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bulletin 14 / 3eme trimestre 2007 - Association des amis de Raoul ...

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#<br />

3ÈME <strong>14</strong><br />

TRIMESTRE <strong>2007</strong><br />

LES AMIS DE RAOUL SALAN<br />

LE BULLETIN<br />

Disparition /Le Colonel Roger Ceccaldi<br />

Nos adhérents ont publié<br />

L’affaire du Bazooka - 3 ème partie - l’ombre du Bazooka<br />

par Jean Paul Angelelli<br />

Biographie / Le commandant Georges Robin<br />

ASSOCIATION «LES AMIS DE RAOUL SALAN»<br />

24, rue alain Chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - info@salan.asso.fr


Disparitions<br />

1<br />

Papiers Godard, Carton n°9, Barrica<strong><strong>de</strong>s</strong> – 24 janvier 1960, Hoover Institution, Stanford University<br />

LES AMIS DE 2RAOUL<br />

SALAN<br />

Site Internet : www.salan.asso.fr Adresse électronique : info@salan.asso.fr<br />

Adresse postale : 24 rue Alain Chartier 75015 Paris<br />

2<br />

• Le colonel Roger Ceccaldi.<br />

Roger Ceccaldi est né à Chamberet en Corrèze, le <strong>14</strong> janvier 1913. Il passe<br />

son enfance et sa jeunesse en Corse. Il s’engage à 18 ans dans l’Artillerie<br />

Coloniale. Il suit les cours <strong>de</strong> l’Ecole Militaire d’Artillerie <strong>de</strong> Poitiers. Il<br />

sert, peu avant la guerre, au Régiment <strong>de</strong> Tirailleurs Sénégalais du Tchad, à<br />

la tête d’une section d’artillerie. Avec Leclerc, il participe aux opérations <strong>de</strong><br />

Koufra avec son unique pièce <strong>de</strong> 75 ; ce qui lui vaut le surnom d’ « artilleur<br />

<strong>de</strong> Koufra ». Il participe à la bataille <strong>de</strong> Bir-Hakeim où il est blessé par un<br />

éclat d’obus, le 6 juin 1942. Fait prisonnier par les Allemands à la fin <strong>de</strong> la<br />

bataille, il est transféré au camp <strong>de</strong> Sulmona dans les Abruzzes d’où il<br />

s’éva<strong>de</strong> en septembre 1943. Il rejoint la Tunisie libérée et participe à la<br />

Campagne d’Italie avec le Corps Expéditionnaire Français sous le comman<br />

-<strong>de</strong>ment du général Juin. Il débarque en août 1944 en Provence avec l’Armée commandée par le<br />

général <strong>de</strong> Lattre <strong>de</strong> Tassigny et atteint l’Alsace avec la 1 ère D.F.L. Le 8 mai 1945, il est avec sa<br />

division déplacée sur le front <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Capitaine <strong>de</strong>puis le 25 mars 1942, il défile avec sa compagnie,<br />

le 18 juin 1945, sur les Champs Elysées et est fait compagnon <strong>de</strong> la Libération.<br />

Après la secon<strong>de</strong> guerre mondiale, il sert en métropole comme chef d’escadron, en Côte d’Ivoire, en<br />

Indochine où il gagne trois citations qui viennent s’ajouter aux <strong>de</strong>ux gagnées pendant la guerre <strong>de</strong><br />

1939-45. Avant <strong>de</strong> rejoindre la 10 ème Division Parachutiste en Algérie, il fait un séjour en Allemagne<br />

puis à Tananarive. Adjoint au général commandant la 10 ème D.P., il en comman<strong>de</strong> l’artillerie.<br />

En janvier 1960, c’est le général Gracieux qui comman<strong>de</strong> la Division. Deux <strong>de</strong> ses régiments, le 1 er<br />

R.C.P, commandé par le colonel Broizat et le 1 er R.E.P. commandé par le colonel Dufour sont dirigés<br />

sur Alger pour maintenir l’ordre en prévision <strong>de</strong> troubles pouvant suivre le limogeage du général<br />

Massu. Le colonel Ceccaldi est également présent à Alger. Les 23 et 24 janvier, tous les trois estiment<br />

qu’il faut canaliser la manifestation du dimanche 24, position à l’opposé <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la ligne (gaulliste)<br />

« Crépin (qui vient <strong>de</strong> remplacer Massu au Corps d’Armée d’Alger) → Costes → Fon<strong>de</strong> →<br />

Debrosse » qui tient une ligne dure et veut disperser la manifestation, ligne qui l’emportera et qui<br />

conduira au résultat dramatique que l’on connaît. Le colonel Godard parle <strong>de</strong> marquages mutuels entre<br />

le colonel Ceccaldi et le colonel Fon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> même qu’entre Challe et Delouvrier ou entre Ortiz et<br />

Lagaillar<strong>de</strong> 1 .<br />

Au moment <strong>de</strong> la révolte du 22 avril 1961, le colonel Ceccaldi est adjoint au général commandant la<br />

10 ème D.P., Saint-Hillier. Celui-ci est neutralisé à Alger par les hommes du G.C.P.R.G. du<br />

commandant Robin, le 1 er R.E.P., qui appartient à la Division, ayant pris Alger sans coup férir. Le P.C.<br />

<strong>de</strong> la Division est à Djidjelli. Le général Zeller s’y rend dès le 22 avril car la situation n’est pas claire<br />

dans le Constantinois. Il est accueilli par le colonel Ceccaldi qui assure l’intérim à la tête <strong>de</strong> la division,<br />

son chef étant empêché. Il ménage un entretien avec chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> sept chefs <strong>de</strong> corps. Seul le colonel<br />

Leborgne, commandant du 3 ème R.P.I.Ma s’oppose, nettement et par principe, à l’opération déclenchée<br />

par les généraux. Cela n’empêcha point le colonel Ceccaldi <strong>de</strong> faire mouvement sur Constantine avec<br />

sa division. Après l’échec du coup d’Alger, le colonel Ceccaldi est arrêté. Il est jugé le 5 juillet 1961<br />

par le Tribunal Militaire créé pour juger les affaires non déférées au Haut Tribunal Militaire. L’avocat<br />

général Ithier <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que le colonel Ceccaldi « puisse encore servir la France ». Défendu par Maître<br />

Lasne-Desvareilles, il est cependant condamné à cinq ans <strong>de</strong> prison avec sursis. C’est ce que les<br />

biographes officiels <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong> la Libération appellent hypocritement « rayé <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres en 1962 »<br />

sans autre mention. Silence observé également à cet égard dans le communiqué du prési<strong>de</strong>nt Sarkozy à<br />

l’occasion <strong>de</strong> son décès.<br />

Après une carrière civile, le colonel Ceccaldi se retire dans le Var. Il décè<strong>de</strong> le 20 juin <strong>2007</strong> à Toulon.<br />

• Le commandant Robin, ancien chef du groupement <strong>de</strong> commandos parachutistes <strong>de</strong> réserve générale<br />

est décédé le 12 juillet <strong>2007</strong> à Thor dans le Vaucluse. Nous consacrons, à la fin <strong>de</strong> ce <strong>bulletin</strong>, une<br />

biographie étoffée à ce soldat à la personnalité hors du commun.


Nos adhérents ont publié<br />

3<br />

Derniers châteaux en Espagne est un peu l’Education Sentimentale<br />

d’une génération, celle qui a eu 20 ans entre 1950 et 1960. Mais à<br />

l’inverse <strong>de</strong> Flaubert, la dimension politique l’emporte sur la<br />

dimension sentimentale dans l’ouvrage <strong>de</strong> Nicolas Kayanakis.<br />

Frédéric Arnoux est mêlé, en spectateur, engagé mais en spectateur, à<br />

la révolution <strong>de</strong> 1848. Didier, le personnage <strong>de</strong> Kayanakis est, lui,<br />

complètement engagé en 1960-61 dans la lutte clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tine en<br />

métropole pour l’Algérie Française, non en amateur mais à fond, ceci<br />

tout en menant à la fois ses vies professionnelle, familiale et<br />

sentimentale. Avec un sentiment d’urgence, <strong>de</strong> course avec le temps,<br />

<strong>de</strong> détermination et avec encore certaines illusions <strong>de</strong> la jeunesse,<br />

illusions sur la génération précé<strong>de</strong>nte qui seront mises à mal au<br />

moment où, un certain 22 avril 1961, chacun doit choisir.<br />

298 p. La Table Ron<strong>de</strong>, 1966<br />

Olivier Sers, a « traduit, émondé, mis en ordre, commenté et<br />

romancé » les poésies complètes <strong>de</strong> Catulle, et c’est un régal.<br />

Ô vous qui avez souffert en traduisant laborieusement les textes<br />

latins ari<strong><strong>de</strong>s</strong> que l’Education Nationale mettait au programme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> secondaires, lisez cet ouvrage qui vous réconciliera<br />

avec vos années <strong>de</strong> lycée. C’est délicat et leste tout à la fois (ne<br />

pas mettre trop vite entre les mains <strong>de</strong> vos petits enfants).<br />

Catulle est né en 82 av. J.C. à Vérone et c’est la vie <strong>de</strong> Rome,<br />

enfin d’une certaine Rome, plutôt fortunée, entre 65 et 52 av.<br />

J.C. que nous font partager Catulle et Olivier Sers.<br />

C’est le grand mérite <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier d’avoir, le premier, classé<br />

chronologiquement les vers <strong>de</strong> Catulle et donc <strong>de</strong> les avoir<br />

restitués dans la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> événements <strong>de</strong> l’époque. Et aussi<br />

d’avoir si bien rendu la musique du toujours jeune poète.<br />

341p. Les Belles Lettres, 2004, 22 €<br />

Le Onzième Comman<strong>de</strong>ment, « Tu seras fidèle aux tiens, surtout<br />

quand la nation les oublie ou les diffame », est, avec « Cette haine qui<br />

ressemble à l’amour » <strong>de</strong> Jean Brune et « Au lieutenant <strong><strong>de</strong>s</strong> Taglaïts »<br />

<strong>de</strong> Philippe Héduy, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> livres clés sur l’Algérie <strong><strong>de</strong>s</strong> Français.<br />

C’est un ouvrage aux nombreuses dimensions, dans le temps et dans<br />

l’espace. De 1942 à 1965. D’Alger à l’Alsace où l’auteur, engagé au<br />

1 er R.C.P. est blessé, non loin <strong>de</strong> Rossfeld, lors <strong>de</strong> la contre-offensive<br />

alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’hiver 1944-45 sur Strasbourg.<br />

D’Henri d’Astier <strong>de</strong> la Vigerie à Albert Camus et à Georges Bidault,<br />

du pétrole du sud <strong>de</strong> l’Atlas aux fonds marins <strong>de</strong> la côte algéroise et<br />

au Mont Faron, André Rossfel<strong>de</strong>r, dans une langue flui<strong>de</strong>, conte<br />

l’histoire d’une Algérie dont nous fûmes chassés par <strong>de</strong> Gaulle et que<br />

nous ne pouvons chasser <strong>de</strong> notre mémoire. Beaucoup, indifférents<br />

ou même adversaires, ont compris notre combat après avoir lu cet<br />

ouvrage exceptionnel.<br />

677 p. Gallimard, 2000, 22,10 €<br />

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4<br />

L’affaire du bazooka<br />

3 ème partie L’ombre du bazooka (1959-62) par Jean-Paul Angelelli<br />

Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’année 1959,<br />

le bazooka n’est plus évoqué. Sauf<br />

lorsque, à la mi-octobre, éclate<br />

l’affaire <strong>de</strong> l’Observatoire. C’est-àdire<br />

l’attentat bidon dont François<br />

Mitterand se prétend la victime (sa<br />

voiture a été mitraillée) alors qu’il a<br />

été largement complice. Ce qui a<br />

été prouvé par une lettre envoyée<br />

avant l’attentat (et publiée dans<br />

Rivarol) par son organisateur,<br />

Robert Pesquet. Très attaqué et<br />

même lâché par nombre <strong>de</strong> ses<br />

<strong>amis</strong>, François Mitterand, sénateur,<br />

dont la haute assemblée veut lever<br />

l’immunité parlementaire se défend<br />

<strong>de</strong>vant ses collègues et rappelle un<br />

souvenir <strong>de</strong> 1957 quand il était<br />

Gar<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Sceaux. Il a reçu dans<br />

son cabinet un homme « accusé<br />

d’être responsable du meurtre d’un<br />

officier français commis en plein<br />

Alger ». Cet homme lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

« les garanties <strong>de</strong> la loi », il le<br />

supplie « <strong>de</strong> lui laisser le temps <strong>de</strong><br />

préparer sa défense ». Mitterand,<br />

finalement, après avoir précisé que<br />

cet homme était « un opposant<br />

politique » à qui le pouvoir accorda<br />

ce qu’il <strong>de</strong>mandait, donne son nom:<br />

L’Aurore du vendredi 22 octobre 1959<br />

(soit une semaine après le faux attentat <strong>de</strong> la nuit du 15 au 16 octobre 1959)<br />

« C’est le premier ministre d’aujourd’hui, Michel Debré ». Et Mitterand conclut :<br />

« Aujourd’hui, la majorité politique livrera-t-elle un membre <strong>de</strong> la minorité ? Laissera-t-elle<br />

un gang d’assassins s’attaquer à un adversaire politique ? »<br />

Cette entrevue a bien eu lieu. Elle est confirmée par Alain Griotteray qui, dans son livre,<br />

précise que Debré, ensuite, « pendant quelques mois se montra plus réservé (sic) dans ses<br />

discours.»<br />

Malgré cet appel, le Sénat, à une large majorité, lèvera son immunité et Mitterand sera<br />

poursuivi pour outrage à magistrat tandis que l’homme qui a monté l’attentat, Robert Pesquet,<br />

est incarcéré.<br />

Cette affaire qui eut un retentissement énorme s’enlisera ensuite dans une procédure<br />

compliquée. En 1966, Pesquet bénéficiera d’un non-lieu qui, pratiquement, l’innocente<br />

d’avoir voulu tuer Mitterand. Celui-ci se pourvoit en cassation. Mais en 1966 et 1968, il<br />

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5<br />

bénéficie <strong><strong>de</strong>s</strong> lois d’amnistie qui éteignent les poursuites contre lui. Et le procès <strong>de</strong><br />

l’Observatoire n’eut jamais lieu. Les archives du procès<br />

auraient même disparu. Entre temps, Mitterand était revenu<br />

à l’action politique et fin 1965, il avait été présent au second<br />

tour <strong>de</strong> la première élection prési<strong>de</strong>ntielle au suffrage direct<br />

contre le général <strong>de</strong> Gaulle. Bénéficiant <strong><strong>de</strong>s</strong> voix recueillies<br />

au premier tour par Maître Tixier-Vignancour. Au grand<br />

scandale <strong><strong>de</strong>s</strong> gaullistes. Qui l’accusèrent <strong>de</strong> complicité avec<br />

l’extrême droite.<br />

Sur cette affaire qui reste ambigüe, en 1995, Pesquet publie<br />

un livre « Mon vrai-faux attentat contre Mitterand » (Michel<br />

Lafon). Ce n’est pas la première fois qu’il en parle et<br />

souvent <strong>de</strong> façon très contradictoire. Ici, il explique<br />

qu’effectivement le faux attentat a été un piège où Mitterand<br />

est tombé.<br />

Monté par Michel Debré, <strong>de</strong> la Malène et même Tixier-Vignancour, tenu, paraît-il, par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

« dossiers accablants » ( ?). Les gaullistes, en effet, craignaient qu’un jour ou l’autre<br />

Mitterand ne dise tout ce qu’il savait sur le coup <strong>de</strong> bazooka et voulait le compromettre dans<br />

un scandale politique; qui le discréditerait. Pesquet reconnaît qu’il s’est prêté à la manœuvre<br />

mais le regrette et exprime sa sympathie pour Mitterand. Présentée ainsi, l’affaire paraît<br />

logique, mais peut-on croire Pesquet ? Les zones d’ombre persistent en 1994, Le Crapouillot<br />

(hors série, juin 1994) publia un dossier sur Mitterand et l’Observatoire alimenté par un<br />

avocat mêlé à l’affaire. Qui en souligne bien « <strong><strong>de</strong>s</strong> zones d’ombre ». Mais Mitterand,<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République en fin <strong>de</strong> second mandat, n’a plus rien à craindre.<br />

Michel Debré<br />

Fiche <strong>de</strong> Pesquet au trombinoscope <strong>de</strong><br />

l’Assemblée Nationale<br />

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Christian <strong>de</strong> la Malène<br />

Retour au bazooka. Après le procès <strong>de</strong> 1958, les condamnés sont revenus en Algérie pour<br />

purger leur peine dans les prisons <strong>de</strong> Barberousse et <strong>de</strong> Maison Carrée. Et être à nouveau<br />

jugés pour contre-terrorisme. Souffrants, ils ont été admis en janvier 1960 à l’hôpital (réputé)<br />

<strong>de</strong> Mustapha, en plein Alger. Le 24 janvier, c’est la fusilla<strong>de</strong> entre activistes et gendarmes<br />

mobiles qui ouvre la semaine <strong><strong>de</strong>s</strong> Barrica<strong><strong>de</strong>s</strong>. Un commando activiste libère les prisonniers.


6<br />

Castille et Féchoz participent aux événements mais, la révolte ayant tourné court, Castille<br />

arrive à quitter Alger, gagner Paris puis l’Espagne grâce à la complicité <strong>de</strong> Tixier-Vignancour.<br />

L’Espagne où, fin 1960, se réfugiera le général Salan. En janvier 1961, Castille et Féchoz (lui<br />

aussi à Madrid) rencontrent le général Salan et lui exposent longuement les péripéties <strong>de</strong><br />

l’attentat (Mémoires, tome 3). Ils chargent les organisateurs, Cogny et Debré. Le général, qui<br />

leur accor<strong>de</strong> l’aman (le pardon) est convaincu par leurs dires qui recoupent ce qu’il a pu<br />

apprendre sur le sujet et qui constituent « une confirmation <strong>de</strong> toutes mes hypothèses<br />

antérieures, formulées à la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> documents.. » Dont les enquêtes menées à Alger..<br />

C’est en s’appuyant sur la confession <strong>de</strong> Castille et Fechoz que, le 29 janvier 1962, le chef <strong>de</strong><br />

l’O.A.S. adresse une lettre ouverte à Michel Debré. Accusé d’avoir renié ses appels à<br />

l’insurrection contre les bra<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l’Algérie Française et obéissant fidèlement à <strong>de</strong> Gaulle en<br />

persécutant les patriotes qui se battent pour empêcher l’indépendance <strong>de</strong> l’Algérie. Le général<br />

conclut : « Je vous désigne nommément comme l’assassin du chef <strong>de</strong> bataillon Rodier ». La<br />

lettre est publiée dans Le Mon<strong>de</strong> du 7 février 1962. Vu le contexte <strong>de</strong> l’époque, le soutien <strong>de</strong><br />

l’opinion au général <strong>de</strong> Gaulle et la formidable campagne officielle contre l’O.A.S., son<br />

retentissement est limité.<br />

Extrait <strong>de</strong><br />

« OAS PARLE »<br />

Collection ARCHIVES<br />

Julliard 1964<br />

pp. 184-186<br />

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Mais lors du procès du général Salan (ouvert le<br />

15 mai 1962), le bazooka fut évoqué, et en<br />

pleine audience. Les avocats du général, Tixier-<br />

Vigancour et Le Coroller, obtinrent que<br />

François Mitterand vienne témoigner. Celui-ci,<br />

en effet, avait publié le 9 mai 1962, dans son<br />

journal Le Courrier <strong>de</strong> la Nièvre, un article où il<br />

affirmait que le général avait été la<br />

« …première victime désignée par le clan qui<br />

portera <strong>de</strong>vant l’Histoire la responsabilité<br />

d’avoir déclenché la guerre civile en ordonnant<br />

<strong>de</strong> tirer au bazooka un jour <strong>de</strong> janvier 1957, sur<br />

le commandant en chef <strong>de</strong> notre armée en<br />

Algérie.. » Cela, plai<strong>de</strong>-t-il, pourrait donner au<br />

général « le droit <strong>de</strong> récuser certains <strong>de</strong> ses<br />

accusateurs ». Mitterand confirme ses propos<br />

<strong>de</strong>vant le tribunal et, même, évoque son<br />

entrevue avec Michel Debré. Sur le fond <strong>de</strong><br />

l’affaire, il dit qu’il y a … « une certaine part<br />

d’hypothèse (sic) qu’il y eut une conjuration<br />

politique (qui) avait pour objet <strong>de</strong> changer le<br />

comman<strong>de</strong>ment en Algérie… soit pour faire<br />

cé<strong>de</strong>r le pouvoir politique à Paris, soit pour s’y<br />

substituer… » Mitterand Est même prêt à<br />

répondre à <strong><strong>de</strong>s</strong> « questions précises ». Tixier le<br />

remercie mais ne pose pas ces « questions ».<br />

Après Mitterand, Michel Debré (qui n’est plus<br />

Premier Ministre) est aussi entendu. Il nie tout<br />

complot mais reconnaît avoir envoyé, en<br />

novembre 1956, Knecht à Alger, avec une carte<br />

d’introduction pour s’informer <strong>de</strong> la situation<br />

7<br />

François Mitterand arrivant au procès du général Salan<br />

auprès du général Faure. Qui, emprisonné, ne pourra venir témoigner. Le général <strong>de</strong> Boissieu<br />

(le « gendre ») et Christian <strong>de</strong> la Malène ne se souviennent plus s’être<br />

rendus à Alger pour retar<strong>de</strong>r le procès. Le général Dulac est hésitant<br />

mais le général Gardon confirme la note qu’il a dictée.<br />

Dans les livres publiés après et sur le procès Salan, il est évi<strong>de</strong>nt que le<br />

témoignage du général Gardon a pesé lourd auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> jurés. Dont<br />

certains ne doutent plus que l’attentat du bazooka ait eu <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

interlocuteurs haut placés. Ce qu’a confirmé François Mitterand dont<br />

l’attitu<strong>de</strong> favorable à l’accusé sera vivement reprochée dans le livre<br />

« La main droite <strong>de</strong> Dieu » (Enquête sur Mitterand et l’extrême droite ;<br />

Le général Dulac E.Faux, T. Legrand, G. Perez ; Le Seuil1994).<br />

Quant à la discrétion <strong>de</strong> Tixier-Vignancour, elle aurait pour cause, mais en coulisse, une<br />

entente (« un <strong>de</strong>al ») pour sauver l’accusé. Si le bazooka n’était pas exploité.<br />

Et en effet, il semble bien que, parmi les jurés qui reconnaîtront les circonstances atténuantes<br />

au général Salan (ce qui lui sauva la vie) par cinq voix contre quatre, certains ont été<br />

convaincus que Salan avait échappé à la mort à Alger dans une action dont l’origine était<br />

politique. Le professeur Pasteur Vallery-Radot le confirmera au général Salan à l’automne <strong>de</strong><br />

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2<br />

Editions Champs Elysées, <strong>2007</strong>, 292p In<strong>de</strong>x 20€<br />

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8<br />

1968. A la même date, dans un numéro du Crapouillot, (Histoires secrètes <strong>de</strong> la 5ème<br />

République), le journaliste François Brigneau, dans un article (« Comment Salan sauva sa<br />

tête »), affirme que, lors <strong>de</strong> la délibération, le professeur avait menacé <strong>de</strong> se suici<strong>de</strong>r si Salan<br />

était condamné à mort.. Pour Clau<strong>de</strong> Paillat, toujours remarquablement informé (La<br />

liquidation, Laffont 1972), c’est l’intervention (il donne le texte) d’un autre juge, le général<br />

Jousse, Compagnon <strong>de</strong> la Libération pour son rôle à Alger en novembre 1942 mais très hostile<br />

envers le De Gaulle politique, qui a empêché un verdict impitoyable. D’autres jurés étaient<br />

hostiles à la peine <strong>de</strong> mort. Jean Foyer, alors ministre <strong>de</strong> la Justice, dans ses récents mémoires<br />

(Sur les chemins du Droit avec le général, Fayard 2006) insinue que « Salan aurait été francmaçon<br />

et que la solidarité maçonnique aurait joué en sa faveur »…Il ajoute que <strong>de</strong> Gaulle<br />

informé du verdict le soir même était « décomposé ». Qu’il décida <strong>de</strong> supprimer le Haut<br />

Tribunal Militaire qui avait jugé Salan et surtout <strong>de</strong> rejeter le recours en grâce du général<br />

Jouhaud (jugé et condamné à mort en avril 1962). Une exécution que Foyer aidé par d’autres<br />

(dont le premier ministre Pompidou, Giscard d’Estaing et plusieurs ministres) aurait empêché<br />

in extremis grâce à une procédure légale.<br />

Dans ses Mémoires, le général Salan réaffirme que, pour lui, <strong>de</strong>rrière le bazooka <strong>de</strong> 1957, qui<br />

en quelque sorte préparait mai 1958, il y avait « un groupe politique <strong>de</strong>rrière lequel se<br />

profilait la haute figure du général <strong>de</strong> Gaulle et qui gravitait autour <strong>de</strong> Michel Debré et <strong>de</strong> ses<br />

<strong>amis</strong>. Pour Fabre-Luce (Deux crimes d’Alger, Julliard 1980) le « modus operandi » <strong>de</strong><br />

l’opération anti-Salan (qui échoua) est comparable à celui qui en décembre 1942 élimina<br />

l’amiral Darlan. Ce qui suscite encore <strong><strong>de</strong>s</strong> polémiques chez les témoins <strong>de</strong> l’époque et les<br />

historiens (pro et anti-Darlan), divisés sur les responsabilités du général <strong>de</strong> Gaulle<br />

Conclusions (provisoires ?)<br />

Debré et le bazooka, le 13 mai, l’Observatoire…. Tout ce passé a resurgi lors du colloque<br />

« Michel Debré et l’Algérie » qui s’est tenu à l’Assemblée Nationale les 27 et 28 avril 2006 et<br />

dont les actes viennent d’être publiés 2 . Un colloque organisé par les Amis <strong>de</strong> Michel Debré et<br />

qui a rassemblé d’anciens hauts responsables et <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens qui ont communié dans la<br />

sympathie et l’éloge du cher disparu. Mais les sujets sensibles n’ont pas été écartés dans trois<br />

communications.<br />

La première, <strong>de</strong> Patrick Samuel biographe <strong>de</strong> M. Debré, « La théorie du complot, mythe et<br />

réalité ». C’est la défense intransigeante <strong>de</strong> l’innocence <strong>de</strong> Debré dans les <strong>de</strong>ux attentats<br />

(Alger et l’Observatoire). Tout cela a été monté et exploité par l’Extrême droite.<br />

(Evi<strong>de</strong>mment). Tout au plus, Michel Debré a commis l’erreur <strong>de</strong> ne pas avoir toujours été<br />

très regardant sur ses relations avant 1958. Où l’on trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> « excités », <strong><strong>de</strong>s</strong> « ambitieux »,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> éléments discutables. Ce n’est pas lui, ce sont les autres. Nous résumons, évi<strong>de</strong>mment, ce<br />

plaidoyer. Patrick Samuel reconnaît, cependant, que les attaques contre l’ex Premier Ministre<br />

ont donné naissance à une « rumeur qui a fait son œuvre » jusqu’à nos jours. Dans le débat<br />

qui suivit, l’historienne Georgette Elgey a renchéri et incriminé autour <strong>de</strong> Debré <strong><strong>de</strong>s</strong> « gens <strong>de</strong><br />

peu » (sic). Mais elle a donné une information inédite. En 1965, Michel Debré a fait<br />

embaucher, par la société d’assurances UAP, Robert Pesquet comme directeur général <strong>de</strong> la<br />

Région Basse Normandie. Pourquoi ? S’agit-il d’une récompense pour services rendus ?<br />

Curieux. Ainsi que la réponse d’un ex-député gaulliste, André Fanton, interrogé sur le<br />

financement du « Courrier <strong>de</strong> la Colère ». Où, <strong>de</strong> fin 1957 à 1958, Michel Debré lança <strong><strong>de</strong>s</strong>


9<br />

appels incendiaires à renverser la quatrième République. Le coordinateur <strong><strong>de</strong>s</strong> financements se<br />

nommait Demichel. Sans autres précisions. Complétons. Il s’agit d’un Français d’origine<br />

Le Courrier <strong>de</strong> la Nièvre du 15 janvier 1960<br />

autrichienne Saar-Demichel, cité dans le livre <strong>de</strong> Pierre Péan sur « Foccart, l’homme <strong>de</strong><br />

l’ombre ». Un ancien <strong><strong>de</strong>s</strong> services secrets français qui s’était lancé avec succès dans l’importexport<br />

avec les Soviétiques, ce qui lui valut l’attention <strong>de</strong> la D.S.T.<br />

Après Patrick Samuel, le professeur (<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Toulouse) Guy Pervillé a étudié, à<br />

partir <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits (notamment les Mémoires <strong>de</strong> Michel Debré) son évolution sur l’Algérie. Son<br />

opinion : Debré n’a pas joué « un rôle notable » dans le bazooka. Mais ses réponses aux<br />

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10<br />

accusations n’ont pas été « pleinement satisfaisantes ». Michel Debré est souvent sur la<br />

« défensive », « pas à l’aise ». Notamment quant à ses articles du Courrier <strong>de</strong> la Colère (nous<br />

y revenons). Par exemple celui <strong>de</strong> décembre 1957 où il appelait les Français d’Algérie à une<br />

« insurrection nécessaire donc légitime ». Ce n’est que dans le tome 3 (le <strong>de</strong>rnier) <strong>de</strong> ses<br />

mémoires qu’il, reconnaît avoir écrit cela. Il était même d’accord avec le plan<br />

« Résurrection » s’il avait fallu en passer par là pour le retour <strong>de</strong> De Gaulle. Ce qui fut, mais<br />

sans guerre civile. Par la suite, en tant que Premier Ministre, son opinion évolua non sans<br />

difficultés…et drames <strong>de</strong> conscience…<br />

Retour, mais d’une manière plus brutale sur le procès <strong>de</strong> Michel Debré dans la<br />

communication d’Olivier Dard (professeur à l’Université <strong>de</strong> Metz), « Michel Debré et les<br />

activistes », Olivier Dard ne croit pas à une « implication effective » <strong>de</strong> Debré dans le<br />

bazooka. Mais, avant 1958, à une méconnaissance par Debré du terrain algérien où il n’avait<br />

jamais mis les pieds. Pour Debré, avant 1958, c’est avant tout l’appel et le retour <strong>de</strong> De<br />

Gaulle qui priment.<br />

Mais Olivier Dard a fait une large place aux « activistes » qui se sont déchaînés contre Debré<br />

quand il a collé à la politique gaulliste <strong>de</strong> dégagement <strong>de</strong> 1960 à 1962. Et, très honnêtement,<br />

Olivier Dard a cité les attaques et les charges d’André Figueras, père <strong>de</strong> notre ami Olivier,<br />

ceux <strong>de</strong> Pierre Sergent (Michel Debré ou le Clairon Impudique, 1978), les articles virulents <strong>de</strong><br />

Rivarol, La Nation Française, Aux Ecoutes, Aspects <strong>de</strong> la France dont les tirages, à l’époque,<br />

étaient conséquents.<br />

Il a jugé, contrairement à d’autres intervenants, que Debré avait été mis en difficulté au<br />

procès Salan et que Tixier-Vignancour avait réussi dans sa stratégie qui aboutit à reconnaître<br />

les circonstances atténuantes. Debré avait été « déstabilisé » par l’évocation <strong>de</strong> ses<br />

responsabilités dans les affaires d’Algérie. Mais Tixier avait soigneusement évité <strong>de</strong> rouvrir le<br />

procès du bazooka.<br />

A noter que l’exposé d’Olivier Dard a soulevé dans l’assistance <strong><strong>de</strong>s</strong> remous divers et même<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Jean Morin, ancien Délégué Général en Algérie sous De Gaulle, un soupçon <strong>de</strong><br />

procès d’intention du professeur. Qui n’avait fait que citer les propos désobligeants pour<br />

Michel Debré, ce qui ne voulait pas dire qu’il les reprenait à son compte. Mais il a été<br />

manifeste que ces attaques et retouches à l’image sacralisée <strong>de</strong> Debré comman<strong>de</strong>ur du<br />

gaullisme pur et dur jusqu’à sa mort (Debré est décédé en 1990) ont été peu appréciées.<br />

Elections législatives <strong>de</strong> novembre 1962<br />

A noter également, ce qui n’a été évoqué et souligné<br />

par personne, que l’image sulfureuse <strong>de</strong> Michel Debré<br />

a, sans doute, expliqué sa défaite électorale <strong>de</strong><br />

novembre 1962 dans son fief d’Indre et Loire, à un<br />

moment où les candidats gaullistes avaient le vent en<br />

poupe. Et Debré ne retrouva un siège <strong>de</strong> député qu’à la<br />

Réunion en 1963. Aux <strong>de</strong>ux prési<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong> 1969 et<br />

1974, celui qui se considérait comme le plus apte à<br />

incarner le vrai gaullisme dut se résigner à laisser la<br />

place à Pompidou et à Giscard d’Estaing. Quand, en<br />

1981, bravant les objurgations <strong>de</strong> ses <strong>amis</strong>, il fut<br />

candidat, ce fut pitoyable avec un score <strong>de</strong> 1,65%...<br />

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Il faut conclure, et ce n’est pas facile.<br />

11<br />

En ce qui concerne l’affaire du bazooka, <strong>de</strong> nombreux éléments nous sont inconnus.<br />

Il n’y a jamais eu d’enquête sérieuse en France sur les accusations <strong>de</strong> Kovacs. Sans doute<br />

pour raison d’Etat. Mettre en cause ouvertement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnalités politiques et militaires<br />

aurait contribué à troubler une opinion qui, on le sait maintenant par <strong><strong>de</strong>s</strong> sondages (mais<br />

réservés aux déci<strong>de</strong>urs), commençait à regimber <strong>de</strong>vant la durée du conflit et l’implication du<br />

contingent. Et à souhaiter une solution, mais rapi<strong>de</strong>.<br />

Ce qui est évi<strong>de</strong>nt, c’est que dès le 6 février 1956, <strong><strong>de</strong>s</strong> comploteurs, dont les plus sérieux sont<br />

les <strong>de</strong>mi-sol<strong><strong>de</strong>s</strong> du gaullisme (après l’échec du R.P.F.) travaillent pour que l’Algérie soit<br />

l’explosif qui fera sauter la Quatrième République.<br />

Et début 1957, l’élimination du général Salan, au préalable calomnié, est décidée.<br />

Dans son intervention, Patrick Samuel est d’ailleurs revenu d’une manière critique sur le<br />

général Salan. Soulignant « son manque <strong>de</strong> charisme », « le verbe et le geste courts »...peutêtre<br />

cédant à l’ivresse du pavot » mais ce n’est qu’un bruit… » vrai républicain » (merci) mais<br />

sa nomination avait provoqué un « tollé » dans les états-majors parisiens politiques et<br />

militaires <strong>de</strong> l’Algérie française.<br />

Discutable. C’est sous-entendre qu’il fallait le remplacer. D’autres ont compris : le faire sauter.<br />

Il y a donc eu une conspiration qui a abouti à l’attentat du bazooka (qui échoua mais qui fit<br />

une victime, le commandant Rodier). Les acteurs directs (le groupe Kovacs) étaient-ils <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

irresponsables ou <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> pour n’avoir pas envisagé les conséquences énormes <strong>de</strong> leur<br />

acte ? Cela paraît impossible à soutenir. Il y eut avant trop <strong>de</strong> contacts, rencontres, collusions.<br />

Et après, bien <strong><strong>de</strong>s</strong> silences (embarrassés). Mais (volontairement ?) les investigations policières<br />

ne sont jamais remontées très haut en Métropole. Et dans l’été 1958, le procès a été expédié.<br />

Surtout en l’absence <strong>de</strong> Kocvacs dont le « départ » a été facilité.<br />

Michel Debré est-il impliqué directement dans le processus qui conduit à l’attentat ? C’est<br />

impossible à prouver. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> doutes. Mais il nous manque le « chaînon direct » entre lui et<br />

les exécuteurs. Mais ses amitiés, ses articles du Courrier <strong>de</strong> la Colère (d’ailleurs postérieurs à<br />

l’attentat) n’étaient pas anodins.<br />

Comme était gravissime, Debré Premier Ministre, cette directive qu’il adressa le 20 décembre<br />

1961 au général Ailleret, commandant supérieur en Algérie et au Délégué Général <strong>de</strong> « briser<br />

sans faiblesse tout mouvement insurrectionnel » avec usage (par les forces <strong>de</strong> l’ordre) <strong>de</strong> leurs<br />

armes après les sommations « réglementaires » (cf. Conflits d’autorité durant la guerre<br />

d’Algérie, Général Faivre, pp. 85et 86).<br />

Des sommations omises un certain 26 mars 1962…<br />

Pas vous, pas ça.., comme lui avait lancé Le Pen à l’Assemblée.<br />

On nous dira : que pouvait faire Debré quand il a compris que De Gaulle allait lâcher<br />

l’Algérie ? Démissionner ? Il en eut la tentation à plusieurs reprises.<br />

Mais cela aurait affaibli De Gaulle… Il lui fallait obéir. Par <strong>de</strong>voir d’état… Ce qui a été<br />

sévèrement reproché aux ministres et hauts fonctionnaires sous Vichy. Voir le procès<br />

Papon…<br />

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Michel Debré ne sort pas in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> l’affaire du<br />

bazooka. Et <strong>de</strong> ce qui s’ensuivit… Même si cela relève <strong>de</strong> notre intime conviction…<br />

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12<br />

Le commandant Georges Robin<br />

Georges Robin est né rue Michelet à Alger en 1921 dans une<br />

famille originaire du département <strong>de</strong> l’Ain et installée en<br />

Algérie <strong>de</strong>puis 1852 pour cause <strong>de</strong> républicanisme et<br />

d’incompatibilité avec le régime instauré en France par Louis-<br />

Napoléon. Son enfance est difficile car, très jeune, sa mère<br />

meurt et son père se remarie. Elevé par sa grand-mère, il fait<br />

ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l’école et au lycée à Alger, suivant l’enseignement<br />

<strong>de</strong> maîtres qui ont combattu pendant la guerre <strong>de</strong> 19<strong>14</strong>-1918.<br />

Il s’engage en 1939 au 1 er Régiment <strong>de</strong> Spahis Algériens pour<br />

la durée <strong>de</strong> la guerre. En 1940, brigadier-chef, il est en Syrie<br />

lorsque intervient l’armistice du juin. Il est rapatrié et<br />

démobilisé à Alger sans avoir pu combattre les Allemands en France.<br />

Pour subvenir à ses besoins, il entre aux services financiers du Gouvernement Général à Alger.<br />

Trois mois après sa démobilisation, au début <strong>de</strong> 1941, il s’engage <strong>de</strong> nouveau, comme simple<br />

soldat, dans l’Armée <strong>de</strong> l’air à Blida. Il est d’abord affecté à d’obscures tâches comptables<br />

avant <strong>de</strong> rejoindre les parachutistes du Groupe d’Infanterie <strong>de</strong> l’Air. Quand celui-ci se<br />

transforme en 1 er Régiment <strong>de</strong> Chasseurs Parachutistes (1 er RCP), Georges Robin est sous le<br />

comman<strong>de</strong>ment du colonel Geille qui a succédé au Commandant Hartemann et au chef <strong>de</strong><br />

bataillon Sauvagnac. Le colonel Geille a pour adjoint le commandant Jacques Faure (le futur<br />

général Faure) dont les capacités <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment influencent fortement Georges Robin.<br />

Le 1 er RCP est engagé dans les Vosges à l’hiver 1944-45 et l’aspirant Georges Robin participe<br />

en son sein à la très dure bataille pour la réduction <strong>de</strong> la poche <strong>de</strong> Colmar avec la 5 ème<br />

Division Blindée (général <strong>de</strong> Vernejoul) <strong>de</strong> la 1 ère Armée commandée par <strong>de</strong> Lattre <strong>de</strong><br />

Tassigny.<br />

Après l’armistice du 8 mai 1945, le 1 er RCP est stationné au camp d’Avord ; il dépend du<br />

ministère <strong>de</strong> l’Air dont le titulaire est le communiste Charles Tillon ce qui crée quelques<br />

inci<strong>de</strong>nts. Le 1 er Août 1945, par décision du maréchal Juin, le régiment est transféré à l’armée<br />

<strong>de</strong> terre ce qui règle la question.<br />

En 1946, Georges Robin est sous-lieutenant au 1 er Bataillon du 3 ème Régiment Etranger<br />

d’Infanterie et part le 31 mars pour l’Indochine. Il y épouse, par procuration, Josette Vernet,<br />

assistante sociale <strong>de</strong> Marine, alors en Algérie. Ils auront huit enfants. En Cochinchine,<br />

Georges Robin est chef <strong>de</strong> poste en pointe <strong>de</strong> Thu Duc, à la limite <strong><strong>de</strong>s</strong> secteurs <strong>de</strong> Bien Hoa et<br />

<strong>de</strong> Thu Dau Môt durant la pério<strong>de</strong> incertaine recouvrant les accords préliminaires Ho Chi<br />

Minh - Sainteny du 6 mars 1946 et la conférence <strong>de</strong> Fontainebleau <strong>de</strong> l’été 1946 et s’étendant<br />

jusqu’aux inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> novembre 1946 à Haïphong et au coup <strong>de</strong> force du Vietminh sur Hanoï,<br />

le 19 décembre 1946.<br />

Le 3 décembre 1946, le 1 er bataillon du 3 ème REI embarque pour Haïphong. Georges Robin<br />

participe aux accrochages et aux combats qui ponctuent la remontée vers Haïdong et Hanoï et<br />

la défense <strong>de</strong> Nam Dinh.<br />

Ayant quitté l’Indochine en décembre 1947, Georges Robin y retourne en mars 1950 pour y<br />

rester jusqu’en juillet 1952. Il ne reverra plus l’Indochine. Le type <strong>de</strong> guerre auquel il y a été<br />

confronté l’amène à prendre une conscience aiguë <strong>de</strong> l’inadaptation <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> du<br />

Comman<strong>de</strong>ment à une guerre où il s’agit autant <strong>de</strong> conquérir les populations que le terrain.<br />

Comme beaucoup, même s’il n’était plus sur place en 1954, le capitaine Georges Robin est<br />

revenu d’Indochine en se jurant <strong>de</strong> ne pas répéter l’infidélité faite aux populations<br />

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19<br />

abandonnées par la France.<br />

De retour d’Indochine, le capitaine Robin est affecté au 1 er REI à Mascara au bataillon du<br />

commandant Jeanpierre avant d’être dirigé sur la métropole pour être instructeur à l’Ecole<br />

d’Application <strong>de</strong> l’Infanterie à Saint Maixent. Il y constate le décalage entre l’enseignement<br />

prodigué, orienté sur la confrontation Est-Ouest en Europe, alors qu’une part importante <strong>de</strong><br />

l’Armée française combat en Indochine.<br />

Il est à Saint Maixent en novembre 1954, au moment <strong>de</strong> la Toussaint sanglante en Algérie.<br />

Ayant immédiatement <strong>de</strong>mandé à servir en Algérie, il n’est affecté qu’en mars 1956 au 1 er<br />

REP. Il retrouve à la base arrière <strong>de</strong> Zéralda son camara<strong>de</strong> Faulques qui est à la tête <strong>de</strong> la<br />

compagnie <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment, le régiment, commandé par le colonel Brothier avec le<br />

colonel Jeanpierre pour adjoint, étant alors à Tébessa dans l’Est-Constantinois.<br />

Le 6 novembre 1956, lors <strong>de</strong> l’opération <strong>de</strong> Suez, le capitaine Robin est à la tête d’une<br />

compagnie d’appui (mortiers <strong>de</strong> 81mm et canons <strong>de</strong> 106mm sans recul) et débarque avec la<br />

1 ère compagnie commandée par le capitaine Louis Martin (voir Bulletin n° 6 du 3 ème <strong>trimestre</strong><br />

2005). L’ordre <strong>de</strong> cesser le feu arrive le len<strong>de</strong>main et laisse les troupes françaises amères et<br />

humiliées.<br />

Enjoint par son chef <strong>de</strong> corps <strong>de</strong> proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> citations pour ses hommes, le capitaine Robin<br />

propose, insolemment, tous les hommes <strong>de</strong> sa section <strong>de</strong> mortiers <strong>de</strong> 81mm dont le matériel a<br />

été englouti dans la mer en sortant du bateau gigogne. Cela lui vaut la vindicte du colonel<br />

Brothier et une mutation immédiate à Paris, à l’Inspection <strong>de</strong> la Légion étrangère auprès du<br />

colonel Lennuyeux qui l‘envoie au poste aéroporté <strong>de</strong> Sidi-Bel-Abbès. Il est récupéré par l’<br />

Etat-Major <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes aéroportées du général Gilles. Sous les ordres du commandant Tourret,<br />

dans le département d’Oran, il recrute et forme les cadres qui doivent mettre en place dans les<br />

secteurs les commandos <strong>de</strong> chasse, cadres provenant <strong><strong>de</strong>s</strong> unités <strong>de</strong> secteur.<br />

En avril 1958, le capitaine Robin est à Philippeville, au camp Jeanne d’Arc, Centre<br />

d’Enseignement à la Guerre Subversive (CEGS) ; il y instruit pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> trois<br />

mois les lieutenants et capitaines sortant <strong>de</strong> l’école d’état-major avant leurs comman<strong>de</strong>ments<br />

sur le terrain. Par la suite, en juillet 1958, il est chargé par le général Gilles, commandant le<br />

Corps d’Armée <strong>de</strong> Constantine, <strong>de</strong> créer une « unité <strong>de</strong> contact » ayant pour mission, dans<br />

Constantine, <strong>de</strong> participer à la recherche du renseignement et à la lutte antiterroriste et<br />

d’encadrer la population. Ce fut fait et, avec une centaine d’hommes, Georges Robin obtint<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> résultats remarquables en s’appuyant sur la population musulmane.<br />

Au printemps <strong>de</strong> 1959, sous leur double impulsion, est créé le Groupement <strong>de</strong> Commandos<br />

Parachutistes <strong>de</strong> Réserve Générale (GCPRG) fort, au départ, <strong>de</strong> sept commandos <strong>de</strong> 100 à 120<br />

hommes, commandé par le commandant Tourret et dont Robin est l’adjoint opérationnel, avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cadres d’active et le reste <strong><strong>de</strong>s</strong> effectifs provenant du contingent ou composé <strong>de</strong> harkis.<br />

Quand le lieutenant-colonel Tourret est appelé au cabinet <strong>de</strong> Michel Debré, Robin, à sa très<br />

gran<strong>de</strong> déception, n’est pas nommé à la tête du GCPRG qui est confié au commandant<br />

Lamouliatte. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sa mutation à l’école d’application <strong>de</strong> l’infanterie où il retrouve le<br />

lieutenant-colonel Guiraud et le colonel Buchoud.<br />

En novembre 1960, le commandant Robin prend le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ’’son’’ GCPRG avec<br />

pour adjoint le commandant Forhan. Il a son P.C. à Mechta Bellas, dans le secteur<br />

d’Orléansville commandé par le colonel Paul Zeller, frère du général André Zeller.<br />

Le 27 mars 1961, le commandant Robin, qui a pris la Caravelle <strong>de</strong> Paris, participe à une<br />

réunion à l’Ecole Militaire à laquelle assistent les généraux Faure, Gardy, Jouhaud et Zeller<br />

ainsi que les colonels Argoud, Broizat, Godard et Gar<strong><strong>de</strong>s</strong> et d’autres officiers. Il se propose<br />

comme locomotive du futur mouvement à Alger avec quatre <strong>de</strong> ses huit commandos.<br />

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20<br />

Dans la nuit du 21 au 22 avril, comme prévu, quatre <strong><strong>de</strong>s</strong> commandos <strong>de</strong> Robin neutralisent les<br />

autorités civiles et militaires d’Alger, avec en prime le ministre Buron <strong>de</strong> passage, tandis que<br />

les quatre autres continuent leurs opérations sur le terrain sous le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> son<br />

adjoint opérationnel, le capitaine Michel Brandon.<br />

Le 26 avril, après l’échec du coup d’Alger, Robin ramène ses commandos à Orléansville, puis<br />

à Boukaïd.<br />

Le 30 avril, Robin, Forhan et Boisson (l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs <strong>de</strong> commando) sont arrêtés. Le 3 mai,<br />

ils sont transférés <strong>de</strong> Maison Blanche à Villacoublay. Le 13 mai, le commandant Robin est<br />

transféré du Fort <strong>de</strong> l’Est à la maison d’arrêt <strong>de</strong> la Santé.<br />

Le 13 juin 1961, le tribunal présidé par le prési<strong>de</strong>nt Patin le condamne à une peine <strong>de</strong> six<br />

années <strong>de</strong> détention criminelle sur réquisition <strong>de</strong> l’avocat général Amor et malgré la plaidoirie<br />

<strong>de</strong> Maître Virenque. Il est incarcéré à Clairvaux puis transféré à Tulle avec les autres officiers<br />

supérieurs impliqués dans la révolte d’Alger.<br />

A la prison <strong>de</strong> Tulle Au 1 er rang : au centre cdt <strong>de</strong> Saint Marc, à droite cdt Robin<br />

Au 2 ème rang <strong>de</strong> gauche à droite :<br />

général Salan, colonel <strong>de</strong> Sèze, général Jouhaud, cdt Camelin, L.V. Guillaume, colonel <strong>de</strong> la Chapelle<br />

Il en sortira le 11 juillet 1965 et, grâce à son travail personnel en prison et à <strong><strong>de</strong>s</strong> amitiés<br />

fidèles, il trouvera <strong><strong>de</strong>s</strong> postes <strong>de</strong> responsabilité en entreprise. Retiré à Thor dans le Vaucluse,<br />

il y décè<strong>de</strong> le 12 juillet <strong>2007</strong>.<br />

Georges Robin est l’auteur d’un livre <strong>de</strong> réflexion sur son expérience d’officier dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conflits non conventionnels :’’Commandant Rebelle’’, publié chez JC Lattes en 1998.<br />

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