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Triangle de la mort - ReliefWeb

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LA CRISE OUBLIEE DU « TRIANGLE DE LA MORT »<br />

Les défis <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s civils au Katanga<br />

Contexte général/vue d’ensemble:<br />

La situation au centre du Katanga est<br />

instable <strong>de</strong>puis que le commandant<br />

Mayi-Mayi 1 , connu sous le nom <strong>de</strong><br />

Gédéon Mtanga, s’est évadé <strong>de</strong><br />

prison en septembre 2011. Gédéon<br />

dirigeait un groupe <strong>de</strong> combattants<br />

Mayi-Mayi <strong>de</strong> 2002 à 2007 connu<br />

pour sa violence et ses attaques<br />

indiscriminées contre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

civile. De retour dans son ancien fief<br />

situé entre Mitwaba et Manono, il a<br />

remobilisé un grand nombre <strong>de</strong> ses<br />

anciens combattants et recruté <strong>de</strong><br />

force un grand nombre d’enfants. Au<br />

cours <strong>de</strong> cette secon<strong>de</strong> phase <strong>de</strong><br />

belligérance, les attaques se sont<br />

surtout concentrées sur les vil<strong>la</strong>ges<br />

dans le “triangle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>”, une zone<br />

située entre les territoires <strong>de</strong> Manono,<br />

Mitwaba et Pweto. Les violences se<br />

sont également étendues sur les<br />

territoires jadis stables <strong>de</strong> Malemba-<br />

Nkulu, Lubudi et Kambove. La<br />

capacité <strong>de</strong>s Forces armées <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

République démocratique du Congo (FARDC) et <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix <strong>de</strong>s Nations Unies<br />

(MONUSCO) à sécuriser ces régions est limitée. En outre, il est difficile d’entrer en contact avec les<br />

groupes Mayi-Mayi en raison <strong>de</strong> l’absence d’une hiérarchie bien définie.<br />

Bien que Ge<strong>de</strong>on et ses combattants, ainsi que le tout nouveau groupe Mayi-Mayi Kata-Katanga qui<br />

déc<strong>la</strong>re se battre pour l’indépendance du Katanga – son nom signifie “séparer le Katanga”– soient les<br />

principaux facteurs d’instabilité, l’armée nationale est aussi accusée d’un grand nombre <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tions<br />

contre les popu<strong>la</strong>tions civiles. Même si les attaques <strong>de</strong>s FARDC sont considérées comme “dommages<br />

col<strong>la</strong>téraux” dans <strong>la</strong> lutte contre les groupes Mayi-Mayi, <strong>de</strong>s informations faisant état d’attaques<br />

indiscriminées contre les civils, <strong>de</strong> viols, <strong>de</strong> pil<strong>la</strong>ges et d’incendies <strong>de</strong> maisons prouvent que certains<br />

éléments <strong>de</strong> l’armée constituent un danger pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile. Les acteurs humanitaires ont<br />

remarqué qu’une popu<strong>la</strong>tion qui ne s’est pas enfuie pendant ou après une attaque <strong>de</strong>s Mayi-Mayi ne<br />

manquera pas <strong>de</strong> s’enfuir quand les Forces armées <strong>de</strong> <strong>la</strong> RDC essayeront <strong>de</strong> rétablir l’autorité, car<br />

les civils ont peur d’être pris pour <strong>de</strong>s sympathisants <strong>de</strong>s Mayi-Mayi et, par conséquent, d’être pris<br />

pour cible 2 .<br />

Il convient cependant <strong>de</strong> noter qu’étant donnée l’importance stratégique du Katanga dans l’économie<br />

congo<strong>la</strong>ise par sa richesse minière, et dans <strong>la</strong> géopolitique car elle est <strong>la</strong> province d’origine du<br />

Prési<strong>de</strong>nt, les autorités, tant au niveau national que provincial, ont mis du temps à reconnaitre<br />

l’urgence <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation actuelle. Les efforts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>idoyer continu <strong>de</strong>s agents humanitaires en 2012<br />

recommandant le déploiement <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO à Mitwaba ne se sont pas concrétisés en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

capacité limitée <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO, et- pas moins important- <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance <strong>de</strong>s autorités nationales.<br />

70 casques bleus <strong>de</strong> l’ONU sont postés à Moba et Manono, une région abritant plus <strong>de</strong> 304 500<br />

personnes dép<strong>la</strong>cées. Le déploiement total a été réduit au Katanga <strong>de</strong> 750 à 450 casques bleus, suite<br />

à <strong>la</strong> révision du mandat <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO en 2010. La majorité <strong>de</strong>s forces est concentrée dans les<br />

régions du nord, autour du <strong>la</strong>c Tanganyika.<br />

Protection <strong>de</strong>s civils:<br />

1 Le terme Mayi-Mayi signifie “eau” en Linga<strong>la</strong> et vient <strong>de</strong> <strong>la</strong> croyance parmi les combattants que l’eau les rendra invincibles. La<br />

première référence est apparue lors <strong>de</strong> l’insurrection contre le gouvernement après l’assassinat <strong>de</strong> Patrice Lumumba en 1961.<br />

Crisis Group, 2006 ,Katanga: The Congo’s Forgotten Crisis http://www.crisisgroup.org/en/regions/africa/central-africa/drcongo/103-katanga-the-congos-forgotten-crisis.aspx<br />

2 Cette tendance correspond à ce qu’a décrit Oxfam dans son rapport: Produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre (2012)<br />

http://www.oxfam.org/en/policy/commodities-war-drc qui explique que les civils sont très vulnérables dans <strong>de</strong>s situations où il y<br />

a un changement dans <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> pouvoir entre les FARDC et les groupes armés.


De nombreuses vio<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et du Droit international humanitaire (IHL) ont été<br />

enregistrées en 2012, et au cours <strong>de</strong>s premiers mois <strong>de</strong> 2013. Des combattants Mayi-Mayi sont<br />

accusés <strong>de</strong> meurtres, d’enlèvements, <strong>de</strong> violences sexuelles et <strong>de</strong> recrutements forcés, en particulier<br />

d’enfants, ainsi que <strong>de</strong> pil<strong>la</strong>ges et <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> biens. Les allégations <strong>de</strong> recrutement massif<br />

d’enfants ont été confirmées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> reddition le 23 mars <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s combattants Mayi-Mayi à<br />

Lubumbashi. Sur les 242 combattants qui se sont rendus, 70 se sont avérés être <strong>de</strong>s enfants 3 .<br />

Les allégations contre les FARDC comprennent <strong>de</strong>s exécutions extrajudiciaires, <strong>de</strong>s tortures ou <strong>de</strong>s<br />

traitements cruels et inhumains, <strong>de</strong>s violences sexuelles, <strong>de</strong>s extorsions, et <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> biens.<br />

Certaines <strong>de</strong> ces vio<strong>la</strong>tions auraient été commises contre <strong>de</strong>s civils en représailles pour leur<br />

col<strong>la</strong>boration supposée avec les Mayi-Mayi. Les allégations les plus graves ont eu lieu après l’attaque<br />

Mayi-Mayi du vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Shamwana (situé au centre du “triangle”, à 150 km au sud-est <strong>de</strong> Manono)<br />

dans le Territoire <strong>de</strong> Manono le 29 février 2012, quand 50 femmes et 20 filles ont été séparées <strong>de</strong> leur<br />

famille pendant <strong>de</strong>ux jours par les soldats FARDC et violées à plusieurs reprises 4 . Du 6 au 7 mars<br />

2012 sept femmes auraient également été violées par <strong>de</strong>s FARDC qui patrouil<strong>la</strong>ient sur l’axe<br />

Shamwana -Kankole 5 . Au moment <strong>de</strong> ces vio<strong>la</strong>tions les ONG basées dans <strong>la</strong> région avaient été<br />

évacuées et l’unique possibilité d’accès aux survivantes était par hélicoptère à Manono, suivi d’un<br />

trajet en voiture <strong>de</strong> 170 km dans une région extrêmement dangereuse. Ceci étant, le manque <strong>de</strong><br />

moyens s’est traduit par un retard <strong>de</strong> presque <strong>de</strong>ux mois avant qu’une mission interagence ne puisse<br />

accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> région pour vérifier les allégations. Tous les habitants <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges dans un rayon <strong>de</strong> 47<br />

kilomètres <strong>de</strong> Shamwana s’étaient alors enfuis, et l’équipe n’a pas pu trouver <strong>de</strong> témoins. Cependant,<br />

l’un <strong>de</strong>s survivants aurait <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> l’assistance médicale. 6<br />

En raison du conflit qui se propage au centre et au sud du Katanga, l’actuelle présence <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

MONUSCO s’avère insuffisante pour remédier aux problèmes. Si <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO n’est<br />

pas renforcée pour améliorer <strong>la</strong> situation sécuritaire, ces abus continueront, ainsi que les<br />

dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Efforts <strong>de</strong> démobilisation:<br />

Comme observé dans d’autres zones <strong>de</strong> conflits <strong>de</strong> <strong>la</strong> RDC, il y a une quasi-absence <strong>de</strong> ressources et<br />

<strong>de</strong> moyens pour entreprendre <strong>de</strong>s programmes efficaces <strong>de</strong> Désarmement, Démobilisation et<br />

Réintégration (DDR). Il n’existe aucune estimation va<strong>la</strong>ble du nombre exact <strong>de</strong> combattants Mayi-Mayi<br />

Gédéon et Mayi-Mayi Kata-Katanga opérant à l’heure actuelle au Katanga. A part l’inci<strong>de</strong>nt du 23<br />

mars <strong>de</strong>rnier, un seul cas majeur <strong>de</strong> reddition <strong>de</strong> combattants Mayi-Mayi a été rapporté en 2012.<br />

Plusieurs centaines <strong>de</strong> combattants se seraient rassemblés dans le Territoire <strong>de</strong> Mitwaba en<br />

septembre 2012 et auraient exprimé leur désir <strong>de</strong> déposer les armes. Fin octobre, une mission<br />

MONUSCO a été dépêchée à Mitwaba. Une fois sur p<strong>la</strong>ce, <strong>la</strong> mission a été informée que les<br />

combattants Mayi-Mayi avaient repris les armes et étaient retournés dans <strong>la</strong> brousse 7 .<br />

Conséquences et ai<strong>de</strong> humanitaire:<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s conséquences humanitaires, 2012 a vu une hausse a<strong>la</strong>rmante du nombre <strong>de</strong><br />

personnes dép<strong>la</strong>cées internes (PDI). Une augmentation <strong>de</strong> 452 pour cent a été notée <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin 2011 à<br />

mars 2013 8 . Fin mars, les acteurs humanitaires estimaient à près <strong>de</strong> 354 000 le nombre <strong>de</strong> personnes<br />

dép<strong>la</strong>cées dans le Katanga. Alors que le nombre initial ne comprenait que les personnes dép<strong>la</strong>cées<br />

dans le District du Tanganyika, l’augmentation vient presque exclusivement <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> Manono,<br />

Mitwaba et Pweto. A l’origine <strong>la</strong> zone aux alentours <strong>de</strong> Mitwaba accueil<strong>la</strong>it le plus grand nombre <strong>de</strong><br />

PDI, mais à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> 2012 et au début <strong>de</strong> 2013 les activités Mayi-Mayi suivies <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements se<br />

sont étendues vers l’ouest. Selon les <strong>de</strong>rnières estimations on a enregistré le plus grand nombre <strong>de</strong><br />

dép<strong>la</strong>cés internes dans le Territoire <strong>de</strong> Pweto.<br />

Conscient <strong>de</strong>s besoins humanitaires croissants au Katanga, le mécanisme <strong>de</strong> financement CERF 9 a<br />

débloqué en août 2012, 12 millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs americains à partager entre le Sud-Kivu et le Katanga.<br />

Bien que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s fonds ait été affectée à <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> nutrition et à un projet logistique<br />

3<br />

Selon Child Protection MONUSCO, 40 ont été retrouvés à Lubumbashi et 30 autres ont été retrouvés après avoir passé une<br />

semaine à <strong>la</strong> prison militaire <strong>de</strong> N’dolo à Kinshasa.<br />

4<br />

Comme indiqué dans l’évaluation inter-organisations du 19 au 24 avril 2012. Ont participé à l’évaluation: FAO, UNHCR, WFP,<br />

WHO, UNICEF, MONUSCO (JHRO, CAS, PIO, Security) et plusieurs ONG (MDA, CRS, RAF et Caritas/Manono).<br />

5<br />

Rapport JHRO/MONUSCO , 02 mai 2012<br />

6<br />

Ibid<br />

7<br />

Rapport sur <strong>la</strong> mission du 18.10.2012 présenté par <strong>la</strong> MONUSCO dans le Groupe <strong>de</strong> P<strong>la</strong>idoyer humanitaire (HAG, le 19.10.12.<br />

Rapport sur le résultat <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission présenté par le personnel d’OCHA au Katanga.<br />

8<br />

Les chiffres sont estimés par les Comités <strong>de</strong> Mouvement <strong>de</strong> Popu<strong>la</strong>tion (CMP) qui recueillent les données <strong>de</strong>s agents<br />

humanitaires travail<strong>la</strong>nt dans les régions affectées. Le nombre enregistré en décembre 2011 s’élevait à 64 082.<br />

9<br />

Fond central <strong>de</strong> Secours d’urgence (CERF) est un fond humanitaire commun géré par le Coordonateur <strong>de</strong> secours d’urgence<br />

(ERC)/OCHA.


pour rénover <strong>la</strong> route entre Manono et Nyunzu, <strong>de</strong>s fonds ont été dégagés pour améliorer l’accès aux<br />

services <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> base et pour assurer le traitement holistique <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> violences<br />

sexuelles 10 . En mars 2013, un p<strong>la</strong>n d’ai<strong>de</strong> humanitaire à Pweto a reçu 2,5 millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs<br />

américains du Fond humanitaire commun (Pooled Fund) pour <strong>la</strong> santé, <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées<br />

alimentaires et d’articles non-alimentaires, et pour l’abri d’urgence.<br />

Néanmoins, les besoins sont énormes parmi les dép<strong>la</strong>cés internes et les popu<strong>la</strong>tions d’accueil.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cés internes sont <strong>de</strong>venus plus vulnérables en raison <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements répétés,<br />

souvent sur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s distances. Les opérations d’enregistrement et <strong>de</strong> profi<strong>la</strong>ge doivent être<br />

étendues pour i<strong>de</strong>ntifier les besoins individuels et adapter l’ai<strong>de</strong> humanitaire. Bien que les besoins<br />

aient été i<strong>de</strong>ntifiés dans tous les secteurs, les <strong>la</strong>cunes principales dans <strong>la</strong> protection sont les<br />

suivantes:<br />

Contrôle sécuritaire: Il faut plus <strong>de</strong> renseignements précis, recueillis par <strong>de</strong>s observateurs<br />

dûment formés sur <strong>la</strong> situation sécuritaire afin d’analyser les risques en matière <strong>de</strong> protection,<br />

et assister et gui<strong>de</strong>r un p<strong>la</strong>n d’action fondé sur <strong>de</strong>s preuves pour améliorer <strong>la</strong> sécurité<br />

physique et assurer le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s personnes dép<strong>la</strong>cées internes. Le contrôle<br />

sécuritaire est essentiel pour p<strong>la</strong>nifier et mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> protection<br />

spécifiques, telles que <strong>la</strong> soumission à <strong>de</strong>s agences spécialisées <strong>de</strong>s cas individuels<br />

i<strong>de</strong>ntifiés, les interventions en faveur <strong>de</strong>s individus aux besoins spécifiques, les activités <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>idoyer, et le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s autorités nationales et <strong>de</strong>s acteurs nongouvernementaux<br />

pour protéger ces popu<strong>la</strong>tions. Le contrôle sécuritaire peut aussi avoir un<br />

effet dissuasif sur les groupes armés.<br />

Prévention <strong>de</strong>s violences sexuelles et Assistance aux victimes: Une indication <strong>de</strong>s<br />

besoins a été définie grâce au récent profi<strong>la</strong>ge au centre <strong>de</strong> Pweto en mars 2013 où 305<br />

victimes <strong>de</strong> violences sexuelles ont été i<strong>de</strong>ntifiées, dont <strong>la</strong> majorité n’avait reçu aucune<br />

assistance médicale 11 . Il est nécessaire d’établir une protection adéquate, <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong>s<br />

traitements et <strong>de</strong> l’assistance aux victimes <strong>de</strong> SGBV, en particulier à Pweto, Moba et<br />

Malemba-Nkulu où aucun service <strong>de</strong> ce genre n’existe. Il faut renforcer le travail <strong>de</strong>s acteurs<br />

existant dans les autres zones affectées. Les allégations <strong>de</strong> SGBV doivent être examinées<br />

sérieusement et efficacement, et les responsables doivent être poursuivis en justice.<br />

Prévention et assistance aux enfants associés aux groupes armés: Il est nécessaire<br />

d’établir <strong>de</strong>s activités pour empêcher <strong>la</strong> séparation et/ou le recrutement d’enfants ainsi que<br />

leur libération et réintégration à Moba et Pweto. Il faut développer une stratégie <strong>de</strong> prévention<br />

en consultation avec les enfants, les familles et les communautés pour répondre aux causes<br />

<strong>de</strong> recrutement. Les organisations qui se spécialisent dans les opérations <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s<br />

enfants doivent se concentrer sur <strong>de</strong>s programmes et <strong>de</strong>s initiatives <strong>de</strong> p<strong>la</strong>idoyer pour<br />

empêcher les recrutements, et pour porter à <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s FARDC et <strong>de</strong>s groupes<br />

armés les droits <strong>de</strong> l’enfant et leur respect ainsi que leurs obligations envers le droit<br />

international.<br />

Accès humanitaire:<br />

L’accès pour les agents <strong>de</strong> protection est compliqué par les menaces <strong>de</strong>s groupes armés et dans<br />

certains cas, une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> travail tendue avec les autorités locales. Début décembre 2012, une<br />

ONG internationale s’est retirée <strong>de</strong> Shamwana car les membres du Mayi-Mayi Kata-Katanga avaient<br />

ordonné aux membres <strong>de</strong> l’ONG <strong>de</strong> se joindre à leur mouvement. Début février 2013, <strong>de</strong>ux membres<br />

du personnel <strong>de</strong> l’ONG qui s’occupaient <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection ont dû être évacués <strong>de</strong> Manono car ils<br />

avaient signalé <strong>de</strong>s corps sans vie dans <strong>la</strong> rivière Luvua et recevaient <strong>de</strong>s menaces <strong>de</strong>s autorités<br />

locales. Le Bureau commun <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme, œuvrant sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO, confirme<br />

que <strong>de</strong>s enquêteurs <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme sont souvent empêchés d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s sites pour évaluer<br />

<strong>la</strong> situation et sont obligés d’utiliser <strong>de</strong>s escortes militaires pour assurer leur sécurité.<br />

Bien que les NGO puissent circuler sans escortes armées dans <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie du “triangle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>mort</strong>”, comptant sur un stratégie d’acceptation, les agences <strong>de</strong> l’ONU sont obligées <strong>de</strong> voyager avec<br />

<strong>de</strong>s escortes armées sur toutes les routes principales <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. La zone <strong>la</strong> plus critique est celle<br />

entre Mitwaba et Manono et, en général, les zones aux environs <strong>de</strong> Mitwaba. Les vil<strong>la</strong>ges situés<br />

autour <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Manono et Pweto sont aussi hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong>s agences onusiennes<br />

10 $200,000 affectés à l’OMS pour renforcer l’accès aux services <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> base et $650,000 à l’UNFPA pour renforcer les<br />

services reproducteurs et <strong>de</strong> santé, dont un traitement holistique pour les victimes <strong>de</strong> violences sexuelles.<br />

11 UNHCR, Rapport <strong>de</strong> l’enregistrement/ profi<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s PDI aux centres <strong>de</strong> Pweto et <strong>de</strong> Mwashi, 10-30 mars 2013. Parmi les 305<br />

victimes <strong>de</strong> violences sexuelles se trouvaient aussi 20 personnes souffrant <strong>de</strong> fistule, qui n’avaient pas non plus reçu<br />

d’assistance médicale.


sans escortes militaires, et <strong>la</strong><br />

capacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO <strong>de</strong> fournir<br />

ces escortes est très limitée. Bien<br />

qu’il y ait <strong>de</strong>s contacts entre les ONG<br />

et les groupes Mayi-Mayi au niveau<br />

opérationnel, il n’y a pas eu <strong>de</strong><br />

négociations pour l’accès humanitaire<br />

avec <strong>la</strong> hiérarchie du Mayi-Mayi<br />

Gédéon ou Kata-Katanga. Les<br />

agents humanitaires doivent<br />

augmenter leurs rapports avec <strong>la</strong><br />

société civile, par exemple avec<br />

l’église qui a <strong>de</strong>s représentants dans<br />

tous les petits vil<strong>la</strong>ges 12 .<br />

L’accès est rendu plus complexe par<br />

l’importance <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong>s régions<br />

affectées par l’insécurité et <strong>la</strong><br />

mauvaise condition <strong>de</strong>s routes. Par<br />

exemple, pour atteindre Pweto, il<br />

faudrait envoyer une mission <strong>de</strong><br />

Lubumbashi car <strong>la</strong> route entre<br />

Kalemie et Pweto est impraticable.<br />

Pour se rendre à Pweto <strong>de</strong><br />

Lubumbashi il faudrait passer en<br />

Zambie et le trajet prendrait <strong>de</strong>ux jours entiers. Avec seulement une poignée d’ONG en permanence<br />

dans le « triangle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong> », <strong>la</strong> capacité d’apporter <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à temps est limitée, ainsi l’est toute<br />

possibilité <strong>de</strong> “protection par le fait d’être présent”.<br />

Statuquo, scenario plus probable dans les mois à venir<br />

Avec le Katanga, miroir imparfait <strong>de</strong>s événements qui se déroulent dans les <strong>de</strong>ux Kivus, <strong>la</strong> situation<br />

continuera <strong>de</strong> fluctuer dans les mois à venir en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation dans ces <strong>de</strong>ux provinces<br />

orientales et <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté du gouvernement d’investir dans <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> province.<br />

L’inci<strong>de</strong>nt du 23 mars a augmenté <strong>la</strong> visibilité du conflit au niveau national, mais il faudra s’investir plus<br />

pour faire face aux causes profon<strong>de</strong>s du conflit au niveau provincial et local. Etant donné <strong>la</strong> durée du<br />

conflit actuel et le manque <strong>de</strong> moyens jusqu’ici pour sécuriser les zones <strong>de</strong> retour, les acteurs<br />

humanitaires ne s’atten<strong>de</strong>nt pas, dans les mois qui viennent, à une amélioration <strong>de</strong>s conditions du<br />

point <strong>de</strong> vue du nombre <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cés et <strong>de</strong>s besoins humanitaires<br />

Recommandations du Groupe <strong>de</strong> Protection en RDC:<br />

Au Gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> RDC:<br />

1) Le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> République Démocratique du Congo est en premier lieu<br />

responsable d’assurer <strong>la</strong> protection et <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> sa popu<strong>la</strong>tion. Dans <strong>la</strong> situation<br />

actuelle au Katanga on pourrait y arriver en:<br />

A <strong>la</strong> MONUSCO:<br />

S’assurant que les forces armées comprennent et respectent leur <strong>de</strong>voir <strong>de</strong><br />

mener leurs opérations <strong>de</strong> manière à respecter les droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

civile, conformément au droit international humanitaire ;<br />

S’engageant politiquement à trouver une solution durable et pacifique au conflit<br />

au Katanga ;<br />

Faisant progresser et en établissant, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> MONUSCO, un<br />

Programme opérationnel <strong>de</strong> Désarmement, Démobilisation et <strong>de</strong> Réintégration.<br />

2) Etant donné les allégations <strong>de</strong> vio<strong>la</strong>tions commises par les Mayi-Mayi et certains<br />

éléments <strong>de</strong>s FARDC, le groupe <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>la</strong> MONUSCO <strong>de</strong>:<br />

12 Il faudrait le faire en adoptant l’approche <strong>de</strong> «ne causer aucun préjudice» car plusieurs chefs traditionnels qui avaient essayé<br />

<strong>de</strong> négocier avec les Mayi-Mayi ces mois <strong>de</strong>rniers auraient été tués.


Renforcer sa présence dans les territoires <strong>de</strong> Mitwaba, Manono et Pweto par<br />

<strong>de</strong>s patrouilles et une présence active sur le terrain, ce qui peut avoir un effet<br />

dissuasif et faciliter le retour <strong>de</strong>s réfugiés, ainsi qu’améliorer <strong>la</strong> sécurité dans<br />

les régions <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement;<br />

Renforcer <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce du comportement <strong>de</strong>s FARDC et renvoyer tous les cas<br />

documentés au procureur militaire ; Si nécessaire apporter son soutien aux<br />

procédures <strong>de</strong> justice militaire pour assurer l’ai<strong>de</strong> et <strong>la</strong> justice aux victimes.<br />

3) Conformément à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière Résolution du Conseil <strong>de</strong> Sécurité <strong>de</strong> l’ONU sur <strong>la</strong> RDC,<br />

encourager le Gouvernement à re<strong>la</strong>ncer les programmes <strong>de</strong> Désarmement,<br />

Démobilisation et Réintégration <strong>de</strong>s combattants Mayi-Mayi, et accor<strong>de</strong>r une attention<br />

particulière à retirer les enfants associé à ces groupes armés.<br />

Aux bailleurs <strong>de</strong> fonds:<br />

4) les donateurs peuvent contribuer en utilisant leur influence, par l’entremise <strong>de</strong> leurs<br />

Gouvernements respectifs, à encourager le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> RDC et <strong>la</strong> MONUSCO,<br />

à renforcer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile et à trouver une solution pacifique aux<br />

conflits du Katanga.<br />

5) Les donateurs peuvent augmenter leur soutien aux programmes <strong>de</strong> protection qui<br />

cherchent à recueillir, empêcher et répondre pour atténuer <strong>la</strong> souffrance causée par les<br />

vio<strong>la</strong>tions, telles que <strong>la</strong> séparation et <strong>la</strong> réintégration <strong>de</strong>s enfants associés aux forces<br />

armées et le traitement holistique <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> violences sexuelles.<br />

6) Les donateurs peuvent aussi encourager et faciliter le déploiement <strong>de</strong> personnel<br />

international dans les zones affectées afin <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> sécurité par leur présence.<br />

Aux acteurs humanitaires:<br />

7) Les acteurs humanitaires peuvent contribuer en prenant contact avec les groupes Mayi-<br />

Mayi pour faciliter l’accès humanitaire et les sensibiliser au Droit international<br />

humanitaire. Une façon <strong>de</strong> parvenir à ce<strong>la</strong> serait d’avoir <strong>de</strong>s contacts par le truchement<br />

<strong>de</strong>s réseaux alternatifs tels que les églises, les réseaux d’ONG locaux, les chefs locaux<br />

ainsi que <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs féminins.

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