La diarrhée infectieuse chez l'agneau - Ficow

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L a diarrhée infectieus e chez l’ag neau n’es t pas un
problèm e très fréquent, contrairem ent à ce qu’on
rencontre chez le v eau. C ependant, lors qu’un élevag
e es t confronté à ce problèm e, la m ortalité
peut être im portante.
L es s ig nes cliniques de la diarrhée s ont les m ê-
m es , indépendam
m ent
de l’âg e de
l’ag neau ou
de la caus e :
s elles m olles
à liquides ,
parfois hém
orrag iques ,
s uiv ies de
dés hy dratation
et accom
pag nées
d’abattem ent
pouvant entraîner
la
m ort. I l n’es t pas facile de traiter un ag neau dés -
hy draté et abattu. Malg ré les traitem ents , les rés
ultats s ont s ouv ent décevants .
L es caus es de la diarrhée infectieus e s ont nom -
breus es et varient s elon l’âg e de l’ag neau. L es
principales s ont la colibacillos e, la cry ptos poridios
e et la coccidios e.
a ffe c te le s a g n e a u x d e 0 à 4 j o u r s
e n g e n d r e u n e m o r ta lité é le v é e
L a colibacillos e es t une affection du petit intes tin
Filière Ovine et Caprine n°34 - 4ème trimestre 2010
HA D I A R R H ÉE I N F E C T I E U S E
S y n th ès e d e P h ilip p e Va n d ie s t – F I C O W
S o u r c e :
D aig nault A., B ourassa R ., Moreau J . 2 0 0 9 . L a diarrhée chez l’agneau : un sujet à « év iter ». S y m pos ium
ov in 2 0 0 9 , 18 – 1 9 s eptem bre, G ranby, C anada. 1 3 p.
Diarrhée néonatale
Colibacillose (0-4 j.)
Entérotoxémie (0-7 j.)
Cryptosporidiose (5-15 j.)
Diarrhée virale (0-6 j.)
Rotavirus (2-10 j.)
C H E Z L ’A G N E A U
de l’ag neau nouv eau- né caus ée par une s ouche
de la bactérie E s cherichia coli. C ette bactérie es t
prés ente norm alem ent dans le tube dig es tif.
D ’autres s ouches peuv ent caus er des infections
g énéralis ées ( s epticém ie) , des m am m ites , des
pneum onies et des arthrites notam m ent.
L E S D I F F ÉR E N T E S C A U S E S D E D I A R R H ÉE C H E Z L ' A G N E A U VA R I E N T E N F O N C T I O N D E L E U R ÂG E
L a c o lib a c illo s e
Coccidiose
(3 sem. et +)
Salmonellose
Agneaux lourds
Parasites intestinaux
Diarrhée alimentaire
L a s ouche incrim inée colonis e les cellules intes tinales
, s ans en altérer la m uqueus e, et produit
une entérotox ine qui interfère av ec la phy s iolog ie
norm ale de l’intes tin, ce qui eng endre une diarrhée.
L a trans m is s ion de la bactérie s e fait par le fum
ier, v ia le cordon om bilical ou par v oie orale
( principalem ent tétée de m am elles s ouillées ) .
L a colibacillos e es t diag nos tiquée chez des
ag neaux âg és de m oins de dix jours , m ais es t
plus fréquente dans les quatre jours qui s uiv ent
la nais s ance. L es ag neaux ont une diarrhée
aqueus e, s e dés hy dratent et s ont très abattus .
S ouv ent, ils s e lèv ent av ec difficulté et ont le dos
v oûté, s ig ne de douleur abdom inale. S ouv ent

Filière Ovine et Caprine n°34 - 4ème trimestre 2010 12
aus s i, ils m eurent s ans av oir eu de diarrhée, la
m aladie s e dév eloppant très rapidem ent. L es
s y m ptôm es précurs eurs s ont l’abattem ent, le
m anque d’appétit et une s alivation ex ces s iv e.
L e principal traitem ent de la colibacillos e cons is te
à m aintenir l’anim al hy draté par l’apport de fluides
par v oie orale, s ous cutanée ou, dans les cas
g rav es , intrav eineus e. L’adm inis tration d’antibiotique
peut être néces s aire pour réduire l’infection,
tout com m e celle d’anti- inflam m atoire pour dim inuer
l’inflam m ation et contrôler la douleur.
L a prév ention repos e es s entiellem ent s ur l’hyg
iène des litières en période de m is e bas
( paillag e) . I l es t aus s i recom m andé de v eiller à la
propreté des tois ons et des tray ons après la m is e
bas afin de réduire l’ing es tion de fum ier par les
ag neaux nouv eau- nés , ains i que de s ’assurer que
les petits reçoiv ent s uffis am m ent de colos trum .
L a c r y p to s p o r id io s e
a ffe c te le s a g n e a u x d e 5 j o u r s à 2
s e m a in e s
p a s d e m é d ic a m e n t e ffic a c e e t p a s
d e d é s in fe c ta n t p o u r a s s a in ir l’e n v ir
o n n e m e n t
p e u t c o n ta m in e r l’h o m m e ( z o o n o s e )
L a cry ptos poridios e es t une affection du s y s tèm e
dig es tif des nouv eau- nés caus ée par un protozoaire
( parasite unicellulaire) . E lle es t trans m is s ible
à l’hom m e v ia notam m ent la contam ination
de l’eau de cons om m ation et es t très rés is tante
dans l’env ironnem ent.
L’infes tation s e fait par l’ing es tion de m atières fécales
contenant des œufs du parasite ( oocy s tes ) .
C eux - ci libèrent des s porozoïtes qui s e fix ent s ur
les cellules intes tinales et freinent l’abs orption et
la dig es tion des alim ents . I l en rés ulte une diarrhée
aqueus e et jaunâtre, une dés hy dratation, un
refus de s ’alim enter, un am aig ris s em ent et une
apathie. L a diarrhée peut être m odérée ou s év ère
et dure trois à quatre jours norm alem ent, m ais
dans certains cas jus qu’à une s em aine.
I l n’ex is te aucun m édicam ent efficace pour lutter
contre la cry ptos poridios e. L es apports de fluides
hy dratants et de protecteurs de m uqueus es s ont
les s eules interv entions s us ceptibles de s oulag er
les anim aux .
L a dos e infectante d’œufs ing érés étant faible
( 1 0 0 oocy s tes ) et les anim aux m alades ex crétant
énorm ém ent ( jus qu’à dix m illions d’oocy s tes par
g ram m e de fèces ) , l’is olem ent des anim aux atteints
de diarrhée s ’im pos e pour év iter la trans -
m is s ion de la m aladie aux autres ag neaux . I l es t
ég alem ent néces s aire de v eiller à une bonne hyg
iène des litières par un paillag e adéquat car les
ook y s tes peuv ent s urv iv re jus qu’à s ix m ois dans
l’env ironnem ent. L es dés infectants s ont peu efficaces
pour assainir les locaux d’élevag e, contrairem
ent à un lavag e à l’eau chaude ( > 6 5 °C ) ou
un passag e à la flam m e.
L a c o c c id io s e
a ffe c te le s a g n e a u x d e 3 s e m a in
e s e t p lu s
e s t la c a u s e la p lu s fr é q u e n te d e
d ia r r h é e c h e z l’a g n e a u
le c o n fin e m e n t, la s u r p o p u la tio n
e t la m a lp r o p r e té s o n t le s p r in c ip
a u x fa c te u r s d e r is q u e
L a coccidios e es t la caus e la plus fréquente de
diarrhée contag ieus e chez les ag neaux . E lle es t
due à des protozoaires du g enre E im eria s p., s pécifiques
aux m outons , que l’on retrouv e dans la
m ajorité des élevag es m ais qui ne g énèrent des
problèm es que lors qu’ils s ont s urabondants .
L es coccidies , prés entes dans l’intes tin, produis
ent des œufs ( oocy s tes ) qui s ont rejetés dans le
m ilieu ex térieur av ec les m atières fécales . E n prés
ence d’ox y g ène, d’une hum idité élev ée et d’une
tem pérature s upérieure à 1 2 ° C , ceux - ci s porulent
et dev iennent infes tant en 2 4 à 4 8 heures .
L es oocy s tes peuv ent s urv iv rent plus ieurs m ois
dans le m ilieu ex térieur dans l’attente de ces conditions
. C elles - ci s e rencontrent tant au pâturag e
qu’en berg erie, m ais c’es t en berg erie que les
problèm es s ont les plus im portants s urtout lors -
que la dens ité anim ale es t élev ée et que les litières
s ont ins uffis am m ent paillées et épais s es , et
donc chaudes et hum ide.
L es ag neaux s e contam inent en ing érant de l’eau,
des alim ents ou des litières s ouillés par des m atières
fécales contenant des oocy s tes s porulés ou
lors des tétées de tray ons s alles . L e cy cle év olutif
dans l’intes tin dure de deux à trois s em aines ; les
oocy s tes s porulés s e reproduis ent dans les cellu-

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les intes tinales au niv eau de l’iléon, du caecum et
du colon. C haque oocy s te produit un m illion
d’œufs de coccidies qui s eront élim inés av ec les
fèces après av oir détruit un nom bre équivalent de
cellules intes tinales . L’ing es tion d’un nom bre élev
é d’œufs s porulés eng endre donc inév itablem ent
l’apparition de troubles cliniques , parfois g rav es
v oire m ortels .
L es ag neaux âg és de un à cinq m ois s ont les plus
s ens ibles à la coccidios e. Au- delà, y com pris au
s tade adulte, ils en dev iennent des porteurs
asym ptom atiques , c’es t- à- dire qu’ils s ont porteurs
et ex créteurs d’œufs m ais n’en s ubis s ent
pas de cons équence. L’intens ité des s ig nes cliniques
dépend du niv eau d’infes tation de l’anim al
et de la v irulence de la s ouche. D ’une m uqueus e
irritée, les s y m ptôm es peuv ent év oluer v ers une
des truction m assiv e des cellules intes tinales ,
m ettant à nu la couche plus vascularis ée du tube
dig es tif. L es cons équences en s ont des s elles m olles
pouvant év oluer v ers une diarrhée profus e,
parfois noirâtre ou teintée de s ang roug eâtre, accom
pag née de dés hy dratation, d’aném ie, de douleurs
abdom inales , de faibles s e, de retard de
crois s ance, de perte de poids et de tem pérature
corporelle ( jus qu’à 4 2 à 4 3 °C ) pouvant m ener à
la m ort dans certains cas. Parfois , la coccidios e s e
déclenche de façon tellem ent fulg urante que des
ag neaux m eurent s ans m êm e av oir m anifes té des
s ig nes cliniques , ne fut- ce une diarrhée lég ère.
D es conditions de s tres s , com m e le s ev rag e, le
chang em ent d’alim entation, le trans port et la variation
de tem pérature fav oris ent l’apparition de
la m aladie.
Pendant long tem ps , le traitem ent de la coccidios e
a été basé s ur l’us ag e de m édicam ents du g roupe
des s ulfam idés , qui ag is s ent com m e coccidiocides
( détruis ent les coccidies ) , et la prév ention s ur
l’us ag e de s ubs tances coccidios tatiques ( arrêtent
la crois s ance de la coccidie dans la cellule intes tinale)
à m élang er à l’alim ent. Aujourd’hui, bien
que la lég is lation interdis e l’adjonction d’un coccidios
tatique dans les alim ents com m erciaux , la
lutte prév entiv e contre la coccidios e s ’es t m êm e
accrue g râce à la m is e s ur le m arché de plus ieurs
coccidiocides à injection buccale facile d’em ploi
( B ay cox ®, Vecox an®) et s urtout applicables aus s i
aux ag neaux d’herbe.
L a coccidios e étant très contag ieus e, lors qu’un
anim al es t m alade c’es t tous les ag neaux qui ris -
quent d’être m alades . Tous doiv ent donc être trai-
Filière Ovine et Caprine n°34 - 4ème trimestre 2010
tés . L a diarrhée n’es t pas pour autant s upprim ée
im m édiatem ent car la m uqueus e intes tinale es t
bles s ée et doit s e rég énérer. L utter contre les ex -
cès d’hum idité ( abreuv oirs qui fuitent) , pailler les
litières , assainir les endroits s us ceptibles d’être
forts infectés ( à l’eau chaude) , déplacer rég ulièrem
ent les év entuelles m ang eoires en prairies et
év iter les trop fortes concentrations d’anim aux en
berg erie s ont des m es ures s im ples m ais efficaces
de lutte contre la sporulation des oocy s tes .
A u tr e s c a u s e s d e d ia r r h é e c h e z
l’a g n e a u
L ’e n té r o to x é m ie
L a bactérie C lostridium perfingens ty pe C peut
s ecréter une tox ine caus ant une nécros e et une
hém orrag ie du petit intes tin chez l’ag neau âg é de
0 à 1 5 jours . C elui- ci m eurt s ouv ent, avant m êm e
d’av oir ex prim é le s ig ne clinique caractéris tique,
une diarrhée hém orrag ique. L a vaccination des
m ères g es tantes es t efficace pour prév enir cette
affection.
L e r o ta v ir u s
L e rotav irus peut caus er une diarrhée peu s év ère
chez l’ag neau nouv eau- né. C ependant dans le cas
d’une double infection av ec ou E s cherichia coli ou
C ry ptos poridium , la diarrhée es t plus im portante
et des m ortalités peuv ent être obs erv ées .
L a s a lm o n e llo s e
L a s alm onellos e n’es t pas courante en élevag e
ov in. E lle s e caractéris e par une diarrhée fibrinohém
orrag ique, tant chez l’ag neau que chez
l’adulte m ais av ec une s év érité et une m ortalité
plus élev ée chez l’ag neau. L es anim aux peuv ent
être porteurs asym ptom atiques de la bactérie,
celle- ci attendant des conditions propices à s on
dév eloppem
ent
com m e un
s tres s , une
haute dens ité
anim ale
ou une alim
entation
déficiente
notam m ent.