Chap. V. Comportement en fluage - Doc'INSA
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<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>.<br />
V.1. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> du zircon.<br />
V.1.1. Courbes de <strong>fluage</strong>.<br />
92<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Les différ<strong>en</strong>tes courbes obt<strong>en</strong>ues à 1010, 1140, et 1240°C sont représ<strong>en</strong>tées figures<br />
V.1 à V.3. Ces températures correspond<strong>en</strong>t aux températures <strong>en</strong>registrées près des<br />
échantillons. Pour chaque température ces résultats ne correspond<strong>en</strong>t qu’à une seule géométrie<br />
d’éprouvette 40×6×4 mm 3 ou 40×4×3 mm 3 . Pour plus de clarté, seule une partie des résultats<br />
a été représ<strong>en</strong>tée (l’<strong>en</strong>semble des résultats : essais, vitesse de <strong>fluage</strong> et temps à la rupture sont<br />
donnés <strong>en</strong> annexe A). La contrainte élastique subie par la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion au début de l’essai a<br />
été reportée sur chaque courbe, ainsi que la rupture lorsqu’elle se produisait. Elle est apparue à<br />
partir de 38, 34 et 22 MPa respectivem<strong>en</strong>t à 1010, 1140 et 1240°C. Pour les essais à plus<br />
faibles contraintes la rupture n'est pas interv<strong>en</strong>ue au cours des 120 ou 150 heures de<br />
chargem<strong>en</strong>t. Lorsque la rupture s’est produite, elle a été précédée par une augm<strong>en</strong>tation rapide<br />
de la flèche. Nous pouvons aussi observer sur ces courbes que l’augm<strong>en</strong>tation de la contrainte<br />
appliquée conduit à une diminution du temps et de la flèche à la rupture. Par ailleurs il faut<br />
noter la dispersion importante des résultats expérim<strong>en</strong>taux; les courbes de <strong>fluage</strong> obt<strong>en</strong>ues<br />
sous 34 et 52 MPa à 1140°C étant pratiquem<strong>en</strong>t superposées. Cette dispersion n’est pas due<br />
aux variations dim<strong>en</strong>sionnelles <strong>en</strong>tre échantillons.<br />
En utilisant l’approche d’Holl<strong>en</strong>berg il est possible, dans l’hypothèse d’un <strong>fluage</strong><br />
stationnaire, de calculer les déformations associées à la flèche au c<strong>en</strong>tre de l’échantillon,<br />
lorsque l’on connaît la valeur de l’exposant de contrainte. Il est alors possible de tracer<br />
l’évolution de la vitesse de déformation <strong>en</strong> fonction du temps, comme cela est représ<strong>en</strong>té<br />
figure V.4 dans le cas des éprouvettes de dim<strong>en</strong>sions 40×6×4 mm 3 testées à 1140°C. La<br />
distinction des deux types de courbes de <strong>fluage</strong> se retrouve dans l’évolution de la vitesse de<br />
déformation. Les essais conduits jusqu’à la rupture prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un minimum, suivi d’une<br />
augm<strong>en</strong>tation rapide de la vitesse de déformation précédant la rupture. Le plus souv<strong>en</strong>t elle se<br />
produit sous l’un des deux rouleaux qui appliqu<strong>en</strong>t la charge. Il faut noter que ce stade<br />
tertiaire est très marqué à 1010°C, un peu moins à 1140°C, et <strong>en</strong>core moins à 1240°C. Pour<br />
les autres essais, sous 12 et 22 MPa, nous observons une diminution de la vitesse de <strong>fluage</strong> et<br />
une valeur pratiquem<strong>en</strong>t stationnaire après une tr<strong>en</strong>taine d’heures.<br />
Une augm<strong>en</strong>tation de la température conduit à l’apparition de la rupture pour des<br />
charges appliquées plus faibles, à une forte augm<strong>en</strong>tation de la déformation puisque l’on<br />
<strong>en</strong>registre des flèches à la rupture d’<strong>en</strong>viron 1mm sous 30 et 40 MPa à 1240°C, et à des<br />
vitesses de déformation d’un ordre de grandeur supérieur. A 1010°C les déformations sont<br />
nettem<strong>en</strong>t moins importantes, avec par exemple une flèche de 43 µm pour un essai de 200<br />
heures sous 20 MPa, et les vitesses d’un ordre de grandeur plus faible.<br />
V.1.2 Analyse classique.<br />
V.1.2.1. Exposant de contrainte.<br />
.<br />
n −ΔG<br />
Si l’on suppose une loi de <strong>fluage</strong> stationnaire de la forme εs= A.<br />
σ .exp( ) ,<br />
RT<br />
l’analyse classique des résultats conduit à la détermination de l’exposant de contrainte n et de<br />
l’énergie d’activation appar<strong>en</strong>te ΔG. La figure V.4 montre qu’il est facile de déterminer une
93<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
vitesse stationnaire pour des essais de longue durée (au delà de 100h) au cours desquels la<br />
rupture ne s’est pas produite. Dans le cas où l’on observe une rupture, nous avons choisi de<br />
travailler avec la valeur minimale de la vitesse de déformation, notée Vmin.<br />
Flèche (µm)<br />
Flèche (µm)<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
64 MPa<br />
67 MPa<br />
45 MPa 45 MPa<br />
0 20 40 60 80 100<br />
Temps (h)<br />
39 MPa<br />
fig.V.1 : Courbes de <strong>fluage</strong> à 1010°C. Eprouvettes 40×4×3 mm 3 .<br />
(les flèches indiqu<strong>en</strong>t la rupture des échantillons)<br />
500<br />
400<br />
300<br />
200<br />
100<br />
0<br />
67 MPa<br />
56 MPa<br />
52 MPa<br />
0 10 20 30<br />
Temps (h)<br />
34 MPa<br />
22 MPa<br />
12 MPa<br />
fig. V.2 : Courbes de <strong>fluage</strong> à 1140°C. Eprouvettes 40×6×4 mm 3
Flèche (µm)<br />
Vitesse (1/s)<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
46 MPa<br />
57 MPa<br />
52 MPa<br />
32 MPa<br />
41 MPa<br />
94<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
0 5 10 15 20 25<br />
Temps (h)<br />
18 MPa<br />
27 MPa<br />
fig. V.3 : Courbes de <strong>fluage</strong> à 1240°C. Eprouvettes 40×6×4 mm 3 .<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
67 MPa<br />
56 MPa<br />
0,01 0,1 1 10 100 1000<br />
Temps (h)<br />
52 MPa<br />
34 MPa<br />
12 MPa<br />
22 MPa<br />
fig. V.4 : Evolution de la vitesse de déformation à 1140°C<br />
Nous pouvons alors déterminer un exposant de contrainte <strong>en</strong> traçant la variation de<br />
Vmin <strong>en</strong> fonction de la contrainte appliquée. Il faut toutefois rappeler que l’approche<br />
d’Holl<strong>en</strong>berg suppose connue la valeur de l’exposant de contrainte n pour le calcul des<br />
déformations. Cep<strong>en</strong>dant nous avons pu vérifier que le choix d’une valeur initiale de n de 1,2<br />
ou 3 n’avait pas une grande influ<strong>en</strong>ce sur la valeur de n trouvée grâce aux points<br />
expérim<strong>en</strong>taux à 1140°C. L’<strong>en</strong>semble des résultats obt<strong>en</strong>us avec les deux géométries
95<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
d’éprouvettes a permis d’obt<strong>en</strong>ir la figure V.5 grâce à laquelle nous déterminons les valeurs<br />
de l’exposant de contraintes reportées dans le tableau V.1.<br />
Vitesse de <strong>fluage</strong> minimale (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
n : 1,9<br />
n : 2,6<br />
n : 2,7<br />
10 100<br />
Contrainte (MPa)<br />
1240°C<br />
1140°C<br />
1010°C<br />
fig. V.5 : Détermination de l’exposant de contrainte (Cercles : éprouvette 40×4×3 mm 3 ,<br />
Carrés : éprouvette 40×6×4 mm 3 ).Les marques sur les droites désign<strong>en</strong>t les limites au-delà<br />
desquelles il y a rupture des échantillons.<br />
La dispersion importante des résultats de <strong>fluage</strong> va avoir une influ<strong>en</strong>ce considérable<br />
sur les valeurs de n. Ainsi si l’on considère une incertitude d’un facteur 0.5 sur les courbes de<br />
<strong>fluage</strong> et les vitesses obt<strong>en</strong>ues à 1140°C avec des éprouvettes de dim<strong>en</strong>sions 40×6×4 mm 3 , la<br />
valeur de n que l’on détermine peut varier <strong>en</strong>tre 1,6 et 3,2; celle déterminée avec les valeurs<br />
expérim<strong>en</strong>tales étant de 2,3. Ce facteur 0,5 sous-estime les dispersions observées sur les<br />
vitesses minimales mesurées, par exemple autour de 40 MPa à 1010°C, mais donne une idée<br />
sur la confiance que l’on peut accorder à la valeur de n. Vu les incertitudes observées, et la<br />
faible gamme de contraintes étudiée avec des éprouvettes de dim<strong>en</strong>sions 40×4×3 mm 3 à<br />
1240°C, les différ<strong>en</strong>ces obt<strong>en</strong>ues sur les valeurs de n ne peuv<strong>en</strong>t être attribuées aux<br />
géométries. Les valeurs de n obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte tous les points sans faire de<br />
distinction de géométrie ont aussi été reportées dans le tableau V.1.<br />
Température 40×4×3 mm 3<br />
40×6×4 mm 3 Tous les points<br />
1010°C 2,1 3,6 2,7<br />
1140°C 2,8 2,3 2,6<br />
1240°C 3,2 1,9 1,9<br />
Tableau V.1 : Valeurs de l’exposant de contrainte.
V.1.2.2. Energie d’activation.<br />
96<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
L’analyse classique conduit aussi à la détermination d’une énergie d’activation<br />
appar<strong>en</strong>te obt<strong>en</strong>ue lorsque l’on trace ε .<br />
s <strong>en</strong> fonction de 1/T ( avec T <strong>en</strong> Kelvin) pour des essais<br />
réalisés sous une contrainte id<strong>en</strong>tique à des températures différ<strong>en</strong>tes. Ici <strong>en</strong>core les résultats<br />
sont très s<strong>en</strong>sibles aux incertitudes sur la valeur de la vitesse minimale de <strong>fluage</strong>. Nous avons<br />
reporté dans le tableau V.2 la valeur obt<strong>en</strong>ue pour une contrainte de 22 MPa avec des<br />
éprouvettes 40×6×4 mm 3 , et l’incertitude sur la valeur de ΔG <strong>en</strong> considérant que les valeurs<br />
des vitesses sont connues à un facteur 0,5 près.<br />
Nous avons aussi considéré l’<strong>en</strong>semble des résultats de <strong>fluage</strong> et calculé l’énergie<br />
d’activation appar<strong>en</strong>te <strong>en</strong> normalisant les valeurs des vitesses par rapport à σ n avec les valeurs<br />
de n trouvées pour les deux géométries.<br />
Méthode de calcul ΔG (kJ/mol)<br />
Contrainte constante : ep.40×6×4 mm 3 / 22 MPa 360
fig.V.6a : Etat initial sur la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion avant <strong>fluage</strong>.<br />
97<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>
98<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
fig V.6b : Même zone après 5h à 1256°C sous 35 MPa. Déformation 1,05%.
99<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
fig.V.7 : Endommagem<strong>en</strong>t à partir de défauts initiaux (1210°C / 20 MPa / 68 h.).<br />
V.1.3.2. Faciès de rupture des éprouvettes rompues.<br />
L’observation des faciès d’éprouvettes rompues <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> aux différ<strong>en</strong>tes températures<br />
met clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce deux zones bi<strong>en</strong> distinctes à faible grandissem<strong>en</strong>t. Une zone avec<br />
un relief important qui correspond à la croissance simultanée des nombreuses fissures qui se<br />
cré<strong>en</strong>t sur la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion, et une zone plus plane liée à la propagation d’une fissure qui<br />
résulte de la jonction des fissures précéd<strong>en</strong>tes et qui conduit à la rupture. Par contre, à plus<br />
fort grossissem<strong>en</strong>t la distinction <strong>en</strong>tre les deux zones est nettem<strong>en</strong>t moins marquée. Elles<br />
prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t toutes les deux un caractère majoritairem<strong>en</strong>t intergranulaire. Dans la zone la plus<br />
plane on peut noter cep<strong>en</strong>dant le clivage des grains les plus gros. Les arêtes des grains peuv<strong>en</strong>t<br />
aussi être moins bi<strong>en</strong> marquées, la phase vitreuse prés<strong>en</strong>te n’ayant probablem<strong>en</strong>t pas eu le<br />
temps de migrer et de former les gouttelettes sur les faces des grains, que l’on observe plus<br />
facilem<strong>en</strong>t dans la zone de croissance simultanée des fissures. Il est cep<strong>en</strong>dant difficile de tirer<br />
des conclusions car cet aspect dép<strong>en</strong>d aussi du temps passé à haute température par<br />
l’éprouvette après rupture.<br />
V.1.4. Temps à la rupture.<br />
La plupart des essais de <strong>fluage</strong> réalisés ont conduit à la rupture des échantillons (cf fig.<br />
V.5). Il est aussi intéressant de regarder l’évolution de la vitesse minimale observée au cours<br />
des essais de <strong>fluage</strong> <strong>en</strong> fonction du temps à la rupture. Nous pouvons remarquer figure V.8<br />
que ces valeurs de vitesse minimale de <strong>fluage</strong> sont liées au temps à la rupture et donc à<br />
l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t que subit le matériau au cours de ces essais.<br />
Nous notons au passage que l’on ne peut pas faire de distinction liée à la géométrie des<br />
éprouvettes. Cette relation <strong>en</strong>tre la vitesse de <strong>fluage</strong> minimale et le temps à la rupture, montre<br />
que la vitesse que l’on mesure pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t.<br />
σ
Vitesse min. (1/s)<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1140°C<br />
1010°C<br />
100<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
10 100 1000 10000<br />
Temps à la rupture (min.)<br />
1240°C<br />
fig. V.8 : Relation <strong>en</strong>tre la vitesse minimale de <strong>fluage</strong> et le temps à la rupture (Cercles :<br />
éprouvette 40×4×3 mm 3 , Carrés : éprouvette 40×6×4 mm 3 ). zircon<br />
V.1.5. Analyse.<br />
V.1.5.1. Stade tertiaire.<br />
Toutes les mesures réalisées sur des échantillons rompus ont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce un stade<br />
tertiaire. Une partie de la flèche mesurée est alors due à la croissance de la fissure conduisant<br />
à la rupture. Par conséqu<strong>en</strong>t une partie de la mesure de la flèche est liée à une variation de<br />
complaisance. Cette variation peut être évaluée dans le cas d’une fissure droite. Pour une<br />
fissure droite dans une éprouvette de flexion pure, le déplacem<strong>en</strong>t δ <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré par le<br />
changem<strong>en</strong>t de complaisance est donné par [Tada85]:<br />
l<br />
δ = ( 1−cos<br />
θ)<br />
2sin<br />
θ<br />
avec<br />
σ<br />
θ = 4<br />
Sa ( / w)<br />
E<br />
et<br />
2<br />
⎛ a/ w ⎞<br />
Sa ( / w)<br />
= ⎜ ⎟ − + − +<br />
⎝1−a/<br />
w⎠<br />
2 3 4<br />
{ 593 . 1969 . ( a/ w) 3714 . ( a/ w) 3584 . ( a/ w) 1312 . ( a/ w)<br />
}<br />
où w est l’épaisseur de l’éprouvette, l la distance <strong>en</strong>tre les appuis et a la longueur de fissure. Si<br />
l’on estime la profondeur des zones de propagation l<strong>en</strong>te de fissure sur les faciès de rupture, il<br />
est possible d’évaluer la part de la flèche due à la fissure. Dans le cas des éprouvettes testées à<br />
1240°C, la zone de croissance de la fissure permet d’estimer le rapport a/w <strong>en</strong>tre 0,7 et 0,9, ce<br />
qui correspond à des valeurs de δ variant de 30 à 600 µm. Il est cep<strong>en</strong>dant très difficile de<br />
mesurer la longueur de fissure car leur forme est assez irrégulière. Par ailleurs la fonction
101<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
S(a/w) évolue très rapidem<strong>en</strong>t autour de 0.9. Enfin ce calcul est valable dans le cas d’une<br />
fissure droite ce qui ne correspond pas aux fissures sur les faciès de rupture. Cep<strong>en</strong>dant les<br />
ordres de grandeur confirm<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> qu’une partie de la flèche mesurée est due à la croissance<br />
de fissure. Cet effet est de moins <strong>en</strong> moins marqué avec la température car le <strong>fluage</strong> devi<strong>en</strong>t<br />
lui de plus <strong>en</strong> plus important.<br />
V.1.5.2. Comparaison avec une autre nuance de zircon.<br />
Il est intéressant de comparer ces résultats avec ceux obt<strong>en</strong>us avec le zircon HF<br />
préparé avec la même poudre, lavée avec de l’acide fluorhydrique avant frittage, et frittée 4 h<br />
à 1630°C. Malgré la dispersion importante de nos résultats, nous pouvons clairem<strong>en</strong>t constater<br />
sur la figure V.9 les différ<strong>en</strong>ces de comportem<strong>en</strong>t. Les vitesses de <strong>fluage</strong> sont d’un ordre de<br />
grandeur inférieur avec le zircon lavé pour des températures de 1000 ou 1100°C (Cet écart<br />
reste supérieur à un facteur 2 même si l'on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte l'écart de 40°C à 1100 et de 10 à<br />
1000°C, comme cela est prés<strong>en</strong>té au tableau V.6 page 120 ). Par contre, à 1200°C, les vitesses<br />
de <strong>fluage</strong>s devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t similaires pour les deux matériaux. Enfin la rupture de p<strong>en</strong>te à 1100°C<br />
pour le zircon lavé n’est pas mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce dans le cas du zircon que nous avons étudié.<br />
L’étude <strong>en</strong> microscopie à balayage de ces deux nuances montre clairem<strong>en</strong>t que le<br />
zircon HF a une taille de grain supérieure à celle du zircon que nous avons étudié. Les<br />
distributions des intercepts mesurés sur ces deux nuances sont comparées figure V.10. Par<br />
ailleurs la température de frittage plus élevée conduit à une décomposition partielle du zircon<br />
et à l’apparition de petites particules de zircone uniformém<strong>en</strong>t réparties, ce qui doit<br />
probablem<strong>en</strong>t modifier la quantité et la composition de la phase vitreuse.<br />
Vitesse min. (1/s)<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
1240°C<br />
1140°C<br />
1010°C<br />
1200°C<br />
10 100<br />
Contrainte (MPa)<br />
1100°C<br />
1000°C<br />
fig.V.9 : Comparaison des comportem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> du zircon et du zircon HF<br />
( Carrés zircon, cercles zircon HF).<br />
Comme aucune observation <strong>en</strong> microscopie <strong>en</strong> transmission n’a été réalisée sur le<br />
zircon HF, ri<strong>en</strong> ne permet de certifier une t<strong>en</strong>eur moindre <strong>en</strong> phase vitreuse. Cep<strong>en</strong>dant nous<br />
pouvons supposer que la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> phase vitreuse a diminué dans le zircon HF suite au lavage<br />
de la poudre à l’acide. Ces deux aspects, taille de grain plus grande et t<strong>en</strong>eur moindre <strong>en</strong> phase
102<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
vitreuse expliquerai<strong>en</strong>t assez bi<strong>en</strong> le meilleur comportem<strong>en</strong>t du zircon HF à 1000 et 1100°C.<br />
Mais cet écart n’est plus visible à 1200°C.<br />
Fréqu<strong>en</strong>ce<br />
0,2<br />
0,18<br />
0,16<br />
0,14<br />
0,12<br />
0,1<br />
0,08<br />
0,06<br />
0,04<br />
0,02<br />
0<br />
0,25<br />
0,75<br />
1,25<br />
1,75<br />
2,25<br />
2,75<br />
3,25<br />
intercept (µm)<br />
3,75<br />
Zircon (350 gr.)<br />
Zircon HF (280 gr.)<br />
fig.V.10 : Comparaison des distributions des intercepts mesurés sur le zircon et le zircon HF.<br />
Si l’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte les résultats obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> spectroscopie mécanique, le zircon<br />
prés<strong>en</strong>te un pic stable vers 950°C, suivi d’un fond expon<strong>en</strong>tiel. Pour le zircon HF, le spectre<br />
ne prés<strong>en</strong>te qu’un fond expon<strong>en</strong>tiel à partir de 1020°C. La prés<strong>en</strong>ce d’un pic a été attribuée à<br />
la prés<strong>en</strong>ce de poches de phase vitreuse, et le fond expon<strong>en</strong>tiel est lié à des phénomènes de<br />
microdéformation plastique par glissem<strong>en</strong>t au joints de grains. Mis à part le pic, les<br />
différ<strong>en</strong>ces révélées <strong>en</strong> spectrométrie mécanique sont relativem<strong>en</strong>t faibles et ne permett<strong>en</strong>t pas<br />
d’établir de li<strong>en</strong> direct avec les résultats de <strong>fluage</strong> à 1000 et 1100°C. A plus haute<br />
température, lorsque le glissem<strong>en</strong>t est facilité, l’écart <strong>en</strong>tre les valeurs de tan φ correspond<strong>en</strong>t<br />
à un écart de température de 30K, ce qui pourrait expliquer les comportem<strong>en</strong>ts similaires<br />
observés <strong>en</strong>tre ces deux matériaux à 1200°C. Il faut toutefois rappeler que ces observations<br />
sont faites <strong>en</strong>tre des résultats obt<strong>en</strong>us dans des conditions de sollicitations complètem<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>tes, avec des contraintes élevées dans le cas des essais de <strong>fluage</strong>, comparées au 1 MPa<br />
appliqué lors des mesures de spectrométrie mécanique. Dans ce dernier cas l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />
peut être considéré comme négligeable, alors que les essais de <strong>fluage</strong> ont presque tous<br />
conduits à la rupture, et font donc interv<strong>en</strong>ir des mécanismes de fissuration qui peuv<strong>en</strong>t être<br />
dus au glissem<strong>en</strong>t aux joints de grains.<br />
4,25<br />
4,75<br />
5,25
103<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
V. 2. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> d’éprouvettes ind<strong>en</strong>tées (Zircon).<br />
V.2.1. Introduction.<br />
Afin de mieux compr<strong>en</strong>dre les processus d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t, des essais de <strong>fluage</strong>s ont<br />
été réalisés sur des éprouvettes du second lot de zircon (lot B), ind<strong>en</strong>tées avec une charge de<br />
10 kg. Des fissures de 530 ± 25 µm (2c) sont ainsi obt<strong>en</strong>ues sur la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion (moy<strong>en</strong>ne et<br />
écart-type obt<strong>en</strong>us sur les éprouvettes utilisées pour ces essais de <strong>fluage</strong>). Ces échantillons ont<br />
<strong>en</strong>suite été testés sous des contraintes variant de 30 à 83 MPa, à 1000°C (températures<br />
mesurées 1005 et 1025°C). Les conditions d’essais sont précisées <strong>en</strong> annexe A.<br />
Ce second lot bi<strong>en</strong> qu’élaboré de façon id<strong>en</strong>tique prés<strong>en</strong>te un meilleur comportem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> <strong>fluage</strong>. Un échantillon non ind<strong>en</strong>té a été testé sous 45 MPa, de façon à comparer le<br />
comportem<strong>en</strong>t de ce second lot par rapport au premier. La vitesse minimale de <strong>fluage</strong> est de<br />
7.10 -10 s -1 , après 140 heures. Les résultats obt<strong>en</strong>us sur les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées ont cep<strong>en</strong>dant<br />
été analysés <strong>en</strong> les comparant à ceux obt<strong>en</strong>us précédemm<strong>en</strong>t. Tous les essais de <strong>fluage</strong> sur des<br />
éprouvettes ind<strong>en</strong>tées ont été conduits jusqu’à la rupture, et cette dernière s’est toujours<br />
produite à partir de l’ind<strong>en</strong>tation.<br />
V.2.2. Exposant de contrainte.<br />
La figure V.11 prés<strong>en</strong>te l’évolution de la vitesse minimale <strong>en</strong> fonction de la contrainte<br />
élastique appliquée à 1000°C, comparée à celle obt<strong>en</strong>ue avec le premier lot. On observe<br />
nettem<strong>en</strong>t deux comportem<strong>en</strong>ts. Pour les fortes contraintes, la durée du <strong>fluage</strong> est très limitée,<br />
d’<strong>en</strong>viron 500 secondes sous 49 MPa, alors que l’on observe un temps à la rupture supérieur à<br />
50000 secondes pour l’échantillon testé sous 48 MPa. Deux exposants de contraintes ont donc<br />
été déterminés. Pour les faibles contraintes, inférieures à 49 MPa, la valeur est de 5,2 et pour<br />
les fortes de 5,5. Le meilleur comportem<strong>en</strong>t de ce second lot se vérifie aux faibles charges où<br />
les vitesses minimales mesurées sont plus faibles que celles obt<strong>en</strong>ues avec les éprouvettes non<br />
ind<strong>en</strong>tées.<br />
Vmin (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
non ind<strong>en</strong>tées<br />
10 100<br />
Contrainte (MPa)<br />
ind<strong>en</strong>tées<br />
fig. V.11 : Comparaison des comportem<strong>en</strong>ts avec et sans ind<strong>en</strong>tation à 1000°C. (Cercles : lot<br />
A sans ind<strong>en</strong>tation. Carrés : lot B ind<strong>en</strong>tation 10kg).
104<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Il faut noter que pour les éprouvettes rompues rapidem<strong>en</strong>t, l’évolution de la flèche est très<br />
faible, ce qui augm<strong>en</strong>te les incertitudes sur les mesures de vitesse. Ainsi pour l’essai conduit<br />
sous 55 MPa la flèche à la mise <strong>en</strong> charge est de 20 µm, et elle est de 26 µm à la rupture après<br />
84 secondes.<br />
V.2.3. Temps à la rupture.<br />
L’<strong>en</strong>semble de ces résultats a aussi été tracé figure V.12 dans un diagramme Vmin <strong>en</strong><br />
fonction du temps à la rupture tf (Monkmann-Grant), sans t<strong>en</strong>ir compte de l’écart de<br />
température (1005 et 1025°C) existant sur les différ<strong>en</strong>ts essais. Là <strong>en</strong>core la distinction <strong>en</strong>tre<br />
faible et forte charge est très marquée. Les valeurs sont comparées à celles obt<strong>en</strong>ues avec les<br />
éprouvettes non ind<strong>en</strong>tées du lot A.<br />
Vmin (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
ind<strong>en</strong>tées<br />
10 100 1000 10000 100000 1000000<br />
tf (s)<br />
non ind<strong>en</strong>tées<br />
fig. V.12 : Courbe de type Monkman-Grant. (Cercles : lot A sans ind<strong>en</strong>tation. Carrés : lot B<br />
ind<strong>en</strong>tation 10kg). Les flèches correspond<strong>en</strong>t à des échantillons non rompus.<br />
V.2.4. Observations microstructurales.<br />
Les faciès de rupture obt<strong>en</strong>us sur ces éprouvettes ind<strong>en</strong>tées ont été observés <strong>en</strong><br />
microscopie à balayage. Pour les éprouvettes testées sous une charge supérieure à 49 MPa, on<br />
n’observe qu’une seule fissure, qui correspond à la croissance de la fissure créée par<br />
l’ind<strong>en</strong>tation. Cette propagation est intergranulaire, et conduit à la rupture de l’échantillon<br />
lorsque la fissure atteint la taille critique. Dans la zone de rupture brutale, la propagation se<br />
fait toujours de façon intergranulaire, avec cep<strong>en</strong>dant rupture de quelques gros grains. Ces<br />
fissures semi-elliptiques ont permis de recalculer la ténacité de ce zircon à 1000°C. La valeur<br />
de K1c ainsi obt<strong>en</strong>ue est de 2.86 ± 0.15 MPa√m. Cette valeur est légèrem<strong>en</strong>t inférieure à la<br />
valeur mesurée <strong>en</strong> flexion sur des éprouvettes SENB (3.3 MPa√m). Un exemple de faciès de<br />
rupture obt<strong>en</strong>u dans le cas d’une rupture rapide est pres<strong>en</strong>té figure V.13a, avec un<br />
agrandissem<strong>en</strong>t figure V.13b de la zone semi-elliptique.<br />
Pour une éprouvette testée sous une contrainte inférieure à 48 MPa, la rupture s’est<br />
toujours produite de manière intergranulaire, à partir de l’ind<strong>en</strong>tation. Mais le relief est alors<br />
beaucoup plus marqué. La rupture résulte <strong>en</strong> fait de la croissance simultanée de la fissure
105<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
d’ind<strong>en</strong>tation, et de fissures qui apparaiss<strong>en</strong>t dans le champ de contraintes autour de cette<br />
fissure. Là <strong>en</strong>core, dans la zone de rupture brutale, on n’observe que quelques gros grains<br />
clivés. La figure V.14a prés<strong>en</strong>te une image à faible grossissem<strong>en</strong>t du faciès de rupture. Le<br />
contour de la zone de croissance l<strong>en</strong>te est moins bi<strong>en</strong> défini que dans le cas d’une contrainte<br />
élevée. Une image à plus fort grossissem<strong>en</strong>t de la zone de croissance l<strong>en</strong>te est représ<strong>en</strong>tée<br />
figure V.14b.<br />
fig. V.13a : Faciès de rupture d’une éprouvette testée sous 50 MPa, 1026°C (tf : 243 s).<br />
fig. V.13b : Image à fort grandissem<strong>en</strong>t de la zone de croissance l<strong>en</strong>te<br />
(Eprouvette testée sous 50 MPa, tf : 243 s).<br />
La différ<strong>en</strong>ce liée à la transition brutale observée sur les courbes (Vmin, σ) et (Vmin,tf)<br />
résulte d’une modification de mode de rupture. Dans un cas la rupture est le résultat de la<br />
propagation rapide d’un défaut critique, dans l’autre il y a propagation et <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t qui<br />
se traduit par la coalesc<strong>en</strong>ce de nombreuses fissures qui conduis<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t à la rupture.<br />
Cette transition génère une différ<strong>en</strong>ce d’aspect que l’on observe à faible grandissem<strong>en</strong>t dans la<br />
zone de propagation l<strong>en</strong>te de la fissure. La croissance d’un seul défaut donne naissance à un<br />
faciès beaucoup plus plan. Une autre distinction apparaît à plus fort grandissem<strong>en</strong>t. Pour un
106<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
échantillon rompu rapidem<strong>en</strong>t, les grains dans la zone semi-elliptique apparaiss<strong>en</strong>t très<br />
émoussés, recouverts d’une importante quantité de phase vitreuse. Dans le cas d’une rupture<br />
plus l<strong>en</strong>te, les arêtes des grains sont plus marquées. La phase vitreuse a eu plus de temps pour<br />
se redistribuer à la surface des grains. Des nombreuses goutelettes se sont même formées à la<br />
surface de certains grains.<br />
fig. V.14a : Faciès d’une éprouvette testée sous 35 MPa, 1025°C (tf :175000 s).<br />
fig. V.14b : Image à fort grandissem<strong>en</strong>t de la zone de croissance l<strong>en</strong>te<br />
( 35MPa, tf : 175000 s).<br />
V.2.5. Analyse type Lange.<br />
Les paramètres n et m des lois de <strong>fluage</strong> et de propagation de fissure peuv<strong>en</strong>t être<br />
déterminés <strong>en</strong> faisant l’hypothèse que le <strong>fluage</strong> et la croissance sous-critique agiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
parallèle et de façon indép<strong>en</strong>dante. En faisant l’hypothèse que la loi de <strong>fluage</strong> est de la forme :<br />
n<br />
ε = ε + Bσ t<br />
0
et que la vitesse de propagation d’une fissure est donnée par :<br />
m<br />
V = AKI 107<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Lange [Lang76] a obt<strong>en</strong>u des relations <strong>en</strong>tre le temps à rupture tf, ou la déformation à la<br />
rupture εf et la contrainte appliquée σ, et <strong>en</strong>tre le temps à la rupture et la vitesse de<br />
.<br />
déformation stationnaire ε s<br />
. Il considère que le <strong>fluage</strong> est limité par le temps mis par un<br />
défaut pour atteindre une taille critique, et le temps à la rupture est alors donné par :<br />
af af<br />
m<br />
f I<br />
ai ai<br />
t = ∫vdt<br />
= ∫AK<br />
dt<br />
où ai et af représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la longueur initiale et finale de fissure. KI est donné par :<br />
Il obti<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t :<br />
et<br />
En représ<strong>en</strong>tant ε .<br />
t<br />
f<br />
K = Yσa I app<br />
( 2−m)/ 2<br />
2ai<br />
=<br />
( m−2) AY<br />
12 /<br />
m<br />
σ<br />
−m<br />
( 2−m)/ 2<br />
2ai<br />
B<br />
ε f = ε +<br />
⎛ ⎞<br />
0<br />
⎜ ⎟σ<br />
m<br />
( m−2) Y ⎝ A⎠<br />
t = B<br />
f<br />
( 2−m)/ 2<br />
⎛ 2a<br />
⎜<br />
⎝(<br />
m−2) AY<br />
m/ n i<br />
m<br />
⎞<br />
⎟(<br />
)<br />
⎠<br />
n−m .<br />
−m/<br />
n<br />
ε s .<br />
et tf <strong>en</strong> fonction de σ, on obti<strong>en</strong>t les deux paramètres n et m. Si les<br />
processus sont indép<strong>en</strong>dants, il est possible de retrouver ces valeurs à partir de l’évolution de<br />
(εf-ε0) <strong>en</strong> fonction de σ et de tf <strong>en</strong> fonction de ε .<br />
s .<br />
Un telle analyse a été réalisée sur le zircon, dans le cas des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées et<br />
non ind<strong>en</strong>tées. Pour les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées, nous avons fait la distinction <strong>en</strong>tre le cas où la<br />
rupture était liée à la propagation d’une seule fissure, et celui où elle résultait de la<br />
coalesc<strong>en</strong>ce de plusieurs défauts. Nous avons donc obt<strong>en</strong>u directem<strong>en</strong>t des valeurs de n et m,<br />
qui permett<strong>en</strong>t de calculer n-m et -m/n, valeurs que l’on doit retrouver dans les graphiques<br />
représ<strong>en</strong>tant (εf-ε0) <strong>en</strong> fonction de σ, et tf <strong>en</strong> fonction de ε .<br />
tableau V.3.<br />
. Ces résultats sont reportés dans le<br />
n m n-m (calc.) -m/n(calc.) n-m (exp.) -m/n(exp.)<br />
non ind<strong>en</strong>tée 2,7 3,86 -1,16 -1,43 -1,56 -1,85<br />
coalesc<strong>en</strong>ce 5,23 3,58 1,65 -0,68 -1,11 -0,92<br />
1 fissure 5,47 4,93 0,54 -0,9 -2,5 -0,44<br />
Tableau V.3 : Paramètres n et m déterminés par des essais de <strong>fluage</strong> ( - calc. : valeur calculée<br />
à partir de m et n; - exp. : valeur déterminée avec les points expérim<strong>en</strong>taux.).
108<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Dans le cas où la rupture résulte de la seule propagation de la fissure créée par<br />
l’ind<strong>en</strong>tation, l’écart peut s’expliquer par les incertitudes sur la vitesse minimale de <strong>fluage</strong> que<br />
l’on peut mesurer, et par le fait que l’on n’est pas dans des conditions de <strong>fluage</strong> stationnaire.<br />
Par ailleurs, à 1000°C, le <strong>fluage</strong> étant très faible, une fraction de la valeur de la flèche que l’on<br />
mesure est liée à la variation de complaisance provoquée par l’accroissem<strong>en</strong>t de la fissure. Si<br />
l’on repr<strong>en</strong>d le calcul du déplacem<strong>en</strong>t dû à une fissure droite <strong>en</strong> utilisant les longueurs<br />
mesurées sur les faciès de rupture, on constate que 40 à 80 % de la flèche <strong>en</strong>registrée n’est due<br />
qu’à la croissance de la fissure. Les vitesses minimales mesurées pour les fortes contraintes<br />
sont donc liées à la croissance sous critique de la fissure.<br />
Dans le cas d’une rupture liée à la coalesc<strong>en</strong>ce de défauts, l’accord n’est pas<br />
significatif même si il peut paraître un peu meilleur. De plus on s’éloigne des hypothèses de<br />
Lange, car les paramètres que l’on obti<strong>en</strong>t ne caractéris<strong>en</strong>t plus un seul défaut, mais un<br />
comportem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> résultant de la prés<strong>en</strong>ce de plusieurs fissures se propageant<br />
simultaném<strong>en</strong>t.<br />
V.2.6. Détermination de la loi de propagation de fissure.<br />
V.2.6.1. Eprouvettes ind<strong>en</strong>tées.<br />
Le défaut critique initial étant connu pour les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées, il est possible de<br />
repr<strong>en</strong>dre le calcul précéd<strong>en</strong>t et de regarder l’évolution du temps à la rupture <strong>en</strong> fonction du<br />
facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte initial vu par la fissure, Kini.<br />
En effet <strong>en</strong> faisant l’hypothèse que Y est indép<strong>en</strong>dant de la longueur de fissure on montre<br />
[Ritter78] :<br />
<strong>en</strong> supposant :<br />
t<br />
f<br />
( 2−m)/ 2<br />
2ai<br />
−m1 2 −m<br />
=<br />
σ<br />
K a<br />
m app =<br />
ini i<br />
( m−2) AY A m−2<br />
m<br />
a >> a<br />
( 2− )/ 2 ( 2−m)/ 2<br />
i<br />
f<br />
Le tracé de ln (tf) <strong>en</strong> fonction de ln (Kini) doit permettre d’obt<strong>en</strong>ir une droite de p<strong>en</strong>te<br />
-m, et connaissant la taille du défaut initial, de calculer A. La figure V.15 représ<strong>en</strong>te ces<br />
résultats dans le cas des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées. Les valeurs des paramètres de la loi de<br />
propagation correspondant aux deux modes de rupture sont reportés dans le tableau V.4, ainsi<br />
que le domaine de variation de Kini ayant servi à déterminer ces paramètres. Ce calcul est basé<br />
sur l’hypothèse de la propagation d’une fissure unique. Elle n’est vérifiée que lors des essais<br />
conduits sous forte contrainte, où c’est vraim<strong>en</strong>t la fissure créée par l’ind<strong>en</strong>tation qui conduit à<br />
la rupture. Les paramètres obt<strong>en</strong>us lorsqu’il y a coalesc<strong>en</strong>ce de défauts ne correspond<strong>en</strong>t plus<br />
à la propagation d’une seule fissure. Ils caractéris<strong>en</strong>t une fissure équival<strong>en</strong>te qui traduit<br />
l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> subi par le matériau.<br />
Comme un phénomène de guérison se produit dans ce matériau il est intéressant de<br />
vérifier l’influ<strong>en</strong>ce qu’il peut avoir sur les résultats obt<strong>en</strong>us avec le <strong>fluage</strong> d’éprouvettes<br />
ind<strong>en</strong>tées. La guérison a <strong>en</strong> effet pour conséqu<strong>en</strong>ce que l’on surévalue la taille initiale du<br />
défaut. En fait la longueur guérie <strong>en</strong> 1 heure à 1000°C peut être estimée à 30 µm. Ceci conduit<br />
à sous estimer la valeur de la vitesse de fissure de 15 % au maximum.
ln (tf)<br />
14<br />
12<br />
10<br />
8<br />
6<br />
4<br />
2<br />
faible contrainte<br />
tf > 50000 sec.<br />
109<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
-0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4 0,6<br />
ln (Kini)<br />
forte contrainte<br />
tf < 600 sec.<br />
0,67 1 1,49 Kini<br />
fig. V.15 : Evolution du temps à la rupture <strong>en</strong> fonction du facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte<br />
initial appliqué au défaut, T 1000°C, Lot B.<br />
Mode de rupture Kini (MPa√m) m A<br />
coalesc<strong>en</strong>ce 0,61 - 0,98 4,87 3,54. 10 -9<br />
1 fissure 0,98 - 1,69 3,83 1,04. 10 -6<br />
Tableau V.4 : Paramètres des lois de croissance sous critique déterminés avec les éprouvettes<br />
ind<strong>en</strong>tées.<br />
V.2.6.2. Défauts naturels.<br />
La majeure partie des essais de <strong>fluage</strong> ayant conduit à la rupture, il est possible de faire<br />
les mêmes calculs <strong>en</strong> considérant les défauts naturels prés<strong>en</strong>ts dans le matériau, dans<br />
l’hypothèse de la propagation d’un défaut unique. Il faut pour cela évaluer leur taille initiale.<br />
En choisissant une valeur de ténacité de 3 MPa√m et une contrainte à la rupture moy<strong>en</strong>ne de<br />
249 MPa, valeurs mesurées à température ambiante, on obti<strong>en</strong>t une taille de fissure semicirculaire<br />
c d’<strong>en</strong>viron 100 µm. Aucun défaut de cette taille n’a été observé<br />
expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t, cette valeur correspond juste à la taille équival<strong>en</strong>te de défaut semicirculaire<br />
pour les valeurs mesurées des propriétés mécaniques. Il faut aussi remarquer que<br />
cette taille est nettem<strong>en</strong>t plus faible que la taille des défauts <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par une ind<strong>en</strong>tation<br />
sous une charge de 10 kg. Il est alors possible de recalculer à partir des contraintes élastiques<br />
initiales appliquées, les courbes ln (tf) <strong>en</strong> fonction de ln (Kini) pour les trois températures<br />
testées, et de déterminer des paramètres de croissance sous critique pour ces trois<br />
températures. La figure V.16 représ<strong>en</strong>te l’évolution du temps à la rupture pour une taille de<br />
défauts supposée égale à 100 µm. Pour les points obt<strong>en</strong>us à 1140°C, on a reporté l’incertitude<br />
sur Kini <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte la dispersion sur les défauts initiaux que l’on peut calculer à<br />
partir de σf et K1c (les défauts ont ainsi une taille qui varie <strong>en</strong>tre 75 et 195 µm). Il est ainsi<br />
possible de déterminer un domaine de valeurs de m.
ln (tf)<br />
13<br />
12<br />
11<br />
10<br />
9<br />
8<br />
7<br />
1240°C<br />
0,3 0,45 0,67 1 Kini<br />
110<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
-1,6 -1,2 -0,8 -0,4 0 0,4<br />
ln (Kini)<br />
1010°C<br />
1140°C<br />
fig. V.16 : Evolution de ln(tf) <strong>en</strong> fonction de ln(Kini) dans l’hypothèse de défauts naturels de<br />
100µm, Lot A.<br />
Les paramètres ainsi obt<strong>en</strong>us sont donnés dans le tableau V.5.<br />
Température (°C) Kini (MPa√m) m A<br />
1010 0,5 - 0,85 3,8 1,1 . 10 -8<br />
1140 0,5 - 0,85 7 3,5 . 10 -8<br />
1240 0,28 - 0,73 3,3 7,6 . 10 -8<br />
Tableau V.5 : Paramètres A et m de la loi de propagation de fissure pour les trois<br />
températures testées <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>.<br />
Il faut noter figure V.16 que l’on observe une dispersion beaucoup plus importante que<br />
dans le cas des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées. Ceci s’explique par le fait que l’ind<strong>en</strong>tation limite la<br />
dispersion sur la taille du défaut critique.<br />
Si l’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte la dispersion sur les valeurs de Kini à 1140°C, on calcule des<br />
valeurs extrêmes de m de 4 et 45. Cette dispersion est plus réduite lorsque l’on travaille sur<br />
une large gamme de contraintes initiales.<br />
V.2.6.3. Comparaison avec les résultats de double torsion.<br />
a) Courbes V(K1) - Eprouvettes ind<strong>en</strong>tées.<br />
La figure V.17 représ<strong>en</strong>te les courbes V(K1) obt<strong>en</strong>ues sur les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées et<br />
les compare aux vitesses mesurées <strong>en</strong> double torsion à 1000°C. Les droites ainsi obt<strong>en</strong>ues<br />
n’ont été tracées que dans le domaine de Kini réellem<strong>en</strong>t testé. On peut noter que les mesures<br />
de double torsion sont <strong>en</strong>cadrées par les courbes estimées à partir des essais de <strong>fluage</strong>.
V (m/s)<br />
1E-04<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
Fluage<br />
Changem<strong>en</strong>t de mode de<br />
rupture<br />
Fluage<br />
0,74 1 1,35 1,82 2,46<br />
111<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
-0,6 -0,3 0 0,3 0,6 0,9 1,2<br />
ln (K1)<br />
Double torsion<br />
ténacité<br />
SENB<br />
fig. V.17 : Comparaison des résultats de double torsion représ<strong>en</strong>tés par des carrés (lot A)<br />
avec les lois V(K1) obt<strong>en</strong>ues à partir du <strong>fluage</strong> d’éprouvettes ind<strong>en</strong>tées (lot B) ( 1000°C).<br />
Malgré les hypothèses faites sur Y on obti<strong>en</strong>t des valeurs de vitesse du même ordre de<br />
grandeur. Il faut aussi rappeler que pour les 4 vitesses les plus élevées mesurées <strong>en</strong> double<br />
torsion, on n’observe pas de ramification de la fissure. Par contre les autres points<br />
correspond<strong>en</strong>t à des fissures qui ne sont pas continues. Il existe donc aussi un accord au<br />
niveau de la morphologie des fissures <strong>en</strong>tre les résultats de double torsion et ceux obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong><br />
<strong>fluage</strong> <strong>en</strong> flexion sur des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées. Il faut rappeler que cet accord est observé<br />
<strong>en</strong>tre deux lots différ<strong>en</strong>ts du même matériau.<br />
b) Courbes V(K1) - Défauts naturels.<br />
La figure V.18 prés<strong>en</strong>te les courbes V(K1) que l’on obti<strong>en</strong>t à partir des temps à la<br />
rupture <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> dans l’hypothèse de défauts naturels de 100 µm. Ces courbes sont<br />
comparées avec les points expérim<strong>en</strong>taux obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> double torsion, ainsi qu’avec les courbes<br />
obt<strong>en</strong>ues avec des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées. Elles ont été obt<strong>en</strong>ues à partir de temps à la rupture<br />
compris <strong>en</strong>tre 2000 et 300000 secondes. La courbe déduite des résultats de <strong>fluage</strong> à 1000°C se<br />
rapproche de celle déterminée avec les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées, dans les cas de temps à la<br />
rupture longs, avec des valeurs de vitesse un peu plus élevées.<br />
Kini
V (m/s)<br />
1E-03<br />
1E-04<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
1240°C<br />
0,37 1 2,72 Kini<br />
1010°C<br />
1140°C<br />
112<br />
1000°C<br />
ind<strong>en</strong>tations<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5<br />
ln (Kini)<br />
1000°C<br />
ind<strong>en</strong>tations<br />
(MPam 1/2 )<br />
fig. V.18 : Comparaison Double torsion ( représ<strong>en</strong>tés par des carrés -lot A) / courbes V(K1)<br />
tirées des essais de <strong>fluage</strong> (lot B).<br />
Il faut noter aussi le comportem<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t observé à 1100°C, avec une<br />
valeur de m plus élevée. Là <strong>en</strong>core il semblerait y avoir un bon accord si l’on extrapole la<br />
courbe obt<strong>en</strong>ue à partir des essais de <strong>fluage</strong> vers les plus hautes valeurs de K1. Cep<strong>en</strong>dant la<br />
mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce du seuil observé à 1000°C r<strong>en</strong>d très incertaine toute extrapolation vers les<br />
fortes valeurs de K1. Vers les très basses valeurs de K1, le relief observé sur les faciès de<br />
rupture et les ramifications observées <strong>en</strong> double torsion montr<strong>en</strong>t que l’on a un<br />
<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t qui se traduit par la croissance de fissures discontinues. Les mesures que<br />
l’on peut faire correspond<strong>en</strong>t à ce processus.<br />
Nous pouvons donc résumer les processus conduisant à la rupture qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
dans ce matériau, lors d’un essai de <strong>fluage</strong>, par le schéma représ<strong>en</strong>té figure V.19. Dans le cas<br />
du matériau sans défaut artificiel le <strong>fluage</strong> provoque un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t autour des porosités<br />
existantes. Pour les niveaux de contraintes utilisés, la rupture s’est produite par un<br />
<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t généralisé et la coalesc<strong>en</strong>ce de fissures. Une rupture rapide n’a jamais été<br />
observée. Lorsque l’on ind<strong>en</strong>te les échantillons, l’un ou l’autre des modes de rupture est<br />
observé selon le niveau de facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte initial appliqué.<br />
La brusque transition observée peut être rapprochée de la rupture de p<strong>en</strong>te observée sur<br />
le zircon HF à 1100°C. Elle est cep<strong>en</strong>dant moins marquée car le <strong>fluage</strong> se traduit à faible<br />
contrainte par un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t qui conduit à une valeur de n égale 5.
1 seul défaut<br />
K1 grand<br />
Propagation d’une<br />
seule fissure<br />
Kini >K seuil<br />
Fluage<br />
+<br />
Ind<strong>en</strong>tation<br />
Création d’une<br />
défaut critique<br />
Rupture<br />
113<br />
Kini< K seuil<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
K1 faible<br />
Défauts petits<br />
Multifissuration<br />
Localisation des phénomènes<br />
d’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fond de<br />
fissure. Apparition de fissures<br />
induites<br />
Croissance <strong>en</strong> parallèle<br />
Coalesc<strong>en</strong>ce<br />
fig. V.19 : Processus conduisant à la rupture <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> dans le zircon. Effet de l’ind<strong>en</strong>tation.
114<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
V.3. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> des matériaux mullite zircone (MZ) et mullite<br />
zircone alumine (MZA2).<br />
V.3.1. Courbes de <strong>fluage</strong>.<br />
Pour les matériaux de types mullite zircone, tous les essais ont été conduits sur des<br />
éprouvettes de dim<strong>en</strong>sions 40×6×4 mm 3 à 1200 et 1300°C. Les courbes de <strong>fluage</strong>s obt<strong>en</strong>ues à<br />
1200°C pour les nuance MZ et MZA2 sont représ<strong>en</strong>tées figures V.20 et V.22, et l’évolution<br />
des vitesses correspondantes, figures V.21 et V.23. Quelques résultats obt<strong>en</strong>us pour une<br />
température de consigne de 1300°C sont donnés figure V.24 et V.26 pour les deux nuances;<br />
l’évolution des vitesses correspondantes étant prés<strong>en</strong>tées figures V.25 et V.27. L’<strong>en</strong>semble<br />
des données (condition d’essai, température mesurée, vitesse minimale,...) sont reportées <strong>en</strong><br />
annexe B. Les températures mesurées sont reportées à coté des courbes de <strong>fluage</strong>.<br />
A 1200°C aucun échantillon ne s’est rompu au cours des essais, même sous des<br />
contraintes de 90 MPa, ce qui correspond à la charge maximale que l’on peut appliquer à ce<br />
type d’éprouvettes. La figure V.21 montre qu’ici <strong>en</strong>core il est difficile de définir une vitesse<br />
stationnaire même après 100 heures de <strong>fluage</strong>. L’essai conduit sous 30 MPa montre que la<br />
vitesse de déformation continue à diminuer même après 400 heures. Du fait de la dispersion<br />
importante des résultats, comme par exemple les deux courbes obt<strong>en</strong>ues sous 75 MPa pour la<br />
nuance MZ, et celles obt<strong>en</strong>ues à 30 et 75 MPa pour la nuance MZA2, il est relativem<strong>en</strong>t<br />
difficile de faire des comparaisons <strong>en</strong>tre ces deux matériaux. Par contre si l’on regarde les<br />
courbes montrant l’évolution des vitesses, les différ<strong>en</strong>ces sont plus marquées. Pour la nuance<br />
MZ on observe un stade où la vitesse est évolue peu pour des durées de <strong>fluage</strong> <strong>en</strong>tre 1 et 10<br />
heures puis une diminution régulière, alors que la nuance MZA2 ne prés<strong>en</strong>te pas ce palier.<br />
Cette différ<strong>en</strong>ce de comportem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les deux nuances peut être expliquée par une<br />
transformation de la zircone sous contrainte. Avant l’application de la charge, la zircone est<br />
sous forme quadratique (cf fig III.15 p 66). Lorsque l’on applique la charge, des contraintes de<br />
tractions apparaiss<strong>en</strong>t sur la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion. Les grains de zircone soumis à ces contraintes<br />
peuv<strong>en</strong>t alors repasser sous forme monoclinique, transformation qui s’accompagne d’une<br />
augm<strong>en</strong>tation de volume qui expliquerait l’évolution particulière de la vitesse. L’écart <strong>en</strong>tre<br />
les deux nuances s’explique, lui, par la fraction volumique plus importante de zircone dans la<br />
nuance MZ que dans MZA2 ( 21 % contre 9.6 %), ainsi que par une taille de grains elle aussi<br />
plus élevée.<br />
A 1300°C les déformations devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t beaucoup plus importantes, et certains essais<br />
ont dû être arrêtés lorsque la flèche au c<strong>en</strong>tre s’approchait des 4 mm, afin d’éviter que les<br />
éprouvettes ne touch<strong>en</strong>t le fond de l’équipage. Une autre différ<strong>en</strong>ce importante concerne la<br />
rupture des échantillons, qui est apparue pour des contraintes supérieures à 38 MPa pour la<br />
nuance MZ et 70 MPa pour MZA2. Pour les essais conduits jusqu’à la rupture, celle-ci est<br />
précédée d’un stade tertiaire, avec une augm<strong>en</strong>tation de la vitesse de déformation. Cep<strong>en</strong>dant<br />
cette dernière est peu marquée du fait des flèches importantes <strong>en</strong>registrées. Ce stade tertiaire<br />
est plus évid<strong>en</strong>t sur les courbes de vitesses. Comme dans le cas du zircon, l’augm<strong>en</strong>tation de<br />
la contrainte appliquée conduit à une diminution du temps et de la flèche à la rupture. On<br />
observe <strong>en</strong>fin que la différ<strong>en</strong>ce qui existait à 1200°C <strong>en</strong>tre les deux nuances sur l’évolution de<br />
la vitesse de <strong>fluage</strong> a disparu. Par contre les figures représ<strong>en</strong>tant l’évolution des vitesses de<br />
déformation montr<strong>en</strong>t que l’on n’atteint jamais un état stationnaire. Il n’est possible que de<br />
déterminer des vitesses minimales de déformation.
Flèche (µm)<br />
Vitesse (1/s)<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
1256°C<br />
115<br />
1232°C<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
0 20 40 60 80 100 120 140 160<br />
Temps (h)<br />
1236°C<br />
15 MPa 30 MPa<br />
45 MPa 75 MPa<br />
75 MPa 90 MPa<br />
1258°C<br />
1255°<br />
fig. V.20 : Courbes de <strong>fluage</strong> à 1200°C pour la nuance MZ.<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1236°C<br />
0,01 0,1 1 10 100 1000<br />
Temps (h)<br />
15 MPa 30 MPa<br />
45 MPa 75 MPa<br />
75 MPa 90 MPa<br />
fig. V.21 : Evolution des vitesses de <strong>fluage</strong> à 1200°C pour la nuance MZ.
Flèche (µm)<br />
Vitesse (1/s)<br />
1200<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
1236°C<br />
116<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
0 50 100 150 200 250 300<br />
Temps (h)<br />
1232°C<br />
1220°C<br />
1258°C<br />
15 MPa<br />
30 MPa<br />
75 MPa<br />
90 MPa<br />
fig. V.22 : Courbes de <strong>fluage</strong> à 1200°C pour la nuance MZA2.<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
0,01 0,1 1 10 100 1000<br />
Temps (h)<br />
30 MPa<br />
15 MPa<br />
75 MPa<br />
90 MPa<br />
fig. V.23 : Evolution de la vitesse de <strong>fluage</strong> à 1200°C pour la nuance MZA2.
Flèche (µm)<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
1340°C<br />
1340°C<br />
1358°C<br />
117<br />
1339°C<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
0 50 100 150 200<br />
Temps (min)<br />
1339°C<br />
38 MPa 45 MPa<br />
52 MPa 60 MPa<br />
65 MPa 70 MPa<br />
73 MPa 75 MPa<br />
1360°C<br />
1356°C<br />
fig. V.24 : Exemple de courbes de <strong>fluage</strong>s obt<strong>en</strong>ues pour des températures de 1340 ou 1360°C<br />
avec la nuance MZ.<br />
Vitesse (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1 10 100 1000 10000<br />
Temps (min)<br />
38 MPa 45 MPa<br />
52 MPa 60 MPa<br />
65 MPa 70 MPa<br />
73 MPa 75 MPa<br />
fig. V.25 : Evolution des vitesses de déformation pour la nuance MZ.
Flèche (µm)<br />
5000<br />
4000<br />
3000<br />
2000<br />
1000<br />
0<br />
1361°C<br />
1356°<br />
1355°C<br />
118<br />
1360°C<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
0 20 40 60 80 100 120 140 160<br />
Temps (h)<br />
15 MPa 30 MPa<br />
45 MPa<br />
75 MPa<br />
60 MPa<br />
1348°C<br />
fig. V.26 : Exemple de courbes de <strong>fluage</strong> autour de 1350°C pour la nuance MZA2.<br />
Vitesse (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
0,01 0,1 1 10 100 1000<br />
Temps(h)<br />
15 MPa 30 MPa<br />
45 MPa<br />
75 MPa<br />
60 MPa<br />
fig. V.27 : Evolution des vitesses de déformation pour la nuance MZA2.<br />
V.3.2. Exposant de contrainte - Energie d’activation.<br />
Une analyse classique des ces résultats a permis comme pour le zircon de déterminer la<br />
valeur de l’exposant de contrainte n pour ces deux nuances à 1200 et 1300°C, <strong>en</strong> traçant<br />
l’évolution de la vitesse de déformation minimale <strong>en</strong> fonction de la contrainte appliquée,
119<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
représ<strong>en</strong>tée figure V.28 . L’<strong>en</strong>semble des résultats a été pris <strong>en</strong> compte malgré les écarts sur<br />
les températures.<br />
Vitesse Minimale (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
1300°C<br />
1200°C<br />
MZ ( n = 3)<br />
MZA2 ( n = 0,9)<br />
MZ ( n = 1)<br />
10 100<br />
Contrainte MPa<br />
MZA2 ( n = 1,9)<br />
fig. V.28 : Détermination des exposants de contrainte.<br />
Nous obt<strong>en</strong>ons des valeurs de 1 et 0,9 pour MZ et MZA2 à 1200°C, et de 3 et 1,9 à 1300°C.<br />
La dispersion importante des résultats limite la précision que l’on peut attribuer à ces<br />
exposants (cf calcul dans le cas du zircon). Par ailleurs comme dans le cas du zircon, pour la<br />
valeur calculée à 1300°C, la valeur minimale de la vitesse est sans doute surestimée du fait de<br />
la rupture des échantillons, ou de l’arrêt des essais. Enfin, vu les déformations très importantes<br />
qu’ont subies ces échantillons, la valeur de la contrainte élastique initiale prise pour calculer n<br />
est surestimée du fait des frottem<strong>en</strong>ts qui induis<strong>en</strong>t une diminution importante de la charge<br />
(<strong>en</strong>viron 7% pour les flèches <strong>en</strong>registrées). Ces valeurs peuv<strong>en</strong>t traduire un mécanisme de<br />
glissem<strong>en</strong>t aux joints de grains, et l’augm<strong>en</strong>tation de l’exposant de contrainte à 1300°C est<br />
due à la prise <strong>en</strong> compte de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t.<br />
Un essai sous 15 MPa a été réalisé pour chaque nuance à 1100 et 1400°C, de façon à<br />
déterminer une valeur de l’énergie d’activation appar<strong>en</strong>te. Sous ce chargem<strong>en</strong>t, les deux<br />
nuances prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pratiquem<strong>en</strong>t les mêmes courbes de <strong>fluage</strong> pour les 4 températures, et nous<br />
obt<strong>en</strong>ons des valeurs d’énergies d’activation appar<strong>en</strong>te similaires de 510 kJ/mol pour MZ et<br />
540 kJ/mol pour MZA2. Le manque de points ne permet pas de distinguer une rupture de<br />
p<strong>en</strong>te si l’on trace la vitesse de déformation minimale <strong>en</strong> fonction de 1/T.<br />
Ces résultats, valeur de n et énergie d'activation appar<strong>en</strong>te, sont proches de ceux<br />
relevés dans la littérature (cf bibliographie I.4.3).<br />
V.3.3. Effet d’une variation de température.<br />
Il est possible d’évaluer l’effet d’une variation de température sur les vitesses<br />
<strong>en</strong>registrées. En supposant que l’on a bi<strong>en</strong> une loi de type :<br />
.<br />
n −ΔG<br />
εs= A.<br />
σ .exp( )<br />
RT
120<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
le rapport R <strong>en</strong>tre deux essais conduits sous une contrainte id<strong>en</strong>tique mais avec un écart de<br />
température ΔT vaut :<br />
. − G<br />
ε exp( Δ<br />
1<br />
RT)<br />
R = . =<br />
− G<br />
ε exp( Δ<br />
2<br />
RT ( + ΔT))<br />
Le tableau V.6 prés<strong>en</strong>te l’évolution de ce rapport pour différ<strong>en</strong>ts couples de valeurs de ΔG, T<br />
et ΔT. Un grande partie de la dispersion qui semble être observée sur les résultats de <strong>fluage</strong> est<br />
donc liée à la température, et à la dérive observée au cours des essais successifs suite à l’usure<br />
des thermocouples.<br />
ΔG<br />
(kJ/mol)<br />
550 550 550 550 550 550 450 300 600<br />
T (K) 1473 1473 1473 1273 1373 1573 1473 1473 1473<br />
ΔT (K) 5 10 20 5 5 5 5 5 5<br />
R 0,86 0,74 0,55 0,81 0,84 0,87 0,88 0,92 0,85<br />
Tableau V.6 : Effet d’un écart de température sur la vitesse de <strong>fluage</strong>, pour différ<strong>en</strong>tes<br />
température d’essais et différ<strong>en</strong>tes valeurs de l’énergie d’activation.<br />
V.3.4. Evolution microstructurale.<br />
La microstructure initiale et notamm<strong>en</strong>t la prés<strong>en</strong>ce de nombreuses porosités dans le<br />
matériau brut r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t difficile l’observation de la cavitation. Ainsi un échantillon de MZ après<br />
<strong>fluage</strong> à 1200°C sous 75 MPa, avec une flèche au c<strong>en</strong>tre de 450 µm, ne montre pas<br />
d’évolution par rapport à l’état initial. Comme pour le zircon des observations ont donc été<br />
conduites avant et après <strong>fluage</strong>. La figure V.29 prés<strong>en</strong>te une zone de la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion d’une<br />
éprouvette de MZA2, avant et après <strong>fluage</strong> sous 45 MPa à 1315°C, dont la flèche au c<strong>en</strong>tre<br />
était de 1.3 mm. Ces photographies permett<strong>en</strong>t de constater que les joints de grains sont plus<br />
marqués, et qu’une grande partie des cavités prés<strong>en</strong>tes après <strong>fluage</strong> correspond<strong>en</strong>t à des<br />
porosités initiales pour lesquelles on ne peut que noter une redistribution de la phase vitreuse.<br />
Il semble aussi que le relief soit plus important et cette observation se retrouve lorsque<br />
l’on regarde les éprouvettes après <strong>fluage</strong> à 1400°C, prés<strong>en</strong>tant une flèche au c<strong>en</strong>tre d’<strong>en</strong>viron<br />
4 mm. Il semble donc que l’on puisse attribuer le <strong>fluage</strong> à un phénomène de glissem<strong>en</strong>t aux<br />
joints de grains. Les faces <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion des éprouvettes de MZA2 testées sous 30, 45 et 60 MPa<br />
à 1300°C prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t par ailleurs un nombre important de fissures assez régulièrem<strong>en</strong>t<br />
réparties, avec cep<strong>en</strong>dant une plus forte d<strong>en</strong>sité dans les zones situées sous les points<br />
d’application de la charge, et nous avons aussi noté que cette d<strong>en</strong>sité de fissures augm<strong>en</strong>tait<br />
avec la contrainte appliquée, pour une flèche à peu près id<strong>en</strong>tique.
121<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
a)avant <strong>fluage</strong><br />
b) après <strong>fluage</strong> 1315 °C/ 45 MP 19h.<br />
flèche au c<strong>en</strong>tre 1.3 mm<br />
fig. V.29 : Evolution de la microstructure sur la face <strong>en</strong> t<strong>en</strong>sion d’une éprouvette de MZA2.<br />
Pour les deux nuances, les faciès de rupture des éprouvettes rompues <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>s ont été<br />
observés. Ils permett<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce deux zones. La première avec un relief<br />
important est de type intergranulaire et correspond à la jonction de fissures dont la croissance<br />
s’est opéré <strong>en</strong> parallèle. La seconde est de type transgranulaire et correspond à la rupture<br />
brutale de l’éprouvette.<br />
V.3.5. Temps à la rupture.<br />
Comme pour le zircon étudié précédemm<strong>en</strong>t, une corrélation <strong>en</strong>tre la vitesse de<br />
déformation minimale et le temps à la rupture, représ<strong>en</strong>tée figure V.30, est observée à 1300°C<br />
pour ces deux nuances.
Vmin (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
MZ<br />
122<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
1 10 100 1000 10000<br />
Tf(min)<br />
MZA2<br />
fig. V.30 : Corrélation <strong>en</strong>tre les vitesses minimales mesurées <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> et le temps à la<br />
rupture.Essais réalisés à 1300°C.<br />
V.3.6. Comparaison avec des résultats antérieurs.<br />
Il est possible de comparer l’<strong>en</strong>semble de ces résultats avec ceux obt<strong>en</strong>us au<br />
laboratoire sur une mullite et une mullite zircone, que l’on notera MZ0 par la suite, de<br />
composition id<strong>en</strong>tique à la nuance MZ.<br />
Cette mullite (Baikowski CA193CR), a été obt<strong>en</strong>ue par un pressage uniaxial sous 40<br />
MPa, suivi d’un pressage isostatique à froid sous 200 MPa, et par un frittage de 5 h à 1750°C<br />
suivi d’un palier de 5h à 1450°C [Rhan 97]. La mullite zircone MZ0 est obt<strong>en</strong>ue par frittage<br />
réaction à 1600°C p<strong>en</strong>dant 4h.<br />
Pour la mullite les expéri<strong>en</strong>ces de <strong>fluage</strong> étai<strong>en</strong>t réalisées avec des éprouvettes de<br />
dim<strong>en</strong>sions 40×4×3 mm 3 , mais les résultats obt<strong>en</strong>us sur le zircon montr<strong>en</strong>t que l’on peut<br />
aisém<strong>en</strong>t comparer ces résultats à ceux obt<strong>en</strong>us avec des éprouvettes de dim<strong>en</strong>sions 40×6×4<br />
mm 3 . Nous avons donc reporté sur la figure V.31, les comportem<strong>en</strong>ts observés <strong>en</strong> fonction de<br />
la contrainte élastique initiale. Les exposants de contraintes sont rappelés dans le tableau V.7.
V Min. (1/s)<br />
1E-04<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
1E-10<br />
1E-11<br />
1340-1360°C<br />
1230-1250°C<br />
1200°C<br />
1100°C<br />
7,4 20 54,6 148 (MPa)<br />
2 3 4 5<br />
Ln (Contrainte élastique MPa)<br />
123<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
1400°C<br />
1300°C<br />
MULLITE<br />
MZ0<br />
MZ<br />
MZA2<br />
fig. V.31 : Comparaison des comportem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> de la mullite, MZ0, MZ et MZA2.<br />
1000°C 1100°C 1200°C 1300°C 1400°C<br />
mullite 1 1 (σ < 110 MPa) 1,1 (σ < 70 MPa) 1,2(σ < 50 MPa) 1,18(σ < 30 MPa)<br />
21<br />
7,5<br />
3,9<br />
3,13<br />
MZ0 0,8 0,7 2,1 1,2 - 10 2,1 - 8<br />
MZ 1 3<br />
MZA2 0,9 1,9<br />
Tableau V.7 : Comparaison des exposants de contraintes.<br />
La première constatation concerne les résultats très proches obt<strong>en</strong>us sur la mullite et la<br />
mullite zircone MZ0. Pour la mullite l’exposant de contrainte est proche de 1 pour les faibles<br />
températures. A partir de 1200°C on observe une rupture de p<strong>en</strong>te qui se traduit par une valeur<br />
appar<strong>en</strong>te de l’exposant de contrainte plus élevée aux fortes charges, liée à la croissance sous<br />
critique. Ce comportem<strong>en</strong>t s’observe aussi à plus haute température, mais la rupture de p<strong>en</strong>te<br />
est moins marquée et se produit pour des contraintes plus faibles. La MZ0 prés<strong>en</strong>te un<br />
comportem<strong>en</strong>t similaire à celui de la mullite à 1300 et 1400°C, même si l’on peut douter de la<br />
rupture de p<strong>en</strong>te à 1400°C. Il n’a pas été observé de rupture de p<strong>en</strong>te à 1200°C. Aux très<br />
faibles températures la valeur de l’exposant de contrainte t<strong>en</strong>d, là aussi, vers 1.<br />
Si l’on compare maint<strong>en</strong>ant les résultats obt<strong>en</strong>us sur nos deux matériaux, nous<br />
pouvons constater que les nuances MZ et MZA2 sont plus s<strong>en</strong>sibles au <strong>fluage</strong>, dès 1200°C,<br />
température à laquelle on obti<strong>en</strong>t une valeur de n proche de 1, et qu’elles se comport<strong>en</strong>t à<br />
1300°C comme la mullite et la nuance MZ0 à 1400°C. Par contre nous n’avons pas mis <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce de rupture de p<strong>en</strong>te comme sur la mullite. Si l’on se réfère aux résultats obt<strong>en</strong>us sur<br />
le zircon, cette rupture de p<strong>en</strong>te pourrait correspondre à une propagation rapide d’un seul<br />
défaut dans l’échantillon. Les temps à la rupture obt<strong>en</strong>us sur la mullite à 1200°C aux fortes<br />
contraintes, <strong>en</strong>tre 100 et 3400 secondes, ressembl<strong>en</strong>t à ceux obt<strong>en</strong>us sur les éprouvettes de<br />
zircon ind<strong>en</strong>tées. Le fait que la transition <strong>en</strong>tre les deux régimes soit moins marqué lorsque la<br />
température augm<strong>en</strong>te peut alors s’expliquer par une augm<strong>en</strong>tation de l’<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t, par<br />
exemple par cavitation et par une rupture qui se produirait par la coalesc<strong>en</strong>ce de défauts de
124<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
<strong>fluage</strong>. Les exposants de contraintes proches de 3 à 1300 et 1400°C se rapproch<strong>en</strong>t de ceux<br />
obt<strong>en</strong>us sur MZ et MZA2, nuances pour lesquelles ce type de rupture est observé.<br />
Les énergies d’activation appar<strong>en</strong>tes mesurées sur ces différ<strong>en</strong>ts matériaux sont<br />
comparées dans le tableau V.8.<br />
Energie d’activation appar<strong>en</strong>te<br />
mullite T < 1300°C 410 kJ/mol<br />
T > 1300°C σ (30 MPA) 730 kJ/mol<br />
σ (50 MPA) 912 kJ/mol<br />
σ (70 MPA) 930 kJ/mol<br />
MZ0 T< 1200°C 100 ± 20 kJ/mol<br />
T> 1200°C 700-740 kJ/mol<br />
MZ 510 kJ/mol<br />
MZA2 540 kJ/mol<br />
Tableau V.8. : Comparaison des énergies d’activation appar<strong>en</strong>tes mesurées sur la mullite,<br />
MZ0, MZ et MZA2.<br />
Il n’est pas possible de tirer de conclusions à partir des énergies d’activation appar<strong>en</strong>tes car le<br />
vitesses minimales utilisées sont fortem<strong>en</strong>t liées à l'<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t. Une rupture de p<strong>en</strong>te à<br />
1200°C n'a pas pu être mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce pour de très fortes charges sur les nuances MZ et<br />
MZA2.<br />
V.4. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> d’éprouvettes ind<strong>en</strong>tées ( Nuance MZA2).<br />
V.4.1 Effet de l’ind<strong>en</strong>tation.<br />
Afin de mieux compr<strong>en</strong>dre ce comportem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>, une étude similaire à celle<br />
réalisée sur le zircon a été <strong>en</strong>treprise. Des essais ont été réalisés sur des éprouvettes du second<br />
lot de la nuance MZA2 préalablem<strong>en</strong>t ind<strong>en</strong>tées sous des charges de 98 ou 200N. Cette<br />
ind<strong>en</strong>tation permet de créer un défaut critique de dim<strong>en</strong>sions 2c connues, de 365 ± 30 µm <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne pour des ind<strong>en</strong>tations sous 98 N et de 593 ± 33 µm sous 200N. Il est à noter que la<br />
prés<strong>en</strong>ce d’un défaut critique ne se fait pas s<strong>en</strong>tir sur les courbes représ<strong>en</strong>tant l’évolution de la<br />
flèche au c<strong>en</strong>tre de l’éprouvette <strong>en</strong> fonction du temps. Ceci n’est pas surpr<strong>en</strong>ant compte t<strong>en</strong>u<br />
de la dispersion que l’on observe généralem<strong>en</strong>t sur ce type de courbes. Une analyse classique<br />
dans laquelle on trace ε .<br />
<strong>en</strong> fonction de la contrainte élastique appliquée représ<strong>en</strong>tée figure<br />
V.32 permet d’obt<strong>en</strong>ir des valeurs de l’exposant de contrainte appar<strong>en</strong>t à peu près id<strong>en</strong>tiques,<br />
respectivem<strong>en</strong>t de 3,3 , 3,7 et 3,2 pour des éprouvettes non ind<strong>en</strong>tées, ind<strong>en</strong>tées sous 98 N et<br />
sous 200N. Il faut cep<strong>en</strong>dant remarquer que l’on observe globalem<strong>en</strong>t un décalage des courbes<br />
vers les plus fortes valeurs des vitesses de déformation pour les éprouvettes ind<strong>en</strong>tées. Les<br />
résultats obt<strong>en</strong>us avec ces éprouvettes ont aussi permis de retrouver la corrélation <strong>en</strong>tre la<br />
vitesse minimale mesurée et le temps à la rupture représ<strong>en</strong>tée figure V.33.
Vmin (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
lot 2 NI<br />
lot 2 ind 98N<br />
lot 2 ind 200N<br />
54,5 66,7 81,5 99,5 MPa<br />
125<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
4 4,2 4,4 4,6<br />
ln (Contrainte appliquée)<br />
fig. V.32 : Effet de l’ind<strong>en</strong>tation sur les vitesses de déformations minimales mesurées. Nuance<br />
MZA2 - 1330°C.<br />
V min (1/s)<br />
1E-05<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
lot 2 NI<br />
lot 2 ind 98N<br />
lot 2 ind 200N<br />
lot 1 NI<br />
1000 10000 100000<br />
Tf (s)<br />
fig. V.33 : Effet d’une ind<strong>en</strong>tation sur les courbes (ε . ,tf). Nuance MZA2 - 1330°C.<br />
Au cours de ces essais on a donc simultaném<strong>en</strong>t dans les éprouvettes un <strong>fluage</strong><br />
relativem<strong>en</strong>t important qui conduit à des flèches variant <strong>en</strong>tre 0.5 et 2 mm, et un défaut qui<br />
croît et conduit à la rupture, sauf pour celui réalisé sous 88 MPa pour une éprouvette ind<strong>en</strong>tée<br />
sous 200N, où la rupture a eu lieu à côté de l’ind<strong>en</strong>tation.
V.4.2. Analyse type Lange.<br />
126<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Il est possible d’interpréter ces résultats comme l’a fait Lange <strong>en</strong> considérant que le<br />
<strong>fluage</strong> et la croissance sous critique agiss<strong>en</strong>t séparém<strong>en</strong>t, et de déterminer les valeurs des<br />
paramètres des lois de <strong>fluage</strong>s, n, et de croissance sous critique, m. Le tracé des courbes<br />
(Vmin,σ) ,(tf ,σ), (tf,Vmin),et (yf-yel,σ), donne respectivem<strong>en</strong>t n,-m,-n/m et n-m. Les valeurs<br />
obt<strong>en</strong>ues avec ces différ<strong>en</strong>ts essais sont reportées dans le tableau V.8 (On considère toujours<br />
la vitesse de déformation minimale comme vitesse stationnaire.).<br />
n -m calcul<br />
(-n/m)<br />
calcul (n-m) (tf,Vmin)<br />
-n/m<br />
(yf-yel,σ)<br />
n-m<br />
lot 2 3,28 -4,43 -1,15 -0,74 -2,57 -0,42<br />
lot 2 (ind. 98 N) 3,75 -8,23 -4,48 -0,45 -4,08 -0,46<br />
lot 2 (ind. 200 N) 3,23 -6,36 -3,13 -0,51 -2,84 -0,52<br />
lot 1 1,9 -3,09 -1,19 -0,61 -1,92 -0,83<br />
Tableau V.8 : Comparaison des différ<strong>en</strong>tes valeurs de m et n obt<strong>en</strong>ues.<br />
On observe un certain accord <strong>en</strong>tre les valeurs obt<strong>en</strong>ues pour le calcul et celles<br />
obt<strong>en</strong>ues avec les points expérim<strong>en</strong>taux pour les essais réalisés sur des éprouvettes où les<br />
défauts sont connus. Cette meilleure concordance des résultats <strong>en</strong>tre paramètres<br />
expérim<strong>en</strong>taux et valeurs calculées, par rapport à ce que l’on a observé dans le cas du zircon<br />
s’explique <strong>en</strong> partie par le fait que pour MZA2 on a toujours une rupture par coalesc<strong>en</strong>ce de<br />
défauts de <strong>fluage</strong>, après des temps de chargem<strong>en</strong>t supérieurs à 1 heure, au cours desquels se<br />
produit <strong>en</strong> parallèle du <strong>fluage</strong> et de la croissance sous critique.<br />
V.4.3. Détermination de la loi de propagation de fissure.<br />
V.4.3.1. Eprouvettes ind<strong>en</strong>tées.<br />
En étudiant la variation de Vmin avec σ on ne ti<strong>en</strong>t pas compte de la longueur des<br />
défauts initiaux et dans une courbe Vmin <strong>en</strong> fonction de tf il est difficile d’analyser l’effet de la<br />
contrainte. La même analyse que dans le cas du zircon a donc été réalisée. La figure V.34<br />
prés<strong>en</strong>te l’évolution du temps à la rupture tf <strong>en</strong> fonction du facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte<br />
initial Kini vu par la fissure, dont on tire les valeurs de m et A reportées dans le tableau V.9. A<br />
facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte initial constant, le temps à la rupture est plus grand pour les<br />
éprouvettes ind<strong>en</strong>tées sous 200 N, et donc possédant les défauts initiaux les plus grands, car le<br />
temps à la rupture est aussi proportionnel à ai (cf page 108). Pour ces échantillons le temps à<br />
la rupture est le temps qu’il a fallu aux défauts que l’on avait introduits pour atteindre une<br />
taille critique. Le <strong>fluage</strong> s’est arrêté une fois qu’ils avai<strong>en</strong>t atteint cette taille. L’observation<br />
des faciès de rupture met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce un relief important caractéristique d’une<br />
multifissuration, comme cela a été observé dans le zircon. Le <strong>fluage</strong> a donc été limité par cette<br />
croissance, ce qui explique le décalage vers des valeurs légèrem<strong>en</strong>t plus élevées de la vitesse<br />
de déformation minimale observée sur les courbes (Vmin, σ) pour les essais sur éprouvettes<br />
ind<strong>en</strong>tées.
ln(Tf)<br />
12<br />
11<br />
10<br />
9<br />
8<br />
7<br />
6<br />
98 N<br />
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7<br />
ln(Kini)<br />
127<br />
200 N<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
1,1 1,35 1,65 2 Kini<br />
fig. V.34 : Evolution du temps à la rupture <strong>en</strong> fonction du facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte<br />
initial appliqué au défaut.<br />
Kini (MPa√m) m A<br />
ind. 98 N 1,19-1,74 6,73 6,63 10 -10<br />
ind. 200 N 1,29-1,86 5,92 4,84 10 -10<br />
Tableau V.9 : Valeurs des paramètres de la loi de croissance sous critique tirées des essais de<br />
<strong>fluage</strong> sur éprouvettes ind<strong>en</strong>tées.<br />
On remarque qu’il y a peu de différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les lois obt<strong>en</strong>ues avec deux tailles de<br />
défauts initiaux différ<strong>en</strong>tes.<br />
V.4.3.2. Comparaison avec les résultats de double torsion.<br />
Ces lois ont été tracées dans un diagramme V(K1), figure V.35, où l’on a aussi reporté<br />
les valeurs expérim<strong>en</strong>tales que l’on avait pu mesurer <strong>en</strong> double torsion. Les lois obt<strong>en</strong>ues<br />
grâce aux essais de <strong>fluage</strong> conduits sur des éprouvettes ind<strong>en</strong>tées n’ont été tracées que dans le<br />
domaine de Kini testé. Suite aux résultats obt<strong>en</strong>us sur le zircon il est <strong>en</strong> effet difficile<br />
d’extrapoler les valeurs de vitesse vers des valeurs plus élevées de facteur d’int<strong>en</strong>sité de<br />
contrainte à cause de la possibilité d’exist<strong>en</strong>ce d’une transition dans le mode de rupture. En<br />
effet, même si elle n’a pas été mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce avec ces essais de <strong>fluage</strong>, les mesures<br />
effectuées <strong>en</strong> double torsion ont conduit à de nombreuses ruptures d’échantillons (cf fig. IV.8<br />
p 78). On peut donc p<strong>en</strong>ser que si l’on augm<strong>en</strong>tait suffisam<strong>en</strong>t la contrainte appliquée, la<br />
rupture résulterait uniquem<strong>en</strong>t de la propagation de la fissure créée par ind<strong>en</strong>tation. On<br />
observe toutefois, comme dans le cas du zircon, un accord satisfaisant <strong>en</strong>tre ces deux types de<br />
résultats.
V (m/s)<br />
1E-06<br />
1E-07<br />
1E-08<br />
1E-09<br />
128<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
1 10<br />
DT<br />
K1 (MPa m)<br />
fig. V.35 : Comparaison des résultats de double torsion à 1300°C et des lois de vitesse<br />
déterminées par des essais de <strong>fluage</strong> sur éprouvettes ind<strong>en</strong>tées.<br />
V.4.3.3. Défauts naturels.<br />
Il est aussi possible comme dans le cas du zircon de déterminer la taille de défaut<br />
semi-elliptique équival<strong>en</strong>te conduisant aux valeurs de contraintes à la rupture et de ténacité<br />
mesurées sur MZ et MZA2. On obti<strong>en</strong>t des valeurs de c de 142 µm pour MZ et de 70 µm pour<br />
MZA2. La valeur de facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte initial peut alors être évaluée pour tous<br />
les essais conduits jusqu’à la rupture sur MZ et MZA2 à 1300°C. La figure V.36 prés<strong>en</strong>te<br />
alors les valeurs de Tf (s) <strong>en</strong> fonction de Kini. Les valeurs extrêmes de contraintes à la rupture<br />
mesurées sur ces matériaux ont aussi été utilisées pour déterminer les tailles extrêmes de<br />
défauts prés<strong>en</strong>ts, qui conduis<strong>en</strong>t à des incertitudes importantes sur l’évaluation de Kini, comme<br />
cela est reporté figure V.36. On peut cep<strong>en</strong>dant déterminer les paramètres de croissance sous<br />
critique, reportés dans le tableau V.10.<br />
Kini (MPa√m) m A<br />
MZ 0.59-1.16 6.2 1.5 10 -8<br />
MZA2 0.8-0.98 3.2 5.8 10 -9<br />
Tableau V.10 : Paramètres des lois de croissance sous critique déterminés <strong>en</strong> évaluant la<br />
taille des défauts naturels.<br />
Cette méthode ne permet pas d’obt<strong>en</strong>ir des valeurs fiables, notamm<strong>en</strong>t dans le cas de<br />
MZA2, matériau pour lequel la gamme de Kini testée est très faible.
Ln Tf<br />
12<br />
11<br />
10<br />
9<br />
8<br />
7<br />
6<br />
129<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
-0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0 0,2 0,4<br />
Ln Kini<br />
MZ<br />
MZA2<br />
fig. V.36 : Evolution de ln Tf <strong>en</strong> fonction du facteur d’int<strong>en</strong>sité de contrainte initial dans le<br />
cas de défauts naturels de tailles constantes. Les flèches représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les incertitudes sur Kini<br />
quand on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte l’incertitude sur la taille de défaut.<br />
V.5. Résultats de spectrométrie mécanique.<br />
Comme cela a été prés<strong>en</strong>té dans le chapitre 1 la spectrométrie mécanique permet de<br />
caractériser la phase intergranulaire et de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce son évolution év<strong>en</strong>tuelle au cours<br />
de traitem<strong>en</strong>ts thermiques. Cette technique a donc été utilisé pour caractériser les trois<br />
matériaux étudiés, et les résultats obt<strong>en</strong>us sont regroupés dans les paragraphes suivants.<br />
V.5.1. Comparaison des spectres obt<strong>en</strong>us sur les différ<strong>en</strong>ts matériaux.<br />
V.5.1.1. Résultats obt<strong>en</strong>us sur le zircon.<br />
La figure V.37 prés<strong>en</strong>te les spectres obt<strong>en</strong>us sur le zircon. A la première montée <strong>en</strong><br />
température on note la prés<strong>en</strong>ce d’un pic à 1100 K associé à une brusque diminution de<br />
module. Une seconde diminution de module se produit au-delà de 1400 K au début du fond<br />
expon<strong>en</strong>tiel. Ce pic et cette diminution de module sont aussi observés au cours de mesures<br />
isothermes, et se décal<strong>en</strong>t vers les fréqu<strong>en</strong>ces plus basses lorsque la température diminue. Ce<br />
comportem<strong>en</strong>t est caractéristique d’un mécanisme de relaxation thermiquem<strong>en</strong>t activé, et son<br />
énergie d’activation appar<strong>en</strong>te est de 430 kJ/mol.<br />
Des mesures de spectrométrie mécanique ont aussi été conduites sur une seconde<br />
nuance de zircon dont le comportem<strong>en</strong>t mécanique a été étudié au laboratoire [Rhan94]. Cette<br />
nuance, notée par la suite zircon HF, est préparée avec la même poudre, lavée à l’acide<br />
fluorhydrique, puis frittée 4h à 1630 °C. Cette température de frittage plus élevée conduit à<br />
une décomposition partielle des grains de zircon, et à l’apparition de grains de zircone. La<br />
t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> phase vitreuse est supposée avoir diminué suite au lavage de la poudre, mais sa<br />
quantité est aussi liée à la décomposition partielle du zircon qui se produit dans cette nuance.<br />
Malheureusem<strong>en</strong>t nous ne disposons pas d’informations concernant la nature de cette phase<br />
intergranulaire. Par ailleurs la taille de grains est légèrem<strong>en</strong>t plus élevée pour le zircon HF.
1000 tan phi<br />
160<br />
140<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
-20<br />
montée 1<br />
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />
Temp. (K)<br />
130<br />
(1 Hz - 1K/min)<br />
montée 2<br />
fig. V.37 : Spectres obt<strong>en</strong>us sur le zircon.<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Les spectres obt<strong>en</strong>us sur le zircon HF sont prés<strong>en</strong>tés figure V.38. Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t un<br />
fond expon<strong>en</strong>tiel. Comme pour le zircon ce spectre évolue avec les traitem<strong>en</strong>ts thermiques et<br />
on observe un décalage vers les plus hautes températures au cours de la deuxième montée <strong>en</strong><br />
température.<br />
1000 tan phi<br />
180<br />
160<br />
140<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
-20<br />
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />
Temp. (K)<br />
( 1 Hz - 1 K/min)<br />
montée 1<br />
montée 2<br />
fig. V.38 : Spectres obt<strong>en</strong>us sur le zircon HF.<br />
Les spectres obt<strong>en</strong>us sur le zircon ressembl<strong>en</strong>t à ceux que l’on r<strong>en</strong>contre avec les<br />
nitrures de silicium, pour lesquels le pic est expliqué par la transition vitreuse qui se produit<br />
dans la phase intergranulaire prés<strong>en</strong>te aux points triples. Dans le cas des nitrures, ce pic<br />
disparaît suite à la cristallisation des poches. Afin de vérifier si l’on observe un phénomène<br />
0,9<br />
0,8<br />
0,7<br />
0,6<br />
0,5<br />
0,4<br />
0,3<br />
0,2<br />
0,1<br />
0<br />
0,9<br />
0,8<br />
0,7<br />
0,6<br />
0,5<br />
0,4<br />
0,3<br />
0,2<br />
0,1<br />
0<br />
G/Gref<br />
G/Gref
131<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
similaire dans le zircon, un spectre de diffraction X a été réalisé sur l’échantillon après les<br />
mesures de spectrométrie mécanique. Il apparaît que la phase majoritairem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te est de<br />
la zircone. L’instabilité du zircon que l’on observe sous air à haute température est<br />
probablem<strong>en</strong>t plus marquée sous vide, et conduit à l’apparition de zircone à la surface de<br />
l’échantillon, sur une épaisseur estimée à 10 µm par une analyse EdX. Il est donc préférable<br />
de raisonner sur le premier spectre obt<strong>en</strong>u. Bi<strong>en</strong> qu’aucun spectre de diffraction X n’ai été<br />
réalisé sur le zircon HF, un comportem<strong>en</strong>t similaire est fortem<strong>en</strong>t probable. Par contre ce<br />
spectre n’a pas permis de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce une nouvelle phase cristalline qui aurait pu<br />
apparaître suite à la cristallisation des poches. Le fait que l’on obti<strong>en</strong>ne finalem<strong>en</strong>t un pic<br />
stable exclue une cristallisation totale des poches.<br />
Si l’on compare ces deux nuances de zircon, l’abs<strong>en</strong>ce de pic dans le cas du zircon HF<br />
pourrait s’expliquer par une quantité nettem<strong>en</strong>t plus faible de phase vitreuse dans le matériau,<br />
bi<strong>en</strong> qu’aucune observation microstructurale ne vi<strong>en</strong>ne confirmer cette hypothèse. Une partie<br />
de l’instabilité des spectres peut être attribuée à la décomposition de ces matériaux.<br />
V.5.1.2. Résultats obt<strong>en</strong>us sur MZ et MZA2.<br />
Les résultats des mesures effectuées sur les matériaux obt<strong>en</strong>us par frittage réaction MZ<br />
et MZA2 sont représ<strong>en</strong>tés figure V.39 et V.40. La mullite zircone (MZ) prés<strong>en</strong>te un petit pic<br />
autour de 750K, suivi d’un pic très marqué à 1300K <strong>en</strong>viron. Ce second pic est associé à une<br />
chute de module relativem<strong>en</strong>t faible, d’<strong>en</strong>viron 5-8%. Ce spectre évolue vers un spectre stable<br />
où le pic à 1300K a complètem<strong>en</strong>t disparu. Le fond expon<strong>en</strong>tiel n’a pas varié. Par contre<br />
l’évolution du module montre un léger minimum autour de 1300K. Cette évolution est a<br />
rapproché de celle observée lors de la mesure de l'évolution du module d'Young avec la<br />
température prés<strong>en</strong>tée au chapitre III page 66. La MZA2 prés<strong>en</strong>te un spectre stable où<br />
n’apparaît qu’un fond expon<strong>en</strong>tiel à haute température.<br />
1000 tan phi<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
montée 2<br />
( 1Hz - 1K/min)<br />
montée 1<br />
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />
Temp. (K)<br />
fig. V.39 : Spectres obt<strong>en</strong>us sur MZ.<br />
montée 2<br />
0,6<br />
0,5<br />
0,4<br />
0,3<br />
0,2<br />
0,1<br />
0<br />
G/Gref
1000 tan phi<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
( 1Hz - 1 K/min)<br />
montée 1<br />
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600<br />
Temp. (K)<br />
132<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
montée 2<br />
fig. V.40 : Spectres obt<strong>en</strong>us avec la MZA2.<br />
L’évolution du spectre obt<strong>en</strong>u sur la mullite zircone est elle aussi proche de ce qui a<br />
été observé sur les nitrures. Malheureusem<strong>en</strong>t, comme dans le cas du zircon, le spectre de<br />
diffraction X réalisé sur l’échantillon de MZ après les mesures de spectrométrie mécanique<br />
n’a pas permis de mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce de nouvelles phases cristallines. Si l’on compare les<br />
résultats obt<strong>en</strong>us avec MZ et MZA2 on remarque que l’on observe un pic à la première<br />
montée uniquem<strong>en</strong>t pour MZ, alors que pour ces deux matériaux on observe des poches de<br />
phases vitreuses <strong>en</strong> microscopie <strong>en</strong> transmission, même s’il semble que la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> phase<br />
vitreuse soit moins importante pour MZA2. L’apparition d’un pic bi<strong>en</strong> défini nécessite peut<br />
être une quantité minimale de phase vitreuse, ou une certaine répartition de cette phase dans le<br />
matériau.<br />
V.5.1.3. Energies d’activation.<br />
Il est possible de déterminer des énergies d’activation à partir des résultats de<br />
spectrométrie mécanique <strong>en</strong> suivant l’évolution de la fréqu<strong>en</strong>ce pour laquelle le maximum du<br />
pic est atteint à différ<strong>en</strong>tes températures. Il a ainsi été possible de déterminer une énergie<br />
d’activation appar<strong>en</strong>te de 430 kJ/mol pour le zircon. Une énergie d’activation caractérisant le<br />
fond expon<strong>en</strong>tiel peut aussi être déterminée. Elle est respectivem<strong>en</strong>t de 389 kJ/mol pour le<br />
zircon, de 850 kJ/mol pour MZ et de 780 kJ/mol pour MZA2.<br />
V.5.2. Corrélations avec les propriétés mécaniques.<br />
Nous disposons pour les différ<strong>en</strong>ts matériaux testés, MZ, MZA2, et zircon, de<br />
l’évolution des propriétés mécaniques, σf et K1c avec la température. Pour ces trois matériaux,<br />
la contrainte à la rupture décroît lorsque la température augm<strong>en</strong>te. Par contre la ténacité<br />
prés<strong>en</strong>te un maximum assez marqué autour de 1100°C pour le zircon, et un peu moins vers<br />
1000°C pour MZ. Ce pic est généralem<strong>en</strong>t attribué à des mécanismes de dissipation d’énergie<br />
0,9<br />
0,8<br />
0,7<br />
0,6<br />
0,5<br />
0,4<br />
0,3<br />
0,2<br />
0,1<br />
0<br />
G/Gref
133<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
<strong>en</strong> fond de fissure. Ces deux matériaux sont aussi ceux qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un pic sur leur spectre<br />
de frottem<strong>en</strong>t intérieur, attribué à la transition vitreuse de leur phase intergranulaire.<br />
Cette correspondance <strong>en</strong>tre pic de frottem<strong>en</strong>t intérieur et pic de ténacité a aussi été<br />
observé par Gim<strong>en</strong>ez sur deux autres nuances de zircon [Gime93], ainsi que par Torrecillas<br />
pour une mullite et une autre nuance de mullite zircone [Torr94].<br />
Si l’on revi<strong>en</strong>t à la définition du frottem<strong>en</strong>t intérieur, on a :<br />
D’autre part, G1c est donné par :<br />
W d<br />
− 1 1 Δ 1 σε<br />
Q = = 2 = cte × d<br />
2 W 2 ∫σε<br />
π π σ 0<br />
2E<br />
G<br />
1c<br />
∫<br />
2<br />
K1c<br />
= = V d ∝Q<br />
E ∫σ<br />
ε<br />
où V est volume dans lesquels se produis<strong>en</strong>t les mécanismes dissipatifs <strong>en</strong> avant du front de<br />
fissure.<br />
Si l’on considère que les mécanismes microstructuraux conduisant à l’apparition d’un<br />
pic <strong>en</strong> spectrométrie mécanique sont les mêmes que ceux interv<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> avant d’une fissure<br />
lors de sa propagation, les pics apparaissant lors de ces mesures sont liés. Cette corrélation est<br />
cep<strong>en</strong>dant observée <strong>en</strong>tre des résultats obt<strong>en</strong>us sous des sollicitations très différ<strong>en</strong>tes. Les<br />
volumes concernés par la zone de dissipation d’énergie sont différ<strong>en</strong>ts. Ils concern<strong>en</strong>t un<br />
faible volume <strong>en</strong> avant de la fissure pour une mesure de K1c, alors que lors des mesures de<br />
spectrométrie mécanique l'<strong>en</strong>semble de l’échantillon est sollicité. De plus, les contraintes<br />
appliquées <strong>en</strong> spectrométrie mécanique sont faibles comparées à celles que l'on applique lors<br />
de la rupture d'une éprouvette SENB. Enfin les températures pour lesquelles on observe le<br />
maximum sont similaires pour les deux techniques dans le cas de la mullite zircone. Par<br />
contre, pour le zircon, le maximum de ténacité est observé pour une température plus élévée<br />
(1100°C) que celle du pic <strong>en</strong> spectrométrie mécanique (≈ 830°C). La température à laquelle<br />
on observe un maximum <strong>en</strong> ténacité est cep<strong>en</strong>dant fortem<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>dante de la vitesse à<br />
laquelle on conduit l'essai [Torr94] [Knic84]. Et l'on peut raisonnablem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser que les<br />
vitesses de chargem<strong>en</strong>t lors de la mesure de KIc sont plus importantes que celles appliquées <strong>en</strong><br />
spectrométrie mécanique. Ceci pourrait expliquer l'écart dans le cas du zircon. Mais alors<br />
l'accord observé pour la mullite zircone devi<strong>en</strong>t plus surpr<strong>en</strong>ant. Il faut aussi remarquer que<br />
les mesures de ténacité n'ont été réalisées que pour quelques températures autour du<br />
maximum. Sa détermination est donc très incertaine. Par ailleurs les valeurs mesurés sont très<br />
dispersées, comme cela a déjà été m<strong>en</strong>tionné par Knickerbocker dans le cas d'un nitrure de<br />
silicium, et ce malgré l'utilisation de 20 éprouvettes par température.<br />
V<br />
V.5.3. Comparaison zircon - mullite zircone. Corrélation avec les résultats de <strong>fluage</strong>.<br />
V.5.3.1. Comparaison des énergies d’activation.<br />
Que ce soit <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> ou <strong>en</strong> spectrométrie mécanique il est courant de déterminer des<br />
énergies d’activation appar<strong>en</strong>tes. Les valeurs obt<strong>en</strong>ues avec ces deux techniques sur MZ et<br />
MZA2 sont reportées dans le tableau V.11.<br />
−1
134<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
Fluage Spectrométrie Mécanique<br />
(15 MPa) (Fond expon<strong>en</strong>tiel)<br />
MZ 510 850<br />
MZA2 540 780<br />
Tableau V.11 : Comparaison des énergies d’activation appar<strong>en</strong>tes (kJ/mol) déterminées <strong>en</strong><br />
<strong>fluage</strong> et <strong>en</strong> spectrométrie mécanique.<br />
Les valeurs déterminées <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> sont nettem<strong>en</strong>t plus faibles. On ne peut constater<br />
qu’un accord au niveau des ordres de grandeurs, compte t<strong>en</strong>u notamm<strong>en</strong>t des incertitudes sur<br />
la détermination de ces énergies. Par ailleurs, comme cela a déjà été m<strong>en</strong>tionné, la<br />
spectrométrie mécanique ne conduit pas à un <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t du matériau, alors que le<br />
<strong>fluage</strong> provoque une fissuration importante qui conduit à la rupture. Et cet <strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t<br />
est pris <strong>en</strong> compte lorsque l’on détermine les vitesses de <strong>fluage</strong> minimales qui permett<strong>en</strong>t de<br />
calculer l’énergie d’activation.<br />
V.5.3.2. Niveau de frottem<strong>en</strong>t intérieur et comportem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>.<br />
Les trois matériaux étudiés ont des comportem<strong>en</strong>ts similaires <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>, pour des<br />
températures différ<strong>en</strong>tes. La figure V.41 montre que les résultats obt<strong>en</strong>us sur le zircon à<br />
1240°C sont assez proches de ceux obt<strong>en</strong>us sur MZA2 et MZ autour de 1300°C, et pour ces<br />
températures les flèches mesurées lors des essais de <strong>fluage</strong> sont du même ordre de grandeur.<br />
Dans ces trois matériaux le glissem<strong>en</strong>t aux joints de grains est responsable du <strong>fluage</strong>. C’est<br />
aussi à ce phénomène qu’est attribué le fond expon<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>registré <strong>en</strong> spectrométrie<br />
mécanique. Il est alors intéressant de comparer les valeurs correspondantes de tan phi. Dans le<br />
cas du matériau MZA2, la valeur extrapolée de tan phi pour une température de 1350°C, <strong>en</strong><br />
supposant un fond parfaitem<strong>en</strong>t expon<strong>en</strong>tiel, est de 74 . Cette valeur est obt<strong>en</strong>ue autour de<br />
1200-1220°C pour le zircon. Les comportem<strong>en</strong>ts id<strong>en</strong>tiques <strong>en</strong> <strong>fluage</strong>s sont donc liés à des<br />
valeurs proches de tan phi dans le fond expon<strong>en</strong>tiel. Il est malheureusem<strong>en</strong>t difficile<br />
d’extrapoler la valeur de tan phi à 1350°C pour MZ car lors de la première montée <strong>en</strong><br />
température les mesures ont été arrêtées à 1540K, soit une température de 240K supérieure au<br />
pic. Cep<strong>en</strong>dant dans l’état stable, c’est à dire pour la seconde montée, MZ et MZA2 prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
des spectres similaires.
V min (1/s)<br />
1,E-05<br />
1,E-06<br />
1,E-07<br />
1,E-08<br />
ZIRCON<br />
1240°C<br />
135<br />
<strong>Chap</strong>itre V. <strong>Comportem<strong>en</strong>t</strong> <strong>en</strong> <strong>fluage</strong><br />
10 100<br />
Contrainte MPa<br />
MZ<br />
1340-1360°C<br />
MZA2<br />
1350-1360°C<br />
fig. V.41 : Comparaison des comportem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>fluage</strong> du zircon à 1200°C et de MZ et MZA2<br />
à 1300°C.