Les épaves de Tarraconaise à chargement d'amphores ... - Accueil

Martine Sciallano
Bernard Liou
Les épaves de Tarraconaise à chargement d'amphores Dressel
2-4
In: Archaeonautica, 5, 1985. Les épaves de Tarraconaise à chargement d'amphores Dressel 2-4. pp. 5-178.
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Sciallano Martine, Liou Bernard. Les épaves de Tarraconaise à chargement d'amphores Dressel 2-4. In: Archaeonautica, 5,
1985. Les épaves de Tarraconaise à chargement d'amphores Dressel 2-4. pp. 5-178.
doi : 10.3406/nauti.1985.1133
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/nauti_0154-1854_1985_mon_5_1_1133

Martine CORSI-SCIALLANO et Bernard LIOU
LES ÉPAVES DE TARRACONAISE
À CHARGEMENT D'AMPHORES
DRESSEL 2-4
ARCHAEONAUTICA, 5
Ouvrage publié avec le concours du Ministère de la Culture
Sous-direction de l'Archéologie
ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
15, quai Anatole France — 75700 PARIS
1985
>

Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1985
ISSN 0154-1854
ISBN 2-222-03724-7

L'illustration photographique de cet ouvrage est due, dans sa très grande
majorité, pour les photos d'objets comme pour les clichés sous-marins du Petit-
Congloué et de Sud-Lavezzi 3, à Antoine Chéné, Philippe Foliot et Gérard Reveillac,
du Centre Camille Jullian du CNRS, qui nous ont apporté non seulement le concours
de leur talent, mais l'appui sans défaillance de leur amitié. Pour toutes les facilités
dont nous avons bénéficié dans ce domaine, nos remerciements chaleureux vont aussi
à Jean-Paul Morel, directeur du Centre Camille Jullian.
Les autres photographies sont l'œuvre des archéologues de la Direction des
Recherches archéologiques sous-marines : Michel L'Hour, fig. 5 (A), 6(B); Bernard
Liou, fig. 5 (C 612), 60, 62, 63, 99 (C 17); Robert Lequément, fig. 6 (C et D), 7 (E et
F); Patrick Grandjean, fig. 32, 33, 34; Jacques Angles, fig. 97 (2), 99; Guy Bertucchi,
fig. 97 (2) et 99 (1102). Et aussi du Musée d'Histoire de Marseille (fig. 18, 2820), de
Frédéric Dumas (fig. 47), Claude Santamaria (65), du 3e Groupe de Plongeurs-
Démineurs (87, 88), de Martine Corsi-Sciallano (89 à 95, 119), Wlady Bebko (92, 98,
101, 102, 115), du Musée d'Ethnographie corse de Bastia (97,4 et 98,5), de Robert
Jacques Lederer (98), Richard Calmes (118), Christian Giroussens (121), Joan C. de
Nicolas (124).
Les cartes ont été dessinées par Jean-Marc Joulain (Institut de recherches sur
l'Architecture antique, CNRS, Aix-en-Provence), celle de la fig. 125 d'après C. Santa
maria; le document fig. 84 est dû au 3e G.P.D.; les estampilles d'amphores ont été
reproduites par B. Liou, excepté celles des fig. 66-72 empruntées à C. Santamaria. Les
autres dessins nous sont dans leur grande majorité procurés par Annick Durel et
Jean-Jacques Martin, dessinateurs vacataires de la Direction des Recherches archéo
logiques sous-marines; à G. Reveillac sont dues les fig. 10 et 12, à B. Liou et
A. Magania la fig. 35, à Luc Long la fig. 103, à J.C. de Nicolas les dessins de la fig. 124,
mis au net par J.-M. Joulain. Sont empruntés enfin à des publications antérieures de
C. Santamaria les fig. 58, 64, 73-75, de Francisca Pallarés Salvador les fig. 77-79, 81-83,
de W. Bebko les fig. 97 (29), 98 (27, 28, 30), 99 (33), 1 15, de Damian Cerdâ la fig. 117.
Nous adressons également nos très vifs remerciements aux conservateurs de
musées qui nous ont aidés dans nos recherches : Mmes Simone Bourlard-Colin et
Myriame Morel à Marseille, Jeanine Serafini-Costoli à Bastia, MM. Georges Amar à
Istres, Daniel Brentchaloff à Saint- Raphaël, ainsi qu'à M. Antoine Franchi, gestion
naire du dépôt de fouilles d'Ile-Rousse.

SOMMAIRE
Ι. - INTRODUCTION 9
IL - LES AMPHORES DRESSEL 2-4 DE TARRACONAISE 12
1) Histoire de la recherche 12
2) Critères d'identification 14
3) Références bibliographiques abrégées 15
III. - CATALOGUE DES ÉPAVES 17
1. Planter 1 17
2. Petit-Congloué 26
3. Grand-Rouveau 44
4. Les Fourmigues 66
5. Dramont Β 71
6. Chrétienne H 78
7. Diano Marina 95
8. Ile-Rousse 108
9. Cavallo 1 1 19
10. Sud-Lavezzi 3 130
11. Perduto 1 144
12. Est-Perduto 148
13. Bara 153
14. Cala Vellana 155
IV. - QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION 159
1. Les estampilles des amphores Dressel 2-4 : détermination des ateliers; interpréta
tion et signification 159
2. La chronologie 166
3. Les épaves à dolia 169
4. L'exportation du vin de Tarraconaise 171
Note additionnelle 173
Index des estampilles 174

Ι. - INTRODUCTION
Nous nous étions proposé à l'origine d'étudier trois épaves de navires du Ier siècle, chargés
d'amphores à vin de la province de Tarraconaise, qui ont fait au cours de ces dernières années
l'objet d'un sondage ou d'un début de fouille de la Direction des recherches archéologiques
sous-marines et du prélèvement d'un échantillonnage important de matériel resté pratiquement
inédit : les épaves du Petit-Congloué à Marseille, du Grand-Rouveau dans la baie de Bandol et
Sud-Lavezzi 3 dans les bouches de Bonifacio.
Or, ces trois épaves appartiennent à une série plus large, dont il n'est pas possible en fait de
les isoler : les épaves répertoriées chargées d'amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise sont actuell
ement au nombre de quatorze; elles entretiennent entre elles des rapports tels (au plan de la
morphologie des amphores, des techniques de leur fabrication et de leur matière, des estampilles
dont elles sont pourvues, en ce qui concerne également le problème des navires à dolici), qu'une
étude d'ensemble s'impose absolument. Les trois épaves auxquelles nous nous intéressions au
départ occuperont certes une partie importante de ce mémoire. Trois autres (Planter 1 à Marseille,
Chrétienne H à Saint-Raphaël, Diano Marina en Ligurie) ont donné lieu à des études qui viennent
d'être publiées. Pour les autres, ou elles sont restées inédites ou elles ont donné lieu à des
publications auxquelles il est le plus souvent possible d'apporter des compléments ou des
rectifications.
Nous présenterons tout d'abord les douze épaves que nous avons répertoriées sur les côtes de
France et d'Italie. L'ordre que nous avons adopté suit les navires le long des deux routes qui les
conduisaient de Tarraconaise vers Rome ', le premier cité étant celui qui a fait naufrage le plus près
de son point de départ, les derniers ceux que les vents avaient poussés le plus près du lieu de leur
destination (fig. 1).
Les navires, en effet, pouvaient longer la côte de Narbonnaise, puis d'Italie : c'est le cas de
ceux de Planter 1, du Petit-Congloué, du Grand-Rouveau, des Fourmigues, du Dramont B, de la
Chrétienne H et de Diano Marina. Ils pouvaient aussi prendre la route directe, hauturière, par les
bouches de Bonifacio, particulièrement dangereuses et qui ont causé la perte d'un bon nombre
d'entre eux : épaves Cavallo 1, Sud-Lavezzi 3, Perduto 1, Est-Perduto. L'épave d'Ile-Rousse pose un
problème. Ce navire, qui se dirigeait certainement lui aussi vers l'Italie, a été considérablement dévié
de sa route, que nous imaginerions volontiers comme une variante de la route côtière, coupant droit
à travers le golfe de Gênes en direction du cap Corse, pour redescendre ensuite le long de l'archipel
toscan et des côtes italiennes.
Nous avons intégré tardivement — faute d'information pour l'une, par un oubli fâcheux pour
l'autre — deux épaves des côtes espagnoles qui auraient dû figurer en tête de notre catalogue, mais
qui laissent, en revanche, difficilement apprécier la destination du navire. Celui de Bara, un peu
1 . On peut en effet estimer, sans grand risque d'erreur, que tous ces navires allaient à Rome puisqu'ils étaient
parvenus — pour ceux qui suivaient la route côtière — au moins au large de Marseille. Nous n'en avons pas dont
le chargement était destiné à remonter le Rhône et la Saône, vers les camps du Rhin par exemple, ou la Bretagne.
Voir ci-après p. 172.

1. Situation des quatorze épaves.
Co/aKt//o*a BARCELONE
TARRACONE
~13
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14-
£sr /^tra/t/to
Piantar· ί
Petit -Cono/ουέ
Grand - Rouvtau
/n/Ooe:
β
Dm no Manna.
Tla /tousse
Covct//oi
S"o/ lovezz/ J
'

ÉPAVES DE TARRACONAISE 1 1
au Ν de Tarragone, mais aussi celui de Cala Vellana, sur la côte Est de Minorque, pouvaient eux
aussi se diriger vers les bouches de Bonifacio et vers l'Italie. Ils peuvent aussi bien avoir visé
l'Afrique et Carthage.
Avant d'entamer le catalogue de nos épaves, il nous faut, bien évidemment, faire rapidement
le point en ce qui concerne les amphores dont elles sont chargées, et essayer de répondre à cette
question toute simple : à quoi reconnaît-on les amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise ?

Π. - LES AMPHORES DRESSEL 2-4 DE TARRACONAISE
1) Histoire de la recherche
L'appellation « Dressel 2-4 » trouve son origine dans la planche que Heinrich Dressel a jointe
au tome XV, 2 du Corpus Inscriptionum Latinorum où il a publié les inscriptions peintes et les
estampilles des amphores de Rome 2. Il a eu en effet l'idée — entrevue avant lui par R. Schône
pour les amphores de Pompéi 3 — qu'il fallait mettre en relation les inscriptions figurant sur les
amphores avec leurs formes, celles-ci pouvant être caractéristiques d'un contenu, d'une origine,
d'une époque.
Nous avons pris l'habitude de dire « Dressel 2-4 », dans l'incapacité où nous sommes de
distinguer clairement entre les formes auxquelles il a, dans cette planche, donné les numéros 2, 3
et 4 (fig. 2).
Dans le commentaire qu'il a donné en 1966 de cette « table typologique » de Dressel — dans
un article qui reste aujourd'hui une des études fondamentales sur les amphores romaines —, Fausto
Zevi a tout d'abord précisé la chronologie des formes 2-4, dont le prototype est originaire de Grèce
orientale, et précisément de l'île de Cos, en relevant les dates consulaires des inscriptions peintes
dont elles sont parfois porteuses : elles vont de 28 av. J.-C. à 146 ap. J.-C, date lue sur une amphore
« analogue à la forme 3 » et qui semble trop tardive (elle se détache complètement d'un groupe
homogène dont la limite haute se situe en 36 ap. J.-C). Il a ensuite, en rappelant les indications
de contenu que donnent les mêmes inscriptions peintes, défini les 2-4 comme des amphores à vin,
mais ayant contenu des vins d'origines différentes : Campanie, Narbonnaise (du vin de Béziers,
Baeterrense), Tarraconaise (le Lauronensè). Le manque d'homogénéité de cette forme était dès lors
souligné, et le problème posé de la distinction à faire entre les amphores produites dans ces
différentes régions.
Clementina Panella, dans l'étude des amphores des « Terme del Nuotatore » qu'elle publie en
1970 dans Ostia II5, reprend en fait les remarques de F. Zevi. Elle donnera en revanche dans
Ostia III, en 1973, un très complet état des connaissances acquises sur les Dressel 2-4 ainsi qu'une
bibliographie exhaustive concernant tant la typologie que les différentes origines, les sites de
découvertes et la datation6.
Entre temps, étaient parus deux articles décisifs : le premier d'André Tchernia, intitulé Les
amphores vinaires de Tarraconaise et leur exportation au début de l'Empire, publié dans YArchivo
2. H. Dressel, Corpus Inscriptionum Latinorum, XV, 2 : Inscriptiones Vrbis Romae Latinae. Instrumentum
domesticum. Partis posterions fasciculus I, Berlin, 1899.
3. R. Schône, Corpus Inscriptionum Latinorum, IV, Berlin, 1871 (Vasorum formae, p. 170).
4. F. Zevi, Appunti sulle anfore romane. La tavola tipologica del Dressel, dans Archeologia classica, XVIII,
1966, p. 208-247.
5. C. Panella, Ostia, Terme del Nuotatore, Ambiente I, Strato V, Le anfore, dans Ostia II, Studi miscellanei,
16, Rome, 1970, p. 119-120, 135-136 et 143-145, n° 16-46.
6. C. Panella, Ostia, Terme del Nuotatore, Saggio nell'area S-O, Le anfore, dans Ostia III, Studi miscellanei,
21, 1973, p. 460-633 (abrégé dans la suite Panella, Ostia III).

ÉPAVES DE TARRACONAISE 13
2. Les formes 2, 3 et 4 de Dressel (CIL, XV, 2, pi. 1). Ech. 2:1.
Espanol de Arqueologia en 1971 7 : nous y apprenions qu'une partie des amphores Dressel 2-4 étaient
produites dans des fours de la région de Barcelone et parfois marquées d'estampilles qui se
retrouvent au loin au terme des routes d'exportation ; dans le second, Amphores vinaires de Campanie
et de Tarraconaise à Ostie, paru en 1972 8, A.Tchernia et F. Zevi distinguent clairement les deux
origines en proposant comme critère l'aspect de l'argile. Ils donnent en outre quelques indications
typologiques et établissent une chronologie qui va d'Auguste (forme 66 A de Haltern) à la fin des
Flaviens et peut-être à Hadrien.
Dans les actes du colloque tenu à l'Ecole française de Rome en 1974 sur le thème Méthodes
classiques et méthodes formelles dans l'étude des amphores, parus en 1977 9, plusieurs articles sont
7. A. Tchernia, Les amphores vinaires de Tarraconaise et leur exportation au début de l'Empire, dans Archivo
Espanol de Arqueologia, 44, 1971, p. 38-85 (abrégé dans la suite Tchernia, 1971).
8. A. Tchernia et F. Zevi, Amphores vinaires de Tarraconaise et de Campanie à Ostie, dans Recherches sur les
amphores romaines, coll. de l'Ecole française de Rome, 10, Rome, 1972, p. 35-67 (abrégé dans la suite Tchernia-
Zevi, 1972).
9. Méthodes classiques et méthodes formelles dans l'étude des amphores, coll. de l'Ecole française de Rome,
32, Rome, 1977.

14 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
consacrés aux Dressel 2-4. Celui de C. Panella et M. Fano permet de mieux connaître celles de
Campanie 10. Celui de Ricardo Pascual Guasch est particulièrement important dans la mesure où
il révèle les résultats d'une prospection des sites d'ateliers d'amphores (Pascual 1 et Dressel 2-4) de
la région de Barcelone et publie les estampilles qui y ont été trouvées et que nous retrouvons sur
les épaves ou dans les fouilles terrestres, là où ces amphores ont été importées ". C. Farinas del
Cerro, W. Fernandez de la Vega et A. Hesnard publient de leur côté une Contribution à
l'établissement d'une typologie des amphores dites Dressel 2-4 n, première ébauche de la thèse de
3e cycle soutenue en 1981 par Antoinette Hesnard qui, à cette occasion, a fait le point de nos
connaissances sur ce type d'amphore 13.
2) Critères d'identification
Comment donc, à la lumière de ce que nous savons aujourd'hui, identifier une amphore
Dressel 2-4 de Tarraconaise et attribuer cette origine aux épaves qui font l'objet de cette étude ?
Nos critères d'identification sont au nombre de trois :
a) La pâte, ou, plus précisément, une pâte très caractéristique, qui permet d'attribuer à coup
sûr l'origine tarraconaise aux amphores qui en sont faites. A. Tchernia et F. Zevi ont parfaitement
défini cette « argile rouge à points blancs », et il faut les citer ici tout au long : « la pâte est dure.
Sa couleur est constante, d'un rouge brique très franc, variant selon les exemplaires du clair au
sombre et comportant rarement un noyau gris ou marron au centre, sans frontière nette. Les
amphores n'ont en général pas d'engobe et la couleur rouge de l'argile est bien visible à la surface.
A la fracture on aperçoit, dans cette pâte rouge, un dégraissant formé de petits cailloux très visibles,
dont les plus caractéristiques et les plus nombreux sont d'un blanc pur, les autres vitreux ou gris.
Les impuretés noires, grandes ou petites, sont extrêmement rares. Les dimensions de ce dégraissant
varient selon les exemplaires : elles sont toujours assez grandes pour que de très nombreux éléments
apparaissent à l'œil nu avec la plus grande netteté; en règle générale, les impuretés de 1 mm de côté
ne sont pas rares, elles atteignent — voire dépassent — 2 mm sur les fragments les plus
caractéristiques. Les particules brillantes ne sont pas très nombreuses ; leur éclat est jaune. Mieux
qu'à la fracture on les remarque sur la paroi de certains exemplaires, où les plus nettes, couleur d'or,
atteignent et dépassent 1 mm de côté. Au total, l'argile présente à la fracture une surface rouge
parsemée de points blancs; des particules dorées sur la paroi constituent un élément d'identification
complémentaire » M. Cela dit, toutes les Dressel 2-4 de Tarraconaise ne sont pas faites de cette argile
rouge à points blancs : R. Pascual, par exemple, constate que parmi les amphores produites dans
les ateliers de Can Pedrerol ou de Can Tintorer, prédominent les argiles brunes ou jaunâtres 15.
Beaucoup d'amphores de la Chrétienne H inspirent la même remarque à C. Santamaria 16, et nous
aurons nous aussi l'occasion de rencontrer des pâtes très différentes.
b) La forme. Nous citerons d'abord Clementina Panella et Marco Fano : « Par Dressel 2-4,
on entend une « famille » de récipients de transport grosso modo caractérisés par des anses bifides
10. C. Panella et M. Fano, Le anfore con anse bifide conservate a Pompei : contributo ad una loro classificazione,
p. 133-177 (abrégé dans la suite Panella-Fano, 1977).
11. R. Pascual Guasch, Las anforas de la Layetania, p. 46-96 (abrégé dans la suite Pascual, 1977).
12. C. Farinas del Cerro, W. Fernandez de la Vega et A. Hesnard, Contribution à l'établissement d'une typologie
des amphores dites Dressel 2-4, p. 179-206.
13. A. Hesnard, Les Dressel 2-4, amphores à vin de la fin de la République et du début de l'Empire. Un essai
de construction typologique, thèse de 3e cycle, Aix-en- Provence, 1981, à paraître (abrégé dans la suite Hesnard, 1981).
14. Tchernia-Zevi, 1972, p. 37.
15. Pascual, 1977, p. 52 et 54.
16. Infra, p. 78.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 15
au coude arrondi ou modérément relevé, par un corps fuselé, génériquement cylindrique, et par une
nette délimitation entre col, épaule et panse » 17. Cette définition s'entend évidemment des
Dressel 2-4 en général et quelle qu'en soit l'origine. Pour celles de Tarraconaise, on peut encore faire
appel à A. Tchernia et à F. Zevi 18 : « L'angle de l'épaulement est en général plus arrondi que vif,
présentant des traces de lissage caractéristiques de la technique de fabrication; un petit ressaut
marque fréquemment la liaison de l'épaule et du col; celui-ci s'élargit légèrement vers le haut en
forme d'entonnoir » (...). La plupart de ces amphores « ont de fausses anses bifides, simplement
striées à l'intérieur et à l'extérieur, ou souvent uniquement à l'extérieur, sans qu'on puisse pour le
moment y voir un indice d'époque ou d'atelier différent. Il est également rare que le coude de l'anse
soit arrondi, comme il l'est normalement sur les amphores campaniennes (...) : en règle générale, il
forme un angle vif, et parfois, sous l'effet de la pression des doigts soudant l'anse au col, un angle
aigu. Les variantes les plus marquées sont celles du profil de la lèvre — parfois arrondie et renflée,
parfois à peine marquée d'un bandeau peu proéminent (...), parfois enfin presque triangulaire (...)
— et peut-être aussi celles des dimensions des embouchures (...). En revanche, l'homogénéité des
pointes pleines et massives, parfois arrondies à l'extrémité, est remarquable ». Ces remarques tout
à fait justes analysent du mieux possible et avec une grande finesse le « coup d'oeil » par lequel nous
reconnaissons généralement les Dressel 2-4 de Tarraconaise, mais en nous trompant, à vrai dire,
quelquefois. Ce critère de la forme reste somme toute le moins fiable, encore que des progrès
appréciables soient à attendre des efforts qui sont fait actuellement pour établir une typologie
objective des Dressel 2-4.
c) Les estampilles constituent bien entendu un critère très sûr lorsqu'elles sont identifiables
avec des marques connues déjà sur amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise ou trouvées sur des sites
d'ateliers ayant produit ce type d'amphore. Les amphores de nos épaves sont abondamment
estampillées; leurs estampilles, dont nous donnerons systématiquement les dessins, sont souvent
attribuables à des ateliers précis et se retrouvent parfois, d'une épave à l'autre, imprimées par la
même matrice.
3) Références bibliographiques abrégées
Amar-Liou : G. Amar et B. Liou, Les estampilles sur amphores du golfe de Fos,
dans Archaeonautica, 4, 1984, p. 145-211.
Bebko, 1971 : W. Bebko, Les épaves antiques du Sud de la Corse (Cahiers Corsica,
1-3), Bastia, 1971.
M. Belén-
M. Fernandez Miranda, 1979 : M. Belén et M. Fernandez Miranda, Elfondeadero de Cales Coves
(Alayor, Menorca), Madrid, 1979.
Benoit, 1956 : F. Benoit, Epaves de la côte de Provence. Typologie des amphores,
dans Gallia, XIV, 1956, p. 23-34.
Benoit, 1957 : F. Benoit, Typologie et épigraphie amphoriques : les marques de
Sestius, dans Revue d'Etudes Ligures, XXIII, 1957, p. 247-285.
Benoit, 1958 : F. Benoit, Nouvelles épaves de Provence, dans Gallia, XVI, 1958,
p. 6-39.
17. Panella-Fano, 1977, p. 133.
18. Tchernia-Zevi, 1972, p. 57.

16
Benoit, 1960
Callender
Castro Pretorio
Delattre, Second mur
Exposition Antibes, 1983
Exposition Arles, 1983
Exposition Gênes, 1983
Fiori, 1972
Hesnard, 1980
Hesnard, 1981
Lamour-Mayet, 1980
Liou, 1973
Liou, 1975
Liou, 1982
Panella, Ostia HI
Panella-Fano, 1977
Pascual, 1977
H. Rolland, 1944
Tchemia, 1969
Tchernia, 1971
Tchernia-Zevi, 1972
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
: F. Benoit, Nouvelles épaves de Provence (II), dans G allia, XVIII,
1960, p. 41-56.
: M. H. Callender, Roman Amphorae, with an Index of Stamps,
Londres, 1965.
: E. Dressel, Di un grande deposito di anfore rinvenuto nel nuovo
quartiere del Castro Pretorio, dans Bulletino della commissione
archeologica comunale di Roma, 1879, p. 36-112 et 143-196.
: A.L. Delattre, Un second mur d'amphores découvert à Carthage,
dans Bulletin de la Société archéologique de Sousse, 1er semestre
1906, p. 375-390.
: Dix ans d'archéologie sous-marine en Provence orientale et Corse,
Antibes, Musée d'histoire et d'archéologie, été 1983, catalogue.
: Archéologie sous-marine, Arles, juillet-octobre 1983, catalogue.
: Navigia fundo emergunt. Trentatre anni di ricerche e di attività in
Italia e all'estero del Centro sperimentale di archeologia sotto
marina. Mostra di archeologia sottomarina in Liguria, Gênes,
15-24 octobre 1983, catalogue.
: P. Fiori, Etude de l'épave A de La Garoupe, dite des dolia, dans
Cahiers d'archéologie subaquatique, I, 1972, p.35-44.
: A. Hesnard, Un dépôt augustéen d'amphores à la Longarina, Ostie,
dans The Seaborne Commerce of Ancien Rome : Studies in Archaeo-
logy and History, Memoirs of the American Academy in Rome,
XXXVI, 1980, p. 141-156.
: Cf. supra, p. 14 et note 13.
: C. Lamour et F. Mayet, Glanes amphoriques : I. Région de Béziers
et Narbonne, dans Etudes sur Pézenas et l'Hérault, IX, 1980, p. 3-16.
: B. Liou, Informations archéologiques : recherches sous-marines,
dans Gallia, 31, 1973, p. 571-608.
: B. Liou, Informations archéologiques : recherches sous-marines,
dans Gallia, 33, 1975, p. 571-605.
: B. Liou, Informations archéologiques : recherches sous-marines,
dans Gallia, 40, 1982, p. 437-454.
: Cf. supra, p. 12 et note 6.
: Cf. supra, p. 13 et 14 et notes 9 et 10.
: Cf. supra, p. 13 et 14 et notes 9 et 11.
: H. Rolland, Inscriptions antiques de Glanum, dans Gallia, II, 1944,
p. 167-223 (estampilles sur pointes d'amphores, n° 99, p. 202).
: A. Tchernia, Informations archéologiques : recherches sous-marines,
dans Gallia, XXVII, 1969, p. 465-499.
: Cf. supra, p. 13 et note 7.
: Cf. supra, p. 13 et note 8.

III. - CATALOGUE DES ÉPAVES
1. - L'épave PLANIER 1 (Marseille)
Située par 32 m de fond sur la côte Ouest de l'îlot de Planier, devant Marseille (fig. 3), à moins
de 40 m du rocher, l'épave Planter 1 a été déclarée dès 1955 par MM. L. Giordano, H. Portail et
G. Beuchat. Elle n'a jamais donné lieu à une fouille organisée mais a été en revanche soumise à
un très vigoureux pillage. Fernand Benoit lui a consacré deux courtes notices et une étudiante de
maîtrise, Isabelle Sortais, quelques pages, dans un mémoire de 1969 sur « Quelques gisements
sous-marins de Marseille » 19. En octobre 1981, un plongeur a découvert sur le site de l'épave deux
fort curieuses statuettes de bois dont la publication a été confiée à Michel L'Hour. Ce dernier a
cherché à réunir, concernant l'épave et son chargement, la documentation la plus large possible. Ce
sont les résultats de son enquête et de son étude que nous utilisons ici l9.
M. L'Hour et nous-mêmes avons retrouvé, appartenant de façon certaine à l'épave, onze
amphores entières 20, un col qui a été autrefois une amphore entière et dont F. Benoit à publié le
dessin 21, une amphore à qui il ne manque que la lèvre, une autre privée au contraire de son fond,
quelques cols et quelques pointes. A noter que les derniers fragments remontés l'ont été au cours
d'une plongée faite le 13 novembre 1981 par la Direction des recherches archéologiques sous-
marines à la suite de la découverte des statuettes de bois : parmi eux, le col estampillé n° 2598 et
la céramique aretine dont il sera question ci-après.
Toutes les amphores (fig. 4-7) sont de forme Dressel 2-4 et leur argile permet de leur assigner
une origine tarraconaise, encore qu'elle présente deux variétés très nettes que M. L'Hour décrit
ainsi : a) une pâte rouge à nuance brunâtre, avec un dégraissant abondant composé de petits
cailloux blancs (diam. moyen 1 mm); on y distingue également la présence de fines paillettes dorées,
ainsi que quelques inclusions noires (amphores 6741, 6744, 6746, C 1036); b) une pâte variant du
rose-saumon à l'ocre-beige à dégraissant abondant composé de grains blancs et gris. Cette argile
apparaît très faiblement micacée et l'on n'y distingue que de très rares impuretés noires (amphores
C 390, C 612, coll. privée A, col 2598, etc.). A signaler « que seules les amphores de ce groupe ont
conservé la trace d'un engobe beige-crème ».
Un col (n° 3568) fait exception, qui « présente une pâte rouge-brunâtre où l'on distingue un
dégraissant très fin qui se signale par une grande densité de particules noires et un certain nombre
d'inclusions brillantes. En surface, la pâte dure et relativement lisse porte un engobe blanc-ivoire
à jaunâtre ». Cette argile est celle d'une Dressel 2-4 de Campanie 22 qui devait appartenir au bord,
sans faire partie de la cargaison.
La différence de pâtes entre les Dressel 2-4 de Tarraconaise ne correspond nullement aux
différences, sensibles, affectant les dimensions ou les formes. L'amphore la plus haute, par exemple
19. Cf. ci-dessous la bibliographie concernant cette épave.
20. Nous ajoutons au recensement de M. L'Hour quatre amphores conservées par l'un des inventeurs,
M. Henri Portail, que nous remercions pour la gentillesse de son accueil. Cf. infra le tableau de la p. 19 et les fig. 6
et 7, C-F.
21. N° 6746, publiée (avec le n° 6744) dans F. Benoit, 1956, fig. 1, n° 7 et, surtout, à l'échelle 1 : 10,
F. Benoit, 1957, p. 258, fig. 8.
22. Cf. Tchernia-Zevi, 1972, p. 37.

3. Rade de Marseille. Situation des épaves Manier 1 et Petit-Congloué.
3km
/L£ RtOU
Q 0
/LE ÙE PLANIER
P/on,tr i
/rtaouiEN

ÉPAVES DE TARRACONAISE 19
(n° 6744, 89 cm) et la plus courte, qui est en même temps la plus large (n° 1036, 78,5 cm et 33,5
de diamètre) ont la même variété d'argile. Néanmoins ces deux amphores très dissemblables ont,
pratiquement, même poids et même capacité (respectivement 13,9 et 14,1 kg — 27,5 et 28 litres),
soit un rapport contenance/poids à vide tout proche de 2 et particulièrement favorable 2\
On ne sera pas surpris, en revanche, que la même argile (variété b ci-dessus) caractérise les
trois amphores ou fragments portant la même estampille, qui n'est à vrai dire parfaitement lisible
que sur le col n° 2598 (fig. 7) découvert en 1981. Il s'agit — dans un cartouche de 58 χ 20 mm —
de M.S. PVP, que l'on retrouve, endommagée, sur le col des amphores C 612 et C 390, entre l'attache
supérieure des anses. On a probablement affaire au gentilice Pupius et il faut sans doute interpréter
M. et S. comme les initiales de deux prénoms : M(arci et) S(puri) PVP(iorum). Cette marque ne
semble pas connue ailleurs.
Quatre pointes ont d'autre part des estampilles (fig. 8) dans un petit cartouche rond : un Ρ
rétrograde pour l'amphore C 612, déjà marquée sur le col; un A pour l'amphore C 660 et un M pour
les fonds n° 3107 et 3567. Ces trois dernières amphores ont elles aussi l'argile de variété b.
Nous résumons dans le tableau qui suit les principales données concernant les amphores de
Planter 1 :
No
6744
1036
6746
6741
C612
C390
A
B
C
D
E
F
1139*
C660
2598
3107
3567
LIEU DE
CONSERVATION
Marseille
Fort Saint-Jean
Fort Saint-Jean
Fort Saint-Jean
(col)
Fort Saint- Jean
Marseille
Musée des Docks
Fort Saint-Jean
Marseille, coll.
privée
id.
Marseille, coll.
H. Portail
id.
id.
id.
7
Fort Saint-Jean
Fort Saint- Jean
Fort Saint-Jean
Fort Saint-Jean
HAUTEUR
89 cm
78,5 cm
86 cm
(conservée)
70 cm
88 cm
86 cm
84 cm
85 cm
84 cm
83 cm
86,5 cm
86 cm
83,5 cm
sans lèvre
cons. 84 cm
Col
Fond
Fond
DIAMETRE
MAXIMUM
31 cm
33,5 cm
31,5 cm
31 cm
31,5 cm
31 cm
33 cm
32,4 cm
30 cm
32 cm
30 cm
32 cm
33,5 cm
31 cm
POIDS
13,9 kg
14,1 kg
CAPACITÉ
27,5 1
28 1
ESTAMPILLES
M.S. PVP sur col
Ρ retro sur pointe
[M.S.] PVP sur col
A sur pointe
M.S. PVP
M
M
* Cette amphore n'a pas été retrouvée; sa fiche et sa photographie sont dans les archives de la Direction des
recherches archéologiques sous-marines.
23. Ces amphores sont les seules pour lesquelles ces mesures ont pu être prises.

20 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
1036 C 390
C612
0 5 -10
6744
4. Planier 1. Amphores.
C 660

ÉPAVES DE TARRACONAISE 21
1036 C390
C612 6744 C660
5. Planter 1. Amphores.

22 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
6741
6746 1139
6. Planier 1. Amphores.

C 390
/m
2598
ÉPAVES DE TARRACONAISE 23
C 660
8. Planier 1. Estampilles.
7. Planier 1. Amphores.
C612
3107 3567
2598

24 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
Les fragments de céramique aretine récupérés par les plongeurs de la DRASM en 1981 sont
précieux dans la mesure où ils permettent de dater l'épave avec une bonne approximation :
— un fond de petite coupe (fig. 9, 4 et 5), dont la forme exacte n'est pas déterminable, porte
une estampille ENNI dans un cartouche rectangulaire de 9 χ 4 mm 24;
— un fragment de bord et un fond (fig. 9, 1-3) appartiennent probablement à un même grand
plat de forme Goudineau 39 A 25. Le bord est décoré de reliefs appliqués représentant des masques
de comédie; le fond porte l'estampille VMBRI dans un cartouche rectangulaire de 14 χ 6 mm26.
On peut, semble-t-il, dater un tel plat, dont la forme est plutôt tardive, mais qui conserve —
comme la petite coupe qui l'accompagne — la forme rectangulaire du timbre, vers 15 après J.-C.
Ce pourrait être, à peu de chose près, la date de l'épave Planter 1 27.
9. Planter 1. Céramique aretine.
24. A. Oxé et H. Comfort, Corpus Vasorum Arretinorum, Bonn, 1968, n° 623-625, p. 185. Q. Ennius Suavis est,
apparemment, un potier de Pouzzoles.
25. C. Goudineau, La céramique aretine lisse (Fouilles de l'école française de Rome à Bolsena, 1962-1967,
Tome IV), Suppl. 6 aux MEFR, Paris, 1968, p. 306.
26. C.V. An., p. 539, n° 2385.
27. On se reportera, pour le matériel de Planter 1 dont nous n'avons pas fait état, à l'article cité de M. L'Hour.

BIBLIOGRAPHIE
ÉPAVES DE TARRACONAISE 25
F. Benoit, 1956, p. 26 - 27 et p. 24, fig. 1, n° 6 et 7.
F. Benoit, 1957, p. 256 - 258 avec fig. 8.
I. Sortais, Recherches sur quelques gisements sous-marins de Marseille, mémoire de maîtrise
dactylographié, Aix-en- Provence, 1969, p. 12-26.
M. L'Hour, Les statuettes de bois de l'épave Planter 1 à Marseille, dans Archaeonautica 4,
1984, p. 53-73.

26 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
2. — L'épave du PETIT-CONGLOUÉ (Marseille)
Elle prend son nom de celui de l'îlot abrupt et désert qui, avec son voisin le Grand-Congloué,
clôt l'archipel qui borde à l'Est la rade de Marseille (fig. 3). Elle a été déclarée en décembre 1979
par M. André Evrard qui, au terme d'une descente de 60 m, a vu surgir de la grisaille de grosses
jarres ou dolia aux trois-quarts enfoncés dans la vase, mais encore pratiquement alignés et les
ouvertures orientées vers la surface. Des amphores se trouvaient de part et d'autre, l'ensemble
esquissant la forme d'un navire. La Direction des recherches archéologiques sous-marines a procédé
à l'expertise du gisement entre le 27 et le 31 octobre 1980. A cette occasion, elle a remonté une
quantité importante d'amphores qui, n'étant pas envasées, étaient exposées à la convoitise des
pillards particulièrement actifs dans ce secteur. Le nombre des amphores récupérées s'est accru
quelque peu au cours de plongées de contrôle effectuées du 16 au 19 novembre 1981, et de deux
campagnes de fouilles, l'une de quatre semaines du 25 octobre au 27 novembre 1982, l'autre de dix
jours en août 1983 28.
L'épave est orientée NNE-SSO. Ses dimensions ne sont pas connues avec une totale précision,
mais elles sont proches des distances séparant les quatre points fixes qui ont été installés aux
extrémités présumées des deux axes longitudinal et transversal et qui ont servi pour les mesures par
triangulation, soit une longueur proche de celle de l'axe AC, 22,03 m, et une largeur proche de celle
de l'axe BD, 7,45 m (fig. 10). La zone centrale du navire, qui contient les dolia, est longue de 10 m
et large de 6 m.
Les dolia sont au nombre de quinze, disposés à la manière de ceux de l'épave de Diano
Marina29, en quinconce, en trois rangées de cinq, la rangée du milieu étant décalée vers le Sud (vers
l'avant ?) par rapport aux deux autres (fig. 10, 11, 12). A première observation, tous semblent avoir
à peu près la même taille. Le poids de la cargaison a dû entraîner un enfoncement considérable
et rapide du navire : certaines jarres sont presques verticales, d'autres légèrement basculées du côté
où le navire s'est lui-même incliné. Aux deux extrémités de la zone des dolia, c'est-à-dire à l'avant
et à l'arrière du bateau, ont été embarquées les amphores. Lors du sondage de 1980, il a été observé
qu'au moins au contact des dolia, elles étaient superposées sur trois rangées. Quelques indices
laissent supposer que la zone Nord dans laquelle ont été faits les prélèvements de 1980-81
correspond à l'arrière : on y a trouvé en effet une brique surcuite (13,5 χ 11 χ 7 cm) et couverte
d'une sorte d'enduit noir très dur (fig. 13), qui fait penser à un four et au local qui pouvait servir
de cuisine, et d'autre part, un élément de tuyauterie en plomb (long de 53 cm, épais de 5 mm, d'un
diamètre externe de 7 cm) (fig. 14) qui évoque la pompe de cale 30 et dont la place est plutôt aussi
à l'arrière. On y a également trouvé des concrétions moulant des fragments d'une ancre de fer, en
particulier une patte dont les dimensions sont à peu près conservées (L66 cm) (fig. 15 et 16).
28. Ont participé aux plongées et/ou au travail archéologique, à bord de L'Archéonaute, commandé par le
Maître principal P. Lespagnol (1980 et 1981) et par le Major J.-B. Rota (1982 et 1983) : B. Liou, G. Dauphin,
A. Vicente (DRASM), A. Evrard (1980-1983), J. Téocchi (1981 et 1982), L. Long (DRASM, 1980), B. Mary (1981),
F. Osada (1981 et 1982), Ph. Foliot et G. Réveillac (Centre Camille Jullian, C.N.R.S.), Chr. Dubois et D. Martin
(Entreprise SERMAR), M. Corsi-Sciallano (1982 et 1983), D. Ierardi, A. Malones (1982), M. Gendre, A. Rosset,
V. Stem (1983). La fouille a été suspendue à la suite d'un accident mortel de plongée survenu le 24 août 1983 à un
jeune médecin allemand membre de l'équipe, Victor Stern. Tristement, nous dédions à sa mémoire les pages que voici.
29. Infra, p. 95-107.
30. Cf. l'épave du Grand-Rouveau, infra, p. 60-65.

10. Petit-Congloué. Points fixes installés autour de la zone des dolia; position des quinze dolia.
Β

11. Les dolia : photomontage.

1m 12. Croquis de la zone des dolia.
G.
-no
•

30 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
13. Brique, probable élément de four. 14. Elément de tuyauterie en plomb.
15 et 16. Concrétion calcaire conservant la forme d'une patte d'ancre
en fer.
La fouille n'a pas touché la zone Sud des amphores (l'avant ?), qui paraît avoir beaucoup
souffert du pillage.
Les amphores sont dans leur majorité des Dressel 2-4 de Tarraconaise. Des amphores
« gauloises » à fond plat font aussi partie du chargement. Elles ont surtout été trouvées sur les côtés
du gisement, en particulier à l'Est, et tout à fait en désordre, le col généralement enfoncé dans la
vase. Il est possible que, embarquées les dernières, elles se soient trouvées sur le dessus de la
cargaison, roulant en désordre à l'extérieur du navire lorsque celui-ci s'est incliné.
Les Dressel 2-4 que nous avons étudiées comprennent 22 amphores entières; 19 amphores
incomplètes; 3 parties supérieures d'amphores; 13 panses et pointes.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 31
Elles ont une pâte brune ou rouge, sonore, bien cuite, à gros grains de dégraissant blanc,
visible surtout en surface. Des paillettes de mica doré se remarquent en plus grand nombre sur les
exemplaires les plus rouges (amph. 3033 par exemple).
Du point de vue de la forme, ces amphores sont de taille relativement grande, avec une panse
bien galbée, prolongée par une pointe longue et massive. Les anses, faussement bifides, sont très
hautes et marquées d'un angle aigu bien accentué. La lèvre en bourrelet proéminent est, selon les
exemplaires, arrondie, triangulaire ou oblique. Les différences individuelles très nettes entre les
amphores Dr. 2-4 de cette cargaison sont révélées par les dessins et les photographies que nous
donnons fig. 17, 18 et 19. Quant aux mesures de grandeur et de capacité, on les trouvera dans le
tableau qui suit :
No
83-02
83-04
3033
3038 (27/80)
3164
3441 (19/80)
3447 (31/80)
3416 (51/81)
2819
2820 (23/80)
Moyenne
HAUTEUR
(en cm)
104
103
100
105,5
102
104,5
103
105
97,5
105
102,95
DIAMÈTRE
(en cm)
29
31
32
31
32
31
30
32
30,5
29
30,75
POIDS
ÀVIDE
(en kg)
18
17,5
18
18
18
17
16
16
17,31
CONTENANCE
(enl)
25,5
26,5
28,5
30
25
26
23
28
26,56
Une Dressel 2-4 (n° 3032) fait contraste avec toutes les autres : sa pâte est bien cuite, sonore,
rose, sans grains de dégraissant blanc. L'épaulement est très fortement marqué et les anses, très
courtes, faites de deux boudins accolés, sont implantées au bord de l'épaule. La panse, plutôt
cylindrique et marquée sur sa longueur de quelques cannelures, s'amincit en une ogive terminée par
une pointe fine et courte. Cette amphore est certainement italienne et probablement de Campanie,
encore que nous ne lui trouvions pas d'équivalent précis (fig. 19).
Les amphores de Tarraconaise n'ont pas livré beaucoup d'estampilles : sur 49 amphores ou
fragments « estampillâmes », cinq seulement, soit 10,5 %, portent une marque (fig. 20).
1 AMAND (I) Rectangulaire (26 χ 21 mm) sur amphore entière (inv. DRASM 3164). On
chera cette marque, bien que le poinçon soit différent, de AMANDI, connue à
Fos31, à Ostie32, à Carthage33 et sur l'épave d'Ile Rousse34.
2 GE Rectangulaire (22 χ 14), sur amphore entière 27/80 (inv. DRASM 3038).
3 PATERN (I) Rectangulaire (35 χ 17), sur amphore entière 51/81 (inv. DRASM 3416). La lecture
paraît à peu près sûre, encore que la ligature PA ne soit pas évidente.
31. Amar-Liou, n° 80.
32. Tchernia-Zevi, 1972, p. 64 et 63, fig. 5, 7.
33. Delattre, Second mur, p. 44, n° 27.
34. Infra, p. 112 et fig. 86.
C
~T
1,41
1,51
1,58
1,66
1,38
1,52
1,43
1,75
1,53

32 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3441 m \ 3416 ■ I 2820
17. Petit-Congloué. Amphores Dressel 2-4.

3441
ÉPAVES DE TARRACONAISE 33
18. Petit-Congloué. Amphores Dressel 2-4.

34 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3447
3032
19. Petit-Congloué. Amphores Dressel 2-4.

4 PLOC retro
5 SC
3416
ÉPAVES DE TARRACONAISE 35
3164
3419 3453
20. Estampilles des amphores Dressel 2-4 du Petit-Congloué.
Rectangulaire (36 χ 18 environ) sur pointe 61/81 (inv. DRASM 3419). Seule
lecture possible, nous semble-t-il, bien que la forme des lettres liées PL soit
déconcertante. On rapprochera de PLOC retro avec L à l'envers, sur pointe de Dr.
2 au Castro Pretorio, CIL, XV, 3506 b = Callender 1342, b, et à Ostie 35, de PLOC
sur pointe de Dr. 2-4 à Port-de-Bouc 36 de PLOCAM, enfin, sur pointe de Dr. 2 à
Rome, CIL, XV, 3506 a = Callender 1342, a.
Rectangulaire (20 χ 16) sur amphore 23/80 (inv. DRASM 3453). Lecture probable.
A rapprocher, bien que le poinçon soit différent, de SC des épaves Chrétienne H
et Sud-Lavezzi 33\
Les amphores gauloises (fig. 21) sont représentées par 6 amphores entières, 2 amphores privées
de leur lèvre et 10 cols. La pâte présente deux aspects : une couche rose intercalée entre deux
couches grises ou bien une pâte beige plus uniforme dans toute l'épaisseur. Cette différence d'aspect
est peut-être seulement due à une différence de cuisson.
En ce qui concerne la forme, elles appartiennent au type « G 3 » défini par F.Laubenheimer :
base annulaire relativement large, panse ovoïde, col assez élancé, lèvre moulurée, formée d'un cavet
surmonté d'une fine baguette à pan oblique, petites anses arrondies entaillées d'un sillon central,
35. Tchernia-Zevi, 1972, p. 63, fig. 5, 8 et p. 65, n° 1.
36. Amar-Liou, n° 90.
37. Infra, p. 85 et fig. 66, p. 138 et fig. 113.
3038

36 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3037
3037
3035
3034 3428
21. Petit-Congloué. Amphores « gauloises ».

ÉPAVES DE TARRACONAISE 37
attachées sous la lèvre et tombant à mi-épaule. C'est cette forme qui est fabriquée, entre autres, dans
l'atelier de Corneilhan 38. Des exemplaires conservés aux musées de Vienne, de Lyon et de Genève
sont très semblables à ceux de notre épave 39. Nous n'avons pu, étant donné leur très grande
fragilité, et le fait que ces amphores ou bien ont éclaté après leur remontée (et ont été reconstituées)
ou bien menacent de le faire, mesurer leur contenance. F. Laubenheimer l'évalue à 29-30 litres pour
un poids à vide de 10 kg environ. Les mesures que nous avons pu prendre apparaissent dans le
tableau ci-après :
N" D'INV. DRASM (ET INV DE FOUILLE)
3034 (15/80)
3035 (03/80)
3036 (14/80) (Musée Hist. de Marseille)
3037 (02/80)
3427 (06/80)
3428
3426 (01/80) sans la lèvre
3430 (05/80) sans la lèvre
HAUTEUR
62 cm
62,8 cm
62,5 cm
62 cm
62,7 cm
61 cm
DIAMÈTRE
38 cm
38,4 cm
39 cm
38 cm
36,3 cm
35 cm
38 cm
39,3 cm
Aucune de ces amphores ne porte d'estampille.
Le dénombrement des dolia, leur numérotage, la réalisation d'une couverture photographique
(fig. 11) et d'un plan fondé sur des mesures manuelles et complété pour les détails grâce aux
photographies (fig. 12) : c'est sur ces objectifs qu'ont été concentrés les efforts des fouilleurs au
cours des campagnes de 1982 et 1983.
A l'exception du n° 15, en partie détruit et du n° 5, dont le col est brisé, les dolia semblent
entiers, même si leurs parois sont largement fendues (fig. 22-27). Tous présentent de grandes sutures
de plomb. Ce sont sans nul doute des réparations : des fêlures qui se sont faites dès la cuisson ou
à l'usage semblent avoir été agrandies régulièrement de façon à pouvoir y insérer du plomb fondu,
à l'aide d'une lame qui a laissé des traces bien visibles (fig. 27 et 28); l'adhérence de ces cordons
de plomb est renforcée par des Τ ou des queues d'aronde disposées perpendiculairement sur toute
la longueur. Les réparations que nous avons examinées ne traversent pas la paroi du dolium, mais
on en trouve indifféremment sur la paroi interne ou sur la paroi externe. La pâte des dolia, dont
la paroi semble épaisse de 60 mm environ, est d'un brun-rouge plutôt clair. Elle renferme de gros
grains bruns d'origine sans doute volcanique, qui ont jusqu'à 3-4 mm de diamètre, de gros grains
gris, des grains noirs plus petits, des inclusions rouge-brique, de très petits éclats de quartz et
quelques paillettes de mica sombre.
Il semble que le diamètre de ces géants atteigne les deux mètres et l'un d'entre eux, qui a été
en partie dégagé, a un tour de taille de 5,80 m (fig. 25).
38. Nos amphores correspondent à la variante 2 de Corneilhan : F. Laubenheimer et F. Widemann, L'atelier
d'amphores de Corneilhan (Hérault), dans Revue d'archéométrie, 1, 1977, p. 59-82. L'étude en est reprise par
F. Laubenheimer dans sa thèse soutenue à Montpellier en 1984, La production des amphores en Gaule narbonnaise
sous le Haut-Empire, p. 395-397 et fig. 139-141, p. 501-503 de l'ex, dactylographié.
39. Vienne et Lyon : F. Laubenheimer - F. Widemann, art. cité, p. 70, fig. 7. Genève : D. Paunier, La
céramique gallo-romaine de Genève, Genève-Paris, 1981, n° 441, p. 241 et 358 (et pi. VII, p. 385); F. Widemann,
F. Laubenheimer et coll., Analytical and typological study of Gallo-roman workshops producing amphorae in thè area
of Narbonne, dans Proceedings of the 18th Intern. Symposium on Archaeometry and archaeological Prospection, Bonn,
1978 (= Archeophysica, 10), p. 317-341.

38 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
22. Petit-Congloué. Dolia
in situ :1e n° 10,
avec ses sutures
de plomb.
23. Dolium n° 3.

25. Dégagement
du dolium n° 4.
ÉPAVES DE TARRACONAISE 39

40
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
26. Bouche
du dolium
n° 4.
27. Sutures
de plomb
du dolium n° 1 1 .

ÉPAVES DE TARRACONAISE 41
28. Sutures de plomb ramassées sur le site.
Pour 10 des 15 dolia, on a mesuré le diamètre de l'embouchure pris à l'intérieur et à l'extérieur
de la lèvre. Deux groupes semblent apparaître en ce qui concerne le diamètre extérieur :
No
N°
No
No
N°
No
No
Groupe 1
1
2
4
8
10
11
12
74-44
70-46
72-44
72-44
70-42
70-43
74-44
cm
cm
cm
cm
cm
cm
cm
Groupe 2
N° 6 83-69 cm40
N° 7 80-50 cm
N° 10 80-49 cm
70 à 74 cm (n° 1, 2, 4, 8, 10, 11, 12) et 80-83 cm (n° 6, 7, 14) : cet écart doit correspondre à une
différence de dimensions, ou de fabrication.
40. Ce dernier chiffre ne peut être que faux : la profondeur de 60 m explique sinon l'erreur, du moins
qu'on n'ait pu refaire cette mesure.

42 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
30. Empreintes (redressées)
des estampilles de C.
Piranus Félix et de C.
Piranus Philomusus.
29. Estampilles du dolium n° 11, photographiées in situ.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 43
Les dolia étaient clos par un couvercle de terre cuite à pâte grise, plat, de 3,5 cm d'épaisseur,
muni d'une petite anse en son centre. Un fragment en a été remonté. Nous ne savons si le seul poids
du couvercle assurait la fermeture ou s'il était scellé sur le col par un joint d'étanchéité41.
Ces navires chargés de dolia posent des questions auxquelles nous ne pouvons pas encore
toujours apporter de réponse. Une chose paraît acquise : étant donné leur encombrement et leur
poids — certainement supérieur à une tonne — les dolia devaient se trouver à poste fixe sur le navire
et n'en plus sortir, sauf accident, après qu'ils avaient été introduits dans la cale. Nous avons donc
affaire à de véritables bateaux-citernes. Une des questions qui restent encore sans réponse est celle
de l'arrimage éventuel des dolia dans la cale; une autre que nous nous posons est celle de leur
vidange, du transvasement de leur contenu, du vin, selon toute probabilité42, après l'arrivée à
destination : il faut penser à l'emploi d'un siphon. Un dolium comme ceux du Petit Congloué devant
contenir plus de 2 000 litres, soit la capacité de presque cent amphores, l'affrètement de semblables
navires constitue sans doute dans le domaine du transport maritime une nouveauté considérable,
sur laquelle nous reviendrons dans la suite de ce travail.
Un seul des 15 dolia est apparu estampillé : le n° 11 — à l'avant (?) de la rangée tribord (?)
— signe peut-être l'ensemble du dispositif : il porte, imprimées côte à côte, deux marques,
parfaitement lisibles sur les photographies, prises par 60 m de fond (fig. 29), mais dont la lecture
a été faite immédiatement sur des empreintes prises à la pâte à modeler par les fouilleurs (fig. 30) :
Cfamsj J]lRANVS/FELIX.FEC(7iA dans un cartouche de 92 χ 38 mm et C(aius) PIRANVS/
PHILO MVSVS . F(ecit), dans un cartouche de 105 χ 45 43. Ces estampilles prennent tout leur intérêt
du fait que l'épave à dolia â'Ile-Rousse présente l'estampille C(aius) PIRANVS/PRIMVS.FEfc/i;44
et que l'épave chargée elle aussi de dolia de La Garoupe à Antibes nous a livré les marques C(aius)
PIRANVS/CERDO FEC(it) et, associées sur le même dolium, C(aius) PIRANVS/SOTERICVS et
C(aius) PIRANVS/FELIX.FEC^YJ45. Ce dernier personnage est donc commun à l'épave de La
Garoupe et à celle du Petit-Congloué. C. Piranus Philomusus était, au contraire, inédit, jusqu'à ce
qu'un des dolia de l'épave de Diano Marina, récupéré dans l'été 1984, ait montré, imprimés côte à
côte, les marques de C(aius) PIRANVS PRIMVS, présente déjà sur l'épave A" Ile-Rousse, et de
C(aius) PIRANVS PHILOMVSVS, comme au Petit-Congloué. Les dolia de ces quatre épaves ont
donc une même origine, la fabrique des Pirani : on connaît désormais CERDO, FELIX, PHI
LOMVSVS, PRIMVS, SOTERICVS, et l'on a tout lieu de penser qu'ils devaient exercer leur activité
en Italie, à Minturnes ^.
La présence de la marque des Pirani sur les dolia des épaves d'Ile-Rousse et de Diano Marina,
que nous tendons à dater vers le milieu du Ier siècle 47, est le seul et trop vague indice dont nous
disposions pour situer les dolia et l'épave du Petit-Congloué. Ils n'en doivent pas être très loin, mais
toute véritable preuve nous manque.
BIBLIOGRAPHIE
— Exposition Arles, 1983 (B. Liou).
41. Couvercles semblables sur les dolia des épaves de Diano Marina (infra, p. 102) et d'Ile-Rousse (in
fra, p. 114).
42. Notre conviction à cet égard repose sur le fait que les six navires à dolia que nous connaissons complètent
leur cargaison par des amphores vinaires (Dr. 2-4) : cf. infra, p. 169, et que les dolia sont d'autre part enduits de poix.
43. Mesures prises sur les empreintes faites à la pâte à modeler, qui peuvent avoir subi de légères
déformations.
44. Infra,'p. 116 et fig. 93-94.
45. Cf. P. Fiori, Etude de l'épave A de La Garoupe, dite des dolia, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, I,
1972, p. 39-40.
46. Infra, p. 170, et, pour les dernières découvertes de Diano Marina, p. 106.
47. Infra, p. 106.

44 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3. — L'épave du GRAND-ROUVEAU (Baie de Bandol, Var)
Elle gît par 35 mètres de fond, dans la baie de Bandol, à l'Ouest de l'île du Grand-Rouveau
(fig. 31). Déclarée en octobre 1975 par M. René Maillard, elle a fait dans le même mois, et pendant
trois jours 48, l'objet d'un sondage de la Direction des recherches archéologiques sous-marines, avec
prélèvement d'un échantillonnage important de matériel amphorique. Le gisement, à vrai dire, était
déjà pillé depuis plusieurs années, mais avec discrétion; le pillage s'est intensifié après le départ de
Y Archéonaute. R. Maillard est alors intervenu, avec l'accord de la DRASM, pour sauver ce qui
pouvait encore l'être : nous lui devons la céramique, les ancres et les pièces métalliques que nous
présentons plus loin. Par ailleurs, un certain nombre d'amphores ont été récupérées par la suite chez
des plongeurs.
Le gisement apparent mesurait 15 m sur 8 environ, orienté Nord-Sud. Il était, au moment où
est intervenue l'équipe de la DRASM, creusé en son centre d'une excavation témoignant du pillage
en cours. Un filet souple de 10 χ 5 m a été installé au-dessus des amphores apparentes qui, par
places, étaient encore alignées en bon ordre (fig. 32 à 34); il a été déplacé une fois vers le Sud, pour
doubler la superficie du sondage. Pour chaque position du filet, un croquis rapide a été dressé dans
le but de repérer la position des amphores qui allaient être remontées (fig. 35, 1 et 2).
Les amphores Dressel 2-4 (fig. 36-39) constituent la cargaison du navire. L'échantillonnage que
nous avons étudié comprend 1 1 amphores entières, 23 amphores incomplètes 49, 7 hauts d'amphores,
2 panses sans la pointe, 34 panses et pointes. Ces amphores se caractérisent par une très grande
homogénéité; leur pâte est généralement rouge, à grains bien visibles de dégraissant blanc. Après
leur sortie de l'eau, elles se conservent mal et tendent à tomber progressivement en poussière. C'est
la raison pour laquelle elles apparaissent plus sombres sur les photos, les concrétions s'étant
détachées avec la poudre (cf. R5, R7, R9). Certaines, qui ne sont pas pulvérulentes, présentent une
pâte plus brune, mais cependant toujours abondamment chargée de dégraissant blanc et de mica
(R8 par ex.). Peut-être une meilleure cuisson est-elle à l'origine de cette meilleure conservation ?
W. Bebko a signalé ces deux mêmes variétés sur l'épave Cavallo 1, dont les amphores ont, d'ailleurs,
une parenté de forme avec celles du Grand-Rouveau50.
S'il faut noter en effet deux exemplaires se signalant par leur plus haute taille et leur panse
un peu plus fuselée (R5 et RIO), les caractères morphologiques des onze amphores entières retirées
du chargement présentent eux-aussi une grande homogénéité, les différences de détail tenant
essentiellement au caractère artisanal de la fabrication. La lèvre est toujours très marquée, en
bourrelet, de forme arrondie ou triangulaire (très au-dessus du départ des anses pour les
exemplaires R6 et RIO seulement). Les anses, faussement bifides, comme dans pratiquement toute
la production des 2-4 de Tarraconaise, présentent un angle bien marqué (excepté R4) et sont dans
l'ensemble hautes et verticales. Le col se rétrécit à peu près à mi-chemin entre les soudures hautes
et basses des anses. La panse ogivale s'affine en une pointe assez longue, dont la courbe, reprenant
celle du col, amorce un léger évasement à l'extrémité.
48. Les 20, 21 et 22 octobre 1975. Etaient embarqués sur L'Archéonaute, commandé par le Maître principal
A. Magania, B. Liou, P. Grandjean, R. Lequément, J.-C. Le Boulch (DRASM), R. Maillard et deux plongeurs du
Centre d'essai de la Spirotechnique à l'île des Embiez, Mlle H. Garde, MM. Fourtines, P. Magania, D. Orsolini,
M. Ouvrieu.
49. Il s'agit en fait d'amphores à qui seule une petite partie fait défaut, le plus souvent un morceau du col
ou de la lèvre, une anse, le bout de la pointe ou de celles qui ont un trou dans la panse.
50. Infra, p. 119.

31. Situation de l'épave du Grand-Rouveau.
γ -JOUUf/u
3000 rn
Û£S £M8J£Z
4- ι ûu βγούνε au *

46 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
32. Grand-Rouveau. Aspect du gisement.
On trouvera dans le tableau qui suit les principales mesures concernant ces onze amphores
entières, auxquelles nous avons ajouté l'amphore RI 2, qui est privée de ses anses :
N°
RIO
R 5
R 2
R 3
R 6
R 9
R 7
R 4
RII
R 1
R 8
R12
Moy.
HAUTEUR
107,5
107
102
102
102
102
101
100
99
99
99
99
101,62
DIAMÈTRE
30 cm
28 cm
30 cm
31 cm
30 cm
30 cm
29 cm
30 cm
32 cm
31 cm
31 cm
31,5 cm
30,29 cm
POIDS
16 kg
18 kg
18 kg
15,5 kg
15,5 kg
18 kg
16 kg
16 kg
16 kg
16 kg
18 kg
15 kg
(sans les anses)
16,63 kg
CAPACITÉ
28,5
26,5
25
27
26,5 1
25,5 1
23 1
27 1
27,5 1
28 1
27 ]
29 ]
26,7 1
RAPPORT C/P
1,78
1,47
1,38
1,74
1,70
1 1,41
1,43
1,68
,71
,75
1,5
1,59

ÉPAVES DE TARRACONAISE 47
33. Grand-Rouveau. Amphores en place.
34. Filet souple et numérotage sommaire des amphores.

48 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU

s
ÉPAVES DE TARRACONAISE 49

50
R1
R4
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
36. Grand-Rouveau. Amphores Dressel 2-4. ο 5 -fo -t» 20 cm

R4
ÉPAVES DE TARRACONAISE 51
37. Grand-Rouveau. Amphores Dressel 2-4.

52 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
38. Grand-Rouveau. Amphores Dressel 2-4.
R11

ÉPAVES DE TARRACONAISE 53
R10
39. Grand-Rouveau. Amphores Dressel 2-4.
R11

54 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
Toutes les estampilles repérées sur les amphores de l'épave du Grand-Rouveau sont situées sur
la pointe. Sur les 68 pointes conservées représentant donc 68 amphores « estampillâmes », nous
avons relevé 30 marques, dont 11 sont illisibles et 4 sont des graffiti faits avant la cuisson. Le
pourcentage de matériel estampillé est donc d'environ 44 %. La liste des timbres s'établit comme
suit (fig. 40 et 41) :
1 . Interprétation la plus vraisemblable d'une estampille ronde, diam. 17 mm, sur
2 pointe R31 et pointe R42 : le deuxième exemplaire est écrasé et très mal lisible,
mais le dessin se superpose à celui de R31. Sur celle-ci figure également :
3 A Graffito avant cuisson, h. 40 mm. Cet A n'a pas de barre horizontale, mais une barre
parallèle à celle de gauche, et qui vient couper celle de droite.
4 ÂLB Rectangulaire, 28 χ 17 mm, sur amphore R6. Cf. Pascual, n° 3 et 3a, p. 51 et fig. 4,
p. 77, n° 2, 3, 12 et 15 : Can Pedrerol de Baix. Une vingtaine d'exemplaires en
cartouche rectangulaire, une quinzaine en cartouche circulaire; les poinçons sont
différents du nôtre, mais présentent la même ligature entre A et L; l'amphore p. 76
fig. 3, n° 3 , portant les estampilles ÂLB et MA, ressemble peu à celles du
Grand-Rouveau.
5 ÂLB Estampille ronde, diam. 22 mm, sur amphore (incomplète) RI 5. N'est pas
absolument semblable à Pascual p. 77, fig. 4, n° 3, de Can Pedrerol.
6 ALBA Rectangulaire, 30 χ 19 mm, sur amphore RI 2, avec la trace d'un second cartouche,
illisible. Le Β est ici — comme dans les marques de Can Pedrerol — petit et situé
au-dessus du L; cf. Pascual, p. 77, fig. 4, n° 2, 12, 15. Notre estampille compte une
lettre de plus, indubitable mais mal lisible, A, probablement. Cf. ÂLBA, d'un autre
poinçon, sur Sud-Lavezzi 3, infra, p. 137 et fig. 109.
7 AM Rectangulaire, 27 χ 24 mm, sur pointe R72. On retrouve ce timbre, mais dont les
lettres sont ligaturées, sur les épaves Chrétienne H et Sud-Lavezzi 3 (infra p. 79 et
137).
8 Β Ovale, 16 χ 20 mm, sur pointe R39. Lecture seulement probable. Cf. Pascual n° 81,
p. 62 et p. 87, fig. 14, 11 et 13 : musée de Mataró, en provenance de Torre Llauder
(= Beltrân n° 43 et fig. 46, 23).
9 Β Ou dessin en forme de deux arceaux contigus, sans cartouche, L. 28 mm, sur pointe
R43.
10 BAL Retro, rectangulaire, 33 χ 18 mm, sur pointe R47. Une seule lettre vraiment
certaine : le A central.
11 L Retro (?), rond, diam. 19 mm, sur pointe R32, à côté d'une estampille rectangulaire
illisible.
12 M Rond, diam. 19 mm, sur pointe R45 et amphore incomplète R71. Même poinçon,
13 probablement. Cf. Pascual n° 28, p. 54 et p. 79, fig. 6, 9, de l'atelier de Can Tintorer.
14 Ο A Ovale, 22 χ 19 mm, sur pointe R44. Cf. Pascual, n° 30, p. 54 et p. 79, fig. 6, 1 1 (Can
Tintorer) et n° 116, p. 64 et p. 88, fig. 15, 23 (Torre Llauder).
15 Graffito avant cuisson sur amphore R4, pointe 41, pointe R78. Cf. Pascual n° 112,
16 PF p. 63 et p. 89, fig. 16, 6 (Torre Llauder). Marque identique sur pointe d'amphore
17 Dressel 2-4 de l'épave d'Ile-Rousse51 .
51. Infra, p. 110.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 55
18 QVA Rectangulaire, 37 χ 20 mm, sur panse R79. L'estampille est très usée et la lecture
est difficile, mais pratiquement certaine.
Callender,Jl510b, p. 232 : QVA associée à DE circulaire, Rome, CIL, XV,
3540; 1510 c : QVÀ et IVC retro : Chateaumeillant, CIL, XIII, 10002, 506; autre ex.,
Capestang, « Le Rey » : Lamour-Mayet, 1980, n° 34.
QVA seule, Narbonne, ibid., no 33; Glanum : H. Rolland, Gallia, II, 1944,
p. 202, fig. 37, 8; Fos-sur-Mer, Amar-Liou, n° 87; Minorque (Alayor) : M. Belén,
M. Fernandez Miranda, 1979, fig. 69, 17.
Sans ligature, épave Chrétienne H, 10 exemplaires52, une fois associée à S AB,
de même qu'à Luni (S. Lusuardi Siena, dans Scavi di Luni, II, Rome 1977,
p. 242-243 et pi. 144,6 et 152,8); seule, et associée à QÂE, gisement « A » proche
de la Chrétienne (cf. Chrétienne H); seule, inédite, dépôt de Bastia, sur une
amphore semblable à celles de Chrétienne H et de Sud-Lavezzi 3 et qui vient des
bouches de Bonifacio (inv. A. 64.218.1); associée à SOS, Rome, CIL, XV,
3530 = Callender, 1652 b, p. 252 et sur l'épave Grand-Ribaud D, fouillée par
A. Hesnard, chargée au demeurant de vin contenu dans des dolia et des amphores
Dr 2-4 de Campanie (cf. infra, p. 170).
Cf. d'autre part QVÂT3 sur les amphores de Sud-Lavezzi 353 et QV, estampille
ronde sur pointe de Dr. 2-4 à Fos-sur-Mer (Amar-Liou, n° 86) et sur l'épave de
Diano Marina5*.
Il résulte de rapprochements faits par C. Santamaria que la marque QVA est
probablement originaire de Can Tintorer. Elle a été trouvée tout près à Sant Boi
de Llobregat (rens. R. Pascual).
19 TCL Rectangulaire, 36 χ 17 mm, sur amphore incomplète R37. La même estampille,
due certainement à la même matrice (même incertitude sur la première lettre) se
trouve à Ostie (Tchernia-Zevi, 1972, p. 63, fig. 5, n° 6) sur la pointe d'une amphore
à pâte rouge et points blancs.
20 TRA[...] Rectangulaire, 36 χ 13 mm, sur amphore R3. Seul le A est sûr.
21 ? Rectangulaire, 39 χ 12 mm, sur amphore incomplète R40. Estampille de lecture
complètement incertaine.
Sont d'autre part illisibles ou anépigraphes :
22 Rectang., 36 χ 16 mm, sur amphore incomplète RI 9.
23 Petit cachet carré sur pointe R77.
24 Cachet rond, diam. 23 mm, anépigraphe, sur pointe R32.
25 Rond, diam. 19 mm, sur pointe R26.
26 Rond, diam. 18 mm, sur pointe R36.
27 Trace d'estampille ronde sur pointe R46.
28 Trace d'estampille ronde sur amphore RIO.
29 Trace de deux estampilles superposées sur amphore incomplète R35.
52. Infra, p. 84.
53. Infra, p. 138.
54. Infra, p. 101.

56 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
R
hZ
Λ19
40. Grand-Rouveau. Estampilles sur amphores Dressel 2-4.
8.33
R B8

ÉPAVES DE TARRACONAISE 57
41. Grand-Rouveau. Marques sur amphores Dressel 2-4.
30 Trace incertaine d'estampille rectangulaire sur pointe R27.
N.B. — 30 estampilles sont inventoriées pour seulement 29 amphores estampillées, R31 étant prise
en compte deux fois (n° 1 et 3).
Quelques pièces de céramique ont été, en sus des amphores, retirées de l'épave. Ce sont d'abord
deux assiettes de sigillée aretine de forme Goudineau 43 55. La plus grande (fîg. 42,1) a un diamètre
de 35,2 cm; le fond interne est décoré, à mi-distance du centre et du bord, de deux rangs de cercles
concentriques. Au centre, se trouve une estampille dans un cartouche en forme de plante de pied
(fig. 42,2) : CN(ei) AMARANTE, c'est-à-dire le nom du potier Cneius Ateius Amarantus exprimé
par le praenomen et le cognomen seulement : il semble bien que cette forme de l'estampille, avec
Amarant(i) entièrement développé, excepté la désinence, soit attestée en l'occurence pour la
première fois 56. La deuxième assiette est de dimensions très nettement inférieures : son diamètre est
55. C. Goudineau, La céramique aretine lisse (Fouilles de l'Ecole française de Rome à Bolsena, Poggio Moscini,
1962-1967, 4), suppl. 6 aux MEFR, Paris, 1968, p. 308.
56. Cf. A. Oxé- H. Comfort, Corpus Vasorum Arretinorum, Bonn, 1968, n° 146-153, p. 61-63. On trouve la
marque sous la forme des tria nomina (n° 146, 147, 148, 149, 153), du cognomen seul (n° 57), et probablement des
praenomen plus cognomen abrégé : cf. 148, 8, 3-7 et 9, 22, 1, où CN.A.M., CNAM, C.N.A.M. et C.NAM peuvent tous
se lire Cn(ei) Am(aranti), sans qu'on suppose une correction nécessaire pour lire Cn(ei) A(tei) Am(aranti) — et la
remarque de H. Comfort, ibid., p. 62 : "Some of the foregoing should probably read ΑΛ ou AA (cf. 147 and 153)
instead of M", reprise d'un article plus ancien, Late Ateius Signatures, dans Rei Cretariae Romanae Fautorum Acta
IV, 1962, p. 21. Les estampilles n° 150, 6, 7 et 8 : CN.AM strigilis peuvent de même se lire Cn(ei) Am(aranti).

58 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
Est. éch. 2 : 3
42. Grand-Rouveau. Céramique aretine (1-4),
marmite (5), mortier (6).

ÉPAVES DE TARRACONAISE 59
de 13,6 cm seulement (fig. 42,3). Le pied, relativement haut, est à double inflexion et non pas
rectiligne comme celui de la pièce précédente. A l'intérieur, le décor se compose simplement de
deux rangs de deux cercles concentriques à mi-chemin du centre et du bord et de deux autour de
l'estampille in planta pedis, qui se lit MVRRI, avec un petit I au-dessus du pied du R57 (fig. 42,4).
La céramique commune est représentée par :
a) un mortier : deux fragments du même objet, à pâte rose, homogène, dégraissant apparent.
Le diamètre est de 33 cm et la hauteur sous le marli de 6 cm. L'intérieur a été rendu rugueux par
ajout de sable avant la cuisson. On remarque des petits cristaux gris mélangés à d'autres grains
sombres, probablement d'origine volcanique. Le marli est muni d'un bec verseur pour évacuer le
produit trituré, et percé d'un trou rond, fait sans doute après la cuisson et peut-être destiné à
permettre l'accrochage (fig. 42,6);
b) une marmite, à fond légèrement bombé et lèvre débordant à l'extérieur, à pâte rouge,
noircie en surface par la fumée. On y discerne un dégraissant fait de gros grains cristallins et de
gros grains noirs, avec de petites paillettes de mica doré. Trois fragments du bord nous permettent
de restituer un diamètre d'environ 21 cm. La hauteur reste incertaine58 (fig. 42,5);
c) une petite cruche, à une anse, dont il manque le haut du col et la lèvre, à embouchure
étroite, col tronconique s'élargissant vers une panse ronde et base relativement large (haut. max.
19,2 cm, diam. max. 14,7 cm). La pâte est homogène et plutôt fine, beige rosé, et l'intérieur est
encore tapissé de poix (fig. 43).
Le matériel trouvé sur l'épave comprend enfin un certain nombre de pièces de métal, qui sont
en relation directe avec le navire et son armement. Nous ne saurions indiquer précisément l'usage
du premier récipient que nous citons et dont on a, par ailleurs, retrouvé des équivalents sur d'autres
épaves : il s'agit d'un grand vase de plomb (fig. 44) trouvé passablement écrasé, mais auquel M. Jean
Bouis a su rendre sa forme originelle, haut au maximum de 20,6 cm, d'un diamètre à la base —
bombée et non pas plate — variant de 37,5 à 39,5 cm et à l'ouverture de 18,3 à 19,1 cm, avec un
bord en collerette d'une hauteur maximale de 2,3 cm. Il présente une ressemblance frappante avec
un « récipient en plomb de grandes dimensions » de l'épave de Diano Marina59, avec un autre de
l'épave Dramont D, datée du milieu du r s. ap. J.-C. 60 et, semble-t-il, un troisième de l'épave à dolia
de la Garoupe à Antibes61.
57. Parmi les très nombreuses estampilles de (Caius) Murrius (CVA, n° 1038 et s.), le n° 1040, 3, p. 269 et 270,
possède un timbre in planta pedis où le I final est écourté en bas, et qui pourrait ressembler au nôtre.
58. Nous n'avons pas, pour cette pièce non plus que pour la précédente et la suivante, cherché systématique
ment des objets de comparaison. On peut dire qu'il s'agit du type 4 de M. Vegas, Ceramica comiin romana del
Mediterraneo occidental, Barcelone, 1973, p. 20 et 21, fig. 5, "à bord horizontal ou incliné vers le bas",qui se répand
partout au Ier s. av. J.-C. et subsiste au Ier s. après. On trouvera par exemple de ces marmites sur l'épave d'Albenga
(N. Lamboglia, La nave romana diAlbenga, dans Revue d'Etudes Ligures, XVIII, 1952, p. 171 avec fig. 30 et 172, n° 10
et surtout 1 1 et 12) et sur celle de la Madrague de Giens (M.-F. Giaccobi, dans A. Tchernia et coll., L'épave romaine
de la Madrague de Giens (Var), XXXIVe suppl. à Gallia, Paris, 1978, p. 66-67 et pi. XXII, 11), à Vintimille dans les
couches de la fin du Ier s. av. J.-C. (N. Lamboglia, Gli scavi di Albintimillium e la cronologia della ceramica romana,
Bordighera, 1952 (rééd. 1979), p. 107 et p. 108, fig. 54, n° 40-41) et à Haltern à l'époque augustéenne (S. Loeschcke,
Keramische Funde in Haltern, dans Mitteilungen der Altertumskommission fur Westfalen, V, Bonn, 1909, type 56,
p. 237-239 et fig. 31, 0 et 12).
59. Exposition Gênes, 1983, n° 46, p. 117-118. Dimensions légèrement plus grandes qu'au Grand-Rouveau
(haut. 32 cm, diam. bord 22-23 cm, diam. fond 40 cm). Diverses hypothèses sur cet objet sont avancées par
D. Gandolfi, dont aucune, de son propre aveu, ne s'impose.
60. J.-P. Joncheray, Etude de l'épave Dramont D : les objets métalliques, dans Cahiers d'archéologie sub
aquatique, IV, 1975, p. 12, Haut. 24,8 cm, diam. 32,1 cm.
61. F. Benoit, 1958, p. 33; P. Fiori, Etude de l'épave A de La Garoupe, dite des dolia, dans Cahiers d'archéologie
subaquatique, I, 1972, p. 35. Haut, environ 25 cm, diam. 46 cm.

60 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
43. Cruche.
Nous nous contenterons de simplement signaler un clou de bronze et des concrétions ferreuses
qui semblent être pour la plupart des moulages de clous et dont certaines portent encore des
lambeaux du bois de la coque.
Des débris de feuille de plomb, épais de 5 mm environ, appartiennent incontestablement à un
réservoir destiné à recueillir les eaux aspirées par la pompe de cale en vue de leur évacuation : nous
avons en effet, de ce réservoir, un fragment assez bien conservé (fîg. 45 et 46), qui est probablement
un des petits côtés du parallélépipède (31,5 à 32 cm χ 25 cm), avec un angle et l'amorce de deux
autres côtés, et aussi l'amorce d'un tuyau, qui s'enfonce dans une ouverture de la cuve et est rabattu
et soigneusement maté à l'intérieur, alors que le plomb de la cuve elle-même est redressé autour
du tuyau, dont le diamètre est alors de 5,5 cm environ. Deux fragments de tuyau, de 70 cm et 44 cm
de long et de 5 cm de diamètre, ont été retrouvés à proximité de ce réservoir et font incontestable
ment partie du même ensemble (fig. 46).
Un tel dispositif peut être considéré comme bien connu : par l'épave de Palamos d'abord, sur
laquelle ont été retrouvés deux tuyaux de 2 m environ chacun et de 5 cm de diamètre reliés aux
deux côtés opposés d'un réservoir long de 40 cm. Dès 1961, C. Vidal Sola et R. Pascual Guasch
avaient émis l'hypothèse que les eaux de la cale étaient collectées dans ce réservoir, situé au niveau
du pont, et évacuées par les tuyaux, à bâbord ou a tribord selon la gite du navire62. L'épave du Cap
des Mèdes à Porquerolles, explorée par Frédéric Dumas avec Yves Chevalier en 1966, a tout à fait
confirmé cette hypothèse : deux tuyaux de 9 mm de diamètre, longs de 3 m, situés en travers de
l'épave, aboutissent au bas des faces opposées d'un bac en plomb de 63 χ 61 cm pour une
profondeur de 34 cm, tombé, lors du naufrage, dans le puits de la pompe de cale63 (fîg. 47). De
62. C. Vidal Sola et R. Pascual Guasch, El pedo de Palamos, dans Actes du IIIe congrès international
d'archéologie sous-marine (Barcelone, 1961), Bordighera, 1971, p. 124, fig. 5 et 125-126. Voir aussi, sur ce sujet,
P. A. Gianfrotta et P. Pomey, Archeologia subacquea, Milan, 1981, p. 291.
63. A. Tchernia, 1969, p. 476-478. F. Dumas, Trente siècles sous la mer, Paris, 1972, p. 198-219. L'ensemble
du bac et des tuyaux a été récupéré en septembre 1970, lors d'une brève campagne de L'Archéonaute, dirigée par le
Contre-Amiral Duray et F. Dumas, et déposé au Fort Saint-Jean.

44. Vase
en plomb
46. Le même bac,
vu de
l'intérieur,
et éléments
de tuyauterie.
ÉPAVES DE TARRACONAISE 61
45. Grand-Rouveau.
Vestiges
du bac
collecteur
des eaux
de sentine.

62 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
47. Epave du cap des Mèdes à Porquerolles : le collecteur et les tuyaux attenants (Photos Frédéric Dumas).

ÉPAVES DE TARRACONAISE 63
48. Grand-Rouveau. Coussinet d'axe à ailettes, en bronze.
49 et 50. Grand-Rouveau. Jas d'ancres en plomb.
son côté, Claude Santamaria a découvert en 1977 sur l'épave Chrétienne H un bac fait d'une seule
feuille de plomb, repliée sans entaille ni soudure, de 45 χ 35 χ 16 cm de profondeur, d'une
contenance d'environ 25 litres, qui garnissait sans doute l'intérieur d'une caisse en bois dont des
fragments sont restés collés sur le métal. Un tuyau d'évacuation, feuille de plomb roulée et soudée
de 3,8 cm de diamètre, sort de l'un des côtés, et la face opposée est percée d'un trou où prenait
place, sans aucun doute, un tuyau disparu. Tout près de l'endroit où a été trouvé ce matériel, les
fouilleurs ont découvert trois bagues à collerette en bronze : deux d'entre elles sont semblables, avec
un alésage tronconique de diamètre 44-49 mm, et contenaient l'une et l'autre les restes d'un axe de
49

64 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
\j\
51. Le jas d'ancre inscrit au nom de Q. Fabi.
52. Grand-Rouveau. Concrétion gardant la forme d'une ancre en fer (organeau, verge et l'une des pattes).
On aperçoit des lambeaux du pont du navire.
10 cm

ÉPAVES DE TARRACONAISE 65
bois. La troisième a une collerette munie de deux pattes rectangulaires opposées, percées d'un trou
de fixation. Son alésage est conique; elle contenait, au moment de la découverte, l'une des pièces
dont il vient d'être question64.
Or, l'épave du Grand-Rouveau a livré elle aussi un tel coussinet d'axe en bronze, à ailettes
trapézoïdales, dont la largeur hors tout est de 17 cm, le diamètre extérieur de 10,5 cm, le diamètre
intérieur de 7,5 cm et la hauteur de 3,2 cm (fig. 48).
De telles pièces, dont la découverte n'est plus rare65, ont été identifiées sur les navires de
Nemi ^ comme les bagues ou les coussinets des axes de la noria qui servait à puiser l'eau de la cale
et à l'élever jusqu'au niveau du pont : jusque dans le collecteur de plomb, par conséquent, retrouvé
tant sur l'épave Chrétienne H que sur celle du Grand-Rouveau.
Les vestiges de trois ancres ont été repérés sur l'épave du Grand-Rouveau et récupérés. Ce sont
d'abord les jas en plomb de deux ancres dont la verge et les pattes de bois ne sont pas conservées.
Le plus grand a une envergure de 133 cm et un boîtier de 21,5 χ 17,5 cm. Il est inscrit au nom de
Q(uinti) FABI (sans cognomeri), le propriétaire ou l'armateur du navire67 (fig. 49 et 51).
Le second ne porte pas de marque. Son boîtier est carré (19 χ 19 cm) et sa longueur totale
est de 122 cm. Ses bras sont dissymétriques : l'un est rectiligne et l'autre légèrement incurvé (fig. 50).
La forme d'une ancre en fer, dont il ne reste apparemment guère de métal, a été conservée
par la concrétion calcaire qui s'est formée autour d'elle (fig. 52). Elle mesure, de la pointe au
sommet de l'organeau, 2,98 m. Il reste les vestiges d'une patte, sur une longueur — presque complète
— de 0,92 cm. L'organeau a un diamètre de 30 cm. Des fragments de bois métallifiés sont collés
à la concrétion; certains présentent, dans le can, des traces de mortaises : il s'agit probablement de
lambeaux du pont du navire.
En ce qui concerne la datation de cette épave du Grand-Rouveau, les deux pièces de céramique
aretine, incontestablement tardives, apportent une indication : elles la rapprochent au demeurant
de l'épave de Diano Marina. La forme des amphores, la marque PF incisée l'apparentent aux épaves
Cavallo 1 et à1 Ile-Rousse, elles-mêmes proches l'une de l'autre (variété d'amphores, marques MÀXI
et P.TE) et proches de Diano Marina : on est tout près, sans doute, du milieu du rr siècle.
BIBLIOGRAPHIE
— Exposition Amibes, 1983, p. 47 (B. Liou).
64. Cf. C. Santamaria, L'épave «H» de La Chrétienne, dans Archaeonautica, 4, 1984, p. 50-51.
65. Voir, par exemple, les coussinets à ailettes de l'épave du Cap del Voi (prov. de Gerona), d'époque
augustéenne : F. Foerster, A Roman wreck off Cap del Vol, Gerona, Spain, dans International Journal of Nautical
Archaeology, 9, 1980, p. 245 et 247, fig. 4, et F.J. Nieto et F. Foerster, El pedo romano del Cap del Vol (Campahas
de 1978 y 1979), dans Cypsela, III, 1980, p. 172-173 avec fig. 9.
66. G. Ucelli, Le navi di Nemi, Rome, 1950, p. 181. Les problèmes évoqués ici et le matériel afférent ont été
étudiés dans une thèse de 3e cycle soutenue en 1983 à Aix-en- Provence par Marie-Brigitte Carre, Gréement et
équipement des navires de commerce romains d'après les documents archéologiques, et réexaminés par M.-B. Carre et
M.-P. Jézégou, Pompes à chapelet sur des navires de l'Antiquité et du début du Moyen Age, dans Archaeonautica, 4, 1984,
p. 115-143.
67. Cf. les exemples donnés par P.A. Gianfrotta dans Gianfrotta-Pomey, op. cit., p. 109 et Ancore "romane".
Nuovi materiali per lo studio dei traffici marittimi, dans The Seaborne Commerce of Ancient Rome : Studies in
Archaeology and History, Memoirs of thè American Academy in Rome, XXXVI, 1980, p. 1 10-1 12. On ajoutera les trois
jas de l'épave Sud-Lavezzi 2 marqués Ap(pi) Ser(-gi?-uili?..) et surtout, le jas de l'épave Dramont A, marqué SEX.AR,
le nom même — Sex(ti) Arri M(arci) f(ili) — qui figure sur les opercules de pouzzolane des amphores de la cargaison :
Cl. Santamaria, Nouvelles recherches sur l'épave « A » du cap Dramont. Qui était l'armateur du navire ?, dans Annales
du Sud-Est varois, VII, 1982, p. 7-9.

66 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
4. — L'épave des FOURMIGUES (Hyères, Var)
31 amphores entières, 2 amphores sans fond, 16 cols, 2 pointes, représentant au moins
49 objets différents, font partie du matériel saisi chez un plongeur par la Brigade de Gendarmerie
d'Hyères, le 4 janvier 1984 68. Elles appartiennent incontestablement à une épave, non déclarée et
restée jusqu'alors inconnue, qui se situe par 54 mètres de fond non loin des rochers connus sous
le nom des Fourmigues près de la presqu'île de Giens (Hyères, Var) (fig. 53)(69).
Ces amphores sont souvent recollées et les collages maquillés à grand renfort de ciment et de
fausses concrétions. De fait, en dépit d'une grande robustesse apparente, elles sont pratiquement
toutes fêlées et tendent à éclater. Elles sont entre elles d'une grande homogénéité (fig. 54 et 55) :
hautes (105 cm environ), avec une lèvre à profil triangulaire, des anses tombant très droites assez
près du col, un renflement très caractéristique à la liaison du col et de la panse, une panse
régulièrement fuselée et une pointe plutôt fine, une argile beige-orangé à dégraissant de sable gris
ou noir et paillettes de mica doré, avec parfois un engobe brun clair (pointe n° 56, par exemple,
ou amphore n° 33).
Sur 33 amphores « estampillâmes » (les cols ne portent aucune estampille), 7 seulement
portent des marques sur la pointe (fig. 56) :
— pointe n° 56 PHIL retro, dans un cartouche rectangulaire de 3,2 χ 1,8 cm;
— pointe n° 57, même marque;
— amphore n° 33, même marque, associée à un graffito fait avant cuisson, R, haut de 6,5 cm;
— amphore n° 66, même marque, associée à un graffito fait avant cuisson, apparemment un F, haut
de 2,6 cm;
— amphore n° 71, même marque, associée à un graffito fait avant cuisson, interprétable peut-être
comme LIC(?);
— amphore n° 36, même marque, associée à une estampille carrée (2,4 χ 2,5 cm) PH;
— amphore n° 70, marque PH, associée à une estampille rectangulaire (2 ,4 χ 1,9), CRI, dont une
excroissance de pâte, qui la barre en son milieu, tend à brouiller la lecture.
Cette marque CRI nous semble jusqu'ici inconnue; d'autre part, si des marques homonymes
PH, PHIL, PHIL etc. apparaissent fréquemment sur divers types d'amphores, nous n'en trouvons
pas de tout à fait semblables à celles de l'épave des Fourmigues : ni PHIL de Chrétienne H et
Sud-Lavezzi 3, dont le poinçon est trop différent70, ni PHIL de Sot del Camp, qui figure, au
demeurant, sur amphore Pascual 1 71. C'est donc moins le libellé précis de ces estampilles que leur
présence même et celle de graffiti imprimés avant cuisson sur la pointe de ces amphores, qui, en
même temps que leurs caractéristiques morphologiques et techniques, nous incitent à attribuer à la
Tarraconaise l'origine de cette cargaison.
68. Expertise de B. Liou le 10 janvier 1984. Les numéros 21 à 57 et 63 à 76 ont été à cette occasion attribués
aux amphores ou fragments de cette épave.
69. La position qui nous a été d'abord indiquée (par 70 m de fond au large de la pointe d'Escampobariou)
était sensiblement inexacte, et il convient de réviser l'appellation « épave d'Escampobariou » à laquelle ont fait écho
C. Santamaria et M. L'Hour dans leurs études sur la Chrétienne H et sur Planter 1 (Archaeonautica, 4, p. 52, note 44
et p. 54, note 3).
70. Cf. fig. 63 et 108.
71. Pascual, 1977, n° 120, p. 65 et fig. 18, 9, p. 91.

53. Situation de l'épave des Fourmigues.
e/o Grotte/
'
-R
/50Qm.
Pf £SCAMPOBAmou
PRESQU '/LE DE GIENS

68 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
36
33
54. Epave des Fourmigues. Amphores Dressel 2-4.

36 66
ÉPAVES DE TARRACONAISE 69
55. Epave des Fourmigues. Amphores Dressel 2-4.
Huit amphores entières ont été rapportées à Marseille au Fort Saint- Jean et ont fait l'objet
d'un examen dont les principales données sont indiquées dans le tableau qui suit :
N°
33
36
66
69
70
71
73
74
Moy.
HAUTEUR
en cm
105
106,5
104
105,5
105
103,5
104,91
DIAMÈTRE
en cm
31,5
33
32
30,5
29
31,20
POIDS
en kg
19
18
20
15
18
CAPACITÉ
en 1
29
27
30
28,6
RAPP. C/P
1,52
1,35
2
1,62
74
OBSERVATIONS
Avait été recollée; s'est brisée
Fêlée
Recollée
Fêlée, a éclaté
Fêlée
Les amphores de l'épave des Fourmigues ne se prêtent à aucune comparaison précise et aucun
autre matériel n'étant connu qui provienne de cette épave, nous ne disposons d'aucune donnée
objective pour fixer sa chronologie.

70 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
pi Ι
-
■Sii
■^ L
56. Epave des Fourmigues. Estampilles des amphores.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 71
5. — L'épave DRAMONT Β (Saint-Raphaël, Var)
Située à 80 m environ dans le SE de l'écueil de l'Ile d'or, au cap Dramont (fig. 57), par fond
de 36 à 39 m, l'épave dite Dramont Β a été découverte en 1957 par Claude Santamaria. Seules ont
été publiées quelques lignes de F. Benoit dans sa chronique de I96072, ainsi que deux profils
d'amphores, dans une planche d'un article de J.-P. Joncheray n.
Dans un espace de 8 m χ 10 m tapissé de sable coquillier, limité par de gros rochers à l'Est
et à l'Ouest, et, au Nord, par une épaisse couche de posidonies, apparaissaient une quinzaine
d'amphores ou de fragments d'amphores Dressel 2-4, passablement dispersées (fig. 58). Aucune
fouille n'a été entamée. Il paraît vraisemblable que l'épave soit assez fortement ensablée et même
que la majorité du chargement se trouve sous l'herbier de posidonies.
Les amphores visibles en surface ont été à l'époque apportées par C. Santamaria et ses
coéquipiers au musée de Saint-Raphaël. A l'heure actuelle, une amphore (inv. 63.10.5) est exposée
au musée; deux panses et quatre amphores sont conservées au dépôt de Saint-Raphaël de la
Direction des recherches archéologiques sous-marines. Une d'entre elles a été découverte sur le site
en 1974 par un plongeur raphaëlois, M.F. Brunner (n° DRASM 25/74) .
Les amphores (fig. 59 et 60) sont de taille moyenne (90 à 97,5 cm), plutôt trapues et présentent,
d'un individu à l'autre, de petites différences concernant notamment la forme de la lèvre, des anses
ou du col, cintré ou non au niveau de l'attache avec la panse. Les anses sont de fausses bifides,
mais coupées à l'extérieur comme à l'intérieur d'un sillon profond. Comme il arrive souvent pour
les 2-4 de Tarraconaise, la pâte présente deux nuances, franchement rouge (59-10-4 et 63-10-6) ou
ocre-brun (les cinq autres exemplaires), le dégraissant figurant partout, mais plus visible dans la pâte
rouge. L'argile de l'amphore 59-10-1 contient également beaucoup de petits grains noirs, bien
visibles à la loupe, et celle de l'amphore 63-10-5 des inclusions de mica doré.
Deux de ces sept amphores sont estampillées sur la pointe (fig. 61). L'exemplaire 25/74 porte
une marque ronde de 21 mm de diamètre, entaillée de plusieurs encoches, que nous lisons avec
quelque doute, FI et une petite estampille ovale (16 χ 13 mm) où il faut reconnaître, peut-être, un
D. Ces deux marques ne nous sont pas autrement connues. L'amphore 59-10-1 porte, toujours sur
la pointe, deux estampilles rectangulaires dont l'une est à l'état de trace, avec les vestiges d'une
lettre, peut-être un A (?), et dont l'autre mesure 40 mm environ χ 19 mm, se termine par les lettres
IAS et est, probablement, CIAS : cette marque est présente sur l'épave Chrétienne H14 et est
certainement originaire de Can Tintorer75.
Nous avons retrouvé, dans les dépôts du Fort Saint- Jean, à Marseille, quelques autres pièces
provenant du Dramont Β et remises en 1958 à Fernand Benoit par Claude Santamaria. Ce sont tout
d'abord quatre cols d'amphores Dressel 2-4 (inv. C 83-86), qui ne nous apprennent rien de plus;
un autre col, en revanche (C 87), appartient à une amphore espagnole d'un autre type, représenté
peut-être sur l'épave de Palamos76 (fig. 62); d'une amphorette(C 89), que caractérisent une anse en
72. Benoit, 1960,p. 52-53.
73. J.-P. Joncheray, Etude de l'épave Dramont D, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, II, 1973, p. 31-32 :
le n° 24 est probablement l'amphore 63-10-5 conservée au musée de Saint- Raphaël; nous n'avons pas identifié
le n° 23.
74. Une fois seule, deux fois associée à ACAN, une fois associée à LEAN. Infra, p. 82.
75. Pascual, n° 23, p. 53 et fig. 6, 7 et 8, p. 79; fig. 7, 5, p. 80 .
76. C. Vidal Sola et R. Pascual Guasch, art. cité supra note 62, p. 121, fig. 3, 6.

57. Situation des épaves Dramont Β et Chrétienne H.
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ÉPAVES DE TARRACONAISE 73
58. Dramont B. Plan du gisement lors de sa découverte (C. Santamaria).

74 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
59. Dramont B. Amphores Dressel 2-4.
25.74
0 5 10

ÉPAVES DE TARRACONAISE 75
63.10.5 59.10.1 25.74
59.10.4 63.10.6
60. Dramont B. Amphores Dressel 2-4.

76 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
59.10.1 25.74
61. Dramont B. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
ruban plat, une pâte rouge brique clair et une couverte plus nettement brune (fig. 63), n'est conservé
que le haut (26 cm); sous le numéro C90 sont inventoriés divers tessons : des fragments de deux
fonds, un fragment de panse, de pots non vernissés, à pâte rouge clair, fortement poissés à l'intérieur;
trois menus morceaux d'un vase culinaire que le feu a noircis; et trois fragments de céramique fine :
a) le fond d'un plat arétin de 29 cm de diamètre, qui s'effritte complètement : le vernis externe a
disparu; à l'intérieur, il est criblé d'éclats, mais laisse voir encore sa qualité; deux paires de cercles
concentriques constituent le décor; il n'y a pas d'estampille; le pied est vertical, le plan de pose
large; b) une partie du fond d'une patere ou d'une assiette de bien plus petites dimensions, au très
63. Dramont B. Amphorette.
62. Dramont B. Col d'amphore (haut. 38,5 cm).

ÉPAVES DE TARRACONAISE 77
beau vernis rouge orangé; il est décoré d'un cercle et conserve la trace d'un cartouche rectangulaire
où se trouvait une estampille : on distingue, semble-t-il, une palme ; c) un petit fragment (6x3 cm)
de céramique à décor de bandes peintes brun-rouge (on distingue une bande large horizontale — sens
du tournassage — et le départ d'une bande oblique : décor à croisillons ?), qui est à coup sûr
ibérique.
Les « fragments corrodés » de céramique aretine avaient incité F. Benoit à dater l'épave de
la fin du premier siècle avant J.-C. 77; ce tesson ibérique nous fournit peut-être une raison plus
décisive de lui assigner une date haute : elle est, probablement, augustéenne; des premières années
du premier siècle de notre ère 78 ?
No
Panse 59-10-2
Panse 59-10-3
Amphore 63-10-5
Amphore 59-10-1
Amphore 25/74
Amphore 59-10-4
Amphore 63-10-6
Moyenne
MESURES DES AMPHORES DE L'ÉPAVE DRAMONT Β
HAUTEUR
91,5 cm
90 cm
91 cm
94 cm
97,5 cm
92,8 cm
DIAMÈTRE
MAXIMUM
30,8 cm
31,7 cm
29 cm
31,5 cm
32 cm
31,5 cm
32 cm
31,2 cm
POIDS À
VIDE (P)
19,6 kg
18,9 kg
17,2 kg
18,4 kg
18,5 kg
CAPACITÉ
(C)
26,4 1
27,2 1
26,8 1
RAPPORT C/P
(Nous remercions très amicalement Claude Santamaria qui nous a confié sa documentation et a mesuré pour
le poids et la capacité des amphores qui s'y prêtaient).
77. hoc. cit.
78. Sur la persistance jusqu'à l'époque augustéenne de la céramique ibérique, qui, dans la couche V de
Vintimille, par exemple, "sta a cavaliere della nascita di Cristo", cf. Ν. Lamboglia, La ceramica iberica negli strati
di Albintimilium e nel territorio ligure e tirrenico, dans Revue d'Etudes Ligures, 1954, p. 83-125 et notamment p. 103-109.
1,53
1,47
1,50

78 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
6. - L'épave CHRÉTIENNE H (Saint-Raphaël, Var)
Découverte le 26 mai 1974 par J. Capdeville et C. Santamaria, elle est située, par 58 mètres
de fond, dans l'Ouest de la balise de la Chrétienne, qui signale aux navigateurs, à l'Est de
Saint-Raphaël et du Cap Dramont, les écueils des vieilles d'Agay (fig. 57). Elle a fait l'objet, de 1975
à 1980, de six campagnes de fouille particulièrement difficiles mais remarquablement menées, à la
suite desquelles Claude Santamaria a décidé de suspendre les travaux : l'étude de la coque du
navire, qui eût nécessité le dégagement d'une épaisse couche de gros galets servant de lest, était
pratiquement impossible à une pareille profondeur.
Disposées sur une seule couche au-dessus de ce lest, des amphores Dressel 2-4, dont
C. Santamaria évalue le nombre à 300 environ, constituaient l'essentiel de la cargaison. 75 amphores
entières, 6 panses, 90 pointes et 60 cols ont été récupérés. Quoique présentant, d'un exemplaire à
l'autre, des différences sensibles dans le détail, ces amphores appartiennent, sur le plan morpholog
ique, à la variété des 2-4 de Tarraconaise plutôt petite, relativement trapue et cependant fine
(fig. 64 et 65) : nous aurons l'occasion, à plus d'une reprise, de souligner leur ressemblance avec
celles de l'épave Sud-Lavezzi 319. Leur hauteur est comprise entre 83,5 et 94 cm, avec une moyenne
se situant à 86,5. Le diamètre maximal de la panse varie de 30 à 34 cm (moyenne 32), le poids de
13,7 à 20 kg (moyenne 17) et la capacité de 22,9 à 28,5 litres (moyenne 25-27). Les pâtes paraissent
être de deux sortes : rouge à gros grains de dégraissant blancs, et brun pâle ou jaune, avec
dégraissant blanc ou gris plus ou moins apparent. Nous retrouvons là aussi les amphores de
Sud-Lavezzi 3 et les indications données par R. Pascual à propos des amphores de Can Pedrerol
ou de Can Tintorer80.
L'épave Chrétienne H est incontestablement celle dont les amphores sont le plus abondamment
estampillées : 107 pièces récupérées au cours de la fouille (dont 42 amphores entières, 5 panses,
59 pointes et un col) sont estampillées, soit environ 62,5 % du total. Les estampilles, très souvent
doubles, sont en général sur la pointe; une amphore porte à la fois deux estampilles à la pointe
et deux à la base d'une anse; trois sont estampillées sur la pointe et sur le col, entre les attaches
supérieures des anses. On a déchiffré 60 estampilles différentes et 20 n'ont pu être identifiées. Nous
en reprenons ci-après le catalogue, notre commentaire apportant des compléments à celui de
C. Santamaria, dont nous reproduisons par ailleurs les dessins (fig. 66 à 71)81.
1 A Quatre poinçons :
a) ovale, 16 χ 11 mm sur Q. 70/80 82;
b) ovale, 14 χ 11 mm sur Q. 25/80 et Q. 28/78;
c) circulaire, 0 14 mm, répété sur Q. 23/78;
d) carré, 14 χ 14, associée à S sur pointe de A. 26/76.
a) paraît semblable à Sud-Lavezzi 3, P23 et elle peut être rapprochée de
Pascual, n° 62, p. 60 et fig. 13, 4, p. 86 (Musée de Badalona).
79. Infra, p. 130. Nous ne pouvions ici reproduire toutes les planches d'amphores de l'article de C. Santamar
ia, auquel le lecteur pourra se reporter s'il le désire : nous avons choisi six amphores pour composer une planche
de dessins et une de photos. Il est inutile de préciser que le hasard a une part dans ce choix.
80. Cf. supra, p. 14.
81. Art. cité, p. 12 et 22-30.
82. C. Santamaria désigne par la lettre A une amphore, par Ρ une panse, par Q une pointe. Q.70/80 est une
pointe qui porte le n° 70 et qui est issue de la campagne de 1980.

2 AC
ACA
4 ACÂN
7
8
9
ACAS
ADA
A...
ÂM
ÉPAVES DE TARRACONAISE 79
Ovale, (19 χ 15), associée à PHIL sur Q. 33/79 et à PHÏt sur la pointe et SC sur
le col de A. 44/78.
Les mêmes trois poinçons ont servi à estampiller, aux mêmes places, l'amphore
IA29 de Sud-Lavezzi 3, (infra p. 132 et fig. 113).
Rectangulaire (35 χ 16), associée à CLAR sur Q. 52/80.
Pascual n° 16, p. 53 et fig. 6, 1, p. 79, de Can Tintorer.
Rectangulaire (32 χ 15), associée à CIAS sur la pointe de A 35/77.
Rectangulaire (34 χ 17), associée à CIAS sur la pointe de A 72/80.
Pascual, n°17, p. 53 et fig. 6, 2, p. 79, de Can Tintorer.
Rectangulaire (44 χ 20), associée à THA sur Q. 34 et Q. 39/79.
AD retro Cire. (0 17) sur Q. 12/78.
Les marques de Can Pedrerol et de Can Tintorer lues AD par Pascual, n° 2,
p. 51 et fig. 4, p. 77 et n° 18, p. 53 et fig. 6, 3, p. 79 sont plutôt AND.
AD est rectangulaire sur l'épave Sud-Lavezzi 3, où l'on trouve aussi, en
estampille ronde, ÂT5 retro (cf. infra, p. 132 et fig. 109).
Rectangulaire (47 χ 20), associée à CELS sur la pointe de A. 24/76.
Rectangulaire (44 χ 20), associée à CELS sur la pointe de A. 25/76.
Circulaire (0 18) associée à PRI sur la pointe (et à PRI et AN sur l'épaule) de
P. 04/78.
AM rectangulaire est associée à ANT à Sud-Lavezzi 3.
10 AN Rectangulaire (26 χ 18) associée à PRI sur l'épaule (et à PRI etÂNÏ sur la pointe)
de P. 04/78.
11 AND Rectangulaire (30 χ 14) associée à HE [.] sur la pointe de A. 47/78, qui porte SA[.]
sur le col.
Cf., bien que le poinçon ne soit pas le même, A>iD de Can Pedrerol et Can
Tintorer (références ci-dessus sous le n° 6) et ANDÒ de Sud-Lavezzi 3 (infra, p. 137
et fig. 111).
12 APO Rectangulaire (34 χ 25) suivie d'une empreinte circulaire (?), sur la pointe de
A. 39/77.
Cette estampille est sur les épaves de Diano Marina (infra, p. 98 et fig. 80) et
Est-Perduto (infra, p. 148 et fig. 116), à Glanum83 et à Fréjus84.
13 ÂPTI Rectangulaire (24 χ 16), associée à HELE sur Q. 43/79,
OPT sur Q. 22/78.
14 BAR Rectangulaire (24 χ 17), trois fois sur Q. 06/77.
Autre poinçon, mais même marque sur l'épave de Diano Marina (infra, p. 98
et fig. 80), à Fos, associée à IVC retro, et à Camulodunum. Cette marque est
probablement de Can Tintorer85.
83. H. Rolland, 1944, p. 202, n° 99, 2 et fig. 37.
84. Fouilles du Clos de la Tour, 1982. Communiqué par D. Brentchaloff à C. Santamaria.
85. Là-dessus, et pour les références à Fos et Camulodunum, voir la notice sur Diano Marina, p. 98,
notes 107-109.

80 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
64. Chrétienne H. Amphores Dressel 2-4.
14 24
57

ÉPAVES DE TARRACONAISE 81
14 24
27 39 57
65. Chrétienne H. Amphores Dressel 2-4.

82
15 CA
16 CALAM
17 CA[.]
18 CE
19 CELS
20 CIAS
21 CLAR
22
23
24
25
26
27
28
D
EPH
ER
FA retro
FAV
FE
FIR
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
a) ovale (17 χ 15), sur Q. 51/80;
b) ovale (16 χ 11), trois fois sur pointe de A. 71/80.
On peut rapprocher, à tout hasard, l'estampille que nous avons préféré lire AD
retro sur l'épave Sud-Lavezzi 3 (4 ex.) : cf. infra, p. 132 et fig. 109).
Rectangulaire (45 χ 26), associée à GEM sur la pointe de A. 45/78.
Pascual, n° 20, p. 53 et fig. 6, 4, p. 79 et 7, 1, p. 80, de Can Tintorer.
Cf., sous toutes réserves, Callender, 228, p. 88 : Montedoro (Tarente). Les
ligatures sont les mêmes. Mais la présence de l'estampille N.LVSI. MEDICI/
CALAMAN(i) (Callender, n° 992, p. 172) qui, à Fos, se trouve sur une anse de
Dr. 2-4 vraisemblablement originaire d'Italie du Sud (Amar-Liou, n° 89) rend
l'identification peu probable.
(CAR ?) Rectangulaire (32 χ 15) sur Q. 04/76.
Circulaire (0 18) associée à PRI sur pointe de A. 48/78.
a) rectangulaire (28 χ 16) associée à une marque disparue dans la cassure de
Q. 14/78;
rectangulaire (27 χ 15) associée à GR[AE] sur la pointe de A. 67/80.
b) rectangulaire (26 χ 16) associée à ADA[.] sur la pointe de A. 24/76 et à A[.]
sur la pointe de A. 25/76.
Pascual, n° 21, p. 53 et fig. 6, 5 p. 79 et 7, 3, p. 80 ^_Can Tintorer, et n° 4,
p. 51-52 et fig. 4, 14, p. 77 associée, comme ici, à GRAE : Can Pedrerol. On
rapprochera CELSI, présent 6 fois sur l'épave Sud-Lavezzi 3 (in/m, p. 137 et fig. 1 12).
Rectangulaire (29 χ 21) sur Q. 49/78, associée à ACAN sur la pointe de A. 35/77
et A. 72/80 et à LEÂN sur la pointe de A. 49/78.
Pascual, n° 23, p. 53 et p. 79, fig. 6, 7 et 8, p. 80, fig. 7, 5 : Can Tintorer. Se
lit, selon toute vraisemblance, sur une amphore de Dramont B (cf. supra, p. 71).
Rectangulaire (46 χ 21), sur Q. 21/78, associée à ACA sur Q. 52/80 et à FIR sur
la pointe de A. 17/75.
Pascual, n° 24, p. 53 et fig. 7, 2, p. 80 : Can Tintorer (associée comme ici à
FIR).
Circulaire (0 11) et une trace de doigt, sur la pointe de A. 54/78.
Rectangulaire (23 χ 16) sur la pointe de A. 38/77;
(25 χ 16) sur la pointe de A. 41/78;
(23 χ 18) sur la pointe de A. 70/80.
Circulaire (0 23) associée à FA retro sur la pointe de A. 40/78.
Circulaire (0 25) associée à ER sur la pointe de A. 40/78 et à une marque
circulaire effacée sur Q. 57/80.
Rectangulaire (32 χ 18), associée à FE sur col 32/78.
Rectangulaire (24 χ 14), associée à FAV sur col 32/78.
Rectangulaire (27 χ 16), associée à THA sur Q. 17/18;
(29 χ 16), associée à CLAR sur la pointe de A. 17/75.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 83
Gisement « A » proche de la Chrétienne 86, associée à THA.
Pascual, n° 25, p. 54 et fîg. 7, 2, p. 80 : Can Tintorer, associée à CLÂTt.
29 FIR[.] Rectangulaire (36 χ 21), sur la pointe de A. 60/79.
30 FRIV Rectangulaire (42 χ 26), associée à HIL sur la pointe de A. 58/79.
Pascual, n° 32, p. 54 et fig. 6, 12, p. 79 : [.] RIV, de Can Tintorer.
31 GEM Rectangulaire (27 χ 19), associée à CALÂNÏ sur la pointe de A. 45/78.
Callender, 295, p. 96 et fig. 5, 25 : à Strasbourg, GEM associée à HILARI (cf.
la notice sur l'épave de Diano Marina).
Estampille de Can Tintorer, certainement.
32 GR[AE] Rectangulaire (30 χ 16), associée à CELS sur la pointe de A. 67/80.
Ces mêmes jieux estampilles associées à Can Pedrerol : Pascual, p. 77 , fig. 4,
14 et, pour GRAE, n° 7, p. 52.
33 HELE Rectangulaire (29 χ 16), associée à ΑΡΤΙ sur Q. 43/79.
Pascual, n° 26, p. 54 et fig. 7, 3, p. 80 : Can Tintorer, associée à CELS.
34 HE[..] Rectangulaire (31 χ 14), associée à AND sur la pointe (et SA[.] sur le col) de
A. 47/78.
35 HIL Rectangulaire (25 χ 22) sur la pointe de A. 52/78;
(28 χ 20), associée à FRIV sur la pointe de A. 58/79.
Cette marque, imprimée par le même poinçon, figure sur une amphore de
l'épave Perduto 1 (infra, p. 145 et fig. 114). Comme FRIV (n° 30), elle doit être
attribuée à l'atelier de Can Tintorer. Elle est probablement à mettre en rapport avec
HILARI, qui, à Strasbourg, est associée à GEM (n° 31) et est présente sur l'épave
de Diano Marina (cf. la notice consacrée à cette épave).
36 IT (ou TI retro) Circulaire (0 21) sur Q. 67/80.
37 IV Circulaire (0 15), associée à PR retro sur la pointe de A. 74/80.
38 LEÂN Rectangulaire (29 χ 16), associée à CI AS sur la pointe de A. 49/78.
Pascual n° 27, p. 54 et fig. 7, 6, p. 80 : Can Tintorer (associée à une estampille
ronde peu lisible).
39 Ν Circulaire (0 12) sur Q. 38/79.
40 NL.L. Ovale (26 χ 16) sur la pointe de A. 16/75, A. 51/78, P.02/77 et sur Q. 11/78,
Q. 44/79, Q. 86/80.
41 OPT Rectangulaire (26 χ 21), associée à ΑΡΤΙ sur Q. 22/78.
Cf. OPTÀTTde l'épave Cavallo 1 (infra, p. 125 et fig. 100), et toujours sur
Dr. 2-4 de Tarraconaise, OP à Fos-sur-mer (Amar-Liou, n° 84).
86. Le gisement « A » était constitué d'une douzaine d'amphores Dr. 2-4 trouvées en 1964 par M.L. Brossard
à quelques centaines de mètres de l'épave Chrétienne H qui ne fut découverte que dix ans plus tard. Elles ont
probablement été perdues par le bateau ou jetées par l'équipage juste avant le naufrage. Cf. ci-après, sous les nos 46
et 47.

84 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
42 PHIL Ovale (21 χ 18), associée à AC sur Q. 33/79 et à AC sur la pointe et SC sur le col
de A. 44/78.
Mêmes poinçons à Sud-Lavezzi 3 (cf. ci-dessus, n° 2).
43 PR a) retro, ovale (15 χ 14), associée à IV sur la pointe de A. 74/80;
b) rectangulaire (25 χ 17), seule sur Q. 78/80, associée à S AT sur la pointe de
A. 08/75 et A. 29/77.
Ce dernier poinçon a servi à estampiller une amphore de Sud-Lavezzi 3 {infra,
p. 138 et fig. 112); mêmes dimensions pour le PR retro de Can Pedrerol : Pascual,
n° 1 1, p. 52 et fig. 4 , 8, p. 77. PR retro sur 2-4 au Musée de Vienne : Hesnard, 1981,
n° 262.
44 PRI a) rectangulaire (40 χ 20), associée à CE sur la pointe de A. 48/78;
b) rectangulaire (27 χ 17) surjajjointe de A. 11/75 et sur Q. 32/78 et Q. 79/80;
associée à AN à l'épaule et à AM à la pointe de P. 04/78.
Cf. les exemplaires d'Alayor à Minorque87, et le poinçon, très différent, de
l'atelier de Can Collet : Pascual, n° 128, p. 167 et fig. 20, 18, p. 93. Le renvoi à
Callender n° 1384, p. 216 est incertain.
45 PYR a) ovale (23 χ 16) sur la pointe de A. 62/79 et sur Q. 35/79;
b) rectangulaire (24 χ 13) sur la pointe de A. 37/77.
46 QAE Rectangulaire (25 χ 22), associée à une marque illisible sur Q. 63/80.
Gisement « A » proche de la Chrétienne, associée à QVA.
47 QVA Rectangulaire (43 χ 16 ou 41 χ 17) sur la pointe de A. 50/78, A. 1038/77, P. 06/80
etjur Q. 45/79, Q. 05/77, Q. 13/78, Q. 15/78; associée à F retro sur Q. 77/80, à
SAB sur Q. 36/79.
Gisement « A », seule et associée à QÂE.
Sur cette estampille, qui est sûrement de Can Tintorer, cf. supra la notice
consacrée à l'épave du Grand-Rouveau, p. 55.
48 R Rectangulaire (16 χ 15), associée à VT (?) sur la pointe de A. 64/80.
49 RVST Rectangulaire (24 χ 13) sur la pointe de A. 59/79 et sur Q. 49/80.
Cf. RVS ou RVST(?) sur l'épave $ Ile-Rousse {infra p. 112 et fig. 86).
50 S Ovale (17 χ 10), associée à A sur la pointe de A. 26/76.
Cf. Sud-Lavezzi 3, infra p. 138 et fig. 112.
51 SA[.] a) rectangulaire (29 χ 18) sur Q. 31/78. Cf. lejmméro suivant.
b) rectangulaire (31 χ 14) sur le col, avec AND et HE [.] sur la pointe, de
A. 47/78.
52 SÂB Rectangulaire (26 χ 16), associée à QVA sur Q. 36/79, à THA sur la pointe de
A. 14/75.
53 SAMAP Rectangulaire (40 x 21), sur Q. 19/78.
54 S AT Rectangulaire (24 χ 18), associée à PR sur la pointe de A. 08/75 et A. 29/77 et à
THA sur une pointe sans n°.
87. M. Belén et M. Fernandez Miranda, 1979, p. 190, fig. 69, 18 et 19 (d'après J. de Nicolas).

55 SC
56 STÂB
57 TA
58 TH
59 THA
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
TLIC
V[.J
vie
VIT
vt
...
...
...
...
...
...
...
...
...
...
ÉPAVES DE TARRACONAISE 85
Carrée (16 χ 16), sur col de A. 44/78 qui porte sur la pointe AC et PHIL.
Même association, mêmes poinçons sur Sud-Lavezzi 3. Cf. ci-dessus, sous
le n° 2.
Rectangulaire (28 χ 14), sur Q. 26/78 et Q. 48/80.
Rectangulaire (16 χ 15), sur Q. 02/76, Q. 03/76, Q. 29/78.
Carrée (21 χ 21), sur la pointe de A. 23/76, A. 34/77 et sur Q. 01/78.
Sant Boi de Llobregat (rens. R. Pascual). Fos (Amar-Liou, n° 88). Associée à
202 à Glanum, H. Rolland, 1944, p. 202, n° 10. Associée à F retro à Alayor
(Minorque), M. Belén-M. Fernandez Miranda, 1979, p. 188, fig. 68, 2 (d'après J. de
Nicolas).
a) rectangulaire (24 χ 19) sur la pointe de P. 05/78; associée à ACAS sur
Q. 39/79, à FIR sur Q. 17/78 et à S AT sur une pointe sans n°.
b) THV, rectangulaire (23 χ 19), associée à S AB sur la pointe de A. 14/75.
Rectangulaire (39 χ 17) sur la pointe de A. 36/77 et A. 42/79.
Circulaire (0 19), sur Q. 64/80.
Rectangulaire (24 χ 18) sur Q. 71/80.
Présente à 20 exemplaires, diversement associés, sur Sud-Lavezzi 3, infra, p. 138.
Rectangulaire (24 χ 18) sur la pointe de A. 73/80.
Nous semble singulièrement semblable à la précédente.
Ovale (23 χ 15), associée à R sur la pointe de A. 64/80.
Circulaire (0 23), à la pointe de A. 75/80.
Rectangulaire (26 χ 21), à la pointe de A. 52/78. Il s'agit probablement de HIL
{supra, n° 35).
Circulaire (0 10), associée à IT ou TI retro sur Q. 67/80.
Usée, forme non déterminée, associée à CIAS sur la pointe de A. 46/78.
Rectangulaire, associée à CELS sur Q. 14/78.
Circulaire, associée à APO sur la pointe de A. 39/77.
Ovale (30 χ 18) sur Q. 54/80.
Ovale (20 χ .) sur Q. 68/80.
Circulaire (0 11) sur la pointe de A. 18/75.
Carrée (12 χ 12) sur la pointe de A. 56/79.
Poinçon occupant les 2/3 d'un disque (0 32), répété sur Q. 15/78.
Cire. (0 16) à la pointe de P. 03/77.

A 26
A 39
A 44
Q 6
Q 70
Q 33
A 71
Q 43
A 47
iéej>
Q 51
66. Chrétienne H. Estampilles des amphores Dressel 2-4. Q 4
Q 22

A 67
A 45 A 35
A 54
67. Chrétienne H. Estampilles.
A 38
A 72
η τ

A 17
Ι J
A 58
Q 7 9
Q 17
Ρ 4
A 48 A 74
68. Chrétienne H. Estampilles.
Gis. A
A 11
Q 57
A 29
A 6 Ο
Q 78

A 37 A 62 Q 35
Ρ 6
A 59
Q 45
69. Chrétienne H. Estampilles.
Q 46
A 50
Q 5

\
Q 31
Ρ 5
A 23
A 14
A 51
Q
26 Q 48
Q 67
Q 1 A 34
«V3
Q 3 Q 29
A 42
Q 1 9
Q 34
Q 2
A 36
A 64 A 75 Q 71
A 1 6 Q 44
70. Chrétienne H. Estampilles.
A 73

ÉPAVES DE TARRACONAISE 91
Ρ 3 Q 38
Q 18 A 52
71. Chrétienne H. Estampilles.
A 65 Q 50 Ρ 3
72. Chrétienne H. Graffiti.
On a relevé en outre quelques graffiti tracés avant cuisson (fig. 72) :
1. Ν (ou H ?) sur Q. 50/80.
2. ILTII sur la pointe de P. 03/77.
3. X sur l'épaule, à la base de l'une des anses, de A. 65/80.
De ce catalogue des estampilles de Chrétienne H ressortent surtout les liens qui unissent cette
épave avec Sud-Lavezzi 3 et même Perduto 1. Les mêmes poinçons ayant servi à imprimer des
estampilles de ces épaves, on peut les considérer comme strictement contemporaines. D'autre part,
l'appartenance d'un grand nombre de ces estampilles aux ateliers de la basse vallée du rio
Llobregat, Can Tintorer et Can Pedrerol, attestée soit directement (ACA, ACAN, AD, AND,
CALAM, CELS, CIAS, CLAR^ FIR, FRIV, GRAË, JTELE, LEÂN, PR), soit par le biais des
associations (ACAS, ΑΡΤΙ, BAR, GEM, HIL, QVA, SAB, SAT, THA)88 nous amène à penser que
c'est, probablement, toute la cargaison qui vient de cette zone.
La fouille a permis la découverte d'un certain nombre d'amphores autres que les Dressel 2-4 :
à l'exception d'une seule, qui vient de la partie NE du gisement, elles étaient groupées dans le
secteur SE et devaient contenir des provisions pour le bord.
Quatre amphores appartiennent à la famille des Dressel 7-11, affectées au transport des sauces
ou conserves de poisson. Trois d'entre elles sont classées sous les nos 9-10 de la « table » de Dressel
88. Cf. C. Santamaria, art. cité, p. 32-35, et infra, p. 159.

92 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
par C. Santamaria qui les soupçonne d'être originaires de Tarraconaise, et non pas de Bétique89
(fig. 73). Il a remarqué en effet que leur pâte jaune pâle où abondent de petits éléments bruns ou
verdâtres semble analogue à celle de certaines Dressel 2-4 de la cargaison. La quatrième lui semble
appartenir à la forme Dressel 7 (fig. 74).
Une petite amphore de tradition punique, une autre de tradition rhodienne (Dressel 43, fig. 74),
une petite amphore à fond plat, le pied d'une amphore indéterminée, complètent ce catalogue. Il
faut y ajouter la partie supérieure et des fragments de panse d'une amphore à col court, à bords
concaves, à lèvre à gros bourrelet, à anses massives et rondes, avec des aplats sur leur face
supérieure, et à panse ovoïde ι de fort diamètre (42 cm), non poissée : il s'agit très certainement d'une
amphore à huile de Bétique, d'une Dressel 20 d'un modèle encore archaïque, ovoïde et non sphérique,
antérieur aux exemplaires de l'époque claudienne de Port-Vendres 290, différent cependant,
notamment par les anses tombant beaucoup plus verticalement sur la panse, de ceux de Haltern91
ou de l'épave Sud-Lavezzi 292 (fig. 75).
Quatre pièces, pichets et pots, de céramique commune, des fragments de céramique à parois fines,
quelques vestiges de flacons en verre, des objets métalliques : armes, dont un fourreau de glaive
(L. 49,5 cm) en bois et métal, appartenant encore au type de gladius « républicain », abandonné
dans le cours du i" s. ap. J.-C, et les moules concrétionnaires d'un poignard à deux tranchants et
celui d'un grand coutelas; outils : les moules d'une hache à deux tranchants et d'une autre à un
tranchant; un rouleau de plomb qui devait faire partie, lui aussi, de l'outillage du charpentier du
bord; tous ces objets, comme les amphores que nous venons d'évoquer (à l'exception de la première),
viennent de la partie Sud, où se trouvaient aussi, outre les ancres de fer, le bac et les tuyaux de plomb,
éléments de la noria93 , et dont il est vraisemblable qu'elle correspond à l'arrière du navire. Sous les
amphores, le fond de la cale est occupé par un lest de sable, de gravier et de galets (ceux-ci dans
la partie centrale où la couche de lest atteint 40 à 50 cm). L'analyse de ces éléments par le
laboratoire de petrologie-mineralogie de l'Université de Nice a donné des résultats d'une étonnante
précision : ce lest, qui associe des quartzites ferrugineux à un tuf ponceux calcoalcalin ou alcalin,
a été « embarqué sur une plage de la province de Gérone, à l'embouchure ou non loin de
l'embouchure d'un fleuve prenant sa source dans un massif volcanique. Il ne peut s'agir que du rio
Fluvia qui traverse le petit massif volcanique de Olot et se jette dans le golfe de Rosas, non loin
du port antique d' Ampurias » 94.
En septembre 1980, une courte mission de YArchéonaute a été consacrée à la récupération d'un
gros bloc de concrétion, soudé à des amphores et comprenant au moins une ancre en fer de grande
taille : verge longue de 2,50 m, envergure des pattes 1,30 m. Une autre ancre en fer, de plus petite
taille, a été observée non loin, mais dérobée par les pillards. On a remarqué que des fragments de
bois étaient collés à la face inférieure du bloc de concrétion : C. Santamaria en conclut que l'ancre
se trouvait sur le pont au moment du naufrage95.
89. Tchernia, 1971, p. 65-69; Liou, 1975, p. 576-577; A. Tchernia, L'atelier d'amphores de Tivisa et la marque
SEX.DOMITI, dans Mélanges offerts à Jacques Heurgon, coll. de l'Ecole française de Rome, 27, Rome, 1976, p. 974
et fig. 3, p. 978, n° 4 et 5; Hesnard, 1980, p. 146-147 et pi. V, fig. 1.
90. D. Colis, R. Etienne, R. Lequément, B. Liou et F. Mayet, L'épave Port-Vendres II et le commerce de la
Bétique à l'époque de Claude (Archaeonautica, 1), Paris, 1977, p. 24, fig. 9.
91. S. Loeschcke, Keramische Funde in Haltern, dans Mitteilungen der Altertumskommission fììr Westfalen,
Bonn, 1909, n° 71, p. 257-258, et pi. XIII, 71 et XXII, 9.
92. Liou, 1982, p. 442, fig. 6, 2, 443, fig. 7, 2 et 3, 444.
93. Décrits supra, p. 63, à propos de l'épave du Grand-Rouveau.
94. C. Santamaria, art. cité, p. 48.
95. La même observation a été faite sur l'épave du Grand-Rouveau : supra, p. 65.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 93
74. Amphores de tradition punique (n° 30), rhodienne (n° 31), Dressel 7 (n° 33).
75. Chrétienne H. Amphore
Dressel 20 archaïque (?).
73. Chrétienne H. Amphore
Dressel 7-11 (de Tarraconaise ?).

94 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
Les observations, d'ampleur limitée, qui ont pu être faites sur les vestiges de la coque, ont permis
tout d'abord d'apprécier son très bon état de conservation, sous la protection de la couche de lest,
et, d'autre part, d'estimer les dimensions du navire, qui semblent bien avoir été petites, 15 m de long,
peut-être, sur 5 m environ de largeur.
Quant à la datation, on ne dispose d'aucun critère vraiment précis. L'amphore Dressel 20
encore ovoïde est un indice de date relativement haute; l'épave, proche dans le temps de Dramont B,
est strictement contemporaine de Sud-Lavezzi 3, le même poinçon ayant servi à estampiller des
amphores de l'une et l'autre cargaison 96. La présence sur l'épave de Corse d'une amphore Pascual 1
nous invite à situer le naufrage dans le premier quart du rr siècle97. Sommes-nous dans les années
15-25 ?
BIBLIOGRAPHIE
— Exposition Antibes, 1983, p. 26-27 (C. Santamaria).
— C. Santamaria, L'épave «H» de la Chrétienne à Saint-Raphaël, dans Archaeonautica, 4,
1984, p. 9-52.
96. Supra, p. 79 et 84; infra, p. 132, 138, 144.
97. Liou, 1982, p. 450 et infra, p. 144.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 95
7. — L'épave de DIANO MARINA (prov. d'Imperia, Italie)
Signalée dès l'automne de 1974, mais véritablement découverte au printemps de 1975, l'épave
dite de Diano Marina, sur la côte ligure à quelques kilomètres à l'Est d'Imperia, chef-lieu de la
province (fig. 76), gît à un mille au large, sur un fond de 40 m, plat et constitué de sable et de vase.
Une première reconnaissance a été menée dès 1975 par le Centre expérimental d'archéologie
sous-marine de Nino Lamboglia et Francisca Pallarés, en accord avec la Surintendance aux
Antiquités de la Ligurie et avec le concours de plongeurs de la « Garde des Finances » d'Imperia.
Des campagnes de documentation graphique et photographique ont eu lieu en 1976 et 1977 et des
campagnes de fouilles plus complètes en 1981 et 1982, dont F. Pallarés vient de publier les
résultats98. Nous utiliserons également ceux, particulièrement importants, de la campagne de l'été
1984, qui sont inédits mais dont F. Pallarés a l'extrême gentillesse de nous autoriser à faire état.
Cette épave est, avec celle du Petit-Congloué à laquelle elle ressemble beaucoup ", la mieux
conservée des épaves à dolia; comme au Petit-Congloué, ces grandes jarres occupaient, certainement
à poste fixe, la partie centrale du navire, dont l'avant et l'arrière recevaient un complément de
cargaison constitué d'amphores (fig. 77); comme au Petit-Congloué, les dolia sont disposés sur trois
files en quinconce, mais ils ne sont que 14, contre 15 au Petit-Congloué, avec une rangée centrale
composée de quatre dolia plus petits et oblongs (fig. 77 et 78), tandis que celle de l'épave
marseillaise comporte cinq dolia de taille apparemment égale à ceux des deux rangées latérales.
Dans les intervalles séparant les trois files de dolia ont trouvé place, semble-t-il, d'après les toutes
dernières observations, de jarres de moindres dimensions (doliola), et aussi des amphores.
Ces amphores de la cargaison du navire de Diano Marina sont des Dressel 2-4 de Tarraconaise.
Elles se caractérisent par une stature très trapue — des panses particulièrement larges — et une
capacité très au-dessus de la moyenne, ainsi qu'on en jugera par les mesures des quatre exemplaires
publiés par F. Pallarés 10° (fig. 79) :
RÉFÉRENCES
FMA
p. 86, fig. 8, a :
p. 86, fig.8,b
p. 87, fig. 9, a
p. 87, fig. 9, b
HAUTEUR
94 cm
95 cm
91,5 cm
94,5 cm
DIAM. MAX.
36 cm
34 cm
34,5 cm
32 cm
CAPACITÉ
33,5 1
33,5 1
33 1
32 1
Elles portent sur la pointe, et dans un cas seulement sur le haut de la panse, les estampilles
suivantes101, dont les dimensions sont elles aussi particulièrement grandes (fig. 80,1 et 2) :
En cartouche carré (FMA, p.
fig. 79).
Ì, fig. 11, a et fig. 9,b, p. 87, reproduite dans notre
98. Cf. bibliographie in fine.
99. Supra, p. 26.
100. Forma Maris Antiqui, p. 86 et 87. Trois des quatre dessins dans Exposition Gênes, 1983, p. 89.
101. FMA, p. 89-91 avec fig. 1 1-12; Exposition Gênes, 1983, p. 90. Lectures révisées par B. Liou avec F. Pallarés
et D. Gandolfï.

76. Situation de l'épave de Diano Marina.
2
NICE
Capo Mele
DIANO MARINA
epave
ALBENGA

77. Diano Marina. Plan du gisement (F. Pallarés, 1985). Le quadrillage est constitué de carrés de 1,50 m de

98 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
78. Diano Marina. Reconstitution hypothétique de la position des dolia à l'intérieur du navire (les responsables de
la fouille précisent que ce schéma illustre seulement le principe de la répartition des dolia).
APO
ASCL
BAR
C.P.F.
EAB
HILARI
102.
103.
104.
105.
106.
107.
Plusieurs exemplaires et également sous la forme APO102. Cette estampille est
représentée sur les épaves Chrétiennes H103 et Est-Perduto104 , mais par des poinçons
différents de ceux de Diano Marina.
Cf. Callender, 134, p. 74 : Rome, CIL, XV, 3405 105, en cartouche ovale près de la
base d'une amphore proche de la forme 3.
Associée au moins une fois à RIM l06. Elle est également sur l'épave Chrétienne H,
et nous la connaissons par ailleurs à Fos 107 et à Camulodunum 108. Cette marque
a des chances d'être originaire de Can Tintorer109.
Seule et associée à QV (cf. ci-après); poinçons différents et de lecture douteuse
pour les deux premières lettres dans le premier cas, pour la lettre finale dans le
second.
Au niveau de la liaison col-panse (FMA, fig. 8a, p. 86, reproduite dans notre fig. 79).
Cf. Callender 707, p. 140 et fig. 7,45 : Londres et peut-être Rome (CIL, XV, 3468);
Callender 295, p. 96 et fig. 5,25 où, à Strasbourg^ ILARI est associée à GEM,
estampille qui figure à la Chrétienne H, associée à CALAM qui est à Can Tintorer :
Pascual, n° 20, p. 53 et fig. 6, 4, p. 79 et 7,1, p. 80. HILARI a été trouvée à El Mujal,
sensiblement plus à l'Est, en bordure de mer, et sur l'épaule d'une amphore
(comme à Diano Marina) : Pascual, n° 131, p. 68 et fig. 22, 7, p. 95. Nous avons
Ibid., p. 81.
Supra, p. 79. Autres exemplaires en fouilles terrestres à Fréjus et Glanum (ibid.).
Infra, p. 148.
Et non 3045 comme indiqué par erreur dans Callender.
FMA, p. 89, fig. 11, b.
Associée à IVC retro sur pointe d'amphore Dr_2-4 à pâte rouge à dégraissant abondant de points blancs :
Amar-Liou, n° 81. D'autre part, IVC retro est associée à QVA à Chateaumeillant (CIL, XIII , 10002, 506 = Callender
1510 c, p. 532) et à Capestang, « Le Rey » : Lamour-Mayet, 1980, n° 34. Ces marques et, du même coup, BAR sont,
probablement, de Can Tintorer.
108. CF. Hawkes et M.R. Hull, Camulodunum, Oxford, 1947, p. 214, fig. 45, 2 : la marque, associée à un autre
timbre BI (d'où Callender 195, b, p. 83, avec fig. 4, 19) a été lu BV, car elle est mutilée dans son coin droit, exactement
comme l'exemplaire de Fos, imprimé certainement avec le même poinçon (G. Amar et B. Liou, loc. cit.).
Exposition 109. Gênes, Cf. ci-dessus, 1983, p. note 90 avec 107. la Ces Fig(lina) estampilles Barba sont (Barbensis de Tarraconaise, ?), en Bétique, et le n'est rapprochement pas possible.
que fait F. Pallarés,

Fig. 8
EPAVES DE TARRACONAISE 99
79. Diano Marina. Amphores Dressel 2-4.
1:10
Fig. 9
1:10

100 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
80,1. Diano Marina. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
ë
ο a
(CTO

LE[.] retro
PAT [.]
QV
ÉPAVES DE TARRACONAISE 101
TYW
80,2. Diano Marina. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
d'autre part noté la parenté possible entre cette marque et HIL, présente sur les
épaves Chrétienne Hm et Perduto 7111.
Lecture probable. On peut rapprocher LEÂN de Can Tintorer et de l'épave
Chrétienne Hm.
Lecture incertaine.
Seule et associée à EAB (?)113. Marque connue sous cette forme à Fos-sur-Mer 114
110. Supra, p. 83.
111. Infra, p. 145.
112. Supra, p. 83.
113. Exposition Gênes, 1983, p. 81 et, déjà, FMA, p. 89, fig. 11, a.
114. Amar-Liou, n° 86.

102 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
et qui doit être sans doute rapprochée de QVA (Chrétienne H) ou QVA115 et aussi
QVAD de l'épave Sud-Lavezzi 3m.
RAGI ou 2 ex. qui ne sont pas dus au même poinçon. Cf. une estampille de Minorque, à lire
BAGI ? retro probablement RAGI (retro) : J.C. de Nicolas, Epigrafìa anforaria en Menorca,
Mahon, 1980, p. 41-42, n° 48.
RIM Associée à BAR106, et dont l'origine doit être la même, Can Tintorer .
T.S Dans un grand cartouche rond. Le point séparant les deux lettres n'est pas garanti.
TYR La haste de la lettre initiale s'incurve en bas vers la droite, mais il s'agit sans doute
d'un Γ plutôt que d'un C.
Ces estampilles des amphores de Diano Marina, dont les pointes présentent par ailleurs divers
graffiti faits avant cuisson (fig. 81), mettent absolument hors de doute leur origine tarraconaise et
semblent même indiquer qu'une bonne partie d'entre elles peut provenir des ateliers de Can
Tintorer.
Quant aux dolio, l'un d'entre eux a été récupéré fin 1976 et est exposé à la Mairie de Diano
Marina; il était situé sur le bord Ouest et appartenait à la rangée centrale (n° 11 du plan fig. 77) :
il est de forme oblongue, haut de 1,87 m pour un diamètre maximal de 1,18 m, et repose sur une
petite base plate de 18 cm (fig. 82). La pâte est brun-rougeâtre avec des inclusions de petits cailloux
et de mica. Il présente « deux coutures verticales de réparation, faites avec du plomb fondu, qui
ferment les grandes fissures qui se sont formées à la fabrication du dolium. Ces coutures sont
renforcées par des crampons en plomb en forme de queue d'aronde » n7. Ont été en outre remontés,
en 1977, deux doliola, qui diffèrent un peu entre eux pour la forme et les dimensions : le premier
est presque rond, 0,88 m de haut pour 0,81 m de diamètre, avec un fond plat de 18,5 cm (fig. 83,
20); le second est ovoïde. Il mesure 81,5 cm de haut et 68 cm de diamètre, et repose sur un fond
plat de 15 cm (fig. 83, 21); « le bord est attaché au corps par un collier de plomb fixé par quatre
crampons en forme de queue d'aronde, eux aussi en plomb » 118. Le premier porte sous son rebord
un timbre dont la première ligne se lit aisément : HILARVS.M.P; à la seconde ligne, on lit, après
une lacune qui semble être de deux ou trois lettres, la désinence DICI, puis des lambeaux de lettres
qui pourraient avoir formé le mot FECIT : le vase pourrait donc être l'œuvre d'un Hilarus, esclave
de M(arci) P[..] dici; sut le second doliolum, qui porte ce même timbre, cette deuxième ligne ne s'est
pas imprimée du tout; les deux portent en outre, dans un cartouche carré, une contremarque
figurant deux outils (marteau et ciseau).
Des couvercles de dolia décrits dans le catalogue de l'exposition de Gênes ll9, l'un présente une
inscription en relief dans un cartouche rectangulaire : FELIX PACAT(mj ?). Les couvercles
présentent d'autre part sur leur face supérieure le dessin, tracé au doigt, de ce que F. Pallarés
interprète comme des « viscères » auxquels elle attribue une valeur apotropaïque et qu'elle
considère d'autre part, à juste titre, comme une marque de fabricant. Nous avons vu que les
couvercles des dolia â'Ile-Rousse et de la Garoupe sont décorés de la même façon l2° : nous ne nous
en étonnons plus depuis qu'ont été récupérés, lors de la campagne menée dans l'été de 1984, deux
115. Supra, p. 55.
116. Infra, p. 138.
117. F. Pallarés, Exposition Gênes, 1983, p. 82. Cf. supra, p. 37-41 pour l'épave du Petit-Congloué et infra,
p. 112 et 114, pour celle d'Ile-Rousse.
118. Exposition Gênes, p. 84.
1 19. P. 83 et 84.
120. Voir infra épave d' Ile-Rousse, p. 114 et fig. 91. Pour La Garoupe, ibid. et note 147.

9
81. Diano Marina. Graffiti des amphores Dressel 2-4.
8

104 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
Fig. 19
82. Diano Marina. Dolium de la rangée centrale.
1:10

ÉPAVES DE TARRACONAISE 105
Fig. 20 1:10
Fig. 21
83. Diano Marina. Doliola.
1:10

106 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
gros dolia de la file située le plus au Nord (n° 1 et 2 du plan fig. 77), et qu'on a pu lire, en haut
de la panse du n° 1 — moins sphérique, plus « cuoriforme », légèrementj>lus petit que le n° 2 — ,
deux estampilles imprimées côte à côte : C. PIRANVS I PHILOMVSVS.F^c/iJ et C.PI-
RANVS I PRIMVS.FEfci/,). La première (dans un cartouche de 110 χ 43 mm) figure, on s'en
souvient, sur un dolium de l'épave du Petit-Congloué dont la position dans le navire est celle-là
même de notre dolium de Diano Marina (le plus proche de l'avant, à tribord) 121, et il semble bien
qu'elle ait été imprimée avec le même poinçon. Celle de C.Piranus Primus (106 χ 42 mm) diffère
des exemplaires qui nous étaient connus par l'épave d'Ile-Roussem par la présence d'une hedera
meublant l'espace relativement large que délimitent les bords obliques opposés du R et de VA.
Les dolia et le navire de Diano Marina ont donc la même origine que ceux du Petit Congloué,
& Ile-Rousse et de la Garoupe; quatre des six épaves à dolia et amphores Dressel 2-4, et les trois
épaves à dolia et amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise, sont liées à l'entreprise familiale des Pirani
de Minturnes 123.
La fouille de l'épave de Diano Marina a permis par ailleurs la récupération d'un matériel de
bord assez abondant, parmi lequel des fragments de deux amphores à garum de type Dressel 7-11,
de la céramique commune (une fort belle série de pots 124), un grand récipient en plomb semblable à
celui de l'épave du Grand- Rouveau, des fragments de lampes à volutes, de la céramique à parois fines
et quelques pièces de céramique italique ou aretine tardive, avec notamment les signatures de
WlLL(ius) N(atalis) in planta pedis, sur patere Goudineau 36 125 et de MVR(R)I(W,) en cartouche
rectangulaire sur fond de petite coupe l26. Ces divers matériels, en particulier la céramique à parois
fines et la sigillée italique, militent en faveur d'une datation de l'épave de Diano Marina très près
du milieu du Ier siècle de notre ère.
BIBLIOGRAPHIE
— N. Lamboglia, Diano Marina, dans Archeologia in Liguria. Scavi e scoperte 1967-75, Gênes, 1976,
p. 167.
— F. Pallarés, Dalla nave romana di Albenga a quelle di Porto Venere e di Diano, dans / mesi (Rivista
di attualità economiche e culturali dell'Instituto San Paolo di Torino), 5e année n° 1, janv.-mars
1977, p. 36.
— F. Pallarés, La nave romana del golfo di Diano Marina. Relazione preliminare della campagna
1981, dans Forma Maris Antiqui, XI-XII, 1975-1981 (Bordighera, 1983), p. 79-107, version plus
complète de La nave romana di Diano Marina, Relazione preliminare, dans VI Congreso
internacional de Arqueologia sub-marina, Cariogena 1982, Madrid, 1985, p. 285-296.
121. Supra, p. 43.
122. Infra, p. 116 et fig. 93 et 94.
123. Cf. infra, p. 170. Il revient évidemment à Francisca Pallarés et à son équipe d'illustrer plus complètement
cette découverte toute récente des estampilles des Pirani.sur l'épave de Diano Marina. Nous lui disons ici notre
affectueuse reconnaissance, pour avoir compris toute l'importance qu'elle présentait pour notre étude et nous avoir
permis de l'annoncer et de l'illustrer. Un article de F. Pallarés, // relitto del golfo di Diano nella politica vitivinicola
antica (communication présentée lors d'un colloque du Ministère des Biens culturels le 29 mars 1985), paraîtra dans
la Forma Maris Antiqui, XIII, 1985.
124. Exposition Gênes, p. 97-112 (n° 21-40).
125. C. Goudineau, La céramique aretine lisse, cit., p. 374. A. Oxé - H. Comfort, Corpus Vasorum Arretinorum,
Bonn, 1968, p. 536, n° 2371 (Villius Natalis).
126. CVArr., n° 1039 et 1040. Cf. l'estampille MVRRI au Grand-Rouveau, supra, p. 59 et note 57.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 107
D. Gandolfi, Una gemma con Eros ed Anteros dal relitto dei dolia del golfo di Diano Marina, dans
FM A, cit., p. 108-116.
Exposition Gênes, 1983, p. 69-118 (F. Pallarés, D. Gandolfi).
F. Pallarés, // relitto romano del golfo di Diano Marina, dans Rivista Inganna e Intemelia,
janv.-juin 1983, p. 59-61.
F. Pallarés, Golfo Dianese. Notizie preliminari sul relitto del Golfo di Diano Marina (Campagne
1976-1981), dans Archeologia in Liguria, II, 1985, p. 197-200.
D. Gandolfi, La nave degli ziri, dans Archeologia viva, 4e année, n° 10, octobre 1985, p. 52-59.

108 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
8. - L'épave d'ILE-ROUSSE (Haute-Corse)
Découvert en septembre 1971 par MM. Salort et Mackiewicz, le gisement d'Ile-Rousse se situe
par 3 m de fond devant la plage qui sépare le port de la ville (fig. 84). Un an plus tard, l'Amiral
Sanguinetti, Major-Général de la Marine, a attiré l'attention du Contre-Amiral G. Duray, Directeur
des recherches archéologiques sous-marines, sur l'intérêt qu'il présentait : des visiteurs clandestins
y avaient retiré notamment une très belle lampe de bronze à deux becs, dont le réflecteur en forme
de croissant de lune est orné des bustes de la triade capitoline, Minerve, Jupiter et Junon (fig. 85) 127.
Une fouille d'urgence a dès lors été décidée, dont Robert Lequément, assistant de la DRASM, a
assuré la direction scientifique, avec une équipe du 3e groupe de plongeurs démineurs, leur
bâtiment-base, le dragueur Gardénia, et leur commandant, le Lieutenant de Vaisseau Jean-
Marc Plançon.
Une très vaste prospection — couvrant une surface de 4 hectares — a été entreprise et a permis
la récupération de divers vestiges, parfois intéressants m, mais sans homogénéité. En revanche, un
espace de 250 m2 environ présentait une concentration remarquable de fragments de dolia et de
tessons d'amphores Dressel 2-4 à pâte rouge à points blancs. Les tranchées ouvertes à la suceuse
et à la lance ont fait apparaître le substrat rocheux sous 0,40 à 0,60 m de sable : les amphores et
les dolia ne s'y trouvaient qu'à l'état de fragments roulés en désordre par la mer.
En raison de ces conditions de gisement, il convient — comme a fait avec sagesse
R. Lequément — de ne prendre en considération, parmi le matériel récupéré, que les fragments
d'amphores Dressel 2-4 et ceux de dolia, dont on est sûr qu'ils appartiennent à la même épave.
L'échantillonnage se compose donc, pour les amphores, de 9 fragments de cols avec anses,
10 fragments de panses et d'épaules, 72 pointes 129; pour les dolia, un demi dolium, haut de 1,70 m,
une centaine de fragments de panses, 3 fonds, 8 fragments de couvercles dont deux avec anses, des
éléments d'armature de plomb.
Nous ne disposons donc d'aucune forme complète des amphores Dressel 2-4 de l'épave
d' Ile-Rousse. A en juger par les fragments, en particulier les pointes massives, nous avons affaire
à la variété haute et robuste représentée par les amphores de l'épave du Grand-Rouveau130 et de
Cavallo 1 m auxquelles elles sont, au demeurant, apparentées par des estampilles et des marques
incisées. La pâte, avons-nous dit, est rouge-brique plutôt claire avec des grains abondants de
dégraissant blanc. Elle est solide, non pulvérulente.
Les marques sont toutes, sauf une, situées sur la pointe (fig. 86).
Trois estampilles ont été montrées à R. Lequément par les inventeurs qui les avaient trouvées
en juillet 1972. Nous possédons les frottis des deux premières. Il s'agit de :
P.TE En relief, dans un cartouche de 23 χ 14 mm avec point triangulaire. La marque est
bien connue : Pascual, n° 36, a, b, c et fig. 9, 10 et 14 : 5 exemplaires au Musée
Municipal de Caldes de Montbui; n° 66 et fig. 13,9 : Musée de Badalona; n° 117
127. L'Amiral Sanguinetti a procuré à la DRASM des photographies de cette lampe, dont une a été publiée
par B. Liou, 1973, p. 606.
128. Notamment la belle plaque de décor d'étrave en bronze dont photographie ibidem, p. 607, et dans
P.A. Gianfrotta et P. Pomey, Archeologia subaquea, Milan, 1980, p. 285.
129. Il est évident que les fouilleurs ont ramassé systématiquement les pointes, sur lesquelles ils trouvaient
des marques, et que les clandestins avaient au contraire dédaignées au profit des cols.
130. Supra, p. 44 et 46.
131. Infra, p. 119.

84. Ile-Rousse. Sondages de 1972.
La zone couverte par la prospection est le plus grand des deux rectangles dessinés sur la carte marine; le plus petit repr
A droite, sont figurées, à plus grande échelle, les tranchées qui y ont été pratiquées — près de l'angle Sud (documen

110 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
MALI
MI
85. Ile-Rousse. Lampe de bronze.
et fig. 15,22 : Musée de Mataró, provenant de Torre Llauder. Elle est présente sur
l'épave Cavallo 1 ιη, à Ostie 133 et probablement à Carthage (2e mur d'amphores) 134.
En relief, dans un cartouche de 18 χ 13 mm. Comme la précédente, cette marque
est présente sur l'épave Cavallo 1, où elle avait été lue M LI : cf. infra, p. 125.
En creux (?).
Trois autres marques sont au Fort Saint- Jean, à Marseille. Ce sont :
FEL En relief, dans un cartouche de 32 χ 18 mm, qu'accompagne un graffito F tracé
dans le sens horizontal (21 χ 8 mm) : FEL ne nous paraît pas connu. Pour le
graffito F, cf. Pascual n° 111, p. 63 et fig. 16, 4 et 5, p. 89 : provenance Torre
Llauder (musée de Mataró); plusieurs exemplaires, mais beaucoup plus grands que
le nôtre. De même, à Diano Marina135.
PF En creux (hauteur 70 mm), les deux lettres disposées verticalement avec un léger
décalage à droite du F inséré sous la panse du P. Pascual, n° 111, p. 62 et fig. 16,
6, p. 89 : Torre Llauder. La même marque figure sur la pointe de trois amphores
de l'épave du Grand Rouveau1*6.
132. Ibid.
133. Tchernia-Zevi, 1972, p. 64 et fig. 5, 10.
134. C'est ainsi, pensons-nous, qu'il faut interpréter l'estampille transcrite apparemment PL.IE par Delattre,
Second mur, n° 32 et 33, p. 46 (le n° 33 avec inscription peinte mentionnant le Laur(onense)).
135. Supra, fig. 81.
136. Supra, p. 54 et fig. 41.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 111
PS·
N>
86. Ile-Rousse. Estampilles et graffiti des amphores Dressel 2-4.

112 M. CORSI-SCIALLANO ET Β. LIOU
L.C.P. En relief, dans un cartouche de 37 (au minimum) χ 21 mm. Cf. Pascual, n° 55,
p. 59, et fig. 12, 9, p. 85; mais la marque est rétrograde, il n'y a pas de point après
le C et la lecture du Ρ n'est pas tout à fait certaine. Provenance : atelier de Can
Cabot.
Les trois marques suivantes se trouvent au dépôt d'Ile-Rousse et nous les avons retrouvées au
cours d'une révision que nous avons faite du matériel, le 13 mars 1984 :
AMANDI En relief, dans cartouche ovale de 20 χ 15 mm. Cemonogramme est connu à Fos,
à Ostie 137 et à Carthage 138. On a également AMAND, mais imprimé avec un autre
poinçon, sur l'épave du Petit Conglouém.
RVS Ou peut-être RVST, si l'on peut admettre cette ligature, que la partie supérieure du
S, très rectiligne et débordant à gauche, rend vraisemblable, dans cartouche
rectangulaire de 31 x 12 mm. On rapprochera de RVST, deux fois présente sur
l'épave Chrétienne H (n° 49, supra, p. 84), mais dont le poinçon et la graphie sont
différents.
Et la seule marque figurant sur une épaule d'amphore, où elle est imprimée en lettres creuses :
Ν Ρ Dont des exemplaires strictement semblables sont connus à Rome sur deux
amphores de forme 4140, à Ostie, à Herculanum 141, à Carthage142, à Chalon-sur-
Saône143, en Tarraconaise : Pascual n°65, p. 60 et fig. 13, 12, p. 86 (Musée de
Badalona) et n° 95, p. 63 et fig. 16, 2, p. 89 (Torre Llauder); à Valence, également 144.
On remarquera que Torre Llauder, important site d'atelier produisant les amphores Dres-
sel 2-4, est évoqué par 4 des estampilles ou marques incisées de notre épave : P.TE, F, PF, NP.
Nous avons relevé enfin les marques suivantes, incisées à main levée avant cuisson sur des
pointes : N, S, TLI (?), un graffito de deux signes mutilés et non intelligibles, une longue griffure
courbe; un cartouche rectangulaire (26 χ 19 mm) sans rien de lisible et une marque faite avec la
pointe d'un doigt de 10 mm de diamètre environ.
Pour ce qui concerne les dolia (fig. 87 et 88), les épaves beaucoup mieux conservées de Diano
Marina et du Petit Congloué nous renseignent sur la place qu'ils devaient tenir dans le navire de
Γ Ile-Rousse. Les fragments récupérés nous donnent une idée de leurs dimensions (1,70 m pour
l'exemplaire dont la hauteur est conservée), de leur forme, pratiquement sphérique avec un petit
fond plat (nous avons pu en mesurer trois : 0,16 m; 0,16 et 0,18 m de diamètre).
Les armatures de plomb peuvent avoir été coulées au moment de la fabrication pour pallier
l'éclatement de ces masses énormes de terre cuite, ou bien plus tard, au cours de leur utilisation.
Un fragment comporte un curieux bouchage, où le plomb traverse toute l'épaisseur de la paroi
et dessine un cercle très régulier, de 15 cm environ de diamètre, dont l'intérieur est constitué d'une
137. Tchernia-Zevi, 1972, p. 64 et p. 63, fig. 5,1. Pour Fos, Amar-Liou, n° 80.
138. Delattre, Second mur, n° 27, p. 44.
139. Supra, p. 31 et fig. 20.
140. CIL, XV, 3491; l'une vient du Castro Pretorio, n° 60, p. 87. Callender, 1232, p. 196.
141. Tchernia-Zevi, 1972, p. 64-65 et p. 63, fig. 5,14.
142. Delattre, Second mur, n° 28, p. 44.
143. Nécropole de la citadelle, inédit (B. Liou).
144. NP sur pointe + un D (apparemment), incisé lui aussi : Valence, Plaza de la Virgen (fouilles 1973-1975) :
A. Fernandez Izquierdo, Las anforas romanas de Valentia y de su entorno maritimo, Valence, 1984, n° 196, p. 65 et 66.

Ile-Rousse.
Bord et haut de panse du dolium à
l'estampille de L. Licinius Fortunatus.
ÉPAVES DE TARRACONAISE 113
87. Ile-Rousse.
Moitié de dolium
(couchée) in situ.

114 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
pâte brune plus sombre que celle de la paroi alentour (fig. 89). Nous avons pensé un moment à un
trou pouvant être alternativement ouvert et rebouché et servant à vider le dolium. L'examen d'un
dispositif analogue sur un fragment de dolium appartenant à une probable épave de Port-Vendres,
chargée d'amphores Pascual 1 (Port-Vendres 4), montre que ce bouchage, où le plomb est rabattu
à l'intérieur autour du bouchon de terre cuite, devait être définitif145.
Quelques fragments de couvercles de terre cuite, plats (ép. 3,5 cm environ), dont deux munis
de leur poignée centrale (fig. 90 et 91), ont été récupérés. On notera qu'ils présentent un décor tracé
au doigt sur la pâte encore fraîche, le même exactement que les couvercles des dolia de Diano
Marina1*6 et de La Garoupe147 : deux grands lobes épousant les contours du couvercle, de part et
d'autre de la poignée. F. Pallarés parle à leur sujet de « viscères » et de « signe propitiatoire ». Cette
interprétation ne nous satisfait, à vrai dire, qu'à demi; elle pense aussi qu'il s'agit d'une sorte de
signature du fabricant, et nous partageons ce point de vue.
Les dolia d'Ile-Rousse nous ont livré des estampilles situées sur le haut de la panse dans des
cartouches affectant plus ou moins la forme d'une planta pedis. Un exemplaire porte la marque
L.LICINIVS/FORTVNATYksj.F^c/î; dans une planta pedis de 112 χ 47 mm148 et, à côté, un
89. Bouchage circulaire dans la paroi d'un dolium.
145. Gisement signalé par D. Colis dès 1972 : Liou, 1973, p. 573, note 10. La découverte des fragments de
dolium a eu lieu dix ans plus tard. A noter que le pourtour en plomb du « bouchon » de terre cuite est orné d'une
inscription incisée en grec : ΔΙΨΩ, « j'ai soif », qui pourrait bien être une plaisanterie, une allusion à la capacité de
ces énormes vases.
146. F. Pallarés, FMA, p. 92, fig. 18 et p. 97; Exposition Gênes, 1983, p. 83, n° 2 et p. 84, n° 3.
147. P. Fiori, 1972, p. 37, 38 et 43.
148. L'inscription figure sur deux fragments du dolium qui ont malencontreusement été séparés : on trouve
au dépôt d'Ile-Rousse : [...] NIVS/[...] NAT.F et le cartouche phallique, tandis que L.LICI[..]/FORTV[..] fait partie
d'un lot de fragments de dolia (onze comptés par B. Liou le 10 mai 1984) transportés à Bastia, au dépôt de fouilles
sous-marines du Musée d'Ethnographie corse. La photo de la fig. 92 est un montage, réalisé par Ph. Foliot, d'un cliché
pris par W. Bebko en 1973 à Bastia (à gauche) et d'un autre pris par M. Corsi à Ile-Rousse en 1984.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 115
90. Fragment de couvercle de dolium, avec estampille ronde anépigraphe.
91. Fragment de couvercle, avec poignée et élément de décor tracé au doigt.

116 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
cartouche de 40 χ 23 mm dans lequel sont imprimés les attributs du sexe masculin (fig. 92). Quatre
exemplaires se lisent C.PIRANVS/PRIMVS.FEfc/X). L'un, dont le cartouche — qui n'est pas
vraiment une planta pedis — mesure 100 mm χ 40 de hauteur maximale, 37 mm de hauteur au
centre, est d'excellente qualité et intégralement lisible (fig. 93,1). Un autre procède certainement du
même poinçon, mais est beaucoup moins bien imprimé [C.PIR] ANVS/P[RI]MVS.FE (fig. 93, 2).
Les deux derniers sont de médiocre qualité également et apparemment semblables entre eux :
Ç.PIRANVS/PRIMVS.FE et Ç.PIRANVS/PRIMVS.FE (fig. 93, 3 et 94).
92. L'estampille de L. Licinius Fortunatus.
Un fragment, enfin, porte sur le haut de la panse quatre hastes verticales incisées : le chiffre
quatre (?) (fig. 95).
Si Lucius Licinius Fortunatus n'est pas par ailleurs attesté comme fabricant de dolia, Caius
Piranus Primus figure sur l'un des dolia de Diano Marina avec Caius Piranus Philomusus qui est au
Petit Congloué avec Caius Piranus Félix; et les dolia de l'épave de La Garoupe à Antibes sont marqués
au nom du même Caius Piranus Félix et à ceux de Caius Piranus Cerdo et de Caius Piranus
Sotericus149. Nous croyons savoir que cette famille est de Minturnes aux confins du Latium et de
la Campanie. Nous évoquerons plus loin le problème posé par le fait que, des quatre navires à dolia
marqués au nom des Pirani, trois ont leur cargaison complétée par des amphores Dressel 2-4 de
Tarraconaise et le quatrième par des 2-4 de Campanie.
149. Supra, p. 43 et 106.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 117
93. Estampilles de C. Piranus Primus.

118
95. Ile-Rousse.
Graffito sur le haut de
la panse d'un dolium.
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
94. Estampille de
C. Piranus Primus.
L'épave d'Ile-Rousse est datable par comparaison avec celles du Grand-Rouveau et de
Cavallo 1 auxquelles ses amphores et leurs estampilles l'apparentent assez nettement : elle tend,
évidemment, vers le milieu du Ier siècle de notre ère.
BIBLIOGRAPHIE
- B. Liou, 1973, p. 606-608.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 119
9. — L'épave CAVALLO 1 (Bonifacio, Corse du Sud)
L'épave Cavallo 1 est située au Nord des bouches de Bonifacio, entre l'île Cavallo et l'île
Lavezzi, et, plus précisément, au Sud de l'îlot San Baïnzo, par fond de 9 mètres, dans des failles
rocheuses (fig. 96). Elle a été exploitée dès les années 1950 par divers groupes de plongeurs et
fouillée de façon plus systématique et officielle par W. Bebko et R. Lederer en 1964 (premier rapport
détaillé remis à F. Benoit), en 1968 et 1969, et — sous forme de simples visites du site — en 1970,
1971 et 1972. La seule publication qui en ait été faite, si l'on excepte deux mentions de F. Benoit
et d'A. Tchernia dans les chroniques de Gallia, est celle de W. Bebko en 1971 15°.
Au total, l'épave a été abondamment pillée, et son matériel dispersé on ne sait où, à l'exception
de ce qui se trouve au dépôt de fouilles sous-marines qu'abrite le Musée d'Ethnographie corse de
Bastia.
Le chargement est composé & amphores Dressel 2-4 de dimensions, de forme et de technique
de fabrication très constantes : hautes et élancées (105 cm, pour un diamètre moyen d'à peine
30 cm), avec deux variantes de pâte, l'une rouge, l'autre brune, qui — ainsi que l'ont noté W. Bebko
et R. Lederer — ne correspondent guère qu'à des degrés différents de cuisson. L'une et l'autre
présentent les gros grains blancs de dégraissant caractéristiques de amphores de Tarraconaise, et
aussi des paillettes de mica doré. Poissées intérieurement, comme le sont toujours les amphores de
ce type, elles étaient fermées par des bouchons de liège; le rapport de 1968 du Dr. Lederer précise
que quatre d'entre elles, découvertes pleines, présentaient deux bouchons superposés, celui du
dessus d'un diamètre de 80 mm environ, pour une épaisseur de 18 mm, celui du dessous de 75 mm
de diamètre et de 15 mm d'épaisseur.
On trouvera ci-après les résultats de la recension que nous avons faite de ce matériel. La liste
des amphores entières ou des formes complètes s'établit ainsi (fig. 97 et 98) :
1. — DRASM 1114, amphore apportée par R. Lederer en 1969 de Bonifacio au Fort
Saint-Jean à Marseille.
H : 106,5 cm; 0 30,5 cm.
Pâte rouge à grains de dégraissant blanc de taille moyenne, assez abondants, avec du
mica doré. Anses fausses bifides au sommet pointu, retombant à la verticale.
2. - Dépôt Bastia n°D.70.1.21 (Photo DRASM A 1277-1278; Photo MEC 118).
H : 106 cm; 0 31 cm.
Brisée et recollée. Il ne manque qu'une partie d'une anse et un morceau de lèvre. Trou
dans la panse. Pâte rouge orangé à petits grains de dégraissant blanc et mica doré. Anses
fausses bifides.
3. — Dépôt de Bastia sans n° (Photo DRASM A 519-520; Photo MEC 485).
H. 105,5 cm; 0 31 cm.
Elle est privée d'une anse et, du même côté, d'un morceau du col et de la lèvre. Pâte
rouge-orangé à grains blancs gros et moyens et beaucoup de paillettes de mica doré.
Anses fausses bifides, hautes, minces et verticales. Pointe mince, s'évasant vers le bas,
estampillée P.TE.
150. Cf. infra, bibliographie.

96. Bouches de Bonifacio. Situation des épaves Cavallo 1, Sud-Lavezzi 3, Perduto 1, Est-Perduto.
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ÉPAVES DE TARRACONAISE 121
4. — Dépôt de Bastia n° D.64.251 (Photo MEC 501).
H. 105,5 cm; 0 28 cm.
Cette amphore, dont une anse a été brisée un peu au-dessus de son attache avec
l'épaule, et dont il manque, du même côté, un morceau du col et de la lèvre, est, sans
conteste possible, le n° 29 de W. Bebko, p. 13. Mais les mesures indiquées par celui-ci
(H. 100 cm, 0 26 cm), et du même coup les proportions de son dessin (notre fig. 96,
4), sont erronées. Caractéristiques semblables à celles de l'amphore précédente. Marque
P.TE sur la pointe, laquelle est particulièrement décalée par rapport à l'axe vertical de
l'amphore.
5. - Dépôt de Bastia D.70.1.29 (Photo DRASM A 1287-1288; Photo MEC 130).
Manquent une anse, une partie du haut du col et la lèvre. H. conservée : 104,5 cm;
0 29 cm. Pâte nettement orangée, avec peu de grains de dégraissant, et de petit
diamètre. Anses faussement bifides à angle vif, fines et très verticales. Marque P.TE sur
la pointe, surmontée d'un graffito semi-circulaire pratiqué avant cuisson.
A ces amphores entières ou à peu près entières de Cavallo 1 que nous avons pu voir et étudier
au Fort Saint- Jean ou au dépôt des fouilles sous-marines du Musée d'Ethnographie corse de Bastia,
on peut ajouter :
— Les quatre dessins, ramenés à l'échelle 1:10, donnés par W. Bebko p. 13, où nous n'avons
reconnu qu'une seule amphore, le n° 29 (ci-dessus notre n° 4). Nous présentons les trois
autres profils avec les réserves qui s'imposent. L'amphore n° 27 doit mesurer 106,5 cm pour
un diamètre de 29,5 cm et une capacité de 27,5 1; le n° 30 a 104 cm de haut, 28,5 cm de
diamètre; le n° 28, dont la pointe est cassée, conserve 92 cm de hauteur et a un diamètre
de 31 cm151 (fig. 98).
— A titre documentaire, deux photographies figurant dans le dossier de la DRASM, de
R. Lederer (?) pour une amphore repêchée en 1964 et de W. Bebko (?) pour une autre qui
serait conservée au Musée de Saint-Germain (fig. 98), et une troisième, privée de sa lèvre,
d'une anse et de sa pointe, qui est inventoriée à la DRASM mais que nous n'avons pas
retrouvée (n° 1102, fig. 99).
— Enfin, avec cependant la prudence qui s'impose, nous proposerions volontiers l'épave
Cavallo 1 comme origine d'une amphore conservée au Musée des Docks romains à
Marseille, qui porte le numéro d'inventaire DRASM C 17 après avoir porté le n° 6703 du
Musée Borély. Dans les deux registres, la provenance indiquée est « Iles Lavezzi, Corse »
avec la mention « don Hou Hop », tout cela de la main de Fernand Benoit, qui en a publié
deux fois le même dessin un peu approximatif152.
Cette amphore (fig. 99), intacte, a une hauteur de 104,5 cm, un diamètre de 28,3 cm.
Sont en outre conservées au dépôt de Bastia quelques parties supérieures d'amphores et des
cols, parmi lesquels D.70.1.19 (fig. 99, photo DRASM 1274-1275) ou D.70.1.106 (fig. 99, photo
151. Les mesures sont prises d'après les dessins de W. Bebko à l'échelle 1 :5, qui sont dans les dossiers de
la DRASM, et que nous avons réduits à 1:10 (les mêmes dessins sont, dans Les épaves antiques du Sud de la Corse,
réduits à une échelle intermédiaire qui en rend l'usage mal commode). Les dimensions données par W. Bebko dans
ses notices varient un peu : n° 27, 107 cm et 26(?); n° 30, 105 et 27,5 cm; n° 28, 91 et 31 cm.
152. F. Benoit, 1956, p. 24, fig. 1, n° 10 et p. 27 où est indiquée comme provenance « îlot du Prêtre, entre
les Iles Lavezzi et Bonifacio »; s'il en est bien ainsi, il s'agit d'un objet isolé probablement sans rapport avec l'épave
Cavallo l. F. Benoit, 1957, p. 257, fig. 10, où le dessin est à bonne échelle 1:10, mais où la légende a été intervertie
avec la fig. 9 (amphore Dr. 2-4 de la baie de Villefranche; de même p. 258; contra, F. Benoit, 1956, p. 27). Il apparaît
d'autre part que le « Hou Hop » était un bateau de plongeurs (cf. F. Dumas, Trente siècles sous la mer, Paris, 1972,
p. 57).

122 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3 Photo DRASM A520
DRASM 1114
97. Cavallo 1. Amphores Dressel 2-4.
4 D. 64.251
Photo MEC 501
Bebko 29
2 D. 70.1.21

Bebko 30
ÉPAVES DE TARRACONAISE 123
98. Cavallo 1. Amphores Dressel 2-4.

124
D. 70.1.19
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
DRASM 1102 C 17 Musée des Docks
99. Cavallo 1. Amphores.
Bebko 33
C 5 10

ÉPAVES DE TARRACONAISE 125
DRASM 1335-1336), dont la seule anse conservée est fort peu rectiligne; un assez grand nombre
de panses, comprenant la pointe, avec parfois une partie du col (D. 70.1.20, estampillée P.TE;
D. 70.1.22; D. 70.1.23; D. 70.1.24, à pâte brune) et des pointes, notamment celles qui sont
estampillées et dont il va être question dans les lignes qui suivent.
Nous avons retrouvé, au dépôt de Bastia, 7 exemplaires de l'estampille P.TE, signalée déjà par
W. Bebko et R. Lederer comme la plus fréquente sur les amphores de l'épave :
• sur la pointe de l'amphore sans numéro du dépôt de Bastia (photo MEC 485), ci-dessus
n°3.
• sur la pointe de l'amphore D. 64.251, ci-dessus n° 4;
• sur la pointe de l'amphore D. 70.1.29, ci-dessus n° 5, où elle est surmontée d'un graffito
semi-circulaire fait avant cuisson;
• sur la pointe D. 64.253, de pâte brune avec grains blancs et mica doré;
• sur la pointe D. 64.273 ;
• sur la pointe de la panse D. 70.1.20;
• sur la pointe de la panse D. 70.1.22.
Nos relevés (fig. 100) nous persuadent que cette estampille ne présente pas la variété que
signalait W. Bebko (impression due sans doute à la difficulté qu'il y a à reproduire des marques
plus ou moins bien venues). Elle est constante, au contraire, dans un cartouche dont les dimensions
sont — quand il est régulièrement imprimé — 22 χ 16 mm. Le point triangulaire est toujours
présent, après le Ρ dont la boucle n'est jamais fermée; le E plus petit s'abrite sous la branche de
droite du T.
Voir plus haut ce que nous avons dit de cette marque à propos de l'épave d'Ile-Roussel5i .
Nous n'avons retrouvé qu'un exemplaire, sur la pointe d'une panse sans numéro154, de la
marque lue M LI par W. Bebko et R. Lederer. L'impression est parfaitement nette, dans un petit
cartouche de 18 χ 14mm, et le timbre doit être lu MALI, avec le A contenu dans le M. Cette
estampille, qui est aussi sur l'épave d'Ile-Rousse, ne nous semble pas connue par ailleurs. Nous
avons lu, enfin, sur la pointe D. 64.255, une marque figurant dans un cartouche de 27 χ 11 mm,
dont les première, deuxième et quatrième lettres sont parfaitement nettes et dont les troisième et
cinquième signes, très effacés, se laissent cependant deviner : il s'agit de OPTAT et même,
probablement, de OPTATI, le dernier signe valant pour TI. C'est la marque, sûrement, dont
W. Bebko et R. Lederer n'avaient lu que les deux premières lettres l55. On rapprochera, avec réserves,
l'estampille OPT de l'épave Chrétienne Hi5e.
Quant au matériel autre que les amphores Dressel 2-4, nous ne le connaissons que par la
publication de W. Bebko. Une amphore à saumure de Bétique, proche —nous semble-t-il — du type
Pompéi VII tel qu'il figure sur l'épave Port-Vendres 2151 ', appartient certainement au matériel de bord
(fig. 99), ainsi que d'autres fragments moins aisément identifiables158.
153. Supra, p. 108-110.
154. Lors d'une visite au dépôt de Bastia les 2 et 3 novembre 1979, B. Liou et R. Lequément avaient noté
la présence de cette marque non seulement sur cette panse sans numéro, mais encore sur le fond d'amphore D.64.
274 que, dans leur recension du matériel de Cavallo 1, le 14 mars 1984, B. Liou et M. Corsi n'ont pas su retrouver.
155. W. Bebko, 1971, pi. VIII, p. 15, n° 45 et p. 3; cf. ibid, sous le numéro 48, un cachet mal formé, -TA,
qui pourrait bien n'être que deux lettres de OPTATI.
156. Supra, p. 83 et fig. 66.
157. Ibid, pi. VII, p. 14, n° 33. Cf. D. Colis, R. Etienne, R. Léquement, B. Liou, F. Mayet, L'épave
Port-Vendres II et le commerce de la Bétique à l'époque de Claude (Archaeonautica, 1), Paris, 1977, p. 40-43 et fig. 15,
p. 41. 158. W. Bebko, n° 34 et 35.

126 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
3). 64. 253
.2.3
.6^ - 265
100. Cavallo 1. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
T> .^ΌΊ 2.0

ÉPAVES DE TARRACONAISE 127
Quelques pièces de céramique commune, dont un mortier, un encrier en sigillée rouge 159, des
fragments d'un grand plat de céramique aretine à reliefs d'applique l60, une série de bols de verre161,
les moules calcaires laissées par deux monnaies mal identifiables (le profil d'un empereur
julio-claudien ?) 162, sont de moins de poids que les liens qui unissent cette épave à celle d'Ile-Rousse
(estampille P.TE. et MALI) et celle-ci au Grand- Rouveau 163, pour nous inciter à situer l'épave
Cavallo 1 dans le deuxième quart sans doute et assez près du milieu du Ier siècle après J.-C.
BIBLIOGRAPHIE
MESURES DES AMPHORES DRESSEL 2-4 DE L'ÉPAVE CAVALLO 1
No
DRASM 1114
D.70.1.21
Sans N° (Photo MEC 485)
D.64.2.51
D.70.1.29
BEBKO, 27
BEBKO,30
BEBKO, 28
DRASM C17(?)
— F. Benoit, 1958, p. 38, n° 10, 4.
— A. Tchernia, 1969, p. 495.
— W. Bebko, 1971, p. 3-4 et 13-18.
HAUTEUR
106,5 cm
106 cm
105,5 cm
105,5 cm
104,5 cm
106,5 cm
104 cm
Cons. 92 cm
104,5 cm
DIAM. MAX.
30,5 cm
31 cm
31 cm
28 cm
29 cm
29,5 cm
28,5 cm
31 cm
28,3 cm
CAPACITE
27,5 1
Il nous paraît utile de faire état, à l'extrême fin de cette notice, de la communication qu'a faite
W. Bebko à B. Liou, à la suite de la publication dans les Informations de Gallia, 1975, de la
photographie de la lampe de bronze de l'épave a" Ile-Rousse {supra, p. 108 et fig. 85), de documents
concernant deux belles pièces de bronze trouvées sur l'épave Cavallo 1 et qui n'ont pas non plus
abouti dans une collection publique. Faute de les connaître mieux, nous nous contenterons de
reproduire deux des photos qui nous en ont été transmises, avec une brève description et quelques
mesures : il s'agit tout d'abord d'une lampe (fig. 101) à un seul bec allongé, pied bien distingué du
corps, anse formée de deux tiges qui se rejoignent en se repliant sur un réflecteur en forme de feuille
de lierre. Le décor comprend deux rosettes sur le haut, à la jonction du corps et du bec, et deux
159.
160.
161.
162.
PI.
PI.
PI.
P. 4.
IX . P· 16.
X, P· 17.
XI . P· 18.
163. Supra, p. 108 et p. 110.

128
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
101. Cavallo l. Lampe de bronze.
102. Cavallo 1. Statuette de bronze (Jupiter).

ÉPAVES DE TARRACONAISE 129
protomés de lions en relief sur chaque flanc. Longueur 158 mm, largeur 88 mm, hauteur 40 mm au
bourrelet de l'orifice de remplissage, 88 mm au sommet des anses, poids 525 gr.
La seconde pièce consiste en une statuette avec son socle, trouvés séparément : un Jupiter en
pied, barbu, nu, chlamyde sur l'épaule gauche, l'avant-bras gauche plié vers le haut, la main percée
pour le passage d'une hampe qui prenait appui sur le socle (celle qui figure sur la photographie
est restituée); le bras droit est tendu vers le bas et tient une patere (fig. 102). La statuette est haute
de 82 mm, le socle de 31 mm pour un diamètre de 38 mm en haut et de 41 mm à la base.

130 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
10. — L'épave SUD-LAVEZZI 3 (Bonifacio, Corse du Sud)
Du 28 septembre au 12 octobre 1979, une campagne de 12 jours d'expertise et de sondages
a été consacrée par la Direction des recherches archéologiques sous-marines à l'épave déclarée par
MM. Paul et Patrick Mathiotte par fond de 38 m dans l'Est de l'écueil de Lavezzi, dans les bouches
de Bonifacio (fig. 96) m. Située un peu au Nord des épaves Sud Lavezzi 1, fouillée dans l'été 1975,
et Sud Lavezzi 2, sur laquelle la Direction avait travaillé en octobre-novembre 1978 et en mai 1979,
elle est devenue la troisième du nom. Ces gisements, qui sont distants l'un de l'autre de 300 à 400 m
à peine et à peu près équidistants de l'écueil aujourd'hui balisé par la tourelle des Lavezzi,
témoignent de la difficulté que présentait cette traversée des Bouches.
L'épave consistait en un amoncellement désordonné a' amphores Dressel 2-4. Le fond très
accidenté, hérissé de rochers hauts de plusieurs mètres, est fait de sable coquillier et de concrétions
calcaires. Les amphores se sont accumulées pour l'essentiel au pied de ces rochers (fig. 103-105).
On a disposé sur le site, pour ce sondage, un filet de 16 m χ 8 m à la maille carrée de 4 m
de côté, qui permettait de repérer avec une approximation convenable la position des amphores
récupérées.
Elles proviennent, pour l'essentiel, des carrés IA et IB, ainsi que des failles situées, hors
carroyage, entre les rochers au Nord-Est de IA et IB (fig. 105).
Dans le carré IA, la couche d'amphores assez bien conservées repose sur une couche de
tessons épaisse de 50 cm. Un sondage a fait apparaître, au-dessous, des restes de coque : plusieurs
membrures orientées NE-SO et encore fixées au bordé. On n'a pu cependant déterminer si l'axe du
navire est à placer vers le SO ou s'il a disparu après s'être brisé sur les gros rochers situés au
Nord-Est.
Plus de deux cents amphores ou fragments d'amphores ont été récupérés qui sont, à deux
exceptions près, des Dressel 2-4. Elles se répartissent ainsi : 37 amphores entières, 58 amphores
incomplètes, 23 panses, 10 parties supérieures, 32 cols, 41 pointes.
Ces amphores sont de petite taille, comme celles de l'épave Chrétienne H165, et assez trapues.
Elles ont une lèvre assez épaisse, en bourrelet arrondi. Les anses sont plutôt courtes et bien écartées
du col : leur hauteur est à peu près égale à la distance qui sépare les sommets des deux anses.
Le col, en général peu cintré, présente un ressaut à l'endroit où il s'élargit pour se confondre
avec l'épaule. Un angle très net marque aussi le passage de l'épaule à la panse, pratiquement
cylindrique, qui n'amorce une courbe qu'à son extrémité inférieure pour venir mourir très vite en
une petite pointe fine et courte; l'ensemble est assez anguleux. Cette impression est confirmée par
l'angle des anses, très aigu, qui s'étire, la plupart du temps, bien au-dessus du point d'attache
supérieur de l'anse sur le col.
On peut distinguer en gros deux variétés, en ce qui concerne la pâte et au point de vue
morphologique. Les amphores à pâte rouge à grains de dégraissant blanc abondants, mais de petit
diamètre, sont plus fines, en particulier au niveau du col et des anses : IA8, par exemple, a des anses
164. Ont participé à ce sondage, sur L'Archéonaute commandé par le Maître principal A. Négrel, B. Liou,
R. Lequément, L. Long, G. Dauphin et A. Vicente (DRASM), Ph. Foliot (CNRS, Aix), P. Boncinelli et J.-Y. Le Nair
(entreprise SERMAR), F. Curel, P. Mathiotte et Mlle B. Gassner.
165. Supra, p. 78.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 131
103. Sud-Lavezzi 3. Croquis du gisement, et implantation du carroyage souple. Le prélèvement
des amphores s'est fait dans les carrés situés le plus à l'Est, I A et I B, et entre les
rochers au NE de I A et de I B.
larges de 40 mm en leur sommet, contre 60 mm pour IB 50 ou NE IB 118, qui sont de la variété
à pâte blanc-jaunâtre avec un dégraissant de petits grains blancs, gris et noirs 166.
On trouvera ci-après le tableau des mesures de taille, de poids et de capacité des amphores
de la cargaison dont nous donnons, par ailleurs, le dessin et la photographie (fig. 106-108); on
notera qu'un de leurs caractères remarquables est leur légèreté, eu égard à leur capacité.
166. Il est vrai que IA 35, à pâte rouge, se situe exactement à mi-chemin : le sommet des anses est large de
50 mm.

132 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
IA8
IA23
IA28
I A 29
IA35
IB50
IB56
NEIB 108
(pointe cassée au bout)
NEIB 115
NEIB 118
Moyenne
HAUTEUR DIAMÈTRE POIDS CAPACITÉ RAPPORT C/P
88,5 cm
85
87
80,5
(88)
87
85
87,5
87
87,5
91
87,3
(sur 8)
33 cm
34
32
33
34
32
33,5
30,5
33
32
13 kg
14
13,5
15,5
17
14,5
17,5
15
32,7 15
(sur 8)
28,5 1
26
29
25,5
29
28,5
28,5
27
2,19
1,85
2,14
1,64
1,70
1,96
1,62
1,8
27,75 1,86
Une des amphores récupérées (IA29, fig. 102) était encore fermée par son bouchon de liège
et avait conservé son contenu, du vin de toute évidence.
Une moitié environ de ces amphores portent une ou deux estampilles sur la pointe 167. Dans
trois cas, l'estampillage à la pointe s'accompagne d'un timbre sur le col. Nous avons déchiffré
22 timbres différents; deux autres ne sont que partiellement lisibles et cinq poinçons sont illisibles
(fig. 109-113):
1 A Deux poinçons :
a) estampille ronde (0 15 mm), 3383;
b) ovale (16 χ 11), P. 23; peut-être le même que Chrétienne H Q. 70/80.
2 AC a) ronde (0 20 mm ca), IB 56 ou NE IB 97;
b) ovale (20 χ 15), seule sur P2; associée à PHIL sur la pointe de IA 29, qui porte
en outre SC sur le col. Les mêmes trois poinçons ont servi à estampiller, aux
mêmes places, l'amphore A. 44/78 de l'épave Chrétienne H {supra, p. 79 et
fig. 66).
3 AD rectangulaire (25 χ 15) : NE IB 122.
Les marques de Can Pedrerol et de Can Tintorer lues AD par Pascual, n° 2, p. 5 1
et fig. 4, p. 77 et n° 18, p. 53 et fig. 6, 3, p. 79, sont plutôt ÂNÏ3.
AD est rétrograde et ronde sur Chrétienne H, n° 6, cf. supra, p. 79 et fig. 66.
4 AD retro (qu'on pourrait aussi lire CA), ronde (0 14), quatre exemplaires : IA 12,
IB 50, NE IA 84, NE IA 88 (associée dans ce dernier cas à T). Cf., à tout hasard,
CA de Chrétienne H (n° 15) supra, p. 82 et fig. 66.
167. Pour le calcul du pourcentage d'amphores estampillées, on peut ne retenir que les 37 amphores entières
et les 58 reconstituées ou légèrement endommagées, soit 95 objets, dont 47 sont estampillés, c'est-à-dire pratiquement
50 %, ce qui est sans doute légèrement inférieur au pourcentage réel.

104 et 105. Sud-
Lavezzi 3. Vues des
carrés I A et Ι Β et
de la zone NE I A
où ont été préle
vées la plupart des
amphores.
104
133

134
t
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
IA 8 IA 28 IA 35
Ι Β 56 IB 50
106. Sud-Lavezzi 3. Amphores Dressel 2-4.
0 5 10

EPAVES DE TARRACONAISE 135
I A 8 A 28
Β 56 NEIB 118
107. Sud-Lavezzi 3. Amphores Dressel 2-4.

136 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
IA 29 3078 3103
108. Sud-Lavezzi 3. Amphores : Dressel 2-4, Pascual 1, Dressel 14.

5 ALBA
6 ALEX
7 Â~M
8 ANDÒ
9 ANT
10 ATT
11 CELSI
12
13
14
15
L
LYA
M
PHÏt
ÉPAVES DE TARRACONAISE 137
(plutôt que ΑΒΑ), rectangulaire (16 χ 13), 3 exemplaires : IA30, IA34, IA43,
toujours associée à VIC.
N'est pas due au même poinçon, mais peut-être rapprochée de ALBA du Grand-
Rouveau (n° 6) et de ALB du Grand Rouveau (n° 4 et 5) : supra, p. 54 et fïg. 40, et
de Can Pedrerol de Baix : Pascual n° 3 et 3a, p. 51 et fïg. 4, p. 77, n° 2, 3, 12 et 15.
Rectangulaire (33 χ 16), 7 exemplaires : une fois double : LA 33; 3 fois associée à
ATT : IA24, IA31, P.7; 2 fois associée à VIC : IA8, IA27.
Rectangulaire (28 χ 21), associée à ANT répétée, NE IB 115.
A rapprocher, bien que le poinçon soit différent, de AM circulaire de Chrétienne H
(n° 9), associée à PRI sur la pointe et à PRI et AN sur l'épaule de la même amphore
(supra, p. 79 et fïg. 68).
Rectangulaire, 5 exemplaires, 2 poinçons (?) : 51 χ 29 sur la pointe de NE IB 108,
qui porte sur le col le n° 23, dont seule la fin est lisible : ..]NICI
53 χ 29 P.41
48 χ 27 NE IB 108
49 χ 27 P.18
48 χ 24 P.ll. Dans ces quatre cas, le col manque.
On rapprochera AND de Chrétienne H, n° 1 1 (supra, p. 79 et fîg. 66) et, quoique
différent, AND de Can Pedrerol et Can Tintorer (références ci-dessus, sous le n° 3).
Rectangulaire (24 χ 19), deux fois sur NE IB 115, associée à ÂM (cf. AN et ÂM
associées sur Chrétienne H, ci-dessus sous le n° 7), et (26 χ 20) NE IB 103, associée
à VIC.
Rectangulaire (25 χ 19), douze exemplaires : 5 fois seule : : IA 9, IA 25, IA 32,
NE IB 104, NE IB 105; 1 fois double : P.l ; 3 fois associée à ALEX : IA 24, IA 31,
P.7; 1 fois à POT : IA 11; 1 fois à VIC : IA 14.
Rectangulaire (32 χ 16), sur col, 6 exemplaires : 5 fois associée à QVÂD sur la
pointe (IA 17, IB 52, IB 61, IB 62, NE IA73); 1 fois seule, la pointe manquant.
Probablement sans rapport avec Callender, 293, p. 96 et fig. 5, 22-23. Mais à
rapprocher de CELS (4 ex.) sur Chrétienne H, n° 19, (supra, p. 82 et fïg. 67) et à Can
Tintorer (Pascual, n° 21, p. 53 et p. 79, fig. 6, 5 et 80, fig. 7, 3) et Can Pedrerol (n° 7,
p. 52 et fig. 4, 14, p. 77). Ces deux sites se touchent; CELS et CELSI en sont
certainement originaires, ainsi que QVA et QVAD.
Ronde (0 10), sur P.38.
Rectangulaire (22 χ 14 à 24 χ 15), 7 exemplaires, toujours associée à VIC : IA 10,
IA35, IA42, IB 51, NEIA65, NEIB119, P.16.
Ronde (0 26), associée à PR sur P. 17.
Ovale (22 χ 17), associée à AC sur pointe de IA 29, qui porte sur le col la marque
SC.
Même association exactement et mêmes poinçons sur l'épave Chrétienne H,
ci-dessus, sous le n° 2. Ne peut être rapprochée utilement, étant donné les risques
de simple homonymie, de PHIL sur Pascual 1 de Sot Del Camp (Pascual, n° 120,
p. 65 et fig. 18, 9, p. 91), ni même des PÎÎIL et PÏÎ des Dr. 2-4 de l'épave des
Fourmigues (supra, p. 66 et fig. 56).

138 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
16 POT Rectangulaire (25 χ 17 ca), 2 exemplaires : associée à ATT, IA 11; associée à VIC
(sans numéro).
17 PR Rectangulaire (26 χ 17), associée à M : P. 17. Même poinçon que sur Chrétienne H,
n° 44, b (supra, p. 84 et fig. 68).
A rapprocher sans doute de PRI, Chrétienne H, n° 45 (5 ex.). PR retro de Can
Pedrerol (Pascual, n° 11, p. 52 et fig. 4, 8, p. 77) a les mêmes dimensions (cartouche
et lettres) exactement que notre estampille. Cette marque se trouve sur une
amphore du musée de Vienne (Isère) : Hesnard, 1981, p. 262.
18 QVÂD Rectangulaire (37 χ 17), 10 exemplaires, toujours sur la pointe, 5 fois associée à
CELSI sur le col (IA 17, IB 52, IB 61, IB 62, NE IB 118), 5 fois seule en l'absence
de col (P.6, P.8, P.15, P.19, P.33).
A rapprocher probablement de QVA et QVÀ", cf. Chrétienne H n° 47, supra, p. 84
et Grand- Rouveau, n° 18, p. 55, qui permet des rapprochements autorisant à la
situer à Can Tintorer.
19 S Ronde (0 13), sur P.12.
Cf. Chrétienne H, n° 51, supra, p. 84 et fig. 66.
20 SC Carrée (16 χ 16), sur col de IA29 qui porte sur la pointe AC et PHÏL Même
association, mêmes poinçons sur Chrétienne H, cf. ci-dessus, sous le n° 2.
21 Τ Ronde (0 9 et 1 1), 2 exemplaires : P.22 (seule) et NE IA 88 (associée à AD retro).
22 VIC Rectangulaire (24 χ 19), 20 exemplaires :
5 fois seule (IA 3, IA 5, IA 23, NE IA 78, NE IB 98).
2 fois avec ALEX (IA 8, IA 27).
3 fois avec ALBA (IA 30, IA 34, IA 43).
1 fois avec ANT (NE IB 103).
1 fois avec ATT (IA 14).
7 fois avec LYA (IA 10, IA35, IA42, IB 51, NE IA65, NE IB 119, P.16).
1 fois avec POT (sans numéro).
Est présente sur l'épave Chrétienne H, n° 62 : supra, p. 85 et fig. 70.
23 ..]NICI Rectangulaire (? χ 18), sur col. 2 exemplaires, une fois associée à ANUO sur
pointe, NE IB 108, une fois seule, en l'absence de pointe, 3332.
24 IB48 Grosse estampille ronde (?) (0 24?), qui peut être interprétée comme PA ou
25 P.34 Deux estampilles partiellement superposées, illisibles (0 19 pour l'une d'elles).
26 NE IA 73 et NE IB 113 estampille ronde (0 11) illisible.
27 NE IA 75 et NE IA 76 estampille ronde (0 9) illisible.
— sur P.36 trace de doigt (0 17).

ΙΛ
ΙΛ
ΙΛ
iesc
109. Sud-Lavezzi 3. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
IA^4
ΙΑβ
139

140
ΙΑ ZH
C ι β
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
XA
(4
IA15 IA3 ΙΑ IA4o4
Nei
110. Sud-Lavezzi 3. Estampilles des amphores Dressel 2-4.

ΙΑ
Ρ 44 ^\
/■
ΙΑ ΊΛ
111. Sud-Lavezzi 3. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
G ΙΑ
U

142 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
εΐβ148 \
P38
Ρ 33
Ρ -15
Γβ Si
IA41
112. Sud-Lavezzi 3. Estampilles des amphores Dressel 2-4.
Ρ

ΙΑ 2.9
ΙΑ
ΙΑ Ίο
5

144 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
Les estampilles de Sud-Lavezzi 3 ne sont guère connues que sur cette épave et sur Chrétienne
H, avec qui les rencontres sont nombreuses et frappantes, au point que remploi des mêmes
poinçons exactement pour marquer des amphores des deux épaves (SC, AC et PHIL, PR, peut-être
VIC) nous autorise à conclure à la parfaite contemporanéité des deux cargaisons : le lien, direct
(PR) ou indirect (ÂNDO en face de AND, CELSI en face de CELS et même QVÂD en face de
QVA et QVA) avec les ateliers de Can Pedrerol et de Can Tintorer (et seulement ceux-ci), donne
également à penser que les amphores de la cargaison — et aussi celles de Chrétienne H — ont été
fabriquées dans la basse vallée du rio Llobregat.
Deux des amphores récupérées, trouvées en dehors du tumulus principal, n'appartiennent pas
à la forme Dressel 2-4 : l'une, privée de sa haute lèvre, est du type Pascual 1, autre amphore vinaire
de Tarraconaise, souvent produite dans les mêmes fours que les Dressel 2-4 168. L'autre, à la pointe
mutilée, est une Dressel 14, c'est-à-dire une amphore à saumure du Sud de l'Espagne l69, qui devait
contenir des provisions de bord (fig. 108).
La présence de ces deux amphores est d'un grand intérêt au point de vue chronologique l7°.
L'épave est datable, sûrement, des premières décennies du Ier siècle, et, probablement, de son
premier quart, que ne semblent guère avoir dépassé les amphores Pascual 1 171 . L'amphore
Dressel 14 est certainement, du même coup, l'amphore datée de cette forme la plus ancienne 172.
BIBLIOGRAPHIE
- Liou, 1982, p. 446 et 448-450.
— Exposition Antibes, 1983, p. 53 (B. Liou).
168. Pascual, passim. L'amphore, telle quelle, pèse 17 kg et contient 22 litres. On notera combien le rapport
capacité/poids à vide est beaucoup moins favorable que pour les Dressel 2-4 (cf. le tableau de la p. 132 et ceux que
nous avons donnés pour les autres épaves).
169. Cf. B. Liou et R. Marichal, Les inscriptions peintes sur amphores de l'anse Saint-Gervais à Fos-sur-Mer,
dans Archaeonautica, 2, 1978, p. 141, avec notes 63 et 64.
170. Nous reprenons, dans les lignes qui suivent, le texte même de la chronique de B. Liou, dans Gallia, 40,
1982, p. 450.
171. Qui laissent assez vite la place aux seules Dressel 2-4 comme récipient du vin de Tarraconaise. Cf.
Hesnard, 1980, p. 146.
172. La Dressel 14 est absente du dépôt du Castro Pretorio constitué au milieu du Ier siècle. Par hasard, sans
doute ? Sur cette amphore et sa chronologie, cf. C. Panella, dans Ostia HI, p. 516-519.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 145
11. — L'épave PERDUTO 1 (Bonifacio, Corse du Sud)
Située à quelques dizaines de mètres dans 1ΈΝΕ de l'écueil affleurant de Perduto, à l'Est des
bouches de Bonifacio, par fond de 25 m, (fig. 96), l'épave Perduto 1 a été signalée à la Direction
des Antiquités par W. Bebko en 1965 et le peu de renseignements que l'on avait sur elle ont été
publiés par lui en 1971 m. Le gisement avait été abondamment pillé par les plongeurs et W. Bebko
ne connaissait « le matériel provenant de cette épave que par des tessons et par deux amphores
retrouvées dans des collections particulières »174. Le 6 juillet de cette année 1971, l'équipe de la
Direction des recherches archéologiques sous-marines, embarquée sur YArchéonaute avec le
Contre-amiral Duray, a fait une plongée sur le site et récupéré dans les failles rocheuses des pointes
estampillées, quelques anses et deux fragments de col (inv. Drasm 1756-1767). W. Bebko et
R. Lederer ont, dans les semaines suivantes, continué la prospection et ramassé, eux aussi, quelques
pointes estampillées.
Le réexamen de ce pauvre matériel n'est pas dépourvu d'intérêt :
1. Les estampilles signalées par W. Bebko n'ont jusqu'ici pas été lues :
— Bebko, p. 45, nos 266 et 267, estampilles des amphores nos 264 et 265.
— Lederer, rapport de 1971 : cinq pointes.
— Bebko, rapport de 1971 : deux pointes, dont on ne sait si elles font ou non partie des cinq dont
parle le rapport Lederer.
— 5 pointes prélevées par les plongeurs de YArchéonaute le 6/7/1971 : nos 1757, 1762, 1764, et
probablement, malgré leur très mauvais état, 1756 et 1763; soit 12 ou 14 exemplaires (fig. 114).
Lecture proposée : CISSI, soit entièrement rétrograde :I22I3, soit avec les S retro: CI2I2I 175.
2. La marque que porte la pointe DRASM n° 1758 (fig. 114) se lit, en revanche, HIL et a été
à coup sûr imprimée avec le même poinçon que HIL sur l'amphore A 58/79 de l'épave Chré
tienne Hm. La chose est d'autant plus importante que Sud-Lavezzi 3 ayant également en commun
avec Chrétienne H trois estampilles imprimées avec les mêmes poinçons177, les trois épaves
apparaissent, du même coup, comme strictement contemporaines.
HIL peut, bien entendu, avoir quelque rapport avec HILARI, qui est sur col de Dr. 2-4 de
l'épave de Diano Marina, et dont R. Pascual note un exemplaire à El Mujal 178.
173. Bebko, p. 6 et p. 45.
174. Ibid., p. 6.
175. Cette lecture difficile voit sa probabilité accrue du fait que Cissus est un cognomen attesté : Dessau
1938 = CIL, XIV, 3492, M. Venus Ml Cissus, dans le Latium, et Dessau 5558 = CIL, II, 3428, C. Plotius Cissi l.
Princeps (affranchi par conséquent d'un C. Plotius Cissus), à Carthagène. Il s'agit probablement du gr. Κισσός, attesté
comme anthroponyme; on notera cependant le toponyme Cissis, dans la région de Tarragone : victoire de Cn.
Cornélius Scipion sur Hannon en 218 av. J.-C, Liv. 21,60,7. Une estampille CISSI sur anse d'amphore Dressel 20
a été tout récemment découverte à Fos-sur-Mer (Amar-Liou, n° 248) : simple homonymie, sans doute, mais
réconfortante.
176. Supra, p. 83 et fig. 68.
177. Supra, p. 79, et fig. 66 pour Chrétienne H, p. 132 et fig. 113 pour Sud-Lavezzi 3.
178. Pascual, n° 131, p. 68 et fig. 22,7, p. 85.

146
M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
-M 51
114. Perduto 1. Estampilles sur pointes d'amphores Dressel 2-4.
Bebko 264
Bebko265
115. Perduto 1. Amphores Dressel 2-4.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 147
3. Quant aux amphores, on ne connaît — pour les exemplaires complets — que les deux
profils donnés par W. Bebko, dont pour le n° 265 qui appartenait à l'époque à la collection du
Dr. Biaggi, de Bastia, un dessin daté de 1966 et fait à l'échelle 1 : 5 (réduit par nos soins à 1 : 10) :
cette amphore mesure 90 cm de haut et 32 cm de diamètre. L'amphore n° 264, dont la forme est
quelque peu différente — mais qui porte la même estampille — doit mesurer 86 cm pour un
diamètre égal (fig. 115). Ces mesures sont fort proches de celles des amphores de Sud-Lavezzi 3 et
de Chrétienne H. D'après W. Bebko et d'après les observations que nous avons pu faire sur les
tessons conservés à la Direction des recherches archéologiques sous-marines, l'argile est rouge clair
à grains de dégraissant blanc, non pulvérulente.
BIBLIOGRAPHIE
- W. Bebko, 1971, p. 2, 6 et 45.

148 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
12. — L'épave EST-PERDUTO (Bonifacio, Corse du Sud)
Située très au large dans l'Est de l'îlot de Perduto, par 87 mètres de fond (fig. 96), cette épave
a été découverte dans l'été de 1971 par un pêcheur de corail qui a plongé pour décrocher les filets
qu'y avait accrochés un pêcheur de Bonifacio. C'est ce dernier qui a déclaré l'épave (200 amphores
visibles, peut-être, constituant un tumulus d'une dizaine de mètres de côté, ou de diamètre ?). Mais
c'est le premier qui y a prélevé quelques échantillons, avant d'y opérer, avec des collègues, des
récupérations de plus grande ampleur : c'est du moins ce qu'on croyait savoir, en 1974, au quartier
de la Corse des Affaires Maritimes, et ce que pourrait confirmer le procès que le patron-pêcheur
intente, semble-t-il, au corailleur...
Ce que nous savons du contenu de cette épave se résume à ceci :
— le 21 septembre 1974 à Bastia, M. Georges Drago, montre à Bernard Liou et Robert
Lequément une amphore provenant de cette épave : il s'agit d'une Dressel 2-4 à argile
rouge à points blancs; les autres amphores de l'épave seraient semblables à celle-ci;
— le 26 septembre 1974, B. Liou et R. Lequément ont vu, au bureau des Affaires Maritimes
de Bonifacio, une amphore Dressel 2-4, déposée par l'inventeur, strictement semblable et
provenant à coup sûr du même gisement;
— en janvier 1975, l'inventeur, rentrant de Corse sur le continent, a été arraisonné par une
vedette des Douanes : son bateau contenait des fragments de Dressel 2-4 et une amphore
brisée d'un autre type, mais appartenant elle aussi à l'épave.
Nous disposons actuellement, au Fort Saint- Jean, concernant cette épave :
— d'un fragment de col, avec une partie de la lèvre et une anse, de Dressel 2-4 à argile rouge
et dégraissant blanc (inv. DRASM 3051);
— d'une amphore Dressel 2-4 (inv. 3403), très concrétionnée, de même argile, privée de sa
lèvre et la pointe brisée au-dessous d'une estampille très clairement lisible dans un
cartouche rectangulaire de 37 χ 15 mm : APO (fig. 116); cette marque, issue toutefois de
poinçons différents, est, sur amphores 2-4 de Tarraconaise, à Diano Marina119, Chré
tienne Hm et, en fouilles terrestres, à Glanum181 et à Fréjus182. L'amphore est grande et
robuste, du type de Cavallo 1 et du Grand-Rouveau (h. conservée 96 cm, diam. 30,5 cm);
— d'une amphore brisée, mais entièrement reconstituée (inv. 3050, fig. 116), d'un modèle peu
fréquent, mais aujourd'hui clairement identifié grâce aux archéologues des Baléares,
D. Cerdâ y Juan et J.C. de Nicolas Mascaró, d'abord183, puis J. Ramon184. Ce dernier,
179. F. Pallarés, dans Forma Maris Antiqui, 1983, p. 88-89 avec fig. 11 b et c et 12, 1,2,3; Ead., Expo Gênes,
p. 90. Supra, p. 98.
180. Supra, p. 79 et fig. 66.
181. H. Rolland, 1944, p. 202, n° 99, 2 et fig. 37.
182. Fouilles du Clos de la Tour, 1982. Communiqué par D. Brentchaloff à C. Santamaria.
183. D. Cerdâ y Juan et J.C. de Nicolas Mascaró, dans F. Fernandez Miranda et M. Belén, Arqueologia
submarina en Menorca, Madrid, Fundación Juan March, 1977, p. 64-66 (gisement de Cales Coves) et El fondeadero
de Cales Coves (Alayor, Menorca), Madrid 1978, p. 114-115. Des dessins ont en outre été donnés par D. Cerdâ sur
un « poster » intitulé Excavaciones arqueologicas submarinas en la ensenada de la colonia de Sont Jordi (Ses Salines,
Mallorca), Palma de Majorque, s.d. (1980), de deux amphores de la « nécropole rurale » de Pollentia (n° 194 et 195),
avec (n° 196) un dessin absolument fantaisiste de celle de l'épave de Bonifacio, (fig. 117).
184. J. Ramon, La produccion anforica punico-ebusitana, Eivissa, 1981, particulièrement p. 113-116.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 149
Il6. Est-Perduto. Amphore Dressel 2-4 et amphore d'Ibiza.
0 5 10

150 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
NECROPOLIS MUSEO LA RURAL PORCIUNCULA DE POLLENSA
196
PECIO ESTR. BONIFACIO
PRIMERA MITAD S. I d.C.
117. Amphores d'Ibiza, d'après D. Cerdâ.
PUERTO DE MAHO
(c.p.
197
118. Amphore d'Ibiza de l'épave Bénat 1. 119. Amphore d'Ibiza trouvée
dans les bouches de Bonifacio.

120. Amphore d'Ibiza parmi le matériel
de l'épave de Chiessi à l'île d'Elbe.
ÉPAVES DE TARRACONAISE 151
121. Amphore d'Ibiza trouvée dans
le golfe de Fos
(Musée du Vieil-Istres).
120bls. Amphore d'Ibiza
trouvée près de
l'île de Port-Cros.

152 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
qui le définit excellemment, le nomme « type P-E 25 », ou P-E veut dire « punico-
ebusitano » ; or, le matériel produit à Ibiza vers l'ère chrétienne n'a plus grand-chose de
punique. Nous proposerions volontiers l'appellation « Ramon 25 ». Il ne fait pas de doute
que cette amphore originale, à lèvre très développée, col cylindrique concave, panse
ovoïde, marquée de cannelures, pointe creuse, anses larges à section aplatie marquée d'un
sillon plus ou moins profond, à pâte claire, est originaire de l'île d'Ibiza, où elle abonde
et où des ateliers qui la produisaient ont été repérés, à Ibiza-ville et à Can Rova de Baix
(San Antonio). La chronologie, raisonnable, que propose J. Ramon, va de 30 av. J.-C.
environ jusqu'au milieu du Ier siècle de notre ère. En dehors d'Ibiza, on la connaît bien aux
Baléares : à Formentera, à Majorque (Porto Pi, Pollentia, Colonia de Sant Jordi), à
Minorque (gisement de Cales Coves). J. Ramon cite notre épave des bouches de Bonifacio,
qu'il connaît par D. Cerdâ. Nous en avons, pour notre part, repéré six autres exemplaires :
un se trouve au musée du Vieil- Istres (fig. 121); au dépôt de fouilles sous-marines de Bastia
(Musée d'Ethnographie corse), un col, trouvé dès 1952 par l'équipe du Docteur Biaggi,
provient sans nul doute lui aussi de la région de Bonifacio, mais non pas de l'épave
Est-Perduto (inv. D. 52-20-43) (fig. 119). Sur l'épave 1 du Cap Bénat, située par — 37 m au
large du Lavandou (Var), un col qualifié par R. Calmes d'« atypique » appartient en fait
à cette forme, et une amphore d'Ibiza se trouve mêlée à une cargaison d'une variété de
Dressel 14 plutôt lusitanienne185 (fig. 118). Une amphore entière (h. 90,5, diam. 35,5 cm),
conservée au Fort Saint-Jean (inv. 2474), a été découverte en 1980 près de l'île de Port-Cros
(fig. 120 bis). Sur l'épave de Chiessi, à l'île d'Elbe, enfin, deux amphores de ce type sont
associées à des amphores de Bétique à vin (Haltern 70), à huile (Dressel 20) et à dérivés
de poisson (Pompéi VII), datables à peu près du milieu du Ier siècle186 (fig. 120).
Il est possible que sur l'épave Est-Perduto aussi, l'amphore « ébusitaine » (considérée par
J. Ramon avec un rien d'apriorisme, mais certainement avec raison, comme une amphore vinaire)
ait été isolée ou largement minoritaire. Sa présence sur une épave de Dressel 2-4 de Tarraconaise
n'a rien de surprenant. Elle contribue à la datation de l'épave dans la première moitié du premier
siècle de notre ère.
BIBLIOGRAPHIE
Epave inédite, sauf les allusions de D. Cerdâ et J. Ramon à l'amphore ébusitaine.
185. R. Calmes, L'épave 1 du Cap Bénat, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, II, 1973, p. 143-144 et 145,
fig. 7; A.J. Parker, Lusitanian Anforas, dans Méthodes classiques et méthodes formelles dans l'étude des amphores, coll.
de l'Ecole française de Rome, 32, Rome, 1977, p. 38.
186. F. Pallarés, Atti del Centro sperimentale di archeologica sottomarina, 1975, dans Forma Maris Antiqui,
Xl-XH, 1975-1981, Bordighera, 1983, p. 186-187, à qui nous empruntons la photographie de sa fig. 3; et D. Rossi,
Archeologia marina, Toscana, Isola d'Elba, Chiessi, dans Archeologia subacquea, Bollettino d'arte, 4° supplemento, 1982,
p. 81 et p. 82, fig. 70b. L'auteur, qui ne fait pas référence à l'épave Port-Vendres 2, très proche de celle de Chiessi,
attribue à cette dernière, sur la seule base de la datation par Callender de l'estampille SAENIAMES (?) sur Dressel 20
(n° 1559), une date nettement trop tardive, dans le dernier quart du Ier siècle.
In extremis, nous constatons que les amphores ébusitaines du cap Bénat et de Chiessi ont été bien identifiées
par V.M. Guerrero Ayuso,, Indigenisme i colonitzaciô pùnica a Mattona, Ses Salines (Mallorca), 1985, p. 61, n° 56.
Col et haut de panse d'amphore « Ramon 25 » sur la côte proche de Dénia, entre Valence et Alleante :
J.A. Gisbert Santonja, Hallazgos arqueolôgicos submarinos en la costa de Dénia. Las anforas de cronologia romana
republicana, dans VI Congreso intern. de Arqueologia submarina, Cariogena, 1982, Madrid, 1985, p. 421, n° 20 et fig. 7,3.
Deux autres amphores, entières, tout près de là, en fouilles terrestres, à Javea : G. Martin et M.D. Serres, Lafactoria
pesquera de Punta de l'Arenai y otros restes romanos de Javea (Alleante), Valence, 1970, pi. XXXI, n° 88 et 89.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 153
13. — L'épave de BARA (prov. de Tarragone)
Elle nous a été signalée, alors que notre étude était déjà rédigée, par Jordi Mirò, que nous
remercions très chaleureusement. Il n'en a été question que dans un article consacré aux trouvailles
sous-marines recueillies au musée archéologique de Tarragone entre 1968 et 1970 et publié dans le
bulletin de la société archéologique locale187.
Elle se situe à quelque 4 km de la côte, au large de l'arc de Barâ,
beau monument romain de l'époque de Trajan, qui se trouve
lui-même à 20 km au Nord de Tarragone (fig. 122). Le fond, à
— 50 m environ, est constitué d'une vase qui réduit à presque rien la
visibilité. L'épave a fait l'objet, en octobre 1968, d'un sondage auquel
a participé durant trois jours le Poséidon, navire des plongeurs de la
Marine militaire espagnole ; il a été complété par les observations des
membres de la Société d'explorations sous-marines de Tarragone, qui
ont d'autre part récupéré la plupart des amphores et des fragments
déposés au musée archéologique.
La partie visible consistait en un tumulus de 12 χ 7 m, dont le
sommet émergeait d'un mètre au maximum au-dessus du fond, les
amphores étant fréquemment décapitées par le passage des chaluts.
Soixante numéros de l'inventaire du musée sont affectés au
matériel récupéré sur l'épave, parmi lequel on ne compte que sept
amphores entières : le reste consiste en amphores mutilées, simples
cols ou fragments.
Un seul type est représenté. Le seul dessin publié, apparemment
excellent, permet de reconnaître, sans l'ombre d'un doute, une
Dressel 2-4 de Tarraconaise (fig. 123). Il s'agit d'une variété haute et
élancée (haut. 104 cm, diam. 29 cm), rappelant, par exemple, les
amphores de l'épave du Petit-Congloué.
L'identification de ces amphores de Barâ est confirmée par
Jordi Mirò — et par les photographies qu'il nous en a montrées; les
exemplaires intacts sont accrochés à un mur dans une dépendance du
musée de Tarragone; ils sont recouverts de concrétions sous lesquell
es se trouvent peut-être des estampilles : l'étude de tout ce matériel
reste à faire.
BIBLIOGRAPHIE
123. Amphore Dressel 2-4
de l'épave de Bara.
— M. Berges Soriano, Los hallazgos arqueolôgicos submarinos ingresados en el Museo
Arqueológico de Tarragona, dans Boletin Arqueologico (Tarragona), 1969-1970, p. 1-15
(cf. p. 2 et 6 et fig. 1, 2, p. 5).
187. Cf. bibliographie.

122. Situation des épaves de Bara et de Cala Vellana
TIV/SA
B
15 30 km
- CÀ//QS -

ÉPAVES DE TARRACONAISE 155
14. — L'épave de CALA VELLANA (Minorque)
Sur l'épave de Cala Vellana, située par 12 à 13 m de fond sur la côte Est de Minorque, non
loin du centre balnéaire d'Es Grau (fïg. 122), quelques lignes et la photographie d'une amphore
avaient été publiées par Joan de Nicolas en 1973 187; nous disposions également de quelques
renseignements transmis oralement par Ramon Tejedor188; nous l'avions cependant oubliée dans
notre répertoire, et l'avons retrouvée en feuilletant la thèse d'Antoinette Hesnard, à qui elle n'avait
pas échappé : la photo publiée par J. de Nicolas figure dans son catalogue, et elle attribue cette
amphore, comme il se doit, à la Tarraconaise 189.
Nous disposons maintenant de renseignements plus substantiels, grâce à une lettre du 15 mai
1985 à laquelle Joan de Nicolas a bien voulu joindre de très précieux dessins m.
Lorsqu'il écrivit son article des Cahiers d'archéologie subaquatique, l'épave de Cala Vellana
était un gisement livré au pillage, d'où avaient été retirées un certain nombre d'amphores
appartenant toutes au type Dressel 2-4, et quelques fragments de céramique commune, culinaire.
J. de Nicolas avait pu étudier six de ces amphores conservées dans des collections privées. Au cours
de l'été 1979, une prospection autorisée a été menée par lui-même et Joan A. Orfila, avec le concours
du Centro de Investigaciones submarinas de Menorca, que dirigeait R. Tejedor. Les résultats en
seront prochainement publiés.
Il a été récupéré une grande quantité de fragments d'amphores Dressel 2-4, dont J. de Nicolas
estime qu'ils représentent au moins 200 de ces récipients. Aucun d'entre eux, aucune des pointes,
qui ont été minutieusement examinées, ne porte d'estampille. La pâte de ces amphores est
rouge-brique, avec dégraissant abondant de quartz laiteux et des particules de mica doré. A en juger
par le seul exemplaire complet que nous connaissions — celui dont la photo a été publiée en 1973
et dont nous reproduisons également le dessin (fig. 124, 1), elles sont hautes et fines (haut. 104,5 cm,
diam. 28,5 cm), avec une longue pointe aux flancs concaves se terminant en bouton.
Une seule amphore, trouvée pratiquement complète, se distingue des Dressel 2-4 de
Tarraconaise : sous une lèvre en bourrelet quadrangulaire, elle a un col large et court et de très
petites anses arrondies qui surmontent une panse ovoïde allongée se terminant par une pointe
creuse en triangle (fig. 124, 2). Amphore à huile ? à saumure ? Nous ne savons si l'intérieur est
poissé ou non. La pâte est fine et bien épurée, de teinte beige grisâtre.
La prospection de 1979 a par ailleurs livré des fragments de céramique commune, certains de
production clairement ibérique, et six fragments de céramique sigillée sud-gauloise : on y reconnaît
une coupe Drag. 24/25 (fig. 124, 3), deux coupes Drag. 27 au moins (fig. 124, 4 et 5), un bord
appartenant sans doute à une assiette Drag. 15/17 et un fragment de pied de la même forme ou
d'une forme proche (fig. 124, 6 et 7).
187. Cf. infra, bibliographie.
188. « Es Grau. Epave de 2-4 de Tarraconaise et céramique fine » : note de B. Liou, prise lors d'un voyage
d'étude à Majorque, à Pâques 1977, en compagnie de Dali Colis, Robert Etienne, Robert Lequément et Françoise
Mayet. 189. Hesnard, 1981, n° 296.
190. Qu'il trouve ici l'expression de nos remerciements très amicaux.

156 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
r.
124. Amphores (1-2) et céramique sud-gauloise (3-8) de l'épave de Cala Vellana.
0 5 lOcr
0 2 4cm

ÉPAVES DE TARRACONAISE 157
De nos épaves à Dressel 2-4 de Tarraconaise qui ont livré de la céramique fine, Cala Vellana
est la seule où celle-ci soit issue des ateliers du Sud de la Gaule. Les formes, toutefois, sont plutôt
anciennes, bien représentatives, par exemple, de la « période de splendeur » de La Graufesenque
(40-60 ap. J.-C). Il n'y a donc pas lieu de considérer que cette céramique est plus tardive que
l'italique de Diano Marina. Parmi nos épaves, Cala Vellana apparaît sans doute comme l'une des
plus récentes (les amphores déjà donnaient cette impression); mais il n'y a pas lieu d'en faire
descendre la date plus que de quelques années au-delà du milieu du r siècle.
BIBLIOGRAPHIE
— J.C. de Nicolas, Etat actuel de l'archéologie sous-marine à Minorque (Baléares), dans Cahiers
d'archéologie subaquatique, II, 1973, p. 167-171 (cf. p. 170 et pi. A, 3).
— Id., Romanizacion de Menorca, dans Geografìa e Historia de Menorca, coordinada por
J. Mascaró Pasarius, t. IV, Minorque, 1983, p. 274 (simple allusion).

IV. - QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION
1. Les estampilles des amphores Dressel 2-4 :
détermination des ateliers; interprétation et signification
Nous avons, épave après épave, dressé la liste des estampilles qui figurent sur leurs amphores,
procédé aux rapprochements qui s'imposaient et qui nous ont permis d'attribuer telle estampille à
tel atelier et de déterminer dans bien des cas avec précision la zone de production des amphores
et du vin qu'elles servaient à transporter. Nous l'avons fait cependant, nous semble-t-il, sans donner
à nos déductions la justification d'ensemble qu'elles réclamaient, et il nous paraît utile de revenir,
globalement, sur cette question de la détermination des ateliers. Nous n'avons pas non plus,
jusqu'ici, touché au problème de l'interprétation épigraphique, et, pour tout dire, de la signification
des estampilles. Nous allons essayer de le faire dans les pages qui suivent. La grande difficulté de
cette étude réside évidemment dans le fait que ces marques sont à la fois sommaires et banales ; les
cas d'homonymie en particulier ne peuvent qu'être nombreux l91 entre les 2-4 de Tarraconaise et
d'autres types d'amphores; il peut aussi s'en présenter, pour nos 2-4 de Tarraconaise, d'un atelier
à l'autre. Il est peu probable enfin que ces marques permettent des rapprochements prosopographi-
ques décisifs. Elles ne sont pas négligeables pour autant.
Pour la détermination d'un atelier à partir d'une estampille, la méthode appliquée par Claude
Santamaria dans son étude des amphores de la Chrétienne H peut s'énoncer comme suit : quand
deux estampilles figurent sur la même amphore, et que l'une des deux (A) est connue sur un site
d'atelier de Tarraconaise, avec les meilleures chances d'y avoir été produite, la seconde (B) émane
elle aussi de cet atelier; une troisième estampille (C) qu'on trouvera sur une autre amphore associée
à Β est dans le même cas, et ainsi de suite...
C'est ainsi que C. Santamaria a pu, en partant des listes dressées par R. Pascual, attribuer aux
ateliers de Can Pedrerol et de Can Tintorer les estampilles suivantes de l'épave Chrétienne H :
CAN PEDREROL
a) estampilles de Chr. H présentes sur le site (attribution directe) :
AD
CELS et GRAE
PR
191. Dans sa liste des lieux de découverte des estampilles présentes sur l'épave Chrétienne H (art. cité, p. 37)
et dans la carte de répartition qu'il en a tirée (fig. 21, p. 36), C. Santamaria a inclus (et il en a conscience) des sites
où les estampilles concernées ont peu de chances d'être sur Dressel 2-4 : au Mont-Beuvray, par exemple, les marques
à une ou deux lettres comme A, AC, AD, AM, AN, FE ou l'abréviation très banale PHIL sont presque sûrement
sur des amphores Dressel 1. La carte (muette) de diffusion des amphores de Catalogne qu'a donnée récemment
R. Pascual Guasch, The Catalan Wine-trade in the Roman Empire, dans Int. Journal of Nautical Archaeology, 13, 1984,
p. 245-248, est fondée sur le recensement de marques qui représentent un matériel disparate.

160 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
b) attribution indirecte :
IV
SAT (associées l'une et l'autre à PR)
CAN TINTORER
a) attribution directe :
ACA, ACAN
AND (plutôt ( que AD : Santamaria, p. 32, cf. supra, p. 79)
CÂLAM
CELS
CIAS
CLÂR
FIR
HELE
LEAN
b) attribution indirecte (tableau de Santamaria, p. 35) :
Can Tintorer
Chrétienne H A attribuer à Can Tintorer
FIR
FIR + TÎÎA
THA
THA + ACAS
ACAS
THA + SÂB
SÂB
SAB + QVA
QVA
ajouter QVA + QÂÈ
QÂE
HÈLE
HÈLE + ÂPTI
ÂPTI
ΑΡΤΙ + OPT
OPT
Ajouter
CÂLAM
CÂLÂM + GEM
GEM
La même méthode est évidemment applicable aux estampilles des autres épaves, et, en
particulier à celles de Sud-Lavezzi 3, dont la parenté avec Chrétienne H a déjà été soulignée. A
condition toutefois d'admettre l'identité, vraisemblable, mais qu'on ne peut rigoureusement prouver,
de marques présentant des abréviations différentes d'un même nom, telles que ÂLB (Can Pedrerol)
et ALBA (Sud-Lavezzi 3; les deux versions sont sur l'épave du Grand-Rouveau), ÂND (Can Tintorer
et Chrétienne H) et ANDÒ (Sud-Lavezzi 3), CELS (Can Pedrerol, Can Tintorer et Chrétienne H) et
CELSI (Sud-Lavezzi 3), PR (Can Pedrerol, Chrétienne H et Sud-Lavezzi 3) et PRI (Chrétienne H),
QV (Diano Marina, Fos), QVA (Grand-Rouveau, etc.), QVA (Chrétienne H, etc.) et QVÂB (Sud-
Lavezzi 3).
Cette identité acceptée, on attribuera à
CAN PEDREROL
a) Directement :
ÂTBA
PR (pour mémoire, l'estampille étant déjà sur Chrétienne H)
b) Indirectement :
Can Pedrerol Sud-Lavezzi 3 A attribuer à Can Pedrerol
ÂLB ÂLBA + VIC VIC (qui est aussi sur Chrétienne H)
VIC + ALEX ÂXEX

et l'on attribuera à
CAN TINTORER
ANT
ÂM 4 - AN + PRI
PRI - \- CE
ÉPAVES DE TARRACONAISE 161
VIC +
vie +
VIC +
VIC +
et ALEX
+ AM
Chrétienne
ANT
LYA
POT
ATT
H
ANT
LYA
POT
ÂTT
ÂNÎ
AN
PRI (cf. PR)
CE
a) AC (Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3) par analogie avec ACA, ACAN _ et ACAS
AN DO (Sud-Lavezzi 3) considérée comme identique à ÂND
CELSI (Sud-Lavezzi 3) considérée comme identique à CELS
QVÂT3 (associée sur Sud-Lavezzi 3 à CELSI) considérée comme identique à QVA
b) Can Tintorer
AC
Sud-Lav. 3, Chr. H
AC + PHÏt + SC
A attribuer à Can Tintorer
ΡΗΪϋ
SC
On peut dès lors dresser une liste des estampilles issues des ateliers de Can Pedrerol et de Can
Tintorer qui nous sont connues tant par les prospections pratiquées sur les sites mêmes (R. Pascual)
que par nos épaves ou les fouilles d'autres sites terrestres :
LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
AD
ALB, ALBA
ALEX
AM, AM
Â~NÎT
ANT
ÂTT
CE, CELS,
CELSI
PASCUAL
1977, No
2
3
2
(cf. supra)
4
AUTRES
GISEMENTS
Sud-Lavezzi 3
Grand-Rouveau
Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Can Pedrerol
DÉVELOPPEMENT
PROBABLE
ALBANI ou
ALBINI
ALEXANDRI
AMANDI
ANDOXI ?
ANDOTI ?
ANTEROTIS ?
ANTHI ?
ATTICI
CELSI
nDCED UBotRVAl \I A XT/\TVTC JUINS
Est plutôt ÀN0 voir infra
cf. ÂMÂNÙ(i), Ile-Rousse,
Fos, Ostie, Carthage et Pe-
tit-Congloué
AND, ANT3O à Can
rer; Andoxus, CIL, XIII, 26
(Aquitaine); Andotus, CIL,
II, 5765.
Est aussi à Can Tintorer

162 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
CRES
EL
GRAÈ
IV
LYA
MA
NI
NYS, mais il
s'agit plutôt de
SYN
POT
PR, PRI, PRIM
PROTI
SAT
SOSIBIA
TPIM
VIC
AC
ACA
ACÀ~N~
ACAS
AND, ANDÒ ....
ΑΡΤΙ
ΑΤΙ
BAR
PASCUAL
1977, No
5
6
7
8
9
10
11 et 15
12
13
14
16
17
18
19
AUTRES
GISEMENTS
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Diano Marina
Fos, Camulodu-
num
DÉVELOPPEMENT
PROBABLE
CRESCENTIS
ELEVTHERI ou
ELPIDEPHORI
ou un nom
gène...
GRAECI
IVCVNDI
LYAEI
?
NIGRI
Can Tintorer
SYNTROPHI
POTHI ?
POTITI ?
PRIMI
PROTI
SATVRNINI
SOSIBIA (E)
?
VICTORIS
ACANTHI
ACASTI
ANDOXI ?
ANDOTI ?
ΑΡΤΙ
BARBARI ?
BARBATI ?
OBSERVATIONS
...cf. Elandus, CIL, I2,
709 = D 8888 parmi les
cavaliers espagnols de la
région de Saragosse à qui
Cn. Pompée confère la cité
romaine en 89 av. J.-C. à
Asculum.
IVC à Can Tintorer
Cf. MALI de Cavallo 1 et
Ile-Rousse
ouIN( )?
cf. SOS, Can Tintorer
Lecture très douteuse
A rattacher à l'une ou à
l'autre des deux suivantes :
Acasti à El Mujal, d'après
des notes de R. Pascual
Cf. aussi Â~NÏ3 à Can Pe-
drerol
Demande confirmation
IVC + BAR*
à Fos (G.
Amar- Β. Liou, n° 81)

LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
BI
CA....^.
CALAM
CELS
CIASL
CLAR
DE
FIR
FRIV
GEM
HELE
HIL, HILARI
IVC
LEAN
M
R PÀ
OA
OPT
PHÌt
PT[
QAE
QV
QVA
QVA
PASCUAL
1977, N°
20
21
23
24
25
32
26
27
28
29
30
31
ÉPAVES DE TARRACONAISE 163
AUTRES
GISEMENTS
Camulodunum
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Rome
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Perduto 1
Diano Marina
Châteaumeillant
Capestang, Fos
Chrétienne H
Planter 1
Grand-Rouveau
Sud-Lavezzi 3
Grand-Rouveau
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Diano Marina,
Fos
Chrétienne H
etc.
Grand-Rouveau
etc.
DÉVELOPPEMENT
PROBABLE OBSERVATIONS
BIBVLI ?
BITHI ?
CALAMANI
CELSI
C(ai) I(uli) As( )
CLARI
DECIMI ?
DEMETRI ?
DEXTRI ?
FIRMI
GEMELLI
GEMINI
HELENI
HILARI
IVCVNDI
LEANDRI
MVR ( ) PA( ) ?
?
OPTATI
PHILODAMI
PHILOMVSI
PHILOXENI
etc., etc.
P(ubli) T(erenti)
Qfuinti Ae(li) ?
Ae(mili) ?
QVADRATI
BAR + BI (ibid.)
Est aussi à Can Pedrerol
QVA + DE, CIL, XV, 3540
[.] RIV à Can Tintorer; on
peut penser à PRIV(ATI)
IVC + QVA Chat., Cap.
IVC + BAR Fos
IV à Can Pedrerol
Est aussi à Torre Llauder
OPTATÎ à Cavallo 1
Rapproché par Pascual de
P.TE (Caldes de Montbui,
etc.)

164 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
QVÂD
RIM
SA[.],SAB
se
SOS ou 202
ΤΪΪ,ΤΤΓΑ
PASCUAL
1977, N"
AUTRES
GISEMENTS
Sud-Lavezzi 3
Diano Marina
Chrétienne H
Petit-Congloué ?
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Rome, épave
Grand-Ribaud D,
Glanum
Chrétienne H
DÉVELOPPEMENT
PROBABLE
QVADRATI
?
SABINI
SCAVRI, par ex.
Nom ibère, cf.
SOSIBIA(E) de
Can Pedrerol,
etc.
THALLI ?
Associé à BAR
+ QVA, CIL, XV, 3530 et
Gr. Ribaud D
+ TH Glanum
On peut assurément compléter cette liste avec celle des autres estampilles des épaves
Chrétienne H et Sud-Lavezzi 3 qu'il faut attribuer elles aussi aux ateliers de la basse vallée du rio
Llobregat :
AD,ADA (ADAVCTI ?), APO (APOLAVSTI, APOLLONI, etc.), EPH (EPHEBI,EPHESI ?),
ER (EROTIS), FA et FAV (FAVSTI), FE (FELICIS), IT (ITALICI), PYR (PYRAMI), RVST
(RVSTICI), STAB (STABILIONIS), Τ,ΤΑ (TAVRI ? ou des noms ibères à base Tanne-192), TLIC
(Titi Licinil), VIT (VITALIS, VITVLI ?), VT (VTILIS)..
ASCL (ASCLEPIADAE) de Diano Marina, TYR (TYRANNI), C( ) P( ) F( ), de la même
épave, pourraient bien venir elles aussi de Can Pedrerol ou Can Tintorer, de même que CISSI, de
Perduto 1.
A Torre Llauder sont attestées directement NP~ (NEPOTIS ?) d' Ile-Rousse, PF $ Ile-Rousse et
du Grand-Rouveau, ainsi que P.TE (P(ubli) Te(renti), probablement), d'Ile-Rousse et de Cavallo lm.
BAL (BALBI) et TRA (TRANQVILLI), du Grand-Rouveau, FEL (FELICIS), d' Ile-Rousse, MALI,
d'Ile-Rousse et Cavallo 1, devraient également en venir, tandis que L() C() P() -probables tria
nomina-, à'Ile-Rousse, a pour le moins un homonyme à Can Cabot..
Une conclusion se dégage assez clairement de cette longue liste : ces estampilles à deux, trois
ou quatre lettres (de celles qui ne comportent qu'une seule lettre on ne peut rien dire) sont presque
toutes interprétables comme des formes plus ou moins abrégées de cognomina ou de noms uniques.
Trois seulement nous paraissent représenter des tria nomina : CI AS -C(ai) I(uli) As (pri ou -iatici ou
-clepiadae ?), C(ai) P( ) F( ) et L(uci) C( ) P( ); trois, des groupes praenomen + nomen : P.TE, qui sera
développé P(ubli) Te(renti) plutôt que P(ubli) T( ) E( ), QÂE -Q(uinti)_Ae(li) ou Ae(mili), TLIC -Tifiti)
Lic(ini); un dernier comporte sans doute nomen + cognomen : MVR PA -Mur(ri) Pa( terni ?). Au CIL,
XV, on trouve, lues sur la pointe d'amphores qui sont évidemment des 2-4 de Tarraconaise, QVA
associée à la marque SOS (3530) et QVÀ associée à DE (3540). Dressel a proposé les développe
ments Sosfus ?) Q.V( ) A( ) et Q.Vf ) Af) Defmetrius ?), qui signifieraient que ces amphores ont été
fabriquées par des esclaves d'un personnage portant ces tria nomina,Q(uintus) Vfalerius ? peut-être...)
A( ), le propriétaire, vraisemblablement, du domaine producteur du vin que ces récipients étaient
destinés à contenir. En réalité, la coexistence et l'identité probable des variantes QV, QVA (ou QVÂ)
192. Cf. Tannegaldunis (gén.), CIL, II, 4040, Sagonte; Tannegisceris, 3794, Liria; Tannepraeseris, 5840, en
Tarraconaise.
193. Le cas de PTE, présent aussi à Caldes de Montbui, n'est pas clair.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 165
et QVAD rendent beaucoup plus vraisemblable le développement Quad(rati) -encore que Q.V( ) Ad( )
ou Q.Va(leri ?) D( ) ne soient pas absolument impossibles-, c'est-à-dire un nom qui se situe sur le
même plan que Sos(i ?) -ou Sos(ibiae ?) et De(metri ?) -ou De(xtri ?). Toute notre liste, au demeurant,
nous paraît aller dans le même sens ; les noms grecs y sont nombreux : Acanthus, Acastus, Alexander,
Anteros (ou Anthus), Apolaustus (ou Apollodorus, Apollonius, etc.), Asdepiades, Cissus (si ce n'est pas
un nom indigène), Eleuther(J), Ephebus (ou Ephesus), Eros, Helenus, Leander, Lyaeus, Philodamus
(ou Philomusus, Philoxenus, etc.), Pothus{T), Plocamus, Protus, Pyramus, Syntrophus (?), Thallus,
Tyrannus; on y trouve presque sûrement des noms indigènes : Andoxus (ou Andotus\ Sosibia, etc. ;
la très grande majorité des noms latins s'appliquent fort bien à des esclaves ou aux classes
inférieures : Amandus, Aptus, Barbants (ou Barbatus ?), Calamus ou Calamanus, Clarus, Crescens,
Faustus, Félix, Firmus, Gemellus, Hilarus, Iucundus, Niger, Optatus, Primus, Quadratus, Rusticus,
Saturninus, Stabilio, TaurusÇÎ), Tranquillus, Victor, Vitalis (ou Vitulus), Vtilis;\es noms ethniques ne
contredisent pas notre impression : Albanus, Atticus (?), Graecus (ou Graecinus), Italicus, Sabinus;
quant aux noms mêmes qui ne sont guère portés par des esclaves m, Balbus, Celsus, Nepos, Paternus,
PotitusÇï), Scaurus, ils ne s'appliquent pas nécessairement à des personnages de la haute société.
Nous pensons donc que, sauf exception toujours possible, les noms que représentent les estampilles
des amphores Dressel 2-4 de nos épaves et de celles que nous connaissons par ailleurs des ateliers
du Llobregat sont ceux des ouvriers potiers qui ont fabriqué ces amphores. Dans le cas de signatures
doubles ou triples, on considérera que les ouvriers qui font équipe et qui ont chacun leur poinçon
impriment celui-ci sur l'amphore ou plutôt, peut-être, sur la série d'amphores qu'ils ont réalisée
ensemble. Au sein d'un même atelier, les coéquipiers alternent : à Can Pedrerol, par exemple, pour
la fabrication des amphores qui allaient constituer la cargaison du navire de Sud-Lavezzi 3, Atticus
a travaillé avec Alexander, Amandus et Pothus (ou Potitus...); ces quatre potiers ont par ailleurs
collaboré avec Victor, et lui-même co-signe les sept amphores que nous connaissons de Lyaeus. Ce
Victor est peut-être un ouvrier d'expérience, une sorte de contremaître de cette équipe ?
On notera que les ateliers de Can Pedrerol et de Can Tintorer emploient un personnel
abondant (pour qui au demeurant la fabrication d'amphores peut n'être que saisonnière 195) : la liste
que nous avons dressée nous est fournie en grande partie par les deux épaves strictement
contemporaines de Chrétienne H et Sud-Lavezzi 3, dont l'apport se superpose largement aux
données collectées par R. Pascual sur les sites des ateliers; elle a donc une très bonne homogénéité
chronologique.
On n'y trouve donc pas de noms illustres ou du moins connus, qui fourniraient un témoignage
sur la propriété du sol et l'exploitation des vignobles en Tarraconaise dans les premières décennies
du premier siècle de notre ère, comme c'est le cas pour quelques rares estampilles des amphores
Pascual 1 dans la période immédiatement précédente 196. Elle nous procure en revanche quelques
lueurs, qu'il sera peut-être possible de préciser, sur le fonctionnement des ateliers qui ont produit
les amphores de nos épaves. Le plus important, en tout état de cause, reste que leurs estampilles
nous permettent de déterminer avec une grande précision et pour beaucoup d'entre elles leur lieu
de production et du même coup celui du vin dont elles étaient pleines : nous pouvons en effet,
répétons-le, situer cette production pour 8 de nos 14 épaves : Can Tintorer et Can Pedrerol, à moins
de 20 km dans l'Ouest de Barcelone, sur le rio Llobregat, pour Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3,
194. Nous suivons les indications que donne I. Kajanto, The Latin Cognomina (Commentationes Humanarum
Litterarum, XXXVI, 2), Helsinki, 1965.
195. Les ouvriers peuvent être employés une bonne partie de l'année ad opus rusticum {Digesta, XXXIII,
7,25). 196. Celles de Cn. (Cornélius) Lentulus Augur (Port-la-Nautique, Ampurias, Auterive), cf. P.A. Gianfrotta,
Lentulo Augure e le anfore laietane, dans Tituli, 4, 1982, p. 475-479, et de C.Mussidius Nepos .celle-ci, connue jusqu'ici
sur la forme Oberaden 74 et sur des « pseudo Dr. 7-11 » de Tarraconaise (Liou, 1975, p. 576-577), est attestée sur
Pascual 1 à la Longarina : Hesnard, 1980, p. 145.

166 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
125. Sites d'ateliers d'amphores de la région de Barcelone.
Dramont B, Perduto 1 et Diano Marina, et d'autre part Torre Llauder, c'est-à-dire Mataró, en
bordure de mer, à 30 km au NE de Barcelone, pour le Grand-Rouveau, Ile-Rousse, Cavallo 1
(fig. 125). Seules deux zones très délimitées de la carte semblent pour l'instant concernées par
l'étude de nos épaves.
2. La chronologie
On ne peut, à l'étude de chacune de ces quatorze épaves, manquer d'éprouver une certaine
déception : aucune ne nous fournit, en effet, des données objectives et certaines permettant de la
dater avec précision. Aucune, il est vrai, n'a fait l'objet d'une fouille exhaustive; mais une épave
comme la Chrétienne H, par exemple, qui a été fouillée avec quelque ampleur et une grande minutie,
n'a pas livré une seule pièce de céramique fine ; une seule monnaie, sur Cavallo 1, dont on sait peu
de chose ; la céramique aretine, présente sur cinq épaves, nous donne — pour trois d'entre elles —
des indications utiles, de même que la sigillée sud-gauloise, pour la seule épave sur laquelle elle

ÉPAVES DE TARRACONAISE 167
apparaît; pour le reste, nous n'avons que les amphores, avec les liens que les estampilles nous
permettent d'établir entre les différentes épaves.
Réduits à ces données assez pauvres, nous pouvons cependant assigner à nos épaves une
chronologie globale et établir entre elles une chronologie relative, qui nous permet de les classer
dans le temps. Elles sont, c'est certain, contemporaines de la céramique aretine et, plus précisément,
de ses formes tardives (Goudineau 36, 39 A, 43) avec encore, dans le cas de Planter 1, des estampilles
rectangulaires et ailleurs (Grand Rouveau, Diano Marina) des estampilles in planta pedis. Nous
dirions que l'arétine permet de fixer un terminus post quem vers la fin de la première décennie du
Ier siècle de notre ère, si le fragment de céramique peinte ibérique du Dramont Β ne venait nous
rappeler à plus de prudence : il faut partir, peut-être, de plus haut, des alentours immédiats de l'ère
chrétienne; le terminus ante pourrait se situer au milieu du siècle : nos quatorze épaves nous
paraissent groupées en un demi-siècle tout au plus, entre les premières années de notre ère et 50
ou quelques années au-delà, entre l'ibérique, et donc l'arétine de Dramont B, plus ancienne sans
doute que celle de Planter 1, et la sigillée italique de Diano Marina, la Sud-gauloise de Cala Vellana.
Dramont Β pourrait donc précéder Planter 1, que nous situons vers 15 ap. J.-C, et qui est
suivie (?) de près par Sud-Lavezzi 3, sur laquelle on trouve une amphore Pascual 1, et que ses
estampilles font strictement contemporaine de Chrétienne H et de Perduto 1 : vers 15-20/25 ? Un
second groupe est constitué par les épaves du Grand-Rouveau, â'Ile-Rousse, Cavallo 1, Est-Perduto
peut-être, Diano Marina et Cala Vellana, qui nous paraissent datables, en gros, de la décennie 40-50
(on peut descendre, évidemment, jusqu'aux premières années du règne de Néron...) : nous nous
fondons ici sur les indications que nous donne la céramique de Diano Marina, du Grand-Rouveau
et de Cala Vellana, mais aussi sur la parenté des amphores, qu'attestent non seulement leurs
estampilles, mais également leur morphologie. Les lacunes de notre information, notre incapacité
à dater de façon très précise et bien sûre, sont probablement en partie responsable de l'impression
que nous avons d'un « trou » chronologique entre les épaves que nous attribuons au premier quart
et celles que nous situons vers le milieu du siècle. Mais cette impression est sensiblement renforcée,
ainsi que nous allons voir, par le fait que les amphores répartissent clairement nos épaves en deux
groupes distincts.
Il ne sera pas inutile, pour mieux fixer nos idées, de réunir en un tableau récapitulatif les
mesures moyennes de taille, de poids et de capacité des amphores des épaves pour lesquelles elles
ont pu être calculées :
Planter 1
Petit-Congloué
Grand-Rouveau .
Les Fourmigues.
Dramont Β
Chrétienne H
Diano Marina ...
Cavallo 1
Sud-Lavezzi 3
Perduto 1
Bara
Cala Vellana ..
RÉFÉRENCE HAUTEUR
85 cm
102,95
101,62
104,91
92,8
86,5
93,75
105,37
87,3
88
104
104,5
DIAM. MAX.
31,7 cm
30,75
30,29
31,2
31,2
32
34,12
29,6
32,7
32
29
28,5
POIDS
14 kg
17,31
16,63
18
18,5
17
—
15
CAPACITE
27,75 1
26,56
(mais de
23 à 30)
26,7
28,66
26,8
26 ca
33
27,5
(1 mesure)
27,75
RAPPORT
1,98
1,53
1,59
1,62
1,50
1,52
—
—
1,86

168 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
II ressort d'abord de ce tableau que nos amphores se caractérisent par une capacité très
constante (sauf l'exception de Diano Marina), proche du quadrantal ou amphore canonique de
26,26 litres 197, et par une remarquable légèreté qui rend particulièrement favorable le rapport de la
capacité au poids à vide : on sait que ce rapport est égal à 1, à peu de chose près, pour l'amphore
vinaire italienne Dressel 1B198. Il est, sur l'épave Sud-Lavezzi 3, de 1,2 environ pour l'unique
amphore Pascual 1 m qui apparaît comme une survivance des récipients qui ont précédé les
Dressel 2-4 pour le transport du vin de Tarraconaise, contre 1,86 pour les amphores de cette dernière
forme qui constituent la cargaison du navire : les Dressel 2-4 étaient, incontestablement, des
amphores particulièrement avantageuses pour le transport maritime200.
Le tableau et l'examen direct du matériel font apparaître assez clairement, parmi les amphores
de nos épaves, deux variétés (fig. 126) :
— des amphores petites et trapues, dont la hauteur est proche de 90 cm, le diamètre de 32 cm, sur
les épaves Planter 1, Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3, Perduto 1, auxquelles on peut joindre, peut-être,
Dramont B;
— des amphores longues et élancées, hautes généralement de plus d'1 m (jusqu'à 1,07 m) et dont
le diamètre est un peu inférieur à celui de la variété précédente, sur les épaves du Grand Rouveau,
Cavallo 1, Est-Perduto, à quoi on peut ajouter Ile-Rousse (bien qu'on n'ait pas de forme complète201),
Petit-Congloué, Les Fourmigues, Bara et Cala Vellana.
Les amphores de Diano Marina, qui sont de taille moyenne, de très fort diamètre et d'une
capacité supérieure à l'amphore canonique, se situent à part.
A nouveau, nos épaves se sont distribuées en deux groupes et il se trouve qu'ils coïncident
avec les deux groupes que notre essai de chronologie relative nous avait permis de distinguer : tout
se passe comme si la forme des amphores avait évolué au cours du temps, la variété petite et trapue
ayant précédé la variété longue et élancée202. Cela est peut-être une indication pour situer les épaves,
pour lesquelles nous ne disposions pas de véritables éléments de datation, comme Les Fourmigues,
le Petit-Congloué et Bara.
On remarquera que les trois épaves à dolia, Diano Marina, Ile-Rousse et Petit-Congloué se
situent dans le groupe chronologiquement le plus récent, proche du milieu du Ier siècle. Elles
témoignent évidemment d'une évolution dans le transport du vin de Tarraconaise.
197. Cf. par ex. R. Cagnat et V. Chapot, Manuel d'archéologie romaine, Paris, 1920, II, p. 262-264.
198. Les amphores de l'épave de la Madrague de Giens, par ex., pèsent 23 à 24 kg pour cette capacité de
26 litres : P. Pomey, dans A. Tchernia et coll., L'épave romaine de la Madrague de Giens, XXXIVe suppl. à Gallia,
Paris, 1978, p. 103. Rapport un peu plus favorable pour l'épave d'Albenga, 21,5 kg, toujours pour 26 1 : N. Lamboglia,
La nave romana di Albenga, dans Revue d'Etudes Ligures, XVIII, 1952, p. 154.
199. Supra, p. 144, note 168 (l'amphore a perdu sa haute lèvre).
200. Cf. les indications que donne à cet égard A. Hesnard, Note sur un atelier d'amphores Dr. 1 et Dr. 2-4 près
de Terracine, dans MEFRA, 89, 1977, p. 162 et note 28 : le volume de cargaison occupé par 4500 Dr. 1 peut contenir
plus de 6 000 Dr. 2-4, soit un gain de 30 % de vin transporté par un même navire (calcul au demeurant tout théorique,
car nous n'avons aucun indice qu'un navire ait contenu 6 000 amphores Dr. 2-4). Le gain en poids, pour nos Dr. 2-4
de Tarraconaise, s'établit en gros à 6-7 kg par amphore, soit 12 à 14%.
201. Cf. p. 108.
202. Nous nous sommes demandé si dans la table de Dressel, ces deux formes successives de l'amphore
vinaire de Tarraconaise ne seraient pas représentées par les numéros 3 et 2 (la forme 4 ressemblant davantage à une
amphore campanienne). Vérification faite, il n'en est rien : les amphores portant des timbres de Tarraconaise sont
de forme 2,3, « 3 similis» et 4; et il en est de même de celles qui portent des noms de vins italiens.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 169
126. Prises au hasard, une amphore de Sud-Lavezzi 3 et une du Petit-Congloué.
3. Les épaves à dolia
Nous ne pouvons éviter, à leur propos, d'évoquer les trois autres épaves connues de navires
chargés à la fois de dolia et d'amphores Dressel 2-4, d'origine non plus tarraconaise, mais
campanienne : il s'agit de l'épave récemment découverte au large de Ladispoli, au Nord de Rome,

170 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
et fouillée par P.A. Gianfrotta, et de l'épave Grand-Ribaud D (îles d'Hyères) dont l'étude vient d'être
entreprise par A. Hesnard. Ces deux épaves reçoivent des fouilleurs des dates sensiblement
antérieures (premières années de notre ère) à celles que nous proposons pour celles de Tarraconaise.
La troisième, celle de La Garoupe, est liée aux épaves à dolia à1 Ile-Rousse, du Petit-Congloué et de
Diano Marina par les estampilles des G Pirani203 et ne devrait pas en être chronologiquement bien
éloignée 204.
Les six épaves ensemble posent le problème d'une évolution, sinon d'une révolution dans le
mode de transport : le cargo chargé d'amphores tend à faire place au bateau-citerne ou plutôt à
devenir un bâtiment mixte : bateau-citerne par ses dolia, transport classique par les amphores
complétant sa cargaison. L'emploi du dolium, qui peut sans doute peser une tonne ou plus mais
contenir plus de 2 000 litres de vin, est sans nul doute économiquement avantageux et témoigne,
peut-être, d'un souci de rentabilité qui ne s'était pas, jusque là, manifesté205. Il faudrait, bien sûr,
pour apprécier l'importance du phénomène, connaître davantage d'épaves à dolia : elles sont,
avons-nous vu, trois sur quatorze pour les navires chargés par ailleurs d'amphores Dr. 2-4 de
Tarraconaise ; elles sont trois sur trois pour les cargaisons de Campanie, car on ne connaît pas —
sauf erreur de notre part — d'autres épaves à Dr. 2-4 de Campanie que celles à dolia de Ladispoli,
de La Garoupe et du Grand-Ribaud : on croira volontiers que les fonds marins en recèlent d'autres
qu'on n'a pas encore découvertes, surtout s'il y a eu, ce qui est plausible, de purs bateaux-citernes
avec seulement des dolia et sans les amphores qui facilitent le repérage. On aura peut-être ainsi
l'occasion de nuancer l'impression que nous donnent les découvertes d'amphores (et qui, de toute
façon, ne saurait pas être vraiment fausse) d'une considérable diminution des exportations du vin
d'Italie centro-meridionale à la fin du Ier s. avant J.-C, après l'abandon de l'amphore Dressel 1B
au profit de la Dr. 2-4. On pourra peut-être aussi expliquer, par une redistribution faisant suite à
un transvasement à partir des dolia, le fait que des inscriptions peintes sur des amphores fabriquées
en Gaule méridionale puissent mentionner un cru italien 206. Mais cela nous entraîne hors de notre
sujet.
Nous intéresse en revanche directement le fait que les dolia de quatre de ces six épaves sont
estampillés au nom des G Pirani et que, sur les quatre, trois épaves (Petit-Congloué, Diano Marina
et Ile-Rousse) transportent en outre des Dr. 2-4 de Tarraconaise, et une, celle de La Garoupe, des
Dr. 2-4 de Campanie 207. Le nom des Pirani n'est, à notre connaissance, attesté dans l'épigraphie
latine que par quatre inscriptions trouvées ensemble et mentionnant probablement la même
personne; sa parenté avec les Pirani des dolia nous paraît indubitable, malgré un écart chronologi
que assez important : à Minturnes, à la limite du Latium et de la Campanie, les fouilles de 1931
ont permis la découverte de 29 cippes remployés à l'époque augustéenne dans le podium d'un temple
et datables entre la fin du IIe s. et 65 avant J.-C. Ils portent des dédicaces à Vénus, Spes, Cérès,
Mercurius Félix, faites par des magistri ou magistrae de corporations, certainement artisanales et
203. Supra, p. 43.
204. La marque C. PIRANVS/FELIX.FEC semble bien être due au même poinçon au Petit-Congloué et à
la Garoupe.
205. A. Tchernia, Quand le tonneau remplaça l'amphore, dans L'Histoire, 36, juillet-août 1981, p. 105.
206. Massicum, en toutes lettres, sur un tesson d'amphore probablement « gauloise », inédit, de Fos-sur-Mer,
ce qui rend pour le moins douteux le développement de l'abréviation Mas par Mas (siliense) (uinum), proposée dans
B. Liou et R. Marichal, Les inscriptions peintes sur amphores de l'anse Saint-Gervais à Fos-sur-Mer, dans Archaeonau-
tica, 2, 1978, p. 147-149, n° 38-40.
207. Cf. Fiori, 1972, p. 39, 41 et 42 et pi. II, p. 44; Benoit, 1956, p. 31, fig. 37 et p. 32-33. On ne dispose plus,
à vrai dire, d'aucune amphore entière provenant de cette épave. M. A. Galeotti a, en 1983, confié à B. Liou un col
dont il est assuré qu'il vient de l'épave, sur laquelle il l'a ramassé il y a 30 ans : la pâte est celle d'une amphore de
Pompéi.

ÉPAVES DE TARRACONAISE 171
commerçantes, du type de celles qu'on connaît à Délos et à Capoue208. Ces magistri sont des esclaves
ou des affranchis des meilleurs familles de la cité. Parmi eux, Epagatus Peir(anae) s(eruus), Dio
Peiranae s(eruus), Pampill(us) Piranae s(eruus) et Philotimus Piranae s(eruus)209. Le nom de Pirana a
été rapproché par E. Stâdler de celui de la localité de Pirae, donnée par Pline comme proche de
Minturnes 210. C'est donc une femme qui représente pour nous la famille, en ce Ier s. avant J.-C, et
nous permet de situer les Pironi de nos dolia, avec beaucoup de certitude, bien qu'ils lui soient
postérieurs de peut-être un siècle : le nom, qui est probablement de souche locale, n'apparaît nulle
part ailleurs; Minturnes est, au débouché du Liris (l'actuel Garigliano) et d'une zone viticole, un
port de quelque importance où les activités liées à la mer sont bien attestées : des sociétés de
salinatores, produisant des salaisons de poisson, et de picarii fabriquant, grâce aux résineux des
forêts voisines, la poix destinée aux chantiers navals, mais aussi, sans nul doute, celle qui enduit
les parois des amphores et des dolia, sont parmi les propriétaires d'esclaves mentionnés par les
mêmes cippes qui nomment Pirana2u. Les C. Pirani du Ier siècle de notre ère fabriquaient donc ou
faisaient fabriquer les dolia qu'ils estampillaient à leur nom, et peut-être aussi les navires où ces
dolia prenaient place ; ces bateaux-citernes sont en tout cas italiens et ils emportent, dans le cas de
celui de La Garoupe, du vin de leur pays d'origine vers la Gaule et vers l'Espagne du Nord. Ils
rapportent vers Rome du vin de Tarraconaise et même (c'est le cas, partiellement, de celui du
Petit-Congloué) du Sud de la Gaule : nous appréhendons ici un exemple particulièrement frappant
d'un transport commercial à la fois ultra-spécialisé, concernant un produit unique, et bilatéral et
même triangulaire.
Dans ce commerce, les Pirani n'ont été ni les seuls, ni les premiers : l'épave D du Grand-
Ribaud, au tout début du Ier siècle, ajoute à ses dolia des amphores de Campanie ; mais on y trouve
des fragments d'amphores de Tarraconaise212 qui semblent bien indiquer que le navire trafiquait
avec le Nord de l'Espagne. Cela dit, les quatre épaves à dolia estampillés au nom des C. Pirani,
chronologiquement fort proches les unes des autres, vers le milieu du siècle, — et, dans l'état actuel
des découvertes, seules de leur espèce à cette époque —, témoignent sans doute d'une puissante
entreprise d'armement maritime, malheureuse peut-être (ces bateaux ont coulé..) et de courte durée.
Répétons cependant que notre documentation est trop peu nombreuse pour nous permettre de
conclure hardiment.
4. L'exportation du vin de Tarraconaise
Le fait que nos 14 épaves à Dressel 2-4 de Tarraconaise soient groupées dans l'espace d'un
demi-siècle est certainement significatif d'un mouvement économique vigoureux, mais dont
l'ampleur a été relativement brève. Si les épaves confirment en gros la datation qui nous était
208. F. Coarelli, Lazio (Guide archeologiche Laterza, 5), Bari, 1982, p. 370 (Minturnae). Les inscriptions ont
été publiées par J. Johnson, Excavations at Minturnae, II, Inscriptions, Part I, Philadelphie, 1933 (cf. RE, suppl. VII,
1940, col. 472 sq.); E. Lommatzsch, CIL,\\ 2678-2708; E. Stâdler, dans Hermès, LXVII, 1942, p. 149-196; A. Degrassi,
Inscriptiones Latinae Liberae Rei Publicae, Florence, 1963, n° 724-746.
209. CIL,\\ 2691 = ILLRP, 738; CIL,\\ 2700 = ILLRP, 740; CIL\\ 2701 = ILLRP, 741; CIL,\\
2703 = ILLRP, 743.
210. Pline, N.H., 3, 59 : Vitra fuit oppidum Pirae, est colonia Minturnae Liri amne divisa : l'opposition fuit/est
indique que X oppidum des Aurunci a disparu, peut-être détruit après le soulèvement de 314, en tous cas avec le
développement de la colonie romaine, à partir de 296 avant J.-C.
211. CIL,l2, 2691 = ILLRP, 738 : Antioc(us) sal(inatorum) so(ciorum) s(eruus)...; Philemo pic(ariorum)
soc(iorum) s(eruus). Un architectus navalis est attesté à Minturnes : CIL, X, 5371 = Dessau 7734.
212. Avec, par ex., les estampilles bien connues QVA et SOS (de Can Tintorer) : supra, p. 55.

172 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
suggérée par les fouilles terrestres pour l'essor des exportations du vin de Tarraconaise au moyen
des Dressel 2-4 (première décennie du Ier siècle de notre ère à Haltern213 comme à la Longarina214),
elles tendent sans doute à nous faire comprendre mieux que nous ne le faisions jusqu'ici que le
déclin a dû s'amorcer dès la seconde moitié du siècle. Les Dressel 2-4 de Tarraconaise n'ont disparu
que sensiblement plus tard : à l'époque de Trajan, elles représentent encore 6 % des tessons
d'amphores vinaires présents dans les fouilles des Thermes du Nageur à Ostie 215. Mais dans l'état
présent de notre information c'est dès le règne de Néron que les épaves cessent de nous donner
témoignage de leur exportation.
La situation géographique des épaves, qui nous prouve que douze au moins de ces bateaux
se dirigeaient vers Rome 216, n'a sans doute qu'une signification relative, mais témoigne, à coup sûr,
d'une destination privilégiée. On retrouve certes des Dr. 2-4 de Tarraconaise, leurs estampilles et
notamment celles des amphores de nos épaves à Fos, à Arles, à Vienne, Chalon-sur-Saône,
Strasbourg, Colchester, Londres et par ailleurs à Carthage et le long de l'axe Narbonne-Bordeaux.
Mais ce ne sont là que des voies secondaires du commerce du vin de Tarraconaise pour cette
époque. L'« isthme gaulois », par exemple, a été parcouru avec une bien plus grande densité par
les amphores Pascual 1 de l'époque immédiatement précédente217. La demande, pour ces vins
abondants et bon marché218 — ou éventuellement de grande qualité comme celui de Tarragone ou
le Lauronense219 — venait bien, pour l'essentiel, de Rome.
213. S. Loeschcke, Keramische Funde in Haltern, dans Mitteilungen der Altertumskommission fìir Westfalen, V,
Bonn, 1909, p. 251-252, n° 66A.
214. Hesnard, 1980, p. 146.
215. Nous empruntons ce chiffre à la thèse à paraître d'A. Tchernia, Le vin de l'Italie romaine. Essai d'histoire
économique à partir des amphores (1984), p. 217 de l'ex, dactylographié; lui-même le doit à des renseignements de
C. Panella.
216. Cf. supra, p. 9 et 11.
217. Cf. Y. Roman, De Narbonne à Bordeaux, un axe économique au Ier siècle avant J.-C, Lyon, 1983, fig. 39,
p. 177 (répartition des amphores Pascual 1 estampillées M. Porci) et p. 180 (lieux de découverte de Pascual 1 en
Aquitaine).
A noter que si les amphores Pascual 1 ont bien été exportées jusqu'à Ostie (Longarina) et Pompéi, les neuf
épaves que nous dénombrons à l'heure actuelle sont situées très près du point de départ, sur la côte catalane
d'Espagne ou de France : épaves de Los Ullastres (F. Foerster, dans International Journal of Nautical Archaeology,
3, 1974, p. 333; UNA, 7, 1978, p. 162-163; 8, 1979, p. 172-174), du Cap del Vol(F. Foerster, UNA, 9, 1980, p. 244-253;
F.J. Nieto et F. Foerster, dans Cypsela, III, 1980, p. 163-177), épaves de Cala Cativa et de Cala Culip(M. Oliva Prat,
Estado actual de la arqueologia submarina en la Costa Brava, dans Actes du IIe Congrès international d'archéologie
sous-marine (Albenga, 1958), Bordighera, 1961, p. 233-238, épaves Cap Béar 1 (Liou, 1975, p. 571), Cap Béar 3 (où
les Pascual 1 sont associées à des Dressel 1B et à des Dressel 12-inédite), Port-Vendres 4 (inédite), épave du Cap Gros
(inédite) et une épave tout nouvellement découverte, qu'on peut nommer Port-Vendres 5.
218. Cf. Martial, 1, 26, v. 9-10 : A copone tibifaex Laletana petatur, si plus quam decies, Sextiliane, bibis (Va
te chercher chez le cabaretier de la lie léétanienne, Sextilianus, si tu dois boire plus de dix coups); Ovide, Ars
amatoria, III, 645-646 : Fallitur et multo custodis cura Lyaeo/illa uel Hispano lecta sit uua iugo (Avec beaucoup de
vin aussi on trompe la vigilance d'un gardien, même si le raisin en a été cueilli sur les coteaux d'Espagne); Pline,
cité ci-dessous.
219. Pline, N.H., XIV, 71 : Hispaniarum Laetana copia nobilitantur, elegantia uero Tarraconensia atque
Lauronensia et Baliarica ex insulis conferuntur Italiae primis (Dans les Espagnes, les vins de Léétanie sont renommés
pour leur abondance, ceux de Tarragone et de Lauron pour leur qualité; ceux des îles Baléares se comparent aux
premiers crus d'Italie : trad. J. André, coll. des Univ. de France, Paris, 1958); Martial, XIII, 118 : Tarraco, Campano
tantum cessura Lyaeo... (Tarragone, qui ne le cédera qu'aux vins de Campanie); variante chez Silius Italicus, 3, 370 :
... et Latio tantum cessura Lyaeo.
Sur le vignoble de Tarraconaise, cf. Tchernia, 1971, p. 78.

Note additionnelle
ÉPAVES DE TARRACONAISE 173
Le 12 août 1985, L'Archéonaute a rapporté au Fort Saint- Jean un gros fragment de dolium
(lèvre et haut de panse), portant l'estampille C.PIRANVS/SOTÈRICVS.Ffcriij. Il a été remis à Luc
Long par l'un des inventeurs de l'épave Grand-Ribaud D, M. Michel Dumontier, qui l'a, hors fouille,
ramassé sur le site. Nous avons, dans le cours de cette étude (p. 55 et 170), fait allusion à cette épave,
tout récemment fouillée par Antoinette Hesnard et qui, comme celles de La Garoupe et de Ladispoli,
complète son chargement par des amphores Dressel 2-4 de Campanie. L'estampille de Sotericus
nous était jusqu'ici connue par l'épave de La Garoupe, sous la forme légèrement différente
C.PIRANVS/SOTERICVS.
La nouvelle découverte vient vigoureusement contredire certaines des propositions que nous
avons émises dans les pages qui précèdent. Elle porte à cinq sur six le nombre des épaves à dolia
et amphores Dressel 2-4 liées à l'entreprise des Pirani de Minturnes (trois sur trois pour les épaves
à dolia et amphores de Tarraconaise et — pour le moment en tout cas — deux sur trois pour les
épaves à dolia et amphores de Campanie). Nous avions été tentés déjà de risquer l'expression de
« quasi-monopole » ; on pourrait, peut-être, s'y résoudre. On irait jusqu'à se demander si les Pirani
n'ont pas été les seuls à armer ce genre de bateaux-citernes !
Nous avions noté d'autre part que l'épave Grand-Ribaud D devait se dater, comme celle de
Ladispoli, dans les premières années du premier siècle de notre ère, tandis que celle de Diano Marina
à coup sûr, et celles d' Ile-Rousse et du Petit-Congloué probablement, se situaient vers le milieu du
siècle. Il semble donc que l'activité des Pirani se soit étendue dans le temps plus largement qu'il
ne nous paraissait de prime abord, au long d'un demi-siècle au moins. Cette constatation jette sans
doute quelque lueur sur la façon dont les différents membres de la famille ont pu collaborer et se
succéder dans l'entreprise. Il est peu probable en effet qu'un même personnage ait imprimé son
estampille sur les dolia au cours de cinquante années, et, de fait, l'épave Grand-Ribaud D et celle
de Diano Marina n'ont pas, dans l'état actuel des choses, d'estampille en commun. Mais C.Piranus
Sotericus, attesté au Grand-Ribaud D dans les premières années du premier siècle, figure à La
Garoupe sensiblement plus tard, puisqu'il y est associé à C.Piranus Félix qui, au Petit-Congloué, signe
avec C.Piranus Philomusus que l'on retrouve à Diano Marina. Au moment où sont fabriqués les dolia
de La Garoupe, Félix est probablement plus jeune que Sotericus; lorsque sont faits ceux du
Petit-Congloué, il est plus vieux sans doute que Philomusus. Nous dirions volontiers que Sotericus
appartient à une première génération, ou tranche d'âge, Félix à une deuxième et Philomusus à une
troisième ; Cerdo, présent seulement à La Garoupe, est de la première ou de la deuxième génération,
et Primus, de Diano Marina et a' Ile-Rousse, est probablement de la troisième.
Il reste que si l'épave de La Garoupe doit occuper, chronologiquement, une place intermédiaire
entre Grand-Ribaud D et Petit-Congloué-Diano Marina, l'activité des Pirani et de leurs bateaux-
citernes pourrait paraître s'être exercée d'abord dans le trafic d'Est en Ouest du vin de Campanie,
et ensuite seulement dans celui du vin de Tarraconaise et du Sud de la Gaule vers Rome.

174 M. CORSI-SCI ALLANO ET Β. LIOU
L'importance des deux courants s'est incontestablement inversée au début du premier siècle. On se
rappellera cependant que le Grand-Ribaud D a livré des fragments d'amphores de Tarraconaise
significatifs d'un trafic avec cette province. On devrait trouver, dans les années à venir, d'autres
épaves à dolia des Pirani, avec des amphores Dressel 2-4 de Tarraconaise, s'échelonnant sur toute
la première moitié du premier siècle de notre ère220.
220. Nous adressons nos très vifs remerciements à Antoinette Hesnard pour les renseignements inédits sur
l'épave Grand-Ribaud D dont nous faisons état dans cette note terminale et dans les pages qui précèdent; elle a
présenté les premiers résultats de sa fouille dans des communications faites à la réunion annuelle de la Direction
des Recherches archéologiques sous-marines les 14 janvier 1984 et 26 janvier 1985 et lors d'un colloque sur
l'archéologie subaquatique du ministère italien des Biens culturels à Gênes le 29 mars 1985; des compléments seront
apportés par la communication de P.A. Gianfrotta et A. Hesnard, Deux épaves augustéennes chargées de dolia :
Ladispoli et le Grand-Ribaud D, au congrès sur Le vin dans l'Antiquité qui se tiendra à Badalona en Catalogne du
28 novembre au 1er décembre 1985.

LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
A
A
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CISSI retro
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C.P.F
CRI
ÉPAVES DE TARRACONAISE 175
Index des estampilles figurant sur les amphores des épaves
FORME DU
CARTOUCHE
circulaire
ou ovale
carré
cire, ou
ovale
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
ovale
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
ovale
rect.
rect.
rect.
ovale
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
ÉPAVES
Planter 1, Grand-Rouveau,
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H, Diano Marina
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Grand-Rouveau
Grand-Rouveau
Grand-Rouveau, Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Grand-Rouveau
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Petit-Congloué
Ile-Rousse
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H, Diano Marina,
Est-Perduto
Chrétienne H
Diano Marina
Sud-Lavezzi 3
Grand-Rouveau
Diano Marina
Grand-Rouveau
Chrétienne H, Diano Marina
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Dramont B, Chrétienne H
Perduto 1
Chrétienne H
Diano Marina
Les Fourmigues
RÉFÉRENCES
p. 19 et fig. 8; p. 54 et fig. 40;
p. 78 et fig. 66; p. 132 et fig. 109.
p. 78 et fig. 66; p. 95.
p. 79 et fig. 66; p. 132 et fig. 109;
p. 161, 162.
p. 79 et fig. 67; p. 160, 162, 165.
p. 79 et fig. 67; p. 160, 162, 165.
p. 79 et fig. 70; p. 160, 162, 165.
p. 79 et fig. 67.
p. 79 et fig. 66; p. 132 et fig. 109;
p. 159.
p. 132 et fig. 109; p. 159, 161, 164.
p. 79 et fig. 67; p. 164.
p. 54 et fig. 40; p. 161, 165.
p. 54 et fig. 40; p. 161, 165.
p. 54 et fig. 40; p. 137 et fig. 109;
p. 161.
p. 137 et fig. 109; p. 160, 161, 165.
p. 54 et fig. 40; p. 165.
p. 137 et fig. 110; p. 161, 165.
p. 79 et fig. 68; p. 137, 161, 165.
p. 31 et fig. 20; p. 112, 161, 165.
p. 112 et fig. 86; p. 161, 165.
p. 79 et fig. 68; 161, 165.
p. 79 et fig. 66; p. 160, 161, 162.
p. 1 ICO. flC 137 et fig. 111; p. 160, 161, 162,
p. 137 et fig. 110; p. 161, 165.
p. 79 et fig. 66; p. 98 et fig. 80, 1 ;
p. 148 et fig. 116; p. 164, 165.
p. 79 et fig. 66; p. 160, 162, 165.
p. 98 et fig. 80, 1; p. 164, 165.
p. 137 et fig. 110; p. 161, 165.
p. 54 et fig. 40.
p. 102 et fig. 80, 2.
p. 54 et fig. 40; p. 164, 165.
p. 79 et fig. 66; p. 98 et fig. 80, 1 ;
p. 162, 165.
p. 82 et fig. 66; p. 132, 163.
p. 82 et fig. 67; p. 160, 163, 165.
p. 82 et fig. 66.
p. 82 et fig. 68; p. 161, 165.
p. 82 et fig. 67; p. 160, 161, 165.
p. 137 et fig. 112; p. 160, 161, 165.
p. 71 et fig. 61; p. 82 et fig. 67;
p. 160, 163, 164.
p. 145 et fig. 114; p. 164, 165.
p. 82 et fig. 67; p. 160, 163, 165.
p. 98 et fig. 80, 1; p. 164.
p. 66 et fig. 56.

176 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
D
D
EAB
EPH
ER
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FIR[.]
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GE
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GRIAE]
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IV
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L
L.C.P
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M.S.PVP
Ν
NL.L
Ν Ρ en creux
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OPTATI
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PATERN
PAT.
PÌÌ
PRlL retro
PHIL
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POT
PR retro
PR
FORME DU
CARTOUCHE
ovale
cire.
rect.
rect.
cire.
cire.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
cire.
cire.
cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
sans
rect.
cire.
ovale
sans
ovale
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
carré
rect.
ovale
rect.
rect.
ovale
rect.
ÉPAVES
Dramont Β
Chrétienne H
Diano Marina
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Ile-Rousse
Dramont Β
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Petit-Congloué
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H, Perduto 1
Diano Marina
Chrétienne H
Chrétienne H
Grand-Rouveau
Sud-Lavezzi 3
Ile-Rousse
Chrétienne H
Diano Marina
Sud-Lavezzi 3
Planter I, Grand-Rouveau,
Sud-Lavezzi 3
Ile-Rousse, Cavallo 1
Ile-Rousse
Planier 1
Chrétienne H
Chrétienne H
Ile-Rousse
Grand-Rouveau
Chrétienne H
Cavallo 1
Planier 1
Petit-Congloué
Diano Marina
Les Fourmigues
Les Fourmigues
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Petit-Congloué
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
RÉFÉRENCES
p. 71 et fig. 61.
p. 82 et fig. 67.
p. 98 et fig. 80, 1 et 2.
p. 82 et fig. 67; p. 164, 165.
p. 82 et fig. 68; p. 164, 165.
p. 82 et fig. 68; p. 164, 165.
p. 82 et fig. 68; p. 164, 165.
p. 82 et fig. 68; p. 164, 165.
p. 110 et fig. 86; p. 164, 165.
p. 71 et fig. 61.
p. 82 et fig. 68, p. 160, 163, 165.
p. 83 et fig. 68.
p. 83 et fig. 68; p. 163.
p. 31 et fig. 20.
p. 83 et fig. 67; p. 98, 163, 165.
p. 83 et fig. 67; p. 159, 162, 165.
p. 83 et fig. 66; p. 160, 163, 165.
p. 83 et fig. 66.
p. 83 et fig. 68 et 71 ; p. 85 et fig.
71; p. 145 et fig. 114; p. 101, 163.
p. 98 et fig. 80, 1; p. 163, 165.
p. 83 et fig. 70; p. 164, 165.
p. 83 et fig. 68; p. 160, 162, 163,
165.
p. 54 et fig. 40.
p. 137 et fig. 112.
p. 112 et fig. 86; p. 164.
p. 83 et fig. 67; p. 160, 163, 165.
p. 101 et fig. 80, 2.
p. 137 et fig. 113; p. 161, 162,165.
p. 19 et fig. 8; p. 54 et fig. 40;
p. 137 et fig. 112.
p. 1 10 et fig. 86; p. 125 et fig. 100;
p. 127.
p. 110.
p. 19 et fig. 8.
p. 83 et fig. 71.
p. 83 et fig. 70.
p. 112 et fig. 86; p. 164, 165.
p. 54 et fig. 40.
p. 83 et fig. 66, p. 160, 163, 165.
p. 125 et fig. 100; p. 163.
p. 19 et fig. 8.
p. 31 et fig. 20; p. 165.
p. 101 et fig. 80, 2.
p. 66 et fig. 56; p. 137.
p. 66 et fig. 56; p. 137.
p. 84 et fig. 66; p. 137 et fig. 113,
p. 161, 163, 165.
p. 35 et fig. 20; p. 165.
p. 138 et fig. 111; p. 161, 162, 165.
p. 84 et fig. 68.
p. 84 et fig. 68; p. 138 et fig. 112;
p. 159, 160, 161, 162.

LIBELLÉ DE
L'ESTAMPILLE
PRI
P.TE
PYR
QÂÈ
QV
QVÂ
QVA
QVAD
R
RA(?)
RAGI ou BAGI
retro
RIM
RVS ou RVST
RVST
S
SAB
SAI.]
SANAP
SAT
se
STÀB
Τ
TA
TCL
tlì
THA
TI retro ou IT
TLIC
TRAI..]
T.S
TYR
VIC
VIT
Vf
v[..]
[...]NICI
FORME DU
CARTOUCHE
rect.
rect.
ovale
rect.
rect.
ovale
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
ovale ou cire.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
carré
rect.
cire.
rect.
rect.
cire.
rect.
rect.
rect.
ovale
cire.
rect.
ÉPAVES DE TARRACONAISE 177
ÉPAVES
Chrétienne H
Ile- Rousse, Cavallo 1
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Diano Marina
Grand-Rouveau
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Diano Marina
Diano Marina
Ile-Rousse
Chrétienne H
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Petit-Congloué,
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Grand-Rouveau
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Grand-Rouveau
Diano Marina
Diano Marina
Chrétienne H, Sud-Lavezzi 3
Chrétienne H
Chrétienne H
Chrétienne H
Sud-Lavezzi 3
RÉFÉRENCES
p. 84 et fig. 68; p. 160, 162, 165.
p. 108 et fig. 86; p. 125 et fig. 100;
p. 112, 127, 164.
p. 84 et fig. 69; p. 164, 165.
p. 84 et fig. 69; p. 160, 163, 164.
p. 101 et fig. 80, 2; p. 163, 164.
p. 55 et fig. 40; p. 164.
p. 84 et fig. 69; p. 160, 163, 164.
p. 138 et fig. 112; p. 160, 164, 165.
p. 84 et fig. 70.
p. 138 et fig. 113.
p. 102 et fig. 80, 2.
p. 102 et fig. 80, 2; p. 164.
p. 112 et fig. 86; p. 165.
p. 84 et fig. 69; p. 164, 165.
p. 84 et fig. 66; p. 138 et fig. 1 12.
p. 84 et fig. 70; p. 160, 164, 165.
p. 84 et fig. 70.
p. 84 et fig. 70.
p. 84 et fig. 70; p. 160, 162, 165.
p. 35 et fig. 20; p. 85 et fig. 66;
p. 138 et fig. 113; p. 144, 161, 165.
p. 85 et fig. 70; p. 164, 165.
p. 138 et fig. 113.
p. 85 et fig. 70; p. 164, 165.
p. 55 et fig. 40.
p. 85 et fig. 70; p. 164.
p. 85 et fig. 70; p. 160, 164, 165.
p. 85 et fig. 70.
p. 85 et fig. 70; p. 164.
p. 55 et fig. 40; p. 164, 165.
p. 102 et fig. 80, 2.
p. 102 et fig. 80, 2; p. 164, 165.
p. 85 et fig. 70; p. 138 et fig. 109 et
111; p. 161, 162, 165.
p. 85 et fig. 70; p. 164, 165.
p. 85 et fig. 70; p. 164, 165.
p. 85.
p. 138 et fig. 111.

178 M. CORSI-SCIALLANO ET B. LIOU
LIBELLÉS
A
C ou G
F
H (plutôt
que N)
ILTII
LIC
Ν
PF
PI
R
S
TLI
V
X
LIBELLÉS
C.PIRÀNVS/CERDO FEC
C.PIRANVS/FELIX.FEC
c.piranvs/philomVsvs.f
C.PIRANVS/PRIMVS.FE
C.PIRANVS/SOTERICVS
/SOTERICVS.F
FELIX PACAT (sur couvercle
HILARVS.M.P/[..]DICI[..]
(sur doliola)
L.LICINIVS/FORTVNAT.F
Graffiti incisés avant cuisson
ÉPAVES
Grand-Rouveau
Diano Marina
Les Fourmigues
Diano Marina
Ile-Rousse
Chrétienne H
Chrétienne H
Les Fourmigues
Ile-Rousse
Grand-Rouveau
Ile-Rousse
Diano Marina
Les Fourmigues
Diano Marina
Ile-Rousse
Ile-Rousse
Diano Marina
Chrétienne H
Estampilles des dolia
ÉPAVES
La Garoupe
La Garoupe
Petit-Congloue
Petit-Congloué
Diano Marina
Diano Marina
Ile-Rousse
La Garoupe
Grand-Ribaud D
Diano Marina
Diano Marina
Ile-Rousse
RÉFÉRENCES
p. 54 et fig. 40.
fig. 81.
p. 66 et fig. 56.
fig. 81.
p. 110 et fig. 86.
p. 91 et fig. 72.
p. 91 et fig. 72.
p. 66 et fig. 56.
p. 112 et fig. 86.
p. 54 et fig. 40.
p. 110 et fig. 86.
fig. 81.
p. 66 et fig. 56.
fig. 81.
p. 112 et fig. 86.
p. 112 et fig. 86.
fig. 81.
p. 91 et fig. 72.
RÉFÉRENCES
p. 43, 116, 173.
p. 43 et fig. 29-30; p. 116, 170, 173.
p. 43 et fig. 29-30; p. 106, 116, 173.
p. 43, 106, 116 et fig. 93-94; p. 173.
p. 43, 116, 173.
p. 102.
p. 102.
p. 114 et fig. 92; p. 116.