13.07.2013 Views

Le Bwete (ou Bwiti) - Cercle Damien KANDOLO

Le Bwete (ou Bwiti) - Cercle Damien KANDOLO

Le Bwete (ou Bwiti) - Cercle Damien KANDOLO

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Réunion commune CDK-CEGES du samedi 27<br />

janvier 2007 au siège de la Grande Loge de France,.<br />

La réunion est dirigée alternativement par les FF :.<br />

Présidents du <strong>Cercle</strong> Gabonais d’Echange et de<br />

Solidarité et du <strong>Cercle</strong> <strong>Damien</strong> Kandolo, 36 SS :. et<br />

FF :. ont pris place sur les colonnes.<br />

<strong>Le</strong> F :. Président du CEGES <strong>ou</strong>vre la séance en<br />

remerciant au nom de deux fraternelles, les SS :. et<br />

FF :. présents sur les colonnes.<br />

<strong>Le</strong>s SS :. et les FF se sont présentés et les excuses<br />

consignées<br />

L’ordre du j<strong>ou</strong>r appelle l’Hommage rendu, par le<br />

F :. Président du CEGES à notre TRF :. Pierre-Marie<br />

NDONG Sérénissime Grand Maître de la Grande<br />

Loge Symbolique du Gabon passé à l’Orient éternel<br />

le 11 décembre 2006(E V).<br />

L’ordre du j<strong>ou</strong>r appelle ensuite l’entrée et la<br />

conférence de Monsieur Julien Bonhomme, Maître<br />

de conférence à l’Université Lyon2 sur « <strong>Le</strong>s<br />

Traditions initiatiques d'Afrique centrale: le<br />

<strong>Bwiti</strong> du Gabon »<br />

La conférence de Monsieur Julien s’articule aut<strong>ou</strong>r<br />

de 2 points : contexte socio-historique de<br />

l’avènement du <strong>Bwiti</strong> et le parc<strong>ou</strong>rs initiatique aux<br />

mystères <strong>Bwiti</strong><br />

I) le contexte<br />

Notre conférencier n<strong>ou</strong>s indique d’emblée qu’on ne<br />

peut raisonnablement avancer une datation<br />

concernant l’origine du <strong>Bwiti</strong>. T<strong>ou</strong>tefois, l’histoire<br />

orale autochtone rep<strong>ou</strong>sse l’origine du <strong>Bwiti</strong> dans<br />

les limbes des temps mythiques.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Bwete</strong> (<strong>ou</strong> <strong>Bwiti</strong>) est un rituel initiatique<br />

masculin, d’origine mitsoko <strong>ou</strong> gapinzi (Gabon<br />

central) mais répandu bien au-delà, du Gabon<br />

méridional au Gabon septentrional. <strong>Le</strong> rite de<br />

passage impose l’absorption des racines<br />

hallucinogènes de l’arbuste eboga (<strong>ou</strong> iboga / bois<br />

sacré <strong>ou</strong> bois amer) à des fins visionnaires.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Bwete</strong> repose ainsi sur une nette division entre<br />

profane et initié, séparation qui s’articule aut<strong>ou</strong>r du<br />

rôle fondamental des visions et du secret. Entre<br />

initié prévaut le principe hiérarchique : le cadet<br />

(apprenti) Banzi, l’initié confirmé (nganga), l’aîné et<br />

père initiateur nyima. Chaque communauté<br />

initiatique est organisée de manière autonome au<br />

niveau du village <strong>ou</strong> du quartier, aut<strong>ou</strong>r d’un corps<br />

de garde (mbandja) qui sert du temple.


<strong>Le</strong> <strong>Bwete</strong> se ramifie en diverses branches et s<strong>ou</strong>sbranches.<br />

<strong>Le</strong> Disumba étant la racine principale.<br />

Dans les villages où le <strong>Bwete</strong> Disumba est en<br />

vigueur, les garçons doivent se faire initier entre dix<br />

et quinze ans p<strong>ou</strong>r devenir de vrais hommes et<br />

participer aux décisions collectives prises par la<br />

communauté masculine. <strong>Le</strong> <strong>Bwete</strong> Disumba est<br />

sans d<strong>ou</strong>te né du culte lignager des ancêtres. La<br />

principale ramification est le Mitsoko qui représente<br />

une véritable spécialisation fonctionnelle par<br />

rapport au Disumba : le Misoko possède une<br />

fonction thérapeutique. Ses initiés sont des devinsguérisseurs<br />

(les nganga-a-Misoko). Par ailleurs, on<br />

se fait initié suite à l’épreuve d’infortunes<br />

sorcellaires répétées (celui qui perd successivement<br />

deux parents, le citadin sans travail, <strong>ou</strong> a première<br />

ép<strong>ou</strong>se délaissée par son mari…) qui fait prendre<br />

conscience que quelque chose ne va pas. Mais ce<br />

quelque chose se s<strong>ou</strong>strait à l’appréhension,<br />

planant au-dessus de l’existence comme une<br />

menace imprécise mais omniprésente. L’initiation<br />

est ici donc individuelle et circonstancielle, alors<br />

que celle du Disumba est collective et quasiobligatoire.<br />

Cette distinction dans l’arborescence du<br />

<strong>Bwete</strong> correspond ainsi à une ligne de démarcation<br />

et d’articulation du champ thérapeutico-réligieux à<br />

l’intérieur d’une seule et même société initiatique. Il<br />

faut encore dire que si le Disumba est<br />

exclusivement masculin, certaines communautés<br />

du Misoko acceptent auj<strong>ou</strong>rd’hui l’initiation de<br />

femmes (qui prennent alors le nom de mabundi).<br />

II) L’INITIATION<br />

L’initiation stricto-sensu, ne dure qu’un seul j<strong>ou</strong>r et<br />

comprend deux phases distinctes : une série de<br />

rituels diurnes en forêt, puis la veillée nocturne au<br />

c<strong>ou</strong>rs de laquelle le néophyte mange les racines<br />

d’eboga à des fins visionnaires.<br />

i) RITUELS PRELIMINAIRES(voyage initiation en<br />

forêt)<br />

<strong>Le</strong> j<strong>ou</strong>r de la veillée, père initiateur et néophyte<br />

partent en forêt afin d’accomplir les rituels<br />

prophylactiques nécessaires au périlleux voyage<br />

initiatique :<br />

- la première étape consiste à collecter les<br />

écorces et plantes nécessaires à l’initiation ;<br />

- la deuxième étape a p<strong>ou</strong>r but la confection du<br />

fétiche afin de « blinder » le novice contre les<br />

attaques sorcières lignagère cherchant à faire<br />

éch<strong>ou</strong>er l’initiation ;<br />

- l’étape suivante est celle de la purification (le<br />

novice est lavé et ensuite oint de pommade<br />

porte-bonheur mixture à base d’écorces, et<br />

du parfum…)<br />

a l’issue de ces rituels préliminaires, le néophyte<br />

peut alors commencer à manger ses premières


<strong>ou</strong>chées d’eboga et faire l’épreuve de son<br />

ép<strong>ou</strong>vantable amertume (c<strong>ou</strong>pe d’amertume).<br />

ii) VISIONS INITIATIQUES<br />

La seconde partie de l’initiation se dér<strong>ou</strong>le au<br />

village à l’intérieur du corps de garde. <strong>Le</strong> banzi<br />

porte p<strong>ou</strong>r la première fois l’acc<strong>ou</strong>trement des<br />

initiés. Il est assis sur une natte face à un miroir.<br />

On lui donne régulièrement de grosses pincées de<br />

l’iboga. Dans le <strong>Bwete</strong> Disumba, les Banzi initiés<br />

par cohorte sont censés parc<strong>ou</strong>rir , à travers le<br />

miroir, le même chemin que leurs aînés : une visite<br />

à reb<strong>ou</strong>rs de la cosmogonie collective, à la rencontre<br />

des ancêtres mythiques dans le village de <strong>Bwete</strong>. <strong>Le</strong><br />

scénario visionnaire est donc invariable, t<strong>ou</strong>te<br />

vision non conforme étant discréditée. Par<br />

contraste, dans le <strong>Bwete</strong> Misoko, chaque Banzi<br />

vient manger l’eboga p<strong>ou</strong>r voir sa vie et l’origine de<br />

son infortune personnelle. Ici il y a donc pas de<br />

scénario prescrit. T<strong>ou</strong>tefois, lorsque le banzi<br />

s’installe face au miroir, il voit d’abord le reflet de sa<br />

propre image. C’est cette image qui se transforme<br />

en premier lieu (je me transforme en gorille, je suis<br />

un vieillard,….). Ensuite cela s’accompagne d’un<br />

changement de lieu (je suis en br<strong>ou</strong>sse, je suis dans<br />

le village de mes parents…). Ces transformations<br />

identitaires et spatiales sont la condition de t<strong>ou</strong>tes<br />

les visions.<br />

Il y a également, l’acclamation rituellique. En effet,<br />

p<strong>ou</strong>r appr<strong>ou</strong>ver et applaudir un acte rituel bien fait<br />

pendant l’initiation, l’assemblée des initiés usent<br />

abondamment de l’exclamation collective « base ! »<br />

qui peut se traduire par « <strong>ou</strong>i !», « bravo ! » qui<br />

fonctionne comme le marqueur de la vérité<br />

visionnaire.<br />

Cette conférence a suscité un débat riche qui a<br />

permis de mieux appréhender cette société<br />

initiatique.<br />

Plus personne ne demandant la parole, le F :.<br />

Président du CDK procéder à la clôture de la<br />

réunion et invite les SS :. Et les FF :. de partager les<br />

agapes fraternelles préparées conjointement par le<br />

CEGES et le CDK.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!