis, il insiste en me disant que <strong>les</strong> <strong>Gauchos</strong> mangent <strong>des</strong> chevaux ! Le pire c’est<br />

que je ne reconnais pas la viande, si ça se trouve, c’est vraiment du cheval !<br />

Il m’en donne un bout que je goûte par simple curiosité.<br />

Puis, ce n’est qu’une fois que l’on est tous à table qu’il m’avoue enfin que ce n’était<br />

pas du cheval, mais simplement un morceau de bœuf !<br />

Voilà, <strong>les</strong> spaghettis sont prêts, et nous mangeons, malgré tout, avec appétit !<br />

Ensuite, comme promis, je cuisine du « Dulce de Cayote » avec l’aide de la mère de<br />

Gringo. J’épluche <strong>les</strong> « fils » du Cayote, je ne sais d’ailleurs pas de quel fruit il s’agit.<br />

On met le tout à cuire avec du sucre.<br />

Il est 14h20 quand je m’en vais avec Paulito pour ramener <strong>les</strong> chevaux.<br />

Maintenant, je connais bien le bouleau ! <strong>Sur</strong> la route, on discute, il me dit qu’il a 15<br />

ans, me raconte un peu l’histoire de sa famille, il ressemble à sa sœur, il a la même<br />

force en lui…<br />

On arrive dans le champ, on lance nos chevaux au galop pour ramener <strong>les</strong> autres.<br />

Il faut tout d’abord réussir à trouver la porte de sortie !<br />

Ah ! Ça y’est, la voilà ! Je repars donc dans l’autre sens au galop et pousse <strong>les</strong><br />

chevaux vers cette porte, en poussant quelques cris ! Et oui, je commence à<br />

maîtriser le « huiiiii » que Gringo m’a appris !


Nous ramenons donc <strong>les</strong> chevaux. Puis, je vais jetter un coup d’œil sur le « Dulce<br />

de Cayote », il a l’air de bien prendre.<br />

Nous repartons, tous <strong>les</strong> trois, chercher Chapulin, dans <strong>les</strong> montagnes.<br />

On arrive à un croisement, on n’a aucune idée de quel côté il est ! On y va donc au<br />

feeling, on prend à droite.<br />

On fait tout le tour et nous revenons au point de départ ! Il fallait prendre à gauche !<br />

Au bout de quelques foulées de galops vers la gauche, on aperçoit Chapulin !<br />

Je <strong>des</strong>cends de cheval et je l’attrape, je change la selle, libère mon autre cheval et<br />

me revoilà sur Chapulin !<br />

Ça fait un bien fou !<br />

Il faut ramener <strong>les</strong> autres chevaux <strong>des</strong> montagnes vers la porte.<br />

Wahh ! Je galope dans le maïs qui me griffe le visage !<br />

Le soleil brille au <strong>des</strong>sus de ma tête et je slalome entre <strong>les</strong> branches, au grand<br />

galop !<br />

C’est magique !<br />

Une fois que l’on a déposé <strong>les</strong> chevaux là haut, nous repartons et Gringo me dit :<br />

« On galope ? » Je lui renvoie un sourire et devant cette belle plaine qui s’offre à<br />

nous, je lance Chapulin au galop, je vais tellement vite, je me laisse porter par le<br />

vent !<br />

Mon cœur crie « LIBERTE » !<br />

Ce cheval est magique, cet endroit est magique ! Je n’ai jamais été aussi<br />

heureuse !!!!!<br />

Je voudrais que cet instant n’ai pas de fin, qu’il dure toujours…<br />

Nous arrivons près de la porte, faisons sortir <strong>les</strong> chevaux, puis nous arrivons près de<br />

la maison.<br />

Gringo me dit qu’il doit castrer un jeune potro.<br />

Il attrape donc le jeune cheval, l’attache avec son lasso, l’allonge par terre, vérifie<br />

qu’il est bien attaché.<br />

Il lui attrape ensuite <strong>les</strong> testicu<strong>les</strong> et c’est seulement avec son couteau qu’il coupe le<br />

testicule et tire fort pour lui enlever ! Le cheval a l’air de souffrir un peu mais dans<br />

l’ensemble tout se passe bien, le testicule est sorti et le cheval se remet debout avec<br />

fougue !<br />

Je demande à Gringo ce qu’il fait <strong>des</strong> testicu<strong>les</strong>, une fois qui <strong>les</strong> a ôté du corps du<br />

cheval et celui-ci me répond tout simplement qu’il <strong>les</strong> mange !<br />

Et quelques minutes plus tard, nous voilà dans la cuisine, moi en train de tourner le<br />

« Dulce de Cayote » et Gringo en train de faire cuire le testicule.<br />

Nous prenons notre maté avec du pain et de la confiture d’abricot, c’est la dernière<br />

fois, mon dernier maté ici !<br />

Et le voilà qui arrive avec son testicule servi comme sur un plateau.


Testicule (cuit) du « potro »castré il y a une heure…<br />

Il commence à couper le testicule puis il le porte à sa bouche !<br />

Il m’en offre généreusement un morceau, je ne suis réticente à rien, même pas à<br />

ça !<br />

je porte alors à ma bouche la fourchette contenant une partie du testicule du pauvre<br />

poulain de tout à l’heure !<br />

Je n’irais pas dire que cela est bon mais je n’en suis pas morte !<br />

Une fois ma bouchée avalée, Gringo me dit : « Tu sais que c’est aphrodisiaque !!! »<br />

<strong>Sur</strong> ces paro<strong>les</strong>, me voilà morte de rire ! Il manquerait plus que ça !<br />

Gringo, lui, continue sa dégustation tout en expliquant que <strong>les</strong> meilleurs testicu<strong>les</strong>, ce<br />

sont ceux de taureaux car ils sont plus gros !<br />

Nous repartons encore à cheval, une dernière fois tous <strong>les</strong> deux !<br />

<strong>Sur</strong> le chemin, il m’explique que <strong>les</strong> vétérinaires ont peur de castrer <strong>les</strong> chevaux.<br />

En fait, c’est une opération dangereuse et il y en a beaucoup qui meurent. Il me dit<br />

que lui, sur <strong>les</strong> 61 castrations qu’il a effectuées, seulement deux chevaux sont morts.<br />

Gringo, il fait tout avec <strong>les</strong> chevaux ! Il pose <strong>les</strong> fers, il <strong>les</strong> dresse, il <strong>les</strong> castre…ça<br />

m’impressionne !<br />

Il est 19h30, je dois retourner à Chicoana où je vais passer la nuit.<br />

Je pars donc en compagnie de Paulito et sur le dos de Chapulin pour encore deux<br />

heures de route !<br />

C’est ma dernière nuit ici, je suis heureuse de la passer en compagnie de Chapulin !<br />

(Du moins, une partie !)<br />

Cette nuit est magnifique, elle ne manque pas d’étoi<strong>les</strong> !<br />

<strong>Sur</strong> le chemin qui quitte la « Cavaldera », je regarde <strong>les</strong> montagnes qui m’entourent,<br />

quelques larmes coulent sur mon visage. Je préfère ne pas me retourner…Je<br />

n’arrive pas à croire que je m’en vais…déjà !<br />

Nous continuons notre route et je commence à discuter avec Paulito.<br />

Il est bien comme sa sœur ! Ce qu’il aime c’est le campo et par-<strong>des</strong>sus tout, <strong>les</strong><br />

chevaux !


Il maudit la ville et l’école au plus haut point, ce qu’il aime c’est la liberté, la<br />

tranquillité, <strong>les</strong> amis…<br />

Nous sommes proches de Chicoana ; je ne veux pas quitter Chapulin…<br />

Nous y arrivons, il est 21h30 !<br />

Je <strong>des</strong>cends de cheval à contrecoeur devant la maison de Carina.<br />

Je regarde Chapulin dans <strong>les</strong> yeux et j’embrasse ses naseaux…<br />

Je n’oublierais jamais ce cheval, qui fut, lui aussi, un de mes plus beaux<br />

compagnons de <strong>voyage</strong> !<br />

J’embrasse également Paulito en lui promettant de revenir un jour par ici. Puis je <strong>les</strong><br />

regarde s’en aller…je ne peux retenir mes larmes…<br />

Je frappe à la porte, personne. C’est étrange, il y a pourtant de la lumière. Je<br />

refrappe, j’attends un peu.<br />

Je vais voir au centre téléphonique si Dorita est là, mais toujours personne !<br />

Oh ! J’en ai marre ! Je frappe encore à la porte et toujours pas de réponse.<br />

Je jette un coup d’œil à la fenêtre, celle-ci est entre ouverte. Du coup, j’ouvre <strong>les</strong><br />

rideaux, passe mon sac de l’autre côté de la fenêtre, puis, je grimpe sur le mur et<br />

enjambe la fenêtre !<br />

Et voilà, me voilà dans la maison !<br />

J’en ai marre ! Je ne veux pas partir !<br />

Dans la chambre, je vide mon sac, j’étale toutes mes affaires de long en large dans<br />

la chambre. C’est un sacré bazar !<br />

Je vais prendre une douche, enfin ce qu’on appelle une douche par ici !<br />

Puis, je fais mon sac ! La cata ! Il y’en a partout, de toute sorte ! Je mets tous mes<br />

vêtements en vrac dans le sac à dos, de toute façon plus rien n’est propre !<br />

Heureusement que j’ai <strong>des</strong> vêtements à donner à Paulino sinon je ne sais pas avec<br />

combien de sac j’aurais dû rentrer !<br />

D’ailleurs, dans <strong>les</strong> vêtements que je laisse ici et qui iront à Paulino, il y a la veste de<br />

grande marque de Ricardo. Je rigole en pensant que là haut dans <strong>les</strong> montagnes, un<br />

homme de 82 ans qui vit sous un toit de paille et pieds nus, portera une veste<br />

« Puma », qui coûte vraiment cher ici !<br />

Il est 23h quand je me couche…Je n’arrive pas à m’endormir…<br />

Il y a <strong>des</strong> moments que l’ont voudraient éterniser…<br />

Dimanche 28 août :<br />

Je n’arrive pas à dormir ! J’ai mal au ventre et vraiment aucune envie de me lever !<br />

Je ne veux pas partir !!!!<br />

Il est 9h30 quand je me décide à sortir du lit. Je <strong>des</strong>cends l’escalier avec mon sac à<br />

dos et mes deux autres sacs.<br />

Carina est déjà debout, elle m’avait préparé un thé.<br />

Oh ! C’est triste !<br />

En plus, Gringo se fait attendre, il est 10heures et il n’est toujours pas là !<br />

Mais le temps passe vite, je parle avec Carina. Elle n’arrête pas de me dire de<br />

revenir !<br />

Elle me dit aussi que c’est risqué d’avoir pris un bus aussi tard ! Remarque elle n’a<br />

pas totalement tord, demain à cette heure là, je dois être à l’aéroport de Buenos<br />

Aires, qui est à environ 2000Km d’ici !


Gringo arrive enfin ! Je remercie Carina pour tout, lui promet de lui donner <strong>des</strong><br />

nouvel<strong>les</strong> ! Elle va me manquer…Oh ! J’aime pas <strong>les</strong> au revoirs !<br />

On se rend sur la place et nous attendons le remis.<br />

Je regarde autour de moi, ce petit village est vraiment extraordinaire !<br />

J’ai du mal à monter dans le remis, me dire que je m’en vais ! C’est dur !<br />

On est 6 dans le remis, sans compter mes deux sacs à dos ! Je regarde une dernière<br />

fois <strong>les</strong> montagnes, je repense à Chapulin, à tout ce que j’aie vécu, à Antolina,<br />

Marcelina, Flores, Marta, Lisandro et tous <strong>les</strong> autres…<br />

11h30 : Nous arrivons à Salta ! Le remis nous dépose devant le terminal.<br />

Avec Gringo, on s’asseoit sur <strong>les</strong> sièges, en attendant que le bus arrive. A vrai dire,<br />

nous ne sommes pas très bavard. Je crois surtout que l’on est très triste et que l’on<br />

ne sait pas comment l’exprimer…<br />

Gringo prend un de mes cahiers et écrit <strong>des</strong> choses concernant le tabac, puis <strong>des</strong><br />

vers <strong>Gauchos</strong>.<br />

Je lui demande de m’écrire un peu sa vie, ce qu’il a vécu, tout ça…<br />

Puis, il me donne une pièce de 1$Ar et me dit d’aller m’acheter quelques derniers<br />

Dulces, je lui en ramène un qu’il insiste pour qu’on le partage…<br />

C’est vraiment très dur !<br />

Il est 12h30, voilà le bus !<br />

On se dirige à contrecoeur vers la platforme n°13.<br />

Je mets mon gros sac à dos dans la soute.<br />

Je suis là, sur le trottoir, à attendre…<br />

Puis Gringo me prend dans ses bras pour me dire au revoir. Il me remercie alors que<br />

c’est lui qui m’a tellement apporté ! Je mets à pleurer dans ses bras.<br />

C’est tellement difficile de quitter cet endroit, ce Gringo ! C’était comme chez moi.<br />

Là-bas, ils étaient tous de ma famille !<br />

Ah, je ne préfère pas attendre plus longtemps pour monter dans le bus, c’est déjà<br />

assez dur ! Je donne mon ticket imbibé de larmes au chauffeur et je grimpe me blottir<br />

dans le siège du bus.<br />

Je jette un coup d’œil par la fenêtre et je vois Gringo qui me fait <strong>des</strong> grands signes !<br />

Je lui souris pendant que mes larmes continuent de couler.<br />

Il est 13h quand le bus quand le bus quitte le terminal de Salta. Je dis au revoir à<br />

Chicoana, à Salta, aux plus beaux moments que j’ai vécus et aux personnes <strong>les</strong> plus<br />

fantastiques que j’ai rencontré.<br />

Je sais que je reviendrais…peut-être dans dix ans, dans vingt mais je reviendrais…<br />

Normalement, je serais censée m’inquiéter de la façon dont je vais me débrouiller<br />

demain matin pour rejoindre l’aéroport qui est à trois quarts d’heure du terminal de<br />

Buenos Aires ; mais bizarrement, je crois que je m’en fous ! J’ai la tête complètement<br />

ailleurs.


Il est un peu plus de 17h, nous sommes arrêtés à Tucuman. J’ai le cœur rempli<br />

d’émotions in<strong>des</strong>criptib<strong>les</strong> et j’ai bien du mal à <strong>les</strong> mettre sur papier…<br />

La musique sonne dans mes oreil<strong>les</strong>, je ne l’écoute pas vraiment. Je repense à hier,<br />

aux testicu<strong>les</strong> de cheval !<br />

Puis je retrace mon <strong>voyage</strong> de long en large dans ma tête. Tous ces gens !<br />

De Chicoana, comme de Madariagua ! Puis, mes passages à télé et dans le<br />

journal ! Qui l’eu cru !?(Pas moi en tout cas !)<br />

Il est 19h30 et nous sommes seulement à Santiago Del Estrero ! Tout ce que<br />

j’espère c’est qu’il rattrapera son retard durant la nuit !<br />

C’est dingue tout ce qui vous passe par la tête dans un bus…<br />

Ah ! Une voisine vient d’arriver ! Bon, je suis condamner à faire le trajet avec mes<br />

deux sacs sur <strong>les</strong> genoux ! Tant pis ! Au moins, je n’aurais plus froid !<br />

Mais, c’est génial ! Dans ce bus on nous sert même à manger ! C’est à n’y rien<br />

comprendre ! L’autre avait deux heures de retard, ne donnait rien à manger mais<br />

coûtait presque deux fois plus cher !<br />

Je commence à discuter avec la jeune femme assise à mes côtés. Elle a 28 ans et<br />

est psychologue ! Et oui ! Je suis déjà loin <strong>des</strong> <strong>Gauchos</strong>, malheureusement !<br />

Cependant, ça me fait du bien de parler, je lui raconte brièvement ce que je suis<br />

venu faire ici.<br />

Puis, vers 22h, ils éteignent <strong>les</strong> lumières. Je tente de m’endormir, pliée en deux,<br />

histoire de ne pas avoir froid. De toute façon, je sais que quand on est fatiguée, on<br />

peut dormir n’importe où !<br />

Lundi 29 août :<br />

5h00 : Nous arrivons à Rosario,Angelina s’en va, comme la plupart <strong>des</strong> gens que je<br />

rencontre dans <strong>les</strong> bus, elle me quitte en me lançant un : « Suerte ».Je peux<br />

m’étendre un peu plus, je dors donc un peu.<br />

7h00 : « Café ? » !<br />

Nous sommes donc tous réveillés par le petit déjeuner qui fut plus un moment de<br />

discussion avec <strong>les</strong> deux fil<strong>les</strong> assises sur la rangée de siège en face de la mienne.<br />

El<strong>les</strong> viennent de Salta et une d’elle connaît bien Chicoana ! Du coup, la discussion<br />

se fait facilement et certains souvenirs remontent déjà à la surface !<br />

C’est Nathalia, la fille la plus à gauche qui est vraiment choquée de la manière dont<br />

je <strong>voyage</strong>, c'est-à-dire seule ! Ce qui la choque le plus, je crois, c’est que j’ai laissé<br />

ma famille en France.<br />

C’est surtout avec elle que je discute, puis elle me demande si j’ai un « Novio »,<br />

après avoir répondu, je lui retourne la question, et là tout devient compliqué :<br />

El<strong>les</strong> n’arrêtent pas de se jeter <strong>des</strong> regards en laissant apparaître un sourire gêné.<br />

Alors, moi je leur dit : « Vous avez le même petit copain ? », el<strong>les</strong> rigolent toutes <strong>les</strong><br />

deux et me répondent que non.<br />

Nathalia essaye de me chuchoter quelque chose mais je ne comprends rien !<br />

C’est seulement après cinq voire dix minutes que je comprends qu’el<strong>les</strong> sont<br />

ensemble, en couple quoi ! On en rigole bien dans tous <strong>les</strong> cas, puis ça nous fait un<br />

nouveau sujet de discussion !


Aïe ! Il est 9h00 et nous ne sommes toujours pas arrivés !<br />

En fait, c’est juste qu’il y a <strong>des</strong> bouchons sur Buenos-Aires. J’en profite pour<br />

demander à Nathalia si elle sait comment faire pour se rendre à l’aéroport. Elle me<br />

dit qu’elle ne sait pas vraiment, qu’il faudrait mieux que je prenne un remis car le bus<br />

qui y va directement coûte plus cher, et que si je prend un bus « normal », je ne<br />

serais jamais à l’heure pour attraper mon avion !<br />

Le seul problème c’est qu’un remis vaut environ 45$Ar et qu’il ne me reste que<br />

30$Ar !<br />

Il est 9h30 lorsqu’on arrive ! Ouf !<br />

Je récupère rapidement mon sac à dos. Je fais mes adieux aux jeunes fil<strong>les</strong> grâce à<br />

qui j’ai passé une agréable fin de <strong>voyage</strong> !<br />

Puis, à peine rentrée dans la gare routière, que je tombe sur un « remisario » à qui je<br />

dis sans vraiment réfléchir : « Vous pouvez me déposer à l’aéroport ? »<br />

Il me répond qu’il n’y a pas de problèmes.<br />

Je le préviens cependant que je n’ai que 30$Ar. Il me répond que vu qu’il habite près<br />

de l’aéroport, ça l’arrange et que donc, malgré que le trajet coûte 45$Ar, il veut bien<br />

m’y emmener ! Ouf ! J’ai bien de la chance ce matin dis donc ! En plus, je ne sais<br />

pas pourquoi mais je le sens bien ce « remisario ! »<br />

Je me retrouve donc dans sa voiture, à parler avec lui. On se raconte nos vies.<br />

Il me parle de ses quelques <strong>voyage</strong>s aux Etats-Unis, qu’il a étudié un an là-bas et<br />

que, financièrement ça a été dur !<br />

Je lui parle de ce que je suis allé faire ici. La route est longue, mine de rien, pour se<br />

rendre à l’aéroport !<br />

Il est 10h45, lorsque l’on arrive à l’aéroport ! En voiture, c’est simple de trouver où il<br />

faut aller. En fait, c’est « trié » par compagnie. Il me dépose donc devant le comptoir<br />

Ibéria et m’accompagne même à l’intérieur ! Je le remercie pour tout et lui donne<br />

avec plaisir <strong>les</strong> 30$Ar qui me reste !<br />

Je trouve mon vol assez facilement, il n’y a pas grand monde à vrai dire. Pendant<br />

que j’enregistre mes bagages, l’homme derrière le comptoir me dit même que j’aie<br />

de beaux yeux ! Ah ! Les Argentins !<br />

Ensuite, je passe au contrôle <strong>des</strong> bagages à mains, puis la jeune femme qui fait le<br />

contrôle parait intriguée par mon sac à dos d’où sort un manche de guitare enrobé<br />

de sac plastique et recouvert par mon chapeau ! Elle me demande donc de l’ouvrir et<br />

elle y trouve <strong>les</strong> polotos ainsi que le « dulce de Cayote ».<br />

Elle me regarde d’un air bizarre et me demande ce que c’est. Je lui réponds en<br />

rigolant : « Dulce de Cayote, vous pouvez goûter ! ».<br />

Un homme à ses côtés contemple mon chapeau et me dit : « Il vient du nord, ce<br />

chapeau ! » Intriguée, je lui réponds que oui, que je viens de Salta, de Chicoana<br />

même.<br />

Impressionné, il n’en croit pas ses oreil<strong>les</strong> ! En fait, il m’explique qu’il vient d’El<br />

Carril, un petit village près de Chicoana.<br />

Ensuite, c’est le tour du contrôle d’immigration, j’y vais de bonne humeur, plutôt<br />

heureuse de ma dernière rencontre ! On tamponne mon passeport, il me reste<br />

quelque chose que je n’avais pas prévu ! Les taxes d’aéroport !


Ouaille ! J’ai ma carte, mais je n’ai pas le code !<br />

En fait, comme par miracle, il ne demande pas le code, ils ont pris ma carte et…le<br />

paiement a été effectué ! Ouf ! Encore une fois, j’ai de la chance !<br />

Il est 11h45 : me voilà dans la salle d’embarquement. Finalement c’était pas la peine<br />

de s’inquiéter !<br />

Je n’ai vraiment aucune envie de quitter le sol argentin.<br />

La seule chose pour laquelle je suis contente de rentrer c’est que je vais ENFIN<br />

pouvoir prendre une bonne douche, longue et chaude avec BEAUCOUP d’eau !!!!!<br />

Il pleut sur Buenos-Aires, plus ça va et plus je me dis que j’aie vraiment eu une<br />

chance incroyable au cours de mon <strong>voyage</strong> !<br />

12h15 : On embarque !<br />

Contrairement à l’allée, je rentre dans l’avion à reculons !<br />

C’est le gros bazar dans l’avion, personne ne sait où s’asseoir. En fait, on dirait que<br />

tout le monde s’est décalé d’un rang…et ça fait toute une histoire !<br />

Je me contrefiche de ma place, je m’assois là où il n’y a personne et j’attends que<br />

tout ça soit réglé ! Finalement, on me dit que je dois me déplacer d’une rangée, et je<br />

me retrouve à côté…d’un français ! Je précise quand même que c’est le premier<br />

depuis presque un mois ! D’ailleurs, ça se ressent bien dans l’élocution ! Je suis<br />

incapable de prononcer une phrase en français sans y mettre un mot d’espagnol.<br />

Lui, me raconte qu’il est partit avec un pote et qu’ils ont fait tout le tour de l’Argentine<br />

en même pas un mois ! On se raconte donc nos <strong>voyage</strong>s complètement differents,<br />

certes mais, ils font tous <strong>les</strong> deux rêver…<br />

Après le repas, je demande à Stéphane son adresse email, je prends mon carnet de<br />

route pour la noter à la fin.<br />

Et qu’est ce que je vois sur la dernière page : <strong>des</strong> sortes de larves blanchâtres<br />

accrochées à cette dernière. Mon voisin paraît légèrement dégoûté mais moi je<br />

souris, ça reflète bien mon <strong>voyage</strong>, après tout !<br />

Il est 16h en Argentine. Je me demande bien ce que fait Gringo. Il doit être à cheval<br />

à Villa Vista, Antolina, elle, doit préparer le lait pour <strong>les</strong> chèvres…Marta plante peutêtre<br />

<strong>des</strong> ognons pendant que Flores finit de planter <strong>les</strong> troncs d’arbres à l’intérieur<br />

<strong>des</strong> trous que nous avons creuser. Quant à Ismaël et Carlos, ils doivent être à<br />

cheval, dans <strong>les</strong> plaines du campo, peut être en train de faire accoucher une vache.<br />

Et <strong>les</strong> montagnes règnent sans doute sur Chicoana…Ah ! Comme ça va me<br />

manquer !<br />

Je repense à tout ça, je me rends compte que je viens de réaliser un rêve. D’ailleurs,<br />

j’en ai <strong>des</strong> frissons…c’est tellement magique !<br />

Il doit être environ 20h00 (en Argentine), quand Sébastien se décide enfin à me<br />

montrer ses photos. Contrairement à mes photos, <strong>les</strong> siennes sont plus centrées sur<br />

<strong>des</strong> paysages, certes magnifique !<br />

En lui montrant <strong>les</strong> miennes, j’en ai presque <strong>les</strong> larmes aux yeux ! Je voudrais tout<br />

lui raconter en détails, mais je pense que je vais le saouler, alors j’abrège et tente de<br />

me reposer un peu…


Mardi 30 août :<br />

Il est 5h00 du matin lorsque <strong>les</strong> hôtesses nous servent un petit déjeuner, pour moi il<br />

n’est que minuit !<br />

Nous arrivons vite à Madrid ! Il faut que je me dépêche car je n’ai que 45 minutes<br />

avant que mon autre avion ne décolle !<br />

Je dis « Adios » à Sébastien et me voilà repartit à courir dans l’aéroport de Madrid !<br />

Je demande à un agréable « homme de la sécurité », comment faire pour aller au<br />

terminal 2. Il me dit que je peux marcher en suivant <strong>les</strong> panneaux…C’est partit !<br />

C’est long !<br />

Elle est où cette fichue porte E79 !<br />

C’est 20 minutes plus tard que j’y arrive, dégoulinante de sueur ! Et oui, j’ai quand<br />

même deux sacs de 5Kgs à porter.<br />

Je regarde autour de moi, que <strong>des</strong> français !<br />

Entre <strong>les</strong> jeunes fil<strong>les</strong> qui sont allées se faire bronzer sur <strong>les</strong> plages espagno<strong>les</strong> et<br />

<strong>les</strong> « mamadous », je suis perdue !<br />

Où sont passés mes argentins ????<br />

Me voilà installé dans l’avion ! J’ai peine à regarder la jeune femme à mes côtés qui<br />

se remaquille. Et dire que ça fait presque un mois que je n’ai pas pris de VRAIE<br />

douche !<br />

Il est 2h20 en Argentine, je n’ai toujours pas remis ma montre à l’heure française.<br />

L’avion mets du temps à décoller. Apparemment, il manque quelqu’un.<br />

Ah ! Il décolle enfin ! Maintenant, j’ai hâte d’arriver, je suis fatiguée… Je n’arrive pas<br />

à dormir, mes oreil<strong>les</strong> se bouchent ! Ce trajet fut le plus horrible de tous ! (Pourtant le<br />

moins long !)<br />

Je <strong>des</strong>cends de l’avion, récupère vite mes bagages. Mes grands parents sont censés<br />

venir me chercher mais je ne reconnais personne !<br />

Il est 9h30, j’en peux plus et j’ai vraiment pas la force de <strong>les</strong> chercher dans Orly<br />

Ouest ! Pourtant, il faut que je <strong>les</strong> trouve ! Je ne vais pas rester là à attendre ! Pfff !<br />

Je fais donc le tour, de long en large d’Orly Ouest, chargée comme une mule et<br />

toujours aussi crade !<br />

Mais, toujours personne !<br />

En plus, mon foutu portable ne veut pas s’allumer !<br />

Oh ! J’en ai ma claque ! Ça fait presque une heure que je <strong>les</strong> cherche ! Mais ils sont<br />

où ????<br />

J’aurais mieux fait de me débrouiller toute seule pour rentrer, ça aurait été plus<br />

efficace !<br />

Je demande à un jeune homme posé sur un banc si je peux lui emprunter son<br />

portable. Evidement, celui-ci me répond qu’il n’a pas d’unités !<br />

Grrr ! Je trouve donc un point téléphone et tente de me rappeler mon code…Ouf !<br />

C’est le bon !


Le seul problème c’est que personne ne répond ! J’appelle donc chez moi, histoire<br />

de rassurer mes parents que je suis bien arrivée, mais surtout de leur demander si ils<br />

savent où sont passés mes grands parents.<br />

Apparemment, ils seraient à Orly Sud ! A peine je raccroche le téléphone que je vois<br />

ma grand-mère qui s’approche pour se jeter dans mes bras.<br />

C’est terminé ! C’est impossible de décrire ce que je ressens…<br />

Je monte dans la voiture, tout est bizarre !<br />

Je jette un coup d’œil à ma montre, il est 6h du mat’ en Argentine…

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