Proust et la Musique .cwk (TEXTE) - Univ-cezanne.fr
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I... Marcel <strong>Proust</strong> (10 juill<strong>et</strong> 1871 - 18 novembre 1922) <strong>et</strong> <strong>la</strong> musique<br />
________________________________________________________________<br />
Adèle Berncastel-Weil, <strong>la</strong> grand-mère maternelle de Marcel <strong>Proust</strong>.<br />
La grand-mère du narrateur sʼattache a développer son sens du “beau”...<br />
“Elle eût aimé que jʼeusse dans ma chambre des photographies des<br />
monuments ou des paysages les plus beaux. Mais au moment dʼen faire<br />
lʼempl<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> bien que <strong>la</strong> chose représentée eût une valeur esthétique, elle<br />
trouvait que <strong>la</strong> vulgarité, lʼutilité reprenaient trop vite leur p<strong>la</strong>ce dans le monde<br />
mécanique de représentation, <strong>la</strong> photographie. Elle essayait de ruser <strong>et</strong> sinon<br />
dʼéliminer entièrement <strong>la</strong> banalité commerciale, du moins de <strong>la</strong> réduire, dʼy<br />
substituer pour <strong>la</strong> plus grande partie de lʼart encore, dʼy introduire comme<br />
plusieurs “épaisseurs” dʼart: au lieu de photographies de <strong>la</strong> cathédrale de<br />
Chartres, des Grandes Eaux de Saint-Cloud, du Vésuve, elle se renseignait<br />
auprès de Sawnn si quelque grand peintre ne les avait pas représentés, <strong>et</strong><br />
préférait me donner des photographies de <strong>la</strong> cathédrale de Chartres par Corot,<br />
des Grandes Eaux de Saint-Cloud par Hubert Robert, du Vésuve par Turner, ce<br />
qui faisait un degré dʼart de plus.”<br />
Jeanne <strong>Proust</strong><br />
Adrien <strong>Proust</strong><br />
Marcel <strong>et</strong> Robert en 1882. (Robert 1873-1935)<br />
Jeanne <strong>Proust</strong> <strong>et</strong> ses deux fils en 1895.<br />
Marcel <strong>Proust</strong> avec Robert De Flers <strong>et</strong> Lucien Daud<strong>et</strong>.<br />
Robert De Flers : condisciple de Marcel <strong>Proust</strong> au lycée Condorc<strong>et</strong>. Épouse en 1901 Geneviève<br />
Sardou, fille de Victorien Sardou <strong>et</strong> eut pour secrétaire le jeune Gaston Gallimard. Avec Francis de<br />
Croiss<strong>et</strong> le livr<strong>et</strong> de lʼopér<strong>et</strong>te Ciboul<strong>et</strong>te (1923), sur une musique de Reynaldo Hahn.<br />
________________________________________________________________<br />
Jacques-Emile B<strong>la</strong>nche, Portrait de Marcel <strong>Proust</strong>, 1892, Paris, musée d'Orsay<br />
Reynaldo Hahn, par Lucie Lambert (1907), Paris, Bibliothèque nationale de France,<br />
département des Arts du spectacle.<br />
Reynaldo Hahn aimait souligner avec quelle vibration Marcel <strong>Proust</strong> "vivait" <strong>la</strong><br />
musique de son temps. Un bril<strong>la</strong>nt exercice de fusion peinture, Littérature <strong>et</strong> <strong>Musique</strong> en<br />
1894, année de <strong>la</strong> rencontre de Marcel <strong>Proust</strong> <strong>et</strong> Reynaldo Hahn “Portraits de<br />
Peintres” Poèmes de Marcel <strong>Proust</strong> <strong>Musique</strong>s de Reynaldo Hahn écrit chez<br />
Mme Madeleine Lemaire, célèbre aquarelliste, Bouqu<strong>et</strong> de Roses. Alexandre<br />
Dumas fils, dont elle a été <strong>la</strong> maîtresse, a dit dʼelle : « C'est elle qui a créé le plus de<br />
roses après Dieu »<br />
Le compte-rendu de <strong>la</strong> soirée parut dans divers journaux dont "Le Gaulois".<br />
"Hier, (28 Mai 1895) chez Mme Madeleine Lemaire après un dîner, réception<br />
très sélect: des personnalités du monde artistique, élégant <strong>et</strong> aristocratique.<br />
Soirée musicale des plus bril<strong>la</strong>ntes, consacrée aux œuvres du distingué<br />
compositeur Reynaldo Hahn. On a entendu <strong>et</strong> app<strong>la</strong>udi Mmes Eames-Story, ...<br />
1
MM. Fugère, ... <strong>et</strong> Risler, qui surtout ont admirablement fait valoir les belles<br />
œuvres que M. Hahn a composées sur des poésies finement ciselées par M.<br />
Marcel <strong>Proust</strong>. Chacun des Portraits de peintres est un p<strong>et</strong>it bijou....<br />
Dans l'assistance: Princesse Edmond de Polignac, ... comtesse du Pont de<br />
Gault-Saussine,... Mmes Baignières, ... comte Robert de Montesquiou, M. de<br />
Heredia <strong>et</strong> ses filles, comte Primoli, M. Anatole France,... Mme Feydeau, M.<br />
Marcel Prévost."<br />
Miss Paris Singer <strong>et</strong> Miss Winnar<strong>et</strong>ta Singer (plus tard Princesse Edmond de<br />
Polignac)<br />
Giovanni Boldini, Robert de Montesquiou, 1897, musée dʼOrsay.<br />
Reynaldo Hahn, Portrait de Peintres, Antoine van Dyck<br />
Antoine van Dyck, James Stuart, duc de Richmond <strong>et</strong> de Lennox, musée du<br />
Louvre (1632-1640)<br />
Douce fierté des cœurs, grâce noble des choses<br />
Qui brillent dans les yeux, les velours <strong>et</strong> les bois,<br />
Beau <strong>la</strong>ngage élevé du maintien <strong>et</strong> des poses,<br />
Héréditaire orgueil des femmes <strong>et</strong> des rois !<br />
Tu triomphes, Van Dyck, prince des gestes calmes,<br />
Dans tous les êtres beaux qui vont bientôt mourir ;<br />
Dans toute belle main qui sait encor sʼouvrir ;<br />
Sans sʼen douter, quʼimporte ? - elle te tend les palmes !<br />
Halte de cavaliers, sous les pins, près des flots<br />
Calmes comme eux / comme eux bien proche des sanglots ;<br />
Enfants royaux magnifiques <strong>et</strong> graves,<br />
Vêtements résignés, chapeaux à plume braves,<br />
Et bijoux en qui pleure - onde à travers les f<strong>la</strong>mmes-<br />
Lʼamertume des pleurs dont sont pleines les âmes<br />
Trop hautaines pour les <strong>la</strong>isser monter aux yeux ;<br />
Et toi par dessus tous, promeneur précieux En chemise bleu- pâle, une main<br />
sur <strong>la</strong> hanche,<br />
Dans lʼautre un <strong>fr</strong>uit feuillu détaché de <strong>la</strong> branche,<br />
Je rêve, sans comprendre, à ton geste <strong>et</strong> tes yeux :<br />
Debout mais reposé dans c<strong>et</strong> obscur asile,<br />
Duc de Richmond ; ô jeune sage, -ou charmant fou ? -<br />
Je te reviens toujours. Un saphir, à ton cou,<br />
A des feux aussi doux que ton regard tranquille.<br />
Reynaldo Hahn, Portrait de Peintres, Antoine Watteau<br />
Jean Antoine Watteau : LʼIndifférent , 1717, musée du Louvre.<br />
Jean Antoine Watteau : Pèlerinage à lʼîle de Cythère,1717, musée du Louvre.<br />
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Crépuscule grimant les arbres <strong>et</strong> les faces<br />
Avec son manteau bleu, sous son masque incertain,<br />
Poussière de baisers autour des bouches <strong>la</strong>sses...<br />
Le vague devient tendre, <strong>et</strong> le tout près, lointain.<br />
La mascarade, autre lointain mé<strong>la</strong>ncolique,<br />
Fait le geste dʼaimer plus faux, triste <strong>et</strong> charmant.<br />
Caprice de poète, ou prudence dʼamant,<br />
Lʼamour ayant besoin dʼêtre orné savamment.<br />
Voici barques, goûters, silences <strong>et</strong> musique.<br />
Lʼhommage de <strong>Proust</strong> à son ami. Essais <strong>et</strong> articles :“Les Années créatrices”.<br />
(...) Tandis que ces Muses de Douleur <strong>et</strong> de Vérité conduisent Reynaldo Hahn à<br />
travers son oeuvre mélodique par des sentiers de plus en plus difficiles <strong>et</strong> plus<br />
beaux, tandis quʼil arrive à rendre, comme dit Ver<strong>la</strong>ine<br />
Tout ce que contient <strong>la</strong> parole<br />
Humaine de grâce <strong>et</strong> dʼamour,<br />
Puis dans “Les P<strong>la</strong>isirs <strong>et</strong> les Jours”<br />
Du Souvenir des yeux à lʼoubli c<strong>la</strong>ir des soies -<br />
“Silences” des regards ou “trilles” des dentelles !<br />
Cʼest un chant grave <strong>et</strong> doux comme des violoncelles<br />
Qui consolent lʼexil <strong>et</strong> méprisent les joies ;<br />
Silence qui sʼest tu <strong>et</strong> qui parle, adagio,<br />
Ô bel ! au bois dormant, quʼéveil<strong>la</strong> Reynaldo,<br />
Pour quʼil en soit béni, souris à lʼenchanteur,<br />
Reynaldo, citharède, poète <strong>et</strong> chanteur<br />
son oeuvre dramatique suit <strong>la</strong> même évolution.<br />
Reynaldo Hahn : Quint<strong>et</strong>te avec piano (1921)<br />
Reynaldo Hahn : <strong>la</strong> sonate pour violon & piano (1927)<br />
Les P<strong>la</strong>isirs <strong>et</strong> les jours<br />
Comment <strong>la</strong> musique entre en littérature chez <strong>Proust</strong><br />
Le premier ouvrage de Marcel <strong>Proust</strong>, un recueil de poèmes en prose <strong>et</strong> de<br />
nouvelles publié chez Calmann-Lévy en 1896. Ce recueil sʼinspire notamment du<br />
dandy Robert de Montesquiou.<br />
La <strong>Musique</strong> suscite une remontée incontrôlée de <strong>la</strong> mémoire, les personnes absentes<br />
sont présentes. Pour Madame de Breyves, une citation wagnérienne sʼidentifie à M.<br />
De Laléande.<br />
“ Essayant de séparer dʼelle ses propres sentiments <strong>et</strong> de les regarder comme<br />
un obj<strong>et</strong> quʼon examine, elle se disait : “ Je le sais médiocre <strong>et</strong> lʼai toujours<br />
trouvé tel. Cʼest bien mon jugement sur lui, il nʼa pas varié. Le trouble sʼest<br />
glissé depuis mais nʼa pu altérer ce jugement. Cʼest si peu que ce<strong>la</strong>, <strong>et</strong> cʼest<br />
pour ce peu-là que je vis. Je vis pour Jacques de Laléande !” Mais aussitôt,<br />
ayant prononcé son nom, elle le revoyait <strong>et</strong> elle éprouvait tant de bien-être <strong>et</strong><br />
3
tant de peine, quʼelle sentait que ce peu de chose quʼil était importait peu,<br />
puisquʼil lui faisait éprouver des souf<strong>fr</strong>ances <strong>et</strong> des joies auprès desquelles les<br />
autres nʼétaient rien. Et bien quʼelle pensât quʼà le connaître mieux tout ce<strong>la</strong> se<br />
dissiperait, elle donnait à ce mirage toute <strong>la</strong> réalité de sa douleur <strong>et</strong> de sa<br />
volupté. Une phrase des Maîtres Chanteurs entendue à <strong>la</strong> soirée de <strong>la</strong><br />
princesse dʼA... avait le don de lui évoquer M. de Laléande avec le plus de<br />
précision . Elle en avait fait sans le vouloir le véritable leitmotiv de M. de<br />
Laléande, <strong>et</strong>, lʼentendant un jour à Trouville dans un concert, elle fondit en<br />
<strong>la</strong>rmes. De temps en temps, pas trop souvent pour ne pas se b<strong>la</strong>ser, elle<br />
sʼenfermait dans sa chambre, où elle avait fait transporter le piano <strong>et</strong> se m<strong>et</strong>tait<br />
à <strong>la</strong> jouer en fermant les yeux pour mieux le voir, cʼétait sa seule joie grisante<br />
avec des fins désenchantées, lʼopium dont elle ne pouvait se passer”.<br />
Richard Wagner, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, acte II, scène III).( Dem<br />
Vogel der heut sang dem war der Schnabel hold gewachsen - À lʼoiseau qui<br />
chantait aujourdʼhui le bec lui avait poussé de façon harmonieuse” phrase du<br />
cordonnier Hans Sachs, acte II, scène III)<br />
Franz von Lenbach, Portrait de Richard Wagner, 1868.<br />
Jean Santeuil<br />
Jean Santeuil commencé en 1896 après <strong>la</strong> publication de Les P<strong>la</strong>isirs <strong>et</strong> les jours,<br />
qui demeura inachevé <strong>et</strong> seulement édité en 1952. Une préparation pour “À <strong>la</strong><br />
Recherche du temps perdu”<br />
Henri Fatin-Latour, Emmanuel Chabrier au piano tableau présenté à lʼexposition<br />
de 1885, (Paris, Musée d'Orsay)<br />
Autour du piano de g à d... Adolphe Jullien, Arthur Boisseau, Emmanuel Chabrier, Camille Benoit, Edmond<br />
Maitre, Antoine Lascoux, Vincent d'Indy, Amedee Pigeon.<br />
Mélodie de Emmanuel Chabrier, La Romance de lʼÉtoile<br />
“ Elle se mit à chanter une mélodie de Chabrier.”Cʼest toi qui mʼas fait sentir ce<br />
que cʼest quʼaimer, tu es tout pour moi.” Et en chantant elle ne le regardait pas.<br />
Il tourna violemment sa tête avec ses mains. À son regard plein de questions,<br />
elle lui rendit un regard où <strong>la</strong> passion nʼal<strong>la</strong>it quʼà <strong>la</strong> musique <strong>et</strong> nʼal<strong>la</strong>it pas à lui.<br />
“Il restait assis loin dʼelle, nʼosant sʼapprocher, ne sachant pas sʼil réveil<strong>la</strong>it<br />
lʼamour ou <strong>la</strong> haine qui semb<strong>la</strong>ient dormir. Tout dʼun coup elle se leva. Il crut<br />
quʼelle venait à lui. Mais elle sʼarrêta devant le piano, sʼassit <strong>et</strong> joua. Aux<br />
premières notes une angoisse extraordinaire le saisit, il fit une grimace pour ne<br />
pas pleurer. Mais au bord de ses yeux des <strong>la</strong>rmes bril<strong>la</strong>ntes se montrèrent, qui,<br />
voyant lʼâpr<strong>et</strong>é g<strong>la</strong>ciale du dehors, rentrèrent <strong>et</strong> ne se <strong>la</strong>issèrent pas couler. Il<br />
avait reconnu c<strong>et</strong>te phrase de <strong>la</strong> sonate de Saint-Saëns que presque chaque<br />
soir au temps de leur bonheur il lui demandait <strong>et</strong> quʼelle lui jouait sans fin, dix<br />
fois, vingt fois de suite, exigeant quʼil reste contre elle pour quelle pût<br />
lʼembrasser sans sʼinterrompre, éc<strong>la</strong>tant de rire quand, faisant mine de<br />
sʼarrêter, il lui disait : “encore, encore”, ce rire qui r<strong>et</strong>ombait tendrement de ses<br />
yeux <strong>et</strong> de ses lèvres sur lui, doux comme une pluie chaude de baisers. loin<br />
dʼelle, tout seul, nʼayant pas eu un baiser ce soir <strong>et</strong> nʼosant pas en demander, il<br />
écoutait c<strong>et</strong>te phrase dont le divin sourire, déjà au temps de leur bonheur lui<br />
partaissait désenchanté... // ...La phrase était finie, il lui demanda :<br />
“Recommence-<strong>la</strong> une fois.” mais elle dit énervée : “ Non, cʼest assez.” Il<br />
insista. Elle dit vivement : “ Mais pourquoi, pourquoi “? Enfin de mauvaise<br />
humeur, elle recommença. Mais sa mauvaise humeur lʼavait gagné. Il sentait <strong>la</strong><br />
p<strong>et</strong>ite phrase courir, se rapprocher du moment où elle serait finie, sans avoir<br />
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vu apparaître <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite âme paisible, désenchantée, mystérieuse <strong>et</strong> souriante,<br />
qui survivait à nos maux <strong>et</strong> semb<strong>la</strong>it supérieure à eux, à qui il vou<strong>la</strong>it demander<br />
le secr<strong>et</strong> de sa durée <strong>et</strong> <strong>la</strong> douceur de son repos.<br />
Jean eu tort ce soir-là de croire que <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase avait écouté tant de fois<br />
lʼautre année, sans en rien r<strong>et</strong>enir, les transports amoureux de leur silence. Il<br />
eu tort de croire quʼelle ne garderait rien dʼeux. Dix ans plus tard, un jour dʼété,<br />
comme il passait dans une p<strong>et</strong>ite rue du faubourg Saint-Germain, il entendit<br />
dʼabord le son dʼun piano <strong>et</strong> sa destinée lʼarrêta. Il écouta <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase de<br />
Saint-Saëns sans dʼabord bien <strong>la</strong> reconnaître, mais il sentait en lui une grande<br />
<strong>fr</strong>aîcheur, comme si tout dʼun coup, il était redevenu plus jeune. Et cʼétait lʼair<br />
chaud <strong>et</strong> <strong>fr</strong>ais, plein dʼombre, de rayons <strong>et</strong> de songes, de lʼété où il avait été si<br />
heureux, quʼil respirait, car, nʼayant plus jamais ressenti <strong>la</strong> douceur de ces<br />
jours anciens, elle avait gardé en lui lʼâge quʼil avait alors <strong>et</strong> cʼest de ce temps<br />
là, intacte <strong>et</strong> <strong>fr</strong>aîche, quʼelle lui arriva tout dʼun coup. La p<strong>et</strong>ite phrase se<br />
pressait, <strong>et</strong> maintenant comme autrefois elle lui était douce. Si au temps de son<br />
bonheur elle avait anticipé par sa tristesse sur le temps de leur séparation, au<br />
temps de leur séparation par son sourire elle avait anticipé sur le temps de son<br />
oubli.<br />
Il avait oublié Françoise. Ce fut sans chagrin quʼil entendit <strong>la</strong> phrase <strong>et</strong>, sʼil<br />
évoqua le nom de Françoise, ce ne fut pas à elle quʼelle fit surtout penser, car<br />
elle ne pouvait plus rien lui dire.”<br />
...//... (La musique conso<strong>la</strong>trice)<br />
“Le soir, il dut sʼhabiller pour aller passer <strong>la</strong> soirée dans un salon où il savait<br />
que personne ne <strong>la</strong> connaissait. Il arriva, on faisait de <strong>la</strong> musique dʼensemble, il<br />
sʼassit dans un coin. Et comme il se sentait le coeur si faible, les sons du violon<br />
<strong>et</strong> du piano lui faisaient un peu mal. Il ne savait pas du reste ce quʼon jouait, bien<br />
quʼil lui semblât le connaître. Tout dʼun coup, le violon sʼétant élevé resta tout<br />
sur une note comme en un moment dʼattente; lʼattente se prolongeait, mais le<br />
violon chantait de plus en plus fort, comme ne pouvant plus se contenir,<br />
apercevant déjà celle qui al<strong>la</strong>it entrer, donnant toute ses forces pour atteindre<br />
jusquʼau moment où elle apparaîtrait. Alors Jean reconnut <strong>la</strong> première sonate<br />
pour piano <strong>et</strong> violon de Saint-Saëns <strong>et</strong>, sentant ce qui al<strong>la</strong>it venir, il sentit son<br />
coeur se troubler. Et en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> phrase attendue sʼadressa à lui.”<br />
C<strong>et</strong>te Sonate (pour violon <strong>et</strong> piano en ré mineur opus 75 de Camille Saint-<br />
Saëns, de 1885) devait être l'emblème de <strong>la</strong> Sonate de Vinteuil, son thème central,<br />
l'indice que <strong>la</strong> mémoire involontaire réalise son activité irrépressible. Ainsi dans <strong>la</strong><br />
partition littéraire, le point le plus aigu de l'action psychologique est souvent exprimé par<br />
<strong>la</strong> citation de <strong>la</strong> musique.<br />
Camille Saint-Saëns, Sonate pour violon <strong>et</strong> piano en ré mineur opus 75.<br />
A. Rossi, Camille Saint-Saëns, 1903<br />
L'écrivain cite Saint-Saëns avec d'autant plus d'aisance <strong>et</strong> de sensibilité qu'il connaît<br />
parfaitement sa musique. Il aime sa Troisième Symphonie avec orgue, <strong>la</strong> plus belle<br />
dans le genre, depuis Be<strong>et</strong>hoven...<br />
Camille Saint-Saëns, Symphonie n°3 en ut mineur avec orgue. Allegr<strong>et</strong>o<br />
moderato - Più allegro- Poco adagio<br />
Il a écouté le prodige du piano, en particulier dans les Concertos de Mozart. Il loue en<br />
particulier sa " pur<strong>et</strong>é" <strong>et</strong> sa "transparence".<br />
<strong>Proust</strong> influencé par Reynaldo Hahn, son ami intime, semble préférer Saint-Saëns<br />
à Wagner. Lorsque Charlus se m<strong>et</strong> au piano lors d'une soirée Verdurin, il arbore les<br />
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qualités de jeu que <strong>Proust</strong> avait remarqué chez Saint-Saëns.<br />
“À lʼétonnement général, M. de Charlus, qui ne par<strong>la</strong>it jamais des grands dons<br />
quʼil avait, accompagna, avec le style le plus pur, le dernier morceau de <strong>la</strong><br />
sonate pour violon <strong>et</strong> piano de Fauré.<br />
Gabriel Fauré, Sonate n°1 en <strong>la</strong> majeur, opus 13 (1875). inqui<strong>et</strong>, tourmenté,<br />
schumannesque”, mais enfin antérieur à <strong>la</strong> sonate de Franck).<br />
Paul Mathey, Gabriel Fauré, c. 1890.<br />
À c<strong>et</strong>te même soirée, Mme de Cambremer demande à Morel de jouer “Fêtes” de<br />
Debussy.<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy, Nocturne II, Fêtes.<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy à Rome en 1885 (En 1884, le jeune musicien décroche un premier<br />
prix de Rome avec sa cantate L'Enfant prodigue).<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy est ici assis sur l'un des montants de <strong>la</strong> balustrade, vêtu d'une veste b<strong>la</strong>nche, entouré d'autres<br />
pensionnaires <strong>et</strong> du directeur de l'école Louis Cabat. Afin d'identifier plus facilement ces personnages, Debussy<br />
inscrit leur nom au-dessous de chacun d'entre eux. Georges Marty <strong>et</strong> Gabriel Pierné (prix de Rome 1882), Paul<br />
Vidal (1883) <strong>et</strong> Marcel Basch<strong>et</strong> sont ainsi identifiables, tandis que le compositeur mentionne à son suj<strong>et</strong> L'Enfant<br />
Prodigue, évoquant ainsi l'œuvre musicale qui lui a permis de remporter le prix de Rome en 1884.<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy au piano en 1893 chez son ami Ernest Chausson.<br />
Pourtant, il écrira plus tard, avoir pris un certain recul bénéfique par rapport à <strong>la</strong> musique<br />
de chambre de Saint-Saëns, un compositeur qu'il taxe de "médiocrité".<br />
En fin connaisseur des filiations <strong>et</strong> des hommages entre artistes, <strong>Proust</strong> qui savait<br />
l'admiration du jeune Gabriel Fauré pour son aîné Camille Saint-Saëns, fait glisser<br />
l'amour de Swann, dans "Un amour de Swann", de <strong>la</strong> Sonate en ré mineur de<br />
Saint-Saëns vers <strong>la</strong> Bal<strong>la</strong>de de Fauré. L'écrivain décrit l'impact de <strong>la</strong> ligne du violon<br />
sur <strong>la</strong> "mauve agitation" du piano avec d'autant plus de pertinence <strong>et</strong> de fine subtilité,<br />
que c<strong>et</strong>te ligne vocale se r<strong>et</strong>rouve d'un compositeur à l'autre, que Gabriel Fauré,<br />
surtout, dédia sa Bal<strong>la</strong>de à son maître tant estimé.<br />
“Lʼannée précédente, dans une soirée, il avait entendu une oeuvre musicale<br />
exécutée au piano <strong>et</strong> au violon. Dʼabord, il nʼavait goûté que <strong>la</strong> qualité matérielle<br />
des sons sécrétés par les instruments. Et çʼavait déjà été un grand p<strong>la</strong>isir<br />
quand, au-dessous de <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite ligne du violon, mince, résistante, dense <strong>et</strong><br />
directrice, il avait vu tout dʼun coup chercher à sʼélever en un c<strong>la</strong>potement<br />
liquide, <strong>la</strong> masse de <strong>la</strong> partie du piano, multiforme, indivise, p<strong>la</strong>ne <strong>et</strong><br />
entrechoquée comme <strong>la</strong> mauve agitation des flots que charme <strong>et</strong> bémolise le<br />
c<strong>la</strong>ir de lune. Mais à un moment donné, sans pouvoir n<strong>et</strong>tement distinguer un<br />
contour, donner un nom à ce qui lui p<strong>la</strong>isait, charmé tout dʼun coup, il avait<br />
cherché à recueillir <strong>la</strong> phrase ou lʼharmonie - il ne savait lui-même - qui passait<br />
<strong>et</strong> qui lui avait ouvert plus <strong>la</strong>rgement lʼâme, comme certaines odeurs de roses<br />
circu<strong>la</strong>nt dans lʼair humide du soir ont <strong>la</strong> propriété de di<strong>la</strong>ter nos narines. Peutêtre<br />
est-ce parce quʼil ne savait pas <strong>la</strong> musique quʼil avait pu éprouver une<br />
impression aussi confuse, une de ces impressions qui sont peut-être pourtant<br />
les seules purement musicales, inétendues, entièrement originales,<br />
irréductibles à tout autre ordre dʼimpressions.”<br />
La sonate pour piano <strong>et</strong> violon de Vinteuil : un véritable rébus musical...<br />
“ À Monsieur Jacques de Lacr<strong>et</strong>elle (Paris, 20 avril 1918).<br />
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Mes souvenirs sont plus précis pour <strong>la</strong> Sonate. Dans <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> réalité<br />
mʼa servi, mesure très faible à vrai dire, <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase de c<strong>et</strong>te Sonate, <strong>et</strong> je<br />
ne lʼai jamais dit à personne, est (pour commencer par <strong>la</strong> fin) dans <strong>la</strong> soirée<br />
Saint-Euverte, <strong>la</strong> phrase charmante mais enfin médiocre dʼune sonate pour<br />
piano <strong>et</strong> violon de Saint-Saëns, musicien que je nʼaime pas. (Je vous indiquerai<br />
exactement le passage qui revient plusieurs fois <strong>et</strong> qui était le triomphe de<br />
Jacques Thibaud). Dans <strong>la</strong> même soirée, un peu plus loin, je ne serais pas<br />
surpris quʼen par<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase, jʼeusse pensé à LʼEnchantement du<br />
Vendredi saint. Dans c<strong>et</strong>te même soirée encore quand le piano <strong>et</strong> le violon<br />
gémissent comme deux oiseaux qui se répondent, jʼai pensé à <strong>la</strong> Sonate de<br />
Franck (surtout jouée par Enesco) dont <strong>la</strong> quatuor apparaît dans un des<br />
volumes suivants. Les trémolos qui couvrent <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase chez les Verdurin<br />
mʼont été suggérés par un prélude de Lohengrin, mais en même temps par une<br />
chose de Schubert. Elle est dans <strong>la</strong> même soirée Verdurin un ravissant<br />
morceau de piano de Fauré.”<br />
Extrait de <strong>la</strong> soirée chez <strong>la</strong> marquise de Saint-Euverte<br />
(...) il souf<strong>fr</strong>ait surtout, <strong>et</strong> au point que même le son des instruments lui donnait<br />
envie de crier, de prolonger son exil dans ce lieu où Od<strong>et</strong>te ne viendrait jamais,<br />
où personne, où rien ne <strong>la</strong> connaissait, d'où elle était entièrement absente.<br />
Mais tout à coup ce fut comme si elle était entrée, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te apparition lui fut une<br />
si déchirante souf<strong>fr</strong>ance qu'il dut porter <strong>la</strong> main à son cœur. C'est que le violon<br />
était monté à des notes hautes où il restait comme pour une attente, une<br />
attente qui se prolongeait sans qu'il cessât de les tenir, dans l'exaltation où il<br />
était d'apercevoir déjà l'obj<strong>et</strong> de son attente qui s'approchait, <strong>et</strong> avec un effort<br />
désespéré pour tâcher de durer jusqu'à son arrivée, de l'accueillir avant<br />
d'expirer, de lui maintenir encore un moment de toutes ses dernières forces le<br />
chemin ouvert pour qu'il pût passer, comme on soutient une porte qui sans ce<strong>la</strong><br />
r<strong>et</strong>omberait. Et avant que Swann eût eu le temps de comprendre, <strong>et</strong> de se dire :<br />
« C'est <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite phrase de <strong>la</strong> sonate de Vinteuil, n'écoutons pas ! » tous ses<br />
souvenirs du temps où Od<strong>et</strong>te était éprise de lui, <strong>et</strong> qu'il avait réussi jusqu'à ce<br />
jour à maintenir invisibles dans les profondeurs de son être, trompés par ce<br />
brusque rayon du temps d'amour qu'ils crurent revenu, s'étaient réveillés <strong>et</strong>, à<br />
tire d'aile, étaient remontés lui chanter éperdument, sans pitié pour son<br />
infortune présente, les re<strong>fr</strong>ains oubliés du bonheur. (...) “<br />
Le mot de <strong>la</strong> fin revient à <strong>la</strong> <strong>la</strong> comtesse de Monteriender (sic!)<br />
“Émerveillée par <strong>la</strong> virtuosité des exécutants, <strong>la</strong> comtesse s'écria en<br />
s'adressant à Swann : « C'est prodigieux, je n'ai jamais rien vu d'aussi fort... »<br />
Mais un scrupule d'exactitude lui faisant corriger c<strong>et</strong>te première assertion, elle<br />
ajouta c<strong>et</strong>te réserve : « rien d'aussi fort... depuis les tables tournantes !”<br />
Lʼalchimie de <strong>la</strong> Sonate selon <strong>Proust</strong>...<br />
Saint-Saëns : La Sonate n° 1 pour violon <strong>et</strong> piano, op. 75 (1885) que <strong>Proust</strong><br />
trouvait à posteriori « médiocre »<br />
Richard Wagner : L'enchantement du Vendredi saint, Parsifal (1882)<br />
César Franck : La Sonate FWV 8 en <strong>la</strong> majeur (1886)<br />
Photographie de Jeanne Rongie, 1885, César Franck à lʼorgue de <strong>la</strong> basilique<br />
St. Clotilde à Paris.<br />
Richard Wagner : Un Prélude de l'opéra Lohengrin (1850)<br />
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Le souvenir <strong>fr</strong>agmentaire d'une phrase de Franz Schubert, l'Impromptu en sol<br />
bémol majeur D 899.<br />
Wilhem August Rieder, Franz Schubert, 1875<br />
Gabriel Fauré, La Bal<strong>la</strong>de opus 19 pour Piano <strong>et</strong> Orchestre (1881)<br />
Au final, le terme Vinteuil renvoie à <strong>la</strong> culture musicale de <strong>Proust</strong> au moment où il<br />
puise dans son réservoir personnel de motifs <strong>et</strong> de thèmes musicaux. A chaque<br />
épisode où l'un de ses personnages éprouve l'expérience de <strong>la</strong> musique émotionnelle,<br />
celle qui sans que l'on s'y prépare, suscite un éc<strong>la</strong>ir dans <strong>la</strong> pensée, produit le<br />
surgissement d'un souvenir enfoui, d'autant plus immédiatement vivace qu'il était<br />
jusqu'alors éteint <strong>et</strong> oublié.<br />
Lʼexigence de lʼécrivain mélomane sʼélève de Richard Wagner, à Camille Saint-<br />
Saëns, à Gabriel Fauré, à César Franck, à Franz Schubert, à Robert Schumann,<br />
à C<strong>la</strong>ude Debussy, à Ludwig van Be<strong>et</strong>hoven.<br />
Joseph Karl Stieler, Portrait de Ludwig van Be<strong>et</strong>hoven composant Missa<br />
Solemnis, 1819-1820.<br />
Le cycle lié à Albertine <strong>et</strong> les derniers épisodes d'À <strong>la</strong> recherche du temps perdu,<br />
imposent l'ombre persistante des derniers Quatuors de Be<strong>et</strong>hoven (en particulier<br />
<strong>la</strong> troub<strong>la</strong>nte rêverie du Quatuor n°12 opus 127), mais aussi Carnaval de<br />
Schumann qui cite encore <strong>la</strong> figure de l'enfant endormi.<br />
Ludwig van Be<strong>et</strong>hoven, Quatuor n°12 opus 127.<br />
Robert Schumann, Carnaval<br />
Joeph Kriehuber, Robert Schumann 1839.<br />
Mais Marcel <strong>Proust</strong> ne sʼéloigne pas de Gabriel Fauré ...<br />
Gabriel Fauré,Cantique de Jean Racine<br />
Gabriel Fauré, Quatuor en ut mineur opus 15 (qu'il fait jouer dans son appartement<br />
parisien en 1916 au milieu de <strong>la</strong> nuit par le Quatuor Poul<strong>et</strong>), dont les oeuvres<br />
nourrissent l'inspiration du poète, soucieux de toujours renouveler les références<br />
contenues dans <strong>la</strong> citation de Vinteuil.)<br />
<strong>Proust</strong> écrivait à Gabriel Fauré « Monsieur, Je nʼaime, je nʼadmire, je nʼadore pas<br />
seulement votre musique, jʼen ai été, jʼen suis encore amoureux ».<br />
Également César Franck <strong>la</strong>issera une impression durable dans l'imaginaire<br />
romanesque de l'écrivain. Le Quatuor en ré majeur de 1889 enrichit à son tour <strong>la</strong><br />
citation du "Septuor" de Vinteuil.<br />
César Franck, Quatuor en ré majeur de 1889<br />
Il isole à titre personnel dans le Pelléas de Debussy qu'il admira immédiatement après<br />
sa création parisienne en 1902, les pages purement instrumentales.<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy, Pelléas <strong>et</strong> Mélisande, acte I, scène I, introduction.<br />
C<strong>la</strong>ude Debussy, Pelléas <strong>et</strong> Mélisande, acte I, scène I, interlude.<br />
L'alliance violon/piano étant de son point de vue, d'un souverain accomplissement.<br />
Dans l'une de ses l<strong>et</strong>tres dernières, Marcel évoque le finale du Quatuor n°15 de<br />
Be<strong>et</strong>hoven dont il se sent tellement proche de <strong>la</strong> "si puissante tendresse humaine".<br />
Ludwig van Be<strong>et</strong>hoven, Quatuor n°15<br />
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En 2002, Jean-David Jumeau-Lafond attirait lʼattention sur <strong>la</strong> sonate "pour piano <strong>et</strong><br />
violon" alors que toutes les sonates de l'époque sont "pour violon <strong>et</strong> piano" à<br />
l'exception de celle de Guil<strong>la</strong>ume Lekeu : est-ce une piste? En tout cas, il le suggère<br />
dans son article "La "Sonate pour piano <strong>et</strong> violon" de Vinteuil" réflexion sur un<br />
intitulé inhabituel", Bull<strong>et</strong>in Marcel <strong>Proust</strong>, n° 52, 2002.<br />
Guil<strong>la</strong>ume Lekeu compositeur belge (élève de César Franck puis de Vincent<br />
dʼIndy) mort prématurément à lʼâge de 24 ans.<br />
Vincent dʼIndy, Sonate pour violon <strong>et</strong> piano en C majeur opus 59.<br />
Vincent dʼIndy c. 1910<br />
Guil<strong>la</strong>ume Lekeu, Sonate pour piano <strong>et</strong> violon, 1893.<br />
Guil<strong>la</strong>ume Lekeu c. 1886 (1870-1894) élève de César Franck puis de Vincent dʼIndy<br />
Le Cercle Marcel <strong>Proust</strong> de Balbec-Cabourg qui réactive le souvenir de Marcel<br />
<strong>Proust</strong> dans <strong>la</strong> ville que l'écrivain a habité, a organisé un concert le 20 novembre 2010<br />
au Grand Hôtel de Cabourg, dévoi<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> Sonate de Vinteuil, composée en 1946 par<br />
le compositeur C<strong>la</strong>ude Pascal (Prix de Rome en 1945, né en 1921).<br />
C<strong>la</strong>ude Pascal, Sonate de Vinteuil, 1946.<br />
C<strong>la</strong>ude Pascal, 2002<br />
En 2003, Yann Rocher r<strong>et</strong>raçait dans un article <strong>la</strong> reconstitution de <strong>la</strong> sonate de<br />
Vinteuil par le cinéaste Raoul Ruiz <strong>et</strong> le compositeur Jorge Arriagada dans le film<br />
Le Temps r<strong>et</strong>rouvé.<br />
Voir Yann Rocher, « La musique au corps, à propos du Temps r<strong>et</strong>rouvé de Raoul Ruiz », in Dominique Bax (dir.),<br />
Théâtres au cinéma, n°14 Raoul Ruiz, mars 2003, p. 66-71.<br />
Jorge Arriagada, Sonate de Vinteuil, 2003<br />
Portrait Jorge Arriagada.<br />
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