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Les « glaneurs » des portes de Paris. Par Yann Barte - Le Canard ...

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<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>«</strong> <strong>glaneurs</strong> <strong>»</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>portes</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>Par</strong>is</strong>. <strong>Par</strong> <strong>Yann</strong> <strong>Barte</strong><br />

Extrait du <strong>Le</strong> <strong>Canard</strong> républicain<br />

http://www.xn--lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article595<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>«</strong> <strong>glaneurs</strong> <strong>»</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>portes</strong> <strong>de</strong><br />

<strong><strong>Par</strong>is</strong>. <strong>Par</strong> <strong>Yann</strong> <strong>Barte</strong><br />

- Systèmes&société sous contrôle -<br />

<strong>Le</strong> <strong>Canard</strong> républicain<br />

Date <strong>de</strong> mise en ligne : mercredi 18 avril 2012<br />

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<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>«</strong> <strong>glaneurs</strong> <strong>»</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>portes</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>Par</strong>is</strong>. <strong>Par</strong> <strong>Yann</strong> <strong>Barte</strong><br />

REPORTAGE. Chaque fin <strong>de</strong> semaine, aux <strong>portes</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>Par</strong>is</strong>, la police se livre à une impitoyable chasse aux<br />

pauvres. Finira-t-on enfin par reconnaître <strong><strong>de</strong>s</strong> droits à ces ven<strong>de</strong>urs à la sauvette, comme il existe à la<br />

campagne, <strong>de</strong>puis le Moyen-âge, un "droit <strong>de</strong> glanage" ?<br />

"On m'a tout pris, <strong><strong>de</strong>s</strong> bijoux, les affaires <strong>de</strong> mes enfants. Ca m'a fait mal au coeur. J'en ai pleuré". Djamila vend<br />

<strong>de</strong>puis quelques années à la porte Montmartre. Ce jour-là, la police lui a tout confisqué. "Quand on te prend tes<br />

affaires, tout va dans la benne. Sauf le neuf, bien sûr, qui part dans la voiture <strong><strong>de</strong>s</strong> policiers sans aucune procédure<br />

particulière, établissement <strong>de</strong> liste ou autre..."<br />

Depuis 2009, Djamila fait partie <strong><strong>de</strong>s</strong> cent privilégiés qui ont pu obtenir une place "régulée" à la porte Montmartre. Une<br />

bien mince victoire pour les associations, et pour cette ven<strong>de</strong>use, "vraiment pas <strong>de</strong> quoi se vanter ! Bien sûr, on n'a<br />

plus le risque <strong><strong>de</strong>s</strong> amen<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> 180, voire 300 euros. On n'a plus à courir avec les charriots, les poussettes... j'ai<br />

connu ça... Mais je vends moins bien aujourd'hui, et puis on est sous le pont avec les rats, dans les courants d'air,<br />

sans table, à même le sol, mêmes pour les plus âgés..."<br />

C'est ici, justement, que se sont constituées les premières associations (le Collectif <strong><strong>de</strong>s</strong> biffins <strong>de</strong> la porte<br />

Montmartre, Sauve qui peut...), en 2005, alors qu'une menace pesait sur ces petits ven<strong>de</strong>urs et leurs bicoques<br />

installées en marge du périphérique. Depuis cette mobilisation il y a sept ans, 150 places ont été réservés aux biffins<br />

[1] pour tout <strong><strong>Par</strong>is</strong> (100 à la porte Montmartre, 50 à la porte <strong>de</strong> Vanves). On est loin du compte au regard <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> pauvres qui se pressent chaque semaine aux abords <strong>de</strong> la capitale. De plus, l'obtention <strong>de</strong> ces places convoitées<br />

est soumise à <strong><strong>de</strong>s</strong> critères précis : "Il faut habiter là-bas", déplore Régine qui, à près <strong>de</strong> 70 ans, reste toujours sans<br />

domicile fixe et, <strong>de</strong> ce fait, exclue du "dispositif". "C'est fini, là-bas. Je n'y vais plus. Si c'est pour payer je ne sais<br />

combien d'euros... Je fais les fins <strong>de</strong> marchés comme j'ai toujours fait. Je vis comme ça."<br />

Chacun attend... et perd son temps<br />

Il y a quelques années encore, une tolérance relative prévalait. "Maintenant, c'est la répression d'heure en heure, <strong>de</strong><br />

quart d'heure en quart d'heure" explique Samuel <strong>Le</strong> Coeur, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association Amelior [2]. Ce vendredi, le<br />

bénévole - par ailleurs photographe indépendant - m'a donné ren<strong>de</strong>z-vous Aux <strong>de</strong>ux avenues, un bar-brasserie du<br />

bout <strong>de</strong> l'avenue Gallieni, à Bagnolet.<br />

En face, une dizaine <strong>de</strong> ven<strong>de</strong>urs, les mains chargées <strong>de</strong> sacs <strong>de</strong> sport, guettent le départ <strong>de</strong> la police stationnée au<br />

feu rouge <strong>de</strong>puis quinze longues minutes. Chacun patiente <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la place... perd son temps et en fait<br />

perdre à l'autre. "C'est assez désespérant aussi pour ces fonctionnaires <strong>de</strong> police d'être abusivement réquisitionnés<br />

pour répondre à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> politiques, électoralistes" reconnait le militant associatif. "Avec cette répression<br />

continue, les marchés s'éten<strong>de</strong>nt dans l'espace et dans le temps. Ce marché du vendredi à Bagnolet n'existait pas il<br />

y a seulement un an". Quant aux élus, "ils traitent le sujet avec mépris. Cela fait <strong><strong>de</strong>s</strong> années qu'on tente <strong>de</strong> mettre en<br />

place <strong><strong>de</strong>s</strong> tables ron<strong><strong>de</strong>s</strong> avec les riverains, les associations, les élus... en vain". Un fiasco qui s'avère <strong>de</strong> plus<br />

coûteux : "La collecte <strong><strong>de</strong>s</strong> ordures ménagères reste un marché très opaque et à 50% privé. Tout ça pour mettre à la<br />

poubelle ce qui vient <strong><strong>de</strong>s</strong> poubelles, ridicule ! Alors même qu'on parle <strong>de</strong> recyclage, d'ai<strong><strong>de</strong>s</strong> aux plus pauvres, <strong>de</strong><br />

réinsertion".<br />

Un million d'euros a été débloqué par le conseil régional pour régler cette question, mais <strong>«</strong> "qu'est-ce qu'on a fait ?<br />

Un projet <strong>de</strong> ressourcerie dans le 20e arrondissement, gérée par l'association Emmaüs Coup <strong>de</strong> main, et un bus<br />

pour l'association Aurore, qui, a priori, n'apporteraient rien directement aux biffins ! Quant à l'étu<strong>de</strong> promise, on<br />

l'attend toujours..." L'étu<strong>de</strong> en question doit nous révéler les profils <strong><strong>de</strong>s</strong> biffins et les lieux qu'ils fréquentent. Elle<br />

<strong>de</strong>vrait être rendue publique ce mois-ci, nous confirmera le conseil régional qui se dit sensible au problème qui<br />

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pourrait bien se révéler "plus francilien que strictement parisien".<br />

Devant la porte du bar, quelques ven<strong>de</strong>urs scrutent l'avenue. Tout semble immobilisé. Seul le flux <strong><strong>de</strong>s</strong> voitures<br />

continue. Samuel <strong>Le</strong> Coeur les rejoint pour échanger <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts, les mobiliser afin <strong>de</strong> peser sur les mairies et<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nouveaux "carrés <strong>de</strong> biffins". A côté, <strong>de</strong>ux femmes à chapeau discutent, adossées contre une voiture<br />

garée dans l'avenue, chacune un caddie à la main. Elles aussi atten<strong>de</strong>nt que la police s'éloigne. "Non, je vends pas,<br />

j'achète", dit la première : "du Nescafé, du <strong>de</strong>ntifrice <strong>de</strong> marque que je peux trouver à un euro... Des choses<br />

périmées d'un jour ou <strong>de</strong>ux, pour quelques centimes. C'est toujours mieux que <strong>de</strong> crever <strong>de</strong> faim !". Sa consoeur<br />

d'infortune, Mathil<strong>de</strong>, d'origine chinoise, vend "<strong>de</strong> tout. Ce que je trouve dans les poubelles, <strong><strong>de</strong>s</strong> trucs <strong>de</strong> chez moi...".<br />

Avant, elle arrivait vers 15 heures. Mais avec la police, elle est désormais sur le pied <strong>de</strong> guerre dès 9 heures. Sur le<br />

haut <strong>de</strong> son caddie, un sèche-cheveux qu'elle essaiera <strong>de</strong> vendre à 2 euros. "Elle teste tout avant chez elle, assure<br />

sa voisine enthousiaste. Sèche-cheveux, fer à repasser... Je lui ai déjà acheté <strong><strong>de</strong>s</strong> choses. J'aime bien cette dame,<br />

elle est gentille, elle travaille pour ses trois enfants."<br />

"On n'est plus au Moyen-âge !"<br />

"Avant, les riverains gueulaient à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> chiffons que les ven<strong>de</strong>urs abandonnaient partout à l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> CRS,<br />

maintenant ils ont gagné <strong><strong>de</strong>s</strong> crottins <strong>de</strong> chevaux !" lance Martine, 58 ans. Ce sont en effet les gendarmes à cheval<br />

<strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> républicaine qui chassent désormais les ven<strong>de</strong>urs à la sauvette la porte Montmartre. Martine les a<br />

connus il y a peu, juste avant qu'elle ne trouve, pour un mois, un espace légal : le Comptoir général, quai <strong>de</strong><br />

Jemmapes. Un lieu plutôt "bobo", dit-elle, et qui la ravit. "Et pourquoi ne peut-on pas organiser <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés aux<br />

biffins, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> placiers, un droit <strong>de</strong> vente à la journée pour un ou <strong>de</strong>ux euros, <strong><strong>de</strong>s</strong> containers à proximité pour<br />

laisser le lieu propre ? Ce ne sont pourtant pas les endroits qui manquent. Regar<strong>de</strong>z l'espace qu'il y a <strong>de</strong> Colonel<br />

Fabien à Nation par exemple ! Et ça dérange qui qu'on fasse les poubelles ? C'est toujours ça <strong>de</strong> moins dans<br />

l'incinérateur, non ?" <strong>Le</strong> prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association Amélior, pour qui le geste biffin est effectivement plus écologique<br />

que délinquant, appelle aussi <strong>de</strong> ses voeux une généralisation <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés <strong>de</strong> biffins, "pourquoi pas sur le modèle<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> parcmètres pour prostituées qui existent à Bonn ?"<br />

Pour l'heure, l'image est saisissante : celle <strong>de</strong> "gueux" chassés par une gar<strong>de</strong> à cheval. "On n'est plus au<br />

Moyen-âge, quand même !" s'insurge une ven<strong>de</strong>use. J'ai justement ren<strong>de</strong>z-vous à la porte <strong>de</strong> Montreuil avec une<br />

historienne <strong>de</strong> la Révolution française qui connaît bien le système féodal qui a perduré jusqu'à l'Ancien régime. Elle<br />

arrive quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong> après le énième passage <strong>de</strong> trois agents <strong>de</strong> police. Une fois <strong>de</strong> plus, les ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> cette<br />

porte parisienne très fréquentée se volatilisent. Au café L'Etoile <strong>de</strong> Montreuil, où quelques <strong>glaneurs</strong> atten<strong>de</strong>nt le<br />

passage <strong>de</strong> "l'orage", Florence Gauthier, maître <strong>de</strong> conférences à Jussieu, me rappelle l'existence <strong>de</strong> "droits d'usage<br />

très anciens" <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés ouest-européennes, essentiellement paysannes, et mentionne les travaux d'historiens<br />

comme Marc Bloch sur "cette façon populaire <strong>de</strong> concevoir le droit. <strong>Le</strong> droit <strong>de</strong> glanage, nous en avons aujourd'hui<br />

une image liée à la précarité, mais il n'était pas réservé aux seuls pauvres. Ces droits d'usage dont il est difficile <strong>de</strong><br />

connaître l'origine exacte, réapparaissent aujourd'hui portés par <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes qui en ont une connaissance<br />

lointaine ou qui simplement les réinventent, spontanément. Ils n'ont jamais disparu".<br />

Promena<strong>de</strong> aux Puces avec une historienne<br />

Agnès Varda l'avait superbement montré dans son film documentaire <strong><strong>Le</strong>s</strong> Glaneurs et la glaneuse, en 2000. Une<br />

petite caméra en main, elle était partie filmer, dans les villes et dans les campagnes françaises, <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui glanent<br />

dans les champs ou grappillent dans les arbres après les récoltes, récupèrent <strong>de</strong> la nourriture dans les poubelles <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

magasins, ou à la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés. Va-t-on remettre en question ces droits ancestraux ? Ces pratiques dépassent<br />

les frontières <strong>de</strong> l'Europe, remarque l'historienne, qui avait ainsi été surprise <strong>de</strong> découvrir "dans les hauts plateaux <strong>de</strong><br />

l'Algérie <strong><strong>de</strong>s</strong> années 70, <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans pauvres étrangement installés tout autour <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> unités d'exploitation : les<br />

comités <strong>de</strong> gestion, anciens domaines <strong><strong>de</strong>s</strong> colons français, nationalisés. Ces paysans avaient construit leur maison<br />

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tout autour et allaient glaner le grain, 'jusqu'à 30% <strong>de</strong> la récolte' m'avait dit la direction <strong><strong>de</strong>s</strong> comités. Ce n'était pas la<br />

Sécurité sociale algérienne. Juste une façon, imaginée par la paysannerie, <strong>de</strong> régler ses problèmes".<br />

Allan-Adil, un Marocain jovial <strong>de</strong> 33 ans, rencontré juste avant le passage <strong>de</strong> la police, nous rejoint dans le café pour<br />

continuer l'échange interrompu. Il est plutôt satisfait <strong>de</strong> sa journée : "J'ai gagné 50 euros." Ce ven<strong>de</strong>ur n'a aucune<br />

allocation. Comme beaucoup, les revenus <strong>de</strong> sa vente sont les seuls dont il dispose, "<strong>de</strong>puis [son] divorce", nous<br />

dit-il. Il empoche généralement entre 20 et 30 euros la journée. "Je vends <strong><strong>de</strong>s</strong> baskets, <strong><strong>de</strong>s</strong> vêtements. Ces<br />

chaussures-là, achetées 5 euros à un Roumain, je les revends 10, peut être même 15." Pour compléter ces revenus<br />

du week-end, il vend aussi à Belleville en semaine, à côté <strong><strong>de</strong>s</strong> "chibanis", ces retraités immigrés qui, après une vie<br />

<strong>de</strong> travail en France, n'ont pu obtenir <strong>de</strong> retraite décente, ni même souvent l'Aspa (ex-minimum vieillesse). Pas<br />

toujours aisé, en effet, lorsqu'on était immigré dans les années 1960-1970, d'obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> fiches <strong>de</strong> paye en bonne et<br />

due forme...<br />

Droits <strong><strong>de</strong>s</strong> villes, droits <strong><strong>de</strong>s</strong> champs<br />

Depuis quelques années, la répression s'est accrue sur les ven<strong>de</strong>urs à la sauvette. Après la multiplication dans les<br />

villes <strong><strong>de</strong>s</strong> arrêtés anti-mendicité, on a même vu <strong><strong>de</strong>s</strong> arrêtés municipaux "anti-glanage". Trente-huit euros d'amen<strong>de</strong>,<br />

c'est ce que <strong>de</strong>vait payer une personne fouillant dans les poubelles à Nogent-sur-Marne (Val-<strong>de</strong>-Marne), qu'elle le<br />

fasse pour se nourrir ou non. L'arrêté a finalement été annulé en novembre <strong>de</strong>rnier après une saisie en référé par la<br />

Ligue <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l'homme. Avant Jacques J.P. Martin, un autre maire UMP, <strong>de</strong> La Ma<strong>de</strong>leine (Nord), avait pris une<br />

décision du même type. <strong>Le</strong> député du Val-d'Oise Georges Mothron (UMP, Droite Populaire) avait, lui, préconisé<br />

l'usage d'un répulsif contre les SDF : "le Malodore". <strong><strong>Le</strong>s</strong> entreprises ne sont pas en reste : il y a quelques mois, c'est<br />

un salarié <strong>de</strong> Monoprix qui s'est trouvé mis à pied pour avoir récupéré quelques sala<strong><strong>de</strong>s</strong> et melons dans les<br />

poubelles du magasin où il exerçait. L'employé a été réintégré. Renvoyés à leurs responsabilités, les politiques <strong>de</strong><br />

gauche comme <strong>de</strong> droite, préfèrent cacher la misère et faire la chasse aux pauvres plutôt qu'à la pauvreté. C'est<br />

oublier la fonction sociale <strong>de</strong> ces droits d'usage anciens, rappelle l'historienne : "Ce n'était pas <strong>de</strong> la charité, il<br />

s'agissait <strong>de</strong> conserver un équilibre <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports sociaux, éviter le vol, la violence..." Et aujourd'hui ? "Il y a<br />

assurément une lutte à mener pour la reconnaissance, auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> communes, <strong>de</strong> nouveaux droits d'usage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

villes". <strong><strong>Le</strong>s</strong> débats enflammés à l'Assemblée nationale sous la Révolution autour <strong>de</strong> la propriété ont conservé toute<br />

leur actualité. Peut-on parler <strong>de</strong> la propriété comme droit naturel lorsqu'elle entre en contradiction avec le droit <strong>de</strong><br />

subsistance ? s'interrogeaient les députés d'alors. "Ce débat sur la propriété qui revient et explose régulièrement, il<br />

faut le reprendre" affirme Florence Gauthier. <strong>Par</strong> ailleurs férue d'histoire <strong>de</strong> droit naturel, la chercheuse s'est plongé,<br />

grâce aux travaux du médiévaliste américain Brian Tierney, dans les écrits d'un juriste, Gratien, qui en donnait dès le<br />

XIIe siècle une définition d'une extrême mo<strong>de</strong>rnité. Ainsi, la répression actuelle aux <strong>portes</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>Par</strong>is</strong> n'est pas seule à<br />

nous renvoyer à l'Histoire, la recherche <strong>de</strong> solutions pourrait bien le faire <strong>de</strong> façon très utile.<br />

<strong>Yann</strong> <strong>Barte</strong><br />

Article également publié par http://laredacnoma<strong>de</strong>.over-blog.com<br />

[1] Personnes qui récupèrent <strong>de</strong> vieux chiffons pour les revendre (chiffonniers). La biffe qualifie cette activité <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> chiffons et, par<br />

extension, d'objets récupérés.<br />

[2] Association <strong><strong>de</strong>s</strong> marchés économiques locaux individuels et organisés du recyclage.<br />

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