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Corbusier<br />
Bogart<br />
Rothko<br />
Davis<br />
Gaye<br />
Ali<br />
Dutronc<br />
<strong>PANTHÉON</strong><br />
Florence Marion TEXTES<br />
Laurent Durieux ILLUSTRATIONS
Aujourd’hui, une envie. Celle d’un retour aux sources.<br />
Celle de vous dévoiler mon panthéon, dont les membres<br />
exercent leur influence en douce et en sourdine sur mes goûts<br />
et mes valeurs. Je parle de cette équipe secrète, infiniment<br />
ancrée en nous, qui nous construit à notre insu et qui imprègne<br />
comme par osmose tout notre univers. Inspiration ? Âme ?<br />
Ce panthéon, je vous le présente dans les pages qui suivent.<br />
Vous vous y retrouverez peut-être ... un peu ... beaucoup ...<br />
à la folie ... pas du tout ... Mais gageons que vous aurez envie<br />
de vous asseoir quelques minutes, vous aussi, pour passer en<br />
revue votre propre équipe intime de héros fondateurs ...<br />
Laurent Durieux<br />
Panthéon<br />
Nom masculin (latin Pantheum, du grec Pantheion)<br />
1. Temple que les Grecs et les Romains consacraient à tous les dieux.<br />
2. Ensemble de personnages célèbres.
ARCHITECTE<br />
Né<br />
le 6 octobre 1887<br />
La Chaux-de-Fonds,<br />
Suisse<br />
Décédé<br />
le 27 août 1965<br />
Roquebrune-Cap-<br />
Martin, France<br />
Cité radieuse,<br />
Marseille (1952),<br />
Chapelle Notre-<br />
Dame du Haut,<br />
Ronchamp (1955)<br />
LE<br />
CORBUSIER<br />
Charles-Édouard Jeanneret-Gris<br />
Malgré son refus, ils avaient insisté, à<br />
l’archevêché de Besançon. « Venez au<br />
moins voir le site avant de prendre<br />
une décision définitive ». Il avait cédé pour<br />
faire cesser leur entêtement. Maintenant,<br />
il est assis au sommet de cette colline<br />
des Vosges, dominant un paysage vert et<br />
austère, et il se sent pris. Par la pureté<br />
de l’espace et de la lumière. Par cette<br />
âpre beauté. Surtout, par ce souffle<br />
étrange venu du fond des âges, porté par<br />
la foi des hommes jusqu’à lui, l’architecte<br />
athée. Ils avaient bien fait d’insister. Il la<br />
bâtirait, leur chapelle. Ici, à Ronchamp.
« L’architecture, c’est une tournure<br />
d’esprit et non un métier. »
« You’re not a star until<br />
they can spell your name<br />
in Karachi. »
HUMPHREY<br />
BOGART<br />
Humphrey DeForest Bogart<br />
Il la regarde s’éloigner, incroyablement<br />
belle malgré son visage défait. Et lui<br />
reste là, impassible. Un imperméable<br />
dans la nuit embrumée, un chapeau,<br />
une cigarette. Casablanca. Qui ne connaît<br />
pas cette silhouette ? Elle est gravée<br />
dans nos rétines ; elle fait partie de nos<br />
chromosomes. Un mythe. Beau, certes...<br />
mais figé pour l’éternité. éternellement<br />
muet. Pour ma part, je préfère à l’icône<br />
le marin tenant la barre du Santana.<br />
Tête nue, sourire à peine, au milieu des<br />
vagues et du vent : un charisme plus fort<br />
encore... loin, très loin du Musée Grévin !<br />
ACTEUR<br />
Né<br />
le 25 décembre<br />
1899<br />
New York, USA<br />
Décédé<br />
le 14 janvier 1957<br />
Hollywood, USA<br />
The Maltese<br />
Falcon (1941),<br />
Casablanca (1942),<br />
The African Queen<br />
(1951)
PEINTRE<br />
Né<br />
le 25 septembre<br />
1903<br />
Gvinsk, Russie<br />
Décédé<br />
le 25 février 1970<br />
New-York, USA<br />
Solo exhibition<br />
at The Museum<br />
of Modern Art<br />
of New York<br />
(1961),<br />
The Rothko<br />
Chapel<br />
(1964)<br />
MARK<br />
ROTHKO<br />
Marcus Rothkowitz<br />
Tandis qu’il travaillait, un doute l’avait<br />
saisi, insidieux et persistant. Il fallait qu’il<br />
revoie le lieu, qu’il retourne sur place…<br />
New York. Seagram Building. Il pénètre<br />
dans le bâtiment. Il reste là un bon<br />
moment, immobile, les sens en éveil.<br />
Maintenant, il est décidé, ses œuvres<br />
n’iront pas là-bas. Elles n’ont rien à faire<br />
aux murs de ce restaurant, simples<br />
décorations au milieu du bruit,<br />
de la lumière tamisée et des mets<br />
raffinés. Elles ont besoin d’espace.<br />
Elles ont besoin de paix et de silence.<br />
Elles ont besoin de vivre en elles-mêmes<br />
et de parler à l’âme du visiteur qui<br />
vient les contempler.
« A painting is not<br />
a picture of an experience,<br />
but is the experience. »
« If you understood everything<br />
I say, you’d be me! »
MILES<br />
DAVIS<br />
Miles Dewey Davis III<br />
D’abord, une esquisse au piano. Puis<br />
la contrebasse insensiblement vient<br />
dessiner le thème, souligné en sourdine<br />
par la batterie, légère et délicate.<br />
La trompette se matérialise soudain,<br />
avec ce son si particulier, à la fois<br />
aérien et flamboyant, qui vient colorer<br />
le jeu de mille nuances subtiles tout<br />
en laissant sans cesse affleurer<br />
les contours du silence. Dialogue avec<br />
la brillance véhémente des saxos, puis<br />
la trompette reprend sa place, apaise<br />
les sons et les ramène peu à peu à<br />
la douceur du néant. « So what. »<br />
Une œuvre magique, issue d’un album<br />
assurément « composé au paradis »…<br />
TROMPETTISTE<br />
Né<br />
le 25 mai<br />
1926<br />
Alton, USA<br />
Décédé<br />
le 28 septembre<br />
1991<br />
Santa Monica, USA<br />
Birth of the cool,<br />
Kind of Blue,<br />
In a Silent Way
CHANTEUR<br />
Né<br />
le 2 avril 1939<br />
Washington DC, USA<br />
Décédé<br />
le 1er avril 1984<br />
Los Angeles, USA<br />
What’s going on<br />
(1971),<br />
Let’s get it on<br />
(1973)<br />
MARVIN<br />
GAYE<br />
Marvin Pentz Gay Jr.<br />
Ostende. La grande salle du casino est<br />
vide et sombre. Au fond, un halo<br />
de lumière blanche, un piano. Un grand<br />
et bel homme joue, seul, perdu dans<br />
ses pensées, dans son univers.<br />
Une mélodie céleste en tête-à-tête avec<br />
la mer du Nord. Après bien des errances,<br />
la vie l’a jeté là. Un cul-de-sac ? Je ne<br />
le pense pas… plutôt une respiration,<br />
une pause. Une cure de mouettes,<br />
d’embruns et de vent avant de repartir<br />
pour les tourbillons du Nouveau Monde.<br />
Avant de reprendre sa place sous<br />
les néons et les paillettes. Juste<br />
avant « Sexual Healing ».
« If you cannot find peace within<br />
yourself, you will never find it<br />
anywhere else. »
« A man who views the world<br />
the same at fifty as he did<br />
at twenty has wasted thirty<br />
years of his life. »
MUHAMMAD<br />
ALI<br />
Cassius Marcellus Clay Jr.<br />
Dans la chaleur moite du stade Tata<br />
Raphaël de Kinshasa, l’ambiance est<br />
à l’orage, la foule retient son souffle.<br />
Deux fauves sont en lice. Depuis<br />
une minute ? Une heure ? Une éternité,<br />
en tout cas, que l’homme noir soutient<br />
les assauts sauvages du colosse<br />
texan, qu’il encaisse les coups et<br />
laisse la bête se fatiguer, ripostant<br />
parcimonieusement. à l’affût... Soudain,<br />
un éclair dans ses yeux sombres –<br />
la proie est mûre – et c’est l’assaut<br />
final, puissant et précis : le molosse<br />
s’écroule. Ne se relève plus. « Rumble<br />
in the Jungle.» Nouveau titre mondial.<br />
BOXEUR<br />
Né<br />
le 17 janvier 1942<br />
Louisville, USA<br />
Médaille d’or<br />
aux Jeux olympiques<br />
de Rome (1960)<br />
Champion du monde<br />
poids lourds<br />
(1964/1967 et<br />
1974/1978)
CHANTEUR<br />
Né<br />
le 28 avril 1943<br />
Paris, France<br />
Et moi, et moi, et moi,<br />
Il est cinq heures,<br />
Paris s’éveille,<br />
Les Play-boys,<br />
Les Cactus<br />
César du meilleur<br />
acteur pour<br />
son interprétation<br />
dans le film<br />
Van Gogh<br />
(1992)<br />
JACQUES<br />
DUTRONC<br />
Jacques Dutronc<br />
Au milieu des Sixties, il y a Sylvie et<br />
Johnny, Sheila et Dave… Ils sont jeunes,<br />
ils sont gais, ils chantent l’amour toujours<br />
et l’insouciance de leurs vingt ans. Et puis<br />
il y a Dutronc. Il est jeune, il est gai aussi,<br />
mais il a le sourire en coin, des allures<br />
de dandy ironique et des paroles qui<br />
piquent comme des cactus.<br />
Dans les Sixties, il y a l’avènement<br />
de la télévision, de la machine à laver,<br />
de la publicité… Et il y a Dutronc,<br />
contestataire sans y paraître, toujours<br />
léger, promenant son style entre dérision<br />
et désinvolture. Dutronc, et un certain<br />
Gainsbourg peut-être…
« J’ai arrêté de croire au Père<br />
Noël le jour où, dans une galerie<br />
marchande, il m’a demandé<br />
un autographe. »
LAURENT<br />
DURIEUX<br />
Né en Belgique, la terre sainte de la bière<br />
et de la Bande dessinée, Laurent Durieux<br />
est illustrateur professionnel depuis 20<br />
ans. Tout en enseignant la conception<br />
graphique au C.A.D à Bruxelles, il a<br />
participé à de nombreuses expositions<br />
en Europe et est adoubé par des artistes<br />
à la renommée internationale comme<br />
Ever Meulen, François Schuiten, François<br />
Avril et Beb Deum pour ne citer qu’eux.<br />
Laurent dont le style est influencé par<br />
les illustrateurs des années 30 à 50<br />
a développé une fascination pour<br />
« le futur qui n’a jamais eu lieu ». En 2011,<br />
Laurent a également eu l’honneur d’être<br />
sélectionné par la prestigieuse revue<br />
autrichienne «Archives» comme un des<br />
« 200 meilleurs illustrateurs au monde ».<br />
En 2012, Laurent a été approché par<br />
les légendaires éditeurs d’affiches<br />
alternatives Mondotees ainsi que par<br />
Dark Hall Mansion pour créer plusieurs<br />
affiches sous licences parmi lesquelles :<br />
Gigantor, Snoopy, King Kong<br />
et le Géant de fer.<br />
www.laurentdurieux.com
Achevé d’imprimer par<br />
l’imprimerie Grafiche AZ (Italie) en avril 2013<br />
Toutes reproductions ou adaptations d’un extrait quelconque de ce livre,<br />
par quelque procédé que ce soit, sont interdites pour tous pays.
Le<br />
Humphrey<br />
Mark<br />
Miles<br />
Marvin<br />
« Tout portrait qu’on peint<br />
avec âme est un portrait non<br />
du modèle, mais de l’artiste. »<br />
OSCAR WILDE<br />
Le Portrait de Dorian Gray<br />
Muhammad<br />
Jacques<br />
N° d’impression :<br />
Dépôt légal : juin 2013<br />
ISBN 978 2 8126 0409 6<br />
Imprimé en Italie<br />
© Éditions du Rouergue, 2013<br />
www.lerouergue.com