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Texte intégral de la contribution de Jean-Yves Rochex (PDF - 164 Ko)

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apprentissages ou au domaine disciplinaire que s’efforce <strong>de</strong> travailler l’enseignant. Ainsi a-ton<br />

pu voir une séquence <strong>de</strong> mathématiques, durant <strong>la</strong>quelle l’enseignante se proposait <strong>de</strong> faire<br />

travailler sur les pourcentages à partir <strong>de</strong> tableaux <strong>de</strong> résultats d’une consultation électorale<br />

récente se muer progressivement en une séance d’instruction civique, ou encore une séquence<br />

<strong>de</strong> travail sur l’impératif se transformer en un jeu où chaque élève <strong>de</strong>vait formuler un ordre à<br />

<strong>de</strong>stination d’un <strong>de</strong> ses pairs, jeu social <strong>de</strong>venant très vite réglé par tout autre chose que les<br />

contraintes <strong>la</strong>ngagières et les visées d’apprentissage grammatical <strong>de</strong> <strong>la</strong> maîtresse. Nous<br />

pourrions multiplier à l’envi les exemples <strong>de</strong> tels brouil<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s genres où ce qui relève<br />

d’expériences ou <strong>de</strong> contextes particuliers (supposés familiers ou aisément i<strong>de</strong>ntifiables ou<br />

mobilisables pour les élèves) parasite et fait obstacle au processus <strong>de</strong> décontextualisation, <strong>de</strong><br />

ressaisie et <strong>de</strong> secondarisation <strong>de</strong> ces contextes et <strong>de</strong> ces expériences que requièrent le travail<br />

d’étu<strong>de</strong> et l’appropriation <strong>de</strong> savoirs, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> faire et <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> pertinence à visée<br />

générique. Pour le dire autrement, en utilisant un couple notionnel emprunté aux travaux <strong>de</strong><br />

didactique, <strong>la</strong> réussite par l’enseignant du processus <strong>de</strong> dévolution d’une situation et<br />

l’enrôlement <strong>de</strong>s élèves dans les tâches qu’on leur propose ne garantit pas, loin <strong>de</strong> là, qu’ils<br />

puissent y reconnaitre (dans les <strong>de</strong>ux sens du terme) et s’y approprier les contenus et enjeux<br />

<strong>de</strong> savoir visés, ni que l’enseignant soit à même d’en réussir le processus<br />

d’institutionnalisation, ni même qu’il en reconnaisse l’importance et <strong>la</strong> nécessité (cf. sur ce<br />

point Perrin-Glorian, 1997)<br />

Les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> brouil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s genres entre ce qui relève d’expériences et <strong>de</strong><br />

contextes particuliers et ce qui relève d’une visée générique du travail d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s savoirs<br />

et apprentissages sco<strong>la</strong>ires, brouil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s genres dont les risques sont manifestement accrus<br />

par une idéologie d’« ouverture » <strong>de</strong> l’école et d’assouplissement <strong>de</strong>s contraintes et modalités<br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification et <strong>de</strong> délimitation <strong>de</strong>s savoirs peu pensée ou peu interrogée sur le p<strong>la</strong>n<br />

épistémologique ou didactique, ne peuvent que renforcer <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> l’enseignant comme<br />

<strong>de</strong>s élèves à différencier et hiérarchiser ce qui est pertinent au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature du travail et<br />

<strong>de</strong>s apprentissages attendus, et qui doit donc être au centre <strong>de</strong> l’attention <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres,<br />

et ce qui ne l’est pas ou moins, et doit donc <strong>de</strong>meurer en arrière-p<strong>la</strong>n du travail dont ce n’est<br />

pas le but ; faute d’une telle différenciation, tout peut sembler équivalent ou également<br />

pertinent pour les élèves, et l’on voit les plus en difficulté tenter <strong>de</strong> mobiliser, simultanément<br />

ou successivement, toutes les composantes, toutes les couches <strong>de</strong> signification, tous les<br />

indices <strong>de</strong>s situations et <strong>de</strong>s tâches auxquelles ils sont confrontés, et errer <strong>de</strong>s uns aux autres<br />

jusqu’à renoncer ou à se calquer sur ce qu’a fait l’un <strong>de</strong> leurs pairs plus à même <strong>de</strong> discerner<br />

l’essentiel <strong>de</strong> l’accessoire. Ces brouil<strong>la</strong>ges sont également source d’une gran<strong>de</strong> difficulté,<br />

chez les élèves comme chez l’enseignant, à maintenir <strong>la</strong> focalisation du travail et du discours<br />

ou <strong>de</strong>s échanges <strong>la</strong>ngagiers sur l’objet <strong>de</strong> l’activité ; ils conduisent <strong>de</strong> fait souvent à ce que<br />

cette focalisation se per<strong>de</strong> et se dilue, et que s’appauvrisse <strong>la</strong> situation et les possibles dont<br />

elle est porteuse, au fil du temps et au cœur <strong>de</strong>s modalités différenciées d’interactions et <strong>de</strong><br />

reformu<strong>la</strong>tions discursives, <strong>de</strong> reconfiguration et <strong>de</strong> recadrage <strong>de</strong>s tâches qui se succè<strong>de</strong>nt<br />

dans le cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. À terme, <strong>la</strong> focalisation sur <strong>de</strong>s tâches morcelées et considérées<br />

comme réalisables par les élèves conduit fréquemment à ce que les difficultés <strong>de</strong> ceux-ci<br />

soient occultées, minorées, et ne puissent donc être prises en charge. Ils apparaissent enfin<br />

source <strong>de</strong> glissements récurrents entre <strong>de</strong>s attentes, <strong>de</strong>s exigences et <strong>de</strong>s critères d’évaluation<br />

ou <strong>de</strong> sanction, qui se situent sur le registre <strong>de</strong>s savoirs et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail spécifiques qui<br />

leur sont liés et ceux qui se situent sur le registre <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

motivation ou du rapport au travail. De tels glissements sont d’autant plus fréquents que les<br />

enseignants ont affaire à <strong>de</strong>s élèves en difficulté (cf. également van Zanten, 2001), à l’égard<br />

<strong>de</strong>squels ils sont d’autant plus dommageables.<br />

Usages du <strong>la</strong>ngage et genre discursif sco<strong>la</strong>ire

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