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UE15 CM L3 Yves Morales Pratiques corporelles et différenciation ...

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<strong>UE15</strong> <strong>CM</strong> <strong>L3</strong> <strong>Yves</strong> <strong>Morales</strong><br />

<strong>Pratiques</strong> <strong>corporelles</strong> <strong>et</strong> <strong>différenciation</strong> sexuée - histoire du sport féminin<br />

XIXe – XXe siècles<br />

Introduction : le cadre de l'analyse<br />

« une évidence s’impose, le sport a un sexe, il est masculin » Louveau C. (1991), « Chapitre<br />

4 : le sport, conservatoire des identités », in Davisse, A., Louveau, C., Sport, école, société : la<br />

part des femmes, Joinville le Pont, Actio, 111-151.<br />

A - La <strong>différenciation</strong> sexuée dans le fonctionnement social : un processus central<br />

la différence des sexes : l’évolution du débat situant la femme entre « nature » <strong>et</strong> « culture »<br />

masculin/féminin : l’indispensable analyse comparative<br />

C. Bard, Les femmes dans la société française au 20e siècle, Paris, A . Colin, 2001.<br />

« l’éternel féminin »<br />

1er processus : un constat : la « domination masculine » comme principe d'organisation<br />

social <strong>et</strong> culturelle.<br />

Une société patriarcale - Olympes de Gouges déclaration des droits de la femme <strong>et</strong> de la<br />

citoyenne en 1791: « si la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit également avoir<br />

celui de monter à la tribune »<br />

Code napoléonien en 1804 : code civil qui prive la femme mariée de sa capacité juridique. Elle<br />

devient mineure e dépendante de son époux à qui elle doit obéissance.<br />

Pierre Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998. : La domination masculine une<br />

« construction sociale naturalisée ».<br />

B - Genre <strong>et</strong> sexe : entre social <strong>et</strong> biologique<br />

le genre comme concept utile à l’analyse<br />

M. Mead en 1930, parle d’une construction culturelle des identités sexuées.<br />

Simone de Beauvoir, le deuxième sexe, 1949 : « on ne naît pas femme, on le devient ».<br />

Dans ce débat nature/culture, par extension, le genre est rapidement utilisé pour désigner<br />

l'ensemble des traits, carac­tères <strong>et</strong> comportements attribués au « masculin » <strong>et</strong> au « féminin ».<br />

Les Gender Studies, courant américain féministe militant, ont posé les questions suivantes :<br />

Comment les représentations de chacun des sexes ont participé à la domination masculine ? Des<br />

inégalités dans la société ? De l’exclusion politique des femmes ?... Elles dénoncent les rapports<br />

sociaux de genre qui participent à la diffusion de normes de comportements admis par la société.<br />

Dans les universités américaines se développent également les Women’s Studies : fortement liées<br />

au mouvement féministe, la plupart d’entre elles incarnent un féminisme « radical », fortement<br />

tinté d’un différencialisme qui plaide pour une séparation des sexes. Dès lors, qui dit mouvement<br />

« féministe » appelle la question de l’ « émancipation ».<br />

DEFINITION : Le genre désigne la construction <strong>et</strong> l'organisation sociale des différences<br />

sexuelles. La notion de genre s’attache donc à montrer que les différences entre les sexes ne sont<br />

pas seulement issues de la nature biologique, mais aussi, <strong>et</strong> surtout, d’une construction sociale <strong>et</strong>


culturelle. Le genre est donc défini comme l’ensemble des formes d’expressions sociales de la<br />

féminité <strong>et</strong> de la masculinité, <strong>et</strong> l’ensemble des signes, pratiques <strong>et</strong> symboles qui dénotent une<br />

appartenance identitaire <strong>et</strong> fondent un type de relation (pouvoir, hiérarchie…) entre les sexes ou<br />

au sein de chacun des sexes.<br />

Cf. en particulier : Scott, Joan, « Genre : une catégorie utile d’analyse historique. Le genre de<br />

l’histoire », in Les cahiers du CRIF, 37-38, 1988, pp. 125-153 ; Fougeyrollas-Schwebel,<br />

Dominique, Planté, Christine, Riot-Sarcey, Michèle & Zaidman, Claude, Le genre comme<br />

catégorie d’analyse. Sociologie, Histoire, Littérature, Paris, L’Harmattan, 2003.<br />

On constate les eff<strong>et</strong>s durables d’un ordre social imposé à la condition féminine sous couvert<br />

d’une « fragilité » ou « équité du déficit » (Louveau, 1991). Ainsi, l’ordre « naturel » des sexes<br />

est relativement respecté par c<strong>et</strong>te forme de « biologisation » du social. Delphy, C. (1991),<br />

« penser le genre : quels problèmes ? » in Hurtig, M.C, Kail, M., <strong>et</strong> Rouch, H. (Eds.), Sexe <strong>et</strong><br />

genre. De la hiérarchie entre les sexes, Paris, CNRS, 89-102.<br />

Sexe <strong>et</strong> groupes sociaux : des variables interdépendantes<br />

2e processus : les revendications féministes comme vecteur de changement ?<br />

féminisme : terme inventé initialement pour traduire des comportements efféminés des hommes.<br />

Revendications féministes = Eviter de faire du progrès de la condition féminine, le sous-produit<br />

d’une modernisation qui s’opérerait en dehors d’elle-même, sans que les femmes n’aient grandchose<br />

à y voir <strong>et</strong> de penser que celles-ci subissent l’histoire sans la faire vraiment.<br />

féminisme différencialiste<br />

féminisme universaliste (dit aussi égalitariste)<br />

queer ?<br />

3e processus : une permanente reconfiguration des rapports entre masculin <strong>et</strong> féminin<br />

une normativité en évolution<br />

Pour Michel Foucault, cela consiste a envisager la différence des sexes comme étant le résultat<br />

changeant de constructions culturelles <strong>et</strong> historiques, autrement dit, entre en jeu le processus de<br />

reconfiguration : idée inspirée par Michel Foucault qui consiste à envisager la différence des<br />

sexes comme étant le résultat changeant de constructions culturelles <strong>et</strong> historiques. Voir à ce suj<strong>et</strong><br />

Sohn, Anne-Marie <strong>et</strong> Thélamon, Françoise, Une histoire sans les femmes est-elle possible ?<br />

Librairie académique Perrin, 1998.<br />

A l’échelle d’une société comme à celle des personnes, le genre est en perpétuelle reconstruction.<br />

Il est redéfini <strong>et</strong> fait l’obj<strong>et</strong> d’ajustements au moment même où il façonne ses normes. Pourtant,<br />

ces reconstructions se produisent bien en référence à des modèles dominants qui perm<strong>et</strong>tent de<br />

stabiliser les hiérarchies. Le genre est en eff<strong>et</strong> un puissant acteur dans le processus de<br />

socialisation auquel l’ensemble des membres d’une société est soumis.<br />

T. Laqueur, Making sex : Body and Gender from the Greeks to Freud. Cambrige, Harvard<br />

University Press.<br />

C. Axes problématiques <strong>et</strong> plan :


Nous chercherons à montrer que les sports se présentent comme des espaces d’actualisation des<br />

dispositions relatives aux <strong>différenciation</strong>s sexuées.<br />

Plan adopté : Analyse périodisée à partir des formes de pratiques <strong>corporelles</strong> autorisées aux<br />

femmes ou qu’elles investissent.<br />

L'évolution du sport féminin comme analyseur des mutations sociales <strong>et</strong> culturelles à partir des<br />

débats qui favorisent ou ralentissent la féminisation des pratiques.<br />

1 – Le corps des femmes <strong>et</strong> les prémisses du sport féminin (avant 1890)<br />

1.a- Des pratiques traditionnellement « féminines » à la gymnastique des demoiselles<br />

le patinage, la paume, voire le tir à l'arc, des distractions distinctives.<br />

Au XIXe siècle, la gymnastique.<br />

En 1928 Phokion-Heinrich Clias, Callisthénie ou gymnastique des jeunes filles<br />

En 1854, La Gymnastique des demoiselles, de Napoléon Laisné.<br />

En 1869, le docteur Fonssagrives, L’éducation physique des jeunes filles, Paris, Hach<strong>et</strong>te.<br />

Selon le dr. Fonssagrives la nature féminine justifie une éducation physique des filles différente<br />

de celle des garçons. Par exemple, les garçons peuvent pratiquer des exercices d’équilibre, de<br />

force <strong>et</strong> d’agilité : « ils ont pour eux l’avantage de les initier aux hasards de la vie aventureuse qui<br />

les attend : les p<strong>et</strong>ites filles n’en on que faire, <strong>et</strong> la gymnastique des attitudes <strong>et</strong> des mouvements<br />

est la seule qui leur convienne. Elle n’exige ni appareils, ni machines <strong>et</strong>, pouvant être pratiquée<br />

dans la famille elle-même, elle laisse à c<strong>et</strong>te partie de l’éducation des filles le caractère intérieur<br />

<strong>et</strong> r<strong>et</strong>iré qui lui convient. », p. 118.<br />

distinction public/prive <strong>et</strong> idéal bourgeois de la famille<br />

La loi Camille Sée de 1880<br />

La loi du 28 mars 1882 définit dans son article premier les contenus d'enseignement auxquels<br />

s'ajoutent des exercices militaires pour les garçons, des travaux d'aiguille <strong>et</strong> travaux ménagers<br />

pour les filles. " L'éducation physique a un double but : d'une part fortifier le corps, affermir le<br />

tempérament de l'enfant, le placer dans des conditions hygiéniques les plus favorables, d'autres<br />

part, lui donner de bonne heure ces qualités d'adresse <strong>et</strong> d'agilité (...) particulièrement nécessaires<br />

aux élèves des écoles primaires, destinés pour la plupart à des professions manuelles (... ) sans<br />

perdre son caractère essentiel d'établissement d'éducation <strong>et</strong> sans se changer en atelier, l'école<br />

primaire peut <strong>et</strong> doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer <strong>et</strong> prédisposer<br />

(...) les garçons aux futurs travaux de l'ouvrier <strong>et</strong> du soldat, les filles aux soins du ménage <strong>et</strong> aux<br />

ouvrages des femmes". (Programme détaillé d'E.P. signé par J.Ferry le 28 juill<strong>et</strong> 1882).<br />

1.b. Les pionnières ... ou « femmes de sport »<br />

Sportives <strong>et</strong> mondaines :<br />

Alpinisme : le Mont-blanc en 1808 (Marie Paradis)<br />

Les bains<br />

Ces sportswomen font partie d'un certain milieu social pour lesquelles la séparation public/privé<br />

n’est pas identique à celle que nous avons constaté pour la bourgeoisie moyenne.<br />

E. Chapus, Les sports à Paris., Paris, Hach<strong>et</strong>te, 1854 ;


Baron de Vaux. Les hommes de sport, Flammarion, s.d.<br />

Baron de Vaux, Les femmes de sport, Paris, Flammarion, 1885 : escrime, équitation vélocipédie,<br />

lawn-tennis, golf, le polo. Autant de sports que l’on r<strong>et</strong>rouve dans la revue la Vie au grand air <strong>et</strong><br />

qui sont l’occasion d'entr<strong>et</strong>enir une sociabilité mondaine <strong>et</strong> de diffuser le culte de la prouesse, de<br />

l'exploit, voire du risque.<br />

Certaines femmes, durant c<strong>et</strong>te période, transgressent ouvertement les normes de genre <strong>et</strong><br />

provoquent le scandale tout en participant ) la modification de la perception de la femme dans la<br />

société : Georges Sand (1804-1876) qui avait connue­ l’émancipation était l'une d'entre elles.<br />

1886 : rétablissement du droit au divorce.<br />

Néanmoins, les défenseurs de la cause féministe sont alors très minoritaires <strong>et</strong> ne se préoccupent<br />

guère de sport.<br />

2 – un premier essor des exercices corporels féminins (1890-1914)<br />

Durant c<strong>et</strong>te période qui couvre le tournant du siècle, diverses pratiques <strong>corporelles</strong> sont<br />

proposées aux femmes tout en étant soumises à la fois aux processus de domination masculine <strong>et</strong><br />

aux formes de revendications féminines... Des glissements ou « reconfigurations » des normes<br />

sexuées s’observent dans c<strong>et</strong>te période où la nature féminine se redéfinit constamment (à partir<br />

d’une conception du corps physiologique) entre femme-mère, femme « potiche » <strong>et</strong> femme<br />

d’action.<br />

2. 1- Le rôle socialisateur de l’école <strong>et</strong> le développement d’une gymnastique<br />

« féminine <strong>et</strong> esthétique » - la femme comme procrétrice :<br />

G. Demenÿ : « la nécessité de l'éducation physique pour la femme, se justifie autant par des<br />

considérations esthétiques qu'hygiéniques, morales <strong>et</strong> sociales ».<br />

« Les procédés d'éducation doivent être adaptés à l'âge <strong>et</strong> au sexe, les préjugés <strong>et</strong> les habitudes le<br />

veulent ainsi. (... ) La femme doit remplir dans la société un rôle complémentaire de celui de<br />

l'homme. Le foyer la réclame, sa grande fonction est d'être mère ; si elle a le devoir d'être forte<br />

pour remplir c<strong>et</strong>te mission, elle doit aussi avoir la grâce pour charmer <strong>et</strong>, de plus, être éclairée sur<br />

sa fonction »<br />

« La beauté vraie n'a rien de la langueur maladive; la gracilité <strong>et</strong> la faiblesse ne sont pas<br />

nécessairement les attributs de la femme; la gymnastique bien comprise ne lui enlève, comme on<br />

le croit souvent, ni la beauté, ni la grâce ; bien au contraire elle m<strong>et</strong> en valeur ces qualités »<br />

G Demeny,"Education <strong>et</strong> harmonie des mouvements" Paris Alcan 1911.<br />

le rej<strong>et</strong> du cors<strong>et</strong><br />

la fonction de procréatrice est l’avenir de la race : « Le cors<strong>et</strong> <strong>et</strong> le costume féminin ont aussi leur<br />

part dans la déchéance physique de la femme; ils restreignent les mouvements respiratoires,<br />

compriment la poitrine <strong>et</strong> le ventre ... La jeune fille ne peut se résigner à abandonner ces<br />

instruments de torture de crainte de s'effondrer. Le mouvement fou<strong>et</strong>te notre organisme<br />

languissant »


« En donnant à la gymnastique une forme aimable <strong>et</strong> intensive, j'espère inciter les jeunes filles à<br />

l'effort énergique, <strong>et</strong> je leur offre le moyen de développer ces qualités charmantes <strong>et</strong> précieuses :<br />

la grâce <strong>et</strong> la beauté »<br />

La séduction est évidemment considérée comme une qualité à développer pour la femme.<br />

G Demeny,"Education <strong>et</strong> harmonie des mouvements" Paris Alcan 1911.<br />

Le Cours supérieur d'éducation physique ouvre en 1903 <strong>et</strong> accueille quelques femmes.<br />

Parmi elles, Irène Popard qui propagera après-guerre la gymnastique harmonique avec l'Institut<br />

de gymnastique harmonique <strong>et</strong> l'Association Française de Gymnastique Harmonique. C<strong>et</strong>te<br />

gymnastique harmonique inspirée de la Rythmique de Dalcroze répond en tout point aux<br />

directives du maître de l'éducation physique féminine en France.<br />

2.2 Sports hygiéniques, gymnastique <strong>et</strong> « émancipation féminine » dans la société<br />

Comme nous l’avons vu, les activités physiques ou sports tels que le patinage, la natation ou la<br />

gymnastique sont considérées très tôt comme correspondant à la « nature » des femmes<br />

puisqu’elles m<strong>et</strong>tent d’abord en évidence des qualités esthétiques de grâce <strong>et</strong> de maîtrise du<br />

mouvement. Leur grand avantage désormais, grâce à la caution médicale, est aussi de développer<br />

la santé à travers des exercices modérés <strong>et</strong> convenablement dosés pour répondre à la fragilité<br />

supposée des femmes.<br />

La Gymnastique dans la société<br />

1898 : Première section féminine d'EPS crée par l'association des instituteurs<br />

1900, Les Enfants du Havre créée sous l'impulsion de M. <strong>et</strong> Mme Podesta qui présentent des<br />

exercices collectifs lors de la fête fédérale de 1905 à Bordeaux;<br />

1901, En-Avant de Paris, ouvre à son tour une section féminine.<br />

1909 (à l'initiative d'un homme, Joseph Clavel), la Société féminine de gymnastique de Lvon<br />

(dirigée par des femmes),.<br />

1911, L'Églantine (que préside Mme Ludin).<br />

Le 21 avril 1912 est fondée à Lyon l'Union Française des Sociétés de Gymnastique féminine,<br />

affiliée à l'Union des Sociétés de Gymnastique de France ( USGF<br />

Développement parallèle de méthodes de gymnastiques féminines :<br />

1910 : Ouverture de l'école française de rythmique, destinée aux jeunes filles de la bonne société<br />

(une très p<strong>et</strong>ite minorité)<br />

1909 : Isadora Duncan développe une nouvelle méthode basée sur la danse libre<br />

La Natation :<br />

L'Ondine, fondée en 1906 à Lyon (présidente Mme Vallin puis Mme Herriot)<br />

Sa devise est : l'émancipation féminine. Elle sera suivie par la création du Cercle des nageuses<br />

(1907), des Mou<strong>et</strong>tes lyonnaises (1914), de La Libellule de Villefranche-sur­Saône.<br />

Les buts de l’Ondine : « Luttant contre les habitudes surannées de notre siècle, <strong>et</strong> avec l'intention<br />

de faire œuvre utile, nous avons fondé L'Ondine ... avec le proj<strong>et</strong> arrêté d'apprendre à la fill<strong>et</strong>te<br />

dès son plus jeune âge la pratique d'un sport capable de lui donner une constitution plus forte, une<br />

poitrine plus large, des muscles plus vigoureux <strong>et</strong> la facilité de lutter contre les intempéries des<br />

saisons <strong>et</strong> surtout lui donner des habitudes de propr<strong>et</strong>é » Statuts de l’Ondine.<br />

hygiène <strong>et</strong> émancipation + éternel féminin<br />

La bicycl<strong>et</strong>te <strong>et</strong> l’émancipation


Lutte contre les préjugés issus des discours « biologistes » sur la nature féminine.<br />

« La nature n’a pas créé la femme pour ce genre de sport, […], n’étant q’un utérus entouré<br />

d’organes, monter à califourchon <strong>et</strong> pédaler en sus serait dangereux pour sa santé » Dr Tissié,<br />

l’hygiène du vélocipédisme, Paris, 1888 (dans la 2e édition publiée en 1893, changement d’avis :<br />

il encourage la femme à faire de la bicycl<strong>et</strong>te).<br />

Discours émancipateur: Le vélocipède est sans doute le premier sport féminin, celui qui en tout<br />

cas a été le plus rapidement associé à l'émancipation des femmes : « Au fond, c'est bien vrai, nous<br />

aimons la bicycl<strong>et</strong>te parce qu'elle nous émancipe... la bicycl<strong>et</strong>te c'est la première ébauche des<br />

ailes, la première réalisation du rêve d'Icare 1 ». Le Monde sportif de Lyon <strong>et</strong> du Sud-Est, n° 8 du<br />

10 mai 1897. Article écrit par une femme anonyme qui s'insurge contre les ricanements des<br />

hommes <strong>et</strong> leur crainte de voir les femmes s'émanciper.<br />

Sarah Bernhardt, répondant à une enquête de C. de Loris sur « La femme à bicycl<strong>et</strong>te » (1896),<br />

avait parfaitement compris que les sorties hors du foyer familial avec des compagnons du sexe dit<br />

fort portaient en germe une très profonde évolution pour ne pas dire une émancipation.<br />

La culotte bloomer : « être ou ne pas être culottée ? »<br />

À partir de 1912, l’UVF interdit les courses cyclistes féminines de longue distance.<br />

Les débuts de l'automobile - la baronne du Gast, arrivante du Paris-Berlin 1901 comme de<br />

l'étape courue jusqu'à Bordeaux du Paris-Madrid 1903 –<br />

...<strong>et</strong> de l'aviation - Mme de Laroche, Hèlène Dutrieu, Marie Marvingt.<br />

CONSTAT : Au début du XXe siècle, l'idée d'une pratique compétitive <strong>et</strong> publique des femmes<br />

est encore difficilement tolérée mais la pratique commence à exister en conjuguant effort <strong>et</strong><br />

modération.<br />

Exemple de la marche des midin<strong>et</strong>tes du 25 novembre 1903 :<br />

« Au nom de tous ceux qui aiment véritablement le sport, comme au nom de tous ceux qui aiment<br />

la femme, je souhaite que la pitoyable randonnée d'hier n'ait jamais de lendemain » : sentence du<br />

journaliste Victor Brev<strong>et</strong> au lendemain de la «Marche des midin<strong>et</strong>tes ».<br />

Exemple du tennis avec S. Lenglen : le « champion féminin »<br />

Exemple du ski : « Le ski est bien un sport féminin, il ne donne pas comme on peut le croire,<br />

l’impression de l’effort, admirable chez l’homme, disgracieux chez la femme, mais l’impression<br />

de légèr<strong>et</strong>é, de grâce, de vitesse <strong>et</strong> aussi de santé ». Lieutenant Gelin<strong>et</strong>, « Quelques Notes sur le<br />

IIIè Concours International de Ski », in La Montagne, 2, février 1909, pp. 103-107.<br />

« Le ski est l’un des sports admis pour les femmes. Personne ne songe à le trouver trop violent<br />

comme il arrive souvent pour la plupart des exercices physiques ». Marvingt, Marie, « Les<br />

femmes <strong>et</strong> le ski », in Magnus, Léon <strong>et</strong> De La Frégeolière, Renaud, (eds.), Les sports d’hiver,<br />

Paris, Lafitte, 1911, pp 176-181.<br />

Ces « prodigieuses excentriques manquant de goût <strong>et</strong> qui délaissent la jupe pour prendre nos<br />

culottes sans honte de nous singer » Anonyme, « Pontarlier- sports d’hiver - Le 2è grand<br />

concours de skis », in Le Courrier de la Montagne, 4 février 1911.<br />

« Les jeunes femmes qui ont enfin adopté le gracieux costume féminin, le seul qui leur<br />

convienne, jupe courte [c’est-à-dire en dessous du moll<strong>et</strong>] <strong>et</strong> chandail<br />

« …relever la jupe avec des pinces, ce qui était déjà audacieux pour l’époque – Des mères de<br />

famille détournant la tête, scandalisées par la tenue que je portais » Namur-Vallot, Madeleine,<br />

témoignage archivé au musée alpin de Chamonix.<br />

« Il était réservé aux dames de nous montrer que l’on peut glisser sur une pente raide, sauter <strong>et</strong><br />

même tomber à terre avec grâce... Parfois, au bas, une chute légère, mais tant de galants


commissaires se précipitaient pour tendre des mains secourables qu’il eut été méchant de n’en<br />

pas profiter. Et, ma foi, on en profitait gentiment » Anonyme, « La fête du ski, un concours très<br />

réussi », in Le Journal de Pontarlier, janvier 1910.<br />

A une période où les exhibitions sportives des femmes sont largement réprouvées par la morale<br />

bourgeoise, le ski féminin apparaît comme une pratique tolérée par sa logique hybride, à michemin<br />

entre l’excursion hygiénique <strong>et</strong> l’activité esthétique. Comme la bicycl<strong>et</strong>te, il mérite d’être<br />

encouragé par son coté pratique <strong>et</strong>, comme le patin à glace, il est sensé m<strong>et</strong>tre en valeur la beauté<br />

plastique féminine. Les épreuves de ski proposées confirment donc la perception traditionnelle<br />

des spécificités organiques, psychologiques <strong>et</strong> sociales du genre féminin. Liotard, Philippe,<br />

« Etre belle pour être utile », in Arnaud, Pierre <strong>et</strong> Terr<strong>et</strong>, Thierry, (eds.) Education <strong>et</strong> politique<br />

sportives XIXe – XXe siècles, Paris, C.T.H.S., 1995, pp. 97-108.<br />

discours féministes ?: « Constatons avec joie que les faibles femmes ou prétendues telles<br />

suivant un préjugé antique, ont le droit reconnu par tous d’excursionner dans les stations<br />

hivernales <strong>et</strong> dans les montagnes avec des skis aux pieds. L’homme n’est pas assez souvent<br />

tolérant envers la femme pour que c<strong>et</strong>te constatation ne soit appréciée avec l’enthousiasme qui<br />

convient par toutes les représentantes du sexe faible »<br />

« je puis affirmer que l’inhabil<strong>et</strong>é que montrent certaines de mes semblables à leurs débuts dans<br />

la pratique du ski-ing provient non pas de leur sexe ou de leur tempérament, mais de la sorte de<br />

mépris avec lequel les hommes semblent toujours les considérer au point de vue sportif.<br />

Heureusement nous sommes arrivés à une époque où nous pouvons hardiment secouer le joug<br />

[…], ceux qui se disent nos maîtres s’apercevront bientôt qu’ils possèdent en nous des<br />

adversaires avec lesquelles il faut compter, [...] D’ailleurs avec la pratique <strong>et</strong> l’entraînement, ne<br />

pourrions-nous pas rivaliser dans presque tous les sports ? » Marvingt, Marie, ouv. cit.<br />

Bref, la lecture du corps féminin reste soumise à une approbation sociale masculine qui définit la<br />

place <strong>et</strong> le rôle des femmes dans la société. Les instances dirigeantes du CAF sont exclusivement<br />

composées d’hommes <strong>et</strong> nous avons observé qu’elles ne dérogeaient que de façon limitée à la<br />

place <strong>et</strong> au rôle traditionnels des femmes dans la société.<br />

le féminisme : une conscience de genre, forme sexuée de l’opinion.<br />

S’il est possible d’observer des revendications féminines doit-on en conclure que le sport est un<br />

domaine où s’affirment des revendications féministes ?<br />

SPORT <strong>et</strong> revendications féministes : Le militantisme musclé des suffrag<strong>et</strong>tes anglaises a-t-il<br />

réussi à secouer la résignation des françaises ?<br />

évolution vers un « âge d’or » du féminisme entre 1900 <strong>et</strong> 1914 en Europe.<br />

2.3- Une participation restreinte lors des Jeux olympiques.<br />

Mouvement olympique <strong>et</strong> exclusion des femmes –<br />

« Les jeux olympiques devraient être réservés aux hommes, leur rôle (des femmes) avant tout<br />

devrait être de couronner les vainqueurs » « Impratique, inintéressante, inesthétique, <strong>et</strong> nous ne<br />

craignons pas d'ajouter : incorrecte, telle serait à notre avis c<strong>et</strong>te demi-Olympiade féminine ».<br />

Revue Olympique 1912 P de Coubertin (discours)<br />

Il existe pourtant de rares épreuves ouvertes aux femmes par le CIO dès l’origine : patinage, tir à<br />

l’arc, tennis <strong>et</strong> golf. Ainsi, on trouve onze joueuses de tennis <strong>et</strong> golf<br />

En 1912, à Stockholm, la brèche olympique s'élargit encore : la natation féminine (100 m, 4 x<br />

100 m <strong>et</strong> plongeon de haut vol) <strong>et</strong> le tennis figurent parmi les épreuves officielles ses - dont 4


françaises - à Paris dès 1900, mais les compétitions,, olympiques » sont noyées dans le<br />

salmigondis des Concours d'exercices physiques <strong>et</strong> de sports de l'Exposition universelle.<br />

L’éviction des femmes n’aurait pas pour fondement la violence d’un refus, mais résulterait d’un<br />

accord assez largement partagé sur la définition de la féminité.<br />

Fémina sport fondée en 1912 par Sandoz <strong>et</strong> Pierre Paysé, ancien gymnaste de haute valeur; ne<br />

pratiquent pendant 4 ans (1912-1916) qu'éducation physique <strong>et</strong> gymnastique, tout comme à<br />

Académia (1915) <strong>et</strong> à la section féminine d'En-Avant (1916)<br />

3 - Entre gymnastique « gynécologique » <strong>et</strong> sports athlétiques – l’image<br />

fluctuante de la femme « sportive »entre deux guerres (1918-1939)<br />

Les années folles : Une conscience féminine<br />

Après 1918 <strong>et</strong> jusqu'en 1939, la France est une société de femmes dirigée par des hommes‘<br />

Le contexte nataliste<br />

DEUX MODELES DE PRATIQUES SE DEVELOPPENT QUI CORESPONDENT A DEUX<br />

VISIONS DE LA FEMME : L’une qui engage la pratique sportive des femmes <strong>et</strong> répond à une<br />

logique d’émancipation des femmes, l’autre qui réactive les normes de genre autour de l’éternel<br />

féminin à partir des préoccupations natalistes.<br />

3- 1 Une éducation physique réactualisant l’éternel féminin<br />

Il faut éduquer la femme nous dit Tissié dans l’avant propos de L’Education physique <strong>et</strong> la race,<br />

1919. « L'éducation physique est la première éducation à lui donner pour la constitution de<br />

solides moteurs humains, par de meilleures gestations, de plus saines <strong>et</strong> de plus fécondes<br />

maternités » ... « L'éducation physique sera féminine ou ne sera pas! »<br />

« Les mères fortes font les peuples forts »<br />

« La gymnastique de boudoir n'est pas faite pour les mères de demain dont les flancs élargis <strong>et</strong><br />

forts auront à porter les fruits nobles d'une saine <strong>et</strong> sainte conception »<br />

On r<strong>et</strong>rouve les mêmes propos chez Boigey<br />

« la femme n'est point construite pour lutter mais pour procréer »<br />

« une femme n'a pas moins besoin d'activité qu'un homme (...) elle doit être en bonne santé <strong>et</strong><br />

vigoureuse. C'est une exigence de la maternité.<br />

« En aucun cas nous n’oserons soutenir l’utilité des compétitions sportives pour les femmes ; pas<br />

de courses de fond, pas de saut en longueur en hauteur ni en profondeur en vue de records, pas de<br />

lutte ni de boxe pas même d’équitation pour les femmes… tout exercice qui s’accompagne de<br />

heurts, de chocs, de secousses est dangereux pour l’organe utérin »<br />

« Une femme n'a pas un moindre besoin d'activité physique qu'un homme. C'est un avantage pour<br />

elle d'avoir une bonne santé <strong>et</strong> d'être douée de vigueur. La maternité l'exige... Sur les femmes<br />

l'absence de culture physique a des conséquences pires, si c'est possible, que sur les hommes. Car<br />

la fin suprême de la femme est le mieux être de la postérité. Elle ne peut l'assurer que par les dons<br />

naturels que lui confère une santé parfaite. Elle n'acquiert celle-ci que par une hygiène<br />

comportant, au premier rang de ses pratiques, le mouvement <strong>et</strong> l'exercice physique »<br />

Dr M. Boigey, Manuel scientifique d'éducation physique, Paris, Masson, 1922 (1ère édition).


Éducation physique scolaire féminine = une sous EP masculine<br />

L'EP préconisée apparaît comme une simple adaptation du modèle masculin, on remplace les<br />

exercices de force par "les exercices qui donnent de l'agilité <strong>et</strong> de la grâce".<br />

Femme- obj<strong>et</strong>, femme-enfant, femme-mère...<br />

Dr M. Boigey, Manuel scientifique d'éducation physique, Paris, Masson, 1922 (1` édition).<br />

Du même auteur, La Cure d'exercice aux différents âges de la vie <strong>et</strong> pour les deux sexes, Paris,<br />

Masson, 1934 ; L'éducation physique féminine, Paris, Alcan, s.d. (2 tomes) ; Éducation physique<br />

de l'enfance <strong>et</strong> de l'adolescence, Paris, L'Expansion cientifique française, 1929 ; Physiologie de la<br />

culture physique <strong>et</strong> des sports, Paris, Albin Michel, 1927.<br />

Selon lui la femme souffre finalement d’une Triple infériorité « physique, psychique,<br />

intellectuelle »<br />

… processus de naturalisation des différences, stigmatisation, inégalité.<br />

Georges Hébert est plus "libéral".<br />

Rien dans la nature de la femme ne s'oppose à ce qu'elle marche, court, saute, progresse en<br />

quadrupédie, grimpe, chemine en équilibre, porte, lance, lutte <strong>et</strong> nage (les dix familles en fait),<br />

même si cependant, pour des raisons "culturelles" <strong>et</strong> "sociales" surtout, l'EP féminine doit<br />

présenter un caractère différent de l'EP masculine, tout en utilisant les mêmes procédés de<br />

développement, les mêmes règles <strong>et</strong> principes de travail. Le "caractère" provient d'abord de la<br />

manière de conduire le travail, qui doit être plus fine, plus délicate <strong>et</strong> en parfait accord avec la<br />

mentalité féminine. Pour Hébert, c'est donc plus dans la manière de conduire la séance, dans la<br />

gestion des exercices que dans les contenus proprement dit que se situent les différences.<br />

« Les juments <strong>et</strong> les chiennes ne courent-elles pas aussi vite <strong>et</strong> aussi longtemps que les chiens? Il<br />

ne viendrai jamais à l'idée d'un entraîneur de chevaux ou de chiens de soum<strong>et</strong>tre les femelles à<br />

des exercices spéciaux »<br />

G Hébert, Muscle <strong>et</strong> beauté plastique féminine, Paris, Vuibert 1919<br />

Érnest Loisel sous prétexte de Bases psychologiques de l'EP aboutit à une sorte d'alliance entre<br />

les préceptes d'origine médicale <strong>et</strong> une moralisation de l'EP féminine, refoulant le "désir" pour la<br />

rendre éducative :<br />

"Sa fonction biologique est la gestation <strong>et</strong> le nourissage, c'est à dire deux formes du porter. Sa<br />

fonction sociale est d'abord le ménage, c'est à dire encore le porter <strong>et</strong> ensuite le travail à l'aiguille,<br />

c'est à dire la position assise, avec l'insuffisance respiratoire qui en est la conséquence... le porter<br />

reste le geste féminin par excellence, geste social <strong>et</strong> biologique."<br />

"Sa fonction est d'être mère, mais aussi d'être femme <strong>et</strong>, selon la juste expression de Demeny, si<br />

elle doit être forte pour la maternité, elle doit aussi posséder la grâce pour charmer."<br />

"Nous devons essayer de tracer la limite au-delà de laquelle le beau cesse d'être gracieux pour<br />

devenir lascif. La femme, sortant des mains de l'éducateur physique, doit exciter l'admiration <strong>et</strong><br />

non le désir." Ernest Loisel, les bases psychologiques de l'éducation physique, Nathan 1935<br />

- voir les Gymnastiques rythmiques<br />

3-2 Une nouvelle image de la femme à la conquête du sport<br />

Femme « garçonne » ?<br />

Création Fédération des sociétés féminines sportives de France, (FSFSF) en 1917<br />

Alice Milliat


Règlements spécifiques<br />

Jeux mondiaux féminins au stade Pershing (20 avril 1922)<br />

La Fédération Sportive Féminine Internationale créée à Paris le 31 octobre 1921<br />

Une féminisme en acte<br />

Exemple du ski féminin au temps des « années folles »<br />

La revue Le ski illustré du 15 mars 1932 témoigne de l’âpr<strong>et</strong>é des débats autour de la question :<br />

« les femmes doivent-elles faire du ski de compétition ? ».<br />

A la question : que pensez-vous du ski féminin français ? la réponse est claire : « en ce qui<br />

concerne la compétition de vitesse pure, beaucoup de mal … en ce qui concerne le slalom <strong>et</strong> les<br />

excursions, beaucoup de bien ! La femme n’est pas faite pour les épreuves dures – je ne dis pas<br />

difficile – <strong>et</strong> j’estime que le slalom est la seule épreuve qui convienne vraiment aux femmes. Ne<br />

parlons pas du fond <strong>et</strong> du saut mais de l’épreuve de descente, voyez du reste à quelques rares<br />

exceptions le peu de féminité des championnes. Hors compétition, je ne puis m’empêcher de<br />

vous dire cependant que la femme est le charme des terrains de ski, surtout la française <strong>et</strong> la<br />

scandinave. Le docteur Lacq a un sourire malicieux <strong>et</strong> s’arrête un temps, puis il continue : dans<br />

les excursions la femme a un rôle utile -... ??? … - Oui, entre autres de perm<strong>et</strong>tre aux skieurs<br />

masculins fatigués de feindre de les attendre en restant à la traîne, <strong>et</strong> ce faisant, de se donner le<br />

mérite d’une aimable galanterie …Mais, c’est délicat, car il y a une courte distance entre la<br />

reconnaissance <strong>et</strong> le mépris ! » Brown, jacline, « Entr<strong>et</strong>ien du docteur Lacq », in Sports d’hiver,<br />

30 janvier 1937.<br />

1930 : le modèle hygiéniste reste dominant : voir « les gymnastiques féminines » par le Dr<br />

Robert Jeudon in Labbé dans le TRAITÉ D'ÉDUCATION PHYSIQUE, 1930<br />

1. – raisons d’ordre moral <strong>et</strong> social<br />

« La femme est construite avant tout pour procréer ; par conséquent, la culture du corps féminin<br />

est au moins aussi importante que celle du corps de l'homme, puisque les qualités physiques<br />

maternelles, outre qu'elles facilitent l'eugénétique, se transm<strong>et</strong>tent à l'enfant. La fin suprême de la<br />

femme est le mieux-être de la postérité. En cultivant la valeur physique <strong>et</strong> physiologique de la<br />

femme, c'est toute la race qu'on améliore avec elle ».<br />

D'un point de vue moins altruiste, mais non moins important pour le bonheur de la femme <strong>et</strong> de<br />

l'humanité, on peut affirmer que la femme r<strong>et</strong>ire son bien-être de ses qualités physiques plus que<br />

de ses talents intellectuels, malgré l'importance que ceux-ci peuvent avoir depuis qu'elle aborde<br />

avec succès presque toutes les carrières jusqu'alors réservées à l'homme. Certes, il est quelques<br />

exceptions de femmes su­périeures qui ont pu réussir à cultiver de pair, à un degré très élevé, le<br />

corps <strong>et</strong> l'esprit, mais, même parmi nos contemporaines, on peut encore affirmer, avec BOIGEY<br />

(1), que, dans la grande majorité des cas, nous nous soucions moins chez la femme de l'érudition<br />

que de la beauté, du caractère <strong>et</strong> du bon sens, que «la perfection corporelle fait tous les jours<br />

naître des passions irrésistibles, mais qu'on a rarement vu l'in­struction, sans les qualités<br />

physique, exciter de pareils sentiments » (Boigey in Manuel scientifique d’EP, 1923)<br />

Femme sportive <strong>et</strong> femme-mère au service de la France de Vichy<br />

intégration des femmes au sein de la Fédération Française d'Athlétisme par le Commissariat<br />

Général à l'Éducation Générale <strong>et</strong> aux Sports en 1940.<br />

1944 : M.T. Eyquem prône pour les femmes une EP générale par opposition à un sport prétendu<br />

incompl<strong>et</strong> : « Les filles doivent avoir une éducation spécifique <strong>et</strong> non pas une atténuation des<br />

pratiques masculine : souplesse adresse <strong>et</strong> non à la force. Elle encourage à une EP en chambre, 10<br />

minutes par jour <strong>et</strong> en particulier un entraînement de la citadine <strong>et</strong> de la rurale »


4 - Une féminisation très lente du sport dans l’après guerre (1945-1958)<br />

Depuis l'ordonnance du 21 avril 1944, les françaises ont le droit de voter <strong>et</strong> d'être élues.<br />

En 1945, elles peuvent pour la première fois user de leur droit de vote. Elles votent pour la<br />

première fois le 29 avril 1945 lors des élections municipales, puis le 21 octobre 1945 lors des<br />

élections à l'Assemblée constituante.<br />

En 1946 : Le principe de l'égalité absolue entre hommes <strong>et</strong> femmes est inscrit dans la<br />

Constitution de la IVe République.<br />

Des fédérations sportives uniques accueillant femmes <strong>et</strong> hommes (mais dirigées par des<br />

hommes...)<br />

5 - La société industrielle (1958-1970) : féminisation du sport compétitif <strong>et</strong> des<br />

loisirs sportifs<br />

la transformation de la structure de l'emploi féminin<br />

La mixité scolaire <strong>et</strong> les réticences de l’EP<br />

La montée du féminisme<br />

le sport féminin s'organise toujours autour de deux modèles : celui de la performance, de la<br />

technique, de l'exploit qui renvoie à l'image de la femme virile, bref d'un sport d'homme pratiqué<br />

par des femmes <strong>et</strong> celui, plus spécifiquement féminin, de la réalisation <strong>et</strong> de l'épanouissement de<br />

la femme, attaché aux valeurs de la grâce, de la beauté. Si le second modèle reste probablement le<br />

plus largement pratiqué par les femmes, c'est bien le premier modèle qui est le plus fortement<br />

médiatisé<br />

Le corps contre le sport : l’exemple des pratiques d’entr<strong>et</strong>ien<br />

De 1963 à 1977, le chiffre des pratiquantes des sports olympiques a plus que triplé (220 630 à<br />

693 140);<br />

Celui des sports dits non olympiques presque décuplé (de 40 550 à 378 360).<br />

6 - Années 1980 – 2000 : la féminisation du sport <strong>et</strong> ses limites<br />

1988, les chiffres respectifs des licenciées atteignent 1 281 828 <strong>et</strong> 565 072 pour les fédérations<br />

olympiques <strong>et</strong> non olympiques, pratiquantes officielles auxquelles viennent s'ajouter 347 852<br />

licenciées des fédérations dites affinitaires <strong>et</strong> multisports <strong>et</strong> 796 723 scolaires <strong>et</strong> universitaires :<br />

soit un total de 2 991 475.<br />

S’il est vrai que de nombreux sports se féminisent, la part des femmes reste inférieure à celle des<br />

hommes dans la plupart des fédérations tandis que les postes à responsabilités sont<br />

essentiellement occupés par des hommes.


Conclusion :<br />

rappel sur l’importance des processus étudiés dans une perspective d’interaction permanente :<br />

domination masculine/revendications féminines/reconfiguration des normes sexuées.<br />

Exemple des relations sport <strong>et</strong> médias<br />

le droit à la différence<br />

....pas le droit à l’indifférence !

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