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Montréal-du-Gers - La route des Origines

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Collection Pour en savoir davantage<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Quand la Gascogne était une jungle<br />

Francis Duranthon<br />

Conservateur


Sommaire<br />

Contexte général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6<br />

Le Miocène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6<br />

Géologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7<br />

<strong>La</strong> Fouille <strong>du</strong> gisement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8<br />

<strong>La</strong> Faune de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . . . . . . . . . . . . . . . .12<br />

Les amphibiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13<br />

Les marsupiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13<br />

Les insectivores . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14<br />

Les carnivores . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14<br />

Les proboscidiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17<br />

Les périssodactyles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19<br />

Les artiodactyles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22<br />

Les lagomorphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25<br />

Les rongeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26<br />

Les tortues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30<br />

Les squamates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30<br />

Les crocodiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33<br />

Les oiseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34<br />

<strong>La</strong> Flore de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . . . . . . . . . . . . . . . .36<br />

<strong>La</strong> Naissance et la mort d’un marécage . . . . . . . . .38


<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Vue aérienne <strong>du</strong> gisement © Google Earth<br />

Au coeur de la Gascogne,<br />

le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> a été découvert en 1987 lors<br />

<strong>des</strong> travaux d’exploitation d’une carrière de calcaire . Il se situe<br />

en rive droite de l’Auzoue, à quelques kilomètres au sud-est <strong>du</strong><br />

village, en bor<strong>du</strong>re de la <strong>route</strong> qui con<strong>du</strong>it à Gondrin . Exploité<br />

depuis sa découverte par le Muséum de Toulouse, il a livré une<br />

très importante faune de vertébrés miocènes, datée de 17 millions<br />

d’années environ, qui l’inscrit sur la liste <strong>des</strong> grands gisements<br />

européens .


Contexte général<br />

Le Miocène<br />

Le Miocène est une époque géologique<br />

de l’ère Cénozoïque qui s’étend de -23,3 à<br />

-5,33 millions d’années . C’est une période<br />

clé pour le peuplement en mammifères<br />

de l’Europe occidentale . Durant cette<br />

période, l’Afrique qui remonte vers le Nord<br />

à cause de la tectonique <strong>des</strong> plaques entre<br />

en contact avec l’Eurasie et de nombreuses<br />

espèces migrent entre les deux continents .<br />

Les Proboscidiens (famille de l’éléphant) passent ainsi d’Afrique en Eurasie<br />

tandis que les rhinocéros, originaires d’Eurasie, empruntent la voie inverse .<br />

A la fin de cette période, les gran<strong>des</strong> lignes <strong>du</strong> peuplement mammalien de<br />

l’Eurasie sont en place .<br />

Au début <strong>du</strong> Miocène, le climat est relativement sec, subtropical, à<br />

alternances saisonnières . Dans un premier temps, il s’humidifie (-20 à -15<br />

millions d’années) avec une remontée vers le Nord <strong>des</strong> zones climatiques<br />

se tra<strong>du</strong>isant par une saison sèche plus courte et une saison <strong>des</strong> pluies plus<br />

marquée . De gran<strong>des</strong> régions marécageuses se développent tandis que le<br />

Collection Pour en savoir davantage


este <strong>du</strong> territoire est couvert d’une forêt tropicale sèche . C’est <strong>du</strong>rant cette<br />

phase que se forme le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . Le climat s’assèche<br />

ensuite jusque vers -11 millions d’années puis redevient plus humide et de<br />

nombreux éléments (dépôts de lignite) montrent que le réseau hydrographique<br />

se développe . <strong>La</strong> fin de cette période se marque par une sécheresse de plus<br />

en plus forte qui provoque, <strong>du</strong>rant la période dite Messinienne (-7,24 à -5,33<br />

millions d’années) l’assèchement de la mer Méditerranée et le creusement à<br />

l’air libre de canyons actuellement sous marins .<br />

Géologie<br />

Durant le Miocène, le niveau <strong>des</strong><br />

mers varie plusieurs fois . <strong>La</strong> Gascogne,<br />

ouverte à l’Ouest vers l’océan Atlantique,<br />

est alors plus ou moins recouverte à trois<br />

reprises par <strong>des</strong> mers peu profon<strong>des</strong> dont<br />

on peut observer les dépôts successifs<br />

dans le village de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> et<br />

aux alentours . Le gisement fossilifère<br />

de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, formé en milieu<br />

continental, s’intercale entre les deux<br />

premières incursions marines, datées de<br />

-19 millions d’années pour la première<br />

et de -15 millions d’années pour la<br />

seconde .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

7<br />

Contexte général<br />

Coupe synthétique <strong>des</strong> dépôts dans la<br />

région de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>


<strong>La</strong> Fouille <strong>du</strong> gisement<br />

Lors de la fouille d’un site, les spécialistes détruisent<br />

de manière irrémédiable les couches de sédiments<br />

qui contiennent les fossiles . Pourtant, ces couches<br />

sont porteuses d’informations : épaisseur, nature <strong>des</strong> terrains,<br />

disposition <strong>des</strong> os à l’intérieur <strong>des</strong> couches . . . Toutes ces données<br />

sont fondamentales pour reconstituer l’histoire <strong>du</strong> gisement .<br />

L’opération de fouille est donc une phase essentielle <strong>du</strong> travail <strong>du</strong><br />

paléontologue qui va consister non seulement à dégager <strong>des</strong> fossiles<br />

mais aussi à relever toutes les informations nécessaires à l’étude et la<br />

compréhension <strong>du</strong> gisement . Ces informations sont consignées sur le<br />

carnet de terrain <strong>du</strong> paléontologue et sur les fiches qui accompagnent<br />

chaque ossement .<br />

Collection Pour en savoir davantage


Dans un premier temps, le site est quadrillé et chaque carré est numéroté .<br />

Grâce à ce travail, il est ainsi possible de replacer dans l’espace tous les<br />

fossiles extraits <strong>du</strong> gisement . Cela facilite le travail <strong>du</strong> paléontologue au<br />

laboratoire et permet, dans certains cas, de rapprocher les différents éléments<br />

<strong>du</strong> squelette d’un animal, même s’il faut plusieurs campagnes de fouilles<br />

pour le dégager .<br />

Le travail peut alors commencer . Les outils sont variés et dépendent de<br />

la nature <strong>du</strong> terrain : marteau-piqueur, disqueuse, massette, burin pour<br />

les niveaux les plus <strong>du</strong>rs ; couteau à huître, outils de dentiste, aiguilles<br />

pour les niveaux les plus tendres . Régulièrement, le paléontologue<br />

nettoie la surface sur laquelle il travaille avec un pinceau ou une<br />

balayette . Le sédiment est évacué à l’aide de seaux et de pelles .<br />

Chaque fossile découvert est consolidé avec une colle très fluide qui<br />

pénètre bien à l’intérieur de l’os .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

9<br />

la fouille


10<br />

la fouille<br />

Chaque élément recueilli reçoit un numéro formé <strong>du</strong> numéro <strong>du</strong> carré<br />

dans lequel il a été trouvé et d’un chiffre . Selon le cas, il est directement<br />

prélevé ou, s’il est trop fragile, le paléontologue décide de prélever un bloc de<br />

sédiment contenant le fossile . Pour cela, il creuse tout d’abord une tranchée<br />

Découpage d'un bloc autour <strong>des</strong> fossiles<br />

autour <strong>du</strong> spécimen . Puis, il recouvre l’ensemble avec plusieurs épaisseurs<br />

de papier, suivies d’une feuille d’aluminium . Il dispose ensuite <strong>des</strong> ban<strong>des</strong><br />

de toile plâtrées sur toute la surface <strong>du</strong> bloc pour bien le maintenir et<br />

éviter qu’il ne se casse . Lorsque le plâtre est bien sec, il découpe alors le<br />

bloc de sédiment contenant le fossile en passant une série de burins ou<br />

<strong>des</strong> truelles à sa base . Le dégagement est ensuite finalisé au laboratoire .<br />

Pour finir, le sédiment provenant <strong>des</strong> couches fossilifères est tamisé sous<br />

l’eau et passe à travers <strong>des</strong> tamis de mailles différentes . Chaque refus de<br />

tamis est ensuite trié à la loupe binoculaire pour recueillir les petits éléments<br />

que l’on ne distingue pas lors de la fouille : dents de petits mammifères, de<br />

serpents, de lézards…<br />

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Station de lavage-tamisage<br />

Pinceaux<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Tamis<br />

11<br />

la fouille


<strong>La</strong> Faune de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

<strong>La</strong> Faune de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Le gisement est particulièrement riche . Des milliers<br />

d’ossements et de dents ont été récoltés . <strong>La</strong> faune comprend<br />

90 espèces de vertébrés, allant de la taille d’une souris à<br />

celle d’un éléphant . L’ensemble constitue un instantané, une sorte<br />

de photographie de la vie animale dans cette région de la Gascogne,<br />

voici 17 millions d’années . <strong>La</strong> datation a été obtenue en comparant les<br />

fossiles de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> avec ceux d’autres gisements dont l’âge<br />

en millions d’années est parfaitement établi à l’aide de métho<strong>des</strong> de<br />

datation reposant sur la désintégration d’éléments radioactifs .<br />

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Les amphibiens<br />

Ces vertébrés sont étroitement inféodés à la présence d’eau pour leur<br />

développement larvaire . Ils sont connus dans la nature actuelle par les<br />

Caudata (salamandres, tritons), les Anoures (grenouilles, crapauds) et les<br />

Gymnophiones (cécilies) . A <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, on trouve <strong>des</strong> représentants<br />

<strong>des</strong> deux premiers groupes . Les Caudata sont connus<br />

par trois espèces, Triturus aff. T. helveticus proche<br />

<strong>du</strong> triton palmé, Triturus cf. T. marmoratus, proche<br />

<strong>du</strong> triton marbré et cf. Chelotriton sp représenté par<br />

un seul reste . Un petit crapaud, <strong>La</strong>tonia aff. L. ragei,<br />

et une grenouille, proche de la grenouille verte actuelle,<br />

Rana sp., , illustrent la présence <strong>des</strong> Anoures .<br />

Les marsupiaux<br />

Amphiperatherium frequens<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

13<br />

la faune<br />

Triturus helveticus<br />

Chez ces animaux, les nouveaux-<br />

nés achèvent leur croissance dans<br />

une poche située sur le ventre de<br />

la femelle . Ils sont représentés à<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par une espèce<br />

de la taille d’un petit opossum :<br />

Amphiperatherium frequens.


14<br />

la faune<br />

Les insectivores<br />

De mœurs généralement nocturnes, ils sont parmi les plus anciens<br />

mammifères connus . Ils regroupent notamment les hérissons, taupes<br />

et souris . Comme leur nom l’indique, ils se nourrissent principalement<br />

d’insectes et d’autres petits arthropo<strong>des</strong> . Très rares à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>,<br />

ils ne sont représentés que par quelques dents qui ont permis d’identifier<br />

un Hétérosoricidé indet ., un Erinacé indet ., un Insectivore indet . sp . 1, un<br />

Insectivore indet . sp . 2, sans qu’il soit pour l’instant possible de préciser<br />

davantage ces déterminations .<br />

Les carnivores<br />

Ces animaux prédateurs sont relativement rares . Dans une pyramide<br />

écologique, ils ne composent que 2% de la faune . On en compte neuf espèces<br />

dont la taille varie de celle d’une belette à celle d’un grand lion .<br />

Megamphicyon giganteus,<br />

dont la taille peut atteindre celle<br />

d’un grand lion, est le plus gros<br />

de tous . Doté d’une musculature<br />

puissante, plantigrade, il<br />

possède une patte large, armée<br />

de griffes non rétractiles,<br />

longues et recourbées . Sa tête est<br />

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Megamphicyon giganteus


volumineuse et plus allongée que celle de l’ours, sa face plus haute, sa mâchoire<br />

plus puissante . Primitif par la morphologie de ses dents qui ressemblent à<br />

celles <strong>des</strong> chiens, il s’apparente aux ours actuels par les caractères de son<br />

crâne et son système circulatoire . Plus rapide dans sa course que les grands<br />

ours modernes, il est capable de bonds longs et puissants comme le montre<br />

l’anatomie de son membre postérieur . Se nourrissant d’une grande variété<br />

d’aliments végétaux et d’animaux, puissant broyeur d’os, il jouait au Miocène<br />

le même rôle écologique que les lions actuels en s’attaquant aux gran<strong>des</strong><br />

proies qu’il atteignait de la même manière en quelques bonds rapi<strong>des</strong> .<br />

Ysengrinia depereti et Hemicyon stehlini appartiennent au même groupe<br />

d’animaux que le précédent, les Amphicyonidés . Plus légers, il ressemblaient<br />

davantage au chien et étaient certainement <strong>des</strong> chasseurs actifs . <strong>La</strong> structure<br />

de leur pieds montre qu’il chassaient en courant sur les orteils, ce qui est<br />

une adaptation favorisant une course rapide . Il parcouraient les plaines<br />

gasconnes, chassant peut-être en meute .<br />

Hemicyon stehlini<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

15<br />

la faune


16<br />

la faune<br />

Pseudailurus est représenté par deux espèces : P. lorteti, de la taille d’un<br />

lynx, et P. turnauensis, de plus petite taille . Ces animaux sont <strong>des</strong> félidés<br />

primitifs, digitigra<strong>des</strong>, caractérisés par une moindre adaptation que les<br />

animaux actuels à la course et au bond . Leurs pattes, légèrement allongées,<br />

munies de griffes rétractiles possèdent cinq doigts à l’avant et quatre à l’arrière .<br />

Leur tête ronde et trapue possède une mâchoire courte et robuste, mue par<br />

de très gros muscles masticateurs, mais incapable de mouvements latéraux .<br />

Ils sont très bien adaptés pour saisir et dévorer <strong>des</strong> proies vivantes avec leurs<br />

dents effilées et tranchantes qui fonctionnent comme <strong>des</strong> ciseaux .<br />

Prosansanosmilus peregrinus est un félinoïde de la taille d’un puma .<br />

Originaire d’Afrique, il arrive en Europe au niveau <strong>du</strong> gisement de <strong>Montréal</strong>-<br />

<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . Sa canine supérieure est en forme de sabre . Sa mâchoire inférieure<br />

s’est transformée pour la recevoir : le menton est en retrait dans une sorte de<br />

collerette qui sert de guide et de protection à la longue canine supérieure .<br />

Il n’est toutefois pas apparenté aux tigres à dents de sabre de la période<br />

glaciaire et appartient à un groupe différent : les Barbourofélidés .<br />

Paleogale minuta, Trochictis artenensis et Iberictis buloti sont <strong>des</strong><br />

représentants <strong>des</strong> Mustélidés (famille de la martre) . Ce sont <strong>des</strong> carnivores<br />

de petite taille, au corps effilé, assez bas sur patte . Le premier est de la taille<br />

d’une belette . Les deux autres sont plus gros mais ne dépassent pas la taille<br />

d’un blaireau . Trochictis était certainement un animal piscivore comme<br />

le laisse penser le resserrement de ses prémolaires et la forme de ses dents<br />

carnassières .<br />

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Les proboscidiens<br />

Ces animaux à trompe ne sont plus représentés dans la nature actuelle<br />

que par 3 espèces d’éléphants . Ils ont été beaucoup plus abondants et<br />

diversifiés <strong>du</strong>rant le Miocène . Le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> en a livré<br />

deux représentants :<br />

Prodeinotherium bavaricum appartient au groupe <strong>des</strong> Dinothères . A<br />

il était muni d’une paire<br />

de défenses recourbées<br />

vers le bas à la mâchoire<br />

inférieure . Animal mangeur<br />

de feuilles, il vivait dans les<br />

forêts humi<strong>des</strong>, à proximité<br />

<strong>des</strong> plans d’eau .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, les restes d’une<br />

dizaine d’indivi<strong>du</strong>s ont été récoltés .<br />

Ce sont les plus anciens d’Europe<br />

occidentale . Cet animal ressemble<br />

par sa taille (2,30 mètres au garrot)<br />

et son allure générale aux éléphants .<br />

Dépourvu de défenses supérieures,<br />

Prodeinotherium bavaricum (à gauche),<br />

humérus en cours de dégagement (à droite)<br />

17<br />

la faune


18<br />

la faune<br />

Molaire d'Archaeobelodon<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Reconstitution d'Archaeobelodon<br />

Archaeobelodon sp. est un représentant <strong>du</strong> groupe <strong>des</strong> Mastodontes .<br />

Il est connu à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quelques rares restes dentaires . Cet<br />

animal pourvu de deux défenses supérieures et de deux défenses inférieures,<br />

fréquentait <strong>des</strong> milieux plus ouverts que les Dinothères . Sa taille ne dépassait<br />

pas celle de l’éléphant d’Asie actuel .


Les périssodactyles<br />

Dans la nature actuelle, ces animaux sont représentés par les chevaux,<br />

les tapirs et les rhinocéros . A <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, les rhinocéros sont<br />

particulièrement bien représentés, avec cinq espèces différentes .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Brachypotherium brachypus est le<br />

plus gros rhinocéros connu dans le<br />

Miocène d’Europe occidentale .<br />

Adapté à la vie dans les zones<br />

humi<strong>des</strong>, il a l’allure d’un<br />

hippopotame avec son squelette<br />

trapu et ses membres raccourcis . Ses doigts,<br />

courts et élargis, très écartés lui permettaient<br />

de se maintenir sur un sol relativement mouvant .<br />

Chez cette espèce, seul le mâle portait une petite corne à l’avant <strong>des</strong><br />

nasaux . Il est assez rare dans le gisement où les restes appartenant à cinq<br />

indivi<strong>du</strong>s ont été récoltés .<br />

Prosanthorinus douvillei est par contre une espèce<br />

très abondante . Elle est connue par les<br />

restes squelettiques d’une quarantaine<br />

d’indivi<strong>du</strong>s à tous les sta<strong>des</strong> de<br />

développement, ce qui indique que<br />

ces animaux vivaient à l’endroit où<br />

leur ossements ont été retrouvés .<br />

19<br />

la faune


20<br />

la faune<br />

Comme Brachypotherium, il présente <strong>des</strong> membres raccourcis qui tra<strong>du</strong>isent<br />

sa parfaite adaptation à la vie dans <strong>des</strong> environnements assez humi<strong>des</strong> . Trapu,<br />

court sur pattes, il mesurait environ un mètre au garrot .<br />

Plesiaceratherium mirallesi est une autre espèce de rhinocéros, qui<br />

contrairement aux espèces précédentes<br />

possède <strong>des</strong> membres allongés .<br />

Cela tra<strong>du</strong>it son adaptation à <strong>des</strong><br />

environnements ouverts . Cet<br />

animal inerme, bon coureur,<br />

mesurait 1,80 mètre au garrot .<br />

Le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> a<br />

livré les restes d’au moins vingt-cinq indivi<strong>du</strong>s .<br />

Aceratherium sp. est une espèce rare dont on<br />

a retrouvé une douzaine d’ossements appartenant<br />

à un indivi<strong>du</strong> juvénile . En raison de l’état<br />

Hispanotherium (Aegyrcitherium) beonense<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Plesiaceratherium mirallesi<br />

fragmentaire <strong>du</strong> matériel, il est difficile d'étudier de manière plus approfondie<br />

ce rhinocéros coureur .<br />

Hispanotherium (Aegyrcitherium)<br />

beonense est une espèce décrite<br />

pour la première fois à <strong>Montréal</strong>-<br />

<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . Elle appartient à un<br />

groupe particulier de rhinocéros,<br />

les Elasmothères, qui se nourrissent de


graminées, <strong>des</strong> plantes siliceuses très abrasives . Chez ces animaux, il existe<br />

une structure biologique particulière très <strong>du</strong>re, le cément, qui remplit les<br />

molaires pour ralentir l’usure mécanique de la couronne dentaire . Plus de 500<br />

restes appartenant à au moins dix huit indivi<strong>du</strong>s ont permis de caractériser<br />

cette espèce qui mesurait jusqu’à 1,70 mètre au garrot . Cette forme assez<br />

primitive se nourrissait probablement d’herbacées et de feuilles d’arbres .<br />

Anchitherium aurelianense est un représentant <strong>des</strong> Equidés, connu<br />

à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quelques restes squelettiques et crâniens . Cet<br />

animal, originaire d’Amérique <strong>du</strong> Nord, est venu en Europe par migration<br />

à travers le détroit de Behring . Son pied à trois doigts lui permettait<br />

de mieux répartir son poids et l’autorisait<br />

à se déplacer sur <strong>des</strong> sols meubles .<br />

Son corps et son cou étaient longs, sa<br />

tête petite . B<strong>route</strong>ur de feuilles et de<br />

branchages comme l’indiquent ses dents<br />

à couronne basse et aux tubercules en<br />

forme de croissant, il mesurait environ<br />

1,05 mètre au garrot .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

21<br />

la faune


22<br />

la faune<br />

Les artiodactyles<br />

Ces animaux herbivores se caractérisent par un nombre pair de doigts . Ils<br />

regroupent dans la nature actuelle les suidés (porcs, pécaris et hippopotames),<br />

les tylopo<strong>des</strong> (chameaux, lamas et espèces apparentées) et les ruminants<br />

(girafes, cervidés et bovins) . Ils sont représentés à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par<br />

treize espèces . Au niveau dentaire, les tubercules qui forment les dents <strong>des</strong><br />

Suidés sont arrondis, ceux <strong>des</strong> Tylopo<strong>des</strong> et <strong>des</strong> Ruminants sont en forme<br />

de croissant .<br />

Crâne d’Eurolistriodon tenarezensis<br />

Eurolistriodon tenarezensis, Hyotherium lacaillei et Chicochoerus<br />

minus sont trois représentants <strong>des</strong> Suidés, la famille <strong>du</strong><br />

cochon . Les deux premières espèces ont pu être<br />

décrites grâce aux découvertes effectuées<br />

sur le gisement . D’une taille un peu<br />

supérieure à celle de notre sanglier<br />

actuel, Eurolistriodon tenarezensis<br />

est le plus grand de tous . Il présente <strong>des</strong><br />

canines supérieures recourbées vers l’arrière .<br />

Bon coureur, il se nourrissait principalement<br />

de feuillage . Plus petit, Hyotherium lacaillei<br />

présente quant à lui une canine supérieure<br />

verticale .<br />

Chicochoerus minus est le plus petit de tous et ne devait pas dépasser<br />

quarante centimètres au garrot .<br />

Collection Pour en savoir davantage


Taucanamo grandaevum est une autre forme de cochon de petite taille,<br />

assez rare à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, qui ressemble aux pécaris actuels d’Amérique<br />

<strong>du</strong> Sud .<br />

Cainotherium<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Cainotherium sp. est un<br />

représentant très primitif <strong>des</strong><br />

Tylopo<strong>des</strong> . De la taille d’un lapin,<br />

il en occupait probablement la<br />

niche écologique . Ses membres<br />

postérieurs sont plus longs que les<br />

antérieurs . L’étude de son cerveau a montré que<br />

les zones associées à la vue et l’odorat étaient<br />

particulièrement développées .<br />

Dorcatherium naui et Dorcatherium<br />

guntianum sont deux espèces de taille différente appartenant au groupe <strong>des</strong><br />

Tragulidés, représentés dans la nature<br />

actuelle par les tragules, de petits<br />

animaux de la taille d’un lièvre<br />

qui vivent dans les forêts humi<strong>des</strong><br />

indo-malaises et de l’Afrique de<br />

l’ouest . Ces ruminants primitifs<br />

sans bois possèdent <strong>des</strong> canines supérieures<br />

particulièrement développées . Leurs<br />

pattes sont munies de quatre doigts<br />

bien indivi<strong>du</strong>alisés, les deux doigts<br />

centraux étant tout au plus partiellement jointifs .<br />

Dorcatherium<br />

23<br />

la faune


24<br />

la faune<br />

Procervulus dichotomus est une espèce de cervidé de taille moyenne,<br />

assez commune en Europe à cette époque . Il se caractérise chez les mâles par<br />

<strong>des</strong> bois bifurqués, portés par un pédicule relativement long et la présence<br />

d’une forte canine arquée au maxillaire .<br />

<strong>La</strong>gomeryx parvulus, de plus petite taille est un autre cervidé de<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . Il porte <strong>des</strong> bois à plusieurs pointes s’épanouissant en<br />

étoile au <strong>des</strong>sus <strong>du</strong> pédicule .<br />

Ampelomeryx ginsburgi,<br />

décrit pour la première fois à<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> en 1995, est<br />

fréquemment appelé le cerf-<br />

girafe . Il est de la taille d’un cerf<br />

actuel et appartient à la famille<br />

fossile <strong>des</strong> Paleomerycidés . <strong>La</strong><br />

tête <strong>des</strong> mâles porte deux ossicônes,<br />

os d’origine dermique qui se soudent<br />

tardivement au frontal, en position latérale au<br />

<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> orbites . A l’arrière <strong>du</strong> crâne, une grande<br />

corne bifide est également l’apanage <strong>des</strong> mâles .<br />

L’épaississement <strong>des</strong> os <strong>du</strong> crâne au <strong>des</strong>sus <strong>des</strong><br />

orbites montre qu’ils se livraient certainement à<br />

<strong>des</strong> combats rituels tête contre tête pour sé<strong>du</strong>ire<br />

les femelles à la saison <strong>du</strong> rut .<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Ampelomeryx ginsburgi


Amphimoschus artenensis est un ruminant sans bois d’assez forte taille<br />

dont la position au sein <strong>des</strong> bovidés n’est pas encore clairement établie .<br />

Ses pattes antérieures, plus courtes que les postérieures, portent <strong>des</strong> doigts<br />

latéraux . Chez les mâles, la canine supérieure, arquée est très coupante .<br />

Eotragus sp . est le plus ancien bovidé connu . Il arrive en Europe par<br />

migration depuis l’Asie dont il est certainement originaire . Cet animal<br />

b<strong>route</strong>ur de faible taille, une trentaine de centimètres au garrot, porte deux<br />

petites cornes pointues, implantées sur le <strong>des</strong>sus <strong>du</strong> crâne . Il fréquentait les<br />

milieux relativement fermés .<br />

Les lagomorphes<br />

Sous ce terme sont regroupés les lièvres, les lapins et les pikas . Ces animaux<br />

se distinguent <strong>des</strong> rongeurs par la présence de deux incisives à la mâchoire<br />

supérieure . Dans le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, seuls les Ochotonidés,<br />

le groupe <strong>des</strong> pikas, sont représentés . Originaires d’Asie où ils sont connus<br />

dès l’Oligocène, ces animaux se sont particulièrement bien<br />

diversifiés dans le Miocène européen . Contrairement<br />

aux lièvres et aux lapins, ils ont <strong>des</strong> oreilles et<br />

<strong>des</strong> pattes postérieures courtes . Ils sont<br />

représentés à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quatre<br />

espèces qui se distinguent par <strong>des</strong> détails<br />

de la morphologie dentaire : Prolagus<br />

vasconiensis, Prolagus oeningensis,<br />

Prolagus sp. et <strong>La</strong>gopsis penai .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

25<br />

la faune<br />

<strong>La</strong>gopsis


26<br />

la faune<br />

Les rongeurs<br />

Ces animaux, qui possèdent <strong>des</strong> incisives à croissance continue, occupent<br />

une grande variété de niches écologiques . Ils représentent à l’heure actuelle<br />

42% <strong>des</strong> espèces de mammifères . Très diversifiés aussi à l’état fossile, les<br />

rongeurs se repro<strong>du</strong>isent rapidement, en grand nombre et présentent un taux<br />

d’évolution élevé . Ils sont donc très utilisés en biostratigraphie pour dater les<br />

terrains continentaux .<br />

Dans ce grand ensemble, les Sciuroidea regroupent les différentes formes<br />

d’écureuils : arboricoles, terrestres, volants . A <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, comme<br />

dans la majeure partie <strong>des</strong> sites <strong>du</strong> Miocène européen, les écureuils arboricoles<br />

sont absents . Les formes terrestres sont représentées par Heteroxerus<br />

rubricati et Spermophilinus aff. besana. Forsythia aff. gaudryi, Albanensia<br />

sp. et Blackia miocenica sont <strong>des</strong> formes d’écureuils volants . Munis d’un<br />

patagium (membrane de peau reliant le poignet à la cheville) qui leur permet<br />

de planer en écartant les membres, ces animaux<br />

tra<strong>du</strong>isent la présence d’arbres de grande<br />

taille à proximité <strong>du</strong> site .<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Spermophilinus


Plus d’une centaine d’espèces de Gliridae fossiles sont connus dans le<br />

Miocène d’Europe . Ce groupe de rongeurs, qui réunit entre autres loirs,<br />

lérots et muscardins, est complètement inconnu en Amérique <strong>du</strong> Nord,<br />

même à l’état fossile . Encore assez diversifiés au niveau de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<br />

<strong>Gers</strong>, ils se raréfient progressivement au cours de la fin <strong>du</strong> Miocène pour<br />

atteindre la diversité actuelle (huit genres et une quarantaine d’espèces) .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Pseudodryomys ibericus<br />

Ces animaux de petite taille (7cm environ en moyenne) se nourrissent<br />

principalement de fruits, de fleurs, de graines . Leurs dents, aux<br />

couronnes basses, portent <strong>des</strong> crêtes transversales dont le nombre,<br />

la morphologie et la répartition permet de déterminer les espèces .<br />

Le lavage-tamisage <strong>des</strong> sédiments fossilifères a permis d’identifier Myodromys<br />

biradiculus, Microdyromys koenigswaldi, Prodyromys sp., Glirudinus<br />

mo<strong>des</strong>tus et Pseudodryomys cf. ibericus .<br />

27<br />

la faune


28<br />

la faune<br />

Ligerimys florancei<br />

Les Eomyidae sont <strong>des</strong> petits rongeurs, dont l’origine se situe en<br />

Amérique <strong>du</strong> Nord . Ils fréquentent préférentiellement les forêts humi<strong>des</strong><br />

et sont représentés à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par le genre européen endémique<br />

Ligerimys avec l’espèce L. florancei dont les crêtes <strong>des</strong> molaires inférieures<br />

sont arrangées en forme de X .<br />

Les Melissiodontidae, petits rongeurs fossiles exclusivement européens,<br />

sont connus de l’Oligocène à la fin <strong>du</strong> Miocène inférieur . Les crêtes de leurs<br />

dents, très caractéristiques, forment une structure en nid d’abeille . Ils sont<br />

connus à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quelques dents attribuées à Melissiodon sp .<br />

Collection Pour en savoir davantage


Les Cricetidae, famille <strong>du</strong> hamster, sont particulièrement diversifiés à<br />

l’état fossile . Plus d’une centaine d’espèces sont connues . Particulièrement<br />

étudiés, ils sont très utilisés en biostratigraphie . Durant le Miocène, plusieurs<br />

vagues d’immigration vont amener les Cricétidés en Europe . A <strong>Montréal</strong>-<br />

<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, il sont représentés par trois espèces : Megacricetodon bezianensis,<br />

Democricetodon cf. mutilus et Democricetodon aff. romievensis qui marquent<br />

la première vague d’immigration <strong>des</strong> Cricétidés modernes . Ces différentes<br />

espèces se distinguent par la taille et l’analyse de leur structure dentaire . Si<br />

les affinités écologiques de Megacricetodon sont incertaines, Democricetodon<br />

est un hôte privilégié <strong>des</strong> environnements boisés et humi<strong>des</strong> .<br />

Cricetus cricetus, le hamster d’Europe actuel<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

29<br />

la faune


30<br />

la faune<br />

Gecko<br />

Les tortues<br />

Trois espèces terrestres ont été<br />

identifiées à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Cheirogaster sp. est une espèce<br />

de grande taille dont la carapace<br />

mesurait près de 1,50 mètre ; Les<br />

deux autres espèces Ptychogaster sp., et le<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Cheirogaster sp., fragment de plastron<br />

Testudinidé petite taille groupe Testudo sont plus petite, environ 30 cm<br />

de long . Ces animaux végétariens, caractéristiques <strong>des</strong> régions chau<strong>des</strong><br />

s’alimentent de fruits, feuilles, fleurs et même de champignons . Ils<br />

consomment occasionnellement <strong>des</strong> petits invertébrés et <strong>des</strong> charognes .<br />

Les squamates<br />

Cet ensemble de vertébrés regroupe les<br />

lézards, les amphisbènes et les serpents . Les<br />

lézards de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> comportent<br />

cinq espèces appartenant à différentes<br />

familles .<br />

<strong>La</strong> présence d’un gecko, Gekkonidae<br />

indéterminé, est attestée par deux fragments d’os<br />

dentaire . Ces animaux, essentiellement nocturnes<br />

et arboricoles, présentent <strong>des</strong> lamelles adhésives sous les doigts, qui<br />

leur permettent de grimper sur toutes les surfaces, y compris les plus lisses .


Dépourvus de pattes, ressemblant à <strong>des</strong> serpents, les Anguidae sont<br />

cependant <strong>des</strong> lézards qui vivent généralement dans les feuilles<br />

mortes et les litières végétales . P. laurillardi et Ophisaurus sp.<br />

sont deux représentants de ce groupe récoltés à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Le gisement de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> contient également<br />

l’une <strong>des</strong> formes européennes les plus anciennes de varan,<br />

identifiée comme Varanus sp. connue par quatre vertèbres .<br />

Deux espèces indéterminées de <strong>La</strong>certidae ont aussi été recensées .<br />

Varan<br />

Les amphisbènes forment un groupe particulier de squamates sans pattes<br />

nettement différents <strong>des</strong> lézards et <strong>des</strong> serpents, Ils ressemblent à <strong>des</strong> vers avec<br />

leur couleur rose, leurs écailles arrangées en anneaux et leur taille d’environ<br />

10 cm . Ils sont mal connus mais représentés à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quatre<br />

vertèbres appartenant à une forme indéterminée .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

31<br />

la faune


32<br />

la faune<br />

Vipère<br />

Serpent corail<br />

Python<br />

<strong>La</strong> faune <strong>des</strong> serpents de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Couleuvre<br />

Les serpents sont plus nombreux . Quatorze espèces appartenant<br />

à différents ensembles ont été récoltées .Les Scolecophidiens sont<br />

<strong>des</strong> serpents fouisseurs, aveugles qui se nourrissent de larves<br />

et d'oeufs de fourmis et de termites . Une vertèbre atteste de la<br />

présence d’un Scolecophidia indéterminé à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

L es Boidae regroupent les py t hons et les boa s . Un de leurs représenta nts de gra nde<br />

taille, Python europeus, a été découvert sur le site . C’est le plus ancien d’Europe .<br />

Les Colubridae sont particulièrement bien représentés . On y trouve :<br />

Coluber pouchetii, Texasophis meini, Natrix sansaniensis, Natrix cf. N.<br />

longivertebrata, Palaeonatrix aff. P. lehmani, Neonatrix europaea et<br />

Neonatrix natricoi<strong>des</strong> . <strong>La</strong> présence forte de Natricinés (Natrix, Paleonatrix<br />

et Neonatrix) indique l‘immédiate proximité d‘éten<strong>du</strong>es d’eaux calmes .


Les Elapidae sont <strong>des</strong> serpents venimeux . On y retrouve<br />

Micrurus gallicus, une forme de serpent corail et une<br />

forme indéterminée, se rapprochant certainement <strong>du</strong> Naja .<br />

Deux vipères sont également connues à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> : une petite<br />

forme, Vipera sp. <strong>du</strong> complexe Vipera aspis, et une forme plus grande,<br />

d’identification incertaine, déterminée comme Daboia ou appartenant au<br />

complexe <strong>des</strong> vipères orientales .<br />

Les crocodiles<br />

Diplocynodon styriacus est un petit crocodile à museau pointu, rapproché<br />

<strong>des</strong> Alligatoridés et <strong>des</strong> Caimans . Son dos et son ventre étaient protégés par une<br />

épaisse cuirasse d’ostéodermes de petite taille que l’on retrouve fréquemment<br />

dans le gisement . Long<br />

de 1,50 mètre environ,<br />

il fréquentait les lacs et<br />

les cours d’eau dont la<br />

température moyenne allait<br />

de 22 à 26°C .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Crâne et ostéodermes de Diplocynodon styriacus<br />

33<br />

la faune


34<br />

la faune<br />

Les oiseaux<br />

Les oiseaux sont généralement <strong>des</strong> animaux rares dans les gisements<br />

fossilifères . En effet, leur adaptation au vol se marque entre autres caractères<br />

par <strong>des</strong> os creux . Très fragiles, ces ossements se conservent très mal dans les<br />

sédiments . Toutefois, quelques restes témoignent de la présence d’oiseaux à<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Les Accipitiformes sont carnassiers et prédateurs . Ils se caractérisent par<br />

leur bec crochu et leurs pattes griffues . Ce sont les plus souvent <strong>des</strong> chasseurs<br />

diurnes, même si certains comme les vautours sont charognards . Ils nichent<br />

dans les arbres ou sur les falaises . Une espèce indéterminée appartenant à ce<br />

groupe est signalée à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Les Anatidés regroupent les canards, les cygnes et les oies . Trois espèces<br />

différentes, non identifiées, sont connues à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Les Threskiornithidés sont <strong>des</strong> oiseaux assez grands à grands . Ils<br />

fréquentent les zones marécageuses ou les lagunes côtières et regroupent<br />

notamment les spatules et les ibis . <strong>La</strong> présence de cette famille d’oiseaux<br />

est attestée à <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> par quelques os appartenant à un espèce<br />

indéterminée .<br />

Les Galliformes sont <strong>des</strong> oiseaux de taille variable, de constitution assez<br />

massive, comprenant notamment les poules, pinta<strong>des</strong>, din<strong>des</strong>, cailles et<br />

faisans . Les différences de taille observées entre les ossements appartenant<br />

Collection Pour en savoir davantage


à cet ordre d’oiseaux montrent qu’il existe en trois espèces indéterminées à<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Les Charadriiformes sont <strong>des</strong> oiseaux aquatiques . Cet ensemble regroupe<br />

<strong>des</strong> formes comme les échasses, les vanneaux, les bécasses, les goélands ou<br />

les pingouins . Une espèce de Charadriiforme indéterminée est présente à<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> .<br />

Ossements d’oiseaux de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

35<br />

la faune


<strong>La</strong> Flore de <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Il y a deux moyens d’aborder l’étude <strong>des</strong> flores fossiles . Une<br />

solution consiste à rechercher <strong>des</strong> macrorestes végétaux comme<br />

les feuilles, les troncs, les fruits . Ce type de fossile est assez rare . Par<br />

contre, les activités de repro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> végétaux con<strong>du</strong>isent à l’émission de<br />

milliards de spores et de pollens . Ces éléments, particulièrement résistants,<br />

se retrouvent piégés dans les sédiments et peuvent être extraits et étudiés .<br />

C’est par cette méthode que l’on a pu aborder l‘étude de la flore de<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong> . L’inconvénient toutefois de l’étude <strong>des</strong> associations<br />

polliniques vient <strong>du</strong> fait que les pollens, dispersés par les vents, ne sont<br />

pas tous issus <strong>du</strong> voisinage immédiat <strong>du</strong> site . Ainsi, les formes présentant<br />

<strong>des</strong> spores à ballonnets peuvent être transportées sur <strong>des</strong> distances<br />

considérables avant d’être piégées dans les sédiments . L’étude <strong>des</strong> pollens<br />

montre donc une idée générale de l’environnement régional .<br />

Collection Pour en savoir davantage


Pollen de pin, Pinus sp.<br />

Le diagramme pollinique comporte les formes suivantes : Cupressaceae,<br />

Taxodiaceae, Acer, Rhus, Cyrillaceae-Clethraceae, Aesculus, Ericacea,<br />

Engelhardtia, Myrica, Olea, Populus, Ulmus-Zelkova, Amaranthacea-<br />

Chenopodiaceae, Caryophyllacées, Geranium, Cyperaceae,<br />

<strong>La</strong>biatae, Plantago, Plumbaginaceae, Polygonaceae,<br />

Rumex, Rosaceae, Ribes, Thymelaceae, Umbellifères,<br />

Compositae échinulées, Compositae fenestrées .<br />

A l’analyse, l’importance <strong>des</strong> espèces herbacées<br />

(graminées en particulier) et la présence de grands<br />

arbustes plutôt que de vrais arbres évoque une haute<br />

lande boisée à climat méditerranéen humide : étés chauds, hivers doux<br />

(limite de l’olivier), nuits fraîches toute l’année et humidité atmosphérique<br />

(Myrica est une forme océanique) et édaphique relativement importante .<br />

C’est un peu ce que l’on retrouve dans les forêts qui tapissent le sommet<br />

<strong>des</strong> îles Tenerife, Hierro et <strong>La</strong> Gomera aux Canaries (la<br />

<strong>La</strong>urisylve) ou bien encore le type de climat que l’on<br />

retrouve dans les montagnes tropicales entre 1000 et 2000<br />

mètres d’altitude .<br />

Avec les taxons herbacés il est difficile de définir<br />

un climat précis même s’ils collent bien avec ce<br />

climat méditerranéen humide . Pour les conifères le<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

Pollen d’Amaranthacea<br />

climat de type tropical de montagne ou laurisylve correspond tout à fait .<br />

<strong>La</strong> présence de plantes halophytes (Amaranthacea-Chenopodiaceae,<br />

Caryophyllacées et Plumbaginaceae) montre la présence de sel dans le sol et<br />

souligne la proximité de rivages marins .<br />

37<br />

la flore


<strong>La</strong> Naissance et la mort d’un marécage<br />

L’examen de la nature <strong>des</strong> couches, de leur composition<br />

minéralogique, de l’orientation <strong>des</strong> éléments qui la<br />

composent, permet aux spécialistes de reconstituer<br />

l’histoire d’un lieu . Différentes disciplines comme la sédimentologie ou<br />

la minéralogie sont mobilisées pour cela . Logiquement, la connaissance<br />

de l’histoire débute par l’analyse <strong>des</strong> couches les plus profon<strong>des</strong>, puisque<br />

ce sont elles qui ont été déposées en premier . En étudiant les couches de<br />

bas en haut, on peut donc reconstituer l’histoire d’un lieu .<br />

Collection Pour en savoir davantage


A <strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, schématiquement, on note plusieurs niveaux<br />

fossilifères . <strong>La</strong> base <strong>du</strong> site est formée par un niveau de calcaire massif,<br />

très compact, légèrement rosé . Ce calcaire correspond à la précipitation<br />

chimique, dans le fond d’un lac, <strong>du</strong> carbonate de calcium dissout dans l’eau .<br />

Le sommet de ce banc calcaire est érodé et taraudé de trous, parcouru de<br />

rigoles qui montrent que cette érosion s’est faite à l’air libre . Cela signifie que le<br />

niveau <strong>du</strong> lac originel s’est significativement abaissé pendant une <strong>du</strong>rée assez<br />

longue et que l’ancien fond de lac a été érodé par <strong>des</strong> agents atmosphériques<br />

Niveau de crue avec nombreux galets et<br />

ossements brisés<br />

passait à proximité <strong>du</strong> lac et dont on<br />

a pu repérer le chenal dans la partie<br />

Nord Ouest <strong>du</strong> site . L’orientation<br />

<strong>des</strong> ossements nous montre le<br />

sens d’écoulement de la rivière .<br />

Au <strong>des</strong>sus de cet ensemble, on<br />

observe une couche d’argile<br />

sombre qui correspond aux limons<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong><br />

comme la pluie, le vent . . .<br />

Sur cette zone érodée reposent<br />

<strong>des</strong> ossements, généralement<br />

très brisés, avec une orientation<br />

privilégiée <strong>des</strong> os longs . Les os<br />

sont emballés dans <strong>des</strong> sédiments<br />

grossiers, mélange d’argile,<br />

de sable et de galets calcaires .<br />

Ces dépôts correspondent à un<br />

niveau de crue d’une rivière qui<br />

Les niveaux noirs sont très riches en matière<br />

organique<br />

39<br />

le marécage


40<br />

le marécage<br />

d’inondation laissés par la rivière lorsqu’elle a regagné son lit habituel .<br />

<strong>La</strong> couleur sombre de cette argile montre qu’elle est riche en matière<br />

organique . Elle contient de nombreux ossements d’animaux en connexion et<br />

une abondante faune de gastéropo<strong>des</strong>, planorbes et limnées . <strong>La</strong> présence de<br />

ces animaux, associée à la richesse en matière organique <strong>du</strong> sédiment, nous<br />

indique que ces dépôts correspondent à l’installation d’un marécage sur les<br />

limons de l’inondation, en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> lac . C’est dans ce marécage que de très<br />

nombreux animaux ont été piégés, incapables de s’extraire de la boue dans<br />

laquelle ils s’étaient imprudemment aventurés . Cela explique la conservation<br />

de squelettes complets, parfois piétinés par d’autres animaux . Localement,<br />

on observe d’importants niveaux de concrétion, correspondant à <strong>des</strong> endroits<br />

périodiquement émergés ou<br />

l’orientation d’ossements sur <strong>des</strong><br />

paléopentes qui nous indiquent<br />

que le fond de ce marécage<br />

n’était pas rigoureusement plat .<br />

L’ensemble est ensuite recouvert<br />

dans un premier temps par<br />

<strong>des</strong> argiles claires, d’origine<br />

lacustre, puis par un niveau<br />

de calcaire également lacustre .<br />

Ces deux niveaux tra<strong>du</strong>isent la<br />

remontée <strong>du</strong> niveau <strong>du</strong> lac qui<br />

scelle l’histoire <strong>du</strong> marécage .<br />

Collection Pour en savoir davantage<br />

Accumulation d’ossements dans les argiles brunes


Cette vue <strong>du</strong> marais de Macquarie en Australie<br />

évoque l'environnement <strong>du</strong> gisement de<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>, voici 17 millions d'années .<br />

<strong>Montréal</strong>-<strong>du</strong>-<strong>Gers</strong>


Graphisme : © Hélène Lecomte - Mob . : 0670586019<br />

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