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<strong>INCIPIT</strong><br />
(in-si-pit). n. m. invar.<br />
(1887, LITTRÉ mot lat., 3 e pers. sing. indic. de incipere, « commencer »)<br />
Se dit des premiers mots d'un manuscrit, d'un livre...<br />
[Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Tome Troisième, 1963. Paul Robert, p.687]<br />
SOMMAIRE<br />
1 er type de définition<br />
2 ème type de définition<br />
Éléments pour une grille de lecture à partir de l’incipit d’un roman<br />
Un 1 er exemple : Nathalie Sarraute « Enfance »<br />
Un 2ème exemple : Maupassant « Bel Ami »<br />
Incipit et clausules dans les historiettes et comptines<br />
Sitographie<br />
Bibliographie<br />
1
1 er type de définition<br />
Un incipit est le début d'un texte, en général d'un roman (du latin incipio, is, ere : « commencer »).<br />
À l'origine, on désignait par ce titre la première phrase d'un roman, aussi nommée « phrase-seuil ».<br />
Il est cependant commun de nos jours de le considérer plutôt comme ayant une longueur variable.<br />
Il peut ne durer que quelques phrases, mais aussi plusieurs pages.<br />
Contrairement à l'incipit, l'excipit (ou clausule) est la fin d'un chapitre, d'un ouvrage (les derniers<br />
paragraphes, les dernières phrases).<br />
ROLE DE L'<strong>INCIPIT</strong><br />
L'incipit répond généralement à trois caractéristiques. Il informe, intéresse et noue le contrat de<br />
lecture.<br />
• Il informe en mettant en place les lieux, les personnages et la temporalité du récit.<br />
• Il intéresse par divers procédés techniques, par exemple l'utilisation de figures de style ou<br />
encore en une entrée in medias res (le récit débute dans le feu de l'action).<br />
• Il noue le contrat de lecture en indiquant au lecteur le code qu’il doit utiliser dans le cadre de<br />
sa lecture ; bref, il place différents signes annonciateurs du genre littéraire auquel il<br />
appartient.<br />
<strong>INCIPIT</strong>S CELEBRES<br />
Certains incipits sont insolites et désarçonnent le lecteur en jouant avec les conventions du roman ;<br />
d'autres, par leur concision, leur force ou leur humour, ont marqué les esprits et ont su rester dans les<br />
mémoires.<br />
• « Jacques le Fataliste », (1773), Denis Diderot<br />
Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que<br />
vous importe? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on<br />
va? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce<br />
qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.<br />
• « Point de lendemain », (1777), Vivant Denon<br />
J'aimais éperdument la comtesse de *** ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me<br />
fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna ; et comme<br />
j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux<br />
aimé, partant le plus heureux des hommes.<br />
• « Moby-Dick », (1851), Herman Melville<br />
Appelez-moi Ismaël. Il y quelques années de cela — peu importe combien exactement — comme j'avais<br />
la bourse vide, ou presque, et que rien d'intéressant ne me retenait à terre, l'idée me vint de<br />
naviguer un peu et de revoir le monde marin. (traduction de Philippe Jaworski)<br />
• « Salammbô », (1862), Gustave Flaubert<br />
C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.<br />
• Du côté de chez Swann (1913), Marcel Proust<br />
Longtemps je me suis couché de bonne heure.<br />
• « L'Étranger », (1942), Albert Camus<br />
Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.<br />
• « Mémoires de guerre », (1954), Charles de Gaulle<br />
Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France... Le sentiment me l'inspire aussi bien<br />
que la raison.<br />
• « Les Racines du mal », (2003), Maurice G. Dantec<br />
Adreas Schaltzmann s'est mis à tuer parce que son estomac pourrissait.<br />
(un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre)<br />
2
2 ème type de définition<br />
L’incipit est la première phrase d’un texte.<br />
C’est l’accroche, ce qui nous pousse à continuer ou à abandonner la lecture.<br />
L’incipit pose également le pacte de lecture entre l’auteur et le lecteur en indiquant :<br />
- le ton : sentimental, dramatique, mystérieux…<br />
- le rythme : phrase longue, phrase courte<br />
- le style : poétique, journalistique…<br />
- le niveau de langage : mots courants, ou recherchés<br />
- le mode narratif : focalisation zéro, interne ou externe<br />
- Une atmosphère étrange<br />
- Des sentiments violents dramatiques<br />
- Une énigme, un mystère<br />
- Un personnage extraordinaire<br />
Ils suggèrent en tous les cas de l’implicite, et poussent le lecteur à poursuivre, pour comprendre.<br />
Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi.<br />
Marguerite DURAS « L’amant » éditions de Minuit<br />
Il y avait une fois une petite fille, toute charmante, toute mignonne.<br />
Andersen « les chaussons rouges » Bibliothèque précieuse<br />
CETTE saloperie de sang jaillit d’abord à travers ses narines, puis fit vibrer les veines de son<br />
cou, explosa en torrent écarlate dans sa bouche, atteignit ses yeux, l’aveugla et le fit choir,<br />
choir, choir, choir, choir.<br />
James Baldwin « Harlem quartet » Bibliothèque cosmopolite Stock.<br />
– Nous mourrons tous…- et elle plonge sa main dans la poussière : la vieille Délira Délivrance<br />
dit : nous mourrons tous : les bêtes, les plantes, les chrétiens vivants, ô Jésus-Maria la Sainte<br />
Vierge ; et la poussière coule entre ses doigts.<br />
Jacques Roumain « Gouverneurs de la rosée » Les éditeurs français réunis.<br />
En latin « Incipit » signifie « il commence ».<br />
Les auteurs dans l’Antiquité et au Moyen Age désignaient ainsi leurs textes, par les premiers mots, la<br />
première phrase.<br />
Ce terme remonte donc à l’époque des incunables, quand les ouvrages imprimés ne comportaient pas<br />
de page de tête, et commençaient toujours par cette formule : "Incipit" ("Ici commence").<br />
On donne souvent l’exemple des encycliques papales : Rerum novarum ou Master magistra.<br />
On l’utilise aussi en poésie :<br />
- « j’ai une peau… » (Eloges de Saint John Perse)<br />
- « …Toujours il y eut cette clameur.. » (Exil de Saint John Perse)<br />
site « mémoires créoles »<br />
3
Éléments pour une grille de lecture<br />
PREMIERES PAGES D'UN ROMAN (<strong>INCIPIT</strong>)<br />
I- LA FICTION (qu’est-ce qui est raconté ?)<br />
1- LA MISE EN PLACE : les circonstances<br />
• Le temps de l'histoire : date ? durée ?<br />
• Le lieu<br />
• Le décor<br />
2- L'ACTION<br />
• Situation initiale : est-elle définissable ? (D'ailleurs elle n'est aps nécessairement exposée au<br />
début du roman)<br />
• Enjeu de l'action<br />
• Personnages : le personnage central est-il présent ?<br />
• Forces agissantes : quelles forces apparaissent-elles ?<br />
II- LA NARRATION (comment est-ce raconté?)<br />
1- LE TEMPS<br />
• Ordre de la narration : situation de l'acte narratif par rapport à l'histoire racontée ?<br />
• Rythme de la narration : rapport entre la durée de l'histoire et la durée du récit ?<br />
2- QUI RACONTE ? A QUI ?<br />
• Situation du narrateur par rapport à l'histoire ? relation auteur-narrateur ?<br />
• Y a-t-il un destinataire défini ? Quel est son statut ?<br />
3 - QUI VOIT ? (focalisation, point de vue)<br />
4 - MODES D'EXPRESSION: narration, description, dialogue ?<br />
III – THÈMES<br />
Quels sont les thèmes qui apparaissent dès le début du roman ?<br />
IV - LE PACTE DE LECTURE<br />
Il s'agit d'une sorte de programme de départ : tout texte propose à son lecteur d'accepter un certain<br />
nombre de conventions et de contraintes. Préalablement au pacte de lecture, l'attente du lecteur est<br />
créée et orientée par un certain nombre d'éléments: le fait qu'il a choisi de lire un roman, le nom de<br />
l'auteur, le titre, la présentation du livre<br />
4
Un 1 er exemple : Nathalie Sarraute « Enfance »<br />
Nathalie Sarraute (1900-1999), Enfance (1983), incipit<br />
5
POUR LE COMMENTAIRE...<br />
L'incipit d'Enfance met en scène deux interlocuteurs dont on ne connaît pas, de prime abord,<br />
l'identité. On dit qu'il s'agit d'un incipit in medias res (= au milieu de l'action ; en l'occurrence au milieu d'une<br />
conversation). Ce sont les déictiques "ça" et "Évoquer tes souvenirs d'enfance" (l'expression est entre<br />
guillemets, ce qui signifie que l'interlocuteur reprend l'expression du narrateur principal) qui nous<br />
montrent que la conversation semble déjà avoir commencé.<br />
Les premières lignes de notre extrait sont marquées par un refus du projet autobiographique<br />
traditionnel en ce sens que ce dernier serait une "retraite" (littéraire) :<br />
o « [...] est-ce que ce ne serait pas prendre ta retraite ? te ranger ? [...] ».<br />
• Le narrateur principal est "tenté" par l'évocation des souvenirs d'enfance et se défend<br />
d'abandonner l'esthétique qu'il a adoptée dans ses précédentes œuvres :<br />
o « — Mais justement, ce que je crains, cette fois, c'est que ça ne tremble pas... [...]<br />
— Rassure-toi pour ce qui est d'être donné... [...] je voudrais, avant qu'ils<br />
disparaissent... ».<br />
o Son interlocuteur, le "double", permet au narrateur principal de se justifier sur son<br />
projet littéraire, de s'interroger sur ses motivations. C'est lui qui contribue à faire<br />
naître la vérité sur l'entreprise littéraire de son interlocuteur.<br />
Le locuteur et son double :<br />
• Ils semblent bien se connaître (tutoiement) ; le double connaît l'esthétique littéraire de<br />
l'écrivain : « Tu n'as vraiment pas oublié comment c'était là-bas ? [...] ». Comme ces deux<br />
locuteurs se connaissent bien, le double garantit l'authenticité des propos autobiographiques<br />
du narrateur principal car il est présenté dans l'incipit comme apte à remettre en cause les<br />
énoncés.<br />
• Le double n'hésite pas à railler le narrateur principal et utilise un vocabulaire familier.<br />
• Dans « Oui, ça te rend grandiloquent. Je dirai même outrecuidant. », "grandiloquent" et<br />
"outrecuidant" ne sont pas accordés au féminin —> cette instance narrative est asexuée,<br />
neutre.<br />
d’après le site “études littéraires”, rubrique « figures stylistiques »<br />
6
Un 2 ème exemple : Maupassant « Bel Ami »<br />
BEL-AMI DE GUY DE MAUPASSANT<br />
(Chapitre 1)<br />
L'extrait cité consiste en l'ouverture du roman où le romancier nous propose le portrait en<br />
mouvement de son héros, Georges Duroy.<br />
Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du<br />
restaurant.<br />
Comme il portait beau, par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa<br />
moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et<br />
circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s'étendent comme des coups d'épervier.<br />
Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux<br />
âges, mal peignée, négligée, coiffée d'un chapeau toujours poussiéreux et vêtue d'une robe toujours<br />
de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habitués de cette gargote à prix fixe.<br />
Lorsqu'il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile, se demandant ce qu'il allait faire. On était<br />
au 28 juin, il lui restait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois. Cela représentait deux<br />
dîners sans déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin<br />
étant de vingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il lui resterait, en se<br />
contentant des déjeuners, un franc vingt centimes de boni, ce qui représentait encore deux collations<br />
au pain et au saucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C'était là sa grande dépense et son grand<br />
plaisir des nuits et il se mit à descendre la rue Notre-Dame-de-Lorette.<br />
Il marchait ainsi qu'au temps où il portait l'uniforme des hussards, la poitrine bombée, les jambes un<br />
peu entrouvertes comme s'il Venait de descendre de cheval et il avançait brutalement dans la rue<br />
pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route. Il<br />
inclinait légèrement sur l'oreille son chapeau à haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son<br />
talon, il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de<br />
beau soldat tombé dans le civil.<br />
A. L'incipit d'un roman<br />
Dans l'incipit d'un roman on retrouve généralement des caractéristiques typiques.<br />
1. Le cadre spatio-temporel<br />
Le romancier installe toujours au début de son roman, le cadre où se déroule l'histoire.<br />
1. espace<br />
L'histoire se déroule à paris: "rue de Notre-Dame-de-Lorette", dans un quartier<br />
populaire comme l'indique le mot "gargote", à proximité des boulevards, où se<br />
trouve les endroits de distraction, bar, brasserie, café, théâtre... Et les grands<br />
journaux.<br />
2. temps<br />
En été, le 28 juin, dans les années 1880. On peut supposer par le utilisation de"<br />
on" qui installe le lecteur dans une immédiate complicité chronologique. Il y a<br />
une contemporanéité entre le temps supposé de l'histoire, de l'intrigue, le temps<br />
réel de l'écriture et le temps du lecteur embarqué dans l'histoire.<br />
Le récit est ancré dans le réel par l'utilisation de mots qui renvoient à la réalité<br />
matérielle et sociale des années 1880. La monnaie, les distractions, et le mot<br />
"dîneur", "bock", "collation au pain et aux saucissons", et de la hiérarchie sociale<br />
"caissière", "ancien sous-officier", "ouvrière", "maîtresse de musique",<br />
"bourgeoise", "hussard".<br />
2. Présentation du personnage<br />
Dans l'incipit, on présente le personnage principal qui ici est Georges Duroy, un ancien<br />
militaire.<br />
7
B. Un portrait en mouvement<br />
1. Le portrait physique<br />
Georges Duroy est un bel homme. Maupassant présente essentiellement son allure<br />
plaine de prestance : "porter beau", "cambre sa taille", "friser la moustache", "regard<br />
de joli garçon". Il attire le regard des femmes (3ème paragraphe): " la poitrine<br />
bondée", "chic de beau soldat".<br />
Viril, puissant, c’est un mâle. : "moustache", "le geste familier et militaire", "cours<br />
d'épervier". Le "les jambes un peu entre ouvertes", " brutalement", "portait",<br />
"battait", "défier" ...<br />
2. Le portrait psychologique<br />
Georges Duroy est un homme relativement fier de lui, orgueilleux : "pause d'anciens<br />
sous-officiers", "regards circulaires rapides", "pour ne point se déranger", "chic",<br />
"défier" les, "battait le pavé" (pour se faire remarquer).<br />
Le Georges Duroy est atteint d'homme calculateur. Le roman commence par une<br />
anecdote sur l'argent.<br />
Le quatrième part être entièrement consacrée à sa réfection sur son budget. Qu'en,<br />
qu'il était immobile, il a réfléchi à l'argent.<br />
Georges Durand apparaît comme un être brutal avec le verbe et additif du dernier<br />
paragraphe.<br />
3. Le statut social du personnage.<br />
La première chose que l'on apprend est que Georges Duroy est pas un ancien<br />
sous-officier dans les tsars.<br />
"pause d'anciens sous-officiers", outre les " autres étant où il portait l'uniforme<br />
des hussards", au "jambes entre ouvertes comme s'il descendait de cheval". Il a<br />
contre une puissant puis il est tombé dans la déchéance : a "tombé dans le civil".<br />
"il lui restait juste en poche 3 francs 40", "assez défraîchi", " tombé dans le civil".<br />
Il va vouloir retrouver un statut social valorisant.<br />
C. La mise en œuvre des thèmes du roman - Un roman Réaliste ou Naturaliste.<br />
1. Présence d'un certain nombre d'éléments qui nous installent dans la réalité matérielle<br />
des années 1880 et dans un décor particulier "de la ville".<br />
2. Argent! Dans Bel-Ami, l'une des thèmes majeurs est le rapport à l'argent. Le roman<br />
s'ouvre sur un rendu de monnaie. Puis sur un paragraphe entier est consacré au calcul<br />
du héros pour optimiser le peu d'argent qu'il a et en obtenir le meilleur rendement.<br />
Cette aptitude d'optimiser est constante chez GD<br />
Il transforme un chapitre défraîchi en élégance, plus tard il se servira de son expérience<br />
d'ancien militaire et des conseils de Mme Forestier pour devenir journaliste. Il fait<br />
toujours fructifier son bien, c'est comme ça, qu'il va faire fortune. Son investissement,<br />
se fait essentiellement par les femmes. L'incipit le montre déjà.<br />
3. Les femmes. - L'un des autres thèmes majeurs du roman est "Les Femmes". GD est<br />
défini comme un séducteur et c'est se qui le ramènera à la réussite. "Toutes les femmes<br />
le regardent", "trois petites ouvrières", "la maîtresse de musique", "les bourgeoises".<br />
GD est Bel-Ami.<br />
8
Incipit et clausules dans les historiettes et comptines<br />
Il existe dans le conte occitan, comme dans tous les contes, des formulettes spécifiques.<br />
Les formulettes initiales sont à peu près invariables :<br />
Jo sabi un conte Je sais un conte<br />
I aviá Il y avait<br />
Un còp i aviá Il y avait une fois<br />
Elles sont plus minimalistes que les formules finales qui sont des variations sur le fait que le conte se<br />
termine, avec des variantes thématiques, phonétiques, lexicales.<br />
En voici quelques-unes, acabat (achevé) rimant au choix avec prat (pré), gat (chat), sac (sac) :<br />
Tric ! Trac !<br />
Som passat per un prat,<br />
Mon conte es acabat<br />
En passant dins un prat<br />
Marchèri sur la coeta d'un gat<br />
Que fasquèt "coic coic coac coac"<br />
E mon conte es acabat !<br />
E cric e crac<br />
Sèm al fons del sac<br />
Mon conte es acabat !<br />
Et tric et trac !<br />
Je suis passé par un pré<br />
Et mon conte est achevé<br />
En passant dans un pré<br />
Je marchai sur la queue d'un chat<br />
Qui fit "couic couic couac couac"<br />
Et mon conte est achevé !<br />
Et cric et crac<br />
On est au fond du sac<br />
Mon conte est achevé !<br />
Outre le plaisir des sons et des mots, une petite histoire s'esquisse, un paysage se dessine, une vie<br />
rurale est évoquée, un peu comme dans des comptines :<br />
E cric crac<br />
Mon conte es acabat<br />
Soi passat per un prat<br />
Ai pres un lampada de fen<br />
E me'n soi anat !<br />
E cric crac<br />
Mon conte es acabat<br />
Passèri per un prat<br />
Portavi solièrs de veire<br />
Los copèri sense los veire !<br />
Et cric crac<br />
Mon conte est achevé<br />
Je suis passé par un pré<br />
J'y ai pris une lampée de foin<br />
Et je m'en suis allé !<br />
Et cric crac<br />
Mon conte est achevé<br />
Je passai par un pré<br />
Je portais des souliers de verre<br />
Je les cassai sans les voir !<br />
On retrouve dans les contes de tous pays des formules d'incipit, de clausules ou internes au conte.<br />
Les formulettes peuvent même se développer en chansonnettes.<br />
Le petit chaperon rouge : "Tire la chevillette et la bobinette cherra".<br />
Blanche-Neige et le dialogue en refrain du miroir de la reine.<br />
Le grain magique (Taos Amrouche) : "Que mon conte soit beau et se déroule comme un<br />
long fil", "Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conté à des seigneurs".<br />
Dans les contes marocains une des formules rituelles de fin les plus répandues est :<br />
"Je suis allée chez ma tante et mon bol s'est cassé"<br />
ou<br />
"Voilà ce que les gens de bien nous ont raconté ; à notre tour nous le racontons à d'autres gens de<br />
bien".<br />
Les difficultés de traduction sont telles que souvent le traducteur laisse ces formules rituelles dans la<br />
langue d'origine : homophonies, homonymie, assonances, rimes... étant intraduisibles ou perdant sel<br />
et sens en français.<br />
D’après « le conte occitan » (CRDP Toulouse)<br />
9
http://www.incipit.org/<br />
http://christian.mathis.club.fr/incipit.html<br />
Sitographie<br />
http://opusall.paris.iufm.fr/ecritatel/atel_0/oper/incipit_frm.htm<br />
http://magneb.club.fr/generateurs/incipit-roman.html<br />
http://www.cafe.umontreal.ca/cle/accueil.html<br />
Une collection qui répertorie actuellement<br />
709 œuvres de 398 auteurs<br />
Gilles G. Jobin - Buckingham, QC, Canada<br />
365 incipit issus d’ouvrages de la littérature,<br />
un par jour de l’année, rangés dans un<br />
calendrier<br />
A vous d’écrire ! L’incipit vous est proposé. A<br />
la fin, vous découvrez le véritable texte d’où<br />
il est extrait.<br />
Georges Pérec : un peu moins de 20 000<br />
débuts de romans :<br />
- lire un des 3 débuts imaginés<br />
par Pérec<br />
- combiner aléatoirement un<br />
début<br />
Liste d’incipit rangés par ordre alphabétique<br />
10
En référence<br />
o B.O Hors série n°3 du 19/06/08<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Ouvrages de pédagogie<br />
Pour une lecture complète :<br />
• « Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes », Groupe d’Ecouen – Hachette<br />
éducation, coll. Pédagogie pratique à l’école<br />
• « Des enfants lecteurs et producteurs de textes » (cycles 2 et 3), Joëlle Jolibert et Christine<br />
Sraïki – Hachette éducation, coll. Profession enseignant<br />
• « Apprentissages progressifs de l’écrit à l’école maternelle », groupe PROG – hachette<br />
éducation, coll. Didactiques<br />
Quelques chapitres intéressants dans :<br />
• « Lire la littérature à l’école, pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique de<br />
la GS au CM ? », Catherine Tauveron, Hatier, coll. Pédagogie<br />
• « Travailler par cycles en français », Chantal Mettoudi et Alain Yaïche – Hachette éducation,<br />
coll. L’école au quotidien<br />
• « Des images à parler, à lire, à écrire » (cycles 1, 2 et 3), CRDP Nord/Pas-de-Calais, coll.<br />
Démarches et outils pour la classe<br />
• « Travailler le récit au cycle 3 », Antonio Valzan, Hachette éducation, coll. Pédagogie pratique<br />
à l’école - 2004<br />
Ouvrages à utiliser dans la classe<br />
• « Lettres en folie », petite fabrique de littérature 2, A.Duchesne – Magnard<br />
• « A vos plumes », 1001 conseils pour écrivains et conteurs en herbe, M.Mallié – Casterman<br />
• « Jouons avec les mots », I.Coran – Casterman, coll. Les heures bonheurs<br />
• « J’écris des poésies », des poèmes à lire, des jeux pour en écrire, R.Causse – Albin Michel<br />
Jeunesse<br />
• « Tautogramme », N.Charbonnaux – éditions Frimousse<br />
• Dans la collection Humour en mots - Albin Michel jeunesse :<br />
- « Ton porc te ment tôt », J-H. Malineau<br />
- « Chats mots », J-H. Malineau<br />
- « Dix dodus dindons », le trésor des virelangues françaises, J-H. Malineau<br />
11