Patrimoine - la vieille Mer
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Enjeux et difficultés<br />
de <strong>la</strong> redécouverte<br />
d’un patrimoine naturel<br />
en milieu urbain<br />
La découverture d’une rivière urbaine<br />
Le projet de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong><br />
en Seine-Saint-Denis<br />
<strong>Patrimoine</strong> – Mai 2008<br />
Marie KRIER – Magistère 2<br />
1
SOMMAIRE<br />
Introduction .......................................................................................................... 3<br />
Un cours d’eau patrimoine urbain ?....................................................................... 4<br />
La notion de patrimoine naturel fluvial ............................................................... 4<br />
Un respect des espaces naturels induit par une lecture simplifiée du territoire......... 5<br />
L’eau, miroir du lien social ................................................................................... 5<br />
Comprendre les territoires ................................................................................... 5<br />
Retrouver le fleuve, une approche en vogue........................................................... 5<br />
La Vieille <strong>Mer</strong>, un patrimoine enfoui par l’urbanisation.......................................... 6<br />
La Vieille <strong>Mer</strong>, fil rouge de contextes urbains chargés d’histoire ........................... 8<br />
Les traces d’un passé déterminant..................................................................... 8<br />
XIIIe siècle, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> apparaît pour <strong>la</strong> première fois sur les cartes ...................... 8<br />
..................................................................................................................... 9<br />
L’intégration urbaine du Rouillon et de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> s’ébauche au XIXe siècle .......... 10<br />
Un cours d’eau devenu émissaire d’eau pluviale ................................................ 10<br />
L’amont et l’aval, deux histoires, deux traitements dans l’espace urbain............... 11<br />
L’amont et l’aval, deux histoires, deux traitements dans l’espace urbain............... 12<br />
L'aval : des mutations successives le long du cours d'eau ...................................... 12<br />
L'amont : une urbanisation continue et progressive............................................... 15<br />
Une réouverture possible ?................................................................................. 19<br />
Le projet de réouverture : une mise en p<strong>la</strong>ce difficile.......................................... 20<br />
Contexte juridique ......................................................................................... 20<br />
Le foncier......................................................................................................... 20<br />
Statut actuel et futur de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>.................................................................. 20<br />
Question de <strong>la</strong> qualité des eaux .......................................................................... 20<br />
Problèmes potentiels au moment de <strong>la</strong> concertation .............................................. 21<br />
Des acteurs volontaristes ............................................................................... 21<br />
Des techniciens motivés .................................................................................... 21<br />
L’inscription du projet dans les documents de p<strong>la</strong>nification urbaine ......................... 22<br />
Une nécessaire action pédagogique ..................................................................... 22<br />
Un projet sans suites ?................................................................................... 22<br />
Conclusion........................................................................................................... 23<br />
Sources ............................................................................................................... 24<br />
2
Introduction<br />
Cette ancienne rivière de Seine-Saint-Denis, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>, canalisée, puis recouverte, fait<br />
l’objet d’un projet de découverture. Ancienne rivière, <strong>la</strong> plus importante dans le département<br />
après <strong>la</strong> Marne et <strong>la</strong> Seine, elle le traverse sur un tronçon de 7 kilomètres de Dugny jusqu’à <strong>la</strong><br />
Seine.<br />
Ce projet de découverte d’un ruisseau en pleine zone urbaine pose <strong>la</strong> question d’une part de <strong>la</strong><br />
légitimité du projet, d’autre part des bénéfices que pourront en tirer les espaces traversés par<br />
<strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>.<br />
La notion de patrimoine est abordée lorsqu’on s’interroge sur <strong>la</strong> manière dont s’est façonnée <strong>la</strong><br />
ville autour du cours d’eau et dans quelle mesure celui-ci a conditionné et structuré les<br />
espaces environnants.<br />
Peut-on parler de patrimoine urbain pour un cours d’eau, de surcroît enterré depuis près de<br />
cinquante ans ? Peut-être, si on s’intéresse au contexte urbain qu’il traverse, qu’il a traversé,<br />
qu’il a façonné…<br />
Dans ce cadre de redécouverte du fleuve, de <strong>la</strong> nature oubliée en ville retrouvée, comment<br />
porter un projet de cette ampleur ? Quels acteurs et quels mécanismes sont déterminants pour<br />
<strong>la</strong> réalisation et <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de celui-ci ?<br />
3
Un cours d’eau patrimoine urbain ?<br />
• La notion de patrimoine naturel fluvial<br />
Le concept de patrimoine fluvial est re<strong>la</strong>tivement récent. Il correspond au mouvement de<br />
démembrement de <strong>la</strong> notion de patrimoine, continu depuis les années 1960. Dans le contexte<br />
de <strong>la</strong> loi Malraux du 4 août 1962, le patrimoine a cessé d’être exclusivement limité aux<br />
monuments historiques pour devenir objet de mémoire et identifiant d’un territoire.<br />
L’aménagement du fleuve a évolué au fil du temps et, corré<strong>la</strong>tivement, le patrimoine bâti qui y<br />
est associé.<br />
La notion de patrimoine fluvial est dans un premier temps rattachée aux corps de métiers et<br />
aux industries qui s’y rattachent, c'est-à-dire aux instal<strong>la</strong>tions remarquables qu’ont induit les<br />
fleuves. Mais rapidement, <strong>la</strong> notion de patrimoine fluvial prend une autre dimension. L’espace<br />
fleuve, en tant qu’entité identifiée liée à un territoire, devient patrimoine naturel. La nouvelle<br />
dimension est apportée en ce sens que le fleuve n’est plus patrimoine par les éléments<br />
anecdotiques qui l’accompagnent, mais en lui-même. Il s’intègre alors tout à fait à une<br />
politique d’aménagement et de gestion de l’espace.<br />
Plusieurs catégories de patrimoine cohabitent pour l’espace fleuve. Le fleuve comme<br />
écosystème garant d’une forme de diversité biologique, le fleuve comme témoin d’un passé<br />
industriel auquel il était indispensable. Enfin, Le fleuve en tant qu’élément structurant, autour<br />
duquel s’est formée <strong>la</strong> ville, qui agit comme lien ou frontière entre les territoires, les quartiers.<br />
Au sein des espaces urbains, le réseau hydrographique constitue encore un élément naturel,<br />
avec lequel l’homme doit jongler, en raison des risques qui lui sont associés (inondations,<br />
effondrements…). La compréhension de <strong>la</strong> manière dont s’est construite <strong>la</strong> ville par rapport au<br />
réseau hydrographique, par une mise en valeur du patrimoine fluvial permet également de<br />
prévenir ces risques. En effet, <strong>la</strong> révolution industrielle, suivie des théories hygiénistes, puis<br />
modernistes, ne se sont pas embarrassées de ces frontières naturelles que constituait le<br />
réseau hydrographique. Les ruisseaux ont été canalisés, puis busés ou enterrés ou recouverts.<br />
Les territoires perdant ainsi ce qui les avait déterminés dans leurs formes. Le réseau<br />
hydrographique devient alors uniquement vecteur de nuisances (inondations…), tout en étant<br />
devenu invisible.<br />
4
• Un respect des espaces naturels induit par une lecture simplifiée du<br />
territoire<br />
L’eau, miroir du lien social<br />
L’eau est un support essentiel à <strong>la</strong> création de lien social. Elle constitue un élément de<br />
l’identité collective, et mérite à ce titre d’être valorisée en elle-même.<br />
Des projets s’attachent à réinsérer l’eau dans <strong>la</strong> ville (remise à l’air de <strong>la</strong> Bièvre, mise en<br />
tourisme du canal Saint Martin …). La notion de développement durable incite les collectivités<br />
au sein de leurs documents d’urbanisme à retrouver <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> ville (reconquérir le<br />
fleuve, retrouver les berges, valoriser les activités fluviales…).<br />
Comprendre les territoires<br />
Après avoir tourné le dos au fleuve pendant près d’un siècle, <strong>la</strong> ville revient vers lui. Ce retour<br />
nécessite un temps de réadaptation. En effet, après avoir été successivement élément<br />
structurant, puis vecteur du développement industriel, le fleuve est oublié, caché, rappe<strong>la</strong>nt de<br />
temps à autre les popu<strong>la</strong>tions à son bon souvenir par les désagréments qu’il cause même<br />
enterré…<br />
Le fleuve revalorisé comme retour de <strong>la</strong> nature en ville, peut induire des aménagements<br />
permettant un meilleur respect de l’eau, et du réseau. Agir sur l’insertion du fleuve dans <strong>la</strong><br />
ville peut donc avoir des effets directs sur <strong>la</strong> qualité des eaux que rejette le fleuve.<br />
Retrouver le fleuve, une approche en vogue<br />
Cette approche du fleuve, qui fut longtemps relégué au dos des villes et utilisé comme égout,<br />
est reprise par les différentes orientations prescrites par les documents d’urbanisme. Le SDRIF<br />
2007 par exemple pose les orientations suivantes :<br />
« Ouvrir le fleuve sur <strong>la</strong> ville et composer avec les territoires naturels et bâtis »;<br />
« Ouvrir le fleuve sur <strong>la</strong> ville pour permettre sa réappropriation »;<br />
« Le fleuve, comme site stratégique, élément fédérateur du projet spatial régional ».<br />
De même à un niveau plus local, au sein des communes traversée par un fleuve, on ne<br />
manque pas de trouver dans les P<strong>la</strong>n d’Aménagement et de Développement Durable des<br />
enjeux tels que :<br />
« Retrouver le fleuve » ;<br />
« Ouvrir <strong>la</strong> ville sur les berges »…<br />
Le projet de réouverture de <strong>la</strong> Vieille, qui fait l’objet de ce dossier <strong>Mer</strong> et les enjeux qui lui sont<br />
associés sont tout à fait contemporains et liés aux aspirations de notre société.<br />
5
• La Vieille <strong>Mer</strong>, un patrimoine enfoui par l’urbanisation<br />
La Vieille <strong>Mer</strong> est une ancienne rivière de Seine-Saint-Denis, <strong>la</strong> plus importante dans le<br />
département après <strong>la</strong> Marne et <strong>la</strong> Seine. Elle traverse le département sur un tronçon de 7 Km<br />
de Dugny jusqu’à <strong>la</strong> Seine, en traversant <strong>la</strong> ville de Saint-Denis. Ce cours d’eau a été canalisé<br />
dès le début du siècle et busé entièrement entre 1954 et 1964. La Vieille <strong>Mer</strong> est gérée par <strong>la</strong><br />
Direction de l’Eau et de l’Assainissement du Conseil Général de Seine Saint Denis et constitue<br />
aujourd’hui un véritable réseau primaire d’eaux pluviales.<br />
L’idée de découvrir cette rivière existait depuis de nombreuses années chez les techniciens de<br />
<strong>la</strong> DEA de Seine-Saint-Denis. En effet, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>, même couverte, n’a jamais perdu sa<br />
réalité de rivière. Tout d’abord elle ne fut que couverte et non enterrée et d’autre part, <strong>la</strong><br />
fréquence de ses inondations rappe<strong>la</strong>it régulièrement son existence. Par ailleurs, reconquérir<br />
cette rivière, <strong>la</strong> remettre à ciel ouvert, est vite apparu comme une nécessité, une chance<br />
même, pour un territoire sur lequel <strong>la</strong> présence de l’eau est devenu d’une grande rareté (tous<br />
les petits rus, composant cette ancienne zone marécageuse, on été enfouis, cachés, canalisés,<br />
busés…).<br />
Collecteur unitaire dans un premier temps, le collecteur de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> est vite devenu<br />
exclusivement réseau d’eaux pluviales. Nous verrons tout à l’heure que cet ex-statut unitaire<br />
6
n’est pas sans conséquence sur le ruisseau couvert. En effet, de mauvais branchements de<br />
réseaux produisent encore aujourd’hui des afflux d’eaux usées au sein de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>.<br />
7
La Vieille <strong>Mer</strong>, fil rouge de contextes urbains chargés d’histoire<br />
L’étude d’un cours d’eau en tant que patrimoine d’un territoire amène à s’interroger sur les<br />
traces que celui-ci a <strong>la</strong>issées dans l’organisation de <strong>la</strong> ville et l’imp<strong>la</strong>ntation de <strong>la</strong> trame viaire,<br />
de l’espace bâti etc.<br />
Dans le cadre d’un projet de réouverture tel que celui-ci il est d’autant plus déterminant de<br />
montrer que le cours d’eau constitue un élément structurant de <strong>la</strong> ville, par l’analyse de<br />
l’histoire urbaine du secteur.<br />
• Les traces d’un passé déterminant<br />
XIIIe siècle, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> apparaît pour <strong>la</strong> première fois sur les cartes<br />
La Vieille-<strong>Mer</strong> n'apparaît sur les cartes qu'au XIIIème siècle. Elle constitue un bras du Rouillon<br />
prenant naissance à 800 m à l'aval du point de séparation des eaux du Rouillon et du Croult.<br />
Son parcours est re<strong>la</strong>tivement parallèle à celui du Rouillon. Il rejoint le Croult à l'aval du bourg<br />
de Saint-Denis.<br />
Plusieurs raisons <strong>la</strong>issent à penser que <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong> est un cours d'eau formé naturellement<br />
mais "modifié et consolidé par l'homme" :<br />
• Le Rouillon a connu un lit fluctuant. On peut supposer qu'un des bras fut progressivement<br />
maintenu par l'homme.<br />
• Si <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> était le résultat d'une opération volontariste comme ce fut le cas pour le<br />
Croult, les traces d'une telle entreprise dans des sources écrites auraient dû être retrouvées ;<br />
• Les efforts engagés pour de tels travaux auraient probablement conduit à ce que l'on se soit<br />
donné <strong>la</strong> peine de nommer cette rivière dès sa création. On ne relève le nom de Vieille-<strong>Mer</strong><br />
dans les documents qu'à partir du XVème siècle ;<br />
L'intervention de l'homme répondrait aux besoins, soit d'irriguer les prairies, soit de canaliser<br />
le cours d'eau pour réduire son lit majeur et ainsi accroître les surfaces cultivables.<br />
1.L’ager parisiensis, dit Carte de <strong>la</strong> Guillotière, en 1598<br />
8
Contexte hydrographique au XIIIè siècle<br />
•<br />
Saint-Denis à vol d’oiseau, par Devicque, 1863. Lithographie de Lemercier Bibliothèque de Saint-Denis<br />
9
L’hydronyme « <strong>vieille</strong>mer » qui se transformera en Vieille <strong>Mer</strong> apparaît en 1484.<br />
L’intégration urbaine du Rouillon et de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> s’ébauche au XIXe siècle<br />
Longtemps restés en zone rurale, cette partie de <strong>la</strong> Seine Saint Denis connaît un essor lors de<br />
<strong>la</strong> révolution industrielle et dès lors s’urbanise rapidement. Ces éléments naturels doivent donc<br />
s’intégrer à <strong>la</strong> ville. La <strong>vieille</strong> <strong>Mer</strong> est dans un premier temps canalisée, pour être exploitée à<br />
des fins industrielles. Elle est finalement busée, répondant à une demande pressante de <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion, désireuse de se débarrasser de ce cours d’eau devenu peu à peu égout et vecteur<br />
de nuisances pour <strong>la</strong> ville (inondations, odeurs…). Elle est enfin recouverte en 1957 et devient<br />
partie intégrante du réseau d’assainissement de Seine-Saint-Denis.<br />
• Un cours d’eau devenu émissaire d’eau pluviale<br />
Par l’action de l’homme, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> est donc devenue collecteur enterré d’eaux pluviales.<br />
Cette fonction cause un certain nombre de problèmes techniques quant à sa réouverture. En<br />
effet, par temps sec, le collecteur ne connaît normalement aucun apport, son débit est donc<br />
nul 1 . Les eaux du Croult qui alimentaient autrefois le cours de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> ont été détournées<br />
au niveau de Dugny vers des bassins de rétention ou d’autres réseaux d’assainissement.<br />
Dans cette configuration, il est envisagé, dans le cadre de <strong>la</strong> réouverture de rétablir les apports<br />
naturels de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>, à savoir les eaux du Croult, mais également d’y rattacher le rejet de<br />
<strong>la</strong> station d’épuration de Bonneuil en France située à proximité.<br />
La Vieille <strong>Mer</strong>, même couverte, reste facteur des nuisances qui lui étaient incombées autrefois.<br />
En effet, le collecteur est, lors de pluies exceptionnelles, victime de surcharge, ce qui provoque<br />
des inondations dans les sous-sols des habitations voisines de son passage.<br />
Redécouvrir <strong>la</strong> Vielle <strong>Mer</strong>, c’est aussi permettre aux popu<strong>la</strong>tions de mieux comprendre <strong>la</strong><br />
source de ces nuisances, mais également de recréer un lien physique entre les différents<br />
quartiers traversés par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>.<br />
1 Ce propos est toutefois à nuancer, car il reste de son ex statut de collecteur unitaire des erreurs de<br />
branchements entre les réseaux. La Vieille <strong>Mer</strong> connaît donc un débit d’eaux usées même par temps sec.<br />
10
Contexte hydrographique actuel<br />
•<br />
La Vielle <strong>Mer</strong>, devenue collecteur d’eaux pluviales<br />
11
L’amont et l’aval, deux histoires, deux traitements dans l’espace<br />
urbain<br />
L'aval : des mutations successives le long du cours d'eau<br />
Histoire, une urbanisation plus ancienne, artisanale puis industrielle, <strong>la</strong>issant p<strong>la</strong>ce à de<br />
résidences collectives.<br />
La Vieille-<strong>Mer</strong> et le Rouillon, dans <strong>la</strong> partie aval, n'étaient bordés que de rares moulins. A partir<br />
de 1830, une activité artisanale se développe d'abord aux franchissements du cours d'eau puis<br />
le long de ses rives. Activités qui se transforment progressivement en activités industrielles,<br />
les premiers établissements s'imp<strong>la</strong>ntant en 1849 et s'entendent ensuite vers le Nord.<br />
Les usines s'étendent encore dans <strong>la</strong> première moitié du XXème siècle. Le Rouillon et <strong>la</strong> Vieille-<br />
<strong>Mer</strong>, toujours à ciel ouvert, sont imbriqués dans un vaste tissu industriel dense.<br />
Après <strong>la</strong> 2nde guerre mondiale, les usines sont transférées en périphérie. Saint-Denis voit se<br />
libérer des emprises foncières qu'elle emploie à répondre aux demandes de logements. C'est à<br />
l'occasion de ces opérations d'aménagement qu'est comblé le Rouillon et couverte <strong>la</strong> Vieille-<br />
<strong>Mer</strong>.<br />
L'incidence de <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong> sur <strong>la</strong> morphologie urbaine s'est avérée constante durant toute<br />
l'histoire de ce quartier :<br />
• Au milieu du XIXème siècle, les cours d'eau conditionnent en partie <strong>la</strong> localisation des<br />
établissements industriels.<br />
• Jusqu'aux années 50, <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong> à ciel ouvert apparaît c<strong>la</strong>irement comme <strong>la</strong> limite nord du<br />
quartier industriel.<br />
12
• Lors de <strong>la</strong> dernière phase de réaménagement, les urbanistes ont retenu <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong> comme<br />
élément structurant. Des circu<strong>la</strong>tions piétonnes et des espaces paysagers furent disposés au-<br />
dessus du cours d'eau couvert. Le Rouillon connaît un autre traitement puisque, comblé, il<br />
n'apparaît plus dans le tissu actuel.<br />
Toutefois, certaines constructions datant des trois dernières décennies ont été réalisées, en<br />
particuliers pour les parties enterrées, sans considération du passage du cours d'eau à<br />
proximité, comme le montre le schéma ci-dessous.<br />
Une histoire mal connue de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
Il en résulte une popu<strong>la</strong>tion peu au fait de l'histoire encore récente du secteur. Ce qui n'est pas<br />
sans incidence sur <strong>la</strong> perception du projet de réouverture du cours d'eau.<br />
13
Les espaces traversés par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> enterrée à l’aval<br />
14
L'amont : une urbanisation continue et progressive<br />
Histoire, commencée au début du XXème siècle, l'urbanisation est faite de lotissements<br />
pavillonnaires, s'étendant ensuite en quartiers résidentiels de collectifs.<br />
Au début du siècle, l'industrie se développe au nord de l'agglomération. Elle génère une forte<br />
augmentation démographique et une demande inhérente de logements. Pour répondre à cet<br />
afflux, sont créés des lotissements dans les zones encore non urbanisées. Parmi celles-ci<br />
figurent les espaces traversés par <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong> à l'Est de l'agglomération.<br />
A noter que les lotisseurs retiennent le site en raison de son faible coût foncier, coût réduit en<br />
partie du fait de son inondabilité chronique.<br />
Ces lotissements sont d'abord occupés par les ouvriers des industries locales. Ils bâtissent des<br />
bicoques, sans eau ni électricité. Ce n'est que progressivement, en conservant le même<br />
parcel<strong>la</strong>ire, que l'habitat est amélioré par extension ou reconstruction du bâti d'origine.<br />
La seconde guerre mondiale met un frein à l'urbanisation du quartier. Elle reprend après-<br />
guerre avec <strong>la</strong> démolition des fortifications. Il faut attendre une décennie (1955) avant de voir<br />
le quartier se densifier à nouveau, avec <strong>la</strong> construction de plusieurs cités d'habitats collectifs et<br />
l'établissement définitif de <strong>la</strong> voirie. En 1963, est aménagé le Parc Cachin.<br />
15
Plus à l'amont encore, entre le quartier de <strong>la</strong> Mutualité et le parc de <strong>la</strong> Courneuve,<br />
l'urbanisation ne commence qu'en 1963. Une nouvelle crise du logement se traduit par<br />
l'édification de cités résidentielles collectives de grande ampleur. C'est lors de <strong>la</strong> réalisation des<br />
cités Floréal, <strong>la</strong> Courtille, Saussaie, que va être couverte <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong>.<br />
Aujourd'hui, le parcel<strong>la</strong>ire des lotissements de <strong>la</strong> Mutualité, antérieur à <strong>la</strong> couverture de <strong>la</strong><br />
Vieille-<strong>Mer</strong>, <strong>la</strong>isse apparaître c<strong>la</strong>irement le parcours initial du cours d'eau. Sa couverture a<br />
permis <strong>la</strong> création d'un cheminement piéton.<br />
Le lit du Rouillon a également déterminé le parcel<strong>la</strong>ire, cependant l'espace dégagé par sa<br />
couverture a été réparti dans les espaces privés.<br />
Une popu<strong>la</strong>tion antérieurement confrontée à <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong><br />
16
De par l'histoire de ce secteur, une part importante de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ce souvenir est entretenu<br />
par <strong>la</strong> toponymie locale : Promenade de <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong>, Rue de <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong>, Rue du Rouillon,<br />
Ecole maternelle de <strong>la</strong> Vieille-<strong>Mer</strong>, Quartier de <strong>la</strong> Saussaie.<br />
L'éventualité d'une découverture est accueillie de manière négative. Cette perception est liée<br />
au fait que <strong>la</strong> couverture du cours d'eau, considérée comme récente, a été l'objet d'une<br />
demande vive, répétée et attendue par les résidents. Elle fut synonyme de confort, le cours<br />
d'eau étant encore actuellement perçu comme un égout.<br />
Descriptif : Promenade piétonne étroite en cœur de quartiers résidentiels individuels et<br />
collectifs.<br />
17
Les espaces traversés par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> enterrée à l’amont<br />
18
Une réouverture possible ?<br />
Le contexte urbain de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> parait particulièrement favorable au projet de réouverture.<br />
En effet, celle-ci a conservé son tracé à travers les espaces publics et piétonniers qui <strong>la</strong><br />
recouvrent.<br />
Dans sa partie aval comme dans sa partie amont, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> constitue un élément<br />
structurant de l’espace urbain et du territoire. Elle porte également le long de son cours les<br />
traces du passé industriel du département.<br />
Déterminer l'incidence de <strong>la</strong> rivière dans <strong>la</strong> constitution de <strong>la</strong> trame urbaine permet de<br />
retrouver les liens originels qui unissaient une rue, un quartier, avec le cours d'eau.<br />
En d'autres termes, le projet ne présente-il que l'intérêt paysager de mettre à ciel ouvert un<br />
collecteur, ou permet-il de réintégrer dans <strong>la</strong> ville ce qui fut l'un des constituants de son<br />
histoire, au même titre que sont mis en valeur les monuments anciens ?<br />
Cette question revêt un intérêt particulier dans des villes comme Saint-Denis. La popu<strong>la</strong>tion y<br />
connaît un fort taux de renouvellement. Une re<strong>la</strong>tion immédiate avec l'histoire de leur quartier<br />
pourrait créer une attache plus grande à son lieu de résidence et faciliter leur intégration.<br />
L’étude de l’histoire de l’environnement urbain de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> permet également de mesurer<br />
les liens historiques éventuels qui unissent <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de Saint-Denis et le cours d'eau. En<br />
effet, si celui-ci n'est plus visible, son enfouissement est récent. Nombre d'habitants ont pu le<br />
connaître lorsqu'il était encore à ciel ouvert. Les souvenirs, <strong>la</strong> perception de celui-ci, participent<br />
à l'acceptation ou au refus du projet.<br />
19
Le projet de réouverture : une mise en p<strong>la</strong>ce difficile<br />
Le foncier<br />
• Contexte juridique<br />
La carte du parcel<strong>la</strong>ire montre que le parcours de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> dans son état actuel traverse<br />
une trame parcel<strong>la</strong>ire globalement lâche et aérée, c’est-à-dire constituée de parcelles de<br />
grande surface.<br />
Le mode d’occupation des sols du secteur se répartit entre de l’habitat collectif (principalement<br />
de grand gabarit) ; des équipements publics de grande ampleur (enseignement, hôpitaux,<br />
parcs…) ; des établissements industriels.<br />
Ce parcel<strong>la</strong>ire très lâche traversé par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>, zone de logements sociaux, appartient<br />
généralement à des institutions ou des collectivités locales.<br />
En terme foncier, 90% du territoire traversé par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> est public ou semi-public, ce qui<br />
facilite les problèmes liés aux rachats des terrains dans le cadre d’un réouverture.<br />
Statut actuel et futur de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong><br />
Les questions de statut sont prépondérantes, puisque qu’en fonction de ceux-ci <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<br />
varie considérablement.<br />
Deux statut peuvent être envisagés dans le cadre de <strong>la</strong> réouverture :<br />
- le statut de rivière,<br />
- le statut d’ouvrage public.<br />
Le retour du statut de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> à celui de rivière n’est pas envisageable pour <strong>la</strong> raison<br />
suivante : le statut de rivière dite naturelle implique l’existence et l’usage d’un lit naturel, <strong>la</strong><br />
question est de savoir à quel titre une canalisation peut retrouver un lit naturel, et surtout<br />
quels avantages ce retour apporterait-il ?<br />
Le maintien de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> à un statut d’ouvrage public parait plus raisonnable .<br />
Question de <strong>la</strong> qualité des eaux<br />
De <strong>la</strong> qualité des eaux de <strong>la</strong> Vielle <strong>Mer</strong> dépend son aspect, son odeur, son entourage paysager<br />
et ses usages. Cette question est donc majeure dans le cadre de sa réouverture.<br />
Dans <strong>la</strong> configuration actuelle, il faut distinguer <strong>la</strong> qualité des eaux par temps sec de celle par<br />
temps de pluie.<br />
20
- par temps sec, <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> ne devrait normalement connaître aucun apport (donc avoir<br />
un débit nul), de par son statut de collecteur d’eaux pluviales. Cependant, à cause de<br />
mauvais branchements et d’infiltrations dans les collecteurs amont, un apport continu a été<br />
observé.<br />
- Par temps de pluie, il a été mis en évidence <strong>la</strong> très mauvaise qualité des eaux de <strong>la</strong> Vieille<br />
<strong>Mer</strong>. La pollution provient : des eaux de ruissellement générées par <strong>la</strong> pluie en cours, des<br />
remises en suspension de dépôts formés par temps sec.<br />
Il apparaît que les eaux de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>, dans <strong>la</strong> configuration et <strong>la</strong> gestion actuelle du réseau,<br />
ne permet de remplir aucun fonction urbaine (baignade, pêche, jeux d’eau, valorisation<br />
paysagère).<br />
Dans le cadre d’une réouverture, ces questions liées à <strong>la</strong> qualité des eaux devront donc être<br />
traitées en priorité.<br />
Problèmes potentiels au moment de <strong>la</strong> concertation<br />
Le soutien de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, des associations qui interviennent dans le secteur est également<br />
déterminant pour <strong>la</strong> bonne conduite du projet.<br />
Comme nous l’évoquions précédemment, le projet de réouverture souffre d’une perception<br />
assez négative auprès des popu<strong>la</strong>tions installées de longue date dans les secteurs traversés<br />
par <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>. La couverture du cours d’eau, considérée comme récente, a été l’objet d’une<br />
demande vive des riverains, et fut synonyme de confort, le cours d’eau étant alors considéré<br />
comme un égout.<br />
La phase communicante sera donc essentielle pour <strong>la</strong> bonne conduite du projet.<br />
• Des acteurs volontaristes<br />
Des techniciens motivés<br />
Porté depuis 1999 par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis et particulièrement par les<br />
techniciens de <strong>la</strong> Direction de l’Eau et de l’Assainissement, le projet bénéficie de <strong>la</strong> motivation<br />
de ces derniers. En effet, un projet d’une telle ampleur, à l’échelle de plusieurs commune doit<br />
être prôné et soutenu par des moteurs forts. La Seine-Saint-Denis se p<strong>la</strong>ce depuis quelques<br />
années déjà en département « exemple » en matière de gestion durable de l’eau. C’est au sein<br />
de ce département que l’on peut observer l’actualité en matière d’assainissement alternatif, de<br />
réutilisation des eaux pluviales, techniques fortement conseillées par <strong>la</strong> loi sur l’Eau de 1992.<br />
Le projet de réouverture de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong> s’inscrit donc dans une dynamique générale de<br />
réalisations innovantes de <strong>la</strong> part du département en ce qui concerne l’eau et, plus<br />
généralement l’aménagement durable.<br />
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L’inscription du projet dans les documents de p<strong>la</strong>nification urbaine<br />
Afin de voir ce projet se réaliser un jour, il est nécessaire de l’inscrire, au moins comme<br />
orientation dans les différents documents et p<strong>la</strong>n d’urbanisme du secteur concerné. Ainsi, il a<br />
été inscrit dans :<br />
- P<strong>la</strong>n Communautaire de l’environnement de P<strong>la</strong>ine Commune (travail préa<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong><br />
réalisation des PLU)<br />
- Contrat de bassin (région + Agence de l’eau)<br />
- SAGE (en cours d’émergence)<br />
Cette inscription permet de donner une forme de légitimité à l’idée de découverture.<br />
Une nécessaire action pédagogique<br />
Nous l’avons vu, le projet ne rencontre pas d’obstacles majeurs d’un point de vue légis<strong>la</strong>tif, il<br />
est même encouragé par les différentes orientations de développement durable très<br />
contemporaines. Le point qui fait encore défaut à l’heure actuelle reste l’aspect communicatif<br />
avec les popu<strong>la</strong>tions résidentes, qui finalement seront les plus touchées par <strong>la</strong> réouverture.<br />
Cependant, le contexte actuel, <strong>la</strong> sensibilisation du public, le Grenelle de l’Environnement… ont<br />
permis une prise de conscience collective de l’importance de l’environnement « naturel », de <strong>la</strong><br />
rareté des ressources.<br />
On ne peut pas présumer de l’accueil des popu<strong>la</strong>tions, mais <strong>la</strong> manière dont celui-ci est exposé<br />
et communiqué compte de manière primordiale dans <strong>la</strong> création d’un imaginaire collectif et<br />
donc d’une adhérence ou d’un refus face à un projet.<br />
• Un projet sans suites ?<br />
Dans les cartons du Conseil Général de Seine-Saint-Denis depuis bientôt 10 ans, on peut<br />
s’interroger sur <strong>la</strong> forme que va prendre ce projet de découvrir <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong>.<br />
Des groupes de travail ont été constitués autour de l’idée de découverture. Il s’agit de réfléchir<br />
à <strong>la</strong> forme opérationnelle que va prendre celle-ci, du point de vue de <strong>la</strong> concertation, mais<br />
également et surtout du point de vue des financements. Les aménagements paysagers,<br />
l’amélioration du cadre de vie qu’accompagneraient le projet aurait sans nul doute un fort<br />
impact sur le foncier et l’attraction de nouveaux acteurs (zones d’activités, entreprises…) et<br />
résidents. Cet aspect, pourtant déterminant (du moins pour le retour sur investissement que<br />
ce<strong>la</strong> constituera), n’est pas abordé dans les documents de communication ou encore les études<br />
faisabilité que j’ai pu consulter pour <strong>la</strong> réalisation de ce dossier.<br />
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Il est manifeste que nous nous trouvons dans une période particulièrement favorable pour <strong>la</strong><br />
réalisation de ce type de projets. Reste à trouver les fonds d’investissement et subventions qui<br />
permettront sa réalisation.<br />
Conclusion<br />
En forme de conclusion, on peut s’interroger sur <strong>la</strong> démarche en elle-même. Est-ce un retour<br />
au passé que de découvrir une rivière aujourd’hui disparue ? Les thématiques de retour de <strong>la</strong><br />
nature en ville font l’objet d’un consensus général. Mais que penser du changement radical de<br />
perspective en un demi-siècle, passant de l’urbanisme moderniste qui recrée une nature<br />
urbaine à l’urbanisme contemporain qui privilégie <strong>la</strong> nature à l’état « naturel » ? On peut se<br />
poser <strong>la</strong> question de l’espace temps dans lequel s’inscrivent les courants d’urbanisme. La<br />
réflexion doit également prendre en compte les décennies qui s’annoncent en s’appuyant sur le<br />
passé en donc sur le patrimoine, dans son sens <strong>la</strong>rge, légué par les générations antérieures.<br />
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Sources<br />
Cahiers de l’IAURIF<br />
Le fleuve, composante de l’écosystème métropolitain sa prise en compte dans l’aménagement<br />
Composante Urbaine<br />
Étude de faisabilité pour <strong>la</strong> dé-couverture de <strong>la</strong> Vieille <strong>Mer</strong><br />
Rencontre : Christian Piel, Marie Pire<br />
Direction de l’Eau et de l’Assainissement CG93<br />
Rencontre : Thierry Maytraud<br />
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