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Le chantier L'étymologie éclaire souvent le sens des mots et des ...

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<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong><br />

Létymologie <strong>éclaire</strong> <strong>souvent</strong> <strong>le</strong> <strong>sens</strong> <strong>des</strong> <strong>mots</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> concepts. <strong>Le</strong> mot <strong>chantier</strong> résulte<br />

de lévolution phonétique du latin cantherius, sous <strong>le</strong>s formes gantier (v. 1202), cantier<br />

(1249), localisée dans <strong>le</strong> Nord, puis <strong>chantier</strong>. Ce mot, proprement « cheval hongre, mauvais<br />

cheval de charge », a reçu par métaphore fréquente (cf poutre, chèvre) <strong>le</strong>s <strong>sens</strong> techniques de<br />

« chevron », « support auquel on fixe la vigne ». Il rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> grec kanthôn « baud<strong>et</strong> » <strong>et</strong>,<br />

comme lui, est probab<strong>le</strong>ment emprunté.<br />

<strong>Le</strong> mot réalise <strong>le</strong> <strong>sens</strong> de « support », désignant en particulier <strong>le</strong>s pièces de bois sur<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on place <strong>des</strong> tonneaux (1261), la ca<strong>le</strong> supportant lobj<strong>et</strong> que lon veut façonner<br />

(1611), doù <strong>le</strong>xpression m<strong>et</strong>tre en <strong>chantier</strong>, « commencer (un travail) » (1753) par<br />

métaphore de la construction dun navire soutenu par un bloc de bois (1690).<br />

Dans lusage moderne, <strong>le</strong> mot désigne <strong>le</strong> lieu où sont entassés <strong>des</strong> matériaux (1553, du<br />

bois; par métonymie du <strong>sens</strong> antérieur d « entassement de matériaux », 1400), prenant dans la<br />

seconde moitié du XVIIe sièc<strong>le</strong> (1680) <strong>le</strong> <strong>sens</strong> moderne, demeuré usuel, d « atelier en p<strong>le</strong>in<br />

air », « lieu où lon construit un bâtiment », « où on <strong>le</strong> démolit » (<strong>chantier</strong> de construction, de<br />

démolition), « où lon effectue divers travaux » (construction ou réfection <strong>des</strong> voies, <strong>et</strong>c.).<br />

Lidée de « grand travail en progression » quil implique alors fait que la locution m<strong>et</strong>tre en<br />

<strong>chantier</strong> est remotivée <strong>et</strong> que <strong>le</strong> mot semploie pour « grande entreprise matériel<strong>le</strong> », <strong>sens</strong><br />

utilisée dans diverses expressions, comme en 1940, <strong>le</strong>s Chantiers de jeunesse, organisme crée<br />

sou <strong>le</strong> régime de Vichy pour soum<strong>et</strong>tre <strong>le</strong>s jeunes à un travail éducatif obligatoire (1940-<br />

1944).<br />

Ce trip<strong>le</strong> <strong>sens</strong> de lieu, daction <strong>et</strong> du résultat de laction se r<strong>et</strong>rouve dans la difficulté<br />

que <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s langues européennes ont trouvée pour traduire <strong>le</strong> mot « <strong>chantier</strong> » :<br />

- espagnol : obra (fém), mais poner en marcha<br />

- italien : cantiere (masc.) mais una strada con lavori in corso (une rue en <strong>chantier</strong>)<br />

- al<strong>le</strong>mand : baustel<strong>le</strong> (masc.)<br />

- anglais : building site, construction site, mais workings (travaux) <strong>et</strong> yard (pour<br />

indiquer <strong>le</strong> lieu de construction de quelque chose dautres quun bâtiment (boatyard)


travail.<br />

2<br />

Cest avant tout un espace où il se passe quelque chose de particulier, une activité, un<br />

Cependant trois particularités sont à re<strong>le</strong>ver :<br />

- à la différence de lusine, de la fabrique ou de léchoppe, loccupation du <strong>chantier</strong> est<br />

provisoire (aspect éphémère), limitée dans <strong>le</strong> temps, même sil peut durer une très longue<br />

période.<br />

- à la différence de léchoppe ou du bureau, <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> est à ciel ouvert, en p<strong>le</strong>in air (sauf dans<br />

<strong>le</strong> cas <strong>des</strong> réparations, transformations intérieures du bâti), <strong>et</strong> il est toujours à <strong>le</strong>xtérieur du<br />

siège de <strong>le</strong>ntreprise, même si une partie, puis progressivement <strong>le</strong> tout est mis hors deau.<br />

- à la différence de la caravane itinérante (colporteurs, marchands ambulants), <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> est<br />

fixe, surtout pour <strong>le</strong> bâti. Il peut être itinérant en matière de travaux publics.<br />

concept :<br />

Ce sont <strong>le</strong>s trois <strong>sens</strong> du mot <strong>chantier</strong> qui vont nous guider dans la présentation du<br />

- Lieu : si <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> est un lieu, nest-il représenté quen un seul lieu ? Et nest-il pas <strong>le</strong><br />

symbo<strong>le</strong> uniformisé de plusieurs endroits ? Ne sy substitue-t-il pas une multitude<br />

demplacements aux fonctions <strong>des</strong> plus diverses ? Il sagit de déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ncombrement <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>mprise du <strong>chantier</strong>, son échel<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est une multitude de lieux (I)<br />

- Action : si <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> figure <strong>le</strong>s actions qui sy dérou<strong>le</strong>nt, il faut y voir <strong>le</strong>xercice <strong>des</strong><br />

techniques de lart de bâtir dans <strong>le</strong> cadre dune sociabilité du travail déc<strong>le</strong>nchée par un partage<br />

du savoir, déchanges intel<strong>le</strong>ctuels, dapprentissage, dexpérimentation <strong>des</strong> techniques, bref<br />

dune solidarité col<strong>le</strong>ctive. <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est <strong>le</strong>mpreinte de la technique (II)<br />

- uvre : si <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> peut désigner <strong>le</strong> résultat du travail effectué, il traduit a fortiori <strong>le</strong>s<br />

relations humaines de travail qui y ont contribué dans lallégresse mais aussi dans la peine <strong>des</strong><br />

corps. <strong>Le</strong> travail doit représenter c<strong>et</strong>te lutte <strong>des</strong> corps courbant léchine sous <strong>le</strong>ffort.<br />

Inévitab<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> devient alors un lieu de conflit, ce quil est de manière<br />

ambiva<strong>le</strong>nte <strong>et</strong> permanente : conflits du travail, de mesure, contrô<strong>le</strong> de la qualité, danger à<br />

légard <strong>des</strong> humains, <strong>et</strong>c. <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un territoire social (III).


I/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est une multitude de lieux 1 :<br />

3<br />

Évoquant la division <strong>des</strong> effectifs en de multip<strong>le</strong>s équipes, nous avons été amenés à<br />

constater une certaine dispersion <strong>des</strong> lieux de travail entre, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> <strong>et</strong> la<br />

carrière, ou latelier <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>chantier</strong>... Il sagit là, en quelque sorte, de relations entre « latelier<br />

de construction à lair libre » <strong>et</strong> ce que lon pourrait qualifier dannexes plus ou moins<br />

autonomes. Un autre type de dispersion intervient cependant au sein même de c<strong>et</strong> atelier par<br />

laménagement de lieux spécifiques à la tail<strong>le</strong> de la pierre, à la préparation du mortier...<br />

Commençons par létude du <strong>chantier</strong> <strong>et</strong> de ses annexes pour examiner ensuite lhétérogénéité<br />

du <strong>chantier</strong> lui-même.<br />

A/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> <strong>et</strong> ses « annexes »<br />

Parmi ces « annexes » viennent, en premier lieu, la plupart <strong>des</strong> sources<br />

dapprovisionnement <strong>des</strong> bâtiments : carrière, forêt... Il nest pas exclu, bien sûr, que lon<br />

procède à une extraction <strong>des</strong> blocs de pierre ou que lon cuise la chaux sur <strong>le</strong> lieu même de la<br />

construction. La pratique très répandue de la récupération <strong>des</strong> matériaux anciens a, en outre,<br />

sans doute contribué à une concentration du <strong>chantier</strong> sur ses propres ressources. Mais, peu ou<br />

prou, il est toujours nécessaire dal<strong>le</strong>r chercher, parfois fort loin, quelques-uns uns de<br />

nombreux matériaux bruts indispensab<strong>le</strong>s à la réalisation dun nouvel ouvrage. Il est parfois<br />

nécessaire de sous-traiter dautres fonctions du <strong>chantier</strong> en <strong>des</strong> endroits éloignés.<br />

1/- <strong>Le</strong>s lieux dapprovisionnement<br />

Pierre à bâtir ou à chaux, gypse, argi<strong>le</strong>, minerai ou bois d uvre ne se trouvent pas<br />

partout. Ajoutons à cela que pour être exploitab<strong>le</strong>s, gisements <strong>et</strong> forêts doivent être<br />

accessib<strong>le</strong>s sans trop de difficultés aux bêtes, aux lourds charrois ou aux bateaux. Ainsi se<br />

circonscrivent <strong>des</strong> zones de production qui imposent bien <strong>souvent</strong> un déplacement. La<br />

direction du <strong>chantier</strong> peut prendre directement en charge tout ou partie de la fourniture de ces<br />

matériaux, <strong>et</strong> embaucher selon ses besoins <strong>des</strong> carriers ou <strong>des</strong> bûcherons mis à travail<strong>le</strong>r à<br />

quelque distance du bâtiment en construction. El<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment passer contrat avec <strong>des</strong><br />

fournisseurs, dissociant <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> de ses sources dapprovisionnement par lintervention de<br />

1 C<strong>et</strong>te partie a été rédigée à partir dun texte écrit par Philippe Bernardi.


4<br />

tierces personnes. <strong>Le</strong>s <strong>chantier</strong>s, loin de simposer comme <strong>des</strong> entreprises autarciques,<br />

sincluent dans <strong>des</strong> réseaux commerciaux qui rendent, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s constructions<br />

rouennaises dépendantes <strong>des</strong> plâtrières parisiennes.<br />

La situation est suj<strong>et</strong>te à de nombreuses variations en fonction, dune part du matériau<br />

considéré (on nagit pas de la même manière avec la pierre <strong>et</strong> <strong>le</strong>s pièces métalliques) mais<br />

aussi de <strong>le</strong>xistence ou non dun marché autonome <strong>des</strong> matériaux. De <strong>le</strong>xtérieur ne viennent<br />

pas que <strong>des</strong> matières premières (<strong>et</strong> <strong>des</strong> ouvriers). Il faut, en eff<strong>et</strong>, tenir éga<strong>le</strong>ment compte de la<br />

dispersion dautres lieux aux fonctions spécialisées.<br />

2/- <strong>Le</strong>s lieux aux fonctions spécialisées<br />

a/- <strong>Le</strong>s ateliers <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> : Une partie de la tail<strong>le</strong> <strong>des</strong> pierres pouvait seffectuer<br />

en carrière. La gabel<strong>le</strong> frappant <strong>le</strong>xportation <strong>des</strong> marbres de Carrare, en 1491, concernait<br />

ainsi tant <strong>le</strong>s blocs « travaillés <strong>et</strong> sculptés que dégrossis <strong>et</strong> ébauchés ». Mais <strong>le</strong> travail se<br />

faisait aussi dans divers ateliers, en vil<strong>le</strong>, comme en atteste, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> cas de ces deux<br />

maîtres qui pour léglise de Gisors (Eure) sculptèrent, en 1519, deux tabernac<strong>le</strong>s « durant <strong>le</strong>s<br />

nuis diver en <strong>le</strong>urs maysons » 2. Menuisiers <strong>et</strong> Charpentiers disposaient parfois de <strong>le</strong>urs<br />

propres échoppes où ils confectionnaient <strong>le</strong> mobilier, <strong>le</strong>s cintres ou <strong>le</strong>s pièces de charpente. Il<br />

en va de même pour la préparation même de certains mortiers<br />

b/-Et au-delà <strong>des</strong> lieux de travail : Lintendance <strong>des</strong> <strong>chantier</strong>s ne se limitait pas<br />

toujours à la fourniture <strong>des</strong> matériaux <strong>et</strong> de loutillage. Il fallait éga<strong>le</strong>ment pourvoir au<br />

logement <strong>des</strong> ouvriers venus parfois de loin pour travail<strong>le</strong>r à la construction. <strong>Le</strong>s contrats<br />

dembauche de maîtres d uvre étrangers comportent ainsi <strong>souvent</strong> la mention de la mise à<br />

disposition « pour lui <strong>et</strong> <strong>le</strong>s siens » dune habitation. Il sagissait dans certains cas de<br />

véritab<strong>le</strong>s logements col<strong>le</strong>ctifs auxquels, parfois, était attaché un personnel spécifique : un<br />

cuisinier, pour <strong>le</strong>s ouvriers de Strasbourg ; une gouvernante, à Bâ<strong>le</strong>... Cependant, <strong>le</strong> site du<br />

<strong>chantier</strong> lui-même est loin dêtre homogène.<br />

B/- Lhétérogénéité du <strong>chantier</strong><br />

2 É Hamon, « <strong>Le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>des</strong> maîtres maçons dans <strong>le</strong>s archives de léglise de Gisors », Revue de lart, n° 110, 1995-<br />

4, p. 56-65.


5<br />

<strong>Le</strong> lieu est presque devenu une notion ; synonyme dédifice. <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> apparaît,<br />

certes, comme <strong>le</strong> lieu central de lactivité architectura<strong>le</strong> mais on ne saurait <strong>le</strong> considérer<br />

comme homogène. On conçoit aisément que pour <strong>des</strong> raisons pratiques la tail<strong>le</strong>, la préparation<br />

du mortier, <strong>le</strong> stockage <strong>des</strong> matériaux 3... aient nécessité un minimum daménagements<br />

spécifiques. Que <strong>le</strong>space dévolu à chaque tâche se réduise à quelques mètres carrés dégagés<br />

ou se matérialise dans la réalisation de locaux particuliers ne tient alors quà une question<br />

déchel<strong>le</strong>. La place disponib<strong>le</strong>, lamp<strong>le</strong>ur <strong>et</strong> la nature <strong>des</strong> travaux engagés déterminaient,<br />

alors, une plus ou moins grande dispersion <strong>des</strong> opérations.<br />

Liconographie rend bien compte de c<strong>et</strong>te division de <strong>le</strong>space du <strong>chantier</strong>. Prenons,<br />

par exemp<strong>le</strong>, limage de la construction de la Tour de Babel contenue dans un manuscrit de la<br />

seconde moitié du XIVe sièc<strong>le</strong>, actuel<strong>le</strong>ment conservé en Al<strong>le</strong>magne.<br />

<strong>Le</strong>s diverses tâches représentées sy trouvent clairement distinguées : la sculpture sous<br />

un abri de branchages ; la tail<strong>le</strong> <strong>des</strong> blocs dappareil, en p<strong>le</strong>in air à droite de la tour ; la<br />

préparation du mortier, sur la face opposée ; la maçonnerie au somm<strong>et</strong> de lédifice. Avec <strong>le</strong>s<br />

deux engins de <strong>le</strong>vage eux-mêmes, on ne compte pas moins de sept lieux distincts dans c<strong>et</strong>te<br />

scène de construction. Larchéologie <strong>et</strong> létude <strong>des</strong> textes vont dans <strong>le</strong> même <strong>sens</strong>,<br />

enrichissant la topographie du <strong>chantier</strong> dautres espaces spécifiques : par exemp<strong>le</strong>, la<br />

« chambre au trait » de York, la pala <strong>des</strong>tinée à la préparation <strong>des</strong> enduits du Palais <strong>des</strong> Papes<br />

dAvignon, la chapel<strong>le</strong> pour la chaux à Milan, la forge de <strong>chantier</strong>, <strong>et</strong>c. Espaces délimités ou<br />

non, simp<strong>le</strong>s appentis, bâtiments détournés ou temporaires, accolés ou distants, forment <strong>des</strong><br />

subdivisions plus ou moins n<strong>et</strong>tes qui fragmentent <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> en un nombre variab<strong>le</strong> de postes<br />

de travail apparaissant comme autant de <strong>chantier</strong>s dans <strong>le</strong> <strong>chantier</strong>. Parmi ces lieux, il en est<br />

un qui mériterait une attention particulière : la loge, lieu emblématique du <strong>chantier</strong> médiéval,<br />

simp<strong>le</strong> abri ou structure professionnel<strong>le</strong> ?<br />

En dehors de ses multip<strong>le</strong>s activités, <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> demeure <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de la technique.<br />

II/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est <strong>le</strong>mpreinte de la technique<br />

3 Lordonnance du 22 mars 1720 du lieutenant général de police propose de « dresser un état <strong>des</strong> <strong>chantier</strong>s en<br />

cours, de rentrer obligatoirement <strong>le</strong>s matériaux à lintérieur du <strong>chantier</strong> (dans la cour ou sur <strong>le</strong>mplacement de la<br />

maison). Si la place nest pas suffisante, il conviendra de <strong>le</strong>s ranger <strong>le</strong> long <strong>des</strong> murs de la maison qui<br />

nempêchent pas la circulation <strong>des</strong> voitures. Si la rue est trop étroite, il faudra convenir dun autre emplacement<br />

aux a<strong>le</strong>ntours, avec engagement écrit du bourgeois ou maître maçon » (Cest nous qui soulignons).


6<br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un lieu daction <strong>et</strong> déchange par excel<strong>le</strong>nce, un lieu col<strong>le</strong>ctif où lon<br />

exerce <strong>le</strong> savoir bâtir mais aussi inévitab<strong>le</strong>ment où on transm<strong>et</strong> ce savoir, un lieu de<br />

sociabilité.<br />

A/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> comme lieu où se pratiquent <strong>le</strong>s techniques :<br />

Deux sortes de techniques, cel<strong>le</strong> de lart de bâtir, mais cel<strong>le</strong> de gestion. Dans chaque<br />

<strong>chantier</strong>, on trouve un maître-compagnon, conducteur de travaux ou chef de <strong>chantier</strong>, <strong>le</strong>quel a<br />

la surveillance de tous <strong>le</strong>s maçons <strong>et</strong> garçons-maçons du <strong>chantier</strong>. Cest lui qui <strong>le</strong>s place <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

dirige suivant <strong>le</strong>urs aptitu<strong>des</strong>, qui prends note de <strong>le</strong>urs heures ou journées de travail <strong>et</strong> qui en<br />

dresse un rô<strong>le</strong> pour la paye; il reçoit, compte <strong>et</strong> mesure <strong>le</strong>s matériaux qui arrivent, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s refuse<br />

sils sont avariés ou nont pas la qualité requise; il prend de concert avec larchitecte ou son<br />

inspecteur, <strong>le</strong>s attachements <strong>des</strong> ouvrages exécutés <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur rend compte <strong>des</strong> travaux en régie.<br />

1/- lieu où lon pratique la technique de bâtir que lon connaît <strong>le</strong> plus <strong>souvent</strong> par <strong>le</strong>s<br />

chroniques, récits, carn<strong>et</strong>s <strong>et</strong> suivi de <strong>chantier</strong>, <strong>des</strong>criptif <strong>des</strong> interruptions, de<br />

lapprovisionnement <strong>des</strong> matériaux (II-1/-correspondance dun fabricant de verre pour faire<br />

préciser la qualité du verre à livrer ; II-6/- <strong>Le</strong>ttre pour un choix technique entre pots en fonte<br />

<strong>et</strong> pots en faïence), lusage <strong>des</strong> outils, <strong>des</strong> machines de <strong>le</strong>vage <strong>et</strong> de transports horizonta<strong>le</strong>s ou<br />

de fabrications de liants, <strong>le</strong>s gestes techniques. Mémoires de controverses techniques, à<br />

linstar de cel<strong>le</strong> de Bédoin, de cel<strong>le</strong> de coupo<strong>le</strong> de Florence, cel<strong>le</strong> de Rome ou du Panthéon.<br />

C<strong>et</strong>te pratique peut perm<strong>et</strong>tre de légitimer de nouvel<strong>le</strong>s techniques expérimentées, de<br />

nouveaux matériaux essayés, comme de nouvel<strong>le</strong>s machines.<br />

2/- Lorganisation du <strong>chantier</strong> ou <strong>le</strong>s techniques de gestion : Il ne faut pas om<strong>et</strong>tre<br />

lactivité de gestion managéria<strong>le</strong> du <strong>chantier</strong> qui tend à rationaliser <strong>le</strong> travail depuis <strong>le</strong> XVIIe<br />

sièc<strong>le</strong> avec larrivée sur la scène pratique <strong>des</strong> ingénieurs. Dès c<strong>et</strong>te époque, c<strong>et</strong>te mission sera<br />

organisée comme une science, enseignée dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s spécialisées <strong>et</strong> fera lobj<strong>et</strong> de<br />

chapitres spécifiques dans <strong>le</strong>s manuels <strong>et</strong> traités de construction 4. Au cours du XIXe sièc<strong>le</strong><br />

sont généralisés <strong>des</strong> techniques comptab<strong>le</strong>s spécifiques (registres de réception de<br />

4 G. Dressel, Principes de lorganisation <strong>des</strong> <strong>chantier</strong>s dans la construction, Paris, 1954.


7<br />

marchandises, <strong>des</strong> livres dheures ou de journées, <strong>des</strong> registres <strong>des</strong> ordres de service, <strong>des</strong><br />

carn<strong>et</strong>s dattachements).<br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un lieu de gestion économique du travail, par <strong>le</strong> biais de <strong>le</strong>xpertise<br />

permanente de sa mesure <strong>et</strong> de son évaluation en fonction de différents critères internes <strong>et</strong><br />

externes, comme <strong>le</strong> calcul du salaire <strong>et</strong> <strong>le</strong> prix <strong>des</strong> matériaux neufs comme réemployés.<br />

C<strong>et</strong>te mission du <strong>chantier</strong> perm<strong>et</strong> de gérer <strong>le</strong>s calculs faits sur <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> 5, gérer <strong>le</strong><br />

temps du <strong>chantier</strong> (planning), gérer <strong>le</strong>s devis <strong>et</strong> <strong>des</strong>sins successifs du <strong>chantier</strong> 6, comme<br />

<strong>le</strong>mbauche <strong>et</strong> <strong>le</strong>s tractations de la main d uvre, bref <strong>le</strong> marché du travail 7.<br />

B/- La transmission du savoir par <strong>le</strong>xpérience<br />

Il est assez diffici<strong>le</strong> de trouver <strong>des</strong> traces de c<strong>et</strong>te transmission, soit par la découverte<br />

<strong>des</strong> tracés qui ne sont pas uniquement <strong>des</strong> indications de travail, mais parfois bien plus, <strong>des</strong><br />

modè<strong>le</strong>s de travail. Rappelons que lapprentissage nest pas institutionnalisé dans tous <strong>le</strong>s<br />

métiers de la construction à linstar <strong>des</strong> maçons parisiens.<br />

Rappelons <strong>le</strong> cas étonnant du maître maçon Jean Bullant qui fut chargé pour <strong>le</strong> corps<br />

de vil<strong>le</strong> dAmiens en 1574 de veil<strong>le</strong>r aux ouvrages de maçonnerie que lon faisait au beffroi.<br />

Pendant son travail, il lui arrivait parfois de chercher à instruire <strong>des</strong> règ<strong>le</strong>s de lart <strong>le</strong>s ouvriers<br />

placés sous ses ordres. <strong>Le</strong>s échevins dAmiens, qui aimaient mieux voir avancer louvrage<br />

que dentendre Bullant donner <strong>des</strong> <strong>le</strong>çons aux ouvriers prirent à c<strong>et</strong>te occasion linconcevab<strong>le</strong><br />

parti de lui faire plusieurs procès : « depuis huit jours il y a porté ung livre dont il faict <strong>le</strong>cture<br />

aux ouvriers y estans par <strong>le</strong>space de quatre heures de suite 8, tous <strong>le</strong>squelz cependant, ne font<br />

aucun ouvrage sinon quescouter <strong>le</strong>dit Bullant. » 9 Malgré c<strong>et</strong>te délibération, Bullant ne fut<br />

5 Voir par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s cahiers de toisé, notes de <strong>chantier</strong>, métho<strong>des</strong> de calcul pour toiser.<br />

6 Voir par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s dapurement de comptes réglés sur larbitrage de <strong>le</strong>xpert, <strong>le</strong>s croquis de <strong>chantier</strong><br />

qui expliquent <strong>le</strong> travail fait <strong>et</strong> à faire, <strong>le</strong>s notes de <strong>chantier</strong> où lon trouve <strong>le</strong>s directives pour <strong>le</strong> tail<strong>le</strong>ur de pierre,<br />

<strong>le</strong>s comman<strong>des</strong> doutils, <strong>le</strong>s plans dexécution de tel ou tel élément.<br />

7 Voir éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres de demande dembauche du frère de louvrier malade, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres de convocation sur<br />

<strong>le</strong> <strong>chantier</strong> de <strong>le</strong>ntrepreneur par <strong>le</strong> commanditaire ; <strong>le</strong> courrier sur létat <strong>des</strong> ouvriers, ceux à conserver, ceux à<br />

remplacer, <strong>le</strong>s notes de <strong>chantier</strong> dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont relatées <strong>le</strong>s envois de main d uvre avec livr<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s<br />

correspondances de négociation de main d uvre.<br />

8 Il sagit sans doute de son propre ouvrage : Reig<strong>le</strong> général<strong>le</strong> darchitecture <strong>des</strong> cinq manières de colonnes au<br />

proffit de tous <strong>le</strong>s ouvriers besongnans au compas <strong>et</strong> à <strong>le</strong>squierre. Ecouen, Paris, 1568 (1 ère édition 1564).<br />

9 Echevinage du 17 juin 1574.


8<br />

pas poursuivi. On avait trop besoin de lui pour se priver de ses lumières « attendu que <strong>le</strong>s<br />

peintres neussent sceue faire la figure, à la bousso<strong>le</strong> sans <strong>le</strong>dict Bullant » 10.<br />

Si <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> est un territoire savant, il nen est pas moins sous contrô<strong>le</strong> de lEtat<br />

III/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un territoire social<br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un endroit de vie agréab<strong>le</strong> où lon mange, où lon dort, où lon se lie<br />

damitié ou dinimitié, mais aussi un microcosme de souffrance, de peine où <strong>le</strong>s acteurs se<br />

frottent aux réalités socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> juridiques. Il est <strong>souvent</strong> un lieu daltercations entre métiers<br />

rivaux, daffrontements entre fournisseurs, de conflits entre entrepreneurs <strong>et</strong> ouvriers, un lieu<br />

où se manifestent <strong>le</strong>s représentants de lordre social pour contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> travail, la<br />

règ<strong>le</strong>mentation dhygiène, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de sécurité. Sil est un endroit dangereux pour <strong>le</strong>s acteurs<br />

eux-mêmes (accidents du travail), il peut lêtre éga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong> public.<br />

A/- <strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> sous contrô<strong>le</strong> policier <strong>et</strong> dexpertise<br />

<strong>Le</strong> contrô<strong>le</strong> du <strong>chantier</strong> est institutionnalisé par <strong>le</strong> biais dune police spécialisée, mais<br />

aussi par <strong>le</strong> biais de la justice constructive avec lintervention dexperts.<br />

1/- Lorsquil est policier (étatique), lobj<strong>et</strong> du contrô<strong>le</strong> porte sur <strong>le</strong>s acteurs, <strong>le</strong>s liens<br />

juridiques <strong>le</strong>s unissant <strong>et</strong> <strong>le</strong> résultat obtenu, lobj<strong>et</strong> construit.<br />

<strong>Le</strong> contrô<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong> être une vérification technique <strong>et</strong> juridique de fait. On y décè<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>s traces de linvestissement technique laissé dans <strong>le</strong> bâti en négatif qui perm<strong>et</strong>tent de dresser<br />

une typologie <strong>des</strong> malfaçons, sous la coupe dune règ<strong>le</strong>mentation généra<strong>le</strong> ou spécia<strong>le</strong>.<br />

A Paris, la Chambre <strong>des</strong> Bâtiments est linstance judiciaire spécia<strong>le</strong> en charge <strong>des</strong><br />

<strong>chantier</strong>s en cours. Quand <strong>le</strong> bâtiment est construit, laffaire est portée devant <strong>le</strong> Châte<strong>le</strong>t. En<br />

10 Echevinage du 13 avril 1575.


9<br />

moyenne 40 à 50 <strong>chantier</strong>s sont visités par mois à Paris dans <strong>le</strong>s années 1680, en plus de ceux<br />

expertisés à loccasion dun litige privée, voire de ceux expertisés à lamiab<strong>le</strong> 11.<br />

2/- Lorsquil est privé, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du <strong>chantier</strong> est exercé par <strong>le</strong>xpertise sollicitée. El<strong>le</strong> se<br />

révè<strong>le</strong> être <strong>le</strong> moyen <strong>le</strong> plus commun de faire contrô<strong>le</strong>r un <strong>chantier</strong>. Si lon désire connaître<br />

létat <strong>des</strong> travaux, la pertinence dune solution technique, la qualité dun emplacement ou<br />

dun matériau, <strong>et</strong>c. on saisit un expert. Quel<strong>le</strong>s capacités intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s pour ces « gens à ceux<br />

connaissant » ? Quel diplôme doivent-ils avoir acquis ? Quel<strong>le</strong>s autorités pour <strong>le</strong> contenu de<br />

<strong>le</strong>urs procès-verbaux ? Si lon décortique la mission de <strong>le</strong>xpert, on saperçoit quel<strong>le</strong> est<br />

doub<strong>le</strong>, dune part constater ou user de ses <strong>sens</strong> pour montrer ou démontrer, dautre part<br />

donner son avis de intel<strong>le</strong>ctu, cest-à-dire trancher la question posée, ce qui rapproche <strong>le</strong>ur<br />

fonction de cel<strong>le</strong> du juge assez <strong>souvent</strong>.<br />

B/- <strong>Le</strong>s précautions à légard <strong>des</strong> dangers du <strong>chantier</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est un lieu dangereux, ce qui implique quil soit en vase clos, un lieu dont<br />

la délimitation davec <strong>le</strong>xtérieur sépare <strong>le</strong> privé du public <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de prendre conscience de<br />

la gravité <strong>des</strong> situations, doù la nécessité de placer <strong>le</strong> <strong>chantier</strong> en dehors de la cité avec une<br />

rég<strong>le</strong>mentation spécifique protectrice à légard <strong>des</strong> passants, <strong>des</strong> citoyens, mais aussi à légard<br />

<strong>des</strong> habitants propriétaires ou locataires, voisins <strong>et</strong> ouvriers. Cest avant tout un lieu qui<br />

mérite une grande sécurité tant en interne quà <strong>le</strong>xtérieur.<br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> est producteur de déch<strong>et</strong>s quil convient dévacuer rapidement hors la vil<strong>le</strong><br />

sous la responsabilité <strong>des</strong> entrepreneurs, architectes <strong>et</strong> <strong>des</strong> maîtres douvrages (cf. arrêt du<br />

Conseil dEtat du roi en date du 20 septembre 1608 12).<br />

Par mesure de sécurité, une permission douverture de <strong>chantier</strong> sera instituée par <strong>le</strong><br />

Châte<strong>le</strong>t par ordonnance du 22 mars 1720. Dautres ordonnances se chargent de protéger la<br />

sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> la liberté de la circulation (8 août 1829). « Un grand nombre dindividus<br />

comprom<strong>et</strong>tent journel<strong>le</strong>ment la liberté <strong>et</strong> la sûr<strong>et</strong>é de la circulation, en travaillant indûment <strong>et</strong><br />

sans précaution sur la voie publique Il est urgent de réprimer <strong>des</strong> abus qui occasionneraient<br />

11 Voir par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s dossiers <strong>et</strong> carn<strong>et</strong>s dexpertise ; <strong>le</strong>s procès-verbaux de visite de police ou dexpertise<br />

conservés par <strong>le</strong>s greffiers <strong>des</strong> bâtiments ; <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s dapurement de comptes réglés sur larbitrage de <strong>le</strong>xpert ;<br />

<strong>le</strong>s différentes notations <strong>des</strong> désordres sur <strong>le</strong>s <strong>chantier</strong>s.<br />

12 N. Delamare, Traité de La police, Paris, 1738, t. IV, continué par <strong>Le</strong> C<strong>le</strong>rc de Bril<strong>le</strong>t, p. 215.


10<br />

<strong>le</strong>s plus graves accidents ». Plusieurs accidents sur la voies publiques (effondrements,<br />

incendies, inondations) ont donné loccasion à lordre publique de rég<strong>le</strong>menter très<br />

précisément <strong>et</strong> techniquement la construction de saillies <strong>et</strong> avances sur rues, cel<strong>le</strong> <strong>des</strong><br />

entab<strong>le</strong>ments, corniches <strong>et</strong> balcons 13<br />

Pour la sécurité <strong>des</strong> ouvriers, <strong>le</strong>s ordonnances de police règ<strong>le</strong>mentent <strong>le</strong>s échafaudages<br />

en distinguant ceux fixes scellés ou non dans <strong>le</strong>s faça<strong>des</strong> de ceux fixes en bascu<strong>le</strong> <strong>et</strong> en saillie<br />

sur la façade, de ceux mobi<strong>le</strong>s ou fixes suspendus par cordages, de ceux métalliques<br />

roulants 14. De même, <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s bâtiments en péril qui ordonnent la pose<br />

détrésillons, de cheva<strong>le</strong>ments, de cintres, détaiements 15.<br />

* *<br />

*<br />

<strong>Le</strong> <strong>chantier</strong> demeure un lieu attachant car il est toujours conseillé à larchitecte ou à<br />

<strong>le</strong>ntrepreneur, en cas de conflit de ne jamais <strong>le</strong> quitter afin déviter la responsabilité qui<br />

décou<strong>le</strong>rait de la défaillance. La jurisprudence exige deux une « surveillance norma<strong>le</strong> <strong>et</strong><br />

intelligence ».<br />

Mais sil demeure si attachant cest quil représente léquilibre entre lordre de laction<br />

constructive <strong>et</strong> <strong>le</strong>s désordres en permanence constatées, une sorte de point dorgue de la<br />

technique, mais un point dorgue démultiplié, tant à lintérieur quà <strong>le</strong>xtérieur de lui-même<br />

du fait de sa diversité.<br />

13 Voir lordonnance de la Chambre <strong>des</strong> Bâtiments du 1 er juil<strong>le</strong>t 1712 ou cel<strong>le</strong> du 26 juin 1713.<br />

14 Ordonnance de police du 12 mai 1881.<br />

15 Ordonnance du Châte<strong>le</strong>t du 5 septembre 1698, dans Traité de la police, op. cit., p. 124, 127-135.

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