Valorisation de l'exercice professionnel en gériatrie - C2R Santé

Dans certaines institutions, faute de temps, de formation professionnelle, de présence de
personnel qualifié ou d’absence de projet professionnel pour le personnel, le vieillard,
dépossédé de son passé, de son expérience personnelle, de ses propres émotions, est plongé
dans une sorte d’ anonymat. Cela nuit à la qualité de la relation établie et favorise une nonreconnaissance
de la personne en tant que telle ; les soins sont alors prodigués en série, sans
personnalisation, favorisant davantage la culpabilisation des personnels ainsi que le risque de
négligence ou de maltraitance tant physique que psychique.
Le sentiment de culpabilité, lié à la souffrance morale que ressentent certaines familles, peut les
rendre verbalement plus agressifs envers les personnels soignants ; « l’incompréhension de
certaines pratiques, la frustration de se sentir inutile et la dépossession ressenties par les
proches, peuvent entraîner conflit et rivalité entre la famille et les soignants, le risque majeur
devenant alors un abandon du sujet âgé » (15)
D’où l’importance de donner du sens aux soins et de reconnaître l’accompagnement,
comme exercice professionnel prioritaire et mission d’intérêt général :
1.1.4 Une recherche de cohérence :
Le projet de soin, le projet de vie sont méconnus des équipes soignantes car il y a peu de
participation des personnels à sa rédaction . De plus, le projet médical devient le projet de
service alors que le contraire serait le plus approprié . La mise en place d’une démarche qualité
(projet qualité dans les conventions tripartites) rend optimal l’accompagnement jusqu’à la fin de
la vie. Cette démarche est importante pour une globalité de la prise en charge de la personne
âgée (ses besoins, ses désirs, ses attentes).
Il est également remarqué qu’il existe une scission entre les décideurs et les exécutants, d’où la
nécessité d’une élaboration en équipe pluridisciplinaire permettant aux agents d’être acteurs et
porteurs du projet, en tenant compte de la réalité : les objectifs doivent rester humbles et
nécessiter une évolution des mentalités – faire avec l’existant tout en luttant contre le mode
organisationnel par tâches ou soins en séries.
Cela suppose un processus d’évolution et de remise en question régulière des comportements
et des pratiques, en réfléchissant de façon éthique, pour permettre aux Résidants de conserver
leur dignité à chaque instant. L’objectif attendu est :
- de permettre la prise en charge de la personne dans son entité globale,
- de mieux répondre à ses besoins et ses attentes, en fonction de ses ressources, de son
degré d’autonomie, et ce au quotidien, pour éviter de répondre uniquement à l’organisation
institutionnelle qui s’impose à la personne âgée.
Alors, les représentations, que chacun se fait, se clarifieront et il en découlera un climat
d’entente, de responsabilisation, et de concertation professionnelle. On a tout intérêt à lister les
axes de motivation de l’exercice en gériatrie afin de renverser la tendance et le discours ;
l’objectif premier est la communication, l’outil est le projet de vie ; les moyens sont des
indicateurs et des outils d’évaluation pertinents et innovants qui parlent aux personnels en
première ligne en permanence (les aides-soignants en particulier). Les indicateurs pourraient
être, par exemple, les retours écrits ou oraux des familles, les grilles AGGIR (Autonomie
Gérontologique Groupe Iso Ressources) montrant l’évolution de la personne, mais aussi le taux
d’absentéisme et la satisfaction au travail des personnels.
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