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Note de Programme - Cité de la musique

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J’ai d’ailleurs fait un disque sur les chansons <strong>de</strong> Nadaud, mais j’ai également l’œuvre <strong>de</strong> Proust<br />

qui trône dans les rayonnages <strong>de</strong> ma bibliothèque.<br />

Arnaud Marzorati<br />

La discothèque Céline<br />

Qu’y a-t-il dans <strong>la</strong> « discothèque Céline » ? Un inventaire à <strong>la</strong> Prévert. Des opérettes, en quantité<br />

non négligeable, et <strong>de</strong>s chansons militaires, d’infanterie ou <strong>de</strong> marine. Des couplets obscènes ou<br />

satiriques mais aussi <strong>de</strong>s chants religieux, <strong>de</strong>s psaumes et <strong>de</strong>s cantiques. Des nursery rhymes et<br />

<strong>de</strong>s berceuses, mais aussi <strong>de</strong>s hymnes nationaux et <strong>de</strong>s chants <strong>de</strong> guerre. Plus étrange encore,<br />

pour qui croirait que Céline met un point d’honneur à « chanter français », il y a dans l’œuvre<br />

beaucoup <strong>de</strong> chansons françaises (certaines traditionnelles et d’autres beaucoup plus récentes),<br />

mais aussi <strong>de</strong>s ang<strong>la</strong>ises ou <strong>de</strong>s alleman<strong>de</strong>s, une italienne et même <strong>de</strong>s russes… « Monténégrins,<br />

Tchécoslovènes, Armée VIasoff, Balte-Finnois, trouba<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s macédoines d’Europe !… <strong>de</strong>s vingt-sept<br />

armées !… que ça se fige pas ! que ça chante ! branle ! roule ! » : l’énumération cahotante <strong>de</strong> cette<br />

page (D’un château l’autre, p. 158) donne le ton <strong>de</strong> ce capharnaüm musical. Dans cette<br />

« macédoine » aux mille refrains, on trouve pêle-mêle <strong>de</strong>s airs politiques et <strong>de</strong>s refrains d’amour,<br />

autant que <strong>de</strong>s rengaines réalistes ou <strong>de</strong> fières goua<strong>la</strong>ntes (auxquelles les <strong>de</strong>ux chansons <strong>de</strong><br />

Céline elles-mêmes doivent tant). Aussi bien les grands c<strong>la</strong>ssiques (le célébrissime air <strong>de</strong> Louise,<br />

La Marseil<strong>la</strong>ise ou L’Internationale ; Au c<strong>la</strong>ir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lune, archétype français <strong>de</strong> <strong>la</strong> berceuse, etc.),<br />

que <strong>de</strong>s chansons moins connues, voire sombrées dans l’oubli : souvenirs ténus <strong>de</strong> régiment,<br />

fugaces créations libertines ou chansons <strong>de</strong> carabins, dont beaucoup sont aujourd’hui ignorées<br />

<strong>de</strong>s dictionnaires. À n’en pas douter, Louis-Ferdinand Céline est nourri <strong>de</strong> chansons, et l’on est<br />

étonné <strong>de</strong> voir avec quelle facilité elles lui reviennent. Cette culture chansonnière ne se limite<br />

ni à une époque ni à un genre donnés, même si certains répertoires, c’est évi<strong>de</strong>nt, lui sont plus<br />

familiers que d’autres : romances <strong>de</strong> nos aïeules, comptines <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées ou <strong>de</strong>s petits<br />

livres <strong>de</strong> l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs, tout est bon à <strong>la</strong> plume <strong>de</strong> Céline,<br />

tout lui est chansons 1 .<br />

Michaël Ferrier<br />

(extrait <strong>de</strong> « Céline et <strong>la</strong> chanson », Éditions Du Lérot, 2004)<br />

1 Il n’est pas jusqu’aux à-côtés <strong>de</strong> l’œuvre qui ne se <strong>la</strong>issent aussi envahir par <strong>la</strong> chanson : <strong>la</strong> correspondance <strong>de</strong><br />

Céline en offre au moins un exemple, en 1950, lorsqu’il cite à son avocat… <strong>de</strong>s bribes <strong>de</strong> Rossini ! (Céline se dit<br />

« pas résigné du tout à jouer ‘les pauvres misérâââbles… accablé comme un coupâââble !’ »… On aura reconnu<br />

l’Air <strong>de</strong> <strong>la</strong> calomnie, dans Le Barbier <strong>de</strong> Séville. Lettres à Tixier, La Flûte <strong>de</strong> Pan, 1985).<br />

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