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Dominique Laporte L'ut theatrum poesis chez George Sand : une ...

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<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong>. « L’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> : <strong>une</strong> poétique de la représentation »<br />

Arobase, 6, 1-2, (2002) : 58-65 www.arobase.to. © Arobase 2002. Toute reproduction, même partielle,<br />

par quelque procédé que ce soit, est interdite sans autorisation préalable (loi du 11 mars 1957, al.1 de<br />

l’art. 40). ISSN : 1292-8968.<br />

<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong><br />

French, Spanish, & Italian Department, University of Manitoba<br />

laported@Ms.UManitoba.ca<br />

L’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> : <strong>une</strong> poétique de la représentation<br />

Chez <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, le terme « représentation » recouvre au moins deux pratiques<br />

complémentaires : d’<strong>une</strong> part, <strong>une</strong> expérience concrète et variée de la scène 1 ; de l’autre,<br />

l’écriture de romans où sont dépeintes des représentations à caractère théâtral 2 . Si la carrière<br />

dramatique de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> a jusqu’ici fait l’objet de quelques monographies (Fahmy, 1934 ;<br />

Linowitz Wentz, 1978 ; Manifold, 1985), les liens référentiels des romans sandiens avec le<br />

théâtre convient toujours à <strong>une</strong> problématisation critique, nonobstant l’existence d’<strong>une</strong> thèse sur<br />

le sujet (Puel Dujardin, 1992).<br />

De tous les romans sandiens sur le théâtre, Le Château des Désertes a jusqu’ici le plus<br />

polarisé l’attention de la critique sandienne. Béatrice Didier (1992, pp. 37-53), entre autres, a<br />

mis en lumière l’originalité de cette oeuvre écrite quelque temps après l’inauguration du théâtre<br />

de Nohant, le 8 décembre 1846 (<strong>Sand</strong>, 1970a, pp. 559-560). Au lieu d’opter pour un récit où la<br />

description d’<strong>une</strong> représentation procède d’un point de vue externe (celle d’un narrateur<br />

extradiégétique ou d’un personnage hors scène), <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> imagine un narrateur, Adorno, qui<br />

relate sa première expérience sur scène. Le lecteur du roman appréhende ainsi la dynamique<br />

interne d’<strong>une</strong> représentation, et ce, au rythme où le narrateur évoque sa familiarisation<br />

progressive avec la scène, le spectacle en cours (<strong>une</strong> adaptation improvisée de Don Giovanni), et<br />

les autres acteurs.<br />

S’il opère <strong>une</strong> mise en abyme de la création théâtrale, le récit d’Adorno emblématise<br />

aussi <strong>une</strong> esthétique du regard. La description de la première représentation, par exemple,<br />

juxtapose deux expériences perceptives : l’illusion sensorielle, à laquelle concourent les<br />

éléments naturels du décor ; et la perception rectificative, qui infirme l’impression première :<br />

« Qu’on juge de ma surprise : j’étais assis sur <strong>une</strong> tombe! Je faisais monument dans un coin<br />

de cimetière éclairé par la l<strong>une</strong>. De vrais ifs étaient plantés autour de moi, du vrai lierre<br />

grimpait sur mon piédestal. Il me fallut encore quelques instants pour m’assurer que j’étais<br />

dans un intérieur bien chauffé, éclairé par un clair de l<strong>une</strong> factice » (<strong>Sand</strong>, 1992, p. 911).<br />

Estompant les limites conventionnelles d’<strong>une</strong> scène, le camouflage stylisé des coulisses, des<br />

quinquets et du plancher (p. 911), influe toutefois sur les perceptions du narrateur, qui en vient<br />

à concevoir la scène autrement. Au théâtre des Désertes, où l’absence de spectateurs déplace les<br />

1 Nonobstant les interruptions, l’activité théâtrale de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> va de l’adaptation à l’adolescence<br />

du Malade imaginaire, <strong>chez</strong> les Augustines anglaises de Paris (<strong>Sand</strong>, 1970b, p. 999), à la commedia<br />

dell’arte au théâtre de Nohant (<strong>Sand</strong>, 1970b, pp. 1235-1244), en passant par l’expérimentation des<br />

pièces destinées aux scènes parisiennes (Delamaire, 1992, pp. 10-25), et le théâtre de marionnettes<br />

(<strong>Sand</strong>, 1971, pp. 1245-1276).<br />

2 Les arts plastiques, telle la peinture, par exemple, comptent aussi parmi les modes de figuration<br />

<strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>. Pour les besoins de notre étude, nous considérerons la représentation romanesque<br />

de l’acte pictural comme <strong>une</strong> médiation emblématique de l’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong>.


<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong> 59<br />

enjeux de la représentation, l’illusion sensorielle ne résulte pas de trucages optiques observés du<br />

parterre, mais s’explique au contraire par un rapport tridimensionnel à l’espace scénique :<br />

« Les branches de cyprès qui s’entrelaçaient au-dessus de ma tête me laissaient apercevoir des<br />

coins de ciel bleu, qui n’étaient pourtant que de la toile peinte, éclairée par des lumières<br />

bleues. Mais tout cela était si artistement agencé, qu’il fallait un effort de la raison pour<br />

reconnaître l’artifice » (p. 911).<br />

Perçus dans un champ visuel restreint, en un ensemble idéalement harmonieux, les éléments du<br />

décor composent un microcosme mi-naturel, mi-factice. En cet espace stylisé, l’art rivalise avec<br />

la vie pour devenir, aux yeux de l’acteur, plus vrai que la réalité même.<br />

Considéré sous l’aspect de sa filiation génétique avec le théâtre de Nohant, Le Château<br />

des Désertes transpose, à certains égards, les recherches esthétiques mêmes de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> et<br />

de ses proches, telles l’utilisation de végétaux pour le décor (<strong>Sand</strong>, 1970a, p. 573), ou la<br />

confection de costumes dans un souci d’authenticité historique (<strong>Sand</strong>, 1970a, p. 571).<br />

Toutefois, ce type de recoupement ne rend compte qu’en partie d’<strong>une</strong> écriture qui, non<br />

seulement fictionalise ponctuellement <strong>une</strong> expérience scénique concrète (le théâtre de Nohant),<br />

mais reproduit aussi la forme dramatique même, comme l’exemplifient certains textes qui<br />

présentent des dialogues sous formes de répliques (Vierne, 1996, pp. 133-141). Chez <strong>George</strong><br />

<strong>Sand</strong>, les transferts inter-génériques posent néanmoins un problème épistémologique, comme<br />

l’expose en détail l’hommage à Delacroix dans Histoire de ma vie (1854-1855) :<br />

« Je ne parle pas de la couleur de Delacroix. Lui seul aurait peut-être la science et le droit de<br />

faire la démonstration de cette partie de son art [...] ; mais parler de la couleur en peinture,<br />

c’est vouloir faire sentir et deviner la musique par la parole. Décrira-t-on le Requiem de<br />

Mozart? On pourrait bien écrire un beau poème en l’écoutant ; mais ce ne serait qu’un poème<br />

et non <strong>une</strong> traduction ; les arts ne se traduisent pas les uns par les autres. Leur lien est serré<br />

étroitement dans les profondeurs de l’âme ; mais, ne parlant pas la même langue, ils ne<br />

s’expliquent mutuellement que par de mystérieuses analogies. Ils se cherchent, s’épousent et<br />

se fécondent dans des ravissements où chacun d’eux n’exprime que lui-même » (1971, pp.<br />

254-255),<br />

affirme <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> qui, à l’époque où elle écrit Histoire de ma vie, se heurte elle-même à<br />

l’incompatibilité entre l’oral et l’écrit. Elle constate en particulier la difficulté de transcrire la<br />

musique atonale du terroir, improvisée en des variations multiples (Didier, 1981, pp. 22-27).<br />

Elle note par ailleurs que l’écriture dramatique ne peut rivaliser avec l’investissement d’<strong>une</strong><br />

troupe au théâtre. « L’improvisation et l’inspiration de mes acteurs surpasseront tout travail<br />

possible d’auteur » (<strong>Sand</strong>, 1970a, p. 573), écrit-elle, par exemple, au moment où elle réalise<br />

avec ses proches <strong>une</strong> adaptation libre de Don Juan (décembre 1846).<br />

Nonobstant le cas limite du roman dialogué, dont le découpage structurel, les<br />

didascalies et les dialogues ne le distinguent pas d’<strong>une</strong> pièce écrite (Goldin, 1993, pp. 55-68),<br />

l’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> se traduit moins par <strong>une</strong> typographie mimétique que par<br />

des relations analogiques 3 . Dans La Daniella (1857), par exemple, le journal que tient un<br />

peintre en Italie problématise les enjeux d’un « art total ». Comme l’a souligné la critique<br />

sandienne (Poli, 1983, p. 37 ; Vierne, 1993, pp. 931-952), seules des métaphores musicales<br />

sont propres à évoquer des harmonies naturelles que ni la peinture (représentée dans le roman<br />

3 Dans le cadre de cet article, nous n’étudierons pas le cas inverse : soit l’adaptation théâtrale de<br />

romans, qui situe la question de l’intergénéricité par rapport à la genèse des pièces.


60<br />

L’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> : <strong>une</strong> poétique de la représentation<br />

par la praxis du peintre), ni même la littérature, ne peut imiter (les sonorités de girouettes, en<br />

l’occurrence). Le roman s’offre néanmoins comme un espace de représentation qui, à un niveau<br />

sémantique, sert de cadre à un mélange virtuel des genres. À cet égard, un spectacle hybride que<br />

décrit le peintre emblématise l’idéal d’un art total. Au sous-sol de la villa Mondragone, trois<br />

amateurs unissent leurs talents respectifs de musicien, d’acteur ou d’imitateur pour offrir un<br />

pot-pourri de leur cru. Puisant dans un répertoire commun, ils chantent des scènes lyriques<br />

qu’ils jouent en improvisant :<br />

« Il [le docteur] se mit à chanter avec volubilité tous les récitatifs comiques de la<br />

Cenerentola, passa au Don Juan, de Mozart, et, emporté par le menuet du final du premier<br />

acte, il dansa et mima avec Felipone, qui se prêtait à sa fantaisie sans y entendre malice, la<br />

scène de Mazetto avec Leporello. Le bon paysan essayait de sauter et de faire des passes, le<br />

docteur le bousculait, l’étourdissait et pensait à la Zerline dont il était le don Juan. Tartaglia<br />

[...] se sentit tellement électrisé par la belle musique et la belle danse du docteur, qu’il se mit à<br />

imiter tantôt la clarinette, et tantôt le basson, avec un grand succès » (1979b, I, p. 88).<br />

À première vue, ce type d’improvisation collective rattache La Daniella au théâtre de Nohant :<br />

comme le révèle la Correspondance de l’auteur, la composition du roman entre mai et<br />

novembre 1856 coïncide en effet avec la reprise du théâtre de Nohant, interrompu de janvier<br />

1855 à septembre 1856. « Je fais un roman pour la Presse (je crois) et le soir on joue la<br />

comédie improvisée sur canevas comme dans le Château des Désertes » (1979a, p. 74), écrit<br />

<strong>George</strong> <strong>Sand</strong> à Pierre-Jules Hetzel, le 20 octobre 1856. Un tel récit ressortit néanmoins à <strong>une</strong><br />

poétique du roman qui vise <strong>une</strong> stylisation du réel.<br />

Certes, <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> a pu s’inspirer de l’atmosphère qui régnait au théâtre de Nohant :<br />

comparé, par exemple, à la création d’Ote donc ta barbe, le 8 septembre 1856, que rapportent<br />

successivement les Agendas (1990, p. 405) et la Correspondance (1979a, pp. 41-42), l’épisode<br />

de La Daniella suggère <strong>une</strong> euphorie collective comparable à l’exubérance qui égayait la troupe<br />

de Nohant ; cependant, il exemplifie <strong>une</strong> « alchimie » littéraire qui, à partir de souvenirs,<br />

fusionne diverses pratiques que pourrait difficilement réunir un seul spectacle dans la vie réelle :<br />

pots-pourris des gondoliers, qu’entend <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> au cours de son séjour à Venise en 1834<br />

(1971, p. 697) ; liaison de scènes disparates et pantomime, dans l’esprit des improvisations<br />

réalisées à Nohant. Il cristallise en un mot le réel, et ce, dans un contexte de production où le<br />

débat sur le réalisme amène l’auteur à réaffirmer ses convictions artistiques. Contre le parti pris<br />

d’un réalisme sans nuance, <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> défend <strong>une</strong> vision du monde qui embrasse le spectacle<br />

de la vie dans toute sa diversité :<br />

« S’il leur arrivait [aux réalistes] de faire avec ensemble, et de parti pris, la peinture d’un<br />

monde sans accord et sans lumière, ce ne serait encore qu’un monde de fantaisie, car le monde<br />

vrai est sans relâche enveloppé de nuages et de rayons qui l’éclairent ou le ternissent avec<br />

<strong>une</strong> merveilleuse variété d’effets » (1980a, p. 293),<br />

écrit-elle dans son article sur Madame Bovary, « Le Réalisme » (Le Courrier de Paris, 2<br />

septembre 1857). Toutefois, le réalisme sandien ne se sépare pas d’<strong>une</strong> esthétique qui confère<br />

<strong>une</strong> plasticité au réel. « Si vous vous posiez en défenseur de ce principe : L’art n’arrange rien et<br />

n’est que la reproduction fidèle de la réalité, je vous répondrais : Je veux bien, mais à condition<br />

que ce sera un artiste véritable qui se chargera de voir et de décalquer » (1976, p. 482), écrit<br />

<strong>George</strong> <strong>Sand</strong> à Champfleury, le 30 juin 1854. De ce point de vue, La Daniella, que la critique<br />

de l’époque jugea infidèle à la réalité italienne (Poli, 1976, pp. 279-295), renferme sa propre<br />

justification : ce roman tient moins du carnet de voyage qu’il ne participe d’<strong>une</strong> mise en


<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong> 61<br />

abyme. En centrant le roman sur le point de vue d’un peintre, <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> resserre les liens<br />

analogiques qui unissent les arts figuratifs dans son oeuvre. Comme le corrobore un récit de<br />

voyage ultérieur, Promenades autour d’un village (1859), où des considérations sur le réalisme<br />

se mêlent au récit d’excursions, elle exprime un rapport au monde qui, d’<strong>une</strong> part, appréhende<br />

<strong>une</strong> réalité multiple et, de l’autre, subordonne les impressions visuelles à <strong>une</strong> esthétique du<br />

tableau, ou de la scène.<br />

Voilà donc [...] un village d’opéra-comique moderne, c’est-à-dire un décor à la fois charmant<br />

et vrai [...] permettant <strong>une</strong> mise en scène heureuse et naïve [...] ; du réalisme comme il faut en<br />

faire, en choisissant dans le réel ce qui vaut la peine d’être peint [...] ([1859] 1866, pp. 29-30).<br />

Que ce récit de voyage estompe la frontière entre picturalité et théâtralité n’apparaît pas<br />

fortuit : à l’époque où elle compose La Daniella et Promenades autour d’un village, <strong>George</strong><br />

<strong>Sand</strong> poursuit <strong>une</strong> oeuvre dramatique qui, à partir de l’adaptation de François le Champi<br />

(Odéon, 23 novembre 1849), se développe simultanément à son oeuvre romanesque.<br />

S’inscrivant dans la filiation du Philosophe sans le savoir (1765) de Sedaine, duquel elle tire<br />

<strong>une</strong> suite, Le Mariage de Victorine (Gymnase, 26 novembre 1851), elle privilégie, par<br />

moments, <strong>une</strong> dramaturgie qui reprend l’<strong>une</strong> des composantes du drame bourgeois : le tableau,<br />

dont la rhétorique figurative, modelée sur la picturalité édifiante de Greuze (Le Mauvais fils<br />

puni, 1765), « s’affirme [...] comme <strong>une</strong> mise en exergue, un exhaussement du quotidien<br />

bourgeois dans ses moments décisifs » (Sarrazac, 1992, p. 367). Conformément à cette<br />

esthétique, elle intègre dans ses pièces des épisodes décisifs au cours desquels les personnages<br />

forment un tableau qu’un peintre pourrait croquer sur le vif. Les didascalies règlent la mise en<br />

scène et confèrent <strong>une</strong> valeur symbolique au langage corporel, tenu d’exprimer les valeurs<br />

familiales. Maître Favilla (Odéon, 15 septembre 1855), par exemple, s’achève par la<br />

reconnaissance de l’autorité parentale : « Juliette tombe dans les bras de sa mère. Herman à<br />

genoux. Favilla prend la main d’Anselme, lui montrant les heureux qu’il vient de faire. Keller<br />

est satisfait de lui et Frantz, un peu au second plan, à gauche, contemple ce tableau avec<br />

bonheur » (1980b, p. 303).<br />

Comparé aux didascalies de Maître Favilla, le récit du peintre dans La Daniella situe<br />

aussi deux arts dans un rapport analogique : percevant le monde comme un spectacle, Jean<br />

assimile des motifs picturaux au langage figuratif du théâtre. Durant son passage à la villa<br />

Mondragone, il perçoit la cour bigarrée d’un prince comme <strong>une</strong> scène :<br />

« J’avais quitté le salon [...] pour crayonner [...] un aperçu de la scène bizarre à laquelle les<br />

lourds piliers blafards et les sombres voûtes déjetées de l’édifice servaient de cadre. Je<br />

cherchais un endroit d’où je pusse voir les groupes principaux bien éclairés, les valets assis<br />

par terre [...], les maîtres groupés au fond, et Tartaglia enchâssé comme un saint dans sa<br />

niche » (1979b, II, p. 91 ; en italique dans le texte).<br />

Dans cet extrait, l’analogie établie entre peinture et théâtre donne <strong>une</strong> valeur plastique à la<br />

réalité évoquée. Tels que les perçoit l’artiste dans leur immobilité, les personnages perdent<br />

momentanément leur identité humaine pour devenir des formes statuaires, quasi abstraites,<br />

qu’un regard de peintre organise en un tableau harmonieux.<br />

L’oeuvre de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> établit ainsi des liens analogiques qui opposent au réel l’idéal<br />

d’un art total. Toutefois, les réseaux sémantiques qu’elle tisse ne se substituent pas pour autant<br />

à la réalité ; ils médiatisent au contraire <strong>une</strong> vision du monde qui s’oppose à l’art pour l’art.<br />

« Quel est donc l’artiste qui peut s’abstraire des choses divines et humaines, se passer du reflet<br />

des croyances de son époque, et vivre étranger au milieu où il respire? » (1980a, pp. 8-9),


62<br />

L’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> : <strong>une</strong> poétique de la représentation<br />

affirme <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> dans <strong>une</strong> préface générale à ses Oeuvres illustrées (1851-1856). À cet<br />

égard, deux textes antérieurs éclairent plus avant l’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> la romancière : <strong>une</strong><br />

lettre publique, parue d’abord le 29 mai 1836 dans La Revue de Paris et jointe par la suite à un<br />

recueil (Lettres d’un voyageur, 1837) ; et <strong>une</strong> lettre privée, datée du 13 août 1845. Répliquant à<br />

un article de Jean-Marie-Napoléon Nisard (La Revue de Paris, 15 mai 1836), qui lui reprochait<br />

l’immoralité de son oeuvre, <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> rapproche le roman d’un genre destiné autant à<br />

instruire qu’à plaire : la comédie classique.<br />

« Le roman, est, comme la comédie, <strong>une</strong> école de moeurs, où les abus, les ridicules, les<br />

préjugés et les vices du temps sont le domaine d’<strong>une</strong> censure susceptible de prendre toutes<br />

les formes » (1971, p. 939 ; en italique dans le texte).<br />

Neuf ans plus tard, elle reprend ce parallèle en recourant à <strong>une</strong> métaphore qui renvoie<br />

implicitement aux Scènes de la vie privée de Balzac. En réponse à un éditeur, Anténor Joly, elle<br />

expose <strong>une</strong> poétique de la représentation qui, pareillement à l’Avant-propos de la Comédie<br />

humaine, inscrit l’économie du roman dans un rapport mimétique avec le « théâtre » social.<br />

« Je vous demande ce que seraient les scènes de la vie intime au 19 eme [sic] siècle si elles<br />

n’étaient le reflet de la scène générale [...]. Le roman même dit historique ne s’attache pas tant<br />

au fait qu’à l’idée sociale qui l’a produit ; et comment peindre les moeurs sans dire l’idée qui<br />

les corrompt ou les purifie? » (1970a, pp. 55-56 ; en italique dans le texte)<br />

S’il peut étayer <strong>une</strong> lecture sociologique des « scènes » romanesques <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, ce type<br />

de questionnement épistémologique ne s’inscrit pas toutefois dans <strong>une</strong> poétique de la mimesis.<br />

Bien qu’elle conçoive le roman comme un « reflet » de la société, <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> s’inscrit dans la<br />

filiation du réalisme critique (Lukács [1967] 1999) ; le langage romanesque qu’elle vise<br />

réfléchit la réalité sociale pour la problématiser en retour. À cet effet, elle recourt souvent à un<br />

topos que réactive à la même époque Balzac (Frappier-Mazur, 1970, pp. 64-89) : la dualité de<br />

l’être et du paraître, qu’elle thématise généralement en regard des enjeux propres à l’illusion<br />

théâtrale. Teverino (1846) constitue à cet égard un exemple significatif, sur lequel les travaux de<br />

Françoise Genevray (1995, pp. 139-153) ont déjà apporté un éclairage contextuel.<br />

À la suite du Meunier d’Angibault (1845), dont la division en cinq « Journées » reprend<br />

l’organisation formelle des autosacramentales (Rossum-Guyon, 1989, p. 93), ce roman<br />

enchaîne des épisodes qui tissent des liens référentiels avec le théâtre. Délimités, pour la<br />

plupart, par les termes « spectacle » (<strong>Sand</strong>, 1992, p. 586), « pantomime » (p. 587), « scène »<br />

(p. 587, 634, 649), « pièce » (p. 612), ou « comédie » (p. 647), ils se circonscrivent autour<br />

d’<strong>une</strong> séquence typique qui médiatise <strong>une</strong> vision sociologique : soit <strong>une</strong> personne qui, en<br />

société, dissimule ses sentiments ou son identité véritables sous <strong>une</strong> apparence trompeuse<br />

(persona : masque de théâtre). Les relations entre l’héroïne et les personnages masculins, par<br />

exemple, s’organisent en jeux de rôles qui symbolisent le <strong>theatrum</strong> mundi. Dans ses relations<br />

avec les hommes, Sabina reste dans sa tour d’ivoire. La morgue qu’elle affiche sans détour<br />

cache toutefois <strong>une</strong> crainte de l’opinion publique qui la pousse à garder un « masque » social.<br />

Elle redoute le qu’en-dira-t-on et, pour se prémunir contre l’opinion, adopte un comportement<br />

révélateur, dont l’ambivalence traduit les enjeux de la distance intime : se donner et révéler son<br />

être, ou ne pas se donner et préserver son image.<br />

Comme d’autres héroïnes aristocrates <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, Sabina jouit, certes, d’<strong>une</strong><br />

liberté relative en jouant la femme inaccessible. En présence de Léonce, elle affecte <strong>une</strong> attitude<br />

qui décourage un renversement des positions : « air affectueusement nonchalant » (p. 569), « air<br />

tranquillement railleur » (p. 570), « grâce dédaigneuse » (p. 570). Elle maintient aussi <strong>une</strong>


<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong> 63<br />

distance interpersonnelle qui se traduit par les oppositions espace fermé/espace ouvert, position<br />

spatiale haute/position spatiale basse. De sa fenêtre, qui délimite et protège son espace intime,<br />

elle peut contrôler le déroulement de l’entretien. Sous la fenêtre, Léonce « ne trouve pas [sa]<br />

position agréable [...] » (p. 570) et perçoit la demeure de Sabina en termes territoriaux :<br />

« sanctuaire » (p. 570), « forteresse » (p. 570).<br />

À l’extérieur de son territoire, Sabina poursuit le jeu de rôles ; toutefois, elle prend<br />

conscience qu’un tête-à-tête « extra-territorial » peut renverser les rapports de force à l’avantage<br />

de l’autre. Aussi garde-t-elle un masque qui en impose à Léonce :<br />

« Sabina sentit qu’elle était trop je<strong>une</strong> pour que cette situation ne ressemblât pas à <strong>une</strong><br />

étourderie ; elle y songea lorsqu’elle eut franchi la dernière grille du parc. Mais Léonce<br />

paraissait si peu disposé à prendre avantage de son rôle, [...] qu’elle n’osa pas témoigner son<br />

embarras, et crut devoir, au contraire, le surmonter pour paraître aussi tranquille que lui » (p.<br />

572).<br />

En présence de Teverino, un artiste bohème déguisé en aristocrate, Sabina ne contrôle<br />

plus aussi aisément la distance interpersonnelle. Sans se douter de la supercherie, elle se laisse<br />

charmer par le faux marquis de Montefiori. Teverino se laisse également prendre au jeu<br />

périlleux des distances : censé servir de médiateur entre Léonce et Sabina sous l’identité d’un<br />

noble, il perd peu à peu la maîtrise d’<strong>une</strong> situation typiquement marivaudienne. L’intimité<br />

amoureuse des deux personnages n’équivaut pas toutefois à <strong>une</strong> fusion des classes, comme en<br />

témoignent les dernières mystifications de Teverino dans un village italien.<br />

Confondu par les villageois au grand ténor Rubini (p. 646), Teverino veut se divertir de<br />

la crédulité populaire, mais aussi mettre à l’épreuve les sentiments de Sabina. Dans <strong>une</strong><br />

auberge, il organise <strong>une</strong> « facétie » (p. 646) qui lui permettra de vérifier si Sabina l’aime pour<br />

lui-même (Teverino, le vagabond), ou pour ce qu’il apparaît à ses yeux (le marquis de<br />

Montefiori). Le récit de sa mystification représente, à cet égard, les enjeux de la vie sociale ; il<br />

s’organise en séquences exemplaires qui, par leurs liens référentiels avec le théâtre,<br />

« théâtralisent » l’opposition entre le paraître et l’être. Après s’être déguisé en clochard,<br />

Teverino apparaît sur la galerie de l’auberge qui lui sert de scène. Son accoutrement lui refuse<br />

d’abord le succès, mais il divertit les villageois par divers lazzi dans l’esprit de la commedia<br />

dell’arte (p. 647-648). Par la suite, il se retire de nouveau à l’intérieur de l’auberge et, dans <strong>une</strong><br />

chambre lui servant de loge, prépare sa future mystification : il endosse cette fois un costume<br />

de noble et règle l’éclairage de la galerie avant de retourner sur scène. Grâce à l’éclairage, qu’il a<br />

tamisé, et à la hauteur de la galerie, il ne se fait pas reconnaître et passe pour un chanteur<br />

aristocrate. Sa mystification a réussi, et son succès se reflète dans l’organisation romanesque de<br />

l’espace, qui symbolise les positions de l’échelle sociale : sur la galerie de l’auberge, où il<br />

occupe <strong>une</strong> position spatiale dominante, il affecte <strong>une</strong> morgue qui en impose aux spectateurs.<br />

« Il se pencha sur la balustrade d’un air de protection aristocratique. Les cris d’enthousiasme<br />

firent place à un profond silence » (p. 648).<br />

S’il prouve qu’il peut changer d’identité à la perfection, il sait par contre rester lui-même<br />

sous ses masques multiples. Certes, il profite de la reconnaissance sociale que lui apportent ses<br />

déguisements, mais sa distance critique le conforte dans son individualité ; il demeure lucide<br />

et, à la différence du Rameau de Diderot, conserve son intégrité :<br />

« J’ai vu de bonne heure toutes les coulisses de toutes les scènes de la vie humaine ; je<br />

pourrais être comédien sur ces différents théâtres ; mais à la portée de tous, dans le monde<br />

comme sur les planches, il y a <strong>une</strong> armée d’exploiteurs, de critiques, de rivaux et de claqueurs,<br />

que je ne pourrais ni tromper, ni ménager, ni flatter, ni payer » (p. 675).


64<br />

L’ut <strong>theatrum</strong> <strong>poesis</strong> <strong>chez</strong> <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> : <strong>une</strong> poétique de la représentation<br />

Ne « [sachant] [se] farder que pour rire [...] » (p. 675), il ne se livre à ses mystifications que<br />

pour le plaisir de s’amuser, mais aussi pour révéler, avec l’ironie d’un jeu de masques, le<br />

trompe-l’oeil de la comédie sociale. S’il peut distinguer l’être du paraître, Sabina ne peut, au<br />

contraire, dissocier les deux. « _ [...] Les manières et le langage sont l’expression de l’esprit et<br />

du caractère [...] » (p. 649), lui dit-elle. Aussi, éprouve-t-elle <strong>une</strong> douleur morale lorsqu’elle le<br />

voit déguisé en clochard (p. 649), sans même se douter à ce moment qu’un vagabond se cache<br />

sous le marquis de Montefiori... À cet égard, le bilan de voyage qu’elle fera par la suite<br />

confirme son aveuglement : sans pouvoir démêler la réalité de l’illusion, elle se remémore la<br />

succession des paysages et des événements comme des changements à vue. « Toutes ces scènes,<br />

tous ces entretiens lui apparaissaient à travers [...] les changements de décoration des<br />

montagnes, qu’elle voyait passer devant ses yeux fermés. Elle ne distinguait plus l’illusion de<br />

la réalité [..] » (p. 660).<br />

<strong>George</strong> <strong>Sand</strong> privilégie en somme un art de la représentation romanesque qui<br />

emblématise les liens référentiels du roman avec le théâtre. Si Teverino (1846) reprend la<br />

métaphore du <strong>theatrum</strong> mundi pour exprimer l’opposition entre l’être et le paraître, La Daniella<br />

(1857) situe les références au théâtre dans la quête esthétique d’un peintre, à la recherche de<br />

scènes idéales à croquer. Caractérisés à la fois par leur picturalité et leur théâtralité, les motifs à<br />

peindre s’organisent en tableaux éloquents, suivant l’esthétique du drame bourgeois qui marque<br />

à la même époque l’oeuvre dramatique de l’auteur. Nonobstant le cas limite du roman<br />

dialogué, le roman sandien garde par contre <strong>une</strong> spécificité générique qui le distingue d’<strong>une</strong><br />

pièce. Jugeant que « les arts ne se traduisent pas les uns par les autres » (1971, p. 255), <strong>George</strong><br />

<strong>Sand</strong> n’expérimente pas formellement le mélange des genres, dont elle problématise au reste les<br />

enjeux épistémologiques. Elle prône en revanche un réalisme esthétique, qui cristallise<br />

idéalement les facettes du réel 4 .<br />

Références<br />

Delamaire, M. (1992). Le Grand théâtre de Nohant “atelier rustico-dramatique” servit aussi de<br />

tremplin vers Paris. Les Amis de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, 13, 10-25, nouvelle série.<br />

Didier, B. (1981). <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> critique musical dans ses lettres. Présence de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, 12, 22-27.<br />

Didier, B. (1992). <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> et Don Giovanni. Revue des Sciences Humaines, 226, 37-53.<br />

***<br />

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Frappier-Mazur, L. (1970). La Métaphore théâtrale dans La Comédie humaine. Revue d’Histoire<br />

Littéraire de la France, 1, 64-89.<br />

Genevray, F. (1995). Le Récit théâtral dans Teverino de <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>. Littératures, 33, 139-153.<br />

4 Les recherches qui ont mené à la rédaction de cet article ont bénéficié du FCAR (Fonds pour la<br />

Formation de Chercheurs et l’Aide à la Recherche). Nous remercions l’organisme de son appui.


<strong>Dominique</strong> <strong>Laporte</strong> 65<br />

Goldin, J. (1993). La Naissance difficile d’un Diable aux champs. In T. Gorilovics & A. Szabó (Eds.),<br />

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International <strong>George</strong> <strong>Sand</strong>, Université de Debrecen.<br />

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Françaises, 28, 279-295.<br />

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Pléiade ».<br />

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Pléiade ».<br />

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<strong>Sand</strong>, G. (1980a). Questions d’art et de littérature. In Oeuvres complètes (tome XXX). Genève :<br />

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Reprints.<br />

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Sarrazac, P. (1992). Le Drame selon les moralistes et les philosophes. In J. de Jomaron (Ed.), Le<br />

Théâtre en France du Moyen Age à nos jours (pp. 331-400). Paris : Armand Colin.<br />

Vierne, S. (1993). Musique au coeur du monde ou le défi de la musique à l’écriture. In E. Mosele (Ed.),<br />

<strong>George</strong> <strong>Sand</strong> et son temps II. Hommage à Annarosa Poli (pp. 931-952). Genève : Slatkine, coll.<br />

« Dimensions du voyage ».<br />

Vierne, S. (1996). <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> et le dialogue : d’<strong>une</strong> forme à <strong>une</strong> philosophie. <strong>George</strong> <strong>Sand</strong> et<br />

l’écriture du roman, 133-141, Montréal, Paragraphes.

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