Accroissement des pigeons sur le territoire de la Ville - Charleroi

030717
Accroissement des pigeons sur le territoire de la Ville.
Question de Monsieur le Conseiller Jean-Claude Finet
La Ville de Charleroi deviendra-t-elle un vaste colombier ?
Pouvez-vous m’informer si vos services ont pu évaluer l’accroissement de la population de pigeons dits
« sauvages » sur le territoire de la Ville ?
Des mesures sont-elles prises de manière régulière ou occasionnelle par votre département pour veiller à limiter
l’accroissement de la population de ces gentils volatiles, toutefois ardents reproducteurs ?
J’ai pu constater à plusieurs endroits que des personnes douées de bonnes intentions nourrissent ces oiseaux
parfois de manière peu raisonnable.
En bord de Sambre à Marchienne-au-Pont, on peut constater tous les jours des pigeons dévorant des tranches
découpées en pains entiers jetés (sac compris) à proximité du chemin de halage.
Dans le centre ville, il existe également des dizaines de cantines pour pigeons « sauvages »
L’excès de générosité des amis des animaux devient une nuisance pour l’environnement : maladies transportées,
déjections sur les véhicules ou sur les bâtiments publics et privés, dont le coût du nettoyage est à charge de la
collectivité.
Ne serait-il pas temps de limiter la prolifération anarchique de ces braves animaux en :
- interdisant de les nourrir sur le territoire de la commune ?
- en créant dans les clochers ou autres promontoires, des repaires favorables à la présence de rapaces ?
Ceux-ci opéreraient une sélection régulière dans les colonies grandissantes des pigeons de notre Ville ?
Ces deux méthodes auraient comme avantage d’appliquer une sélection naturelle sans devoir procéder à une
élimination à grande échelle de ces paisibles animaux.
Pouvez-vous me donner votre avis sur ces propositions ?
Réponse de Monsieur l'Echevin Philippe Sonnet
Beaucoup de Villes et de communes font de plus en plus souvent face à un problème de surpopulation de
pigeons et Charleroi n’y échappe pas.
Six à sept mille pigeons sont présents à Charleroi. Ces colombins provoquent d’importants dégâts : leurs
roucoulements incessants, leurs fientes maculent les rebords de fenêtres, les véhicules, les édifices
urbains,…Outre son caractère peu esthétique, il y a également l’odeur et l’hygiène. Leurs fientes pourraient
même dégrader jusqu’à la pierre elle-même. De plus, ces oiseaux sont porteurs de maladies transmissibles à
l’homme. Ils peuvent donc menacer, dans certaines conditions, la santé publique (listériose, salmonellose,
toxoplasmose,…)
Les plaintes des riverains ne cessent d’augmenter voire même doubler. Une centaine de plaintes sont
enregistrées chaque année et certains sites comme la Gare du Sud, la Place du manège, le stade de Charleroi,…
sont devenus la cible privilégiée des pigeons qui s’y rassemblent par centaines.
Afin de réduire leurs nombreux dégâts, il faut impérativement limiter leur nombre et maintenir autant que
possible les populations à un niveau constant.

A Charleroi, actuellement, ce problème de prolifération des pigeons est géré par « SOS Pollution », appartenant
au service de l’Ecologie urbaine de la ville. « SOS Pollution » utilise plusieurs méthodes pour lutter contre
l’augmentation exponentielle du pigeon.
1) La capture des pigeons par filet souple
« SOS Pollution » fait procéder par une firme agréée la capture des pigeons par filet souple. Elle s’organise deux
fois par année au printemps et en automne. Cette technique est utilisée en vue de diminuer de façon notoire le
nombre de pigeons à Charleroi.
Pendant deux ou trois semaines (week-end compris), un appâteur se charge d’appâter les pigeons en les
nourissant journellement à heure fixe (souvent tôt le matin-au lever du soleil) . Les horaires d’appâtage seront
choisis comme horaires de capture. Toute la durée de l’appâtement, deux techniciens de « SOS Pollution »
suivent l’opération et sont chargés de ramasser la nourriture donnée par les riverains avant l’arrivée de
l’appateur.
Le jour de la capture, attirés depuis plusieurs jours, les pigeons s’installent pour la becquée. Quand ils sont en
nombre suffisant, le piège se referme brutalement sur les pigeons. Ils sont pris au filet qui est étudié pour éviter
toute blessure. Ensuite, le vétérinaire de la ville les examine et décide de leur sort. Les pigeons bagués sont remis
aux cercles colombophiles, les autres, le plus souvent malades sont euthanasiés. Ces captures sont organisées
sous la vigilance des spécialistes du service « SOS Pollution ».
Pour ceux qui se posent la question suivante : n’y-a-t’-il pas des jeunes au nid qui vont mourir de faim parce que
leurs deux parents ont été capturés ? Ils peuvent se rassurer, non : la capture ne touche normalement qu’un seul
des deux membres d’un couple en phase de reproduction parce que ceux-ci se relaient au nid d’une manière bien
organisée : la femelle est au nid la matinée, le mâle l’après-midi. Et comme c’est généralement tôt le matin qu’on
opère….La technique de capture au filet ne condamne donc pas de jeunes pigeonneaux à mourir de faim. C’est
tout au contraire dans le cas où il n’y a pas d’action de limitation de population et donc l’existence d’une colonie
trop importante que l’on observe, selon les scientifiques, la plus forte mortalité par manque de nourriture.
Cette option choisie à Charleroi permet de capturer 1500 à 2000 pigeons chaque année. Cette méthode n’est pas
là pour éradiquer l’espèce mais bien pour faire en sorte d’en diminuer le trop grand nombre et offrir à ceux qui
restent des conditions de vie meilleure. Cette première méthode ne constitue pas une solution à long terme
puisque peu de temps après, la population a repris ses droits. De plus, ces captures doivent impérativement être
effectuées de façon récurrente pour obtenir un peu de résultat. Cette mesure n’a qu’un effet temporaire.
2) Les pics repulsifs / Court-terme
« SOS Pollution » utilise une seconde méthode qui consiste à déposer des protections (pics métalliques alignés
sur un socle en plastique) afin d’empêcher les pigeons de se poser sur les bâtiments, les édifices. Les pics
répulsifs permettent d’éloigner et d’interdire tout accès aux pigeons mais ne résoud en rien le problème de
gestion des populations de pigeons.
3) Les cages de captures/Court-terme
En conclusion, « SOS Pollution » utilise ces différents outils pour lutter contre la prolifération des pigeons. Mais
pour être efficace, ces efforts consentis par ce service de l’Ecologie Urbaine doivent s’accompagner d’une part
d’une amélioration du service qui ne comprend que cinq techniciens et d’autre part de la mise en place d’une
solution durable et efficace de gestion des populations des pigeons.
Premièrement, il faudrait renforcer ce service et prévoir un voire deux agents qui assuraient spécialement le suivi
des plaintes des riverains concernant les pigeon ainsi que la capture de ceux-ci. Les demandes ne faisant
qu’augmenter et ce service faisant déjà face à une charge de travail importante, il est urgent d’engager du
personnel pour réaliser cette mission au mieux.
Parallèlement, une action durable et efficace de gestion des populations de pigeons doit être mise sur pied. Nous
préconisons donc une nouvelle approche en déplaçant et en fixant les colonies de pigeons à l’aide de pigeonniers
contraceptifs qui permettront de contrôler leur nombre en prélévant leurs œufs.

Les pigeonniers à Charleroi.
L’installation de pigeonniers à Charleroi permettrait d’améliorer la cohabitation des populations de pigeons et
des citadins et serait un moyen efficace de contrôler la prolifération des pigeons. Le pigeonnier permettrait de
réguler la population de pigeons.
Petit rappel : les pigeons autorégulent leur population en fonction de la nourriture disponible. Un couple adulte
se reproduit 4 à 6 fois par an. Dans des circonstances idéales, il produit chaque fois 1 à 2 jeunes. Si le stock de
nourriture disponible baisse fortement, les couples adultes ne se reproduisent q’une à deux fois par an ou même
pas du tout. Par conséquent, la surpopulation des pigeons a souvent pour origine une alimentation incontrôlée.
Il est donc vital pour résoudre le problème, d’installer des pigeonniers.
Mais envisager de lancer un projet de pigeonnier urbain n’est pas facile. Il faut accompagner ce projet d’une
campagne de sensibilisation de la population.
1. Campagne de sensibilisation de la population.
Il faut arriver à convaincre les habitants par le biais de campagnes de sensibilisation de ne plus nourrir les
pigeons dans les rues, les parcs, de ne plus abandonner des aliments dans les rues. Il faut bien leur expliquer
le pourquoi de cette interdiction et insister sur le fait que cette alimentation ne sera plus permise qu’à des
endroits déterminés. Ainsi, des aires de nourrissage (pigeonniers) fixes seront créés. Ce qui permettra de réguler
l’offre alimentaire et à terme, de constituer une population de pigeons inférieure et plus saine en un lieu choisi
par les citoyens. En effet, l’apport alimentaire est réduit mais aussi plus adapté aux besoins et bien-être des
oiseaux qui sont nourris de grain plutôt que de restes divers (frites, sandwiches,…). Les habitants comprendront
si le projet et ses objectifs sont bien expliqués.
La sensibilisation de la population est donc essentielle dans la réussite de l’installation d’un pigeonnier.
Il est suggéré la mise en place d’un comité de bénévoles composé de personnes ayant l’habitude de nourrir les
pigeons. Ils seraient chargés de prendre soin des pigeons (dans les pigeonniers), de les nourrir,…etc .
L’utilisation des bénévoles permettrait de réduire les coûts d’entretien.
Afin de conscientiser la population, il serait également intéressant de réaliser une étude sur la santé des pigeons
(il ne faut pas oublier qu’il véhiculent des maladies) qui peuplent notre ville. De plus, lors des premières
captures, le vétérinaire de la Ville avait signalé que 90% des pigeons capturés souffraient de maladie. Une
nouvelle étude qui confirmerait les résultats du passé pourraient certainement influencer la population quant à la
nécessité de nourrir ces oiseaux à des endroits fixes.
Il ne faut également rappeler le règlement de police interdisant l’alimentation hors contrôle des pigeons.
Actuellement, les agents de « SOS Pollution » verbalisent certaines personnes. Ils peuvent réclamer la somme de
62,50€. Le problème est qu’en général, les personnes nourissants les pigeons sont âgées et il est humainement
difficile de les sanctionner. C’est pourquoi, cette campagne de sensibilisation est primordial.
2. Fonctionnement du pigeonnier
Le pigeonnier doit offrir un maximum de confort en offrant aux pigeons de la nourriture, à boire, des possibilités
de repos et de nichage, si bien qu’il deviendra leur habitat central. Ainsi, les œufs pourront systématiquement
être remplacés par des œufs synthétiques. La manipulation des œufs (remplacement total ou partiel des œufs par
des œufs de plâtre ou de chaux) est une méthode efficace et respectueuse des animaux pour réguler la population.
Elle limite le nombre de naissances et fait lentement mais sûrement, baisser le taux de population. Attention : si
l’on ôte les œufs sans les remplacer par un leurre, les pigeons pondent à nouveau et rien ne change. Mieux vaut
laisser à chaque couple au moins un œuf par an éviter qu’il change de lieu de reproduction. Le système du
pigeonnier permet un meilleur contrôle de l’hygiène et un dépistage des maladies éventuelles. Les oiseaux
passeront une grande partie de la journée dans le pigeonnier et y feront donc leurs excréments. Les dégâts
engendrés par les pigeons urbains sont donc nettement réduits.

3. En pratique : installation du pigeonnier
On installerait les pigeonniers à des endroits stratégiques de la Ville, là où la surpopulation est la plus importante
et où cela serait possible. (au stade de football, il faut trouver une autre solution, c’est impossible).
En conclusion, l’installation de pigeonnier permettrait de résoudre les problèmes que vous évoquez et qui restent
aujourd’hui sans solution malgré les efforts importants de notre Département.