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<strong>en</strong>ouvel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. El<strong>le</strong>s sont, au contraire, un drain sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />

comme ces industries qui sont parfois très lucratives, mais<br />

au prix d’un énorme gaspillage.<br />

Pr<strong>en</strong>ons l’exemp<strong>le</strong> des “reality shows”, la télévision réalité qui a<br />

proliféré aux Etats-Unis. Ces émissions sont axées sur ce qui va se<br />

passer, et une fois que ça s’est passé, c’est immédiatem<strong>en</strong>t oublié. Les<br />

téléspectateurs n’évoqu<strong>en</strong>t jamais un instant favori, parce ces émissions<br />

représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>ce même de la culture jetab<strong>le</strong>. Et cep<strong>en</strong>dant<br />

el<strong>le</strong>s consomm<strong>en</strong>t d’énormes ressources économiques, des producteurs<br />

et des annonceurs. Et el<strong>le</strong>s occup<strong>en</strong>t éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t une partie disproportionnée<br />

de notre “espace culturel”, c’est à dire l’espace que nos<br />

médias consacr<strong>en</strong>t aux arts, aux humanités, aux spectac<strong>le</strong>s de qualité.<br />

Bi<strong>en</strong> sûr el<strong>le</strong>s s’autofinanc<strong>en</strong>t mais <strong>en</strong> même temps ce sont des<br />

prédateurs qui ravag<strong>en</strong>t l’écosystème qu’ils <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t.<br />

Fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> sûr, cette mode va passer mais <strong>en</strong>tre-temps<br />

l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t a souffert, parfois avec des séquel<strong>le</strong>s à long terme.<br />

Et on a privé de nourritures <strong>le</strong>s formes vivantes, <strong>le</strong>s expéri<strong>en</strong>ces<br />

culturel<strong>le</strong>s qui peuv<strong>en</strong>t et doiv<strong>en</strong>t être sout<strong>en</strong>ues.<br />

Lorsque nous parlons de notre culture – la culture comprise comme<br />

l’expéri<strong>en</strong>ce col<strong>le</strong>ctive des générations qui nous ont précédées,<br />

comme <strong>le</strong> r<strong>en</strong>ouvel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de cette expéri<strong>en</strong>ce pour la génération<br />

prés<strong>en</strong>te – nous ne pouvons pas dire “laissons <strong>le</strong> marché décider”.<br />

Le marché, c’est à dire l’<strong>en</strong>treprise commercia<strong>le</strong>, n’est qu’un<br />

élém<strong>en</strong>t de l’écosystème de la culture. Celui-ci compr<strong>en</strong>d aussi<br />

beaucoup d’organisations non commercia<strong>le</strong>s. Et ce sont justem<strong>en</strong>t<br />

cel<strong>le</strong>s qui pourrai<strong>en</strong>t être <strong>le</strong>s plus durab<strong>le</strong>s.<br />

Et cep<strong>en</strong>dant, que voyons-nous dans <strong>le</strong> secteur des musées aux<br />

Etats-Unis ? Nos institutions culturel<strong>le</strong>s à buts non lucratifs<br />

accept<strong>en</strong>t actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t et même <strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t la domination de<br />

l’<strong>en</strong>treprise commercia<strong>le</strong>, au détrim<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiel de tout<br />

l’écosystème culturel.<br />

Dans la mesure où <strong>le</strong>s musées adopt<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s méthodes des institutions<br />

commercia<strong>le</strong>s, ils se transform<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tres<br />

de loisirs. Il fut un temps où un musée se cont<strong>en</strong>tait d’avoir un<br />

petit bar. Aujourd’hui il est courant de voir un grand musée aux<br />

USA avec un bar, mais aussi un vrai restaurant et même un<br />

service de réceptions. Il fut un temps où un musée se cont<strong>en</strong>tait<br />

d’une petite librairie. Aujourd’hui nous voyons souv<strong>en</strong>t des<br />

musées avec une boutique de luxe, plusieurs magasins satellites <strong>en</strong><br />

dehors du musée et même un catalogue de v<strong>en</strong>tes sur internet. Il<br />

fut un temps où un musée se cont<strong>en</strong>tait de financer une exposition<br />

<strong>en</strong> demandant un don à une <strong>en</strong>treprise. Aujourd’hui, <strong>le</strong>s<br />

musées prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t couramm<strong>en</strong>t des expositions co-produites qui<br />

sont surtout une publicité pour ces <strong>en</strong>treprises.<br />

Je voudrais que vous me compr<strong>en</strong>iez bi<strong>en</strong>. Je ne veux pas dire<br />

qu’un film ne peut pas être une œuvre d’art, qui mérite d’être<br />

étudiée comme tel<strong>le</strong>. Je ne critique pas non plus <strong>le</strong>s musées parce<br />

qu’ils serv<strong>en</strong>t un bon repas ou même s’ils v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t des foulards.<br />

Ce que je dis, c’est que <strong>le</strong>s musées agiss<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus comme<br />

des c<strong>en</strong>tres de loisirs, ou des ga<strong>le</strong>ries marchandes, et que ce choix a<br />

des conséqu<strong>en</strong>ces. Il affecte la prise de décision du musée <strong>en</strong> ce qui<br />

concerne <strong>le</strong>s priorités budgétaires, l’embauche du personnel, et<br />

l’évaluation de <strong>le</strong>ur performance.<br />

De même mon travail de professionnel<strong>le</strong> des relations publiques<br />

m’a permis d’observer que <strong>le</strong>s musées aux USA dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

chaque fois plus de la publicité payante pour communiquer <strong>le</strong>urs<br />

messages au public. Jusqu’à très récemm<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>s musées espérai<strong>en</strong>t<br />

que <strong>le</strong> public allait être informé sur <strong>le</strong>urs manifestations par la<br />

presse écrite mais comme <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises commercia<strong>le</strong>s, ils préfèr<strong>en</strong>t<br />

dorénavant faire de la publicité, acheter <strong>le</strong>ur propre espace pour<br />

mieux pouvoir contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur message.<br />

Comme conseillère <strong>en</strong> communication de plusieurs musées, j’ai<br />

toujours recommandé d’utiliser un mélange de couverture éditoria<strong>le</strong><br />

non payée et de publicité payante. Ce qui m’inquiète, ce<br />

sont <strong>le</strong>s proportions du mélange.<br />

Nous ne pouvons pas non plus exiger que <strong>le</strong>s musées ignor<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s<br />

conditions changeantes du système culturel où ils sont insérés.<br />

A mesure que l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus commercialisé,<br />

plus influ<strong>en</strong>cé par <strong>le</strong> marché, <strong>le</strong>s musées sont obligés de<br />

s’adapter. Mais <strong>le</strong>s musées ne peuv<strong>en</strong>t pas, et ne doiv<strong>en</strong>t pas,<br />

s’adapter à des manières qui contribu<strong>en</strong>t à la dégradation de<br />

l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t culturel.<br />

Ils ne peuv<strong>en</strong>t pas, et ne doiv<strong>en</strong>t pas, se développer de façon non<br />

durab<strong>le</strong>. De même qu’un organisme vivant peut s’autodétruire<br />

s’il se reproduit trop vite ou s’il épuise son écosystème, <strong>le</strong> musée<br />

peut s’autodétruire s’il adopte trop de caractéristiques d’une<br />

<strong>en</strong>treprise commercia<strong>le</strong>. Pas simp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t du point de vue programmatique<br />

ou spirituel mais aussi matériel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, car essayer<br />

d’imiter une <strong>en</strong>treprise commercia<strong>le</strong> coûte de l’arg<strong>en</strong>t.<br />

Pour obt<strong>en</strong>ir des rev<strong>en</strong>us propres, que ce soit <strong>en</strong> v<strong>en</strong>dant des marchandises,<br />

<strong>en</strong> organisant des manifestations, des services de repas et<br />

toute sorte d’activités quasi-commercia<strong>le</strong>s, un musée doit d’abord<br />

investir. Cet arg<strong>en</strong>t aurait pu être destiné aux programmes et pour<br />

clore la brèche il int<strong>en</strong>sifiera <strong>en</strong>core ses efforts de marketing, ce qui se<br />

traduira <strong>en</strong> dép<strong>en</strong>ses supplém<strong>en</strong>taires. Ainsi <strong>le</strong> musée se trouve<br />

prisonnier d’un cerc<strong>le</strong> vicieux. Plus il dép<strong>en</strong>se, plus il doit dép<strong>en</strong>ser.<br />

Comm<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s musées peuv<strong>en</strong>t éviter ce piège? Comm<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>tils<br />

se développer d’une façon équilibrée, r<strong>en</strong>ouvelab<strong>le</strong>, durab<strong>le</strong>?<br />

Il est évid<strong>en</strong>t que nous ne revi<strong>en</strong>drons pas <strong>en</strong> arrière, à l’époque antérieure<br />

aux boutiques dans <strong>le</strong>s musées et aux plans de marketing.<br />

Le défi est donc de mettre nos va<strong>le</strong>urs dans ce que nous faisons,<br />

même dans <strong>le</strong>s calculs commerciaux <strong>le</strong>s plus austères. Le défi est de<br />

réussir à ce que la mission de nos musées soit prés<strong>en</strong>te dans tout ce<br />

que nous faisons : notre façon de former <strong>le</strong> personnel de sécurité,<br />

Les Musées, Pourquoi ?<br />

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